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Les changements climatiques et insécurité.


par Mohamed Assaleh Ag Mohamed Alkhamis
Université de Bamako  - Maîtrise de sociologie 2017
  

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4. 2 Les causes de l'insécurité

Ainsi, les racines de l'insécurité et du terrorisme dans l'espace Sahélo-Saharien ne se trouvent pas seulement dans l'absence de développement et dans la fragilité des Etats, mais aussi et surtout dans les contentieux chroniques qui opposent des clans ou des tribus entre eux d'une part ou entre eux et leur Etats d'autre part. En outre, il existe de multiples contentieux qui entretiennent de profonds ressentiments aisément manipulables dans les pays Sahéliens. Une partie de la population locale apporte, directement ou indirectement, une précieuse assistance aux forces du mal qui investissent les espaces non sécurisées pour avoir des soutiens nécessaires à leur sécurité et à leur vie économique quotidienne.

Les enjeux à l'origine de ces conflits et crises au niveau des communautés locales sont multiples et complexes (historiques, économiques, politiques, géopolitiques ou géostratégiques). Dans le cadre des conflits internes, les replis identitaires et des considérations religieuses sont souvent à l'origine des conflits. Dans la plupart des cas l'absence de l'Etat et sa gestion des politiques locales attisent ces conflits, si ce n'est pas fait sciemment. Les communautés s'affrontent alors pour des positionnements politiques et géopolitiques différentes, ce qui se traduit par une lutte entre groupes ou individus en vue d'une suprématie locale.

Cette gestion du local par le pouvoir central entraine la monopolisation du pouvoir par certains individus qui ne sont pas souvent le choix des populations locales.

C'est un système qui perpétue l'injustice sociale et la marginalisation de certaines composantes sociales.

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Ce sont là aussi des origines de certaines tensions et crises qui entraînent des affrontements entre des entités ethniques qui partagent le même espace. L'exemple de certains Etats du Sahel comme le Mali, le Niger, et le Nigeria est typique de cette gestion. C'est un système de gestion politique qui ne laisse aucune place à l'existence d'une société civile susceptible de contribuer à l'apaisement.

L'appareil d'Etat marginalise et rend inopérante la société civile et ne peut constituer aucun contrepouvoir digne de ce nom. Cette situation génère de vives tensions qui se traduisent par des violences et confrontations armées. L'exemple des crises intra-communautaires au sein des groupes Touaregs du Nord du Mali et intercommunautaires entre les sédentaires et les nomades représentent une illustration de cette réalité.

Enfin, la non sécurisation et la porosité des frontières peut faciliter la contagion d'une crise ou d'un conflit par la facilité de circulation d'hommes et d'armes d'un pays à un autre. C'est le cas des affrontements qu'on voit aux frontières du Mali avec le Niger, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire et aussi l'Algérie qui ont impliqués les populations et les gouvernements des pays concernés. Il apparaît donc que les enjeux et les causes à l'origine des conflits sont divers et résultent de phénomènes sociaux, politiques, stratégiques et géographiques emboités.

Au Sahel, toutes les communautés, notamment rurales vivent dans des situations de détresse permanente et voient leur condition d'existence se dégrader de jour en jour. La pauvreté jointe à la discrimination ethnique ou régionale constitue une recette omniprésente pour créer des troubles justifiés par une lutte de tous les instants et avec tous les moyens y compris ceux qui proviennent des groupes terroristes.

Au Mali, par exemple depuis 2012, des groupes tribaux nomades et des leaders sédentaires ou de communautés nomades pour exercer ou récupérer une partie de pourvoir sur leur territoire se livrent à une course effrénée dans les recherche d'appuis auprès de toutes entités ou organisations existantes susceptibles de leur procurer assistance pour détenir ou récupérer une certaine hégémonie locale ou régionale.

Les populations maliennes notamment du Nord ont en présence principalement cinq (05) structures qui partagent l'espace politique et économique : L'Etat malien, la MINUSMA (Mission multidimensionnelle de stabilisation intégrée des Nations Unies au Mali), l'opération armée française « Barkhane », les groupes armés (anti et pro-Etat) et les groupes Islamistes-Djihadistes.

Ils se voient alors obliger de pactiser soit avec l'Etat qui est fragilisé depuis 2012 et ne vit qu'avec l'aide internationale. Il est alors démunit et ne peut aider véritablement une population qui manque de tout.

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Soit avec la « MINUSMA» ou avec l'opération « Barkhane » qui ont un mandat d'accompagnement et de stabilisation pour la paix et de protection des populations. Elles ne peuvent non plus offrir qu'une assistance socio-économique limitée en fonction de leur mandat et missions. Soit les mouvements armés dont les deux principaux sont la CMA (coordination des mouvements de l'Azawad) anti-Etat malien et la plateforme regroupant plusieurs mouvements pro-Etat, qui eux non plus ne peuvent aider véritablement les populations locales en raison du fait qu'eux même n'existent et ne tirent leur revenu qu'auprès de l'Etat et des partenaires ci-dessus cités.

Enfin le cinquième acteur local le plus disponible et le plus solvable, qui ne cherche qu'à s'implanter et faire le maximum d'alliance auprès des communautés locales et qui apporte l'aide demandée reste les groupes terroristes dits « islamistes ». En raison de cette aide substantielle, ces derniers finissent par s'implanter dans le milieu en tissant de multiples liens avec les communautés y compris par des liens de mariage et offrent des conditions suffisamment attractives, tout ce que les autres partenaires n'arrivent à offrir. Cette situation décrite notamment pour le nord du Mali vaut également actuellement pour son centre.

Il s'en suit alors que plusieurs individus, notamment jeunes au Mali rejoignent le camp des « terroristes » non pas par affinités idéologiques, mais pour espérer une protection sur tous les plans. Pour certains c'est tout simplement une stratégie de survie dans un univers en perpétuel chaos, nous assistons alors à la naissance de `'pseudos terroristes» mais qui sont autant dangereux que `'les vrais terroristes.»

Les préoccupations sécuritaires, telles que celles liées à l'environnement, à la sécheresse et à l'exclusion sociale, font peser une menace existentielle sur les populations nomades. Paradoxalement, ce sont les stratégies d'adaptation et les possibilités de recours qui donnent de la résilience aux populations cherchant à surmonter ces menaces qui sont considérées par les acteurs étatiques comme représentant de graves menaces pour l'État et résistant à des représailles militaires.

Par extension, la porosité des frontières, qui pourtant constitue un facteur de résilience pour des populations dont l'un des mécanismes d'adaptation est de pouvoir franchir les frontières afin de réduire leur insécurité, est également la source même de la menace qui pèse sur l' État.

Les besoins de survie et de développement humain des personnes et des communautés et le recours à des mécanismes d'adaptation négatifs en réponse à la politique d'exclusion de l'État et aux menaces existentielles a amené certains groupes à collaborer avec des groupes terroristes et des réseaux criminels déclarés.

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Les migrations/mouvements transfrontaliers représentent une source de moyens d'existence, de résilience, d'adaptation et de survie et représentent une source et une forme de menace à la sécurité et les approches régionales de l'intégration pourraient soit aggraver soit réduire cette tension. Malheureusement cette situation décrite ci-dessus au Mali est pratiquement identique dans tout le Sahel, voire tout le continent à l'image du Burkina Faso, du Niger, du Nigeria, des différents clans en Somalie. En outre, au Sahel, comme d'autres pays d'Afrique, le radicalisme religieux est devenu un moyen efficace pour se positionner en réglant les comptes à ceux qu'on estime être plus présent sur la scène politique. C'est également le meilleur moyen pour se procurer des armes pour mener à bien ces conflits ou simplement pour se protéger des autres. Il est perçu également comme étant un moyen de lutter contre le chômage endémique des jeunes et de gagner en notoriété pour le salut de sa communauté.

Pendant tout mon séjour, les causes immédiates que j'ai pu recueillir lors de mes entretiens sont entre autres :

L'insécurité alimentaire l'insécurité alimentaire est un facteur car, elle conduit à l'exode des populations, mais fragilise leur résistance aux offres des groupuscules qui sévissent dans la zone. Ces populations ont déjà franchi le seuil d'urgence et ont besoin d'une assistance alimentaire immédiate.

La montée des réseaux djihadistes et des réseaux criminels : les conflits et les formes d'insécurité prévalant dans les pays sahéliens et leurs auteurs se sont transformés de mouvements animés par des griefs en phénomènes complexes, en produisant des incidences sur le plan interne et régional. Cela a été tout particulièrement manifeste au Mali et au Nigéria, avec de graves conséquences pour le Niger.

La corruption et les privations sociales et économiques généralisées tous les pays sahéliens en particulier le Mali possèdent des ressources naturelles considérables. Cependant, il est confronté à des problèmes de gouvernance. Ainsi, il n'a pas pu mettre en place une gestion efficace de l'explosion démographique des jeunes et des problèmes de chômage et de vulnérabilité à la radicalisation qui en découlent. L'incapacité de rompre un cycle, dans lequel l'exclusion et les griefs non résolus produisent une opposition violente à l'État, renforce les discours des mouvements insurrectionnels extrémistes et fournit une justification à leur cause.

La dynamique mondiale et le contexte global de la guerre contre le terrorisme a suscité des discours et des contre-discours présentant les groupes radicaux islamiques comme une menace aux cultures démocratiques et la civilisation occidentale comme une menace à l'Islam.

La mal gouvernance est une cause de conflit, tout comme la pauvreté, l'exclusion le sont tout autant.

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Causes structurelles
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V' Le stress environnemental : découlant de leur situation géographique expose les pays du Sahel et leurs populations à des conditions telles que la sécheresse, la désertification, les variations de la pluviosité accompagnées d'incidences sur la sécurité alimentaire et les moyens d'existence. Cela conduit à une série de problèmes : tensions internes, déplacements et arrivées/départs de flux de réfugiés, migrations (de jeunes), violence intercommunautaire et relance de l'irrédentisme (touareg) et instabilité politique.

V' Les griefs historiques : à des degrés divers, ils ont compliqué les relations entre groupes et la dynamique politique ainsi que les processus d'édification de l'État dans les pays sahéliens étudiés. L'incapacité des États de répondre de manière appropriée à des griefs profondément enracinés a exacerbé les problèmes existants, qui se sont amplifiés pour se manifester par la propagation du terrorisme, de la criminalité et du djihadisme dans le Sahel.

V' Le processus fracturé de consolidation de l'État : bâtir une identité nationale commune et un destin commun au sein des populations des États sahéliens a été un défi profondément ancré à l'origine des conflits.

V' L'explosion démographique des jeunes : dans tous les pays sahéliens ayant fait l'objet de l'étude, la population se compose en moyenne à plus de 60 % de jeunes de moins de 25 ans. Les implications de cet état de choses sont fort graves, sans compter que s'y ajoutent les défis du stress environnemental, l'exclusion sociale et économique et l'instabilité politique. 6 Les conflits dans la région du Sahel et leurs conséquences pour le développement.

Causes immédiates et facteurs perpétuant les conflits :

V' La migration : dans tous les pays sahéliens, elle fait partie de la vie quotidienne des populations, pour des raisons indépendantes des conditions climatiques.

Les flux de réfugiés, qui se déplacent parfois avec leur bétail hors des zones du Mali, du Niger et du nord-est du Nigéria en proie à la guerre, accroissent l'insécurité.

V' L'insécurité alimentaire : les estimations actuelles relatives à l'insécurité alimentaire indiquent un nombre total de 19,8 millions de personnes, dont au moins 2,6 millions ont

déjà franchi le seuil d'urgence et ont besoin d'une assistance alimentaire immédiate.

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y' Les coups d'État à motivation politique : des coups de force militaires, des mutineries et des ingérences ouvertes ou déguisées dans la vie politique se sont produits régulièrement dans les pays de première ligne. En règle générale, les politiques d'exclusion ainsi que les politiques répressives associées à la politisation des établissements chargés de la sécurité constituent d'importants facteurs d'instabilité et d'insécurité dans le Sahel.

y' La montée des réseaux djihadistes et des réseaux criminels : les conflits et les formes d'insécurité prévalant dans les pays sahéliens et leurs auteurs se sont transformés de mouvements animés par des griefs en phénomènes complexes, en produisant des incidences sur le plan interne et régional. Cela a été tout particulièrement manifeste au Mali et au Nigéria, avec de graves conséquences pour le Niger.

y' L'insécurité et les conflits régionaux et transfrontaliers : la sécurité des États sahéliens est invariablement liée à la dynamique régionale et transnationale relative à la sécurité, certains pays étant plus exposés à cette dynamique que d'autres.

y' La corruption et les privations sociales et économiques généralisées: tous les pays sahéliens considérés dans la présente étude possèdent des ressources naturelles considérables. Cependant, ils sont tous confrontés à des problèmes de gouvernance. Ainsi, ils n'ont pas pu mettre en place une gestion efficace de l'explosion démographique des jeunes et des problèmes de chômage et de vulnérabilité à la radicalisation qui en découlent. L'incapacité de rompre un cycle, dans lequel l'exclusion et les griefs non résolus produisent une opposition violente à l'État, renforce les discours des mouvements insurrectionnels extrémistes et fournit une justification à leur cause.

y' La dynamique mondiale et le rôle des acteurs externes : le contexte global de la guerre contre le terrorisme a suscité des discours et des contre-discours présentant les groupes radicaux islamiques comme une menace aux cultures démocratiques et la civilisation occidentale comme une menace à l'Islam. La dynamique créée ultérieurement dans le Sahel n'a fait qu'accentuer ce phénomène.

La présence d'un éventail d'acteurs extérieurs (y compris ceux chargés de la sécurité et le personnel des industries extractives) dans le Sahel ne va pas nécessairement dans le sens d'une transformation de cette dynamique au profit des populations sahéliennes.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand