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L’impact socio-économique d’un aménagement hydroagricole. Le barrage de la Tapoa.


par Hassane Dabiemo MALKOUMA
Université Ouaga I, Joseph Ki Zerbo - Maîtrise en Géographie 2014
  

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3.2. L'apparition de nouveaux acteurs

La construction du barrage a permis l'arrivée de nombreux migrants. Leur installation dans la zone a été guidée par des intérêts divers tels que l'acquisition de terres pour leurs cultures et la pêche. Ces différentes activités ont créé des échanges entre autochtones et migrants qui ont entrainé l'établissement de relations d'amitié. Ces relations ont permis à certains d'avoir des liens sociaux solides avec les anciens occupants, ce qui a affaibli l'isolement dont sont souvent victimes les migrants dans les zones d'accueil. Les cas de mariages entre individus issus des deux communautés témoignent du niveau de confiance quand on sait que dans la société gourmantché ce type de mariage n'est pas fréquent.

Le nombre croissant des migrants sur le site de la Tapoa a contribué à leur donné un poids dans les décisions. Sur le périmètre irrigué, ils occupent 44,12% de l'effectif des exploitations. Ce poids démographique s'illustre par la proportion qu'ils occupent dans les blocs 2 et 3 de la zone aménagée, soient plus de 60% des membres. Cela leur a accordé une position influente, surtout que dans l'acquisition des parcelles les relations et les connaissances jouent un rôle important. De ce fait, il peut avoir quelques fois des frustrations au sein des exploitants autochtones qui se voient pénaliser dans l'acquisition des parcelles. Le pouvoir des migrants sédentaires s'étend également sur le secteur de la pêche où ils sont majoritaires et bénéficient du respect des populations autochtones grâce à leur professionnalisme dans le domaine. Ils sont indispensablement associés dans tous les travaux et rencontres qui y sont relatifs. C'est dans leur rang qu'on a l'habitude de choisir les guides des missions d'étude techniques du barrage, car ils connaissent mieux la retenue d'eau. D'ailleurs, la dernière étude technique à laquelle nous avons participé a été guidée par deux jeunes migrants désignés par les autorités locales.

3.3. La naissance de nouvelles formes d'acquisition des terres

La préoccupation première des paysans ruraux de la Tapoa c'est de posséder des terres riches pour les cultures afin de subvenir aux besoins alimentaires de ses membres. Chaque paysan use de ses moyens pour les obtenir (les dons, l'assistance, et la recherche de tuteur influent dans les villages.

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3.3.1. Les différents modes d'acquisition des terres sur le site

La lutte pour l'acquisition des terres concernent aussi bien les champs de brousse que les parcelles irriguées.

Le migrant qui arrive cherche en premier lieu une tutelle qui peut l'aider à acquérir un champ de brousse avant de s'intégrer sur le périmètre irrigué. C'est une étape primordiale pour le migrant parce que c'est de là qu'il acquiert le minimum vital pour les siens. Par la suite, il s'investit pour obtenir une parcelle sur le périmètre irrigué. Si la tutelle possède des parcelles libres, il peut lui céder immédiatement. Dans le cas échéant, elle le conduit vers une connaissance ou directement vers les responsables du comité d'irrigants. Une fois que la première parcelle lui est donnée, il poursuit la recherche d'autres parcelles sur le périmètre. De la sorte, il peut devenir propriétaire de plusieurs parcelles sur le périmètre. Ce qui n'est pas apprécié par certains exploitants autochtones qui pensent que c'est une usurpation des parcelles par les migrants. Il en résulte une course au foncier entre migrants et population autochtone.

L'augmentation du nombre de demandeurs des terres cultivables dans la zone a créé un besoin de sécuriser les espaces personnels chez les populations résidentes. En effet, sur les terres hors périmètre elle se traduit par une préservation ou des plantations d'arbres sur les terres prêtées. On note également de fréquentes récupérations de champs prêtés à des migrants. Dans la zone, il devient rare de trouver des terres propices à l'agriculture qui ne soient considérées comme une propriété d'autrui car les défrichages se sont accrus ces dernières années. Ils justifient en partie les différends entre agriculteurs et éleveurs, et entre agriculteurs eux-mêmes. De nos jours, les propriétaires coutumiers n'acceptent pas qu'un champ soit cédé à une tierce personne plus de cinq ans pour éviter les revendications. Mais, certains bénéficiaires sont tentés d'obtenir l'approbation des autorités locales pour confisquer les terres qui leur ont été prêtées.

Sur le périmètre irrigué, elle se traduit par la construction de réseaux d'exploitants. Ce sont au fait les amitiés entre exploitants qui régissent l'acquisition des parcelles. Ces amitiés sont construites autour d'un même centre d'intérêt. Par ailleurs, il peut s'agir de liens de famille qui existent entre exploitants. Quoique les responsables du comité d'irrigants soient au courant des jeux de complicité dans le transfert des parcelles entre exploitants, ils demeurent impuissants. La cause se situe à deux niveaux lesquels sont les défaillances constatées dans son fonctionnement et la force des liens établis entre exploitants. Toujours est-il que les propriétaires des parcelles sont des individus qui détiennent de très grandes superficies qu'ils

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partagent avec leurs connaissances. La terre perd de plus en plus sa valeur de bien communautaire sur les sites aménagés et on assiste à la dissolution progressive des structures communautaires au profit de la recherche individuelle de bien-être (OUEDRAGO S, 2009)31. Quelles considérations revêt aujourd'hui le foncier dans la zone de la Tapoa ? Comment est-il compris par les populations, en particulier les exploitants du périmètre irrigué?

3.3.2. La perception du foncier par les exploitants du périmètre irrigué

Le foncier est un maillon central de la vie communautaire des populations rurales. La gestion du foncier est plus qu'aujourd'hui perturbée par la redéfinition des droits fonciers coutumiers négociés en droits administratifs. Toutefois, ils sont appliqués à tort ou à raison suivant les intérêts égoïstes des propriétaires terriens. Ces droits sont gérés par deux autorités qui se substituent sur le site de la Tapoa: l'Etat à travers ses structures déconcentrées et les chefs coutumiers.

S'agissant de savoir à qui appartient la terre, 46% des enquêtés pensent qu'elle est la propriété de l'Etat. Ces derniers n'excluent pas l'influence du coutumier, mais supposent que la supériorité des moyens étatiques lui permet de contrôler le foncier. Par contre, 54% affirment que c'est à l'autorité coutumière que revient la gestion du foncier. Plus, ils imputent aux Réformes Agraires et Foncières la source des conflits fonciers dans la zone.

Pourtant, l'autorité de l'Etat est difficile à contester aujourd'hui et les réalités quotidiennes convainquent plus d'un parmi les paysans. C'est la raison pour laquelle ils n'écartent aucune des options dans l'acquisition des terres. Ils ont compris qu'il faut désormais aller au-delà des préférences pour se conformer à la réalité qui s'impose. De plus, avec les nombreuses attributions de parcelles par les autorités communales, le caractère sacré du foncier interdisant sa vente se désagrège progressivement dans l'esprit des populations rurales. Elles sont convaincues que la coutume est devenue une formalité que les responsables administratifs utilisent pour obtenir leur adhésion aux activités qu'ils initient.

31 OUEDRAOGO (I.), 2009, La territorialisation hydraulique autour du lac Bazéga, Mémoire de Maitrise en Géographie, Université de Ouagadougou, 103 pages.

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3.3.3. L'accès des parcelles sur le périmètre irrigué

Les droits traditionnels de transmission foncière ont subi des changements dans la zone d'étude, en particulier sur le périmètre de la Tapoa. L'aménagement du périmètre a introduit de nouvelles conditions dans la distribution des terres situées dans la limite du périmètre. En effet, la participation aux travaux d'intérêt communs est obligatoire pour tous les exploitants installés et les attributions de parcelles sont gérées par les responsables du comité d'irrigants. En outre, le droit d'héritage n'est plus une garantie pour accéder aux parcelles d'exploitation comme cela se passe sur les champs hors périmètre. Mais de façon officieuse des exploitants continuent de tenir des parcelles en prévalant indirectement des droits coutumiers. Cela est lié à l'absence de documents qui certifient les attributions aux différents exploitants. Cependant, on note un resserrement dans la transmission de ces parcelles à travers l'usage du droit coutumier. Les exploitants ne sont plus prêts à abandonner leurs parcelles quand ce droit est mis en avant. Entre exploitants d'une famille c'est une source de différends entre ainés et plus jeunes.

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