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Communication communale et participation citoyenne. étude appliquée à  la commune d'arrondissement de Tokombere.


par Jonas SAWARAM
Institut national de la jeunesse et des sports - Diplôme d"opérateur de développement et management des collectivités locales  2019
  

Disponible en mode multipage

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REPUBLIC OF CAMEROON

Peace-Work-Fatherland

----------

NATIONAL INSTITUTE OF YOUTH

AND SPORTS

----------

SCHOOL TECHNICAL COORDINATION

---------

SCHOOL OF DEVELOPMENT AND MANAGEMENT OF LOCAL COLLECTIVITES

----------

REPUBLIQUE DU CAMEROUN

Paix-Travail-Patrie

----------

INSTITUT NATIONAL DE LA JEUNESSE

ET DES SPORTS

----------

COORDINATION TECHNIQUE DES ECOLES

----------

ECOLE DE DEVELOPPEMENT ET DE MANAGEMENT DES COLLECTIVITES LOCALES

----------

COMMUNICATION COMMUNALE ET PARTICIPATION CITOYENNE : ETUDE APPLIQUEE A LA COMMUNE D'ARRONDISSEMENT DE TOKOMBERE

Projet d'intervention local rédigé en vue de l'obtention du diplôme d'Opérateur en Développement et en Management des Collectivités Locales

FILIERE :

DEVELOPPEMENT SOCIO-ECONOMIQUE LOCAL

Cycle 2

Par :

SAWARAM Jonas

Assistant Documentaliste/Archiviste

Capacité en droit

Ex-Huissier du PAN

Ex-Chef des Huissiers à l'Assemblée Nationale

Contrôleur de Comptabilité-Matières

Opérateur en Développement et Management des Collectivités Locales

Chargé d'Etudes à la Direction de l'Information Documentaire de l'Assemblée Nationale

 

Sous la direction de :

M. MENGOUNG André Siegfried

Assistant des Universités

Conseiller Principal de Jeunesse et d'Animation

Diplôme d'Etudes Approfondies en Histoire

Enseignant permanent à l'INJS

NOVEMBRE 2019

SOMMAIRE

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

SIGLES ET ABBREVIATIONS iv

LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES v

RESUME vi

ABSTRACT vii

INTRODUCTION GENERALE 1

CHAPITRE I : DEFINITION OPERATOIRE DES CONCEPTS 10

ET REVUE DE LA LITTERATURE 10

CHAPITRE II : ETAT DES LIEUX DE LA PARTICIPATION CITOYENNE A TOKOMBERE 27

CHAPITRE III : ANALYSE-DIAGNOSTIQUE DE LA PARTICIPATION CITOYENNE A L'AUNE DU DISPOSITIF COMMUNICATIONNEL DE LA COMMUNE D'ARRONDISSEMENT DE TOKOMBERE 43

CHAPITRE IV : METHODOLOGIE, PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS, SUGGESTIONS 52

CONCLUSION GENERALE 82

BIBLIOGRAPHIE 83

TABLE DE MATIERES 87

DEDICACE

A mes enfants :

· MANDZEZAI Adèle ;

· DANGA Dorian ;

· DINGABA TEMPAY Edith ;

· MAKABAI-DAO Jean-Paul ;

· NGALAKA David.

REMERCIEMENTS

La réalisation de ce travail est le fruit de la contribution de nombreuses personnes auxquelles nous souhaitons témoigner notre gratitude et nos remerciements. De ce fait, nous nous excusons de ne pouvoir tous les citer ici. Nous remercions :

- le Très Honorable Président de l'Assemblée Nationale pour son soutient multiforme ;

- Monsieur Gaston KOMBA, Secrétaire Général de l'Assemblée Nationale pour ses encouragements et ses conseils ;

- Monsieur André Siegfried MENGOUNG, pour son orientation, sa disponibilité et son suivi sans relâche dans notre travail;

- Dr EBAL MINYE Edmond, Directeur de l'INJS, qui en dépit de ses multiples tâches et occupations n'a ménagé aucun effort pour que nous puissions effectuer cette formation ;

- Monsieur MANGA Jérôme Manfred, Responsable de l'Ecole de Développement et de Management des Collectivités Territoriales Décentralisées, qui a su mettre sur pied des moyens d'encadrement adéquat afin de nous permettre de parfaire notre formation ;

- Le corps administratif et enseignant de l'INJS en général et de l'EDM-CTD/INJS pour le suivi académique ;

- Monsieur BOUKAR ABDOURAHIM, Directeur de Cabinet du Très Honorable Président de l'Assemblée nationale, pour son soutien et ses encouragements constants;

- Messieurs ADAMOU Yaouba, Cadre communal de développement à la Commune de Tokombéré  pour la facilitation de l'accès aux données sur le terrain;

- Sa Majesté ZAKE MAL ADAMOU, Régent de la Chefferie de 2è degré du Canton de Séraoua-Guemjeké, pour ses orientations ;

- Monsieur le Président de l'Association des Jeunes Dynamique de Tokombéré pour les facilités sur le terrain ;

- Ma bien-aimée épouse FANTA Marie-Thérèse, pour son affection ;

- Monsieur AREGUEMA Jean, journaliste, Chef d'Agence Régionale pour l'Extrême-Nord, du journal « L'OEIL DU SAHEL » pour ses encouragements ;

- Monsieur BOMONO François, pour la saisie et la reprographie de ce travail ;

Tous nos amis et camarades de l'EDM-CTD-INJS pour les échanges et le partage constructif.

SIGLES ET ABBREVIATIONS

°C : Degré Celsius

ARTOK : Artisanat de Tokombéré

D : Contrat de Désendettement et de Développement

CC : Comités de Concertation

CETIC : Collège d'Enseignement Technique Industriel et Commercial

COPARMO : Coopérative Artisanale à Mayo-Ouldémé

CRTV: Cameroon Radio and Television

CTD : Collectivités Territoriales Décentralisées

CVD : Conseils Villageois de Développement 

DAADER : Délégation d'Arrondissement de l'Agriculture et du Développement Rural

DSEL : Développement Socio-économique Local

FEICOM : Fonds d'Equipement et d'Intervention Intercommunale

GIC : Groupement d'Initiatives Communes

GIE : Groupement d'Initiatives Economiques

HIMO : Haute Intensité en Main d'OEuvre

IFC : Institut Français du Cameroun

INJS : Institut National de la Jeunesse et des Sports

IRAD : Institut de Recherche Agronomique pour le Développement

JDT : Jeunesse Dynamique de Tokombéré

MINDDEVEL : Ministère de la Décentralisation et du Développement Local

MINEPIA : Ministère de l'Elevage, des Pêches et des Industries Animales

MINJEC : Ministère de la Jeunesse et de l'Education Civique

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PCD : Plans Communaux de Développement

PNDP : Programme National de Développement Participatif

RFI: Radio France International

S.G: Secrétaire Général

TDR : Termes De Références

TIC : Technologies de l'Information et de la Communication

UPP : Unités de Participation participative

ZIC: Zone d'Intérêt Cynégétique

LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES

I. TABLEAUX

Tableau 1: Participation selon Albert Meister 12

Tableau 2: Répartition de la population par tranche d'âge 31

Tableau 3: matrice d'enquête 57

Tableau 4: échantillon de l'enquête 58

Tableau 5: matrice des entretiens 63

Tableau 6: matrice des centres d'intérêts des enquêtés 64

Tableau 7: chronogramme des activités 71

Tableau 8: état estimatif des besoins 80

II. GRAPHIQUE

Graphique 1: Répartition de la population par tranche d'âge 31

RESUME

L'amélioration du cadre et conditions de vie des populations camerounaises est une préoccupation majeure dédiée aux Collectivités Territoriales Décentralisées. Cette démarche développementale se doit fondamentalement de se poser sur une implication totale de tous les acteurs de la vie de la commune, à la production publique locale. Aussi, axé sur une appropriation collective des mécanismes de participation citoyenne. Ce développement participatif reste l'un des défis pertinents de l'action publique locale au Cameroun. Mais également à l'effet d'interroger les déterminants de la relative participation citoyenne dans les initiatives de développement initiées au niveau de la Commune, nous nous sommes proposés d'analyser les dispositifs communicationnels y relatifs. Ce qui précède nous a mené à une réflexion sur le thème «Communication communale et participation citoyenne : étude appliquée à la Commune d'Arrondissement de Tokombéré ». Atteindre cet objectif, il serait judicieux de se poser comme question : Quels éléments du dispositif communicationnel de la Commune d'Arrondissement de Tokombéré, sont explicatifs du relatif niveau de participation citoyenne des populations ? Dans l'optique d'apporter une réponse à ce questionnement, nous avons opté pour une approche empirico-déductive. C'est ainsi que sur la base des éléments mis à contribution au terme d'un état des lieux ainsi que d'une analyse-diagnostique, nous avons mis en exergue des résultats. Il importe cependant de préciser que pour la collecte des données, nous avons eu recours à la recherche documentaire, à l'observation directe et aux entretiens pour collecter nos données. L'analyse et l'interprétation desdites données, s'est faite à travers l'analyse des données collectées. L'issue de l'interprétation de nos données nous a permis d'identifier un ensemble d'éléments du dispositif communicationnel à Tokombéré, de nature à inhiber la participation citoyenne. Ce qui précède nous a permis d'énoncer un certain nombre de suggestions, visant à rendre davantage opérationnel le dispositif communicationnel de la Commune d'Arrondissement de Tokombéré en vue d'une plus grande participation citoyenne. Toutes ces suggestions ont été assorties d'un projet professionnel relatif au renforcement des capacités des acteurs communaux en matière de communication participative locale.

Mots clés : Communication Communale ; dispositif communicationnel ; participation citoyenne ; approche empirico-déductive.

ABSTRACT

Improving the living environment sets and living conditions of Cameroonian populations is a major concern dedicated to Decentralized Territorial Communities. This development already must be based on the total involvement of all the actors in the life of the Council, in the production of local public policies. Also, focused on collective ownership of citizen participation mechanisms, this participatory development remains one of the relevant challenges of local public policies in Cameroon. Also to the effect of questioning the determinants of the relative participation of citizens in development projects initiated at the Council level, we proposed to analyse the communication mechanisms related to them. The above led us to a reflection on the theme "Community Communication and Citizen Participation: Study Applied to the Tokombéré City Council". Achieving this goal for us was to ask the question: What elements of the communication system of the Tokombéré City Council are explanatory of the relative level of citizen participation of the populations? In order to answer this question, we have opted for an empirico-deductive approach. Thus, on the basis of the elements used after an overview as well as a diagnostic analysis, we highlighted the results. It is important to note, however, that for data collection, we used documentary research, direct observation and interviews to collect our data. The analysis and interpretation of these data was done through the analysis of the contents. The outcome of the interpretation of our data allowed us to identify a set of elements of the communication system in Tokombéré, likely to inhibit citizen participation. The above has allowed us to make a number of suggestions, aimed at making the communication system of the Tokombéré City Council more efficient for greater citizen participation. All of these suggestions were accompanied by a professional project on building the capacity of communal actors in local participatory communication.

INTRODUCTION GENERALE

I- CONTEXTE ET JUSTIFICATION

I.1- Contexte de l'étude

Au lendemain des indépendances dans les années 1960, le tout jeune Etat du Cameroun n'a jamais cessé de se préoccuper des problèmes de développement de son territoire. En effet, en raison de la dynamique de construction de l'Etat et de lutte contre le maquis, les autorités dirigeantes de l'époque, pensaient, planifiaient et réalisaient le développement pour le territoire entier. Le contexte socio-politique et économique, favorable à une omniprésence de l'Etat, leur donnait raison, compte tenu des perspectives économiques radieuses qui se profilaient à l'horizon, ainsi que des différentes menaces qui planaient de part et d'autres sur le projet de construction nationale. Eu égard à tout cela, la population n'était que passive vis-à-vis de la participation citoyenne. Pire, elle n'était citoyenne que du fait de la nationalité et obtenait entière satisfaction de ses besoins du fait de l'initiative de l'Etat, véritable vache à lait.

Cependant, dès la décennie 1970, l'on a assisté au Cameroun comme sur la scène mondiale, à un amenuisement de la « toute-puissance » de l'Etat, marqué par l' « apparition » de nouveaux acteurs qui lui ont rapidement contesté « le monopole de la violence légitime ». En effet, l'Etat du Camerounais, fortement adossé sur les produits de base, va connaitre un fort infléchissement de sa marge et manoeuvre et va devoir opter pour un désengagement d'un ensemble de secteurs de la vie publique, si ce n'est une reconsidération des orientations en matière de développement et d'aménagement du territoire. Ce qui précède va ainsi accroitre de manière subite, la marge d'intervention du citoyen dans une sphère qui jadis était réservée au seul Etat central.

Cette reconfiguration du jeu d'acteur en termes de gestion de la chose publique, va se renforcer avec l'avènement du multipartisme à l'orée des années 1990. Ce dernier va procéder à une densification de concept de citoyen avec notamment l'option participative, traduite la possibilité pour ce dernier de choisir et de contrôler ses mandataires à la gestion de la chose publique, ainsi que de décider des diverses orientations relatives à la « coproduction du mieux-être collectif ». Tout ce qui précède va amener l'Etat à opter pour la politique de décentralisation.

Dans le cadre de cette politique et afin de mieux lutter contre la pauvreté, l'Etat au bénéfice de la Constitution du 18 janvier 1996, va confier aux collectivités territoriales, la mission d'accompagner les communautés vers le développement local et l'amélioration de leur cadre et conditions de vie. Ce souci d'effectivité et d'efficacité du processus de décentralisation qui est unanimement reconnu comme un instrument de bonne gouvernance, de développement local et, donc de lutte contre la pauvreté, s'est traduit par une densification du cadre juridique. C'est ainsi qu'en 2004, trois (03) nouvelles lois (lois N°2004 /17 portant orientation de la décentralisation ; N°2004/18 fixant les règles applicables aux communes et N°2004/19 fixant les règles applicables aux régions) sont promulguées. Ces dernières qui sont complétées en 2010 par une série des décrets qui transfèrent certaines compétences aux Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD), vont repréciser en les affinant, les dispositions textuelles qui encadrent d'ordinaire le processus de décentralisation.

L'effet recherché ici, est l'amélioration des conditions de vie à la base, avec pour perspective, un effet domino qui atteindra le sommet. Cette amélioration, qui est une suite graduelle d'actions à mener, se présente sous forme de projets de développement, pensés et adoptés par les citoyens locaux, et portés par différentes structures locales de développement. Elle s'adosse surtout sur l'engagement des populations des localités ou encore, leur participation réelle et active dans la démarche qui mène au développement. Ce nouveau paradigme donne une nouvelle orientation à la définition du concept participation citoyenne qui, depuis les indépendances, semble n'avoir pas réellement évolué dans la conscience collective, et pose donc des interrogations sur la participation citoyenne qui est attendue pour la réussite des projets de développement local.

I.2- Justification de l'étude

Pour impulser un véritable développement participatif et réduire la pauvreté au sein de leurs populations, les Communes ont adopté comme outils stratégiques de participation, les Plans Communaux de Développement (PCD). Pour ce qui est du cas spécifique de la Commune de Tokombéré, après l'avoir élaboré en 2006, elle a actualisé son PCD en 2013. L'élaboration de cette boussole de la participation citoyenne avait donné cours à une véritable démarche de communication communale, marquée par de multiples entretiens, des rencontres d'analyse, des diagnostics à plusieurs niveaux territoriaux (populations, élus locaux, partenaires au développement, autorités administratives et traditionnelles...). L'atteinte efficiente des objectifs de développement local étant tributaire de la permanente mobilisation de tous les acteurs de la Commune, il est donc intéressant pour nous d'interroger l'adéquation entre la communication communale à Tokombéré et la participation des citoyens aux projets de développement.

II- OBJET DE L'ETUDE

La présente étude a pour objet l'analyse des effets du dispositif communicationnel de la Commune de Tokombéré, sur la participation citoyenne des populations de la localité. Il s'agit de questionner l'adéquation entre les ressources communicationnelles mises à contribution par la Commune et les capacités des diverses parties prenantes du développement local, se rencontrer et interagir de manière efficiente au sein d'une dynamique ayant pour finalité, l'amélioration du cadre et des conditions de vie des populations. Il est question d'une certaine manière, d'aider les populations de cette localité à construire le développement de leur localité autour d'un dispositif communicationnel garantissant la pleine et entière participation de tous les citoyens.

III. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE

Les objectifs de ce travail sont de deux ordres, général et spécifique.

III.1. Objectif général

Dans le présent travail, il s'agit d'identifier au sein du dispositif communicationnel de la Commune, les éléments explicatifs du relatif niveau de participation citoyenne des populations de Tokombéré.

III.2. Objectifs spécifiques

Suite à l'objectif général sus-évoqué, il sera opérationnellement question de :

· Procéder à un état des lieux de la communication communale à Tokombéré ; 

· Interroger l'incidence de ladite communication sur la participation citoyenne dans la localité ;

· Proposer des aménagements de nature à doter la commune d'un dispositif communal, vecteur d'une participation citoyenne optimale.

IV. PROBLEME DE RECHERCHE

De prime abord, l'on pourrait affirmer que la participation citoyenne est une réalité à Tokombéré qui s'illustre par :

- des élections organisées au niveau local, régional et national permettant au citoyen de voter ou de se faire élire ;

- la possibilité offerte d'exprimer son opinion pour influencer les politiques ;

- la mise en oeuvre du développement local qui offre au citoyen l'occasion de participer et d'influencer le processus de planification, d'exécution et de suivi des projets en donnant son avis ;

- le paiement des taxes et impôts dans le cadre de la mobilisation des ressources financières ;

- la mise en place des Conseils Villageois de Développement (CVD) ;

- l'élaboration des PCD qui a permis l'implication des populations dans le choix de leurs priorités en matière de développement.

Cependant, une relecture plus approfondie de la réalité participative laisse davantage transparaitre que beaucoup d'actions de développement semblent ne pas porter les fruits escomptés. Pire, il semble régner au sein d'une frange importante de la population, des relatives connaissances et implication dans les initiatives communales de développement exemple les travaux d'entretien routier malgré les moyens formels et informels utilisés par celle-ci. Cet état de chose laisse entrevoir un problème de l'inadéquation entre le dispositif communicationnel communal et les exigences de participation citoyenne des populations de Tokombéré.

V. QUESTIONS DE RECHERCHE

Selon Aktouf (1987 : 17) :

La recherche scientifique, que ce soit dans le cadre d'un
mémoire, d'une thèse ou toute autre forme de travail à caractère académique, consiste, à partir d'une interrogation, d'une énigme, d'une insuffisance de compréhension d'un phénomène, d'un vide dans une théorie....

Pour obéir à cette assertion, le présent travail se propose une question générale de laquelle dérivent trois questions spécifiques.

V.1. Question générale

Notre préoccupation centrale en abordant ce travail de recherche se résume à la question générale suivante : Quels éléments du dispositif communicationnel de la Commune de Tokombéré, sont explicatifs du relatif niveau de participation citoyenne des populations ?

V.2. Questions spécifiques

· Comment se décline la communication communale à Tokombéré ? 

· Quelle incidence ladite communication a-t-elle sur la participation citoyenne dans la localité ?

· Quels aménagements seraient de nature à doter la commune d'un dispositif communal vecteur d'une participation citoyenne optimale?

VI. INTERET DE L'ETUDE

L'intérêt de cette étude s'identifie aussi bien au niveau socio-politique que sur le plan scientifique et professionnel.

VI.1- De l'intérêt socio-politique

En mettant à la disposition des populations de Tokombéré, de façon particulière, ainsi que toutes les communautés vivant les mêmes contraintes développementales de manière générale, des esquisses de solutions aux difficultés qu'elles rencontrent dans leurs initiatives d'amélioration de leurs cadres et conditions de vie, notre recherche pourrait permettre de lire les logiques de participation citoyenne et de communication communale sous un nouveau jour. En outre, pour notre cas précis d'étude, la communication communale pourrait alors se positionner comme un levier de performance développementale au niveau local. Bien plus, cette étude participerait certainement à renforcer la démocratie locale d'une part et de fixer les jeunes de notre zone d'étude à leurs terres. Ceci pourrait, d'une manière ou d'une autre, réduire l'avancée de l'exode rural qui est un grave fléau pour le monde rural.

VI.2- De l'intérêt scientifique

A travers cette étude qui est d'un attrait particulier pour les questions de participation citoyenne au niveau communal, il est question pour nous d'apporter notre modeste contribution à l'identification et la résolution des problèmes qui sont propres au milieu rural, ceux liés principalement à l'implication des populations à l'élaboration des outils et politiques d'amélioration de leurs cadres et conditions de vie. Notre travail vise à cet effet à émettre des suggestions concrètes en vue d'affiner la résolution des problèmes d'accompagnement des acteurs socio-économiques du monde rural.

VI.3- De l'intérêt professionnel

Sur le plan professionnel, en tant qu'acteur de développement appelé à encadrer les masses, l'Agent de Développement et de Management des CTD est concerné par les problèmes relatifs à l'amélioration des conditions de vie des populations. Ce travail permet de remettre au gout du jour la contribution de cet acteur social, en lui proposant des mécanismes de nature à renforcer ses interventions face à des cibles en mal de changement. L'Agent de Développement et de Management des CTD peut ainsi grâce à ce travail, amener les exécutifs communaux ainsi que les populations à adopter de nouveaux comportements et logiques de gouvernance de leurs territoires et de fait, mieux garantir la démocratie locale et le développement socio-économique au sein de leurs communautés.

VII. DOMAINE DE RECHERCHE

La présente étude relève du domaine du Développement Socio-économique Local (DSEL). Elle s'inscrit dans le champ de la Communication en général et de manière spécifique dans celui de la communication sociale ; ceci dans la mesure où elle vise l'autonomisation des populations à travers la mise sur pieds de schémas endogènes et coproduits de participation citoyenne, sur d'un dispositif communal intégratif et vecteur de vivre-ensemble harmonieux.

Etant donné que la présente recherche s'inscrit dans un milieu social, caractérisé par des faits sociaux, la sociologie et ses branches telles que la sociologie rurale et du développement, reste un des domaines connexes à prendre en compte. Du point de vue comportemental des acteurs en présence, elle s'intéressera aussi à la psychologie. L'ancrage de la présente étude dans un milieu physique et humain, justifie d'emblée le recours à la géographie et ses filles que sont la géographie physique et la géographie humaine. Le Droit et les Sciences politiques ne sont pas en reste dans la mesure où le présent travail vise l'optimisation de la participation des populations à la gestion de la chose publique dans le cadre communal. L'histoire sera mise à contribution à l'effet de comprendre les rapports entre les populations de la localité, qui pourraient inhiber toute logique collective de participation citoyenne ou de communication communautaire.

VIII. DELIMITATION DU SUJET

Bien que la présente étude porte de manière spécifique sur la localité de Tokombéré, la recherche à effectuer ici nous semble encore large. Aussi, convient-il de définir les limites de ce sujet au plan spatial et temporel.

VIII.1. Délimitation spatiale

Le cadre de notre étude est la Commune de Tokombéré, située dans le Département du Mayo-Sava, Région de l'Extrême-Nord du Cameroun. Le choix de cette localité se fonde sur le fait qu'outre notre appartenance à cette Commune, nous y avons décelé quelques difficultés relatives à la participation citoyenne des populations.

VIII.2. Délimitation temporelle

Une étude de cette envergure nécessite une longue période pour mieux identifier et analyser les données obtenues sur le terrain. Les exigences académiques de l'Institut qui s'inscrivent dans un chronogramme précis, ne peuvent pas nous permettre d'atteindre de manière exhaustive l'objectif souhaité. Nous nous sommes donc contenté de fournir le substantiel que nous avons pu produire dans l'espace-temps limité.

Notre recherche se déroule sur une période de 6 ans plus précisément de 2013 à 2019. En effet, la borne aval de notre étude représente la réactualisation de PCD de la Commune de Tokombéré. La borne amont quant à elle marque la fin de nos études à l'INJS, mais davantage elle s'inscrit dans la mouvance actuelle d'accélération du processus de décentralisation au Cameroun.

IX. APPROCHE METHODOLOGIQUE

Afin d'opérationnaliser ou d'apporter une critique concrète à l'interrelation entre la participation citoyenne et le dispositif communal de la localité de Tokombéré, il est essentiel de donner une véritable caution scientifique à partir de l'approche méthodologique.

Pour GRAWITZ M. (1993), la méthode est  un moyen de parvenir à la vérité, de répondre plus particulièrement à la question « comment ». Il s'agit pour nous à ce niveau de préciser la démarche utilisée afin de parvenir aux résultats de notre recherche.

En ce qui concerne l'approche méthodologique optée pour mener à bien notre
recherche, il importe de signaler ici que trois phases fondamentales ont marqué notre démarche: la pré-enquête, l'enquête proprement dite, ainsi que l'analyse et le traitement des données collectées.

Pour ce qui est de la pré-enquête, nous avons opté pour la recherche documentaire, l'observation directe, les questionnaires et les entretiens. Ces approches nous ont été bénéfiques en ceci qu'elles nous ont permis d'avoir connaissance de l'étendue de la production livresque et wébographique relative à l'incidence des dispositifs communicationnels communaux sur la participation des populations aux initiatives locales de développement.

Dans le cadre de la seconde phase de notre travail, nous avons eu recours aux
entretiens et aux questionnaires. Ces approches nous ont permis de collecter des données qualitatives et quantitatives. En ceci, nos sources étaient constituées tant des populations locales, que de certaines personnes ressources (autorités politiques et religieuses et traditionnelles locales, responsables des structures d'accompagnement local...). Ces phases fondamentales de notre travail de recherche se sont en outre faites à l'aune de l'observation directe, qui nous a permis de vivre in situ, les réalités tant de la participation citoyenne que de la communication communale à Tokombéré.

Quant à la troisième phase de notre travail, celle relative à l'analyse et au traitement des données ; signalons que les méthodes d'analyse de contenu et statistique, nous ont été d'un intérêt capital dans l'atteinte des objectifs que nous nous sommes fixés au départ. Ces méthodes d'analyse nous ont servi à étudier de manière approfondie les résultats, pour en déterminer de façon objective les principaux éléments significatifs.

X. ANNONCE DU PLAN

Ayant ainsi balisé les contours de notre investigation à la lumière de cette introduction,
nous présentons progressivement les différentes articulations de notre travail de recherche en articulant nos propos autour de quatre (04) chapitres présentés comme suit :

· CHAPITRE I : DEFINITION DES CONCEPTS ET REVUE DE LA LITTERATURE

· CHAPITRE II : ETAT DES LIEUX DE LA PARTICIPATION CITOYENNE A TOKOMBERE

· CHAPITRE III : ANALYSE-DIAGNOSTIQUE DE LA PARTICIPATION CITOYENNE A L'AUNE DU DISPOSITIF COMMUNICATIONNEL DE LA COMMUNE DE TOKOMBERE

· CHAPITRE IV : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS, SUGGESTIONS.

CHAPITRE I : DEFINITION DES CONCEPTS

ET REVUE DE LA LITTERATURE

Il est incontournable dans un travail qui se veut scientifique, de procéder à une clarification des mots et concepts majeurs pour faciliter leur compréhension. Ainsi, dans ce chapitre, il sera essentiellement question d'une part de définir certains mots clés et concepts dont la compréhension peut prêter à équivoque (I), et d'autre part de faire une revue de ce qui a déjà été dit sur le thème que nous nous sommes donnés d'étudier (II).

I. DEFINITION DES CONCEPTS

Afin de lever toute ambiguïté qui pourrait naitre du fait du caractère polysémique des mots ou de l'entendement que l'on pourrait avoir d'un concept qui, en philosophie est défini comme étant : « une représentation mentale abstraite et générale... ». C'est donc ainsi que nous nous attèlerons à rendre plus explicites et manipulables, les termes qui nous semblent d'une importance indéniable, et qui gravitent autour de notre thème.

I.1 Participation

Le concept de participation naît du désir de satisfaire les besoins des populations en milieu communal, face aux nombreux échecs des projets initiés par le haut. En effet le constat a été fait que, les nombreuses stratégies de développement mises sur pied au cours des deux premières décennies post indépendance présentent des limites et courent presque toutes vers l'échec. Ceci en grande partie à cause de leur centralisation, et de la prise des décisions du pouvoir central alors que selon Muller (1992 : 38), le seul moyen de réussir une politique c'est d'en confier la réalisation à ceux qui ont intérêt qu'elle réussisse.

Selon les usuels de la langue française, la participation s'appréhende comme l'action de prendre part à quelque chose, son résultat. La participation a de ce fait un sens passif et un sens actif. Pour Maiga cité par Bessan (2011), le sens passif renvoie au fait que la population prend part, sans prendre de décision et au sens actif, elle s'engage en prenant des responsabilités. La participation se rapporte au fait d'être intéressé. C'est à ce titre que Boukhari (1994 : 42), énonce que Le principe fondamental de la participation : c'est le partage de savoir et de pouvoir. Dans le même registre Yoda (2004 : 85) cite Boukhari en disant que (...) la participation, c'est penser et faire avec et non pour, c'est la responsabilisation, la concertation et la négociation.

La participation se révèle un phénomène influencée par un ensemble de facteurs déterminants tels que : les facteurs socio-économiques, anthropologiques et institutionnels. Par facteurs socio-économiques, il est question des facteurs liés à l'éducation, au statut, aux attitudes et comportements.

La participation se détermine tant par des facteurs aussi bien endogènes qu'exogènes d'après Lane cité par Ndouta (2013 :41). Les facteurs endogènes mettent en relief les variables individuels et collectifs propres à une population et favorisant sa participation. Les variables individuelles sont au nombre de trois : la volonté de s'impliquer, la condition économique et le niveau d'éducation des individus. En d'autres termes un individu qui manque de détermination, limité dans ses moyens matériels et n'ayant pas le niveau d'instruction souhaité, ne pourra pas participer à un projet quel qu'il soit. Les facteurs collectifs quant à eux concernent la culture organisationnelle. La participation exige une certaine organisation. Dans ce sens, l'absence de charpente capable de coaliser les desseins collectifs explique que certaines populations ne s'impliquent pas dans la résolution des problèmes de la communauté ou du groupe.

Pour Sills cité par Ndouta (2013 : 46), les facteurs exogènes sont des variables externes qui échappent au contrôle des individus, mais qui sont déterminants dans le choix et la décision de participer. Il s'agit de l'environnement politique et de la stratégie de mobilisation adoptés par les acteurs d'un projet.

Les différents facteurs ainsi recensés expliquent tous, d'une façon ou d'une autre la participation des populations aux projets de développement. Dans ce sens, la participation est à la fois un droit et un devoir exercés par un citoyen dans un contexte de démocratie. Il s'agit ici de participation citoyenne.

La participation connait cependant différentes formes relatives à la motivation qui amène l'individu à prendre part à une activité pour Meister (1970). Les différentes formes de participation sont :

- la participation de fait qui conduit l'individu à participer instinctivement parce qu'il appartient à un système familial, religieux ou traditionnel qui l'incite à prendre part par l'intermédiaire des relations affectives qui le lient au système. C'est une forme de participation involontaire et caractéristique des sociétés fortement traditionnelles ;

- la participation provoquée est induite et stimulée de l'extérieur par des organismes ou des institutions. Elle peut déclencher l'implication des populations dans le processus de développement engagé à leur compte ;

- la participation volontaire est une initiative des membres du groupe, sans intervention extérieure. Elle émanerait d'une hypothétique conversion des sociétés traditionnelles en sociétés modernes ;

- la participation spontanée est une forme intermédiaire entre la participation de fait et la participation volontaire ;

- la participation imposée peut émaner soit du groupe lui-même, soit de l'influence extérieure ; dans le but de susciter à travers une prise de conscience une forme d'organisation au sein du groupe.

Tableau 1: Participation selon Albert Meister

Type de Participation

Origine et création

Intérêts, activités, fonctions

Participation de fait

Origine dans la vie traditionnelle: groupe familial, religieux, métiers...

Conservation du patrimoine

Participation spontanée

Création par les participants, elle reste fluide, sans organisation formelle : groupes de voisinage, amateurs

Satisfaction des besoins vitaux

Participation imposée

Création par des animateurs extérieurs, mobilisation de la main d'oeuvre pour des travaux collectifs

Groupement indispensable pour le fonctionnement du programme

Participation provoquée

Groupe provoqué et suscité dans le cadre de projet ou programme : coopérative...

Adoption d'un comportement collectif et normes promues par l'institution intervenante

Participation volontaire

Création du groupe suite à une prise de conscience, initiative propre au groupe

Satisfaction des besoins, défense d'intérêts communs, promotion sociale

Source : NDO (2015 : 16)

Toutefois cette catégorisation de Meister n'empêche pas à d'autres auteurs d'apporter un éclairage différent. C'est le cas de Goussaut cité par Mekoulou (2012 :31), qui a démontré qu'on dénombre trois types de participation, en fonction de l'engagement d'un individu ; à savoir :

- la participation formelle où l'individu est motivé par la peur d'être sanctionné ;

- la participation par effet d'imitation à travers laquelle l'individu est entrainé dans un courant d'habitude ;

- la participation responsable par laquelle l'individu s'engage de façon consciente et volontaire.

Par ailleurs, Schawrz toujours cité par Mekoulou (2012 :31), estime à son tour qu'il existe plutôt cinq niveaux de participation : la participation par contribution, la participation par intégration, la participation par insertion, la participation par engagement et la participation par la prise en charge.

Pour cette étude, ces différentes thèses sont complémentaires du fait que la contribution et la mobilisation des populations à un processus de développement local passe par leur participation, qu'elle soit formelle ou par insertion. Toutefois pour un développement qui se veut durable et local, en rapport avec la décentralisation, la participation voulue ici est la participation par engagement ou la participation responsable. Spécifiquement, la participation doit ici recouvrir deux acceptions : collecter l'information et obtenir l'adhésion de la population en échange d'une certaine influence dans la prise de décisions.

I.2 Citoyen(ne), citoyenneté

En nous référant au libellé de notre thème d'étude, ce mot est un adjectif qualificatif. Mais il est aussi un nom de genre féminin, dont la déclinaison au masculin est la plus connue : citoyen.

Citoyen est un mot qui vient du latin civis c'est-à-dire celui qui a droit de cité. L'histoire nous renseigne que ce mot avait initialement une portée étatique (la cité-Etat) et désignait toute personne sous l'autorité et la protection d'un Etat, dont il est ressortissant, et qui jouit des droits civiques et politiques. Aujourd'hui, cet acronyme a une portée dynamique, qui ne relève plus du simple découpage géographique. Ainsi, on est de nos jours citoyen du monde du fait de partager des normes et valeurs universellement acceptées. De même, on est citoyen d'une ville parce qu'on y vit, et qu'on participe d'une manière ou d'une autre, activement ou passivement à la bonne marche et au développement de celle-ci. C'est donc cette dernière acception que nous adopterons dans notre démarche à chaque fois que nous ferons allusion au citoyen. Le concept qui lui est directement associé est celui de citoyenneté.

D'une manière générale, la citoyenneté est le fait pour une personne d'être reconnue comme membre d'une cité (aujourd'hui d'un État) nourrissant un projet commun pour lequel il prend une part active. Pour Bouguerra (1999), le mot trouve son étymologie du latin civitas, signifiant : droit de cité, droit d'un habitant d'un pays.

Pour Le Pors (1999), la citoyenneté est le fruit de conflits et de consensus, de valeurs partagées et de confrontations d'idées d'autant plus intégratrices qu'elles s'opposent vigoureusement. Elle serait en outre un statut juridique et simultanément un rôle (Coutu & Bosset, 1999; Sanchez, 2006). Le statut juridique, comme le souligne Vincent (2001), est conféré par l'État à tout individu d'un territoire donné est égal aux autres. En tant que rôle, la citoyenneté se traduit par la possibilité d'exercer des droits et des devoirs (civique, politique, social et économique) qui trouvent leurs assises et leur légitimité dans la recherche du bien commun et dans le souci de l'intérêt général (Vincent, 2001). Cette double lecture met donc en relief les logiques de citoyenneté active et passive.

La citoyenneté rend aussi compte du mode d'appartenance à une société donnée, mode basé sur l'intériorisation, puis l'implémentation d'un ensemble de valeurs, de normes et sur l'exercice de pratiques orientées en fonction du bien-être et du développement de la personne et de la société tout entière. Le citoyen serait donc cet individu autonome, responsable, un membre actif de la communauté politique et de la société civile.

De tout ce qui précède, il est d'intérêt de rappeler avec Le Pors (1999), Schnapper (2000), Boisvert & al. (2000) et Beck (2000), que le concept de citoyenneté est généralement associé à l'État-Nation.

De manière plus spécifique, il est loisible de lire la citoyenneté à l'aune de quatre principaux axes : politique, civil, culturel ou collectif et socio-économique.

Le domaine politique est relatif aux droits et devoirs de chaque citoyen au sein d'un système politique. De ce fait, il met en lumière la participation de tous et de chacun à la gestion de la chose publique, avec pour principal cadre d'application le droit de vote et le devoir de contrôle.

Le domaine civil quant à lui fait référence au modus vivendi à l'aune duquel sont construits les objectifs poursuivis par l'ensemble de la société. Y faisant référence, Bogdanor (1991) y voit une définition des valeurs fondamentales collectives, des limites du pouvoir décisionnel gouvernemental par rapport au citoyen individuel, ainsi que des associations et groupes d'intérêt privé. Comme éléments constitutifs, l'on y retrouve l'accès à l'information, la liberté d'association, le droit de parole ainsi que l'égalité aux yeux de la loi.

Le domaine culturel ou collectif qui a trait à la prise en compte par chaque société de sa diversité culturelle croissante au travers de la construction et de l'exaltation d'un patrimoine culturel commun. Cette démarche constructive ne s'accommode pas du rejet des identités culturelles des minorités. La relation Etat-culture se fonde sur la reconnaissance de la dimension anthropologique des droits humains ainsi que le respect de la dignité de tous les citoyens par l'entité gouvernante. Tout ce qui précède induit donc une égalité de tous aux yeux de la loi ainsi qu'un droit à la protection contre toute forme de discrimination relative aux appartenances ou convictions respectives.

Le domaine socio-économique qui traite des relations entre acteurs appartenant au même cadre de vie ainsi qu'aux éléments normatifs relatifs à la participation à la sphère politique. Comme éléments de cette composante citoyenne, l'on retrouve un ensemble de droits liés au travail, à la sécurité sociale, à l'aspect sécuritaire du cadre de vie, au bien-être économique ou du moins à des moyens basiques de subsistance.

Fort de ce qui précède, Veldhuis (1997) affirme que ces domaines ont des conséquences sur le processus de citoyenneté. En effet, le citoyen moderne est donc d'abord le sujet de droits et de devoirs : droits de l'homme ; droits civils ; droits politiques ; droits sociaux. Les devoirs sont accomplis par les citoyens pour le bien de la collectivité (impôts, service militaire, etc.) et définis par les lois des pays dans lesquels ils vivent. La citoyenneté implique donc aussi la définition d'une commune appartenant à une communauté politique (à ne pas confondre avec la nationalité).

Bien plus, la citoyenneté ne génère qu'un lien social fondé sur le politique et non sur une ou des appartenances singulières des individus. C'est, en particulier, l'égalité de droits et de devoirs, associée à la citoyenneté qui fonde le lien social dans la société démocratique moderne.

Cependant, si la citoyenneté suppose un ensemble de qualités morales considérées comme indispensables au rôle de citoyen, chaque citoyen exerce à sa façon la citoyenneté telle qu'elle est établie par les lois et intégrée dans l'ensemble des moeurs de la société à laquelle il appartient. C'est dire qu'aujourd'hui, de nombreux citoyens expriment leur méfiance par rapport aux politiques, par des engagements et des socialisations sous d'autres modes, s'exprimant par des actions de solidarité ou de sensibilisation à diverses causes autres que celles supposées communes.

Dans le cadre de notre travail, le concept de citoyenneté aura pour signification, le processus intégrant d'une part la prise de conscience par chaque individu appartenant à une entité de son rôle dans la dynamique de construction collective, ainsi que la durable et harmonieuse insertion de ce dernier dans la chaine dédiée à ladite construction.

I.3 Participation citoyenne

PIERRE ANDRE (2016 : 48) l'appréhende comme :

 Un processus d'engagement obligatoire ou volontaire de personnes ordinaires, agissant seules ou au sein d'une organisation, en vue d'influer sur une décision portant sur des choix significatifs qui toucheront leur communauté.

Il s'agit ici de la matérialisation de la citoyenneté dite active. En effet, dans un contexte ou des individus partagent le même espace de vie et sont donc soumis aux mêmes problèmes, les décisions qui sont prises et qui sont susceptibles d'avoir une incidence significative sur leur quotidien, des décisions qui peuvent avoir une incidence sur la cohésion sociale, ou encore toutes celles qui présentent un enjeu majeur pour l'avenir de leur territoire doivent les intéresser au premier plan. Il y va non seulement de leur intérêt personnel, mais aussi de l'intérêt de l'ensemble.

MURIEL DUBREUIL (2015 : 27) entendait par participation citoyenne, tout mécanisme mis en place afin d'impliquer, de façon active ou passive, des citoyens ou leurs représentants... . Cette définition semble mettre en avant les moyens ou les canaux par lesquels la voix de la population peut être portée vers les instances de décisions. Ce sont les instruments de la démocratie représentative avec les élus du peuple qui souvent hélas, ne se souviennent pas du peuple de qui ils tiennent leur légitimité.

VADIM POPOWSKY (2010 : 2) la définie comme :

Un moyen pour les représentants d'une ville, d'une région ou d'un Etat d'impliquer ses acteurs, c'est-à-dire les citoyens, dans leurs prises de décisions et, plus généralement, dans leur gestion.

Cette définition fait ressortir le caractère dirigiste de la participation citoyenne, car ici elle semble être tributaire de la volonté des représentants des citoyens, faisant abstraction de leurs droits en tant que citoyens.

Selon MATHIEU LAMBERT (2007 : 2), la participation citoyenne peut-être définie au sens large comme leur contribution à la construction de réponses aux besoins de la collectivité et/ou des différents groupes qui la composent. On comprend dès lors qu'il s'agit de l'apport des citoyens dans la construction de la solution idoine pour pallier les problèmes qui sont ceux de la communauté à laquelle ils appartiennent. C'est donc une action concertée, adoptée d'un commun accord, ou tout au moins, qui a fait l'objet d'un échange entre citoyens appartenant à une même communauté ou à un groupe social déterminé. C'est cette dernière définition que nous adopterons dans notre travail de recherche.

1.4- Communication

Nous présenterons les définitions étymologique et sociale de ce concept. Il s'agira par la suite de faire le lien entre la communication et les relations humaines d'une part, puis de faire une typologie des communications.

I.4.1- Définition étymologique

La "communication" est un processus de  transmission d' informations. Ce terme provient du  latin «communicare » qui signifie « mettre en commun». La communication peut donc être considérée comme un processus dynamique par lequel un individu établit une relation avec une ou plusieurs personnes pour échanger ou transmettre des idées, des connaissances au moyen des symboles (langage parlé ou écrit) ou des manifestations physiques (mimiques, gestes). Elle peut donc être verbale ou non verbale.

Selon le dictionnaire Larousse, la « communication » est un ensemble de phénomènes concernant la possibilité pour un sujet de transmettre une information à un autre sujet par le langage articulé ou au travers d'autres codes.

Pour le petit Robert, elle vient du verbe « communiquer » qui consiste à transmettre, recevoir et échanger des informations. C'est l'action d'établir une  relation avec autrui, de transmettre quelque chose à quelqu'un.

I.4.2- Définition selon les pensées sociales

La communication est un acte de la vie propre à l'homme appelé communication humaine. Elle met en évidence des signes, lesquels sont des manifestations extérieures d'un sentiment. Elle engage et ne s'opère qu'au niveau de l'esprit, de la volonté et du coeur et implique une interaction entre deux ou plusieurs personnes.

Pour Emile Durkheim, il faut intégrer une similitude de consciences dans les sociétés. Il dit que les individus sont différents les uns des autres et comme Thomas Hobbes, il pense que l'être humain est fondamentalement égoïste et animé de désirs infinis. Pourtant les relations humaines ne se fondent qu'à partir d'un consensus, d'une solidarité par différenciation et de complémentarité. D'où « la conscience collective» qui devrait maintenir l'harmonie dans la société. Les relations humaines se basent ainsi dans la société. C'est pourquoi l'essentiel des idées de Durkheim repose sur la primauté de cette société, dont il est impossible de se dégager, surtout si l'on veut instaurer les relations sociales.

En d'autres termes, la communication consiste à transmettre un  message afin d'établir un  contact. La façon dont s'effectuent les échanges conditionne les relations humaines.

I.4.3- Communication et relations humaines

La communication et la relation interpersonnelle sont deux termes proches. La relation désigne la forme et la nature du lien (familial, de voisinage, professionnel...) qui unit deux personnes. La communication est le rapport d'interaction qui s'établit lorsque les partenaires sont en présence. Ce rapport s'analyse sur trois niveaux: intrapsychique (les dimensions de la personnalité de chacun des protagonistes), interactionnel (la structure relationnelle et sa dynamique) et social (le contexte culturel avec ses normes, ses valeurs et ses rituels dans lequel il se place).

I.4.4- Des principaux types de communication

Il existe d'innombrables types de communication dont nous ne citerons que :

v la  communication interpersonnelle (basée sur l' échange émetteur - récepteur).

Entre humains, c'est la base de la vie en  société. C'est là en général que la compréhension est la meilleure, mais le nombre de  récepteurs est limité à une seule personne. La  rétroaction est quasi systématique. Il y a notamment le  téléphone, la conversation orale... Mais la communication n'est pas qu'orale, elle est aussi non verbale.

La communication passe donc aussi par le corps. Ainsi elle sera non verbale ou plutôt non verbalisée. La communication non verbale peut-être para-verbale c'est-à-dire qui accompagne la vocalisation. Ainsi lorsque le locuteur explique qu'il faut aller à droite et qu'il bouge sa main dans cette direction, c'est un cas de communication para-verbale. Croiser les bras dans un signe de protection est aussi une communication non verbale. Mais ici ce sera pour dire que : "je me retranche derrière mes idées laissez-moi tranquille". Mimiques et posture font aussi partie de la communication. Des gestes risquent de faire passer un message comme plus fort, plus prononcé que ce que l'on dit.

On dit parfois que la communication est holistique - c'est-à-dire qu'elle fait intervenir le tout de l'homme - pour souligner l'importance de l'environnement, des interférences environnementales dans la communication.

Pour Muchielli, « on ne peut pas ne pas communiquer ». Que l'on se taise ou que l'on parle, tout est communication. Nos gestes, notre posture, nos mimiques, notre façon d'être, notre façon de dire, notre façon de ne pas dire, toutes ces choses « parlent » à notre récepteur. La communication est aussi une forme de manipulation. En effet, nous communiquons souvent pour manipuler, modifier l'environnement ou le comportement d'autrui.

v la communication de masse : La  communication de masse c'est un émetteur (ou un ensemble d'émetteurs liés entre eux) s'adressant à tous les  récepteurs disponibles. Là, la compréhension est considérée comme la moins bonne, car le bruit est fort, mais les  récepteurs bien plus nombreux. Elle dispose rarement d'une  rétroaction, ou alors très lente. Ce type de communication a été conceptualisé avec l'apparition des notions d'organisation de masse dont quatre éléments sont la  standardisation, le  Fordisme, le  taylorisme et la  publicité... On parle de  médias de masse ou « Mass Media ». En font partie la  radiodiffusion,  la  télévision, la presse écrite, l'affichage, Internet...

v la communication de groupe : la  communication de groupe part de plus d'un émetteur s'adressant à une catégorie d'individus bien définis, par un  message (communication) ciblé sur leur compréhension et leur  culture propre. C'est celle qui est apparue avec les formes modernes de  culture, souvent axées sur la  culture de masse ( société de consommation), dont la  publicité ciblée est la plus récente et la plus manifeste. Les effets de la communication de groupe se situent entre ceux de la communication interpersonnelle et ceux de la communication de masse. La communication de groupe est aussi complexe et multiple car elle est liée à la taille du groupe, la fonction du groupe, et la personnalité des membres qui le compose. On peut également intégrer cette notion dans la communication interne à une entité. Les groupes peuvent alors être des catégories de personnel, des individus au sein d'un même service, etc. On peut aussi intégrer cette notion à une communication externe ciblée vers certains  partenaires ou  parties prenantes de l'entité.

De manière spécifique à notre travail, la communication est entendue comme un ensemble d'interactions participatives entre individus, au sein des groupes ou communautés, ainsi qu'un ensemble d'actions d'échange d'informations dirigées vers eux, en vue d'opérer un changement volontaire du comportement individuel et des normes sociales, s'il y a lieu, dans le but d'améliorer le cadre et les conditions de vie de l'individu, de la communauté.

1.5- La Commune

Encarta (2009), définit la Commune comme étant une entité formée par l'ensemble des habitants ayant en partage un territoire, une vision plus ou moins collective du développement, ainsi qu'un exécutif par eux élu et chargé de promouvoir le développement local. Il s'agit de ce qui constitue, dans plusieurs pays dans le monde, la plus petite division territoriale et administrative dont l'origine remonte au moyen âge. D'après le lexique des termes juridiques de Raymond Guillén et Jean Vincent (1998 : 120), la Commune est la collectivité territoriale de base de l'organisation administrative. Selon la loi n°74/23 du 05 décembre 1974 portant organisation communale, elle apparait comme la plus ancienne des collectivités locales au Cameroun. Il existait jadis deux types de Communes : les Communes urbaines dont le ressort territorial s'étendait sur l'espace d'une agglomération urbaine et les communes rurales dont le ressort territorial s'étendaient sur les agglomérations rurales. Avec la loi n° 2004/018 du 22 Juillet 2004 fixant les règles de la décentralisation applicables aux Communes, il n'existe plus de communes rurales. On ne distingue plus que des communes d'arrondissement et dans une certaine mesure des Communautés Urbaines.

La Commune d'Arrondissement est donc celle-là qui couvre l'aire géographique d'un Arrondissement avec pour mission générale de développer la localité et d'améliorer le cadre et les conditions de vie des habitants. La commune doit par conséquent se rapprocher des populations, d'où la création de la commune d'arrondissement dans chaque circonscription administrative.

1.6- Communication communale

La communication communale sociale au sens strict se définit comme l'ensemble des actes de communication qui visent à modifier des représentations et des comportements ou à renforcer les solidarités au sein d'une commune. En effet, elle vise à promouvoir le dialogue, la concertation, la participation à l'analyse des situations et à la gestion du développement et la mobilisation. Bien plus, elle permet de renforcer la réflexion et la prise de conscience des populations sur les problèmes de développement et sur les actions concrètes mises en oeuvre. Elle est enfin gage de consensus et de coproduction de l'action publique locale au sein de la commune.

Souvent désignée par le concept de « communication de proximité », la communication communale est celle dans laquelle l'interaction entre le communicateur et ses partenaires est directe, localisée, dans le cadre d'un cheminement participatif où chaque étape est réalisée en utilisant le support de communication adéquat.

Son objectif est d'accompagner la prise de décision et l'action de développement par l'éducation et la formation en sachant partager les savoirs. Elle fournit l'information et les savoirs techniques dont les populations ont besoin pour être en mesure d'agir, dans le consensus.

Pour le cadre spécifique de notre travail, la communication communale s'entend comme un processus social destiné à établir un dialogue véritable et permanent entre les différents acteurs du développement de la Commune de Tokombéré, à susciter, appuyer et accompagner les initiatives prises par consensus afin de jeter les bases d'une gestion concertée indispensable à la réussite de l'oeuvre entreprise.

II. REVUE DE LA LITTERATURE

La revue de la littérature est une méthode de travail scientifique dont l'objectif premier est de résumer l'état de la question, de la connaissance dans un domaine précis et pour une période ou un territoire. Il s'agit donc dans le cas d'espèce de faire le tour de la question sur la notion de participation citoyenne d'une part, et d'autre part sur la communication communale.

II.1 Revue De La littérature sur la participation citoyenne

Les notions de participation et de participation citoyenne ont déjà fait l'objet de réflexion scientifique par plusieurs auteurs.

Pour ce qui est de la participation en elle-même, BENNOUR A. fait le constat mitigé selon lequel bien que dans le langage du développement le mot participation ait le vent en poupe et soit très utilisé, « plus on en parle, moins on en fait ». Il fait le constat selon lequel, quelques soient les lieux où l'on se trouve et les méthodes employées par les institutions publiques, il est difficile de faire participer les habitants à des actions qui pourraient améliorer leurs conditions de vie. Dans ce même ordre d'idée, il est rejoint par J.C. KAUFMANN qui s'en va jusqu'à se poser la question de savoir s'il n'y aurait pas « une malédiction inhérente à la participation des habitants ? » dans le même article. Or, il se trouve souvent, que l'habitant vers qui est dirigée l'offre de participation n'est pas toujours demandeur. Cette réalité rend paradoxale la sollicitation de participation faite à l'endroit de personnes qui n'ont formulées aucune demande dans ce sens.

Pour ce qui est de la participation citoyenne, c'est une notion difficile à cerner aujourd'hui parce qu'elle est issue de la conjugaison de plusieurs sens qui lui sont donnés. Toutefois, retenons peu importe l'appréhension qui lui est donnée, qu'en fond de toile, se cache l'idée d'une citoyenneté active et engagée, soit dans une forme simpliste et réductrice qui est l'exercice du droit de vote, mais davantage dans des formes dynamiques d'engagement individuel et collectif ayant pour objectif une certaine transformation sociale de son milieu et de la société. Elle exprime une idée d'implication du citoyen dans les processus décisionnels le concernant au niveau local et national, et dans une forme plus individuelle, avec l'insertion de la personne dans les projets communautaires.

FRIEDRICH EBERT STIFTUNG (2017 : 25) dans une étude menée sur la citoyenneté active au Cameroun disait :

 La citoyenneté active doit être la force motrice pour tout changement politique, ou le citoyen lambda est au centre de toute prise de décision politique. Le mot d'ordre ici est l'exigence et l'extension de la participation de la majorité de la population à la prise de décision politique.

Ici, une participation à grande échelle de la population est le gage d'un changement de cap non seulement dans la vie politique, mais aussi dans toutes les politiques qui ont pour objectif, l'amélioration des conditions de vie des populations. Elle responsabilise la population et la tient garante de son propre devenir, de son avenir collectif.

GBWAH Emilie Laure (2012) parlant de la participation des populations dans la mise en oeuvre de projets dans la Vina aboutissait à la conclusion selon laquelle la participation est un concept complexe et essentiellement dynamique et ouvert. On ne saurait parler de développement sans la participation populaire, et que le développement engendre des problèmes qui sont de l'ordre de la participation. Ces problèmes vont de l'ordre de la simple participation-intégration, à la participation-démocratisation, ou de la dynamique de changement.

Marie HURAR (2011) dans un article publié dans le Groupe Européen pour La Solidarité, tout en reconnaissant que la participation citoyenne est un élément essentiel du renouveau démocratique et donc d'une importance indéniable, mais elle se limite beaucoup plus à un droit de parler plutôt qu'à un droit d'agir. Elle insiste sur la nécessité de combiner les approches « top down » et « bottom up ». Elle pose une observation sur la limite de la participation en terme de représentativité qui amène à se demander si les instances créées ne sont pas tout simplement celles de la démocratie représentative et donc ne sont pas suffisamment fiables non seulement dans la reddition des comptes, mais aussi dans la transmission fidèle de la pensée populaire.

Pour Marcel Z.K (2011), l'approche participative est une démarche qui peut être appliquée à tout programme de développement rural. Elle conduit à une gestion concertée des solutions retenues en vue de répondre aux besoins et attentes des populations locales.

CAILLOUETTE et MORIN (2007) parlant du développement communautaire disait que ce dernier fait appel à deux types de participation : politique et sociale. Dans la même lancée, LEMIEUX (2004), THIBAULT et Al (2000) renchérissent en précisant que :

- L'objet de la participation politique est l'exercice du pouvoir direct ou indirect de décision dans l'espace public...c'est également le fait de s'associer à des autorités décisionnelles ou consultatives, d'intervenir dans une commission parlementaire par exemple. Participer, c'est aussi s'impliquer dans les élections, non pas comme électeur, mais comme candidat!

- L'objet de la participation sociale pour sa part vise à transformer et à agir sur les politiques, les structures sociales et les normes sociales, ce qui la relie à la société civile par l'implication.

Toujours dans le même ordre d'idée, lors du Sommet de Rio (1992 : 214) sur le développement durable, le principe 10 relatif au principe de la participation renseigne que :

 La meilleure façon de traiter les questions d'environnement est d'assurer la participation de tous les citoyens concernés, au niveau qui convient. Au niveau national, chaque individu..., et avoir la possibilité de participer au processus de prise décision.

On ne saurait donc traiter des questions d'environnement en faisant abstraction de ceux qui modifient ledit environnement.

André DUMAS (1991 : 54) parlant de la participation populaire affirmait quant à lui que : 

Et pourtant, la transformation d'une société et le développement de son économie dépendent moins de l'élaboration des plans et projets de développement techniquement corrects que de la capacité des groupes sociaux et des masses populaires à impulser et animer un développement qu'ils ont eux-mêmes défini.

Cela témoigne à suffisance du caractère de facteur limitant de la participation des bénéficiaires d'un projet qui s'inscrit dans le changement ou l'amélioration continue des conditions de vie d'une communauté. Dans le même ordre d'idée, il reconnait que :

La plupart des centres de décision restent en fait relativement anonymes et les populations directement concernées ne participent que rarement à la définition des finalités de la société, des objectifs des plans et des projets concrets de développement.

Ainsi, tout projet sociétal ne doit être pensé et mis en oeuvre sans que les entités qui interagissent ne soient associées tant à la réflexion, qu'à la mise en oeuvre dudit projet.

Ainsi donc, pour toute initiative de développement, que ce soit dans le champ politique, communautaire, tous ces auteurs s'accordent sur le fait que les résultats escomptés ne sauraient être atteints s'ils ne sont pas le fruit de la co-production des acteurs locaux, sont non seulement les initiateurs, mais aussi dans la limite de la ressource locale disponible notamment en matière de développement local, les compétences mises à contribution. Ceci est donc la traduction d'une réelle appropriation des enjeux qui sont rattachés au devenir commun.

II.2- Revue de la littérature sur la communication communale

Parlant du développement des CTD dans un contexte de pauvreté et de désengagement de l'Etat, Guy BESSETE (1998 : 25) affirmait :

Renforcer les capacités des communautés afin qu'elles prennent en charge leur propre développement tel est l'objectif central de tout effort de développement. Mais comment atteindre cet objectif dans un contexte de pauvreté, d'épuisement des ressources naturelles et de désengagement de l'État? Lorsque les ressources nécessaires pour subvenir aux besoins fondamentaux et pour stimuler le développement socio-économique font défaut, les communautés n'ont d'autre choix que de prendre en main leur propre développement et de collaborer à la recherche de solutions.

C'est dire avec l'auteur que, la communication occupe une place centrale dans tout processus de développement communal. Cette dernière devient le levier de mise en synergie des efforts et initiatives de construction d'un espace communal vecteur de bien-être collectif et durable. Cette prise de position omet de spécifier les axes de la communication communale.

Revenant sur cet aspect, le Guide de la Communication territoriale de la République de Mauritanie (2015 : 7-8) insiste sur les dimensions internes et externes de ladite communication, ainsi que sur la maitrise des techniques et outils à mettre à contribution :

Il est en effet important que les acteurs de la Commune prennent conscience de l'importance d'une bonne communication interne et externe, et de la maitrise des outils et des différentes techniques de communication. En effet la bonne pratique de la communication améliore la qualité des échanges qui, à leur tour améliorent très souvent les résultats du processus engagé, car favorisant la participation de tous, le sens des responsabilités et le consensus.

Il en ressort donc que les approches communicationnelles doivent être fonction du public ciblé et des objectifs poursuivis. Il parait donc nécessaire pour toute Commune, d'avoir à disposition une boîte à outils permettant de choisir l'outil ou la combinaison d'outils qui semblent les meilleurs pour traiter un thème et l'adapter dans une situation déterminée. En outre, L'utilisation de certains outils et techniques de communication suppose donc que les acteurs utilisateurs possèdent déjà une certaine maitrise en matière de facilitation et de communication.

Le document présente en outre la communication communale comme un puissant vecteur de mobilisation citoyenne autour des affaires publiques locales, de transparence dans la gestion de la chose publique locale (2015 : 8):

la communication communale ne doit pas être seulement l'affaire des élus. Elle est aussi un patrimoine commun. C'est pourquoi sa gestion doit répondre aux impératifs que sont la reddition des comptes, l'implication des populations à travers la concertation et la participation pour maintenir la confiance et développer l'esprit de la citoyenneté locale.

Parlant de l'importance de la communication pour les administrations communales, Karim BRIBRI (2017 : 14) affirme que :

La communication est importante pour les administrations communales car celles-ci jouent un rôle de relais auprès des citoyens. Ainsi les administrations communales peuvent influencer le comportement et les mentalités des citoyens à travers des actions de communication bien ciblées. La communication permet d'aboutir à des changements substantiels.

L'auteur déplore cependant, le relatif usage de ce levier de développement local par les communes, soit par manque de temps, de moyens, ou simplement parce qu'elles n'en voient pas l'utilité d'où au final le désintérêt et la perte de confiance des populations vis-à-vis de leurs élus.

Cette lecture bien qu'ayant le mérite de mettre en exergue l'importance de la communication pour le développement de la Commune, semble lire l'acte communiquant comme holiste. Elle omet d'en relever les aspects internes et externes.

Y faisant allusion, MENGOUNG André revient respectivement sur les portées internes et externes de la communication communale. Relativement à la communication au sein de l'administration communale, il affirme que (2019 : 9) :

La communication au sein de l'administration municipale est un outil de gestion indispensable au bon fonctionnement de la municipalité. Elle contribue à maintenir des relations de travail harmonieuses en éliminant les rumeurs et les demi-vérités. Elle doit être permanente et multidirectionnelle. Lorsque 1'é1u prend 1'engagement de communiquer avec les conseillers municipaux ainsi qu'avec le personnel administratif de la mairie, il s'engage également à être à leur écoute, afin de modifier ou de corriger au besoin des comportements ou des attitudes, et d'améliorer les composantes de 1'administration.

Relativement à l'aspect extra-administratif de la communication au sein d'une Commune, l'auteur (2019 : 12) affirme que :

Les élus municipaux sont choisis par les citoyens pour les représenter au sein de leur municipalité. Ils sont chargés de prendre des décisions pour le bien-être de la collectivité et, par ce fait même, ils ont le devoir de communiquer avec leurs concitoyens de façon suivie pour leur faire connaître les programmes, les politiques, les réalisations, les mesures administratives prises ainsi que les services qui lui sont offerts. Mal informés, les citoyens ressentent de l'incompréhension, de l'indifférence, ou même de l'agressivité à l'endroit de la municipalité. Il importe donc de bien les informer, en familiarisant les conseillers municipaux et le personnel administratif avec les techniques de communication.

C'est dire qu'il est important pour la Commune d'informer la population sur les activités de l'administration municipale.

L'auteur relève en outre l'importance qu'il y'a pour la Commune de connaitre les attentes de la population envers la municipalité. A cet effet, la consultation favorise la communication entre les autorités municipales et les citoyens; elle permet d'impliquer la population dans le processus menant à une décision. L'auteur relève enfin qu'un des objectifs de la communication communale serait aussi de se tenir simplement à l'écoute de la population. Cette dernière peut donc être consultée sur différents sujets intéressant la municipalité, comme les orientations de base, l'élaboration d'objectifs de développement, le choix des priorités, l'affectation et l'aménagement des ressources, et les services offerts.

CHAPITRE II : ETAT DES LIEUX DE LA PARTICIPATION CITOYENNE

A TOKOMBERE

Le chapitre qui s'ouvre, est consacré à une présentation générale de la dynamique de participation citoyenne et des logiques d'actions entourant celle-ci dans la Commune d'Arrondissement de Tokombéré. A cet effet, nous consacrerons la première partie à la présentation générale du cadre d'étude (I), et la deuxième partie quant à elle fera référence à l'état des lieux de la participation citoyenne à proprement parler (II).

I. MONOGRAPHIE DE TOKOMBERE

I.1- Localisation de la Commune

Créée par décret N°82/455 du 20 septembre 1982, la Commune de Tokombéré a une superficie de 552 km2. Située dans le département du Mayo-Sava, Région de l'Extrême-Nord, la Commune de Tokombéré est limitée :

· Au Nord par la Commune de Mora,

· Au Sud par la Commune de Méri,

· A l'Ouest par la Commune de Soulédé-Roua,

· Et à l'Est par la Commune de Pétté.

I.2- Milieu biophysique

I.2.1- Le climat

Il est du type sahélo-soudanien avec une longue saison sèche de huit (8) mois (octobre à mai) et une courte saison pluvieuse de quatre (4) mois (Juin à septembre). La pluviométrie annuelle varie de 600 à 1 100 mm avec une moyenne de 700 mm. Les températures minimales oscillent autour de 20°C avec une maximale de 35°C et une moyenne annuelle de 30°C. La période couvrant les mois de juillet à octobre est la plus douce et correspond à la saison des pluies. Celle allant de novembre à février à une température qui atteint son point le plus bas, avec un froid sec favorable aux infections pulmonaires et à d'autres maladies opportunistes. Par contre les mois de mars-avril-mai et parfois juin présentent les températures les plus élevée allant jusqu'à 45°C, cette partie de l'année est celle qui est la plus la mauvaise du fait des difficultés liées notamment à la chaleur suivi du manque d'eau dans la plupart des villages et quartiers de la ville de Tokombéré pour les humains et les animaux.

Le vent dominant est l'harmattan qui souffle du nord au sud pendant près de sept ou huit mois. Il est chaud et sec. Pendant les mois d'avril et mai des tourbillons viennent arracher les toits des habitats. La mousson est un vent humide (soufflant du sud au nord) qui ne souffle que pendant peu de temps (juillet-septembre) au cours de l'année.

I.2.2- Le relief

La Commune de Tokombéré est caractérisée par les types de relief suivant :

- Les montagnes entaillées par de dépressions aux pentes abruptes : il faut noter que ces montagnes représentent près de deux tiers de la superficie de la Commune, elles sont très accidentées rocheuses à dominance granitique. Ce relief montagneux représente un facteur important d'érosion des sols en plaine.

- Les plaines : La Commune présente une grande plaine argilo sableuse. Cette plaine est jalonnée des pentes raides facteur d'érosion, qui prennent leur source dans les montagnes et provoquent des inondations régulières dans le chef-lieu de la Commune.

- Les bas-fonds : Ils sont constitués de terres généralement noires et riches issus des alluvions. Ils servent aux maraîchages et aux cultures de contre saison (karal).

I.2.3- Les sols

· La Commune présente une diversité de sols en fonction de la géomorphologie de la zone. En zone de plaine, les sols argilo-sableux sont plus dominants. Ces sols sont très recherchés pour les activités agricoles. Cependant, en raison de leur position sur les pentes, ils sont fréquemment exposés à l'érosion hydrique qui entraîne des pertes en terre énormes conduisant parfois à la formation des ravins.

· Dans les zones d'habitations (piémonts), les sols sont sablo-limoneux du fait de dépôt des matières provenant du sommet des montagnes. Ces sols sont fertiles et présentent une stabilité assez bonne.

· En montagnes, le sol est ferrugineux connaissant une forte pression érosive. Cette érosion est facilitée par l'absence des aménagements antiérosifs. La population de l'UPP valoriserait mieux son sol, si elle met en place des dispositifs antiérosifs appropriés.

I.2.4- L'hydrographie

Le réseau hydrographique de la Commune est constitué de plusieurs petits mayo qui ont pris naissance dans les massifs et sont les affluents des différentes rivières reparties un peu partout sur son territoire. En saison des pluies, les eaux de ruissellement serpentent les champs puis laissent place aux mayo ensablés en saison sèche. La Commune de Tokombéré est traversée par un cours d'eau saisonnier (mayo de Makilingaï) et un cours d'eau permanent (Mayo-Ouldémé) qui servent d'une manière ou d'une autre aux activités de maraîchage tout le long de l'année.

Cette Commune dispose également de trois mini-barrages de retenue d'eau (Bzoukoudou, Kwatama et Galga). Autour du mini-barrage de Bzoukoudou les populations pratiquent la culture de canne à sucre, la tomate et les légumes (cas spécifique de Bzoukoudou et Kwatama).

I.2.5- La faune

La faune de la Commune est diversement variée selon que l'on se trouve sur la montagne ou sur la plaine.

· Sur la montagne, les espèces les plus nombreuses sont les damans, les oiseaux, les singes, les porcs épics, les pangolins et les babouins. Les deux dernières espèces font des grands dégâts dans les champs agricoles. Il est à noter que ces animaux sont moins attaqués par les chasseurs et autres ennemis. D'autres espèces telles que les panthères sont en nombre réduit et sont en voie de disparition.

· Sur la plaine l'on se rencontre des écureuils, des lièvres, des couleuvres, des vipères, des lapins, des hérissons tous sous la menace des chasseurs et des feux de brousse. Des oiseaux s'y trouvent aussi en nombre impressionnant.

I.2.6- La flore et végétation

La végétation de la Commune présente les types de végétation suivante et selon les endroits:

· Les montagnes, sont couvertes par une savane herbeuse qui malheureusement connaît les feux de brousse chaque année. Les principales espèces végétales rencontrées sont Acacia albida, Acacia nilotica, Azadirachta indica, Zizyphus maurituana.

· Les piémonts où existent les habitations, la végétation est dominée par les arbres de type domestiqué à dominance de Neem (Azadirachta indica). Ces arbres servent d'ombrage dans les ménages qui les ont plantés. Les espaces des piémonts où il n'existe pas des habitations sont généralement couverts par les faidherbia albida facteur de la fertilité de sols.

· La plaine et zone agricole est couverte par une végétation arbustive à dominance de ziziphus et de faidherbia. Ces espèces sont généralement laissées sur le sol en vertu de leur pouvoir fertilisant. Cependant, elles connaissent une forte pression des éleveurs nomades à la quête des fourrages pour leurs animaux.

Quelques lianes (ipomées) plantées pour lutter contre l'érosion et la dégradation des berges de mayos sont aussi rencontrées. La plaine profonde est une steppe à épineuse, à dominance de nilotica. La Commune dispose d'une forêt expérimentale située à Makilingaï et mise en place par l'Institut de Recherche Agronomique pour le Développement (IRAD).

I.2.7- Les ressources minières

Aucune prospection du sous-sol n'ayant été faite au niveau de la commune de Tokombéré, il n'existe aucune information sur la richesse du sous-sol en ressources minières. Cependant en surface, l'on trouve en abondance des grands gisements de sable, de gravier et de moellon utilisés dans les travaux de construction des maisons et de génie civil.

I.3.- Milieu socioéconomique

I.3.1- Milieu social

I.3.1.1- L'histoire de la Commune

Avant 1982, Tokombéré faisait partie de la Commune de Mora. Plusieurs Maires nommés ont dirigés cette Commune, jusqu'en 1995 et ce n'est qu'en 1996 qu'a eu la première élection municipale qui a ouvert la porte de la commune aux maires élus.

Tokombéré a vu le jour vers les années 60 avec l'arrivée des missionnaires catholiques. Sa dénomination provient de Kudumbar en Zoulgo qui veut dire le lieu de combat. Toutes les ethnies qui constituent cette Commune sont autochtones en dehors de quelques rares Mandara et peuhls rencontrés dans la ville de Tokombéré.

I.3.1.2- La démographie

La population totale de Tokombéré d'après le recensement générale de la population du Cameroun de 2005 est estimée à 91 256 habitants dont 47 070 femmes soit 51,58% et 44 186 hommes soit 48,42%. Cette population est repartie dans les 35 villages que compte la Commune avec une forte densité dans l'espace urbain.

I.3.1.3- Taille et structure de la population

La taille et la structure de la population de Tokombéré se présente comme suit dans le tableau ci-après :

Tableau 2: Répartition de la population par tranche d'âge

Tranche d'âge

Hommes

Femmes

Total

Moins de 15 ans

22 421

23 887

46 313

15-59 ans

19 338

20 601

39 944

60 et plus

2 420

2 579

4 999

TOTAL

44 229

47 117

91 256

Le taux appliqué est de 50,8% pour la tranche d'âge entre 0 et 14 ans, 43,8% pour la tranche entre 15 et 59 ans et enfin 5,5% pour la tranche d'âge comprise entre 60 et plus. Ces informations sont tirées du rapport général de recensement de 2005.

Il ressort de ce tableau que cette population est constituée majoritairement des adolescents ayant un âge compris entre 0 et 15 ans soit 46 358 âmes. La population allant au-delà de 60 ans est très faible soit un total de 5019 personnes.

Graphique 1: Répartition de la population par tranche d'âge

I.3.1.4- Groupes ethniques et relations interethniques

Plusieurs groupes ethniques vivent dans la Commune dont les plus importants sont: les Mada, les Zoulgo, les Mouyeng, les Molko, les Mandara, les Gemjeck, les Guiziga, les ouldémé, les Bokou et les Bornoua. Les différents groupes ethniques entretiennent de bonnes relations entre elles et avec l'autorité administrative.

I.3.1.5- Les religions

Les religions dominantes sont le christianisme, l'animisme et l'islam. Les pratiquants de ces religions se tolèrent mutuellement et entretiennent également une bonne collaboration avec l'administration.

I.3.1.6- Mobilité des populations

Les populations de Tokombéré se déplacent vers les Communes voisines pour des buts précis. On note ce déplacement :

- Vers la Commune de Mora pour le marché (Mora, Mémé et quelques rares fois Magdemé) et les évènements heureux ou malheureux, elles traversent également cette Commune pour aller vers le Nigéria pour les achats des produits de contrebande ;

- Vers Méri : les populations traversent cette Commune pour les marchés de Gadoua et Dala-zoulgo, de Méri ou de Maroua ; ou encore pour les évènements heureux ou malheureux ;

- Vers Soulédé-Roua pour le marché et les évènements heureux ou malheureux.

I.3.1.7- Organisation sociale

Il existe dans la Commune 6 chefferies traditionnelles de deuxième degré (Mada, Seraoua, Makilingai, Ouldémé, Mouyengué et Palbara) à la tête desquelles se trouve un chef de canton. Chaque canton est constitué des villages placés sous l'autorité des Lawanes. Les villages sont subdivisés en quartiers dirigés par un Blama. Les Blama rendent comptent aux Lawanes et eux à leur tour aux chefs de cantons. Tous ces chefs traditionnels sont les auxiliaires de l'administration et rendent compte, chacun en ce qui le concerne, à son supérieur hiérarchique.

I.3.1.8- L'habitat

Dans la Commune on rencontre les habitats construits en matériaux définitifs et semi-définitifs. Ceux dites en matériaux semi-définitifs sont construits à partir des briques de terre et les joints en ciments. Ces habitats ont une durée de vie plus au moins longue. Leurs propriétaires sont généralement plus au moins riches. Par contre les habitations en matériaux définitifs sont construites entièrement en ciment, de la fondation aux murs. Ces genres d'habitations sont construits par des personnes nanties.

I.3.1.9- Système foncier

Le mode d'accès à la propriété foncière (achat, héritage ou accès libre), pour les femmes et d'autres couches sociales vulnérables, dépend d'un clan à un autre, d'une famille à une autre. De manière générale dans tous les villages, les chefs sont les responsables coutumiers et ont le pouvoir sur tous les espaces, sauf en cas exceptionnel d'héritage. Pour le cas de l'héritage, la gestion dépend de ceux qui ont hérité, ils ont le droit de donner leur champ à qui ils veulent contre de l'argent ou tout autre chose d'une valeur importante, dans ce cas le chef de canton devient le témoin et rend plus authentique l'achat ou troc entre les deux personnes.

I.3.2- Activités économiques

Les principales activités économiques identifiées dans la Commune sont : l'agriculture, l'élevage, l'artisanat, la transformation des produits agricoles, et le petit commerce.

I.3.2.1- Agriculture

Elle constitue la première source de revenus et de survie des populations. Dans le rayon communal, les agriculteurs constituent 90 % de la population active (Rapport d'activité de la DAADER Tokombéré 2012). Les principales spéculations cultivées sont: céréale (sorgho de saison de pluies, sorgho de saison sèche, maïs), coton, oignon, canne à sucre, arachides, niébé et vouandzou. Il est important de noter que quelques poches de cultures maraîchères existent dans la zone montagneuse (plateau Zoulgo) et dans certains villages de la plaine (Makilingaï, Dobiko, Baka, etc.).

L'agriculture est extensive, elle se pratique sur des petites superficies avec les outils rudimentaires, et une faible utilisation d'intrants. Une grande partie des produits agricoles est destinée à la consommation et l'excédent à la commercialisation. Les cultures de rente sont constituées de coton et d'oignon et font l'objet de vente, une fois récoltées.

I.3.2.2- Elevage

L'élevage représente un secteur important dans la vie économique de la Commune. Huit personnes sur dix pratiquent l'élevage (2008, CADEPI). Les principales espèces élevées sont les bovins, les ovins, les porcins, les caprins et la volaille. La Commune dispose de trois (3) Centres Zootechniques et Vétérinaires qui encadrent les éleveurs dans la protection sanitaire des animaux. L'élevage sédentaire est le plus pratiqué, mais quelques éleveurs effectuent la transhumance vers l'Est du Mayo-Tsanaga, le plateau de la Commune et vers la zone de Kolofata entre les mois de décembre et mai. Ce système permet aux animaux de valoriser généralement les résidus culturaux laissés sur place. Il faut signaler que jusqu'aujourd'hui, l'élevage est pratiqué de manière traditionnelle, malgré l'existence des centres zootechniques et vétérinaires. Les produits de l'élevage sont principalement destinés à la vente. Ils sont commercialisés dans les grands marchés de la Commune (Tokombéré, Mayo-plata, Dala-zoulgo, pour les petits ruminants, la volaille) et d'autres marchés environnants (mémé en particulier).

I.3.2.3- Artisanat

L'artisanat est également développé avec l'existence de deux coopératives artisanales à Mayo-Ouldémé (COPARMO) et à Tokombéré (ARTOK). Cet artisanat repose sur la vannerie, le tissage, la poterie et la forge. Cette activité est menée à une échelle très réduite du fait de l'insuffisance de l'encadrement de ces artisans. Les produits de l'artisanat (les nattes, houes, faucilles, tabourets, canaris) sont destinés à la commercialisation. Ces produits sont vendus généralement dans les marchés hors de la Commune.

I.3.2.4- Exploitation des ressources forestières

Il n'existe pas dans la Commune, une forêt digne du nom. L'on y rencontre quand même quelques peuplements naturels et des plantations de particuliers qui constituent les ressources forestières ligneuses. Les populations exploitent et commercialisent les ressources ligneuses comme bois de chauffe ou encore le bois de services (piquets et perches) pour la construction des hangars et des toitures des maisons. Les fruits (tamarin, jujube), feuilles et écorces de certaines espèces sont utilisées comme plantes médicinales et commercialisées.

I.3.2.5- Activités commerciales

Les activités commerciales sont dominées par les petits commerces des produits agricoles et des produits manufacturés. Elles se font sur les différents marchés périodiques suivants: Dala-Zoulgo et Gadoua (respectivement les lundis et les dimanches), Tokombéré, Mada-Kolkoch et Mayo-Plata (respectivement les mardis, les mercredis et les samedis). Les équipements marchands sont presque inexistants. Seul le marché de Tokombéré dispose des hangars en matériaux définitifs et d'une aire d'abattage. Ces différents marchés sont fréquentés par les populations venues des autres Communes du département et des autres parties de la Région de l'Extrême-Nord.

I.3.2.6- Autres activités

La transformation de certains produits (mil, arachide, haricot, melon, agrumes, oseille, lait des boeufs...) constitue d'autres activités commerciales. Il faut noter que ces transformations tournent autour de la fabrication de bil-bil à base de mil, Cette pratique artisanale est une source d'utilisation importante de mil estimée à près d'un tiers de la production totale. Les arachides permettent aussi d'obtenir de l'huile végétale et du tourteau qui servent à la consommation humaine. Le haricot vulgairement appelé niébé en fulfuldé quant à lui et le melon sont transformés en beignets grâce à l'huile obtenue des autres produits agricoles. Le jus de l'oseille de Guinée généralement appelé hoyoro en fulfuldé est obtenu grâce à la transformation des fruits de cette plante annuelle.

I.4- Principaux services sociaux de l'espace communal

Les services existants dans la Commune tournent autour de l'éducation, de la santé, des infrastructures socioculturelles et sportives, de l'eau et assainissement, de l'électricité, du commerce, de la communication, du tourisme et loisir, et du réseau routier.

I.4.1- Education de base

L'offre en éducation de base dans la Commune est constituée de plusieurs établissements scolaires repartis sur l'ensemble du territoire. Ce service rencontre des insuffisances sur plusieurs plans, notamment en termes de salles de classe, de table-bancs et d'enseignants. Ainsi à titre d'illustration, les données du PCD relèvent en termes de salles de classe, un ratio de 116 élèves pour 01 enseignant, au lieu de 60 tel que prévoient les normes éducationnelles au Cameroun. De même, il y a plus de 04 élèves par table-banc au lieu de 02.

I.4.2- Enseignement secondaire

La carte scolaire de la Commune présente:

- trois établissements secondaires techniques : un lycée technique et deux CETIC avec de faibles infrastructures. Si l'on prend le cas du CETIC de Gadoua où l'on observe l'insuffisance de salle de classe, des table-bancs pas des ateliers et des enseignants pour couvrir toutes les spécialités qui y sont. Au niveau du lycée technique de Tokombéré, certes quelques salles de classe existent mais pas suffisantes. En plus il y a moins d'enseignants pour couvrir normalement toutes les spécialités pourvues.

- Quant aux établissements secondaires d'enseignement général, on rencontre les mêmes difficultés que les établissements techniques : il y a l'insuffisance des enseignants, des table-bancs, des salles de classe et des autres infrastructures permettant leur bon fonctionnement.

Tous ces établissements (technique comme général) ont besoin d'être clôturés, car aucun de ces établissements en dehors du Collège Baba Simon n'en bénéficient de cette infrastructure aussi important pour protection des salles de classe et les différents équipements que comptent ces établissements ainsi que la sécurité de tout genre.

I.4.3- Santé publique :

La carte sanitaire de la Commune présente les données ci-après :

- 01 hôpital ;

- 09 Centres de Santé Intégrés ;

- 04 médecins ;

- 10 Infirmiers Diplômés d'Etat ;

- 16 Infirmiers Brevetés ;

- 23 aides-soignantes ;

- 01 matrone ;

- 08 commis de santé.

Ces données témoignent à souhait de l'inadéquation entre l'effectif du personnel soignant et les 91 256 personnes que compte la commune de Tokombéré.

I.4.4- Infrastructures socioculturelles et sportives

La Commune dénombre un (01) centre de promotion de la femme et de la famille construit par l'Etat camerounais et un foyer des jeunes construit par les missionnaires catholiques. Quelques mini foyers construits de même par les missionnaires catholiques, existent à Gadoua, Bzazogo, Dala-zoulgo, Bzejeskawa etc....

Un terrain municipal existe et sert aux grandes manifestations (les activités des journées nationales, les compétitions footballistiques initiées par les acteurs locaux). D'autres petites aires existent dans presque tous les villages de la Commune, ils appartiennent généralement aux établissements scolaires (primaires et secondaires).

I.4.5- Eau et assainissement

La commune dispose de 119 forages et 07 puits plus au moins modernes. Il faut noter que sur les 119 forages, il en y a 31 qui sont non fonctionnels dont il faut programmer leur réparation. Il faut signaler les activités de l'adduction d'eau dans la ville de Tokombéré et ses alentours qui pourront peut-être donner un ouf de soulagement.

En ce qui concerne les latrines publiques, les résultats des différents diagnostics ne font pas mention de leurs existences, or ce sont des infrastructures d'une importance capitale dans la vie d'une société dans la mesure où elles permettent de mettre les populations à l'abri de beaucoup de maladies.

I.4.6- Electricité

Sur le plan énergétique, seulement 07 sur 157 villages (Tokombéré-Centre, Mada-Kolkoch, Mayo-Ouldémé, Makilingai, Mayo-Plata, Tindirmé et Gadoua) bénéficient de l'énergie électrique soit un taux de couverture de 4,45 %. Des efforts considérables doivent encore être faits pour permettre aux populations de jouir de l'éclairage public.

I.4.7- Commerce

Parlant du service commercial, on constate que presque tous les villages de la Commune possèdent un marché hebdomadaire, ces marchés ne sont généralement pas considérés par la Commune, du fait de leur apport en recette presque nul. Ces marchés sont créés par autorisation de la Commune après avis de la chefferie traditionnelle locale, ils sont créés pour la vente des produits de première nécessité (sel, poisson, savon etc...) et surtout le bil-bil et du harki (vin local) fait à partir de céréale qui constituent dans certains marchés, les produits essentiels et les plus recherchés par les populations. Certaines grandes agglomérations de la Commune possèdent des marchés qui sont plus au moins équipés en infrastructures marchandes grâce à l'appui de cette institution.

Il faut signaler aussi l'existence des magasins dans certains villages, ces infrastructures sont construites avec l'appui de bailleurs de fonds (D, GIZ, etc...) et l'apport des populations locales. La Commune n'a pas encore construit un magasin au profit des communautés mais la construction de quelques magasins est planifiée pour les années en cours avec l'appui de PNDP.

I.4.8- Communication et télécommunication

Les moyens de communication et d'information existant sur le rayon communal sont : deux sociétés de téléphonie mobile MTN-Cameroun et Orange alimentent quelques zones de la Commune sur le plan de la téléphonie mobile ; Les masses média sont les Radios FM SAVA, CRTV FM Maroua, Poste National CRTV Radio et TV, RFI FM captées dans quelques localités de l'espace communal.

I.4.9- Tourisme et loisirs

La Commune ne dispose pas d'hôtel ni de campement municipal. Un campement (le campement le Kridi) à vocation touristique existe mais appartient à un particulier. Des potentiels touristiques existent mais non répertoriés en totalité et non valorisés (Montagnes, barrages, chutes d'eau, chefferies traditionnelles, Musée d'art local...).

I.4.10- Réseau routier

La route en terre Tokombéré-Makilingai est la plus importante en raison du fait qu'elle relie la Commune de Tokombéré aux métropoles régionale et départementale (Maroua et Mora). C'est également la voie du transit des produits maraîchers de Makilingai, Baka et Mangavé. Cependant elle n'est pas praticable en saison pluvieuse à cause de sa nature argileuse. Elle nécessiterait des grands travaux de réhabilitation. Les autres routes en terre relient les localités suivantes:

- Tokombéré-Mayo-Ouldémé ;(5 km)

- Tokombéré-Mayo-Plata (8 km);

- Tokombéré-Kolkoch (3km);

- Tokombéré-Meri (12);

- Tokombéré -Dala-Zoulgo par Gadoua (25 km).

Les axes qui relient Tokombéré à Mayo-Ouldémé, Mayo-Plata et Tokombéré-Madakolkoch-Bala sont bitumés sur une longueur d'environ 20 km.

II. ETAT DES LIEUX DE LA PARTICIPATION CITOYENNE DANS LA COMMUNE D'ARRONDISSEMENT DE TOKOMBERE

Dans cette partie, il est question pour nous, de présenter de manière située l'exercice de la volonté des politiques à associer les populations de cette Commune dans le processus de démocratisation participative, qui implique de mettre à leur disposition les moyens de débattre, d'exprimer leur avis sur les décisions qui les concernent. Nous nous appesantirons successivement sur les volets vie politique (II.1) ; économique (II.2) et socioculturel (III.3).

II.1- Sur le plan politique

D'après les travaux de Teoell (2006), il existe des conceptions différenciées de la participation citoyenne sur le plan politique. Elles s'observent suivant des perspectives représentative, participative et délibérative ; elles-mêmes prenant ancrage sur des conceptions particulières de la démocratie. Du point de vue représentatif, la participation politique est considérée pour Bastien (2013), comme :

une tentative [en vue] d'influencer les gouvernants afin qu'ils agissent conformément aux voeux des gouvernés en veillant à une protection égale des intérêts en jeu.

Cette perspective est très présente dans les travaux portant sur la participation. Elle donne à la notion une teinte représentative s'articulant autour de deux actions : le choix des représentants et le recours aux représentants pour faire entendre sa voix. Cela a une conséquence sur les modalités d'expression de cette participation qui assumeront une forte intermédiarité. La perspective participative soulignerait-elle, les possibilités, les cadres offerts aux citoyens en vue de se prononcer eux-mêmes sur des décisions publiques, politiques (Barber, 1997). Cette modalité qui a une préférence pour une forme de participation directe, est très située (niveau local). Elle s'inscrit parfois, selon les situations, dans une tension ou une complémentarité avec les institutions représentatives. La conception délibérative pour sa part, mettrait l'accent sur le processus de formation des préférences, des points de vue politiques. C'est l'échange des points de vue, des arguments qui est ici valorisé. La discussion favorise la formation, l'information des opinions en vue de la prise de la décision (Fishkin, 1991).

Dans le cas d'espèce, on observe une participation politique adossée sur le modèle représentatif. Faisant référence au choix des élus locaux par le vote, tout en faisant entendre leur voix par les conseillers municipaux. Il est à noter que dans cette contrée, les franges de la population qui s'intéressent au jeu politique et à ses mouvements sont les personnes d'un certain âge, notamment celles inscrites dans l'intervalle ]40-80[ ans. Les jeunes, considérés selon l'agenda du MINJEC, ne s'intéressent pas vraiment à la chose politique, prétextant à tout bord, « ce n'est pas moi qui vais changer les choses ». Cette situation nous conduit à observer une certaine rupture dans la chaîne de l'appareil politique qui se veut dynamique, et revigorable.

Par ailleurs, la lecture faite de la participation citoyenne (politique) dans notre zone d'étude, épouse la pensée d'André (2012) formulé comme suit : la participation citoyenne s'inscrit dans la recherche d'un modèle démocratique plus près des citoyens.

À titre d'illustration, le voeu formulé par l'exécutif communal de mettre sur pied un document cadre, fruit d'une approche concertée de toutes les composantes sociologiques et forces vives de la Commune, témoigne à suffisance de la volonté du top management d'implémenter un modèle de gestion proche de la démocratie participative. Cependant, depuis l'élaboration du Plan Communal de Développement en 2013 (expérience ayant prise en compte les aspirations et problèmes les plus saillants des populations), nous observons un certain recul dans le partenariat gouvernants-gouvernés à l'échelle locale. Recul traduit par une forme de désinformation et sous-information, d'insuffisance et d'inadéquats procédés de communication communale. À titre d'illustration, la majorité des projets de communication conçus et élaborés dans le PCD n'ont jamais vu le jour. À l'instar de :

· séances de communication adossées sur une fréquence trimestrielle ;

· la création d'un site internet ;

· d'une ligne verte... pour ne citer que ceux-ci.

Quid de la participation citoyenne sur le plan économique.

II.2- Sur le plan économique

De manière théorique, la participation citoyenne (économique), peut s'observer à deux niveaux. Notamment en terme de contributions à l'élargissement de l'assiette fiscale conformément à la réglementation en vigueur dans notre pays et en termes d'élaboration du budget participatif que Desouza (1998) définit comme :

le processus par lequel les populations décident de l'affectation de tout ou partie des ressources publiques ou sont associés aux décisions relatives à cette affectation.

Dans la Commune de Tokombéré, bon nombre de contribuables ne participent pas à l'élargissement de l'assiette fiscale locale. En effet, les agents communaux ont du mal à maîtriser l'assiette fiscale du fait de l'incivisme des contribuables qui, se traduit par la filouterie des redevances et taxes Communales. Ce comportement incivique peut être lié, au déficit de connaissances basiques en rapport avec l'importance du devoir de chaque citoyen de contribuer à hauteur de ses moyens aux charges publiques. Bien plus, beaucoup affirment ne pas connaitre l'affectation et les réalisations faites des argents collectés.

Quant à l'élaboration du budget de manière participative comme voulu par le Droit positif, nous observons beaucoup de bémols dans notre localité d'étude. Ceux-ci se présentent tant au niveau de la préparation que de l'implémentation.

Dans la phase de priorisation :

· il existe des réunions d'orientation budgétaire mais le montant du budget Communal n'est pas soumis aux débats citoyens ;

· les forums de priorisation au niveau des différentes sous-unités territoriales des municipalités (quartiers, villages selon les cas) permettant l'identification des projets considérés comme prioritaires par les citoyens, ne sont pas organisés par l'instance faîtière ;

· la tenue d'un forum des délégués (représentants désignés au niveau communautaire à l'étape précédente) qui permet de dresser en concertation avec la population et l'équipe municipale, une synthèse des projets retenus en s'orientant éventuellement vers une consolidation ou un regroupement (généralement thématique) des projets en fonction du budget initialement alloué et de leur faisabilité technique, est chimérique ;

· il n'existe pas d'Assemblée Communale permettant aux citoyens de voter les projets qui seront réalisés en cours d'exercice budgétaire à la hauteur du budget préalablement mis à disposition.

Au niveau de l'implémentation, nous observons dans cette Commune :

· la quasi-inexistence d'observatoires citoyens (cadres de suivi des projets au niveau des quartiers et des villages) ;

· le manque de logique participative dans l'exécution et l'évaluation des projets.

II.3- Sur le plan socioculturel

Sur le plan socioculturel, l'expression d'une citoyenneté active peut s'observer à plusieurs échelles. Elle a trait à tout ce qui se rapporte à la culture du groupe humain en cause, à l'aménagement du territoire, à l'urbanisme et à la dynamique de groupe.

Se référant à notre cas pratique, notamment en matière de culture, l'on dénote chez les populations: une perte de repère chez les jeunes qui affichent une sorte de désintérêt pour la chose culturelle (langues, histoire, musique, danses...), Ce qui traduit la faible participation citoyenne. Lecture faite selon une dialectique descendante de la notion de participation citoyenne, les actions entreprises au sommet, ne militent pas en faveur de la promotion de la culture locale. État de fait qui justifie l'absence de foyer et centre culturel, l'insuffisance de rencontres culturelles et festivals culturels locaux.

Par ailleurs, des efforts sont consentis en vue de l'aménagement du territoire (entretien des voiries municipales, entretien des routes rurales, défrichage des lisières de route...) par les autorités locales. Celles-ci, selon l'approche Haute Intensité en Main d'OEuvre (HIMO) mobilisent les jeunes de localité pour la réalisation de ses travaux. L'on ne saurait cracher sur les initiatives de certains groupes de jeunes qui de temps à autre, réalisent des travaux communautaires tels, le remblaiement des routes à l'effet de combler les nids de poules qui empêchent une circulation aisée.

Enfin, l'on observe en matière de dynamique de groupe, de nombreux GIC, GIE et coopératives qui contribuent au quotidien à l'amélioration des conditions de vie de ses acteurs et des populations de la localité. Bien plus, nous avons de nombreux partis politiques qui comptent de nombreux adeptes dans la localité.

Au demeurant, il était question pour nous au cours dans ce chapitre de procéder à la présentation de la zone d'étude et de faire un état des lieux de la participation citoyenne telle qu'exercée dans la Commune d'Arrondissement de Tokombéré. Cet exercice nous a permis de déceler les manquements que présente le mécanisme de démocratie participante dans cette localité.

CHAPITRE III : ANALYSE-DIAGNOSTIQUE DE LA PARTICIPATION CITOYENNE A L'AUNE DU DISPOSITIF COMMUNICATIONNEL DE LA COMMUNE D'ARRONDISSEMENT DE TOKOMBERE

Dans un contexte politique national marqué par une manifestation de la volonté des dirigeants d'implémenter la décentralisation dans tous ses aspects, la participation citoyenne s'inscrit au rang des éléments fondamentaux, utiles pour impulser une réelle dynamique de développement endogène. Pour ce faire, elle s'adosse sur un certain nombre de mécanismes concrets tels que la communication communale, à des fins d'assurer, développer et maintenir des relations efficaces et durables entre l'administration municipale et les populations locales par le biais de l'information. Il sera alors question pour nous, tout au long de ce chapitre, de marquer une première halte sur la description du dispositif communicationnel existant dans la Commune d'Arrondissement de Tokombéré (I), à l'effet de dégager la corrélation entre l'existant et le degré de participation des citoyens à la gestion des affaires qui leur sont propres (II).

I. ANALYSE DESCRIPTIVE DU DISPOSITIF COMMUNICATIONNEL DE LA COMMUNE D'ARRONDISSEMENT DE TOKOMBERE

Par dispositif communicationnel, l'on entend l'ensemble des techniques, médias, canaux et outils mis en exergue par les autorités communales en vue d'informer, sensibiliser, éduquer et faire participer au maximum tous les acteurs imbriqués dans le processus de gestion concertée et efficace de la chose locale. A l'aune de cette définition, il devient particulièrement intéressant de présenter le dispositif de communication communale sous plusieurs aspects, notamment en termes d'objectifs(I.1), de communication interne (I.2) et de communication externe (I.3).

I.1- Des objectifs de la communication communale

Une stratégie de communication est mise en place par l'exécutif communal et le comité de suivi afin de provoquer l'adhésion des populations et la participation des différents acteurs de développement communal aux réalisations inscrites dans le plan de développement. Cette démarche passe par:

v L'amélioration de la stratégie de mobilisation des ressources internes;

v La saisine des opportunités qu'offre l'Etat avec les transferts des compétences aux collectivités;

v La sensibilisation des élites et des opérateurs économiques en vue du financement des activités inscrites dans le PCD ;

v La sensibilisation des populations à participer aux réalisations programmées;

v Le développement des relations avec des partenaires techniques et financiers afin de susciter leurs concours pour la mise en oeuvre du PCD.

Ces objectifs seront traduits par des actions de communication interne et externe.

I.2- De la communication interne

Par communication interne, nous entendons l'échange fluide et réciproque d'informations au sein de l'administration communale. A ce titre, le Ministère de la Décentralisation de Mauritanie affirme dans son guide de communication communale (2015, 9) que La communication au sein de l'administration municipale est un outil de gestion indispensable au bon fonctionnement de la municipalité. Elle participe à soutenir des relations de travail harmonieuses et saines. Par ailleurs, elle implique un engagement réel d'écoute réciproque entre le top management, les conseillers municipaux et la base opérationnelle municipale.

En termes de dispositif communicationnel existant au sein de l'administration municipale de Tokombéré, nous pouvons citer : la réunion de coordination hebdomadaire, les travaux du conseil municipal, le tableau d'affichage (babillard). A côté de ces canaux institutionnalisés, nous avons un élément incontournable de gestion de l'information au sein des organisations, en l'occurrence la communication interpersonnelle.

v La réunion de coordination hebdomadaire

Elle permet d'orienter, guider contrôler l'action des services tout en vérifiant la conformité des actions avec les objectifs de travail formulés en début d'exercice budgétaire. Dans notre localité d'étude, elle se tient de manière hebdomadaire sous la houlette du Secrétaire Général. Elle tient lieu de cadre d'information et constitue le théâtre où chaque chef de service rend compte du fonctionnement de son unité travail en termes de réalisations, d'actions en cours et d'actions à mener. Cet outil exclusivement réservé aux administratifs a la particularité de donner majoritairement cours à une forme de communication verticale de type ascendant. C'est dire qu'ici, la participation des administratifs est davantage passive. Cet outil est complété par un autre dédié aux conseillers municipaux.

v Les travaux du conseil municipal

Ils réunissent l'ensemble des élus en charge de la gestion des affaires de la Commune. Ils se tiennent de manière cyclique relativement aux prescriptions réglementaires (une fois chaque trimestre). Par ailleurs, ils peuvent aussi se tenir de manière extraordinaire (soit à la demande du maire ou des conseillers municipaux conformément à la réglementation en vigueur). Ils tiennent lieu de cadre d'information et de décision pour le maire, les conseillers municipaux et les autorités de tutelle administrative et financière. Comme dans le cadre précèdent, il apparait clairement ici que l'on a affaire à une sorte de caisse d'enregistrement, tant les sujets à débattre ont déjà fait l'objet de décisions que les conseillers ne viennent qu'entériner.

v Le tableau d'affichage (babillard)

Il est prioritairement érigé en vue d'informer le personnel sur les décisions et informations qui les concernent telles que : les licenciements, communiqués, sanctions prononcées à l'endroit d'un agent, promotions etc.

Le caractère paradoxal de cet outil vient de ce qu'il est en outre destiné aux usagers. Il est donc loisible d'y voir affichés, des communiqués d'intérêt général, des publications de bancs, des annonces, etc. Le déficit de spécification d'usage et de destination de cet outil le rend inopérant quant à ses missions. Par ailleurs, compte tenu du niveau d'alphabétisation des populations d'une part et de l'aspect immobile de cet outil, sa capacité à traduire quantitativement et qualitativement les informations produites reste à questionner. L'un des derniers aspects à relever réside dans la durée de vie des informations produites. Il n'est donc pas ainsi rare d'y voir affichées des informations datant de deux ans.

v Les boites à suggestions

Elles ont vocation à inciter le personnel ainsi que la kyrielle d'usagers à exprimer leurs différents avis ou éléments d'apport en toute discrétion. A l'observation, il apparait que la loi du silence semble s'être érigée en loi, proscrit au personnel, tout usage de ces boites. En outre, les populations majoritairement tenues par des logiques d'expression communautaires, voient en ces boites des outils à délation.

v La création d'adresses internet

Cette approche qui traduit davantage la prégnance des TIC dans les logiques de développement local, est aux antipodes de la réalité à Tokombéré. En effet au regard du parc informatique et du niveau d'alphabétisation en termes de TIC du personnel, il n'est pas surprenant de se rendre compte de la quasi-totalité, si ce n'est l'entièreté de ces adresses ne sont plus actives depuis 2013.

v la communication interpersonnelle

La communication interpersonnelle est assurée par le service de la communication, représente ici la circulation des informations entre les personnels de la mairie. Elle est fondée sur l'échange de personne à personne, chacune étant à tour de rôle l'émetteur et/ou le récepteur dans une relation de face à face. En l'espèce, elle est concrétisée par le système de réseau où l'information circule au sein des groupuscules formés en fonction des affinités ethno-tribales et familiales. En effet l'on observe une certaine méfiance des uns envers les autres. Corollaire de l'absence d'un cadre formel d'intégration des employés au sein de la structure et d'une gestion assez politisée des collectivités locales de base.

Après description du dispositif de communication interne de la Commune d'Arrondissement de Tokombéré, nous nous rendons compte qu'il présente certains manquements. Qu'en est-il de la communication externe ?

I.3- De la communication externe

Le dispositif de communication externe quant à lui, renvoie à un ensemble d'interactions participatives entre les élus locaux et les groupes ou communautés locales dans le but d'améliorer le bien-être de l'individu, de la communauté, de la société. Il concerne les cibles suivantes : les autorités et les sectoriels, les populations locales, les médias, les organisations de la société civile et le secteur privé, les partenaires techniques et financiers, l'élite extérieure et la diaspora.

v Communication avec les autorités et les sectoriels

Elle a pour objectif d'informer régulièrement les autorités nationales, régionales et locales sur les activités de la commune. Elle se matérialise par la production et la diffusion de rapports d'activités trimestriels. Telle que définie, cette approche unidirectionnelle, ne garantit que très faiblement la gouvernance de l'information, et donc la participation.

v Communication avec les populations

Elle se résume en l'exercice qui consiste pour les élus locaux à faire connaître à leurs citoyens l'ensemble des programmes, politiques, réalisations et mesures administratives prises, ainsi que les services et opportunités qui leur sont offerts. Elle représente, un réel enjeu de promotion de la démocratie participative à l'échelle locale. En effet, lorsque mal ou sous informés, les citoyens ressentent de 1'incompréhension, de 1'indifférence, et même de 1'agressivité à l'endroit de la municipalité. Il devient alors impératif pour la Mairie de se munir d'une politique de communication.

En l'espèce, il existe une politique de communication contenue dans le plan communal de développement commis en 2013. Elle est adossée sur les véhiculaires communicationnels que sont : les medias locaux et régionaux, un site internet communal contenant un numéro standard presque jamais disponible, et une page facebook peu fréquentée et rarement actualisée (au regard des consultations et likes manifestés à l'endroit des publications).

En outre, les populations ont été organisées en Unités de Participation participative (UPP), regroupant chacune des Comités de Concertation (CC). Cependant, ces structures parce que grandement inféodées dans des structures politiques traditionnelles, peinent à véritablement induire la participation populaire escomptée.

À l'observation des canaux de communication usités dans notre localité d'étude, nous faisons un constat saumâtre, traduit par la dialectique de l'information à sens unique. L'on serait dans une dynamique d'information politique opposée à la communication politique qui, selon la définition la plus basique de la communication, voudrait qu'il y ait échange d'informations entre l'émetteur et le récepteur.

Par ailleurs, nous constatons que les élus locaux communiquent avec une frange de la population de manière ponctuelle et partisane. En effet, les rencontres ne se font qu'à des occasions comme les meetings politiques à l'approche des élections, les réunions du parti et les tournées administratives du sous-préfet.

v Communication avec les médias

Elle a pour objectif d'assurer une certaine visibilité nationale et internationale à la Commune tout en améliorant son image de marque. Elle consiste pour celle-ci à payer des tranches d'antenne auprès des médias nationaux et internationaux pour la diffusion de ses actions.

v Communication avec la société civile

Elle renvoie à un ensemble d'actions destinées à établir une communication continue entre la municipalité et les différents intervenants dans le but de promouvoir la compréhension mutuelle et obtenir des réactions favorables de 1'opinion publique à l'égard des activités de la municipalité. Dans notre cas d'étude, la mairie regorge en son sein de nombreuses associations avec lesquelles interagit. Cependant, il n'existe pas de cadre dialogue ou comité de concertation spécial aménagé à l'effet, de permettre à ces relais communautaires de réagir face aux manquements de l'instance dirigeante locale ; d'émettre leurs avis sur la conduite de la politique locale, de faire des propositions en vue d'une gestion améliorée et conciliante dans la seule optique d'impulser une réelle dynamique de développement endogène.

À la présentation du dispositif communicationnel de la Commune d'Arrondissement de Tokombéré, nous observons un certain nombre de manquements qui se dégagent de cette mécanique. Facteur déterminant de démocratie locale, Il convient d'analyser le rapport entre celui-ci et le degré d'implication des populations dans le processus de gestion participative de la chose publique locale.

II. RAPPORT ENTRE LE DISPOSITIF COMMUNICATIONNEL ET LE DEGRE DE PARTICIPATION CITOYENNE DANS LA COMMUNE D'ARRONDISSEMENT DE TOKOMBERE

Parler de rapport entre le dispositif de communication et le degré de participation citoyenne, revient à analyser l'impact du dispositif de communication sur la gestion concertée de la chose locale. De manière plus simple il s'agit de montrer comment est-ce qu'un dispositif communicationnel bien ficelé, pourrait favoriser et impulser une réelle et durable dynamique de participation des citoyens de cette localité, à la gestion de leurs propres affaires. Pour ce faire, nous nous proposons d'analyser ce lien sur le triptyque politique (II.1), économique (II.2) et socio culturel(II.3).

II.1- Impact sur le plan politique

Le degré de participation et d'engagement des citoyens, en l'occurrence des jeunes à la chose politique, est tributaire d'un ensemble de facteurs motivants véhiculés au moyen d'actions, outils et instruments appropriés. En effet, la bonne pratique de la communication améliore le niveau et la qualité des échanges entre acteurs imbriqués dans la gestion politique de la cité, facteur de consensus, de responsabilité et de participation de tout un chacun à son niveau. De ce qui précède, la mise sur pied d'un bon dispositif de communication à l'échelle locale peut produire des effets bénéfiques sur les deux principales parties prenantes que sont : les élus locaux et les populations.

Dans un environnement politique changeant, notamment avec l'avènement de nouveaux acteurs qui importent de nouvelles façons de faire la politique (exposé de plans d'action alléchants), les mécanismes traditionnels de confiscation de l'information paraissent désuets. Dès lors, il devient bénéfique pour chaque exécutif communal de communiquer de manière permanente et efficace sur sa gestion des affaires locales. En tant que premier citoyen de sa localité de ressort, le Maire doit être le premier à se prononcer sur chaque évènement important survenu dans celle-ci. En outre, en tant que chef de l'exécutif communal, il se doit de bâtir un climat de communication adossé sur la confiance entre lui, ses conseillers municipaux, son personnel et ses populations. En effet, comme l'affirme une sagesse contemporaine « qui maîtrise l'information, détient les clefs du pouvoir ».

D'un point de vue extérieur, la Commune est un patrimoine commun dont la gestion doit répondre aux impératifs que sont la redevabilité, l'implication des populations à travers la concertation et la participation (guide de communication communale, 2015). À ce titre, les actions de communication ne peuvent que servir de catalyseur à l'effet de décupler chez les populations la confiance politique et l'esprit de citoyenneté locale active, gage incontestable de suffrage. À titre d'exemple, En 2011, la ville de Strasbourg a réalisé une campagne de communication en faveur de la promotion de la démocratie locale (CFAD, 2016).

De manière sommative, la communication demeure un puissant vecteur d'attraction et de mobilisation des citoyens autour de la gestion politique. Ceci peut se justifier par le fait que, chaque être humain, spécifiquement les jeunes se sentent plus important à l'idée de savoir que leurs avis comptent et seront pris en compte. Dès lors, ils manifestent plus d'entrain à s'investir de manière énergétique dans la gestion des affaires de leur localité.

Que dire de l'impact de la communication communale sur le plan économique ?

II.2- Impact sur le plan économique

Sur le plan économique, l'impact de la communication communale sur la participation citoyenne se vérifie à deux niveaux d'échelle, notamment en termes de participation à l'élaboration du budget communal et de participation dans la production de recettes fiscales.

Le Budget participatif est un processus de démocratie directe, volontaire et universel, par lequel la population peut discuter et définir le budget communal. Il combine démocratie directe et démocratie représentative. C'est un processus par lequel la population définit la destination des ressources publiques, pour une partie ou la totalité des investissements. Le budget n'est plus l'affaire des seuls techniciens ou dirigeants, la population elle-même, par le biais des débats publics et des consultations, définit le montant des recettes et des engagements financiers puis décide de leur affectation suivant les priorités. Cette inclusion des citoyens dans la gestion économique impose une certaine rigueur dans la gestion des deniers publics, car les populations exercent un certains pouvoir de contrôle et peuvent de manière unanime mettre fin au mandat des maires. L'on assiste alors à une diminution de la toute-puissance des élus locaux qui gèrent les biens publics comme leur patrimoine personnel, au profit du peuple, légitime propriétaire.

Par ailleurs, L'association des citoyens au processus d'élaboration du budget, constitue un facteur d'incitation pour ceux-ci à contribuer aux charges publiques. En effet, chaque entité territoriale locale vit des recettes fiscales prélevées des différentes taxes collectées auprès des personnes privées et morales vivant ou possédant des intérêts sur son territoire. La mobilisation de ces recettes constitue le coeur du fonctionnement de ces entités car, les prélèvements effectués sont destinés à être affectés au budget public afin de l'égaliser en dépenses et en recettes. Cependant, bon nombre de contribuables sont ignorants, de la portée de l'action de contribuer et de l'affectation faite des dividendes récoltées de leurs cotisations. Corollaire du déficit d'informations et d'éducation lié au dispositif communicationnel défectueux, la faible participation des populations de Tokombéré à l'acquittement fiscal communal, est une réalité. L'on se retrouve alors dans une logique de recouvrement au moyen de la coercition en défaveur de la participation par bonne conscience et patriotisme.

De manière sommative, nous pouvons sans circonlocution, dire que le degré de participation des citoyens dans le processus de développement économique de Tokombéré est tributaire de la qualité de la mécanique communicationnelle mise en oeuvre.

II.3- Impact sur le plan socioculturel

Sur ce double plan, la communication joue un rôle prépondérant sur le degré de participation des citoyens locaux au processus de développement social et culturel de leur localité.

De prime abord, l'ouverture des entités décentralisées locales aux autres organismes nationaux et internationaux, offre une panoplie d'opportunités en termes de partenariats, de financements et de visibilité tant à la mairie qu'aux ressortissants de celle-ci. Pour une optimisation de la jouissance de ces opportunités, elle doit communiquer de manière efficace sur celles-ci car, elles représentent des fenêtres ouvertes pour le développement de la culture locale.

Bien plus, Les modalités de collaboration entre la municipalité et la société civile (associations de quartier ou de groupes de citoyens partageant un intérêt collectif) doivent être clairement définies, notamment la mise à la disposition de ces dernières de toutes les informations disponibles et dont elles ont besoin pour leurs activités de développement.

À la lisière du chapitre qui se referme, il était question pour nous de faire une analyse-diagnostique de la participation citoyenne à l'aune du dispositif communicationnel existant dans notre localité d'étude. À cet effet, nous avons opté pour une démarche binaire qui consistait de prime abord à décrire le dispositif de communication y afférant dans l'optique d'établir son interdépendance d'avec le degré de participation des citoyens à la gestion des affaires qui leur sont propres. Il ressort de cette analyse qu'un système de communication présentant des lacunes n'est pas de nature à favoriser une implication forte et massive des populations dans la gestion concertée de la chose locale.

Toutefois, l'échafaudage de telles allégations devrait s'adosser sur un ensemble d'évidences scientifiquement construites et soumises à la critique de l'analyse. Ainsi, par ce chapitre qui s'achève, nous refermons le rideau sur la première partie de notre analyse consacrée à l'ancrage théorique. Aussi, nous amorçons dans le chapitre qui suit la phase technique de notre travail. Celle-ci est consacrée à l'étal des éléments méthodologiques, opératoires et professionnels de notre étude.

CHAPITRE IV : METHODOLOGIE, PRESENTATION, ANALYSE DES RESULTATS ET SUGGESTIONS

Pour un meilleur criblage de notre travail de recherche, nous avons adopté un ensemble de moyens et procédés scientifiques à l'effet de vérifier nos hypothèses. Le chapitre qui s'ouvre, est consacré à la présentation de la démarche ayant guidé nos investigations sur le terrain jusqu'aux conclusions auxquelles nous sommes parvenus. Dans un premier temps, nous nous proposons à l'intérieur de celui-ci de : présenter d'abord la méthodologie de l'étude (I), ensuite présenter et analyser les résultats (II) et enfin de proposer des solutions (III).

I. METHODOLOGIE DE L'ETUDE

La présente section est consacrée à la présentation de la méthodologie qui aura guidé l'enquête effectuée sur le terrain. Pour ce faire, nous mettrons en relief les techniques, méthodes de collecte des données, la population d'étude et l'échantillonnage (I.1). Le second arrêt sera relatif à la validation des instruments de notre enquête puis à la description du déroulement de ladite enquête (I.2). La dernière halte sera consacrée aux présentations des méthodes d'analyse des données, ainsi que des difficultés rencontrées tout au long de notre étude (I.3).

I.1- Techniques, méthode de collecte des données, population d'étude et échantillonnage

Afin d'assurer une meilleure lisibilité à notre travail, cette articulation sera consacrée dans un premier temps à la mise en exergue des méthodes et techniques de collecte des données de l'enquête (I.1.1). La seconde pause sera quant à elle consacrée à la présentation des techniques d'échantillonnage (I.1.2).

I.1.1- Méthodes et techniques de collecte des données de l'enquête

Au regard de l'orientation à nous assignée à notre travail, eu égard à son aspect pluridisciplinaire, et en vue d'atteindre les objectifs par nous impartis, nous avons opté pour les techniques de collecte suivants : la recherche documentaire, l'observation directe et les entretiens.

I.1.1.1-La recherche documentaire

L'objectif imparti à cette technique était d'apporter des informations d'ordre général sur les quatre points précis que sont : la citoyenneté, la participation citoyenne, la communication communale et la Commune de Tokombéré. À cet effet, nous avons eu recours à des ouvrages, des articles, des journaux, des rapports et des mémoires qui nous ont facilité la rédaction de l'aspect théorique de notre travail. Ils nous ont permis d'explorer les points de vue de plusieurs auteurs ayant abordé des sujets dont la thématique se rapproche de la nôtre.

Cette démarche nous a également permis d'avoir accès aux divers documents-cadres et autres rapports sur les variables mises en exergue dans ce travail. Enfin par cette technique, nous avons pu élargir notre horizon et étoffer notre travail de recherche. Les différents documents ont été obtenus auprès de plusieurs institutions, notamment :

· le Centre de Ressources Documentaires et Informatiques de l'INJS ;

· la bibliothèque et la médiathèque de l'Institut Français du Cameroun (IFC) ;

· la bibliothèque de l'Université de Yaoundé II;

· le Service des archives de la Commune de Tokombéré.

I.1.1.2- l'Observation directe

Selon GHILIONE et MATHALONE cités par MENGOUNG (2014), il s'agit d'un procédé scientifique d'investigation qui consiste en l'appréciation spontanée du réel. Cette méthode subjective permet de saisir immédiatement les informations en allant au contact avec l'objet à étudier ou à analyser. En d'autres termes, il s'agit de regarder, d'enregistrer et d'analyser les comportements et les faits dans un milieu donné.

L'observation relative à notre recherche a eu lieu durant l'année académique 2019. En effet, durant notre période de formation, nous avons effectué plusieurs descentes dans l'arrondissement de Tokombéré. Celles-ci nous ont permis d'observer les mécanismes de communication mis en place par l'instance dirigeante locale et d'en déceler ses failles, raison nous ayant poussé à conduire cette recherche.

Au regard de l'insuffisance des informations recueillies au travers de cette technique, nous avons décidé de nous entretenir avec certains acteurs pouvant nous donner un complément d'informations.

I.1.1.3- L'entretien

Un entretien est un questionnement oral ou une discussion avec un individu ou un groupe, et qui porte sur un sujet prédéterminé dont on veut approfondir certains aspects à travers les réponses de la personne interviewée. Pour BLANCHET et GOTMAN cités par MENGOUNG (2014, 34), il s'agit de l'instrument privilégié de l'exploration des faits, dont la parole est le principal vecteur.

Parlant de cette technique, QUIVY et VAN CAMPENHOUD (ibidem), y voient un outil favorisant un contact direct entre les personnes concernées par l'action et par la recherche. Il s'agit en outre d'un instrument qui a le mérite de permettre au chercheur de recueillir des entretiens menés par lui, des informations et éléments riches et nuancés.

Cependant, cet instrument pourrait présenter des risques d'erreurs relevant du comportement de l'enquêteur et de l'enquêté. Angers (1992), présente les inconvénients liés à cet instrument de recherche. Il parle par exemple :

- les réponses mensongères c'est-à-dire l'enquêté peut décider de dire des mensonges soit dans le but de se protéger, soit dans celui de protéger quelqu'un d'autre ;

- les résistances de l'interviewé qui sont généralement lié au fait de la peur de l'inconnu et deviennent dans ce cas un mécanisme de défense ;

- la subjectivité de l'enquêteur qui peut être liée au non contrôle des émotions de celui-ci. Par exemple selon Mucchielli (1969) cité par Angers (1992), l'on habille pour ainsi dire, le réel au lieu de la percevoir tel qu'il est.

Sur le plan pratique, notre choix s'est porté sur cet outil de collecte de données parce qu'il présente l'avantage d'avoir une grande flexibilité dans la possibilité qui est donnée à l'enquêté d'épiloguer le sujet de recherche qui lui est proposé. Dans le cadre de notre travail, des interviews semi-directives (individuelles et de groupe) ont étés administrés aux parties prenantes de la communication communale sur la base des guides d'entretiens préalablement conçus. Dans ceux-ci figuraient des questions préparées à l'avance sur la base des objectifs à atteindre, laissant ainsi la latitude aux enquêtés de nous édifier au maximum sur l'objet d'étude. Il s'est agi, de recueillir des parties prenantes internes et externes au dispositif communicationnel communal, les informations utiles à notre travail. Au rang de celles-ci nous pouvons citer : le maire, les employés de la mairie, et les populations locales. Cependant, ces dernières au regard des exigences de temps et de ressources, ne seront pas interrogées dans leur globalité, mais par l'entremise de leurs représentants ayant été acteurs pertinents desdites actions. Aussi, les guides d'entretiens ont été élaborés sur trois principaux items dont les sous items étaient différenciés en fonction de la cible:

Ø Communication communale ;

Ø Incidence du dispositif de communication en place sur la participation citoyenne ;

Ø Perspectives envisagées.

L'opérationnalisation de notre enquête a donné lieu à six (06) entretiens réalisés, respectivement avec :

Ø Le S.G de la marie de Tokombéré par délégation du maire, pour rechercher les éléments du dispositif communicationnel communal à l'interne et à l'externe de la commune de Tokombéré;

Ø Certains personnels de la mairie, pour rechercher le  niveau de satisfaction de la communication communale à l'interne ;

Ø Le Cadre Communal du Développement de la Commune de Tokombéré, comprendre les outils et moyens de communication utilisés en vue d'une participation citoyenne des populations au projet du développement ;

Ø Le Régent à la Chefferie de deuxième degré du Canton de Séraoua-Guemjeké, rechercher le relatif niveau de satisfaction par rapport à la communication communale et participation citoyenne optimale des populations ;

Ø Le Président de l'association des jeunes dynamique de Tokombéré, le niveau de satisfaction des jeunes par rapport aux éléments de dispositif communicationnel mise en oeuvre par la Commune de Tokombéré ;

Ø Un Groupe de jeune du village Gadoua, pour rechercher le niveau de satisfaction en matière d'information, de la communication communale à Tokombéré.

Ces activités nous ont permis de recueillir des informations qualitatives en rapport avec l'impact du dispositif communicationnel communal sur la participation citoyenne.

I.1.2- Population d'étude et échantillonnage

Il est question pour nous dans cette partie de procéder à la présentation de l'échantillonnage après avoir mis en relief, la population d'étude.

v Population d'étude

La population d'étude est définie par NKOUM (1998, 34) comme :

L'ensemble de tous les individus possédant des caractéristiques précises ayant une relation avec les individus dont les caractéristiques répondent aux objectifs de l'étude envisagée et qui servent de support à la vérification de l'hypothèse de la recherche.

Dans le cadre de notre travail, la population concernée est au premier chef, les populations des différentes communautés rassemblées au sein de la Commune d'Arrondissement de Tokombéré, soit un total d'environ 91 256 habitants dont 47 070 femmes (51,58%) et 44 186 hommes (48,42%), réparties dans 35 villages. Nous avons comme autres populations : les responsables communaux, le Cadre Communal du Développement et les chefs traditionnels, les leaders d'opinions.

Toutefois, dans l'impossibilité d'interroger l'ensemble de ces populations, nous avons procédé par échantillonnage, sur une base représentative.

v Echantillonnage et échantillon

Selon Rongere (1976, 53), l'échantillonnage est

une technique qui consiste à faire porter une observation sur un petit nombre d'individus appartenant à l'univers de l'enquête, de telle sorte que l'on puisse valablement affirmer que les caractères observés sur cet échantillon sont également présents dans les mêmes proportions de la population sur laquelle il a été prélevé.

L'échantillon a été constitué suivant le principe de la technique par choix raisonné. Selon ce principe c'est la qualité ou plutôt le contenu des informations qui est important et non le nombre de personnes interrogées. Cet échantillon est de ce fait constitué de personnes ayant fourni des données nécessaires au travail de recherche. Pour sélectionner les sujets nous avons appliqué la technique d'échantillonnage typique ou raisonné, adaptée aux études qualitatives (Depelteau ; 2003). Ce type d'échantillonnage consiste donc à sélectionner des personnes présentant les caractéristiques requises au sein d'une population, et très souvent aussi, les personnes disposées et disponibles à participer à la recherche. Nous avons donc pu retenir dans le cadre de notre recherche, des critères spécifiques devant être remplis par les répondants. D'où la matrice d'enquête contenue dans le tableau suivant.

Tableau 3: matrice d'enquête

Cibles

Critères de sélection

Personnes sollicitées

1

Exécutif communal

-être un élu local ;

-avoir participé à la mise sur pied du PDC ;

-maitriser le dispositif communicationnel.

Le maire actuel

2

Personnel communal

-être en service à la mairie de Tokombéré ;

-avoir au moins trois (03) ans d'ancienneté.

- chefs de service ;

- cadres.

3

Autorités traditionnelles

-être à la tête d'une chefferie ;

-jouir de la légitimité de ses populations

-être chef de deuxième degré.

Régent à la Chefferie de 2è degré du canton Séraoua-Guemjeké

4

Structures Partenaires au développement participatif

-être responsable d'une structure engagée dans le développement participatif ;

-avoir été impliqué dans la rédaction du plan de développement communal ;

-mener des activités de développement endogène dans la localité.

-Cadre communal de développement de la Commune de Tokombéré ;

-responsable ONG.

5

Populations

-avoir résidé dans la ville depuis 7 ans ;

-être membre d'un groupe organisé et structuré ;

-avoir entre 19 et 35 ans.

Président d'association

Source : auteur, 2019

La circonscription de notre échantillon s'est avérée nécessaire car, elle nous a permis de déterminer une partie bien précise de la population cible qui a fait l'objet de nos investigations. En recherche qualitative, il y a recours à un échantillon diversifié reposant sur la sélection des composantes caractéristiques de la population cible et qui ne sont pas strictement représentatives. L'échantillon résulte donc du compromis entre la nécessité de contraster les individus et les situations, mais également du désir d'obtenir des unités d'analyses assez significatives et suffisantes. De manière concrète, notre échantillon est constitué tel que mentionné dans le tableau suivant :

Tableau 4: échantillon de l'enquête

Nom

Qualité

Lieu de rencontre

Contact

MOUSSA Moïse

S.G

Mairie de Tokombéré

699 658 197

Confidentiel

Employé mairie

Tokombéré

690 134 824

Confidentiel

Employé mairie

Tokombéré

698 211 285

ZAKE MAL Adamou

Régent à la chefferie de 2e degré du Canton Séraoua

Séraoua-Guemjeké

696 740 564

GORNET Alphonse

Président JDT

Tokombéré

695 451 542

FANGNA Jacqueline

Agricultrice

Tokombéré

695 22 36 45

Albert MOTA

Eleveur

Tokombéré

690 24 33 48

Source : enquête de terrain, 2019

I.2- Validation des instruments de collecte et description du déroulé de l'enquête

Cette intersection de notre travail de recherche, est le théâtre sur lequel nous exposerons tour à tour, le processus de validation de nos instruments de collecte des données (I.2.1) et le déroulé de l'enquête de terrain (I.2.2).

I.2.1- Validation des instruments de collecte des données

Selon GRAWITZ (1998, 614), la validation des instruments consiste à essayer sur un échantillon réduit les instruments prévus par l'enquête. Ainsi, le processus de validation de nos instruments s'est déroulé en deux phases notamment : la validation à l'interne et la validation à l'externe.

v validation en interne

A cette étape, il s'est agi pour nous d'analyser la charpente, la formulation, la pertinence, la cohérence et la densité de nos guides d'entretien. En effet, la validation à l'interne de nos instruments nous a permis d'examiner la cohérence des idées développées d'avec les objectifs et hypothèses de recherche préalablement formulés. De fait, les premières ébauches de ces instruments ont étés soumises à l'appréciation de certains promotionnaires et enseignants pour critiques, remarques et suggestions. Après avoir intégré les corrections, le document final a été soumis à l'encadreur principal qui a apporté les réaménagements nécessaires et validé ces instruments.

v Validation à l'externe

Après la validation en interne de notre outil de collecte, nous avons procédé au pré-test de notre guide d'entretien. Celui-ci s'est résumé à nous déporter vers des personnes présentant les mêmes caractéristiques que notre population cible. Grâce à cet exercice, l'applicabilité des outils de collecte a été vérifiée. L'objectif dudit exercice était d'examiner si ;

- les questions étaient facilement comprises par les personnes interviewées ;

- les questions étaient correctement interprétées par les populations issues des Communautés;

- le modèle du questionnaire permettait un traitement informatique des données sans problème.

I.2.1- Déroulement de l'enquête

L'opération de collecte des données sur le terrain, a été précédée de la régularisation des formalités administratives. Il s'est agi pour nous de faire établir une attestation de recherche par le responsable de l'école, document nous conférant légitimité et crédibilité sur le terrain. C'est durant la période du 08 juillet au 26 Août 2019 qu'ont eu lieu lesdits entretiens. Ils se sont déroulés en trois phases en l'occurrence une phase préparatoire, le déroulement des entretiens proprement dits et la phase post-entretien.

Ø La phase préparatoire : le premier contact avec le futur enquêté est très important, car il ne s'agit pas d'un simple échange formel qui peut être froid et détaché entre l'enquêteur et l'enquêté. Il est important pendant cet échange de faire en sorte que l'enquêté soit intéressé et lui donner le goût de l'entretien et qu'il soit prêt à « livrer une partie de lui-même » Angers (1992). Durant cette phase, il était donc question pour nous non seulement d'obtenir des rendez-vous avec les sujets pour éviter de les surprendre et afin qu'ils donnent ou pas leur accord pour chacune des actions prévues.

Ø Le déroulement des entretiens proprement dits : nous avons mené un (01) entretien sous forme de focus groupe (pour les jeunes de la JDT) et cinq (05) entretiens individuels (avec le S.G de la mairie, le chef traditionnel, le président d'association, agents communaux, Cadre communal de développement (PNDP) où il était question d'expliquer de manière sommaire le but de notre présence et durant lesquels nous avons fait une présentation des items de notre guide d'entretien. De plus, au début de cet entretien nous avons présenté aux sujets les raisons ou les faits qui ont conduit à nous intéresser à ce sujet, et il fallait leur expliquer la raison de notre choix de manière général.

Il est à souligner ici que l'exigence de rapporter de manière fidèle les propos de nos interlocuteurs, nous a contraint à faire usage de bloc-notes et d'un enregistreur. Les enregistrements une fois obtenus, étaient par la suite retranscrits sur papier. Cette autre technique de collecte des données, s'est montrée particulièrement profitable car, elle nous a permis de réécouter plusieurs fois nos entretiens, afin d'éviter d'éventuelles erreurs de jugement ou de compréhension des propos de nos enquêtés.

Ø La phase post-entretien : durant cette phase il était question de remercier les enquêtés d'avoir accepté d'échanger avec nous : pour leurs réponses, leur disponibilité et la sincérité dans les réponses.

I.3- méthodes d'analyse des données et difficultés rencontrées

Dans cette partie de notre corpus, il est question pour nous de présenter dans une première halte les méthodes ayant présidées à l'analyse des données recueillies (I.3.1), avant de faire étal des difficultés auxquelles nous avons été confrontées (I.3.2).

I.3.1- Méthodes d'analyse des données

Il est question ici de présenter la méthode retenue, puis de décrire l'usage de ladite méthode.

v Présentation de la méthode usitée

De par l'aspect qualitatif de notre recherche, la principale méthode ayant été utilisée dans la présente enquête est l'analyse de contenu, plus spécifique l'analyse thématique. En fait, l'analyse thématique est l'une des approches de l'analyse de contenus. Cette approche est pour nous cohérente en ceci qu'elle effectue une mise en oeuvre des représentations et des modèles explicatifs des pratiques. De ce fait, elle nous permet de ressortir tous les aspects des thèmes qui fondent notre guide d'entretien. Notre étude étant qualitative, nous avons davantage recherché à ressortir les perceptions des enquêtés, afin de voir quels types de rapports peuvent être établis entre ces perceptions et les résultats de l'enquête. Il s'est agi en fait, de vérifier la cohérence entre ces deux types d'éléments ou de savoir si les uns ne contredisent pas les autres.

v Mise en oeuvre de la méthode

De façon générale, si l'analyse de contenu permet de rendre exploitable toutes formes de messages ; elle nous a permis au travers de l'analyse thématique, dans le cadre de notre travail, d'étudier de manière systématique et rigoureuse le contenu manifeste ou latent des documents en notre possession, ceci dans l'optique d'en déterminer objectivement les éléments significatifs.

Concrètement, il a été question dans un premier temps, de procéder à la relecture des différents entretiens un par un. Nous avons procédé par la suite au codage de ces entretiens, puis nous avons élaboré une grille d'analyse à partir des éléments des variables de la recherche formulées après lecture desdits entretiens. Le dépouillement s'est fait manuellement et a consisté en un examen systématique et méthodique non seulement des documents textuels ou visuels, mais aussi des données qualitatives obtenues après les entretiens.

I.3.1- Difficultés rencontrées

De façon générale, conduire un travail de recherche induit un certain nombre de difficultés à surmonter notamment sur le plan financier, temporel, scientifique et même pratique. Dans le cas d'espèce, la première difficulté a été relative à l'accès aux enquêtés et aux informations. En effet, du fait du calendrier assez chargé des uns et des autres, il n'a pas été facile que les enquêtés nous consacrent du temps pour mener les interviews. Bien, nous avons dû faire face à la réticence des uns et des autres à communiquer les informations car, beaucoup se méfiaient au point où ils préféraient garder le secret sur leur identité, en l'occurrence les agents communaux.

La seconde était relative aux moyens financiers, d'où la circoncision de notre échantillon. En effet compte tenu des nombreux villages que compte la localité, il nous était difficile de nous mouvoir, surtout avec les intempéries qui rendaient les routes impraticables.

Toutefois, pour pallier ces difficultés, nous avons fait usage de tact, d'ingéniosité et de douceur afin, de pouvoir mener à bien notre recherche. Somme toute, les préceptes ayant constitué l'ossature de cette difficulté avaient trait au cadre méthodologique. Dans l'optique de préserver une certaine cohérence, il est loisible de présenter le cadre opératoire de notre étude à travers la présentation, l'analyse et l'interprétation des résultats. Cette articulation nous permettra de vérifier les projections de départ.

II. PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS

La section qui s'ouvre sera relative à la présentation des résultats de l'enquête (II.1), et à l'interprétation des données de terrain (II.2).

II.1- Présentation des résultats de l'enquête

La présentation des résultats liés à notre recherche se fera à la lumière des différentes techniques de collectes de données par nous sollicitées. En l'occurrence, la recherche documentaire (II.1.1), l'observation directe (II.1.2) et les entretiens (II.1.3).

II.1.1- Présentation des résultats de la recherche documentaire

Elle a été orientée en fonction des objectifs assignés à notre travail de recherche, et nous a rendu facile la rédaction de l'aspect théorique de notre travail. Elle nous a permis d'explorer les points de vue de plusieurs auteurs ayant abordé des sujets dont la thématique se rapproche de la nôtre. De manière pratique, il ressort de celle-ci que:

Ø Il existe environ plusieurs catégories de participations citoyennes, notamment : la participation de fait, la participation spontanée, la participation provoquée, la participation volontaire et la participation imposée etc. ;

Ø Toute initiative de développement doit être une co-production entre les populations et les instances locales ;

Ø Chaque mairie doit se doter d'une stratégie globale de communication qui soit parfaitement adaptée aux besoins et aspirations des populations ;

Ø Tout dispositif communicationnel communal doit obligatoirement intégrer l'aspect interne (personnel, conseillers municipaux) et l'aspect externe (populations locales).

Par ailleurs, la recherche documentaire nous a permis de trouver des éléments relatifs à description du cadre d'étude, en terme de données sociologiques, géographiques, anthropologiques, biologiques, économiques, politiques et culturelles. Bien plus, elle nous a permis de visualiser en terme de projets, le plan de développement élaboré en vue d'induire des transformations durables sur tous les plans à l'effet, d'améliorer le vécu des populations de cette localité.

II.1.2 Présentation des résultats de l'observation directe

Durant la période ayant marqué la rédaction de notre travail, nous avons effectué de nombreuses descentes sur le terrain. Celles-ci ont été marquées par l'observation de certains éléments utiles à la structuration de notre travail. Il en ressort de ces descentes que :

Ø Il existe un long fossé entre ce qui prévu dans le plan communal de développement et ce qui est fait en terme de gestion participative et de communication communale ;

Ø Beaucoup d'usagers de la commune ne consultent pas les informations contenues sur le babillard, seul les aspirants aux mariages ayant déposés leurs dossiers pour la publication des bans ;

Ø Les informations circulent en réseaux sur la base d'affinités, corolaire de la méfiance des uns envers les autres. Or, dans toute organisation, tout le monde devrait être au même niveau d'informations.

II.1.3 présentation des résultats des entretiens

La présentation et l'analyse des entretiens issus de l'enquête de terrain constitueront le contenu de cette partie. Il nous semble important de rappeler que nos entretiens devaient se faire avec diverses catégories de personnes, représentatives de notre population d'étude, notamment : Le S.G de la marie de Tokombéré et par délégation du maire; Certains personnels de la mairie ; Le Cadre Communal de développement de la Commune de Tokombéré (PNDP); Régent à la Chefferie de deuxième degré de Tokombéré ; Président de l'association des jeunes JDT ; Groupe de jeune du quartier Gadoua. Pour une meilleure lisibilité du taux de satisfaction des entretiens menés, nous les avons retranscrits au sein de la matrice d'entretien qui suit :

Tableau 5: matrice des entretiens

Cibles

Entretiens

Sollicités

obtenus

pourcentages

1

Exécutif communal

01

01

100%

2

Partenaires au développement

01

01

100%

3

Personnel communal

03

02

66.66%

4

Autorités traditionnelles

01

01

100%

5

Populations

04

04

100%

Total

10

09

90%

Source : auteur

De manière substantielle, nos entretiens ont été réalisés sur la base de centres d'intérêts qui ont meublé nos guides. Aussi, les centres d'intérêt ont concerné toutes nos sources, avec quelques légères différences au niveau des sous items. Dès lors, les questions étaient orientées en fonction de la qualité de la cible et de ses propres centres d'intérêts relatifs aux variables mises en exergue. Pour de meilleures analyses et triangulations des réponses, nous avons opté pour un regroupement par destinataires ; dont le tableau ci-dessous, fait l'économie :

Tableau 6: matrice des centres d'intérêts des enquêtés

Items

Destinataires

Existence d'un dispositif communicationnel au sein de la mairie

S.G, personnel de la mairie, président JDT, Régent à la Chefferie traditionnelle du canton Séraoua-Guemjeké

Mécanismes et outils de communication à l'interne et externe

S.G, personnel mairie

Satisfaction du dispositif et Failles de celui-ci

chef traditionnel, président JDT, cadre communal de développement, groupe de jeunes de Gadoua

Participation citoyenne

S .G, président JDT, Cadre communal de développement de la Commune de Tokombéré

Mécanismes de promotion de gestion concertée des ressources

S.G, personnel mairie, cadre communal de développement, président JDT

Appréciation du degré de participation citoyenne

S.G, cadre communale de développement, président JDT

Solutions envisagées

Tous les enquêtés

La présentation des extrants de nos entretiens se fera par grande thématique et par triangulation des points de vue de nos enquêtés.

v COMMUNICATION COMMUNALE

Sur cet item, le S.G et les personnels nous ont renseigné que la mairie de Tokombéré dispose d'un dispositif communicationnel contenu dans le PCD. Ce point de vue est affirmé et complété par le président de la JDT et le régent à la chefferie traditionnelle du canton de Séraoua-Guemjeké qui affirment qu'il en existe un, dont les mécanismes de déploiement sont grippés du fait d'une politique de management adossée sur une gestion bureaucratique et non sur le management participatif.

Suite à notre relance relative aux mécanismes et outils de communication existants, deux sources ont été interrogées à savoir : le S.G et les personnels. Pour le patron de l'administration communale, il existe des mécanismes et outils de communication à l'interne et à l'externe. À l'interne, il existe des réunions, des notes et un babillard. À l'externe, ils ont recours au tableau d'affichage, au site internet, page facebook, aux communiqués. Les agents communaux ne se sont pas épanchés sur la question de communication externe mais interne. Nous tenons à souligner que des questions relatives à la communication interne leur étaient spécialement destinées. Ceux-ci nous ont révélé qu'ils n'ont pas été totalement satisfaits de la communication à l'interne. En effet, n'ayant pas tous l'occasion de tenir des réunions avec le maire, les informations ne leur parviennent pas toujours. Cependant, ils n'ont jamais fait de réclamations pour l'amélioration de celui-ci.

À l'unanimité, l'une des failles du dispositif communicationnel pour les enquêtés est le non-respect des démarches de communication contenues dans le PCD. Ce qui crée une rupture dans la réciprocité de l'échange des informations pour les communicants. Dès lors, le président de la JDT, les jeunes et le chef, manifestent leur manque de satisfaction vis à vis du model ou de la politique de communication mise en branle par les autorités.

v INCIDENCE DU DISPOSITIF DE COMMUNICATION EN PLACE SUR LA PARTICIPATION CITOYENNE

De l'avis des enquêtés sur les défaillances du dispositif communicationnel, nous les avons relancés sur l'appréciation par eux faite du degré de participation citoyenne dans la localité. Pour le S.G, le niveau de participation des citoyens à la gestion des affaires locales n'a pas encore atteint son apogée, néanmoins reste appréciable. Il brandit Les arguments relatifs à l'expérience de construction collective lors de la rédaction du PCD, la participation dans le processus électoral et certaines initiatives communautaires. À contrario, le Cadre communal de développement de la Commune de Tokombéré, la participation citoyenne dans cette localité est encore embryonnaire car les populations sont encore ignorantes du rôle prépondérant qu'elles doivent jouer dans l'amélioration de leurs conditions de vie. Elles sont encore accrochées à la politique du ventre et non de l'action. Ramant dans le même sens que le précédent, le président de la JDT, pense que la participation citoyenne dans cette localité se situe encore à une échelle de valeur très faible. Au regard du niveau d'implication des jeunes (fer de lance) dans le processus de développement et au regard du niveau d'information politique de celle-ci.

v SOLUTIONS ENVISAGEES

Sur ce point, un ensemble de solutions ont été proposées en vue de l'amélioration du dispositif de communication communal, gage de promotion de la pleine participation citoyenne dans notre cadre d'étude. Au rang de celles proposées par les enquêtés nous pouvons retenir :

- Le renforcement de la communication entre le maire, les conseillers municipaux, le personnel de la mairie et les populations en créant de manière permanente des espaces et cadres permanents de communication (conseils de jeunes, de quartier, des villages d'autorités traditionnelles...);

- Organisation d'une « réunion d'échange » annuelle entre le Secrétaire Général de la commune, les chefs de services et l'ensemble du personnel ;

- Organiser régulièrement des journées portes ouvertes afin d'informer : les populations, la société civile et même la diaspora locale sur les activités et projet de la Commune ;

- Communiquer sur les opportunités qu'offrent les partenariats de la mairie en faveur de l'amélioration des conditions de vie des populations ;

- Intégrer de manière effective les populations dans le processus de prise de décisions sur le triple plan, politiques, économiques, sociopolitique.

II.2- Interprétation des données de terrain

L'interprétation a lieu au fur et à mesure que le chercheur s'imprègne du contenu des données, les catégorise et les analyses en fonction des thématiques et thèmes dans un tout cohérent (Polit et Beck, 2012). Il s'agit de dégager des significations pour expliquer les données présentées, relever des régularités et déceler des tendances, et ce, dès la collecte des données. Les interprétations se feront à l'aune des grandes thématiques plus haut mentionnées. Il s'agit :

v De la communication communale au sein de la commune

Relativement à cette thématique, il existe un dispositif communicationnel communal à deux volets (interne et externe) mais qui ne fonctionne pas de manière effective et efficace dans tous les aspects de sa conception. Sur le plan interne, nous pouvons déceler des réponses données par les agents communaux enquêtés un manque de satisfecit du dispositif communicationnel à l'interne. Cet état de chose peut impacter sur la performance professionnelle du personnel communal. Bien plus, nous décelons un besoin de renforcement des capacités de ces derniers afin qu'à leur tour ils puissent être des relais qualifiés auprès des populations.

Sur le plan externe, les résultats de notre enquête laissent transparaître un déficit de communication entre les populations et les élus locaux. Celles-ci sont sous et mal informées, à la limite désinformées. Elles manifestent la soif d'observer, une certaine dynamique dans l'implémentation des mécanismes de communication contenues dans le document cadre rédigé à l'effet, de garantir une plus grande participation de leur part dans la chaine de gestion.

v De l'incidence du dispositif de communication en place sur la participation citoyenne

Quant à cet item, nous pouvons déceler du discours du S.G certains non-dits. « Le niveau de participation des citoyens à la gestion des affaires locales n'a pas encore atteint son apogée, néanmoins reste appréciable. » En effet, il nuance ses propos et nous donne des exemples d'une expérience assez lointaine. Ceci traduit une certaine rupture entre le vécu de cette époque et la réalité actuelle et donne plus de crédit au postulat des autres enquêtés qui pensent que la participation citoyenne dans cette localité est presque nulle. Des informations glanées, nous sortons avec la perception selon laquelle, le dispositif communicationnel de cette Commune tel que mis en branle actuellement, n'est pas de nature à favoriser une très grande intégration et participation des populations dans le cercle apparemment fermé de prise de décisions.

v Des solutions envisagées

Des solutions proposées, nous pouvons lire, une certaine soif tant des collaborateurs du maire que des populations ou de la société civile locale, de pouvoir aider le maire, en participant à leur niveau au développement de la localité. En effet, la majorité des enquêtés proposent des solutions en vue de l'amélioration du niveau de communication et des outils usités en vue, de poser les jalons d'une gestion beaucoup plus participative. Nous nous rendons alors compte de l'importance de la communication communale dans le processus de développement d'une localité. Lorsqu'elle est ficelée autour d'un dispositif bien conçu à l'effet de vulgariser les projets et actions communales, elle suscite une plus grande participation.

En définitive, cette section nous a permis de présenter de fond en comble, les données recueillies à l'issue de notre enquête. Il a également été le cadre dans lequel nous avons analysé et interprété nos données d'enquêtes. La section suivante, la dernière du chapitre sera le cadre de proposition d'un ensemble de mesures curatives visant à promouvoir une plus grande participation citoyenne dans cette localité.

III. PERSPECTIVES ENVISAGEES

Au regard de nos analyses et des résultats obtenus, nous proposons d'aborder cette partie en proposant d'une part les perspectives théoriques (III.1) et notre projet professionnel (III.2) d'autre part.

III.1- Perspectives théoriques

Elle renvoie à un ensemble de paradigmes visant à améliorer la communication communale dans notre localité d'étude, gage d'une plus grande participation citoyenne à la gestion des affaires locales. Celles-ci seront énoncées sous forme de suggestions et de recommandations à l'endroit de tous les acteurs interagissant autour de la démocratie locale. Notamment, le Gouvernement, l'exécutif communal, les partenaires au développement, la société civile locale et les populations locales.

III.1.1- À l'endroit du gouvernement

En effet, pour une meilleure démocratie locale, nous suggérons à l'Etat de :

Ø Parachever le processus de décentralisation entamé (mise en fonctionnalité de toutes les institutions prévues par la réglementation en vigueur sur la décentralisation) et du transfert total des ressources y afférentes ;

Ø Former par le biais du MINDDEVEL, les élus locaux à une gestion plus inclusive des affaires locales ;

Ø Instruire la création dans chaque Commune d'un comité de concertation citoyenne composé, de représentants du Conseil municipal, des autorités morales et traditionnelles, des organisations économiques, sociales et culturelles du territoire, des services techniques déconcentrés, des partenaires techniques et financiers, des coopératives et associations.

III.1.2- À l'endroit de l'exécutif communal

Pour une amélioration du taux de participation citoyenne, plusieurs suggestions et recommandations vont à l'endroit du maire en termes d'amélioration de la communication communale.

v Sur le plan interne

A ce niveau, nous préconisons :

Ø L'organisation des sessions de formation en communication interne et en participation citoyenne pour les chefs de services de la municipalité ;

Ø La création et l'opérationnalisation de canaux informels de communication interne ;

Ø L'organisation bimensuelle d'une réunion entre le Secrétaire Général de la municipalité et les chefs de services ;

Ø L'organisation d'une « réunion d'échange » semestrielle entre le Secrétaire Général de la commune, les chefs de services et l'ensemble du personnel ;

Ø L'élaboration et la diffusion d'un manuel de procédures aux élus et aux membres du personnel sur la communication participative locale.

v Sur le plan externe

Sur ce plan, les propositions sont les suivantes :

Ø L'adaptation des canaux et cadres de communication aux caractéristiques de la population et aux réalités locales ;

Ø La création d'un cadre démocratique de concertation communale ;

Ø L'élaboration d'un plan de communication participative communale ;

Ø La formation des chargés de la communication de la municipalité sur l'importance et les techniques de la communication pour le développement ;

Ø La diffusion des fiches de service au grand public ;

Ø La production de manière régulière des articles de presse et des émissions qui seront diffusés par les médias locaux à titre informant ;

Ø L'organisation régulière des journées portes ouvertes (Société civile, Habitant, élus).

III.1.3- À l'endroit des partenaires au développement

Nous leur suggérons de :

Ø Renforcer les capacités techniques et opérationnelles de la Commune afin de lui permettre de s'ancrer de manière efficace dans la décentralisation ;

Ø Coordonner, gérer, suivre et évaluer le niveau de communication communale afin de promouvoir une plus grande participation citoyenne ;

Ø  Multiplier l'appui financier et technique accordé à la Mairie, tout en mettant des mécanismes de suivi pour s'assurer de la réalisation des projets pour lesquels les fonds ont été mis à disposition ;

Ø Sensibiliser, éduquer et former les populations sur les effets bénéfiques de la participation citoyenne dans le modèle de développement bottom-up.

III.1.4- À l'endroit des populations locales

Nous leur suggérons de :

Ø Marquer un intérêt particulier pour la participation à la gestion des affaires locales ;

Ø Jouer pleinement leur rôle de sentinelle, de défenseur, d'éclaireur et de relais informationnel auprès des autres (élites, chefs traditionnels, leadeurs d'opinions) ;

Ø Sanctionner par le vote tout maire qui, au lieu de servir les intérêts communs, sert à la place ses intérêts égoïstes ;

Ø Imposer aux élus locaux la culture de la reddition des comptes ;

Ø Exiger des élus locaux, la création des cadres d'échanges participatifs et d'informations à temps réel.

III.2- Projet de renforcement des capacités des acteurs communaux en matière de communication participative locale

III.2.1- Contexte et justification du projet

De nos jours au Cameroun, il devient impossible de parler de développement sans associer à ce vocable les notions de démocratie locale, de développement endogène, de gestion participative et de participation citoyenne. Ce modèle de gestion qui met au centre de toutes les actions le citoyen de la localité, se traduit par une délégation du pouvoir de celui-ci aux élus tout en conservant les privilèges de contrôle de leurs actions et le pouvoir de se saisir de certaines questions essentielles. Il requiert de ce fait un ensemble d'exigences des parties prenantes, au rang desquelles nous pouvons citer : la bonne gouvernance, un cadre juridique approprié et un dispositif communicationnel de qualité.

La majorité des auteurs ayant écrit sur la participation citoyenne au niveau local s'accordent à dire que, celle-ci est tributaire du type de communication communale mise en branle. En effet, elle permet d'établir un dialogue véritable et permanent entre les différents acteurs du développement, de susciter, d'appuyer et d'accompagner les initiatives prises par consensus afin de jeter les bases d'une gestion concertée indispensable à la réussite de l'oeuvre de développement entreprise. Elle permet par ailleurs aux populations de mieux maîtriser leur environnement, notamment les aspects agricoles, sanitaire, d'habitat et les autres facteurs dont dépend la qualité de leur vie.

Cependant, On note une insuffisance notoire de communication et d'information sur l'action et le fonctionnement actuel des communes. Dans les communes, le besoin d'information n'est pas souvent exprimé. En fait, dans la plupart des communes, il n'existe aucune politique de communication formellement élaborée et mise en oeuvre. Les élus locaux n'ont pas suffisamment pris conscience de leur devoir de rendre compte et d'informer les populations. Même au sein du conseil communal ou de l'exécutif communal, l'information ne circule pas suffisamment. C'est le plus souvent l'exercice solitaire du pouvoir par un seul responsable qui détient l'information et l'utilise comme il veut. Parfois, quelques élus locaux détiennent à eux seuls l'information et la manipulent à leur guise. C'est dans cette dynamique que nous proposons un séminaire de renforcement des capacités des acteurs communaux en matière de communication participative.

III.2.2- Chronogramme des activités

Tableau 7: chronogramme des activités

Actions

Activités

Objectifs

Résultats Attendus

Intervenants

Bénéficiaires

Lieu

Période

Phase préparatoire

Réunions préparatoires

- Définir et adopter des stratégies de mise en oeuvre du projet ;

- Des stratégies de mise en oeuvre sont définies et adoptées ;

Comité d'organisation

Groupes cibles

A déterminer

A déterminer

Définition de la structure organique du projet

Mettre sur pied les commissions

Les commissions sont mises en place

Comité d'organisation

Groupes cibles

A déterminer

Rédaction des TDR du projet et contact des intervenants

Avoir une claire vision du projet et la confirmation des intervenants

La vision du projet est claire et la participation des intervenants est confirmée

Comité d'organisation

Groupes cibles

A déterminer

Préparation des documents administratifs

Préparer les documents administratifs

Les documents administratifs sont préparés

Comité d'organisation ;

Groupes cibles

A déterminer

Phase de mise en oeuvre

Mobilisation et sensibilisation de la cible

Informer et éveiller les consciences des parties prenantes

Les parties prenantes sont informées et conscientisées

Comité d'organisation

Groupes cibles

A déterminer

A déterminer

Réunion de préparation de la formation

Préparer la formation

La formation est préparée

Comité d'organisation et facilitateurs

Groupes cibles

A déterminer

Mobilisation des ressources matérielles et financière

Mobiliser les ressources

Les ressources sont mobilisées

Comité d'organisation

Groupes cibles

A déterminer

Déroulement du séminaire

Réaliser l'activité proprement dite

L'activité est réalisée

Facilitateurs, cibles, comité d'organisation

Groupes cibles

populations

A déterminer

Phase d'évaluation

Elaboration des fiches d'évaluation

S'assurer que chaque phase se déroule normalement

Chaque phase se déroule normalement

Comité d'organisation

Groupes cibles

A déterminer

Durant tout le cycle mise en oeuvre du projet

Evaluation finale

Evaluer tout le processus de mise en oeuvre du projet

Le processus de mise en oeuvre du projet est évalué

Intervenants

Comité d'organisation

Toute la chaîne

Réalisation

A déterminer

III.2.3- Objectifs du séminaire

L'objectif général de ce projet est de rendre plus efficient le dispositif communicationnel de la Commune d'Arrondissement de Tokombéré dans l'optique de promouvoir une plus grande participation citoyenne dans la gestion des affaires locales.

Plus spécifiquement, il est question de :

Ø Sensibiliser l'administration communale sur les effets participatifs de la communication avec ses populations ;

Ø Promouvoir au sein de la commune la dynamique de gestion concertée de la chose publique locale ;

Ø Outiller toutes les parties prenantes de la vie communale sur les rouages d'une meilleure gestion participative à l'aune de la communication communale ;

Ø Stimuler la mise sur pieds effective d'une plate-forme de concertation entre les diverses parties prenantes au développement communal, tant à l'interne qu'à l'externe.

III.2.4- Résultats attendus

Les objectifs de notre projet seront atteints si et seulement si :

Ø l'administration communale est sensibilisée sur les effets participatifs de la communication avec ses populations ;

Ø la dynamique de gestion concertée de la chose publique locale est promue au sein de la Commune;

Ø les parties prenantes de la vie communale sont outillées sur les rouages d'une meilleure gestion participative à l'aune de la communication communale ;

Ø une plate-forme de concertation entre les diverses parties prenantes tant interne qu'externe du développement de Tokombéré est effectivement mise sur pieds.

III.2.5- Indicateurs de résultats

Ø une politique de communication communale est mise sur pied;

Ø un cadre de concertation est créé au sein de la Commune ;

Ø toutes les parties prenantes au développement sont au même niveau d'informations ;

Ø l'administration communale est formée et communique de manière régulière avec ses populations.

III.2.6- Actions à mettre en oeuvre

La mise sur pied effective de notre projet convoque de nombreuses articulations. De ce fait, plusieurs axes stratégiques ont été choisis pour le mener à bien notamment :

v la mobilisation et sensibilisation

Cette étape se résume à organiser une rencontre d'information avec le maire qui lui, convoquera une réunion d'information avec tous les acteurs pertinents du développement local à Tokombéré, dans l'optique de leur présenter le projet. Cette réunion jouera par ailleurs, le rôle d'éveilleur de sens des différentes parties prenantes, sur la nécessité de mettre sur pied un dispositif communicationnel à même de promouvoir une meilleure gestion concertée de l'information, vectrice de participation optimale à la gestion de la chose publique locale.

v la formation

Dans cette étape, il sera de prime abord question de procéder à la déclinaison de nos objectifs de formation. Par la suite, nous aborderons la rédaction des termes de références, la déclinaison des modules et contenus de formation, ainsi que la sélection des personnes ressources. Enfin, s'en suivra la formation proprement dite.

v le financement

Tout ce processus de formation a des étapes dont il faudra prendre en compte les coûts. Il est donc important de déterminer à priori, les sources de financement de notre projet.

v le suivi-évaluation

Il sera question ici de s'assurer du bon déroulé de chaque phase de la mise en oeuvre du projet à l'aune de tests critériés, de garantir la conformité du processus avec les objectifs formulés. L'évaluation quant à elle se fera en trois étapes : avant (ex-anté), pendant (post-anté) et après (ex-post), la mise en oeuvre du projet.

III.2.7- Parties prenantes

Ce séminaire pourra être bénéfique à tous les acteurs engagés dans le développement local participatif au Cameroun. En outre, il s'agit des acteurs sur qui ledit projet a une quelconque influence, directe ou indirecte. Nous dénombrons ici plusieurs cibles en l'occurrence : les bénéficiaires, les porteurs du projet.

v Les bénéficiaires

Il s'agit, de l'exécutif communal, du personnel de la Commune, des populations locales, et de la société civile de Tokombéré.

v Les porteurs du projet

Il est question ici de toute personne physique ou morale concernée ou qui a en attribution de fonctionnement, la vision, le but, et les objectifs poursuivis par le présent projet. Nous pensons ici à un déploiement conjoint : MINDDEVEL, PNDP, FEICOM, GIZ, Mairie d'Arrondissement de Tokombéré.

III.2.8- Ressources à mobiliser

Pour la réalisation et l'atteinte des objectifs assignés à ce projet, nous avons quatre types de ressources à mobiliser. Il s'agit notamment des :

v Ressources humaines

Pour son opérationnalisation, le projet aura recours comme ressources afférentes à cette section à :

· Un comité d'organisation ;

· Des prestataires externes (ingénieur de la formation, facilitateurs...) ;

· Des participants ;

· Des partenaires (institutions d'appui, mécènes...).

v Ressources temporelles

Pour l'opérationnalisation de ce projet, les dates sont à déterminer mais le séminaire se tiendra sur une durée de trois jours.

v Ressources matérielles

Il question ici des matériels qui sous tendront les activités à mener :

· matériel audio-visuel (vidéo projecteur, banderoles, appareil photo, ordinateur, flyers) ;

· matériel didactique (tableau de type paper board, marqueurs, crayons, kit participants, manuel de formation, chaises, engins agricoles) ;

· matériel de sonorisation (hauts parleurs, baffles, amplificateur) ;

· soutiens pédagogiques (site internet, radio, télévision, presse écrite).

v Ressources financières

Bien vouloir se référer à l'état estimatif des besoins qui figure à la fin du projet.

III.2.9- Structure organique

La réalisation de notre projet nécessitera une ossature à deux grappes. Il s'agit en l'occurrence du comité d'organisation et des différentes commissions.

v Comité d'organisation

Il aura pour mission de s'assurer de la bonne et efficiente réalisation du projet. Nous y aurons comme composantes :

- La supervision générale ;

- La coordination générale ;

- La coordination technique.

v Les commissions

Il s'agit ici de petits organes en charge de la planification et du bon déroulement du projet. Nous en aurons en tout cinq en l'occurrence :

- La commission secrétariat ;

- La commission logistique et accueil ;

- La commission finances ;

- La commission restauration et décoration ;

- La commission communication

Il est à noter que chaque commission devra produire un état de besoins, à soumettre à la commission des finances.

III.2.9- Etat estimatif des besoins

Tableau 8: état estimatif des besoins

Désignation

Prix unitaire en FCFA

Quantité

Prix total

1

Vidéo projecteur (location)

Forfait

//

50 000

2

Banderoles

5000

3

15 000

3

Rame de papier

3000

3

9 000

4

Stylos

100

100

20 000

5

Crayons

50

100

10 000

6

Chemises à sangle

500

100

50 000

7

Blocs-notes

500

100

50 000

8

Tableau

Forfait

//

50 000

9

Marqueurs

500

20

10 000

10

Traitement des formateurs

50 000

3

150 000

11

Téléphone

forfait

//

100 000

12

Location appareil photos

forfait

//

50 000

13

Gommes

25

100

2500

14

Décoration

forfait

//

50 000

15

Transport

forfait

//

200 000

16

Casse-croute

forfait

//

1 000 000

17

Traitement des participants

5/ jrs × 3

100

1 500 000

TOTAL 3 316 500

III.2.10- Suivi- évaluation

L'évaluation de notre projet et activités se fera à l'aune des indicateurs ci-après :

- Degré de participation aux activités programmées ;

- Fiches de présence ;

- Rapports d'activités par commissions;

- Respect du programme dans le déroulement des activités prévues.

Il est à noter ici qu'à la fin de chaque journée, il sera fait une petite évaluation. L'évaluation sommative se fera à la fin du projet avec toutes commissions ayant oeuvré au bon déroulé du projet après quoi sera dressé le rapport final.

Tableau 9 : Fiche d'évaluation

N °

activités
prévues

activités
menées

indicateurs

résultats

échéance de réalisation

Difficultés rencontrées

Solutions apportées

observation

 
 
 
 
 
 
 
 
 

1

 
 
 
 
 
 
 
 

2

 
 
 
 
 
 
 
 

3

 
 
 
 
 
 
 
 

Le chapitre qui se referme, le dernier, a été le cadre qui nous a permis de faire étal de la méthodologie de l'étude, de la présentation et analyse des résultats et des solutions proposées avec comme cerise sur le gâteau un projet professionnel, nous permettant ainsi de refermer le rideau sur ce chapitre. Aussi comme de rigueur, une conclusion générale nous permettra de faire quelques recommandations et de présenter les limites de notre travail.

CONCLUSION GENERALE

Au terme du présent travail de recherche dont le thème était : «Communication communale et participation citoyenne : étude appliquée à la Commune d'Arrondissement de Tokombéré, il nous incombe la responsabilité de reconnaitre l'existence d'actions entreprises par l'exécutif communal de la localité d'étude, bien que ces dernières du fait de leur faible portées, gagneraient à être densifiées et améliorées.

L'intérêt pour ladite étude nait d'une part, de la volonté d'opérationnaliser la communication communale comme référentiel d'un développement local participatif d'autre part, du constat selon lequel les populations locales sont le plus souvent actrices passives des initiatives communales de développement ; qui au demeurant devraient garantir une amélioration significative de leurs cadres et conditions de vie.

En initiant cette étude, nous nous sommes fixés pour objectif général d'identifier au sein du dispositif communicationnel de la Commune, les éléments explicatifs du relatif niveau de participation citoyenne des populations de Tokombéré. Pour ce faire, après avoir procédé à un état des lieux de la communication communale de la Commune de Tokombéré, il s'est agi par la suite d'interroger l'incidence de ladite communication sur la participation citoyenne dans la localité. La satisfaction de cette articulation nous a conduits à proposer des aménagements de nature à doter la commune d'un dispositif communal vecteur d'une participation citoyenne optimale.

De type qualitatif, l'enquête menée sur le terrain, qui a reposé sur l'observation directe, la recherche documentaire et les entretiens, aura produit des résultats allant dans le sens de l'infirmation des éléments de départ de l'étude. En effet, l'analyse des résultats de l'enquête nous a permis de parvenir à la conclusion selon laquelle les initiatives portées par la Commune pourraient éminemment être positives pour le développement local de Tokombéré, si elles se voyaient nourries davantage de participation citoyenne. C'est dans la veine de ce qui précède qu'une amélioration devrait être apportée dans les domaines de la dynamisation de la participation citoyenne et du renforcement des dispositifs organisationnels et communicationnels d'accompagnement des projets de développement local.

C'est donc en vue de rendre plus opérantes les initiatives participatives de la Commune de Tokombéré, que nous avons formulé des suggestions. Toutefois, il va sans dire que nous n'avons pas la prétention d'avoir émis des solutions miracles. La simplicité et l'innocence qui marquent nos suggestions, ne leur ôtent néanmoins pas leur aspect professionnel. Elles n'opérationnaliseront les espoirs en elles portés par nous, qu'à condition que toutes les parties prenantes du développement local de Tokombéré, oeuvrent à empêcher le décalage entre les projets et l'implication des citoyens à leur réalisation.

BIBLIOGRAPHIE

I. OUVRAGES METHODOLOGIQUES

1- AKTOUF Omar, 1987, Méthodologie des sciences sociales et approche qualitative des organisations. Une introduction à la démarche classique et une critique, Montréal, Presses de l'Université du Québec.

2- ALBARELLO Luc, 2003, Apprendre à chercher. L'acteur social et la recherche scientifique, Bruxelles, Edition De Boeck, 2ème édition.

3- BLANCHET A., GOTMAN A., 1992, L'Enquête et ses méthodes : l'entretien, Paris, Nathan.

4- BOUDON R., 1991, Les méthodes en sociologie, Paris, PUF, 8è éd.

5- GIGLIONE R. & MATHALON B., 1978, Les Enquêtes sociologiques : théorie et pratique, Paris, Armand Colin.

6- GRAWITZ Madeleine, 2000, Lexique des sciences sociales, Paris, Dalloz, 7ème édition.

7- NKOUM, B. A., Initiation à la recherche : une nécessité professionnelle, PUCAC, Yaoundé, 2005.

8- RONGERE, P., 1972, Méthodes des sciences sociales, 3e édition Paris, Dalloz.

9- QUIVY Raymond, Van CAMPENHOUD Luc, 1995, Manuel de recherches en sciences sociales, Paris, Dunod.

II. OUVRAGES GENERAUX

10- Anonyme, 2014, Guide méthodologique d'élaboration d'une stratégie de communication multimédia, Rome, FAO.

11- ASSOGBA Yao, 2004, Sortir l'Afrique du gouffre de l'histoire. Le défi éthique du développement et de la renaissance de l'Afrique noire, Sainte-Foy, Presses de l'Université Laval.

12- BESSETTE, G., 2004, Communication et participation communautaire Guide pratique de communication participative pour le développement, Québec, Les presses de l'Université de Laval.

13- BOUDON Raymond, 1984, La place du désordre. Critique des théories du changement social, Paris, Presses universitaires de France.

14- BOUKHARI M., 1997, Guide pour la réalisation du diagnostic global et participatif, Meknès, DSVP, ENA.

15- BOUGUERRAT, 1999, La citoyenneté : sa définition, ses lieux et conditions d'exercice, Tréma.

16- CLAYTON THOMAS John, 2000, Action Publique et participation des citoyens. Pour une gestion démocratique revitalisée, Paris, Nouveaux Horizons.

17- CROZIER M., FRIEDBERG E., 1977, L'acteur et le système. Les contraintes de l'action collective. Paris, Seuil.

18- DIONNE Hugues (dir.), Au-delà du néolibéralisme. Quel rôle pour les mouvements sociaux ? Sainte-Foy, Presses de l'Université du Québec.

19- DUBREUIL M., 2015, Convier les citoyens des quartiers populaires : prendre en compte leur expertise et favoriser leur pouvoir d'agir, PUL.

20- DUMAS A., 1991, Participation et projet de développement, revue Tiers Monde.

21- DURAND J.P., WEIL R., 1997, Sociologie Contemporaine, Paris, Vignot.

22- ELA Jean-Marc, 1990, Quand l'État pénètre en brousse, Paris, Karthala.

23- ELA Jean-Marc, 1994, Afrique : l'irruption des pauvres. Société contre ingérence, pouvoir et argent, Paris, L'Harmattan.

24- ETIENNE J., MENDRAS H., 1999, Les grands thèmes de Sociologie par les grands Sociologues, Paris, Armand Colin.

25- FINKEN M., 1996, Communes et gestion municipale au Cameroun, Yaoundé, CEPER.

26- HURARD M., 2011, La participation citoyenne au développement durable à l'échelle locale en Europe, Paris, Armand Colin.

27- KOM TCHUENTE Bernard, 1996, Développement Communal et gestion urbaine au Cameroun : les enjeux de la gestion municipale dans un système décentralisé, Yaoundé, Ed. CLE. 1996.

28- LAMBERT M., 2007, Participation citoyenne au niveau local : différents moyens et idées pour se lancer, PUF.

29- MEISTER, 1970, Participation, animation et développement à partir d'une étude rurale en Argentine, Paris, Anthropos.

30- MENDRAS H., 1989, Éléments de sociologie, Paris, Armand Collin.

31- MENDRAS Henri, FORSÉ Michel, 1983, Le changement social : tendances et paradigmes, Paris, Armand Colin.

32- MONDJANAGNI Alfred, 1984, La participation populaire au développement en Afrique noire, Paris, Karthala.

33- MONGA Célestin, 1990, Anthropologie de la colère. Société civile et démocratie en Afrique noire, Paris, L'Harmattan.

34- NACHMBACK Charles, 2003, Démocratisation et Décentralisation. Genèse et Dynamiques Comparées des Processus de Décentralisation en Afrique Sub-saharienne, Paris, Karthala / P.D.M.

35- PONDI J-E., 2011, Repenser le développement à partir de l'Afrique, AFREDIT.

36- POPOWSKI V., 2010, Mobilisation et participation des citoyen-ne-s dans les démarches de transition écologiques et énergétiques, Paris, HMH.

37- ROBBINS S., DECENZO D., GABILLET P., 2006, Management : L'essentiel des concepts et des pratiques, Paris, 4e éd., Nouveaux Horizons.

38- ROCHER Guy, 1968, Introduction à la sociologie générale, tome 3 : Le changement social, Paris, HMH.

39- SIMO D., 1998, La politique du développement à la croisée des chemins : le facteur culturel, Yaoundé, Ed. CLE.

40- TÖNNIES Ferdinand, 1977, Communauté et société : catégories fondamentales de la sociologie pure, Paris, Retz, CEPL.

41- VACHON, 1993, Développement local, théorie et pratique, réintroduire l'humain dans la logique de développement, Paris, L'Harmattan.

III. THESES ET MEMOIRES

42- ABOSSOLO MBANG P., 2005, « Initiatives locales de développement à partir des projets d'intérêts communautaires et réduction de la pauvreté en milieu rural : le cas du projet « l'eau c'est la vie » d'Otélé, dans l'Archidiocèse de Yaoundé», Yaoundé, Mémoire INJS.

43- AMAYANDE DIOUF A., 1992, Participation citoyenne et développement local : l'incidence des conseils de quartiers dans le développement territorial de la commune de Rosso-Sénégal. Mémoire Université Cheick Anta Diop, Dakar.

44- GLIGBÉ KOMI Gratias, 2005, « Microprojets et développement en milieux africains. Analyse des déterminants sociaux de l'activité économique. L'exemple du Programme pluriannuel des microréalisations du 7e Fonds européen de développement au Togo », Thèse de doctorat, Québec, Université Laval.

45- MENGOUNG André S., 2014, « Le développement communautaire en milieu rural par la coopération internationale décentralisée : le cas du programme villages du millénaire dans l'arrondissement de Meyomessi (Région du sud), Yaoundé, Mémoire INJS.

46- NGONGANG S. Henri, 1992, « Promotion des communautés villageoises : les approches de la Direction du Développement communautaire du Cameroun », Yaoundé, Mémoire INJS.

47- TERRESTRA NANG Jacques Adelain, 1994, « Animation et développement local : Problématique de la création d'un cadre juridique d'intégration des animateurs professionnels dans les communes », Yaoundé, Mémoire IIJS.

48- YODA Blaise, 2004, « Gestion participative des projets de développement rural. Outils et méthodes d'intervention », Meknes, Mémoire de 3ème Cycle en Agronomie, ENA,

IV. ARTICLES, RAPPORTS, MANUELS ET GUIDES

49- Anonyme, 2008, Guide Méthodologique d'élaboration et de mise en oeuvre des stratégies de communication et de marketing Communal, GIZ.

50- Anonyme, Plan Communal de Développement de la Commune d'Arrondissement de Tokombéré, 2013.

51- AMARATYA SEN, 2000, Combattre la pauvreté, Rapport sur le développement dans le monde.

52- ASSOGBA Yao, 1991, « L'organisation communautaire avec des communautés locales en Afrique », dans DOUCET Laval et FAVREAU Louis, Théories et pratiques en organisation communautaire, Québec, Presses de l'Université du Québec.

53- ASSOGBA Yao, 1993, « Entre la rationalité des intervenants et la rationalité des populations bénéficiaires : l'échec des projets en Afrique noire », Cahiers de géographie du Québec, vol. 37.

54- ASSOGBA Yao, 1997, « Mouvement paysan et développement au tiers-monde - le cas de l'Afrique noire », dans Klein Juan-Luis, Tremblay Pierre-André et Hugues Dionne (dir.). Au-delà du néolibéralisme. Quel rôle pour les mouvements sociaux ? Sainte-Foy, Presses de l'Université du Québec.

55- ASSOGBA Yao, 2008, « Développement communautaire en Afrique : Comprendre la dynamique des populations », Presses de l'Université Laval, 2008.

56- BOUKHARI M., 1997, Guide pour la réalisation du diagnostic global rapide et participatif, Meknes, DSVP, ENA.

57- MEDARD J-F., 1995, « Théories de l'échange social et échanges politiques », in CLAEYS, P.H., FROGNIER A.P., L'échange politique. Bruxelles : Centre de Sociologie politique et d'affaires publiques, Université Catholique de Louvain.

58- MERCOIRET Marie-Rose, 1990, « L'émergence des dynamiques locales, une réponse au désengagement de l'État », Séminaire sur l'avenir de l'agriculture des pays du Sahel, Montpellier, CIRAD et Club du Sahel.

59- MILHAUD Maurice, 1962, « Le développement communautaire, instrument de développement économique et social en Afrique », in Tiers-Monde, Tome 3 n°9-10.

60- OUATTARA Claude, 2003, « Développement communautaire et réduction de la pauvreté dans un contexte de décentralisation », Communication Séminaire ENDSA

61- SOME Jean-Bosco, 1989, « Les populations rurales face aux projets de développement », in La participation populaire au développement en Afrique noire, Paris, Karthala.

V. WEBOGRAPHIE

62- BENNOUR A., « La participation des habitants : Etat de la question », in http://ouisa.neufblog.com

VI. TEXTES ET LOIS

63- Loi N° 2004/017 du 22 juillet 2004 d'orientation de la décentralisation

64- Loi N° 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes

65- Loi N° 2004/019 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux régions

TABLE DE MATIERES

SOMMAIRE i

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

SIGLES ET ABBREVIATIONS iv

LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES v

RESUME vi

ABSTRACT vii

INTRODUCTION GENERALE 1

I- CONTEXTE ET JUSTIFICATION 2

I.1- Contexte de l'étude 2

I.2- Justification de l'étude 3

II- OBJET DE L'ETUDE 4

III. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 4

III.1. Objectif général 4

III.2. Objectifs spécifiques 4

IV. PROBLEME DE RECHERCHE 4

V. QUESTIONS DE RECHERCHE 5

V.1. Question générale 5

V.2. Questions spécifiques 5

VI. INTERET DE L'ETUDE 6

VII. DOMAINE DE RECHERCHE 7

VIII. DELIMITATION DU SUJET 7

VIII.1. Délimitation spatiale 7

VIII.2. Délimitation temporelle 8

IX. APPROCHE METHODOLOGIQUE 8

X. ANNONCE DU PLAN 9

CHAPITRE I : DEFINITION DES CONCEPTS 10

ET REVUE DE LA LITTERATURE 10

I. DEFINITION DES CONCEPTS 10

I.1 Participation 10

I.2 Citoyen(ne), citoyenneté 13

I.3 Participation citoyenne 16

1.4- Communication 17

I.4.1- Définition étymologique 17

I.4.2- Définition selon les pensées sociales 17

I.4.3- Communication et relations humaines 18

I.4.4- Des principaux types de communication 18

1.5- La Commune 19

II. REVUE DE LA LITTERATURE 21

II.1 Revue De La littérature sur la participation citoyenne 21

II.2- Revue de la littérature sur la communication communale 24

CHAPITRE II : ETAT DES LIEUX DE LA PARTICIPATION CITOYENNE 27

A TOKOMBERE 27

I. MONOGRAPHIE DE TOKOMBERE 27

I.1- Localisation de la Commune 27

I.2- Milieu biophysique 27

I.2.1- Le climat 27

I.2.2- Le relief 28

I.2.3- Les sols 28

I.2.4- L'hydrographie 28

I.2.5- La faune 29

I.2.6- La flore et végétation 29

I.2.7- Les ressources minières 30

I.3.- Milieu socioéconomique 30

I.3.1- Milieu social 30

I.3.1.1- L'histoire de la Commune 30

I.3.1.2- La démographie 30

I.3.1.3- Taille et structure de la population 31

I.3.1.4- Groupes ethniques et relations interethniques 31

I.3.1.5- Les religions 32

I.3.1.6- Mobilité des populations 32

I.3.1.7- Organisation sociale 32

I.3.1.8- L'habitat 32

I.3.1.9- Système foncier 33

I.3.2- Activités économiques 33

I.3.2.1- Agriculture 33

I.3.2.2- Elevage 33

I.3.2.4- Exploitation des ressources forestières 34

I.3.2.5- Activités commerciales 34

I.3.2.6- Autres activités 35

I.4- Principaux services sociaux de l'espace communal 35

I.4.1- Education de base 35

I.4.2- Enseignement secondaire 35

I.4.3- Santé publique : 36

I.4.4- Infrastructures socioculturelles et sportives 36

I.4.5- Eau et assainissement 37

I.4.6- Electricité 37

I.4.7- Commerce 37

I.4.8- Communication et télécommunication 37

I.4.9- Tourisme et loisirs 38

I.4.10- Réseau routier 38

II. ETAT DES LIEUX DE LA PARTICIPATION CITOYENNE DANS LA COMMUNE D'ARRONDISSEMENT DE TOKOMBERE 38

II.1- Sur le plan politique 39

II.2- Sur le plan économique 40

II.3- Sur le plan socioculturel 41

CHAPITRE III : ANALYSE-DIAGNOSTIQUE DE LA PARTICIPATION CITOYENNE A L'AUNE DU DISPOSITIF COMMUNICATIONNEL DE LA COMMUNE D'ARRONDISSEMENT DE TOKOMBERE 43

I- ANALYSE DESCRIPTIVE DU DISPOSITIF COMMUNICATIONNEL DE LA COMMUNE D'ARRONDISSEMENT DE TOKOMBERE 43

I.1- Des objectifs de la communication communale 43

I.2- De la communication interne 44

I.3- De la communication externe 46

II- RAPPORT ENTRE LE DISPOSITIF COMMUNICATIONNEL ET LE DEGRE DE PARTICIPATION CITOYENNE DANS LA COMMUNE D'ARRONDISSEMENT DE TOKOMBERE 48

II.1- Impact sur le plan politique 48

II.2- Impact sur le plan économique 49

II.3- Impact sur le plan socioculturel 50

CHAPITRE IV : METHODOLOGIE, PRESENTATION, ANALYSE DES RESULTATS ET SUGGESTIONS 52

I- METHODOLOGIE DE L'ETUDE 52

I.1- Techniques, méthode de collecte des données, population d'étude et échantillonnage 52

I.1.1- Méthodes et techniques de collecte des données de l'enquête 52

I.1.1.1-La recherche documentaire 53

I.1.1.2- l'Observation directe 53

I.1.1.3- L'entretien 54

I.1.2- Population d'étude et échantillonnage 55

I.2- Validation des instruments de collecte et description du déroulé de l'enquête 58

I.2.1- Validation des instruments de collecte des données 58

I.2.1- Déroulement de l'enquête 59

I.3- méthodes d'analyse des données et difficultés rencontrées 60

I.3.1- Méthodes d'analyse des données 60

I.3.1- Difficultés rencontrées 61

II- PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS 62

II.1- Présentation des résultats de l'enquête 62

II.1.1- Présentation des résultats de la recherche documentaire 62

II.1.2 Présentation des résultats de l'observation directe 62

II.1.3 présentation des résultats des entretiens 63

II.2- Interprétation des données de terrain 66

III- PERSPECTIVES ENVISAGEES 68

III.1- Perspectives théoriques 68

III.1.1- À l'endroit du gouvernement 68

III.1.2- À l'endroit de l'exécutif communal 69

III.1.3- À l'endroit des partenaires au développement 69

III.1.4- À l'endroit des populations locales 70

III.2- Projet de renforcement des capacités des acteurs communaux en matière de communication participative locale 71

III.2.1- Contexte et justification du projet 71

III.2.2- Chronogramme des activités 71

III.2.3- Objectifs du séminaire 76

III.2.4- Résultats attendus 76

III.2.5- Indicateurs de résultats 76

III.2.6- Actions à mettre en oeuvre 77

III.2.7- Parties prenantes 77

III.2.8- Ressources à mobiliser 78

III.2.9- Etat estimatif des besoins 80

III.2.10- Suivi- évaluation 80

BIBLIOGRAPHIE 83

I. OUVRAGES METHODOLOGIQUES 83

II. OUVRAGES GENERAUX 83

V. WEBOGRAPHIE 86

VI. TEXTES ET LOIS 86

TABLE DE MATIERES 87






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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius