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Externalisation des politiques migratoires européennes au Niger: reconfigurations des lieux et des trajectoires des migrants


par Bachirou AYOUBA TINNI
Université Abdou Moumouni de Niamey - These de Doctorat  2021
  

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9.4.2 Transiter par le Tchad -Diffa-Agadez

Un autre parcours plus au moins similaire au premier est celui des réfugiés soudanais au Tchad et de certains déplacés internes soudanais dont la particularité est qu'ils ne transitent pas par la Libye. En effet, de ces espaces, ils transitent par le Tchad, descendent jusqu'à N'Guigmi au Niger puis remontent à Diffa, passent par Zinder pour rejoindre Agadez et finir sur le site dédié aux demandeurs d'asile et réfugiés.

Nous sommes donc dans un schéma où des personnes qui quittent les camps de réfugiés et déplacés internes finissent encore dans ces mêmes espaces.

9.4.3 De Bangui à Agadez

L'encadré ci-dessous nous retrace le parcours de Hussein, un Centrafricain qui quitte son pays en passant par le Soudan transite par la Libye pour se retrouver à Agadez. C'est une trajectoire moins fréquente dans la population étudiée. C'est pourquoi il est apparu essentiel de la mettre en exergue (encadré 8.4) ci-dessous afin de saisir la complexité des flux mixtes.

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Encadré 8 : Hussein demandeur d'asile de nationalité centrafricaine

« Je m'appelle Hussein de nationalité centrafricaine, 20 ans. Je suis arrivé à Agadez le 17 janvier 2018 en passant par le Soudan. La guerre m'a fait quitter mon pays. J'étais à Bangui, j'ai dû quitter en février 2014, car il y avait la guerre. On a brûlé ma maison, tué toute ma famille. C'est l'oeuvre des Anti Balakas. Ils m'ont frappé.

Arrivé au Soudan en décembre 2014 à Nyala je vends de l'eau, il n'y avait plus de sécurité. J'ai quitté le Soudan en février 2016 pour la Libye. Je partais à Tripoli, on m'arrête à Saffa où la katiba Achara m'arrête pour m'exiger de payer l'équivalent de 100 000 F. Ils m'ont torturé pendant 3 jours pour que j'appelle mes parents. J'ai fait 6 mois dans leur prison. Trois jours après ramadan, ils m'ont fait sortir de la prison. J'étais resté 4 mois chez un vieux Tchadien qui a un restaurant. Il m'a soigné.

J'ai travaillé comme déchargeur de camion car je ne peux pas aller à Tripoli à cause de l'insécurité, j'ai appris qu'il y a des postes de réfugiés au Niger. Je suis venu voir si le HCR peut m'offrir une bonne ville pour vivre.

J'ai quitté la Centrafrique pour le Soudan à cause de l'insécurité. Au Soudan, il n'y avait pas de travail. En Libye j'ai appris qu'il y a de la place pour les réfugiés au Niger. J'ai dit au vieux Tchadien que je vais venir au Niger. J'ai payé 60000FCFA au transporteur puis 1000 FCFA à Madama pour passer la frontière.

Arrivé à Agadez, le taxi moto m'a amené au bureau de l'APBE. J'ai dormi là-bas pendant 3 jours avant de faire les formalités d'écoute et d'hébergement dans les cases.

En cas d'octroi du statut de réfugiés, je serais obligé de rester au Niger, car je n'ai pas de famille. Si je rentre au pays, ils peuvent me tuer.

Si on me refuse le statut, je ne sais pas quoi faire, Dieu décidera. Je remercie Dieu, depuis que je suis venu ici, je n'ai pas vu quelqu'un qui est en train de se bagarrer ou tuer.

Au pays, je fais du commerce c'est la première fois que je suis sorti du pays. Mais ici je ne travaille pas. Un Soudanais m'a donné 30 000 FCFA pour que je rentre en Libye Maintenant mon père et ma mère ; c'est le HCR seulement. C'est le HCR qui peut décider de m'amener là où il veut. Si le HCR pense qu'ici il n'y'a pas de sécurité, il peut m'amener ailleurs. ».

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Le parcours d'Hussein montre la persistance de l'insécurité dans certains pays africains depuis plusieurs années. En effet, partie de son pays en 2014 pour le Soudan à la recherche d'un environnement de paix il est contraint de quitter ce pays pour la Libye. Là il passe par la prison avant de rejoindre Agadez (Niger) pour saisir l'offre de protection internationale. A Agadez, il est enregistré comme demandeurs d'asile et bénéfice des services d'assistance humanitaire. La requête de protection de Hussein, relève de la catégorie des demandes délibérées. Car il affirme avoir quitté la Libye pour demander asile au Niger. Ne sachant pas trop lire son avenir, il se confie au HCR pour décider de ce qui est mieux pour lui.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo