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Externalisation des politiques migratoires européennes au Niger: reconfigurations des lieux et des trajectoires des migrants


par Bachirou AYOUBA TINNI
Université Abdou Moumouni de Niamey - These de Doctorat  2021
  

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Conclusion partielle

L'étude a permis de mettre en exergue le profil des migrants. Il ressort que ce sont des jeunes, célibataires, instruits de l'enseignement général en majorité originaires de l'Afrique de l'Ouest et centrale. Certains veulent aller travailler en Afrique du Nord tandis qu'une autre partie envisage l'Europe. Ces personnes en mobilité se trouvent, malgré elles, en attente à cause des tracasseries routières avec pour corollaire les faux frais à payer, l'attente des fonds additionnels, l'absence de documents d'identité mais surtout la lutte contre la migration irrégulière. L'attente se manifeste par un allongement du temps de séjour à Agadez, la vulnérabilité financière et des

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conditions de vie précaires. Les lieux d'attente sont les ghettos, les gares et le centre de transit de l'OIM.

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Chapitre 8 : Niamey-Dakar : voyage avec les rapatriés de l'Organisation Internationale pour les Migrations

Installée au Niger depuis 2006, l'Organisation internationale pour les migrations a ouvert des centres de transit dans la région d'Agadez dans la foulée de la crise libyenne (2010-2011) pour mettre en place un programme de « retour volontaire assisté (RVA) ». Durant cette période, les bénéficiaires étaient essentiellement des Nigériens et ressortissants de pays tiers de retour de la Libye et de l'Algérie.

Au fil des années, avec la persistance de la crise libyenne et la politique d'externalisation des frontières européennes au Sahel, l'OIM a développé une véritable « industrie du rapatriement » à partir du Niger comme l'indique le tableau ci-dessous.

Tableau 8:Migrants ayant bénéficié d'un RVA du Niger vers le pays d'origine

Année

Nombre de personnes

2016

4

788

2017

6

461

2018

14 977

2019

16 378

2020

9

068

2021

2

484

 

Source : OIM

En effet en 2016, l'agence affirme avoir rapatrié 4 788 personnes, ce chiffre grimpant en 2017 à 6 461 pour atteindre 14 977 en 2018. En 2019, il est à 16 378 personnes et 9068 en 2020. De janvier à mai 2021, le tableau révèle 2 484 migrants ayant bénéficié du retour volontaire assisté. L'évolution fulgurante du nombre de rapatriés témoigne de l'ampleur de cette industrie qui comprend l'accueil, l'hébergement, la restauration des migrants à travers ces centres de transit (Arlit, Dirkou, Agadez et Niamey). Selon l'OIM, l'aide au retour volontaire et à la réintégration est un « soutien administratif, logistique et financier, y compris à des fins de réintégration, apporté à des migrants qui ne peuvent ou veulent rester dans le pays hôte ou le pays de transit et qui décident de retourner dans leur pays d'origine ». En fait, depuis le sommet de La Valette

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en 2015 et la mise en place d'un fond fiduciaire d'urgence pour l'Afrique, l'OIM s'est positionnée comme un pilier fondamental dans la gestion des flux migratoires au Niger. Ainsi, l'État du Niger bloque la migration vers l'Afrique du Nord et l'OIM se charge de recueillir et rapatrier les migrants non nigériens vers leur pays d'origine. Depuis lors, on note une diversification du profil des bénéficiaires. Aux retournés de la Libye s'ajoutent les expulsés de l'Algérie auxquels s'adjoignent des migrants coincés dans la région d'Agadez du fait des politiques restrictives. On note également des migrants abandonnés dans le Sahara qui sont récupérés dans le cadre de la mise en place du projet « Migrants Rescue and Assistance in Agadez Region (MIRAA) », A cela s'ajoute des migrants (2208 personnes entre le 6 juin 2016 et le 27 septembre 2017) mis à la disposition de l'OIM par la police aux fins de rapatriement dans le cadre de la lutte contre la migration dite irrégulière. À ce groupe, on adjoint les personnes enrôlées lors des initiatives de mobilisation communautaire de l'OIM pour décourager la migration vers l'Afrique du Nord et faire la promotion du retour dit volontaire dans le cadre du projet « Migrant Resource and Response Mechanism (MRRM) ».

L'industrie du rapatriement développée par l'OIM au Niger à partir d'Agadez comprend l'accueil, le profilage, l'hébergement, la restauration, la prise en charge sanitaire, psychologique, la liaison avec les consulats et ambassades pour assurer l'accès à des documents de voyage. À cela s'ajoute la mobilisation de compagnies de transport terrestres et aériennes, d'un personnel, et des agences à l'extérieur du Niger.

Le présent chapitre rend compte du dispositif d'assistance au retour volontaire mis en place par l'OIM à partir de la région d'Agadez. Il met en relief, l'itinéraire d'un groupe de migrants ouest-africains rapatriés par l'OIM de Niamey à Dakar que nous avons suivi à partir du 6 janvier 2018. Dans le développement qui suivra, il sera question du profil des rapatriés, des motivations du retour, et des différentes étapes du parcours.

8.1 Des rapatriés aux profils divers

Dans cette partie, il sera question d'analyser le profil des migrants rapatriés par l'OIM dont l'itinéraire de Niamey à Dakar (Sénégal) a été étudié. Il s'agit de 29 rapatriés répartis comme l'indique le tableau ci-dessous.

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Tableau 9:Répartition des rapatriés en fonction des pays

Pays d'origine des rapatries

Nombre de migrants

Burkina Faso

2

Mali

5

Guinée (Conakry)

1

Guinée Bissau

2

Sénégal

16

Gambie

3

Total

29

 

Source : notre étude.

L'analyse du tableau montre que les Sénégalais sont les plus nombreux (16) suivi par le Maliens (5). A l'inverse la Guinée Conakry est la moins représentée avec une seule personne. Ces rapatriés, nous les avons rencontrés lors de la deuxième étape de leur itinéraire dans une gare privée de Niamey. En effet, la première étape du rapatriement a commencé avec la prise en charge par l'OIM lorsqu'ils s'inscrivent dans le processus de retour dit volontaire dans leur pays. Arrivés à Niamey le jeudi 4 janvier 2018 en provenance d'Agadez, les rapatriés ont passé les journées du vendredi et du samedi au centre OIM avant d'être emmenés à la gare Rimbo le samedi 6 janvier en début de soirée. C'est là que nous les avons trouvés le samedi vers 22h.

Dans le dortoir de la gare privée, les candidats au retour volontaire sont facilement identifiables. Ils occupent le dortoir en fonction de la nationalité et du partage de langue. Ainsi, à l'entrée à gauche se trouvent les Sénégalais. Les plus nombreux du groupe, ils marquent leur présence dans le dortoir par un long alignement avec leurs bagages autour d'eux. Plus à droite se trouvent les Gambiens. Moins nombreux, ils échangent entre eux mais aussi avec certains Sénégalais en langue peule. Un peu devant les deux Bissau Guinéens occupent leur matelas et échangent quelques mots. Un peu plus dans l'angle se côtoient les 5 Maliens et les 2 Burkinabè. Dans tous les groupes, les discussions portent sur la Libye, Agadez, le centre OIM et le retour au pays. Un peu isolé, le seul Guinéen de Conakry se distingue par sa solitude. Je m'installe à côté de lui, à ma gauche, un migrant ghanéen de retour de la Libye en voie de rapatriement dans son pays d'origine. Deux profils de rapatriés se dégagent.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo