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état de lieu de la chaine de valeur feuilles de manioc à  Kinshasa et ses environs.


par Theresia Tshimungu Londa
Université de Kinshasa - Diplôme d'ingénieur agronome 2016
  

Disponible en mode multipage

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EPIGRAPHE

Un bonheur que rien n'a entamé succombe à la moindre atteinte ; mais quand on doit se battre contre les difficultés incessantes, on s'aguerrit dans l'épreuve, on résiste à n'importe quels maux, et même si l'on trébuche, on lutte encore à genoux.

SENEQUE

II

DEDICACE

A mon père, Robert TSHIMUNGU wa TSHIMUNGU, pour avoir vu en moi, l'ingénieur devenu aujourd'hui pendant que je n'avais pas encore l'âge d'aller à l'école ;

A ma mère, le Professeur Espérance Bayedila Bakanda pour tous les efforts consentis, la confiance, les encouragements, l'amour et l'affection manifestés à mon égard ;

Je dédie ce travail.

III

TABLE DES MATIERES

EPIGRAPHE i

DEDICACE ii

TABLE DES MATIERES iii

REMERCIEMENTS vi

LISTE DES TABLEAUX viii

LISTE DES FIGURES x

RESUME xi

INTRODUCTION 1

1. CONTEXTE 1

2. PROBLEMATIQUE 2

3. HYPOTHESES 3

4. OBJECTIFS DE L'ETUDE 3

5. IMPORTANCE DE L'ETUDE 3

7. DIFFICULTES RENCONTREES 4

8. ORGANISATION DU TRAVAIL 5

PREMIERE PARTIE 6

CADRE THEORIQUE ET CONTEXTE DE L'ETUDE 6

CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE DE L'ETUDE 7

1. DEFINITION DE QUELQUES CONCEPTS 7

1.1. Notion de filière 7

1.2. Concept de chaîne de valeur 7

1.2.1. Définition 7

1.2.2. Chaine de valeur et agriculture 9

1.3. Agent ou acteur économique 10

1.4. Rentabilité économique et valeur ajoutée 11

1.5. Zone périurbaine 11

2. FILIERE MANIOC EN RDC 11

2.1. Origine et description 11

2.2. Place du manioc dans le PNIA 12

2.3. Importance économique de la filière manioc en RDC 12

2.4. Consommation et utilisation des feuilles de manioc en RDC 13

iv

CHAPITRE II : MILIEU D'ETUDE ET METHODOLOGIE 14

1. MILIEU D'ETUDE 14

1.1. Présentation de la ville-province de Kinshasa 14

1.1.1. Aspect géographique 14

1.1.2. Aspect administratif 15

1.1.3. Perspectives démographiques et structure de la population kinoise 16

1.1.4. Indicateurs socio-économiques 17

1.1.4.1. Pauvreté et conditions de vie 17

1.1.4.2. Emplois et revenus 17

1.1.5. Agriculture 17

1.1.6. Consommation et habitudes alimentaires 18

1.2. Présentation de la zone d'étude 18

1.2.1. Commune de Maluku 19

1.2.1.1. Menkao 19

1.2.1.2. Mangengenge 19

1.2.2. Commune de N'djili 19

1.2.3. Territoire de Kasangulu 20

1.2.4. Marchés secondaires : Matamba et UPN 20

1.2.5. Marchés tertiaires : Ngaba et Mbanza-Lemba 20

1.2.6. Supermarchés 21

2. METHODOLOGIE 21

2.1. Méthodes de collecte des données 21

2.1.1. Documentation 21

2.1.2 Enquête 21

2.1.2.2. Enquête proprement dite 21

2.2. Cadre théorique de référence 24

2.2.1. Approche d'analyse des acteurs selon le paradigme SCP 24

2.2.2 Analyse de la chaine de valeur 24

DEUXIEME PARTIE 26

PRESENTATION DES RESULTATS ET DISCUSSION 26

CHAPITRE III : ANALYSE DE PRINCIPAUX ACTEURS DE LA CHAINE DE VALEUR

ET LEURS ACTIVITES 27

3.1. CARTOGRAPHIE DES ACTEURS DE LA CHAINE DE VALEUR 27

3.2. ANALYSE DES PRINCIPAUX ACTEURS ET LEURS ACTIVITES 30

V

3.2.1. LES PRODUCTEURS DES FEUILLES DE MANIOC 30

3.2.1.1. Accès aux facteurs de production 30

3.2.1.2. Activités de production des feuilles de manioc 32

3.2.2. COMMERCIALISATION DES FEUILLES DE MANIOC 37

3.2.2.1. Situation au marché Matamba 38

3.2.2.2. Situation du marché UPN 40

3.2.2.3. Transport 41

3.2.3. LES TRANSFORMATEURS DES FEUILLES DE MANIOC 42

3.2.3.1. Prestataire de service 42

3.3.1.2. Organisation du travail 43

3.2.3.2. Transformateur-commerçant des feuilles moulues 44

3.2.3.3. Transformateur-commerçant des feuilles de manioc préparées 45

CHAPITRE IV. ANALYSE FINANCIERE DES AGENTS TYPES ET VALEUR AJOUTEE

DANS LA CHAINE DE VALEUR FEUILLES DE MANIOC 47

4.1. ANALYSE FINANCIERE DES AGENTS TYPES DE LA CHAINE DE VALEUR 47

4.1.1. Analyse financière annuelle d'un producteur de feuilles de manioc 47

4.1.1.1. Producteur des feuilles « Kongo » au Plateau de Batéké 47

4.1.1.2. Producteur des feuilles « caoutchouc » à Maluku 49

4.1.1.3. Analyse comparative des comptes d'exploitation des producteurs de « Kongo » et

« Caoutchouc ». 50

4.1.2. Analyse financière d'un commerçant des feuilles de manioc 51

4.1.2.1. Commerce en gros des feuilles de manioc 51

4.1.2.1. Commerce en détail des feuilles de manioc 54

4.1.3. Analyse financière d'un transformateur de feuilles de manioc 57

4.1.3.1. Transformateurs - Prestataires de service 57

4.1.3.2. Transformateur - commerçant des feuilles moulues 58

4.1.3.3. Transformateur - commerçant de feuilles de manioc préparées 60

4.2. PRIX ET VALEUR AJOUTEE DANS LA CHAINE DE VALEUR 62

DISCUSSION 65

CONCLUSION 67

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 69

ANNEXE 73

Theresia TSHIMUNGU LONDA.

vi

REMERCIEMENTS

« Mieux vaut la fin d'une chose que son commencement », c'est la phrase adéquate après cinq années marquées des hauts et des bas, pour exprimer un certain soulagement du travail accompli qui sanctionne la fin de notre formation en vue de l'obtention du diplôme d'ingénieur agronome.

Gloire soit rendu à Dieu Tout Puissant qui dans sa fidélité, nous fait atteindre les sommets qui pour nous demeurent impossibles. Penser à ce cycle bouclé, nous emmène à remercier les corps académique et scientifique de l'Université de Kinshasa pour cette formation aussi bien de marque que de qualité. Au plus profond de nous-mêmes nous reconnaissons ne pouvoir vous dire si bien merci qu'en faisant votre honneur. De manière particulière nous tenons à exprimer nos sentiments de gratitude et remerciements aux personnes physiques et morales suivantes :

Le Professeur MPANZU BALOMBA Patience pour sa disponibilité et son attention dans la direction de ce travail. Ses conseils, ses remarques, sa rigueur et sa patience nous ont permis d'atteindre nos objectifs pour ce deuxième cycle de notre formation en économie agricole ;

Le Chef des Travaux, BONKENA Papy, pour sa disponibilité dans la documentation, l'encadrement, la correction et le traitement des données sans quoi la réalisation du présent travail serait impossible ;

Les Professeurs KINKELA SAVY Charles, NTOTO MVUMBI Roger, PONCELET Marc et BAUDOIN Michel, pour la marque de confiance manifestée à l'endroit de notre personne, leurs différentes contributions et suggestions qui ont permis d'affiner les fruits de nos recherches ainsi que le centre Wallonie Bruxelles pour le soutien financier à la réalisation de ce travail ;

Mes soeurs Myriam, Julia, et Sophia, mon aimable frère Jordan, la grande famille TSHIMUNGU-BAYEDILA, ainsi Monsieur MPANI Adrien ainsi et le Pasteur TSHIMANGA Dieudonné pour l'affection et le soutien tant matériel que spirituel ;

Mes quatre grandes familles « Ecodim », « JPC », « The Lord's Singers », « Agro For Christ », de tous les moments marquant de notre vie partagés ensemble, et pour la compréhension dont elles ont fait montre pendant tout ce temps de perturbation, c'est un partenariat pour la vie ;

Mes amis Francis BESALA, Gradi LUAKANDA, Marianne MALEKA, Sarah MBOTIKA, Freddy AETOMBI, Rachel MPUNGA, Willy KASEMBE et Noel KINDA, pour leur encouragement et leur confiance en notre personne, vous êtes des rares qui croient en moi, de tout coeur je vous aime. Enfin, que tous ceux qui n'ont pas étés nommément cités soient convaincus de notre profonde reconnaissance.

vii

LISTE DES ABREVIATIONS

DSCRP : Document de la Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté

FAO : Fonds des Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation

FC : Franc Congolais

FEC : Fédération des Entreprises du Congo

FIDA : Fond International de Développement Agricole

g : gramme

ha : hectare

IITA : Institut International des Recherches de l'Agriculture Tropicale

INS : Institut National des Statistiques

kg : Kilogramme

MINAGRI : Ministère d'Agriculture

NEPAD : Nouveau Partenariat pour le Développement en Afrique

OCC : Office Congolais de Contrôle

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PDDAA : Programme Détaillé de Développement de l'Agriculture Africaine

PNIA : Programme National d'Investissements Agricoles

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PTF : Partenaires Techniques et Financières

RDC : République Démocratique du Congo

USD : Dollars Américain

VIII

LISTE DES TABLEAUX

Tableau n° 1 : Rémunération de la main d'oeuvre 34

Tableau n° 2 : Rendement moyen en feuilles de manioc 37

Tableau n° 3 : Etape, durée et responsable de la tâche 46

Tableau n° 4 : Compte d'exploitation d'un producteur de feuilles (1 ha) dont la récolte se fait

pendant la saison sèche (Plateau de Batéké) 51
Tableau n° 5 : Compte d'exploitation d'un producteur de feuilles (1 ha) dont la récolte de se

fait pendant la saison pluvieuse (Plateau de Batéké). 52
Tableau n° 6 : Compte annuel d'exploitation d'un producteur de feuilles de manioc (1 ha) à

Mangengenge 53
Tableau n° 7 : Compte d'exploitation des producteurs des feuilles « Kongo » et

« Caoutchouc » 54
Tableau n° 8 : Compte d'exploitation d'un commerçant grossiste (1 ha) qui s'approvisionne

au plateau de Batéké (saison pluvieuse) 55
Tableau n° 9 : Compte d'exploitation d'un commerçant grossiste (1 ha) qui s'approvisionne

au plateau de Batéké (saison sèche) 56
Tableau n° 10: Compte d'exploitation d'un commerçant grossiste (1 ha) qui s'approvisionne

au marché de Matamba en saison pluvieuse 57
Tableau n° 11: Compte d'exploitation d'un commerçant grossiste qui s'approvisionne au

marché Matamba en saison sèche 57
Tableau n° 12: Compte d'exploitation d'un commerçant détaillant à UPN de feuilles de

manioc à Kinshasa pendant la saison pluvieuse 58
Tableau n° 13 : Compte d'exploitation d'un commerçant détaillant de feuilles de manioc à

UPN pendant la saison sèche 59
Tableau n° 14: Compte d'exploitation d'un commerçant détaillant s'approvisionnant au

marché Matamba en saison pluvieuse 59
Tableau n° 15 : Analyse financière en FC d'un commerçant détaillant au niveau de Matamba

en saison sèche 60
Tableau n° 16 : Compte d'exploitation mensuel d'un transformateur - prestataire de

service 61
Tableau n° 17: Compte d'exploitation d'un transformateur-commerçant spécialisé pendant la

saison sèche 62

ix

Tableau n° 18: Compte d'exploitation d'un transformateur-commerçant spécialisé pendant la

saison de pluie 63
Tableau n° 19 : Compte d'exploitation d'un transformateur-commerçant au supermarché 64

Tableau n° 20 : Compte d'exploitation journalier d'un restaurant moderne 65

Tableau n° 21 : Compte d'exploitation journalier d'un restaurant de fortune 66

Tableau n° 22 : Prix et valeur ajoutée dans la chaine de valeur pendant la saison pluvieuse,

pour la partie Est de la capitale 67
Tableau n° 23 : Prix et valeur ajoutée dans la chaine de valeur pendant la saison sèche, pour

la partie Est de la capitale 67
Tableau n° 24 : Prix et valeur ajoutée dans la chaîne de valeur pendant la saison pluvieuse

pour la partie Ouest de la capitale 68
Tableau n° 25 : Prix et valeur ajoutée dans la chaîne de valeur pendant la saison sèche pour

la partie Ouest de la capitale 68

X

LISTE DES FIGURES

Figure n° 1 : Schéma classique de la Chaîne de valeur (Porter, 1986) 8

Figure n° 2 : Étapes de la chaîne de valeur agricole, (World Bank, 2008) 10
Figure n°3 : Courbe de l'évolution de la population de Kinshasa (1920 - 2012) (Source :

www.Populstat world Gazetteer.org) 20

Figure n°4: Cartographie des acteurs de la chaine de valeur 32

LISTE DES CARTES

Carte n°1 : Carte de la ville de Kinshasa subdivision administrative 35

xi

RESUME

Le manioc est cultivé pour ses tubercules et ses feuilles, sources de calories et de revenus importants pour les populations. Il se consomme sous différentes formes. De plus, les feuilles de manioc constituent le premier légume du pays, consommé sous différentes formes par tous les congolais. Elles représentent une source de protéine et de nutrition essentielle pour la vaste majorité de la population et pourront ainsi favoriser la sécurité nutritionnelle et alimentaire. Vu l'importance de feuilles de manioc comme source de revenu et d'approvisionnement alimentaire des populations de Kinshasa et de sa périphérie, la présente étude s'est proposée de faire un état des lieux de la chaîne de valeur « feuilles de manioc » dans la ville-province de Kinshasa, avec la particularité d'axer l'analyse, sur les aspects économiques et financiers de la production, de la commercialisation et de la transformation.

Il ressort de ces investigations que les différentes activités dans la chaine de valeur feuilles de manioc sont rentables et compétitives en dépit de différentes contraintes que ces acteurs rencontrent :

Les producteurs de différentes espèces du manioc arrivent à supporter les charges liées à la production et à dégager un profit. Cependant les matériels de productions utilisés sont non performants ainsi ne permettent pas une maximisation de la production ;

Le grossiste dégage une marge allant de 16,66 % à 37,43 % et le détaillant dégage une marge allant de 15 % à 38,42 %

Les transformateurs à différents niveaux, réalisent des profits intéressants. Les transformateurs prestataires de service dégagent une marge de 46,48 %. Les transformateurs spécialisés en production des feuilles moulues dégagent une marge bénéficiaire de 77,5 % à 81,46 % du chiffre d'affaire. Les transformateurs non spécialisés en production des feuilles moulues dans les supermarchés, dégagent une marge bénéficiaire de 67,39 % du chiffre d'affaire. Les transformateurs des feuilles préparées dégagent une marge bénéficiaire de 81,10 %

Les fonctions les plus valorisantes sont celles exécutées par les transformateurs des feuilles de manioc en feuilles moulues et en plat.

Les prix au producteur et au commerçant varient en fonction de saison. Pendant la saison sèche (période de rareté) les prix augmentent de plus de 100 %.

La ville-province de Kinshasa, compte tenu de sa démographie, produit des quantités appréciables de tubercules et feuilles de manioc, toutefois elle demeure le principal débouché

1

INTRODUCTION

1. CONTEXTE

L'Afrique Subsaharienne conserve la croissance démographique la plus rapide du monde, 2,4 % en 2001 contre 0,8 à 2 % dans les autres régions en voie de développement. Elle représente aujourd'hui 10 % de la population mondiale et 13 % de celles des régions dites en développement (Tabutin et Schoumaker, 2006). Cette forte croissance se traduit par l'augmentation du taux d'urbanisation dans la mesure où une bonne partie de cette population est concentrée dans les grandes agglomérations urbaines.

Le République Démocratique du Congo ne semble pas être épargnée de cette situation. La RDC figure parmi les pays ayant une forte croissance démographique (2,7%). En un peu plus d'un demi-siècle, la population congolaise habitant les zones urbaines a augmenté d'environ 20% passant de 20,1% en 1960 à 40% en 2015 ; ce taux pourrait atteindre 57% en 2050 (World Urbanization Prospect, 2014).

Potentiellement dotée par la nature, la RDC présente des conditions agro-écologiques idéales pour assurer la sécurité alimentaire du pays et réaliser des exportations agricoles rentables. Les sols y sont fertiles ; les milieux naturels et le climat diversifié (TECSULT-AECOM 2009 ; Chausse et al. 2012) ; ce qui permet de réaliser plusieurs types de cultures.

Plus de 600 millions d'habitants d'Afrique, d'Asie et d'Amérique Latine dépendent du manioc pour vivre (FIDA., 2008). Il pousse sur des sols peu fertiles sur lesquels d'autres cultures sont impossibles. Il est moins exigeant en fertilisants (engrais et pesticides, etc.). En outre, son cycle de production est avantageusement utilisé par les populations pour lutter contre l'insécurité alimentaire vu qu'il peut être récolté à tout moment (entre 8 et 24 mois après la plantation) (FAO., 2000).

Le manioc est une culture de la réalisation de la sécurité alimentaire étant donné qu'il est produit, transformé, commercialisé et consommé dans toutes les provinces de la RDC avec toutes les implications de revenu induites par les différents produits et services occasionnés (Khonde, 2001).

Le manioc est cultivé pour ses tubercules et ses feuilles, sources de calories et de revenus importants pour les populations. Il se consomme sous différentes formes. De plus, les feuilles de manioc constituent le premier légume du pays, consommé sous différentes formes par tous les congolais. Les feuilles de manioc représentent une source de protéine et de nutrition essentielle pour la vaste majorité de la population et pourront ainsi favoriser la sécurité nutritionnelle et alimentaire.

2

pour les producteurs de manioc des provinces limitrophes, comme c'est d'ailleurs le cas pour la plupart des produits vivriers locaux.

2. PROBLEMATIQUE

La ville-province de Kinshasa, capitale politique de la RDC connait une croissance démographique rapide. Sur base des projections réalisées par l'Institut National des Statistiques (INS), la population de Kinshasa était de 7.017.000 habitants en 2005. Selon diverses sources (Nzuzi, 2008 ; Anonyme, 2015), Kinshasa devrait compter actuellement plus de 12 millions d'habitants.

Cette croissance a des incidences sur la production agricole et la sécurité alimentaire. En effet, avec une croissance continue de la population et sans une motivation correspondante pour une production importante d'aliments, la sécurité alimentaire est compromise (IRAD, 2003).

La culture du manioc du fait, de sa spécificité (consommation faible d'intrants, hauts rendements), est une aubaine dans la lutte contre l'insécurité alimentaire en RDC. En effet le manioc contribue et peut contribuer davantage à la réalisation de la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté des ménages aussi bien en milieu rural qu'urbain. La lutte contre la pauvreté est aujourd'hui l'une des préoccupations majeures des politiques en RDC. Cette vision ne peut connaitre des résultats concrets que par la promotion des filières agricoles à haut potentiel économique comme celle du manioc.

Le manioc est cultivé pour ses tubercules et ses feuilles qui constituent le premier légume du pays, consommé par tous les congolais (TECSULT-AECOM, 2009 ; Goossens, 1994 ; Khonde, 2001). Malheureusement, on constate une absence criante des études approfondies sur la chaîne de valeur « feuille de manioc » notamment sur la rentabilité à différents maillons de la chaine. La plupart d'études réalisées jusqu'ici se sont focalisées sur les chaines de valeur racines tubéreuses de manioc.

S'il est vrai que la reproductibilité des activités de la filière est fortement liée à sa rentabilité (FAO, 2006), il faut admettre que la situation de la chaîne de valeur feuilles de manioc reste encore inconnue, faute de données.

Vu l'importance de feuilles de manioc comme source de revenu et aliment pour les populations de Kinshasa et de sa périphérie, la présente étude se propose de répondre à la question principale suivante : comment fonctionne la chaîne de valeur feuilles de manioc à Kinshasa et dans sa périphérie ?

De manière spécifique, l'étude se propose de répondre aux interrogations suivantes : Quels sont les acteurs de la chaîne de valeur feuilles de manioc dans la zone périurbaine de Kinshasa ? Comment sont organisés les acteurs de la chaine de valeur feuilles de manioc ? Quels sont les coûts engagés, les marges dégagées et les valeurs ajoutées à chaque maillon de la chaîne de valeur ?

3

3. HYPOTHESES

Eu égard aux différentes questions soulevées dans la problématique, les hypothèses suivantes ont été formulées :

- Les acteurs de la chaine de valeur feuilles de manioc sont ceux habituellement rencontrés dans la plupart des chaines de valeur vivrières en RDC. Il s'agit notamment de : producteurs, commerçants de gros et de détail, transporteurs et transformateurs ;

- Les acteurs de la chaine de valeur feuilles de manioc sont organisés de manière informelle. Les relations entre les différents acteurs de la chaine de valeur ne sont ni formelles ni structurées. Il n'y a pas de contrat écrit entre différents acteurs. Tout se fait à travers des engagements verbaux ce qui peut poser des problèmes en cas de promesses non tenues. Toutefois le système étant tellement bien rodé que l'informel semblerait ne pas constituer un frein au développement des transactions commerciales ;

- Les coûts engagés dans les différents maillons de la chaine de valeur augmentent ainsi le coût du dernier acteur et pèse au niveau du consommateur. Dans tous les cas, les marges réalisées par les différents acteurs seraient confortables ce qui expliquerait sans doute le développement de la chaine de valeur feuille de manioc. Les valeurs ajoutées seraient aussi intéressantes lorsqu'on voit les rôles joués par différents acteurs.

4. OBJECTIFS DE L'ETUDE

L'objectif général de la présente étude est de faire un état des lieux de la chaîne de valeur feuilles de manioc dans la ville-province de Kinshasa avec la particularité d'axer l'analyse sur les aspects économiques et financiers de la production, de la commercialisation et de la transformation.

Spécifiquement, il s'agit de :

? identifier les acteurs impliqués dans la chaîne de valeur feuilles de manioc dans la zone d'étude ;

? décrire les activités des acteurs

? identifier les contraintes rencontrées à différents niveaux de la chaîne de valeur ;

? estimer les coûts engagés, les marges dégagées, les valeurs ajoutées et la rentabilité à chaque maillon de la chaîne de valeur.

5. IMPORTANCE DE L'ETUDE

La présente étude revêt un double intérêt : théorique et pratique.

Théoriquement, l'étude va générer des connaissances sur la filière manioc en général et la chaîne de valeur feuilles de manioc à Kinshasa en particulier.

4

Dans la pratique, elle sera utile aux différents acteurs de la chaîne de valeur (producteurs, commerçants et transformateurs), aux services techniques d'appui (Ministère de l'agriculture et du développement rural), aux services d'appui financiers (banques et microfinances), aux institutions de recherche, aux partenaires techniques et financiers (PTF) du secteur de l'agriculture et aux décideurs politiques.

En effet, l'étude procurera à tous ces acteurs des informations sur les modalités de l'offre, les prix pratiqués, les modalités de distribution etc. Les résultats permettront aux services étatiques de disposer des éléments pouvant aider à réorienter les interventions sur le terrain, de manière à considérer le potentiel économique des feuilles de manioc mais aussi dans le développement des politiques agricoles futures.

Les décideurs et les partenaires techniques et financiers pourront utiliser les résultats de l'étude pour initier, en partenariat avec le gouvernement congolais, des stratégies de développement de la filière manioc qui intégreraient le développement de la chaîne de valeur feuilles en RDC en général et à Kinshasa en particulier.

6. METHODOLOGIE

Afin de répondre aux différentes préoccupations ci-dessus soulevées, la démarche méthodologique s'est articulée autour de trois grandes rubriques : la documentation, l'enquête (recherche) qualitative et l'observation.

La méthode documentaire a permis de mettre en place la revue de la littérature sur le contexte, le milieu d'étude, le cadre théorique et conceptuel de l'étude.

L'enquête qualitative a permis de collecter l'essentiel des données de terrain exploitées dans cette étude. En effet, les investigations ont ciblé judicieusement les producteurs de différentes espèces de feuilles de manioc, les distributeurs (grossistes et détaillants), les prestataires de services (transformateurs dans les marchés municipaux, équipage et transporteurs) y compris les acteurs institutionnels notamment l'IITA.

L'observation a permis de tirer les informations utiles sur les acteurs et l'organisation des activités afin d'affiner et de mettre en relief les données d'enquêtes.

7. DIFFICULTES RENCONTREES

L'ensemble de techniques utilisées dans la collecte des informations a rencontré quelques limites. La première limite concerne la carence d'informations détaillées sur la production, la commercialisation et la transformation des feuilles de manioc. Il a été particulièrement difficile de disposer des statistiques agricoles fiables sur la production et la commercialisation des feuilles de manioc au niveau des institutions nationales.

5

La deuxième limite a concerné les enquêtes proprement dites. Les principales difficultés rencontrées étaient :

- L'identification des acteurs clés ;

- La mise en confiance des personnes à enquêter a nécessité parfois un certain temps pour s'adapter aux programmes des personnes à enquêter ;

- Les interviews sur le lieu de travail des acteurs (champs, marchés etc.) avec des arrêts fréquents. Ceci prolongeait très souvent les entretiens ;

- L'obligation de procéder à quelques achats pour avoir l'autorisation de manipuler les produits vivriers (observer et peser notamment) ;

- La nécessité de rentrer dans le langage du milieu pour une meilleure compréhension des questions.

En résumé, pour ce qui concerne les enquêtes, il était donc important de savoir s'adapter aux conditions de terrain en usant parfois des talents de négociateur et de diplomate.

8. ORGANISATION DU TRAVAIL

La présente étude est le fruit des recherches effectuées durant cinq mois : du mois d'août au mois de décembre 2016 dans la province de Kinshasa et ses environs. Outre sa partie introductive, ce travail se structure en deux parties pour un total de quatre chapitres.

La première partie de l'étude fixe le cadre conceptuel, le milieu et le contexte de l'étude. Dans son premier chapitre, elle présente le cadre théorique et définit les concepts clés, utilisés pour analyser le problème. Le deuxième chapitre se focalise sur le contexte de l'étude : il présente le contexte géographique, économique et politique de la zone d'étude par une analyse descriptive de l'environnement politique et socio-économique général de la RDC. Ce chapitre comprend aussi la présentation de différents aspects de la région d'étude : la ville-province de Kinshasa.

La deuxième partie, basée sur des données primaires issues des enquêtes, présente les principaux résultats des investigations menées sur terrain. Le troisième chapitre présente la situation de chaque acteur et son activité. Le quatrième chapitre présente les analyses financières de chaque acteur pendant chaque saison : sèche et pluvieuse.

6

PREMIERE PARTIE

CADRE THEORIQUE ET CONTEXTE DE L'ETUDE

7

CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE DE L'ETUDE

Ce chapitre présente le cadre théorique, les concepts et passe en revue la littérature en rapport avec le thème d'étude.

1. DEFINITION DE QUELQUES CONCEPTS

Afin de mener à bien cette étude, il est indispensable d'harmoniser les idées que l'on se fait d'un certain nombre de termes et expressions liés étroitement à la présente recherche. Les termes et expressions à clarifier sont: filière, chaîne de valeur, agent économique, analyse économique et zone périurbaine.

1.1. Notion de filière

Le concept filière est né à partir des travaux précurseurs de Davis et Golberg en 1957 à l'Université d'Harvard appliqués au blé, au soja et aux oranges. Pour Golberg, « l'approche filière (commodity system) englobe tous les participants impliqués dans la production, la transformation et la commercialisation d'un seul produit agricole.

La filière retrace d'abord la succession des opérations qui, partant en amont du produit, aboutit en aval, après plusieurs stades de transfert dans le temps, l'espace et la forme, à un produit fini au niveau du consommateur.

1.2. Concept de chaîne de valeur

1.2.1. Définition

La chaîne de valeur est une approche systématique visant à examiner le développement d'un avantage concurrentiel. Le concept de chaine de valeur a été créé par Michael Porter dans son livre « l'avantage concurrentiel » en 1986. La chaîne se compose d'une série d'activités ajoutant de la valeur. Elles aboutissent à la valeur totale fournie par une entreprise. La marge représentée dans le diagramme ci-dessous est la valeur ajoutée. Les activités de l'entreprise se divisent en deux grandes familles : les « activités principales » et les « activités de soutien ».

8

Figure 1 : Schéma classique de la Chaîne de valeur (Porter, 1986).

La chaîne de valeur décrit l'ensemble des activités nécessaires pour mener un produit ou un service de sa conception, à travers différentes phases de production (impliquant une succession de transformations physiques et d'utilisations de divers services), à sa distribution aux consommateurs finaux, puis à sa destruction après utilisation. La production, en tant que telle, est seulement l'une des étapes permettant de créer de la valeur ajoutée. Il y a un ensemble d'activités dans la chaîne, toutes liées les unes aux autres (Kaplinsky et Morris, 2000).

D'après Stratégor (1993), la performance globale de la chaîne de valeur peut être améliorée à la fois par un renforcement de chaque maillon et par un renforcement des liaisons entre les maillons (Tallec et Bockel, 2005).

La chaîne de valeur se réfère à la gamme complète des activités qui sont nécessaires pour amener un produit (ou un service), de la conception, à travers les différentes phases de la production et de la livraison, au consommateur final et à l'élimination après usage (Kaplinsky, 1999 ; Kaplinsky et Morris, 2001). En outre, une chaîne de valeur existe lorsque tous les intervenants dans la chaîne opèrent de manière à maximiser la génération de valeur le long de la chaîne.

Les activités principales de la chaine de valeur sont : la logistique interne, la production, la logistique externe, les ventes et marketing et les services. Tandis que les activités de soutien se réfèrent à l'approvisionnement, au développement technologique, la recherche et développement, la gestion des ressources humaines et les infrastructures de l'entreprise.

9

1.2.2. Chaine de valeur et agriculture

L'approche chaîne de valeur est principalement un outil descriptif permettant d'identifier les interactions entre les différents acteurs. Comme outil descriptif, elle renferme divers avantages dans la mesure où elle oblige l'analyste à considérer à la fois les aspects micro et macro impliqués dans les activités de production et d'échange. L'analyse des produits de base peut offrir un meilleur aperçu des structures organisationnelles, des stratégies de différents acteurs et une compréhension des processus économiques qui sont souvent étudiés seulement au niveau mondial (ignorant souvent une différenciation locale des processus) ou au niveau national/local (minimisant souvent les plus grandes forces qui façonnent un changement socio-économique et l'élaboration des politiques).

Kaplinsky et Morris (2001) soulignent qu'il n'y a pas de «bonne» façon d'effectuer une analyse de chaîne de valeur, mais plutôt l'approche adoptée repose fondamentalement sur la question de recherche. Néanmoins, quatre aspects de l'analyse de chaîne de valeur appliqués à l'agriculture sont particulièrement remarquables.

Tout d'abord, à son niveau le plus élémentaire, une analyse de chaîne de valeur cartographie systématiquement les acteurs participant à la production, à la distribution, au marketing et aux ventes d'un produit particulier. Cette cartographie évalue les caractéristiques des acteurs, du profit et des structures de coût, des flux de marchandises tout au long de la chaîne, les caractéristiques de l'emploi et de la destination ainsi que les volumes des ventes domestiques et étrangères (Kaplinsky et Morris, 2001). Ces détails peuvent être recueillis à partir d'une combinaison des travaux d'enquête primaire, des groupes de discussion, des évaluations participatives en milieu rural, des entretiens informels, et des données secondaires.

Deuxièmement, l'analyse de la chaîne de valeur peut jouer un rôle clé dans l'identification de la répartition des bénéfices des acteurs dans la chaîne. C'est à travers l'analyse des marges et des bénéfices dans la chaîne qu'on peut déterminer à qui profite la participation dans la chaîne et dont les acteurs pourraient bénéficier d'un soutien accru ou d'une organisation. Ceci est particulièrement important dans le contexte des pays en développement (et de l'agriculture en particulier), dont les pauvres sont particulièrement vulnérables au processus de la mondialisation (Kaplinsky et Morris, 2001). On peut compléter cette analyse en déterminant la nature de la participation dans la chaîne afin de comprendre les caractéristiques de ses participants.

Troisièmement, l'analyse de la chaîne de valeur peut être utilisée pour examiner le rôle de la modernisation de la chaîne. La modernisation peut impliquer des améliorations dans la qualité et la conception de produits qui permettent aux producteurs de gagner une plus forte valeur. Elle comprend une évaluation de la rentabilité des acteurs de la chaîne ainsi que des informations sur les contraintes qui sont actuellement présentes. Les questions de gouvernance jouent un rôle clé en définissant la manière dont un tel renforcement se produit. En outre, la structure de la réglementation, les barrières à l'entrée, les restrictions

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commerciales et les normes peuvent encore façonner et influencer l'environnement dans lequel la modernisation peut avoir lieu.

Enfin, l'analyse de la chaîne de valeur peut mettre en évidence le rôle de la gouvernance dans la chaîne de valeur. La gouvernance dans une chaîne de valeur se réfère à la structure des relations et des mécanismes de coordination qui existent entre les acteurs de la chaîne de valeur. La gouvernance est importante dans une perspective politique. Elle identifie les dispositions institutionnelles qui peuvent avoir besoin d'être ciblées pour améliorer les capacités dans la chaîne de valeur, de corriger des distorsions de la répartition des revenus et d'augmenter la valeur ajoutée dans le secteur. Les principales étapes d'une chaîne de valeur agricole sont illustrées dans la figure ci-dessous. Dans ce diagramme, les flèches découlent de l'approvisionnement en intrants à tous les autres stades pour montrer que c'est une fonction qui affecte tous les participants, non seulement au niveau de l'exploitation agricole.

Approvisionnement en intrants

Production agricole

Assemblage

Transformation

Livraison finale

Figure 2.Étapes de la chaîne de valeur agricole, (World Bank, 2008)

1.3. Agent ou acteur économique

En économie, les individus ou les groupes d'individus qui interviennent dans la production, l'échange, la transformation ou la consommation de produits sont appelés agents. Ces agents sont des personnes, des familles, des groupes de personnes constitués en association ou en entreprises, qui réalisent des fonctions économiques. Ces fonctions économiques sont principalement la production pour la vente et l'achat pour la consommation (Duteurtre et al, 2000).

On appelle « acteur économique » une cellule élémentaire intervenant dans l'économie, un centre autonome d'actions et de décisions. Il peut s'agir d'une personne physique (paysan, commerçant, consommateur,...) ou d'une personne morale (entreprise, organisation paysanne, organisme de développement, de recherche, de financement) (Chiapo, 2008).

Terpend (1997) définit l'analyse économique comme « l'analyse de l'organisation du système économique d'un produit ou d'un groupe de produits, à la fois sur le plan linéaire et complémentaire. C'est aussi l'analyse de la succession d'actions menées par des acteurs, pour transformer, vendre et consommer un produit ».

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1.4. Rentabilité économique et valeur ajoutée

La rentabilité économique exprime les avantages ou les gains pour la collectivité dans son ensemble. La valeur ajoutée par contre est la différence entre le produit et la consommation intermédiaire (Muteba, 2016). La FAO (2005) définit la valeur ajoutée comme la nouvelle valeur créée par une activité de production. On peut retenir que c'est la valeur que l'agent économique ajoute à celle des charges qui lui ont permis d'assurer la production ou le service. Dans le cadre de cette étude, la valeur ajoutée correspond à la somme des valeurs ajoutées de différents maillons de la chaîne de valeur.

1.5. Zone périurbaine

Le nouveau petit Robert (2009) définit le terme périurbain comme : « un espace situé aux abords d'une ville ». Un espace périurbain est tout espace situé autour des villes, soumis à leur influence directe et susceptible d'être significativement touché par les processus enclenchés par cette proximité. L'espace périurbain décrit une mosaïque de villages formant une sorte de troisième couronne urbanisée à la périphérie des agglomérations, caractérisée par un paysage de type rural. Les villages de cette troisième couronne ont trois principales caractéristiques (Philippes, 2004) :

? La population y augmente et la densité y est plus forte que dans celle des villages ruraux plus éloignés des centres urbains ;

? Une fraction non négligeable des populations qui y résident ou qui y travaillent les quittent ou les rejoignent quotidiennement ;

? Un double marché foncier opère dans cet espace périurbain, celui des terres agricoles et celui de terre à bâtir.

Cependant, le concept de zone ou interface périurbaine ne peut pas être un concept statique, qui renverrait à des délimitations distinctes et fixes. Les zones périurbaines sont en évolution continue avec une double dynamique à l'oeuvre d'un point de vue spatial : l'agrandissement (elles « grignotent » sur la campagne) et le rétrécissement (elles sont « mangées » par l'avancement de la ville).

2. FILIERE MANIOC EN RDC

2.1. Origine et description

Le manioc (Manihot esculenta, Manihot glazziovi) appartient à la famille des Euphorbiacées. Il est originaire du Nord-Ouest du Brésil et probablement de l'Amérique centrale. On estime qu'il est cultivé dans ces zones depuis 9000 ans. Comme certains autres membres de la famille, notamment l'hévéa qui fournit le caoutchouc, il contient un latex blanc. Il a été introduit en Afrique de l'Ouest et dans le bassin du Congo par les portugais dans la seconde moitié du seizième siècle. En Afrique de l'Est, cette culture n'est pas apparue avant le dix-huitième siècle. C'est seulement au cours de ce siècle que le manioc a été largement

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répandu à travers l'Afrique par les autorités coloniales du fait qu'il constituait une réserve idéale contre la famine. Il est aujourd'hui cultivé partout sous les tropiques (Purseglove, 1987).

Le manioc se présente sous la forme d'un arbuste de 1 à 4 m environ de hauteur. Son produit principal est la racine tubérisée. Son second produit, la feuille, caduque, alterne et palmilobée, mesure 10 à 20 cm de long et constitue également un aliment apprécié. Elle est un des résidus intéressants de la plante. Riche en protéines (17,7% à 38,1% en poids sec) et en nutriments (vitamines B1, B2 et C et en minéraux), elle peut participer à la lutte contre l'insécurité alimentaire et la dénutrition qui prévalent dans les pays en développement. Le manioc intervient pour environ un tiers dans la production totale d'aliments de base en Afrique subsaharienne (Purseglove, 1987)

2.2. Place du manioc dans le PNIA

Le Programme National d'Investissements Agricoles (PNIA) a été initié dans l'application des recommandations et des engagements pris dans le cadre du Programme Détaillé de Développement de l'Agriculture Africaine (PDDAA) qui est le volet agricole du Nouveau Partenariat pour le Développement en Afrique (NEPAD). La relance du secteur agricole fait partie du Deuxième pilier du Document de la Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (DSCRP 2): « Diversifier l'économie, accélérer la croissance et promouvoir l'emploi ».Ce pilier fait référence aux politiques de production des richesses et de développement des infrastructures de soutien aux activités de production ainsi que celles liées à la redynamisation de ces activités.

Le coût total du PNIA de la République Démocratique du Congo sur la période allant de 2013 à 2020 est estimé à 5 474,2 millions USD dont 1 532,8 millions USD entre 2013 et 2015, soit 28% du budget estimatif total et 3 941,4 millions USD de 2016 à 2020, représentant 72% (RDC, 2013).

Le manioc, en tant que principale culture vivrière en RDC, est mentionné dans le Programme National d'Investissements Agricoles (PNIA) dans le sous-programme 1.1. « Développement des filières végétales » dont le coût total est estimé à 1936,7 millions USD. En effet, le manioc, le maïs, le riz, la banane plantain, le haricot et l'arachide ont été identifiés par le Ministère de l'agriculture comme les principales cultures vivrières dont il faut augmenter la productivité afin d'assurer les besoins du pays en produits vivriers.

2.3. Importance économique de la filière manioc en ROC

Le manioc, tant sur l'aspect racine que feuille, reste de loin la principale culture vivrière en RDC. Il a une importance centrale dans le régime alimentaire des Congolais. Il se place en tête de toutes les cultures quant au volume produit. Le manioc est particulièrement cultivé dans le Nord-Ouest du pays (les anciennes provinces du Bas-Congo, Bandundu, Équateur, Kasaï et Province Orientale). Il occupe 50 % des terres cultivées et compte environ 80% des

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tonnages produits en racine tubéreuse. Aucune autre culture, même le maïs, seconde culture en importance ou la banane plantain, n'atteint une production de 10% de la production totale du pays. La production totale actuelle est estimée à 15 millions de tonnes ; cependant, son importance semble diminuer au profit des céréales, notamment le maïs et le riz (MINAGRI, 2009).

La RDC fait partie des cinq premiers producteurs du manioc au monde et paraît être autosuffisante en cette matière. Ainsi, aucune importation de manioc n'est enregistrée dans le pays. Le manioc de la RDC et ses produits dérivés sont destinés à la consommation nationale et éventuellement des pays frontaliers (la République du Congo, la Centrafrique et l'Angola) (Kinkela et al., 2009).

Le manioc est cultivé à travers tout le pays. La production est plus élevée dans le Nord du pays (Nord des anciennes provinces de l'Equateur et de la Province Orientale), l'Ouest (l'ancienne province du Bandundu et le Kongo-Central) et le Centre (les deux anciennes provinces du Kasaï). La production totale des racines tubéreuses à partir de 2006 est estimée à 15 millions de tonnes. Elle a régressé à partir de 1992 où elle s'élevait à 20 millions de tonnes. Les rendements moyens - situés entre 7 et 8 t/ ha - sont très faibles à cause de l'utilisation très répandues de variétés traditionnelles à faible productivité et sensibles aux maladies et ravageurs (notamment la mosaïque, l'anthracnose et la cochenille farineuse) ainsi que l'utilisation de techniques culturales inadéquates (Kinkela et al., 2009).

La production du manioc en RDC est assurée par deux secteurs : traditionnel et moderne. Le secteur traditionnel domine très largement la production nationale. Il se caractérise par de petites exploitations familiales (entre 0,10 et 0,20 ha) dans lesquelles le manioc est associé à d'autres cultures vivrières (Kinkela et al., 2009)

Les exploitations modernes occupent des superficies variant entre 5 et 10 ha et même plus. Elles utilisent une main d'oeuvre rémunérée, des variétés améliorées et des engrais. Les rendements se situent entre 20 et 25 tonnes/ha. Ce type d'exploitations se retrouve surtout autour de grands centres urbains (Kinkela et al., 2009).

2.4. Consommation et utilisation des feuilles de manioc en RDC

Dans certains pays comme l'Angola, le Gabon, le Liberia, la Sierra Leone et dans le bassin du Congo, la consommation des feuilles de manioc est très répandue. Les feuilles de manioc se placent au premier rang de tous les légumes-feuilles consommés en RDC et à Kinshasa en particulier où un ménage de 7 à 8 personnes consomme près de 4 kg de feuilles de manioc par semaine (Kinkela et Khonde, 2001).

Selon Muteba (2014), les feuilles de manioc restent le légume le plus consommé dans toutes les classes sociales et cultures confondues. Seule la production de feuilles surgelées est principalement destinée à l'export. Elles sont en effet exportées pour le marché de la diaspora africaine en Europe et principalement en Belgique (Kinkela, 2009).

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CHAPITRE II : MILIEU D'ETUDE ET METHODOLOGIE

1. MILIEU D'ETUDE

La performance d'une filière ne dépend pas seulement de ses caractéristiques internes mais aussi et surtout du contexte général dans lequel les différents acteurs impliqués agissent (Mpanzu, 2012).

Le présent chapitre présente le contexte général de notre milieu d'étude ainsi que la méthodologie utilisée pour réaliser ce travail. La présentation du milieu d'étude s'articule autour de deux points : dans un premier temps il est question de la présentation de la ville-province de Kinshasa entant que zone d'étude et dans un second temps celle des sites d'enquête. Ces présentations prennent en compte aussi bien les aspects physiques (climat, sol, végétation...) que socio-économiques (démographie, revenu.)

L'étude s'est focalisée essentiellement sur la production, la commercialisation et la transformation des feuilles de manioc à Kinshasa et dans sa périphérie.

1.1. Présentation de la ville-province de Kinshasa

Kinshasa est la capitale et la plus grande ville de la République Démocratique du Congo (RDC). Elle a à la fois le statut administratif de ville et de province. Située sur la rive Sud du fleuve Congo, au niveau du Pool Malebo, Kinshasa fait face à la capitale de la République du Congo, Brazzaville. Par sa superficie et sa population, elle est l'une des plus grandes villes d'Afrique et du monde.

1.1.1. Aspect géographique

La ville-province de Kinshasa est située à 4°19'54» de latitude Sud et 15°18' de longitude Est. Construite sur une altitude de 300 m au-dessus de la mer, sa superficie est de 9.965km2. Elle a pour voisins au Nord la province du Mai-Ndombe et à l'Est les provinces de Kwilu et Kwango, au Sud et au Sud-Ouest la province du Kongo-Central et à l'Ouest la République du Congo. Elle a un climat du type AW4 suivant la classification de Koppën, climat tropical humide soudanien avec deux saisons, une saison sèche s'étendant sur quatre mois (mi-Mai à mi-Septembre) et une saison de pluie de huit mois (mi-Septembre à mi-Mai) avec une courte sécheresse entre Janvier et Février.

Le réseau hydrographique est composé des rivières de diverses dimensions qui prennent sources principalement dans les collines ; elles coulent du Sud vers le Nord, baignent la plaine et se jettent dans le fleuve Congo, notamment au niveau de pool Malebo. Ces rivières sont soit de source locale comme Kalamu, Gombe, Maluku et Funa soit de source allogène comme N'djili, N'sele, Mai-Ndombe, Lufini et Bombo-Lumene (Nzuzi, 2008).

La végétation de la province urbaine de Kinshasa est essentiellement faite de savanes, parsemées d'arbustes et des galeries forestières.

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Les caractéristiques des sols de la ville-province de Kinshasa sont fonction de la structure géomorphologique de l'endroit où l'on se trouve. Ainsi, elles sont différentes sur le massif des plateaux de Batéké, sur les collines, dans les plaines ou dans les marécages. Les sols des plateaux de Batéké sont homogènes au point de vue matériau parental appartenant au système du Kalahari. Ils sont constitués des sables fins (50 à 60 %) avec des faibles teneurs en argile (20 %). Ce sont des hydro-xero-arenoferrals caractérisés par la pauvreté minérale des horizons superficiels et une faible teneur en matière organique. Principalement sablonneux, ce sol présente une faible utilité pour les activités agricoles. Ainsi, aucun produit agricole ne caractérise cette province qui est alimentée en produits agricoles provenant pour la plupart des provinces de Kongo-Central, Kwilu, Kwango, Mai-Ndombe, Equateur, Tshuapa, etc. (PNUD, 2009).

Cependant avec un climat tropical humide où la température moyenne varie de 22,5°C à 25°C, le plateau de Batéké et le fleuve Congo, cette ville-province a d'importantes possibilités de développer des cultures maraîchères, la pêche, l'élevage et l'activité piscicole (FEC, 2007).

1.1.2. Aspect administratif

Administrativement, Kinshasa est subdivisé en 24 communes et 326 quartiers. La ville-province de Kinshasa est gérée par un Gouvernement Provincial dirigé par un Gouverneur assisté d'un Vice-gouverneur, tous deux élus par l'Assemblée Provinciale. Ils sont assistés par 24 Bourgmestres administrant les communes.

Carte 1. Carte de la ville de Kinshasa : subdivision administrative

Source : http://belgeo.revues.org/docannexe/image/7349/img-6-small580.png

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1.1.3. Perspectives démographiques et structure de la population kinoise 1° Perspectives démographiques kinoises

Kinshasa est l'une des villes de l'Afrique subsaharienne qui connait une croissance sans précédent de la population, accompagnée des modifications de l'environnement physique significative. Rapide depuis 1945, la croissance démographique devient fulgurante après l'indépendance : 1 millions en 1967, 3 millions en 1985, 5 millions en 1996, 8 millions en 2010 contre plus de 10 millions actuellement (soit 15% de la population du pays).

1920 1936 1938 1939 1947 1957 1959 1967 1968 1970 1974 1976 1984 1991 1994 2003 2005 2012

Evolution de la population de Kinshasa (1920 - 2012)

10000000 9000000 8000000 7000000 6000000 5000000 4000000 3000000 2000000 1000000

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Population

Figure 3 : Courbe de l'évolution de la population de Kinshasa (1920 - 2012) (Ministère du plan, 2014).

Kinshasa qui regroupait 21 % des citadins en 1984, concentrent aujourd'hui près de 40 % de la population urbaine du pays. Le taux de croissance annuel estimé à 3,1% en 1984 est aujourd'hui de 4 %. Si les tendances actuelles se confirment, la capitale Congolaise aura la croissance la plus forte du monde d'ici 2025 (46 % entre 2010 et 2025) pour atteindre presque 17 millions de personnes dépassant ainsi Lagos et Le Caire. Ces données statistiques soulèvent une quantité de préoccupations liées aux questions de sécurité alimentaire, aux effets environnementaux, au surpeuplement et au chaos politique et social qui en résulteraient.

2° Structure de la population par sexe et par ménage

Si les principales caractéristiques démographiques sont similaires dans tous les milieux de résidence en République Démocratique du Congo, Kinshasa se distingue par une population relativement plus âgée (l'âge médian y est de 21 ans), avec une prépondérance des classes d'âge actif : 58,2% des Kinois ont entre 15 et 29 ans. C'est également à Kinshasa que la proportion de femmes est la plus élevée (52,6%) et la part des migrants la plus faible (Ministère du Plan, 2014).

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On dénombre plus de 15 millions de ménages en RDC dont 11,7% vivent à Kinshasa. La taille moyenne d'un ménage à Kinshasa est de 5,2 personnes avec une proportion importante des ménages de dix personnes et plus : elle est deux fois supérieure à celle observée en milieu rural (8,2% contre 4,1%). La capitale se distingue également par la plus forte proportion des ménages dont le chef est une femme (25,6%) (Ministère du Plan, 2014).

1.1.4. Indicateurs socio-économiques 1.1.4.1. Pauvreté et conditions de vie

La population congolaise, dans sa majorité, vit en dessous du seuil de pauvreté (65,6%), malgré les performances encourageantes obtenues à la suite de la mise en route de grandes réformes économiques. A Kinshasa, même si l'incidence globale de pauvreté s'est améliorée entre 2005 et 2012, passant de 41,9% à 36,8% (soit une diminution de 13,9%), il faut signaler que les kinois en général vivent dans un état de précarité et de pauvreté très avancé sur tous les plans : monétaire, non monétaire (Ministère du plan, 2014).

1.1.4.2. Emplois et revenus

L'emploi à Kinshasa relève du secteur public (Administration publiques et Entreprises parapubliques), du secteur privé formel et du secteur informel (non agricole et agricole). C'est évidemment, comme dans la plupart des villes africaines, le secteur informel non agricole qui occupe la première place : 61,1% des actifs occupés y sont employés, suivi du secteur de l'administration publique (15,4%) et du secteur privé formel (15,1%). S'agissant de la structure par branche d'emplois, c'est le secteur tertiaire qui prédomine avec 83% à Kinshasa. Le secteur industriel emploie 14,6% des actifs contre 2,3% pour le secteur primaire (RDC, 2013). En ce qui concerne le revenu, comme dans les autres capitales d'Afrique subsaharienne, la législation en termes de minimum salarial est peu contraignante. Parmi les actifs occupés, plus d'un tiers gagnent moins du SMIG (Ministère du Plan et INS, 2014).

1.1.5. Agriculture

Quatre zones constituent le grenier de la ville en ce qui concerne la production des cultures vivrières. Il s'agit de la vallée de Kimwenza, de CECOMAF à N'djili, de la rivière Tshuenge où se pratique la culture maraîchère et le Plateau de Batéké où l'on produit des vivres tels que le manioc, le maïs, le riz, les fruits et l'arachide. La faible étendue (2000 km2) et l'état du sol (sablonneux) du plateau de Batéké affectent le rendement de ce secteur pour la ville de Kinshasa. Outre son hinterland immédiat, la ville dépend des produits vivriers qui viennent de l'intérieur du pays et même des pays étrangers. C'est dans la banlieue de la capitale que se pratique à grande échelle l'élevage. On y note la présence des activités avicoles, l'élevage du petit bétail (porcin, caprin) et parfois du bovin. Par rapport à la demande locale, la production animale issue de ces fermes reste largement faible (Mbuyamba, 2011).

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La capitale dispose du Pool Malebo où se pratique la pêche. Les pêcheurs sont pour la plupart mal équipés. Suite à l'absence des infrastructures de conservation appropriées, les poissons frais locaux sont rares, coûteux et moins consommés par rapport aux poissons importés congelés et moins chers.

Les crédits alloués à l'agriculture par le budget national étant généralement de moins de 3% des dépenses publiques totales, le financement de ces services pléthoriques a consacré leur faible efficacité à côté de la moindre motivation de leurs travailleurs. Le nombre est insuffisant des cadres bien formés en leur sein ainsi que le manque de continuité des politiques adoptées (Mpanzu, 2007). Ntoto (2009) estime que les performances actuelles de l'agriculture congolaise résultent essentiellement d'un certain nombre de faiblesses techniques, financières et institutionnelles.

1.1.6. Consommation et habitudes alimentaires

Plusieurs études réalisées à Kinshasa ont traité de la question de la consommation alimentaire des kinois. Il s'agit essentiellement des travaux d'études de Houyoux de 1986, les travaux de Goossens en 1996, l'enquête CEPLANUT en 2000, l'enquête 1-2-3 du Ministère du plan et l'INS en 2005, l'enquête 1-2-3 du Ministère du plan et l'INS en 2012 et l'étude de Muteba en 2014.

Il convient de noter que la population kinoise est hétérogène du point de vue ethnique. Les populations de diverses origines ont pu relativement conserver leurs habitudes de consommation. Ainsi toutes choses étant égales par ailleurs, un changement dans la composition ethnique de la population de Kinshasa pourrait induire des modifications de comportement de la demande des produits vivriers. C'est ainsi que GOOSSENS (1996) remarqua que dans la ville de Kinshasa, le repas de base d'une personne en insécurité alimentaire comprend de la pâte de manioc consommée avec des légumes-feuilles qui sont généralement les feuilles de manioc et parfois dans la mesure du possible, avec une sauce sur base d'huile de palme, d'oignon, de tomate et de pili-pili.

Malgré des différences dans les habitudes alimentaires, les feuilles de manioc localement appelées « pondu », restent cependant le légume le plus consommé dans la ville-province de Kinshasa et ce, toutes classes sociales et tribus confondues avec toutefois des variantes sur les mets et ingrédients utilisés (Muteba, 2014).

1.2. Présentation de la zone d'étude

Les enquêtes sur la production des feuilles de manioc ont été menées dans la zone périurbaine de Kinshasa, en l'occurrence les communes de Maluku (les quartiers de Menkao au plateau de Batéké et de Mangengenge à Maluku centre), de Ndjili (site de Ndjili Brasserie), le territoire de Kasangulu au Kongo-Central, les marchés de Matamba, UPN, Ngaba et Mbanza-Lemba ainsi que quelques supermarchés de la ville.

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Les investigations sur la commercialisation et la transformation des feuilles, ont été réalisées dans la zone urbaine, essentiellement dans les marchés secondaires (Matamba et UPN) et tertiaires (Ngaba et Mbanza-Lemba) et les supermarchés (GGmark, Monia, Jiji). Le choix porté sur ces marchés et supermarchés se justifie par la présence des quantités importantes des feuilles de manioc.

1.2.1. Commune de Maluku

Maluku est de loin la commune la plus étendue de la province de Kinshasa. Elle représente en effet, 79% du territoire. Elle est située au Nord-Est de la province en amont du Pool Malebo. Sa superficie est de 7.949km2, c'est la commune dans laquelle on retrouve le plus d'autochtones de la région, les Téké. Les enquêtes dans la commune de Maluku se sont effectuées dans deux quartiers : Menkao et Mangengenge.

1.2.1.1. Menkao

Administrativement, Menkao est un quartier rural de la commune de Maluku situé le long de la route nationale 1, après N'sele Bambu (Antenne) en allant vers la province du Kwango. Il fait partie du Plateau de Batéké. Menkao se trouve à 55 km de l'aéroport international de N'djili et compte les grandes parties ci-après Menkao II, Menkao IV, Menkao Centre et Talangayi. Les habitants de Menkao sont majoritairement agriculteurs. Ils cultivent principalement le manioc, le maïs, la patate douce, le haricot et l'arachide.

La destination des produits agricoles de ce village est la ville de Kinshasa notamment les communes du district de la Tshangu. Parmi les problèmes que rencontrent les agriculteurs de Menkao, il y a la pénurie d'eau, le manque de mécanisation et d'outils agricoles appropriés ainsi que le non accès au crédit agricole (Mbuyamba, 2011).

1.2.1.2. Mangengenge

Le quartier Mangengenge est situé le long du fleuve avec plusieurs îlots en son sein qui servent d'espace agricole aux maraichères. En dehors de ces îlots, plusieurs parcelles d'habitation sont converties en terrain agricole pour cultiver les feuilles de manioc. La production de ce quartier est principalement vendue aux marchés de Matamba et de Bitabe dans la commune de Masina. Les producteurs des feuilles dans ce site sont tous grossistes.

1.2.2. Commune de N'djili

La commune de N'djili est située dans la partie Est de la ville de Kinshasa. Elle a une superficie de 11,4 km2. Sa population est estimée à plus ou moins 442.138 habitants avec une densité moyenne de 13.773 hab/km2. La commune de Ndjili comporte 13 quartiers parmi lesquels 7 sont urbanisés et 6 non-urbanisés. Elle constitue par sa situation géographique le pôle d'attraction de la zone Sud de la ville de Kinshasa (Lelo et Tshimanga, 2004).

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Dans les 6 quartiers non urbanisés, il y a ce qu'on appelle N'djili brasserie. C'est un site agricole exploité le plus souvent par les maraichers, à cause de la présence de l'argile et de la grande rivière N'djili. En plus du maraichage, les agriculteurs produisent le manioc (Manihot glazziovi) comme culture principale pour la plupart.

1.2.3. Territoire de Kasangulu

Kasangulu est situé à 4°35' de latitude Sud et 15°11' de longitude Est avec une superficie de 4.680 km2. C'est un territoire et une localité de la province du Kongo-Central frontalier de Kinshasa. La distance à vol d'oiseau de Kinshasa est de 32,8km. Les habitants de Kasangulu sont majoritairement agriculteurs. Ils cultivent principalement le manioc, le maïs et l'arachide. La destination des produits agricoles du territoire de Kasangulu est la ville de Kinshasa notamment les communes des districts de la Lukunga et du Mont-Amba. De là, ils seront distribués dans toute la ville de Kinshasa.

1.2.4. Marchés secondaires : Matamba et UPN

Le marché de Matamba est situé à l'Ouest de l'aéroport de N'djili, dans la commune de Masina au quartier Siforco. Ce marché, situé le long du boulevard Lumumba, est le plus grand centre de distribution des feuilles de manioc dans la capitale d'où le terme « Matamba », qui signifie, feuille de manioc en tshiluba. Les producteurs venus de Maluku et du plateau de Batéké livrent leurs marchandises aux grossistes et détaillants à Matamba, qui à leur tour les vendent au même endroit aux consommateurs. C'est un marché opérationnel déjà à partir de 5h00 pour se fermer à 20h00 voire 21h00.

Le marché d'UPN se trouve au rond-point UPN dans la commune de Ngaliema. C'est parmi les grands centres de distribution des produits vivriers (feuilles de manioc notamment) en provenance du Kongo-Central en général et du territoire de Kasangulu en particulier. Ce marché a une particularité : tous les vendeurs des feuilles de manioc enquêtés sont des habitants de Kasangulu.

1.2.5. Marchés tertiaires : Ngaba et Mbanza-Lemba

Le marché de Ngaba est situé le long de l'avenue Kianza entre l'ex-maison communale de Ngaba et le rond-point Super-Lemba. On y rencontre plus de trois points de transformation semi-industrielle des feuilles de manioc.

Celui de Mbanza-Lemba est situé au Sud-Est de l'université de Kinshasa. Les produits vivriers de ce marché sont produits dans les communes semi-urbaines voisines, à l'instar de Kinsenso et N'djili. Ce marché regorge beaucoup de machines de transformation des feuilles de manioc dans la contrée. Les principaux clients de ces transformateurs sont des étudiants habitants le campus de l'UNIKIN qui n'ont pas le temps de piler le « pondu ».

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1.2.6. Supermarchés

Les supermarchés enquêtés dans la ville de Kinshasa sont Monia et Jiji dans la commune de Limete et GGmark dans la commune de la Gombe. Ces supermarchés vendent les feuilles de manioc. Ils s'approvisionnent auprès des transformateurs, à l'exemple de GGmark, ou alors ils transforment eux-mêmes, c'est le cas de Jiji ou encore ils produisent et transforment comme l'est Monia.

2. METHODOLOGIE

2.1. Méthodes de collecte des données

Devant l'insuffisance des statistiques fiables sur la chaine de valeur « feuille de manioc » en RDC, l'étude s'est essentiellement basée sur les données primaires obtenues à la suite des enquêtes menées sur terrain de manière progressive durant la période d'août à décembre 2016. Parallèlement à ces enquêtes classiques, d'autres techniques de collecte des données ont été employées pour enrichir les analyses. Il s'agit de la documentation et de la pesée de différentes unités locales de vente des feuilles de manioc achetées dans différents marchés.

2.1.1. Documentation

Il s'est agi ici de la consultation des livres, des articles ainsi que de certains rapports et sites Web, pour avoir des données secondaires utiles à ce travail mais également des éléments sur la revue de la littérature.

2.1.2 Enquête

2.1.2.1. Préenquête

Une phase préliminaire a été nécessaire pour tester le questionnaire préalablement conçu. Les différents sites ont ainsi été sillonnés, les observations faites et quelques acteurs interrogés de manière informelle. Ces premiers renseignements ont permis de cerner l'organisation de différents marchés. Cette première phase a aussi permis d'établir la structure des enquêtes proprement dites (modalités, pratiques d'observation, personnes à interroger et renseignements à chercher) et d'ajuster les outils de collecte des données.

2.1.2.2. Enquête proprement dite

La première enquête a porté sur l'identification des différents moyens d'exploitation et de production des feuilles de manioc, les conditions de stockage et de conservation, les pratiques de commercialisation ainsi que l'identification des contraintes rencontrées par les producteurs.

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La deuxième enquête a concerné les commerçants de gros et de détail. Cette enquête a porté sur l'identification des différentes variétés de feuilles de manioc vendues, leurs provenances ainsi que les conditions de commercialisation. Les entretiens ont eu lieu sur les lieux de travail de commerçants afin de compléter certaines informations par l'observation.

La troisième enquête a ciblé les supermarchés et les unités de transformation des feuilles. Il était question d'identifier la chaine d'approvisionnement en matière première, les conditions de stockage et la préservation de la qualité du produit, les pratiques de commercialisation et le potentiel du marché. L'enquête a donc permis de cerner le diagramme de transformation des feuilles de manioc et d'identifier les contraintes par les transformateurs.

La quatrième enquête s'est focalisée sur les transporteurs des feuilles de manioc. Il a eu pour objectif d'apprécier le niveau de spécialisation du transport, d'identifier les précautions prises pour préserver la qualité des feuilles durant le transport, étant donné leur périssabilité. Outre les acteurs cités ci-haut, l'étude s'est aussi intéressée à enquêter sur l'environnement institutionnel dans lequel évolue la filière feuille de manioc. Ainsi, quelques agents du Ministère de l'agriculture et de l'Institut International pour Agriculture Tropicale (IITA) ont été contactés et interviewés.

Au ministère de l'agriculture, c'est la Direction des Statistiques Agricoles qui a été contacté. Il a été question de collecter les données secondaires sur la production des feuilles de manioc à Kinshasa. A l'IITA, il a été question d'avoir les noms scientifiques des variétés rencontrées sur le terrain et qui sont généralement désignées par des noms locaux. Les enquêtes menées dans le cadre de ce travail ont été essentiellement qualitatives.

2.1.3. Approche qualitative

2.1.3.1. Présentation de l'approche

L'étude qualitative, autrement appelée étude de motivation, est une approche qui vise à comprendre et à expliquer le comportement des acteurs. Pour cela, elle essaie de connaitre les motivations des individus, d'en identifier la nature et d'en mesurer l'intensité. Là où la recherche quantitative s'attache à mettre des faits en lumière, la recherche qualitative s'attache à expliquer ces faits en sollicitant efficacement l'information de la part de son interlocuteur, en l'aidant à clarifier et à exprimer ses convictions et ses mobiles profonds (Denruyter, 1992).

Les informations sont recueillies par voie d'entretiens individuels sur base d'un guide d'interview auprès d'un très petit nombre d'individus, choisis arbitrairement et sur une base non systématique en fonction des critères sociodémographiques généralement, mais sans souci de représentativité (Denruyter, 1992).

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Il convient de rappeler que l'enjeu d'une étude qualitative ne se situe pas dans le nombre des sujets interrogés mais bien dans la manière de les interroger et d'analyser leurs propos. Ainsi la taille de l'échantillon repose sur le critère de « saturation » comme critère d'arrêt. Ce critère conduit à arrêter l'enquête dès que l'on constate que la dernière interview réalisée n'apporte plus d'informations nouvelles.

2.1.3.2. Déroulement des investigations

Les enquêtes ont été menées progressivement d'août à décembre 2016. La technique utilisée était l'interview directe avec les producteurs, les commerçants grossistes et détaillants, les transformateurs et les transporteurs.

2.1.3.3. Echantillonnage

Les personnes enquêtées ont été contactées et selon leur disponibilité, l'entretien a été mené. Sur base du principe de saturation, un total de 6 producteurs a été interviewé dont 1 à Kasangulu, 1 à N'djili brasserie, 1 à Maluku et 3 au plateau de Batéké ; 12 commerçants enquêtés dont 4 au marché d'UPN (2 grossistes et 2 détaillants), 2 marchands ambulants à Salongo et 6 au marché de Matamba à Masina (4 grossistes et 2 détaillants) ; 3 transporteurs au marché de Matamba ; 8 transformateurs dont 5 sont des supermarchés, 2 points de transformation au niveau des marchés de Ngaba et Mbanza-Lemba et une unité de transformation industrielle.

2.1.3.4. Analyse de l'information et interprétation des résultats

L'analyse de l'information a été réalisée suivant un processus cyclique et interactif (Miles et Huberman, 2003). Elle se compose de trois flux courants d'activités :

- La condensation des données : il s'agit d'un processus de sélection, de simplification et de transformation des données brutes ;

- La présentation des données : il consiste en un assemblage organisé d'informations qui permet de tirer des conclusions ;

- L'élaboration et la vérification des données : il est question de faire parler les données collectées.

L'analyse thématique sera privilégiée dans le cadre de la présente étude. Cela consiste à découper et organiser le discours selon les thèmes repris dans le guide d'entretien. Ce qui permet la rédaction d'une synthèse d'observations pour chaque thème. L'interprétation des résultats ou des observations par thème consiste à décrire mais aussi à donner du sens aux phénomènes observés (établir des contrastes, des comparaisons, repérer les relations entre les variables, etc.).

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2.2. Cadre théorique de référence

2.2.1. Approche d'analyse des acteurs selon le paradigme SCP

Les fondements de l'analyse du paradigme SCP « structure-comportement-performance » ont été mis au point avant la seconde guerre mondiale par Mason (1936). Les recherches de Bain (1959), Scherer et Ross (1936) ont permis une formulation actuelle du paradigme SCP. Le paradigme SCP stipule que dans une activité donnée, les conditions de base permettent à caractériser les structures, lesquelles induisent des comportements donnés qui contribuent à atteindre des performances déterminées.

La présente étude s'intéressant aux stratégies développées par les acteurs au cours du passage du produit agricole, du stade productif à celui de la transformation jusqu'à la consommation, met l'accent sur le mécanisme de la régulation de la chaine à travers les structures, l'organisation et le fonctionnement des marchés. Les performances de la chaine sont déterminées à travers les coûts, les marges et les rentabilités.

2.2.2 Analyse de la chaine de valeur

L'analyse de la chaine de valeur est un outil pour comprendre les dynamiques, les opportunités et les contraintes des marchés de produits prometteurs. Selon John Humphrey (2002), l'approche de la chaine de valeur s'appuie sur quelques idées fondamentales (Fries et Akin, 2004) :

- Les produits passent à travers une chaine de valeur ou une séquence d'activités, avec une valeur ajoutée à chaque étape de la conception, aux intrants à transformer, pour atteindre le marché final ;

- La mondialisation accrue a contribué à la dispersion de ces activités sur de grandes distances ;

- Dans les chaines dominées par la concentration croissante et l'influence des détaillants, la valeur est de plus en plus tirée par la différenciation des produits et l'innovation qui réduit les coûts et accroît l'importance de l'approvisionnement fiable.

Depuis quelques années, l'analyse des chaines de valeur se révèle comme un instrument fort utile s'inscrivant, notamment, dans l'optique de relation de petits agriculteurs aux marchés. L'analyse de la chaine de valeur peut donc être considérée comme un des éléments fondamentaux pour comprendre la dynamique des marchés locaux, les relations internes et les principaux facteurs qui freinent ou favorisent l'agriculture (Mpanzu, 2012).

Selon McCormick (2001), la méthode la plus essentielle et le noyau, de n'importe quelle analyse de chaine de valeur, est la cartographie de cette dernière. Basée sur une carte de chaine de valeur, les analyses additionnelles peuvent s'avérer nécessaires, selon les besoins de l'information. On distingue trois tâches suivantes :

- la cartographie de la chaine de valeur ;

- la description et la quantification de la chaine ; - l'analyse économique de la chaine de valeur.

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Cartographier la chaine de valeur signifie dessiner une représentation visuelle du système de chaine de valeur ajoutée. Les cartes identifient des opérations commerciales (fonctions), les opérateurs de la chaine et leurs relations, aussi bien que les supporteurs de la chaine de valeur. Les cartes de chaine sont le noyau de toute analyse de chaine de valeur ajoutée et donc nécessaire.

Quantifier et décrire les chaines de valeur en détail inclut attacher des nombres à la carte de la chaine de base, par exemple numéroter les acteurs, le volume du produit ou des quotas de marché des maillons particuliers de la chaine. Selon l'intérêt spécifique, les analyses spécifiques de la chaine se focalisent sur tout aspect pertinent, par exemple les caractéristiques des acteurs particuliers, des services ou des conditions du cadre politique, institutionnel et juridique favorisant ou entravant le développement de la chaine.

L'analyse économique de la chaine de valeur est la performance de la chaine en termes d'efficacité économique. Ceci inclut la détermination de la valeur ajoutée à travers les étapes de la chaine de valeur ajoutée, du coût de production et, si possible, du revenu des opérateurs. Un autre aspect est les coûts de transaction.

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DEUXIEME PARTIE

PRESENTATION DES RESULTATS ET DISCUSSION

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CHAPITRE III : ANALYSE DE PRINCIPAUX ACTEURS DE LA CHAINE DE VALEUR ET LEURS ACTIVITES

Selon les statistiques agricoles officielles, au niveau national, la culture du manioc occupe la première place, en volume, et représente près de 75% de la production vivrière totale du pays. C'est la culture de la réalisation de la sécurité alimentaire étant donné qu'elle est produite, transformée, commercialisée et consommée dans toutes les provinces avec toutes les implications de revenus induits par les différents produits et services occasionnés (Khonde, 2001).

Les feuilles de manioc font partie des produits de manioc les plus consommés et dont la chaine de valeur implique un grand nombre d'acteurs (principalement les producteurs, les commerçants, les transporteurs, les transformateurs). Le présent chapitre présente les différentes facettes de la chaine de valeur de feuilles de manioc avec comme trame de fond la structure et la performance de cette chaine de valeur très étudiée jusqu'ici.

3.1. CARTOGRAPHIE DES ACTEURS DE LA CHAINE DE VALEUR

Comme illustrée dans la figure ci-dessous, la chaîne de valeur "feuilles de manioc" en RDC est animée respectivement par : les producteurs, les commerçants (grossistes et détaillants), les transformateurs et consommateurs des feuilles (les ménages). Le consommateur achète les feuilles fraiches auprès du détaillant, les feuilles moulues au supermarché et les feuilles préparées au restaurant.

Les producteurs sont au début de la chaîne. Ils assurent l'approvisionnement de tous les autres acteurs. La transformation se fait de deux manières : la première consiste en la transformation des feuilles fraiches en feuilles moulues congelées. Elle est réalisée soit par le producteur des feuilles fraiches lui-même, soit par le commerçant/transformateur dont l'activité principale reste la vente des feuilles moulues dans les supermarchés et ménages de Kinshasa. La deuxième est celle de la transformation des feuilles en plat épicé typiquement kinois. Cette transformation se fait au niveau des restaurants modernes et ceux de fortune (Malewa). Ces derniers achètent les feuilles chez les commerçants grossistes ou détaillants.

La distribution des feuilles est assurée par plusieurs acteurs notamment le producteur, le transformateur et les commerçants (grossistes et détaillants). En effet, le producteur des feuilles de manioc (en zones urbano-rurales) agit parfois comme commerçant grossiste et quelques rares fois comme transformateur des feuilles fraiches en feuilles moulues. Dans ces cas, il vend son produit aux commerçants détaillants ou directement aux consommateurs. A Kinshasa, les commerçants grossistes qui s'approvisionnent le plus souvent en milieu rural (et périurbain) déchargent leurs produits au niveau des parkings (cas de Matamba et UPN) considérés comme marchés secondaires pour les produits agricoles et agroalimentaires. Au bout de la chaine se trouve les détaillants (comprenant les supermarchés, les restaurants, les vendeurs aux marchés municipaux et les exportateurs). Ils servent des courroies de transmission de la demande des consommateurs aux transformateurs, aux grossistes et aux producteurs.

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Dans le processus de commercialisation, divers prestataires de services sont également mis à contribution dans l'acheminement des feuilles de manioc du producteur au consommateur. Il s'agit notamment des transporteurs, des manutentionnaires, des équipages, des dépositaires mais aussi des agents des services de l'Etat (Ministères de l'agriculture, d'économie, etc.). Ces différents acteurs sont le fruit d'une longue période d'adaptation de la filière vivrière aux multiples contraintes qui ont jalonné son parcours. En effet, selon Mpanzu (2012), la présence des acteurs illustre bien la défaillance des services de l'Etat à organiser le système d'approvisionnement des villes. C'est ainsi que plusieurs stratégies ont été mises en place par les acteurs de la filière vivrière dont certaines se sont traduites par l'apparition des nouveaux types d'acteurs devenus, pour certains, incontournables dans le processus de ravitaillement des grands centres de consommation en produits vivriers.

Prestataires
de service

Transporteurs Equipage Maman manoeuvres

Services de support

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Transformateurs-prestataires de services

Fonction

Acteurs

Produit

(1)

(2)

Production

(4)

Distribution

(5)

Consommation

Consommateurs

(3)

Transformation

Transformateurs(1)

Transformateurs(2)

Feuilles entiières Feuilles entières Feuilles moulues Feuilles préparées

Provision d'intrants et technologie

Fournisseurs d'intrants et équipements agricoles

Producteurs paysans

Grossistes & Détaillants

Figure 4: Cartographie des acteurs de la chaine de valeur

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3.2. ANALYSE DES PRINCIPAUX ACTEURS ET LEURS ACTIVITES

Ce point présente les aspects techniques caractéristiques de principaux acteurs impliqués dans la chaine de valeur feuille de manioc. Il s'agit de l'accès au foncier, au capital et aux intrants, de différentes activités de chaque acteurs, des contraintes rencontrées, du rendement, de la mise sur le marché, l'approvisionnement, le transport, conditions de vente, etc. Cette section permet ainsi d'avoir une vue claire de l'organisation et du fonctionnement de la chaine de valeur au niveau de chaque maillon. Les goulots d'étranglement à chaque maillon de la chaine de valeur sont aussi mis en évidence.

3.2.1. LES PRODUCTEURS DES FEUILLES DE MANIOC

La production du manioc occupe une place prépondérante dans l'agriculture familiale et contribue efficacement à la sécurité alimentaire des ménages et à l'économie rurale du pays (Kinkela, 2009).

Les feuilles de manioc consommées dans la ville de Kinshasa sont produites à Kinshasa et dans sa périphérie. La situation au niveau des producteurs dépend de l'espèce de manioc produite. L'espèce la plus produite est Manihot esculenta parce qu'elle permet d'obtenir deux produits très consommés du manioc : les racines tubéreuses (produit consommé cru ou transformé) et les feuilles. Avec le glazziovi par contre seules les feuilles sont obtenues. Sur 6 producteurs enquêtés, 2 produisent l'espèce Manihot glazziovi et 4 l'espèce Manihot esculenta.

3.2.1.1. Accès aux facteurs de production a. Accès au foncier

En matière d'accès à la terre pour les activités de production des feuilles de manioc, deux possibilités se présentent à Kinshasa et dans sa périphérie : les producteurs propriétaires des terres exploitées d'une part et ceux qui la louent d'autre part. En ce qui concerne les locataires, le loyer payé s'élève à 70.000 FC au plateau de Batéké et à 100.000 FC à Maluku pour un hectare et ceci pour un cycle de production. A Kasangulu, on assiste à une sorte de métayage dans lequel le locataire se partage la production des racines tubéreuses avec le propriétaire. A N'djili brasserie, les terrains agricoles sont de plus en plus lotis, ce qui a pour conséquence l'augmentation des prix.

Il faut noter qu'actuellement, avec la croissance démographique et l'accaparement des terres par de grands propriétaires fonciers, l'accès au foncier devient de plus en plus difficile particulièrement pour les petits producteurs. L'achat des terres agricoles à Menkao devient de plus en plus difficile à moins d'acheter au près d'anciens propriétaires. Les nouvelles terres sans propriétaires sont actuellement quasi-inexistantes. L'acquisition classique des terres se fait à travers le chef coutumier avec signature d'un contrat d'emphytéose de 25 ans délivré par l'Etat.

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Ce contrat est conditionné par la mise en valeur du terrain acquis, ce qui n'est pas toujours le cas. Généralement les propriétaires terriens deviennent à leur tour des loueurs de terre à ceux qui veulent pratiquer l'agriculture.

b. Accès aux semences et superficie cultivée

Les espèces du genre Manihot se reproduisent par bouturage. L'approvisionnement en boutures se fait généralement par prélèvement sur culture après la récolte. Les producteurs achètent les boutures en cas d'introduction d'une nouvelle variété qu'ils souhaitent expérimenter. Cet achat se fait généralement auprès d'autres agriculteurs qui ont acheté ou reçu des boutures des projets assurant la diffusion de nouvelles variétés. Il faudra noter que beaucoup de cas de donation des boutures existent entre paysans ou encore des dons provenant des OP, associations ou ONG. La plupart des paysans produisent le Manihot esculenta sur de grandes superficies pouvant atteindre jusqu'à 13 ha et ce, en association culturale ou non. Par contre, la production de Manihot glazziovi se fait sur de petites étendues, parfois même sur de très petites parcelles de moins de 400 m2.

c. Main d'oeuvre utilisée

La main d'oeuvre utilisée est exclusivement familiale sauf au plateau et à Maluku où, compte tenu de l'importance des superficies emblavées, les producteurs recourent, outre la main d'oeuvre familiale, à la main d'oeuvre payée pour les différentes opérations culturales notamment la préparation du terrain, le semis, l'entretien et la récolte. La main d'oeuvre est rémunérée à la tâche sur une étendue d'1 ha. Les coûts de production diffèrent d'un site à l'autre car la rémunération de la main d'oeuvre présente de grandes différences. C'est le cas notamment des sites de Maluku et du Plateau de Batéké tel qu'illustré dans le tableau ci-dessous

Tableau n°1 : Rémunération de la main d'oeuvre selon les sites de production

ACTIVITES

MENKAO

MALUKU

Préparation du terrain

75.000

80.000

Labour

70.000

60.000

Hersage

70.000

 

Billonnage

70.000

 

Semis

50.000

100.000

Sarclage

50.000

60.000

Récolte

17.500

50.000

Total

402.500

350.000

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d. Capital utilisé dans les activités de production

Les moyens d'exploitation utilisés dans la production des feuilles de manioc sont artisanaux dans la plupart des cas. Par contre, on constate, au plateau de Batéké, le recours à la mécanisation pour certaines opérations culturales notamment le labour, le hersage et la réalisation des billons.

A Kasangulu, Maluku ou encore dans les communes urbano-rurales de la ville-province de Kinshasa, le travail se fait essentiellement à la main avec des outils agricoles simples qui nécessitent beaucoup d'efforts physiques pour l'accomplissement de chaque tâche. Les matériels utilisés par la main d'oeuvre se limitent à la houe, à la hache, à la machette et à la pelle.

e. Capital financier

Les moyens financiers utilisés par les producteurs des feuilles de manioc en zone périurbaine sont constitués exclusivement de fonds propres. Dans le cadre de l'autofinancement, les paysans diversifient parfois les cultures (maïs, courge, arachide, cultures maraichères) pour trouver de quoi financer le manioc, la culture principale. Il y a donc un déficit criant en matière de financement. Les institutions bancaires n'accordent pas de crédits aux agriculteurs de manière générale et ceux du manioc ne font pas exception.

3.2.1.2. Activités de production des feuilles de manioc

Le Manihot esculenta, communément appelé « pondu ya kongo », est produit dans la périphérie de Kinshasa : spécialement au plateau de Batéké et à Kasangulu. Il est principalement produit pour la récolte des racines et les feuilles constituent une production secondaire. La production de feuilles ne constitue donc pas le principal objectif des producteurs du Manihot esculenta.

Le Manihot glazziovi, communément appelé « pondu ya caoutchouc », est produit dans les communes urbano-rurales de Kinshasa notamment N'sele, Maluku, N'djili et Kinsenso. Cette espèce est uniquement cultivée pour la production des feuilles, elle ne donne pas en effet, de racines tubéreuses.

a. Système cultural

a.1. Calendrier agricole

Le calendrier agricole connait des modifications au plateau de Batéké suite aux perturbations climatiques. Les producteurs commencent à planter au mois de mars pour récolter les feuilles déjà aux mois de mai, juin, juillet et surtout au mois d'août car durant cette période (saison sèche), les feuilles de manioc coûtent excessivement chères parce qu'elles sont rares sur le marché. Le prix de vente augmente de 100 % voire plus, par rapport à la saison des pluies durant laquelle l'offre est abondante.

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Au niveau de Maluku, les travaux de préparations de terrains se font au mois de mars et la plantation à la fin du même mois et au début du mois d'avril. Les premières récoltes commencent au mois de mai et les autres suivront après un mois jusqu'au mois de mars de l'année suivante.

A N'djili brasserie il n'y a pas un calendrier précis en rapport avec les feuilles de manioc. Les plantations qui s'y trouvent restent longtemps en place jusqu'à ce que le producteur se rende compte que les rendements ont chuté. Les plantes peuvent produire jusqu'à 3 ans. A Kasangulu, les travaux de préparations de terrain commencent au mois de décembre et prennent fin en janvier. Au mois de février ils font la plantation et au mois de mai les premières récoltes commencent. En Juillet ils font la deuxième récolte et en septembre, la dernière récolte.

a.2. Variétés cultivées

Etant donné que les feuilles ne constituent qu'une production secondaire pour les producteurs du Manihot esculenta, les variétés à cultiver sont choisies en fonction du rendement en racine et non celui en feuilles. Les variétés les plus utilisées sont « Nsumbakani », « Pelubuya », « Kambi », « Kolodingumbi », « Mobutu », « Sassou », « Ngamanza », « Inga », « Epsa », « Malibwata » et « Mabibi ».

De ces variétés, celles qui permettent d'obtenir des feuilles de bonne qualité sont : « Kolodingumbi », « Nsumbakani », « Inga » et « Malibwata ». Celles qui permettent d'obtenir des feuilles en grande quantité sont : « Sassou », « Mobutu » et « Pelubuya ». Le Manihot glazziovi par contre n'a pas d'autres variétés connues que le caoutchouc. Les boutures de différentes variétés ne sont pas disponibles sur le marché local ; les producteurs prélèvent les boutures après la récolte ou en achetant auprès des fermiers voisins.

En ce qui concerne le Manihot glazziovi, les boutures utilisées pour la production proviennent essentiellement de la culture précédente ou en place étant donné que les feuilles de Manihot glazziovi peuvent se récolter sur plusieurs années. Toutes ces variétés sont locales et n'ont pas de code de recherche. Certaines variétés sont réputées disparues, comme Pelubuya, mais sont encore utilisées par certains producteurs.

a.3. Fertilisation et associations culturales

La production du manioc dans les différents sites enquêtés se fait sans utilisation d'engrais chimiques. Les producteurs utilisent les engrais organiques tels que les feuilles de maïs, la coque de courge ou encore la coque d'arachide. Comme dans d'autres régions du pays, le manioc (Manihot esculenta ou glazziovi) à Kinshasa et dans sa périphérie est généralement produit en association culturale. Les différentes cultures associées au manioc sont le maïs, l'arachide, la courge ainsi que les cultures maraichères. Lorsque le producteur dispose de grandes étendues, comme c'est le cas à Menkao comme à Maluku, à côté des cultures associées on rencontre de grandes superficies de culture pure de manioc (monoculture).

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a.4. Récolte et rendement

La récolte des feuilles se fait par le client sous la supervision du producteur. Dans un champ de Manihot esculenta, les feuilles ne sont récoltées qu'à trois reprises pour ne pas compromettre la production des racines. Par contre, dans un champ de Manihot glazziovi, les feuilles sont récoltées une à deux fois le mois. Cette récolte est essentiellement manuelle. En effet, les personnes chargées de récolte coupent à la main les branches de manioc et forment immédiatement des bottes.

Généralement la récolte se fait à deux moments de la journée, le matin avant le lever du soleil ou le soir à son coucher. Le choix de ces deux moments de fraicheur est motivé par le souci d'éviter le flétrissement des feuilles récoltées.

Le facteur le plus déterminant dans le choix du moment de la récolte est donc la température. En effet, les fortes chaleurs réduisent la qualité des feuilles de manioc par le flétrissement, ce qui a pour conséquence la baisse du prix des feuilles lors de la revente à Kinshasa.

Manihot esculenta

Produit au plateau de Batéké et à Kasangulu, le Manihot esculenta a un rendement par récolte de 6 à 8 colis/ha en saison sèche et de 8 à 10 colis/ha en saison pluvieuse au plateau. Le colis est une grosse botte d'environ 110 kg avec tige et 60 kg sans tige. Le rendement en feuilles uniquement, varie donc en moyenne de 360 kg à 600 kg. A Kasangulu, le producteur obtient en moyenne 300 bottes par ha et par an. Le poids d'une botte est d'environ 2 kg sans tige. Le rendement par ha est donc de 600 kg.

Manihot glazziovi

Produit à Maluku et à N'djili, le rendement d'un hectare bien entretenu à Maluku varie de 80 à 100 bottes. Cette grosse botte de 22 kg avec tige et 12 kg sans tige, a un prix qui varie de 10.000 FC à 17.000 FC en fonction du prix du marché, de la négociation avec le client et du coût de production. A N'djili il est difficile d'estimer le rendement vu que les associations culturales se font sur toutes les plates-bandes. Les pieds de manioc sont très éparpillés sur une même plate-bande. Cependant le producteur ayant un contrat avec les exportateurs, livre 200 kg de feuilles sans tige chaque fin du mois et 80 kg chaque mois aux marchandes ambulantes venant de Kinsenso, de Lemba et d'autres communes de Kinshasa.

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Le rendement en feuilles dépend du choix de terrain, de l'espèce et de variétés ainsi que des entretiens. En raison de la faible comptabilité au niveau des producteurs, seuls les rendements de Menkao et de Maluku seront présentés dans le tableau et graphiques ci-après :

Tableau n° 2 : Rendement moyen en feuilles de manioc par ha pour une année culturale

Site

Variété

Période

Rendement

Nombre de

bottes

Poids/Botte (kg)

Rendement total (kg)

Menkao

Manihot esculenta

Saison pluvieuse

28

60

1.680

Saison sèche

22

60

1.320

Maluku

Manihot glazziovi

Cycle culturale

606

12

7.272

Source : Enquête d'août - décembre 2016

Il se dégage du tableau précédent que le rendement annuel en feuilles du Manihot glazziovi est de loin supérieur à celui du Manihot esculenta produit en saison pluvieuse ou en saison sèche. Le producteur du Manihot esculenta qui récolte en saison sèche a un rendement faible que celui qui récolte en saison pluvieuse. Cette différence dans le rendement est due aux manques de pluies à la saison sèche.

b. Destination du produit

Les feuilles de manioc produites dans la périphérie de Kinshasa ont deux grandes destinations : le marché de Matamba à l'Est de Kinshasa et celui d'UPN à l'Ouest de Kinshasa. Les grandes quantités de feuilles provenant de Kasangulu atteignent le marché d'UPN au plus tard à 6h00 du matin. Ces feuilles sont transportées par taxi et taxi-bus, bien attachées sur le porte-bagage ou entassées dans le coffre de taxi. Le chargement est fait de telle sorte que les feuilles bénéficient d'une certaine aération pour éviter leur détérioration.

Les feuilles venues du plateau de Batéké sont acheminées vers Kinshasa à deux moments principaux de la journée : aux environs de 11h00 et le soir entre 16h00 et 19h00 voire 20h00. Cette situation fait que les feuilles de manioc sont permanentes au niveau du marché de Matamba. Les producteurs du plateau de Batéké viennent jusqu'à Kinshasa (marché Matamba) pour vendre leurs feuilles aux grossistes. Ce qui leur permet de recevoir un prix beaucoup plus rémunérateur que lorsqu'ils font la vente bord champs même si le transport et la vente à Kinshasa engendre des coûts supplémentaires.

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c. Stockage et conservation

A l'Est de Kinshasa, les feuilles de manioc sont vendues le même jour aux commerçants grossistes et détaillants. Par contre à l'Ouest le produit est vendu généralement le jour suivant la récolte ; ce qui implique le stockage en attendant la vente au niveau du marché secondaire. Le stockage des feuilles de manioc se fait généralement à domicile, chez le producteur ou le commerçant ayant acheté la récolte. Pour préserver la fraicheur des feuilles de manioc, les commerçants les plongent dans l'eau quelques instants avant de les étaler sur la pelouse, les tiges au sol et les feuilles en l'air.

d. Modalités de vente

Pour fixer le prix de vente de leurs productions, les producteurs de Manihot esculenta tiennent en premier lieux compte du prix qui prévaut sur le marché mais aussi de la qualité des feuilles de manioc. Par contre les producteurs de Manihot glazziovi fixent leur prix de vente en tenant compte : des coûts engagés, de la qualité du produit et du prix prévalant sur le marché. Cette différence dans l'approche suivie pour la fixation du prix s'explique par la place que le producteur accorde aux feuilles de manioc et la demande élevée en Manihot glazziovi.

Le producteur du Manihot esculenta considère les feuilles comme une production secondaire, les racines tubéreuses étant le produit principal visé. Le producteur se conforme beaucoup plus facilement au prix du marché. Par contre le producteur du Manihot glazziovi n'a que les feuilles comme produit récolté d'où la nécessité pour lui d'obtenir le meilleur prix possible lui permettant de couvrir ses coûts et de dégager un bénéfice.

Le facteur le plus déterminant dans la négociation du prix entre le vendeur et l'acheteur est la qualité des feuilles. Quand le producteur est conscient de la qualité de son produit, il a tendance à le vendre un peu plus cher et, est beaucoup moins flexible durant le marchandage. Ainsi, avec une bonne qualité des feuilles l'écoulement de la marchandise est moins difficile même en cas d'abondance. La vente de feuilles de manioc se fait toujours au comptant quelle que soit la relation qui existe entre le vendeur et l'acheteur, la demande élevée en ce produit explique sans doute cette situation.

Le prix des feuilles auprès du producteur varie de 7.500 FC à 12.500 FC par colis en saison pluvieuse. L'abondance entraine la baisse des prix de vente et certains producteurs ont compris qu'il leur est profitable de vendre en saison sèche durant laquelle le prix du colis augmente (15.000 FC, 25.000 FC voire 35.000 FC par colis). Ce qui revient à dire que le prix d'1 kg de feuilles au niveau du producteur varie de 125 FC à 208 FC en saison pluvieuse et de 250 FC à 583 FC en saison sèche. Vu le nombre des producteurs des feuilles de manioc à Kinshasa et dans sa périphérie, la concurrence est présente et se fait ressentir. La qualité des feuilles constitue donc un élément déterminant pour une commercialisation aisée. Il parait ainsi impérieux pour le producteur et le grossiste de veiller aux conditions assurant cette qualité. Il s'agit notamment de la variété et de la maitrise des activités post-récoltes.

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En ce qui concerne le mode de fonctionnement du marché, on note qu'au plateau de Batéké et à Maluku, les producteurs récoltent pour venir vendre à Kinshasa. Alors qu'à Kasangulu les producteurs ne récoltent, le plus souvent, que quand ils ont une commande déjà ferme des grossistes. Les Kinois ne vont pas acheter les feuilles à Kasangulu pour les revendre à Kinshasa. En effet, les quantités vendues au niveau du producteur sont déjà en détail.

e. Contraintes et Potentialités

e.1. Contraintes

Le problème majeur au niveau des producteurs est le manque de financement des activités notamment pour l'achat des matériels ou équipements de travail et la rémunération de la main d'oeuvre extérieure mais aussi pour étendre les activités. Le manque de crédit fait que les producteurs recourent essentiellement à l'autofinancement. Cependant, il faut noter aussi que la plupart des producteurs redoutent de contracter une dette par peur de se retrouver dans l'incapacité de la rembourser et ainsi entrer dans le cycle d'endettement.

La seconde contrainte est le manque d'encadrement. La plupart des producteurs ont besoin d'améliorer leurs conditions de travail et ce par des formations techniques qu'ils n'ont pas actuellement. Les producteurs de Kasangulu et de N'djili ont des difficultés pour accéder au foncier. Les terres sont de plus en plus rares et donc chères. A Kasangulu les terres sont en majorité détenues par des propriétaires qui, malheureusement, ne les cultivent pas. Ceci contraint les producteurs à recourir au métayage. Cette situation réduit le niveau des revenus des paysans lorsqu'on sait que la répartition de la récolte entre le propriétaire terrien et le métayer peut être de 50% de la production obtenue.

e.2. Potentialités

La production des feuilles de manioc bénéficie d'une rente de situation. En effet, il s'agit d'une spéculation qui est produite à proximité des zones de consommation. Ceci constitue un gain non négligeable en termes de temps nécessaire pour atteindre le marché.

3.2.2. COMMERCIALISATION DES FEUILLES DE MANIOC

L'étude de la commercialisation d'un produit agricole s'effectue souvent dans le cadre d'une filière de production agricole. L'analyse par filière consiste donc à suivre l'itinéraire d'un produit agro-alimentaire depuis la production des matières premières agricoles qui servent à sa fabrication jusqu'à son utilisation finale en tant que produit alimentaire consommable ; c'est-à-dire suivre son itinéraire de l'exploitation agricole jusqu'à l'assiette du consommateur (Mpanzu, 2007).

Les feuilles de manioc sont vendues dans tous les grands marchés officiels, les petits marchés de commune ou de quartier, par les marchands ambulants ainsi que quelques supermarchés de la ville-province de Kinshasa. L'activité de commerce des feuilles de manioc dans la zone urbaine et périurbaine de Kinshasa est exercée aussi bien par des commerçants grossistes que

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par des détaillants. Les enquêtes sur la commercialisation des feuilles de manioc ont été menées auprès des grossistes et détaillants au niveau des marchés de Matamba et UPN qui constituent les deux grands marchés secondaires de ce légume.

3.2.2.1. Situation au marché Matamba

Le marché de Matamba, c'est-à-dire feuilles de manioc en langue tshiluba, est un marché, comme le nom l'indique, spécialisé dans la commercialisation des feuilles de manioc aussi bien de gros que de détail. C'est un marché qui est à la fois secondaire et tertiaire. En effet dans ce marché on trouve aussi bien les grossistes que les détaillants. C'est le plus grand centre commercial des feuilles de manioc à Kinshasa où les transactions se font de manière quasi-permanentes.

A. Commerce de gros

Les feuilles de manioc vendues par les grossistes à Matamba viennent du plateau de Batéké plus fréquemment de Menkao, de Bita, de Dumi et de petits villages dans les environs de ces grands centres de transit ; mais également de Maluku pour le Manihot glazziovi. Les grossistes des feuilles de manioc à Matamba s'approvisionnent de deux manières : l'achat bord champ et achat à Kinshasa auprès des producteurs au niveau du même marché.

a. Approvisionnement bord champ

L'achat bord champ se fait de deux manières : Le commerçant peut acheter à l'hectare ou par botte. L'hectare coûte 35.000 FC et compte 7 colis1 en moyenne soit 35 variés2. Quand il achète par botte, cette dernière coûte 1.500 FC.

a.1. Organisation

Par un appel de la part du producteur, les commerçants s'organisent en groupe ou le plus souvent individuellement, recrutent la main d'oeuvre appelée « équipage3 », et louent un véhicule depuis Kinshasa pour récolter et transporter les feuilles de manioc achetées. Le voyage s'effectue généralement la nuit. Le commerçant paie le producteur en fonction de l'étendue à récolter. Cette dernière commence aux environs de 4h et prend fin avant le lever du soleil pour facilement atteindre Matamba sans que la production soit brûlée par les rayons solaires.

La récolte se fait par les ouvriers appelés « équipages ». Une fois la récolte réalisée, les feuilles sont regroupées par bottes et le véhicule peut être chargé pour l'acheminement de la marchandise vers Matamba à Kinshasa. La botte autrement appelée varié, est achetée à 1.500 FC est vendue de 4.000 FC à 6.000 FC selon la qualité. Le commerçant effectue un approvisionnement par semaine. Cette fréquence d'achat s'explique par le fait que le travail est physiquement épuisant. Le grossiste doit, en outre, être sûr au préalable de la disponibilité de la marchandise avant d'organiser le voyage.

1 Colis : botte de 110 kg avec tiges et 60 kg sans tiges

2 Varié : botte de 22 kg avec tiges et 12 kg sans tiges

3 Equipage : main d'oeuvre utilisée dans la récolte des feuilles

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a.2. Risques

L'achat des feuilles de manioc au niveau du producteur parait intéressant pour les grossistes. En effet, ils réalisent en moyenne un bénéfice représentant au moins 50 % de leurs dépenses. Cependant le risque est très élevé :

- Le risque que les équipages finissent la récolte plus tard que prévu, ce qui aura pour conséquence la détérioration des feuilles durant le transport avec l'ensoleillement ;

- Le risque d'être en face des feuilles de manioc de mauvaise qualité ; - Le risque de passer nuit à la belle étoile en cas de panne du véhicule.

Pour contourner ces risques, les grossistes préfèrent généralement acheter les feuilles de manioc à l'arrivée à Kinshasa. Les grossistes choisissent donc généralement la sécurité à un profit élevé avec beaucoup de risques qui peuvent leur faire perdre toute la somme investie.

b. Approvisionnement à Matamba.

Cet approvisionnement s'est développé suite aux risques liés à un achat sur le lieu de production au plateau de Batéké. Les producteurs viennent vendre leurs marchandises à Matamba à un prix incluant les frais de transport et la main d'oeuvre utilisée pour la récolte. La variée est vendue à 5.000 FC. Cette pratique donne naissance à un autre acteur dans la filière : « maman manoeuvre ». Elle sert de pont entre le grossiste qui est généralement le producteur et le détaillant. Le producteur prend contact avec la « maman manoeuvre » avant tout déplacement pour Matamba. Une fois arrivé à Kinshasa, le producteur confie la marchandise à la maman manoeuvre qui se charge de la vente en majorant le prix de la variée de 1.000 FC pour réaliser une marge. La plupart des mamans manoeuvres sont d'anciens grossistes qui ont renoncé à s'approvisionner au lieu de production pour éviter les risques signalés ci-haut. Les mamans manoeuvres peuvent réaliser jusqu'à trois rotations achat-vente par semaine.

c. Contrainte au niveau du grossiste

Le grossiste n'éprouve pas des difficultés particulières dans l'écoulement de sa marchandise. Lorsqu'il y a moins de clients, il stocke la marchandise pour la vendre le lendemain, ou alors il vend en détail en cassant le prix pour écouler rapidement sa marchandise. La vente en détail permet au grossiste un bénéfice plus important même si cela peut prendre beaucoup de temps.

B. Commerce de détail a. Approvisionnement

Les détaillants des feuilles de manioc à Matamba, s'approvisionnent et vendent sur place. L'espèce préférée par les consommateurs est le Manihot glazziovi. Le Manihot esculenta est généralement achetée lorsque le Manihot glazziovi n'est pas en abondance sur le marché.

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b. Dépenses réalisées

Hormis le coût d'achat, les détaillants dépensent pour la taxe et le dépôt. La taxe s'élève à 400 FC et les frais de dépôt 500 FC. Le tout par jour pour l'ensemble de marchandises. L'achat et la vente sont faits le long de la journée à chaque fois qu'un véhicule arrive et que le commerçant a la possibilité de se procurer de la marchandise.

c. Conditions de vente et contraintes

La vente ayant lieu tout au long de la journée. Les détaillants sont obligés de préserver la qualité et la fraicheur des feuilles de manioc. La pratique la plus répandue parmi les détaillants est l'aspersion de l'eau sur les feuilles et la vente sous un abri afin de protéger les feuilles contre les rayons solaires. Une botte « variée » achetée donne 20 bottes de 500 FC en saison pluvieuse. Le poids d'une botte est en moyenne d'1 kg avec tige et environ 600 gr sans tige. Les détaillants s'approvisionnent en moyenne trois fois par semaine en saison pluvieuse et deux fois en saison sèche à cause de la rareté du produit au champ due au manque de pluie.

e. Rareté

Les feuilles de manioc sont rares à la saison sèche au point que le prix à l'achat comme à la vente augmente d'au moins 100 %. La saison sèche est donc la période la plus intéressante pour les commerçants. Pendant cette période où l'offre est inférieure à la demande, les clients ne sont pas très exigeants en ce qui concerne la qualité des feuilles. Ils se contentent de ce qui est disponible sur le marché quelle qu'en soit la qualité.

f. « Bidongola »

Les « bidongola » sont des déchets provenant du reconditionnement de grosses bottes achetées en gros en de plus petites vendues en détail. La nouvelle petite botte qui est l'unité de vente en détail pèse en moyenne 1 kg avec tige soit 600 gr sans tige. Les feuilles qui tombent lors du reconditionnement sont toutes récupérées et vendues en tas d'environ 750 grammes à 200 FC. Une variée (botte d'environ 12 kg) peut produire 3 à 6 tas.

3.2.2.2. Situation du marché UPN A. Approvisionnement

La situation de commercialisation au marché UPN est très différente de celle de Matamba. Dans ce dernier marché, il y a des acteurs économiques très distincts de par leurs produits et leurs activités. Par contre, au marché UPN, tous les acteurs sont mêlés. Une même personne est à la fois grossiste et détaillant. Tout dépend du moment de la journée. A leur arrivée, les commerçants sont grossistes, ils vendent aux mamans manoeuvres venues des quartiers environnants et qui les revendront à leur tour, en détail, de manière ambulante ainsi qu'aux restaurateurs de fortune en saison sèche. Cette situation n'est pas régulière. Le commerçant est grossiste seulement quand il y a le client et des invendus.

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La commercialisation des feuilles de manioc au marché UPN est réalisée par les habitants de Kasangulu qui viennent uniquement vendre les feuilles et retourner au Kongo-Central. Les feuilles de manioc commercialisées dans ce marché viennent du Kongo-Central et plus précisément de Kasangulu. Le commerce est plus réalisé en détail qu'en gros. Le commerçant grossiste achète auprès du producteur des bottes de 2 kg à 500 FC la botte. Arrivé à Kinshasa, la même botte sera divisée par deux et vendue à 500 FC la demi-botte.

Pour faciliter le transport de sa marchandise, le commerçant au niveau de Kasangulu rassemble toutes ses bottes en « kimfunda ». Cette unité n'a pas d'équivalent précis parce qu'elle varie en fonction du nombre de botte. Le kimfunda contient en moyenne 45 (45 kg) à 100 bottes (100 kg). Le frais de transport d'un kimfunda est de 1.000 FC. Au marché, le commerçant dépense 1.200 FC chaque jour pour les taxes et la location de la place.

B. Rareté et Contraintes

Comme à Matamba, la rareté des feuilles est remarquable pendant la saison sèche. Ce phénomène pèse énormément sur les commerçants qui sont obligés de combiner les feuilles de manioc à d'autres légumes ou à la chikwangue pour avoir un revenu permanent. Les commerçants des feuilles de manioc du marché UPN s'approvisionnent le soir auprès des producteurs pour vendre le matin à Kinshasa. La contrainte principale est le manque de place au marché et la vente à même le sol sans abri. Afin de garder les feuilles fraiches malgré le soleil, les détaillants sont obligés d'asperger régulièrement de l'eau sur les feuilles et pour ce faire, ils dépensent parfois jusqu'à 1.000 FC pour acheter de l'eau. Ceci réduit leur profit.

3.2.2.3. Transport

Le transport des feuilles de manioc n'est pas spécialisé. Les chauffeurs transportent les feuilles lorsque leurs véhicules sont loués par les commerçants ou les producteurs. Les véhicules habituellement utilisés pour le transport des feuilles de manioc peuvent transporter jusqu'à 1,5 tonnes ; cependant les quantités transportées sont de loin supérieures à la capacité des véhicules. Il faut noter que la tige représente presque 50 % du poids des bottes transportées et vendues, et pourtant seules les feuilles sont consommées. Malgré leur poids, les tiges jouent un rôle primordial : celui de contribuer à la conservation de la fraicheur des feuilles.

Le frais de transport est fixé par botte et dépend de la distance entre le lieu de chargement et Kinshasa. Il varie de 1.000 FC à 1.500 FC. Les chauffeurs transportent des quantités allant jusqu'à 100 variés soit 2,2 tonnes par voyage sans compter les passagers dont le nombre varie entre 10 et 16 personnes. Un véhicule réalise en moyen 20 rotations par mois à raison de 5 par semaine.

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3.2.3. LES TRANSFORMATEURS DES FEUILLES DE MANIOC

Il s'agit dans ce point, de parler de type de transformation des feuilles réalisées à Kinshasa. Outre ces transformateurs, la transformation au niveau des ménages sera évoquée pour établir la comparaison entre le processus au niveau des ménages et celui de l'industrie.

Trois types de transformateurs ont été identifiés dans la ville-province de Kinshasa:

1. Les prestataires de service ;

2. Les transformateur-commerçants des feuilles moulues ;

3. Les transformateur-commerçants des feuilles préparées.

3.2.3.1. Prestataire de service

Les enquêtes au niveau de ces transformateurs ont eu lieu dans les marchés de Ngaba et de Mbanza-Lemba. Il ne s'agit pas de comparer les deux marchés mais plutôt de récolter jusqu'à saturation, des informations sur le matériel utilisé, l'organisation du travail et l'analyse financière de l'acteur. La transformation au niveau des marchés se fait près des pavillons des légumes. Les transformateurs installent leurs machines et attendent les clients.

a. Matériels utilisés

Les transformateurs utilisent les matériels suivants pour leur travail : le bassin, le bidon de 25 litres, le malaxeur, la friteuse et la machine à moudre. En moyenne un transformateur dispose de 9 bassins, 2 bidons de 25 litres, 2 malaxeurs, 1 friteuse et 1 machine à moudre. Le bassin sert à nettoyer les feuilles, le bidon sert de réserve d'eau, le malaxeur sert à remuer les feuilles plongées dans la friteuse, celle-ci sert à chauffer de l'eau où les feuilles de manioc seront plongées avant d'être moulues dans la machine. Ces matériels ont une ancienneté qui va de 5 à 10 ans, subissant de petites réparations deux à trois fois tous les 3 ans. Le renouvellement d'équipements est quasi-inexistant. En effet, les transformateurs passent de réparation en réparation pour conserver leurs outils de travail. La plupart des moteurs continuent à tourner même au-delà de 10 ans. Ces moteurs fonctionnent 6 jours sur 7 pendant près de 10h par jour. Le moteur coûte 150 USD. Il peut en théorie être utilisé pendant 5 ans ce qui donne une provision pour amortissement de 30 USD par an, soit 2,5 USD par mois.

La machine est constituée d'un seau en plastique avec une hélice en métal à l'intérieur, monté sur une petite table en métal sur laquelle est fixé le moteur. Tous ces équipements en métal sont susceptibles d'être rouillés vus qu'ils sont en contact permanent avec de l'eau. La machine n'a pas d'interrupteur. Il suffit de mettre en contact deux fils électriques pour qu'elle démarre. Elle n'a pas non plus un dispositif permettant le réglage de la vitesse. La vitesse de rotation de l'hélice est constante : le degré de la mouture dépend uniquement du temps.

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3.3.1.2. Organisation du travail

Le travail commence à 7h00 et prend fin à 17h00. Il n'y a pas de pause proprement dite. La pause c'est quand les clients sont absents. La période d'intense activité est le mois de décembre. Dans la semaine les jours de forte activité sont : vendredi, samedi et dimanche. Généralement le transformateur prend un jour de repos par semaine (mardi, mercredi ou jeudi). Le processus de transformation commence chez le client. Le transformateur n'est là que pour chauffer les feuilles puis les moudre. C'est le client qui sépare les feuilles des tiges, les nettoie, apprête les épices et donne le tout au machiniste.

Le travail du machiniste commence en plongeant les feuilles dans de l'eau bouillante pour réduire le cyanure. La durée de cette étape dépend de l'espèce. Le Manihot esculenta prend moins de temps (environ 5 secondes) dans de l'eau chaude. Le Manihot glazziovi prend plus de temps (jusqu'à 15 secondes). Au terme de cette étape, les feuilles passent à la machine. La durée de la mouture est déterminée par le client selon la texture souhaitée (mouture fine ou légère). La durée de la mouture dépend plus du produit avec lequel les feuilles seront consommées. Pour le savoir, le transformateur pose la question au client de savoir si les feuilles seront consommées avec le riz, le fufu ou le haricot. C'est en fonction de la réponse du client que le transformateur fixera le temps de mouture. La mouture se fait de manière séquentielle pour permettre au client d'apprécier le degré de mouture afin que le transformateur puisse s'arrêter ou poursuivre.

a. Division du travail

Tableau n° 3 : Etape, durée et responsable de la tâche

Etapes

Durée

Qui ?

Effeuillage

 

Client

Nettoyage

 

Client Transformateur

Kokalinga

5 à 15 secondes

Transformateur

Mouture

5 à 45 secondes

Transformateur

Il arrive que le transformateur fasse le travail de nettoyage généralement réalisé par le client lui-même. La mouture est une opération qui ne prend pas beaucoup de temps comparée au pilonnage réalisé à la main utilisant le mortier et le pilon.

Lors de la transformation aucun ingrédient n'est ajouté aux feuilles moulues ; le « pondu » ainsi obtenu est nature.

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b. Prix de la transformation

La tarification se fait en fonction de la quantité des feuilles de manioc à moudre. Au marché de Ngaba il n'y a pas une tarification fixe. Le prix varie de 100 FC à 500 FC, en fonction de la quantité et de la négociation avec le client. Au marché de Mbanza-Lemba, les prix sont connus d'avance, ceci n'empêche pas la négociation entre le client et le transformateur. Pour une botte de 1.000 FC, la transformation vaut 500 FC et pour celle de 500 FC elle varie entre 200 FC et 300 FC.

En dehors de samedi, la recette moyenne est de 17.000 FC le jour. Samedi le transformateur fait des recettes allant de 25.000 FC à 30.000 FC. Ceci s'explique par le fait que samedi beaucoup de ménages achètent les feuilles de manioc en grande quantité pour en consommer pendant tout le week-end. Alors non seulement que les quantités sont grandes mais aussi il y a beaucoup de clients au point de faire la queue.

Pour les transformateurs qui ne sont pas propriétaires, ils ont un versement moyen de 9.000 FC par jour. La facture d'électricité est payée par le versement d'un jour non versé au propriétaire de la machine. Le reste des dépenses prises en charge par le transformateur y compris sa rémunération.

d. Contrainte

La contrainte majeure au niveau de ces acteurs est les coupures intempestives d'électricité. 3.2.3.2. Transformateur-commerçant des feuilles moulues

Parmi les supermarchés enquêtés, deux transforment et commercialisent les feuilles moulues. Un seul supermarché réalise des plats de feuilles de manioc à emporter.

a. Approvisionnement en matière première

Les différents transformateurs s'approvisionnent auprès des commerçants grossistes au marché UPN, Matamba et au niveau de champs à N'sele ou au plateau de Batéké. La seule espèce utilisée dans la transformation est le Manihot glazziovi. Les critères sur lesquels se basent les transformateurs à l'achat sont : la tendreté des feuilles, la couleur verte et les feuilles non mosaïquées. La mosaïque réduit le rendement car les feuilles ont surface foliaire réduite. La quantité achetée lors de l'approvisionnement dépend de la demande des clients qui achètent les feuilles moulues. Cette quantité varie de 10 kg à 400 kg.

b. Transformation

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? Matériels

Les matériels utilisés dans la transformation sont :

- La marmite : Le transformateur y met de l'eau qu'il chauffe à 100° C pour tremper les feuilles. Cette pratique qui ne dure que quelques secondes (5 à 10) permet de réduire le cyanure.

- La machine : Beaucoup de transformateurs utilisent les machines de fabrication locale avec un moteur, un seau en plastique et une hélice. Seule l'usine « Sombe » a commandé une machine spéciale pour moudre les feuilles. Cette machine est faite à base du métal inoxydable donc qui ne forme pas la rouille. Ce qui n'est pas le cas chez les autres transformateurs.

c. Stockage et conservation

Dès que les feuilles sortent de la machine, elles sont conditionnées dans les emballages de 500 et 1.000 grammes et directement mises dans la chambre froide. Une à deux semaines après, elles seront mises au congélateur dans le supermarché. Ainsi les feuilles de manioc peuvent se conserver jusqu'à 6 mois voire même plus, dans le froid.

d. Vente et conditionnement

La vente se fait dans des sachets de 500 et 1.000 grammes conditionnées. L'emballage doit être résistant et transparent. Généralement les sachets sont sans label sauf l'usine Sombe qui utilise un autre emballage assez spécial commandé de la Chine avec les indications sur l'emballage. Les informations sur l'emballage sont: le nom du transformateur, le lieu de transformation, la date de péremption, les coordonnées du transformateur, le mode de préparation et l'espèce transformée. Les feuilles de manioc moulues et congelées ne sont pas encore très bien connues par les consommateurs. La plupart des ménages réalisent eux-mêmes la mouture.

e. Contraintes

Les contraintes rencontrées par les transformateurs sont :

- le dérangement et tracasserie des agents des services de l'Etat à l'instar de l'Office Congolais de Contrôle (O.C.C.) ;

- les coupures intempestives d'électricité.

3.2.3.3. Transformateur-commerçant des feuilles de manioc préparées

La transformation des feuilles de manioc en plat se fait actuellement dans la plupart des supermarchés de la ville de Kinshasa. Ces commerçants de détail d'un genre nouveau s'intéressent de plus en plus à la vente de plats préparés notamment celui des feuilles de manioc. La cuisson ajoute une valeur plus grande que la simple mouture.

Les informations présentées ici ont été recueillies au niveau du supermarché GGmark.

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a. Approvisionnement

L'approvisionnement en feuilles moulues est hebdomadaire. La livraison est de 10 kg. Quand le stock s'épuise avant le délai, une autre commande est faite. Le kilogramme est livré à 1.500 FC. L'approvisionnement en ingrédients se fait en gros au niveau des marchés municipaux.

b. Transformation

Les feuilles sont transformées en « pondu ». C'est un plat épicé typiquement congolais avec de l'huile en quantité remarquable. La préparation prend en moyenne 1h30 dont 1h de cuisson.

c. Transformation au niveau des ménages

La transformation au niveau des ménages est essentiellement artisanale : un pilon et un mortier suffisent pour faire la mouture de feuilles de manioc. Cette pratique prend beaucoup de temps et d'effort physique. Pendant que la transformation au niveau du machiniste prend quelques secondes, avec le mortier et le pilon, cette étape de la préparation des feuilles de manioc prend 30 à 45 minutes. Pour faciliter la mouture au mortier et réduire le temps, certaines astuces sont de plus en plus utilisées notamment laisser les feuilles au congélateur la veille.

L'industrialisation économise le temps de la ménagère. Seulement il y a des préoccupations au niveau de l'hygiène lors de la transformation au niveau des marchés municipaux.

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CHAPITRE IV. ANALYSE FINANCIERE DES AGENTS TYPES ET VALEUR AJOUTEE DANS LA CHAINE DE VALEUR FEUILLES DE

MANIOC

Les différents acteurs identifiés et leurs activités sont décrits dans le chapitre précédent. Il s'agit des producteurs, des commerçants et des transformateurs qui sont considérés comme des acteurs directement impliqués dans la chaîne de valeur et propriétaires du produit (feuilles de manioc).

Le présent chapitre, qui vient en appui aux éléments développés dans le chapitre précédent, procède à l'analyse financière des agents types identifiés. Cette analyse consiste en l'estimation des coûts engagés et des marges bénéficiaires dégagées par les acteurs au niveau de chaque maillon. Les coûts sont évalués en franc congolais (1 USD = 1.200 FC).

4.1. ANALYSE FINANCIERE DES AGENTS TYPES DE LA CHAINE DE VALEUR

4.1.1. Analyse financière annuelle d'un producteur de feuilles de manioc

Les producteurs retenus dans cette analyse sont ceux qui évoluent au Plateau de Batéké et à Maluku centre. Le premier cultive le Manihot esculenta connu sous l'appellation de « pondu ya Kongo » et le second s'est spécialisé dans la production du Manihot glazziovi « pondu ya caoutchouc ».

Rappelons que les producteurs ont pour objectif principal la vente, même si une partie de la production est consommée (autoconsommation). Ce qui implique qu'une fois récoltées, les feuilles sont écoulées sur le marché. Le prix de vente varie en fonction de l'espèce produite, de la période de vente (saison sèche « rareté » ou saison de pluie « abondance ») et en fonction du lieu de vente (bord champ ou marché urbain).

4.1.1.1. Producteur des feuilles « Kongo » au Plateau de Batéké

Le tableau ci-dessous présente la situation financière globale d'un producteur des feuilles du Manihot esculenta au plateau de Batéké pendant une année culturale pour une surface d'un hectare.

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Tableau n°4: Compte d'exploitation d'un producteur de feuilles (dont la récolte se fait pendant la saison sèche (Plateau de Batéké)

Désignation

Valeur totale (FC)

%

I. Coût

 
 

1.1. Location terrain

70.000

7,12

1.2. Défrichage et dessouchage

75.000

7,63

1.3. Labour

70.000

7,12

1.4. Hersage

70.000

7,12

1.5. Billonnage

70.000

7,12

1.6. Semis

50.000

5,09

1.7. Entretien

100.000

10,18

1.8. Récolte des feuilles

52.500

5,34

1.9. Récolte des racines

50.000

5,09

1.10. Transformation en kimpuka

100.000

10,18

1.11. Emballage kimpuka

15.000

1,53

1.12. Transport feuille

110.000

11,20

1.13. Transport kimpuka

150.000

15,27

Total coûts

982.500

100,0

II. Recettes

 
 

2.1. Vente feuilles

600.000

21,82

2.2. Vente Kimpuka

2.150.000

78,18

Total recettes

2.750.000

100,0

III. Bénéfice total

(II - I) = 1.767.500

 

IV. Marge bénéficiaire

64,27 %

V. Test de rentabilité

2,80

 

Le producteur du plateau cultive le manioc avec comme principal produit la racine tubéreuse qui servira à la production de Kimpuka. Il supporte des charges totales évaluées à 982.500 FC (818,75 USD) pour une superficie d'1 ha. Le tableau ci-dessus renseigne que les charges les plus importantes sont celles liées aux transports de kimpuka (15,27 % du coût total) et des feuilles (11,20 % du coût total) suivi des travaux d'entretien et de transformation des racines en kimpuka (10,18 % du coût total de production).

L'analyse du compte d'exploitation du producteur montre que l'activité de production des feuilles et de Kimpuka dans le contexte du plateau de Batéké est profitable. La marge bénéficiaire est de 1.767.500 FC (1.472,92 USD) soit 64,27 % des recettes totales (tableau n° 4). Le test de rentabilité qui compare les recettes aux coûts montre un niveau de rentabilité suffisante de 2,80. Autrement dit, 1 FC investi dans l'activité de production de feuilles de manioc et de Kimpuka rapporte près de 2,80 FC. Cela montre que le producteur parvient à gagner un taux considérable par rapport à ce qu'il investit.

49

Cette rentabilité concerne la production aussi bien des feuilles que de Kimpuka. Toutefois, la vente des feuilles de manioc à hauteur de 600.000 FC (500 USD), soit 21,82 % dans les recettes réalisées par le producteur, permettent déjà de couvrir une bonne partie des dépenses totales de production.

Tableau n°5 : Compte d'exploitation d'un producteur de feuilles (1 ha) dont la récolte se fait pendant la saison pluvieuse (Plateau de Batéké).

Désignation

Valeur totale (FC)

%

I. Coût

 
 

1.1. Location terrain

70.000

6,91

1.2. Défrichage et dessouchage

75.000

7,41

1.3. Labour

70.000

6,91

1.4. Hersage

70.000

6,91

1.5. Billonnage

70.000

6,91

1.6. Semis

50.000

4,94

1.7. Entretien

100.000

9,88

1.8. Récolte des feuilles

52.500

5,19

1.9. Récolte des racines

50.000

4,94

1.10. Transformation en kimpuka

100.000

9,88

1.11. Emballage kimpuka

15.000

1,48

1.12. Transport des feuilles

140.000

13,83

1.13. Transport du kimpuka

150.000

14,81

Total coûts

1012.500

100,0

II. Recettes

 
 

2.1. Vente feuilles

275.000

11,34

2.2. Vente Kimpuka

2.150.000

88,66

Total recettes

2.425.000

100,0

III. Bénéfice total

(II - I) = 1.412.500

 

IV. Marge bénéficiaire

58,25 %

V. Test de rentabilité

2,40

 

Quand les feuilles sont produites pendant la saison pluvieuse, la marge bénéficiaire du producteur diminue de 6,02 %. La part des feuilles dans la recette totale diminue de 10,48 %. De ce fait, il est profitable au producteur de produire les feuilles pendant la saison sèche afin de maximiser son profit.

4.1.1.2. Producteur des feuilles « caoutchouc » à Maluku

Le tableau suivant présente la situation annuelle des coûts et des avantages pour une superficie d'un hectare d'un producteur des feuilles du Manihot glazziovi. Le producteur n'obtient que les feuilles de manioc, le Manihot glazziovi ne donnant pas des racines tubéreuses.

50

Tableau n°6 : Compte annuel d'exploitation d'un producteur de feuilles de manioc à Mangengenge

Désignation

Valeur totale (FC)

%

I. Coût

 
 

1.1. Location terrain

100.000

5,17

1.2. Défrichage et dessouchage

80.000

4,13

1.3. Labour

60.000

3,10

1.4. Plantation

100.000

5,17

1.5. Entretien

540.000

27,89

1.6. Récolte

450.000

23,24

1.7. Transport des feuilles

606.000

31,30

Total coûts

1.936.000

100,0

II. Recettes

 
 

2.1. Vente feuilles

8.322.000

 

Total recettes

8.322.000

 

III. Bénéfice total

(II - I) = 6.386.000

 

IV. Marge bénéficiaire

76,74 %

V. Test de rentabilité

4,30

 

Source : Enquête d'août - décembre 2016

La production des feuilles dites caoutchouc se fait tout au long de l'année avec des rendements instables. Le producteur ne vise que la production de feuilles. Dans le contexte de Mangenge, les charges totales de production sont évaluées à 1.936.000 FC (1.613,33 USD) avec une part importante 606.000 FC (505 USD) soit 31,30 % du montant total des dépenses affectée au transport des feuilles suivi des travaux d'entretien, le sarclage notamment, qui se fait chaque mois après la récolte dont les dépenses annuelles sont de 540.000 FC (450 USD) soit 27,89 % des dépenses totales.

Il ressort de l'analyse du compte d'exploitation que la production uniquement des feuilles de manioc (caoutchouc) est une activité très rentable. En effet, les charges supportées sont totalement couvertes par une marge bénéficiaire suffisamment large de 6.386.000 FC (5.321,67 USD) soit 76,74 % du chiffre d'affaires.

4.1.1.3. Analyse comparative des comptes d'exploitation des producteurs de « Kongo » et « Caoutchouc ».

L'analyse comparative permet d'étudier les caractéristiques des indicateurs relatifs à la situation financière des producteurs, d'apprécier la gestion de leurs activités et d'en dégager les tendances futures en fonction des variétés exploitées.

51

Tableau n°7 : Compte d'exploitation des producteurs des feuilles « Kongo » et « Caoutchouc »

Désignation

Feuilles "Kongo" S.S*

Feuilles "Kongo" S.P*

Feuilles
"Caoutchouc"

Charges totales

982.500

1.012.500

1.936.000

Recettes totales

2.750.000

2.425.000

8.322.000

Bénéfice total

1.767.500

1.412.500

6.386.000

Marge bénéficiaire

64,27 %

58,25 %

76,74%

Rentabilité

2,80

2,40

4,30

*SS : saison sèche, SP* : Saison pluvieuse

Il ressort de cette comparaison que le Manihot glazziovi est de loin plus rentable que le Manihot esculenta qui donne deux produits très commerciaux. 1 franc investi dans la production des tubercules et des feuilles du Manihot esculenta, donne 2,80 FC en saison sèche et 2,40 en saison pluvieuse tandis qu'1 FC investi dans la production des feuilles du Manihot glazziovi donne 4,30 FC. Ceci s'explique par les quantités récoltées et les prix de ces produits :

Le producteur du Manihot esculenta ne récolte que trois fois l'année pour ne pas compromettre la production des racines tubéreuses. Pendant la récolte, il doit laisser une bonne quantité des feuilles pour assurer la croissance des racines. Par contre le producteur de Manihot glazziovi récolte une à deux fois le mois, des quantités deux à trois fois plus grandes que celles produites par Manihot esculenta.

En outre, les prix de vente des deux produits sont différents. Pour une même quantité, le Manihot glazziovi est au plus deux fois plus cher que le Manihot esculenta. Ces deux situations font que le Manihot glazziovi rapporte plus que le Manihot esculenta.

4.1.2. Analyse financière d'un commerçant des feuilles de manioc

Deux catégories de commerçants interviennent dans la distribution des feuilles de manioc dans la ville de Kinshasa : les grossistes et les détaillants. Les comptes d'exploitation ont été analysés.

4.1.2.1. Commerce en gros des feuilles de manioc

Les analyses qui suivent concernent les grossistes qui s'approvisionnent au plateau de Batéké (tableau n°4) et au marché secondaire de Matamba (tableau n°5).

52

Tableau n°8 : Compte d'exploitation d'un commerçant grossiste (35 bottes) qui s'approvisionne au plateau de Batéké (saison pluvieuse)

Désignation

Quantité

PU (FC)

PT (FC)

%

I. Coûts

 
 

1.1. Achat feuilles manioc

35 bottes

1.500

52.500

47,95

1.2. Equipage (récolte)

35 bottes

500

17.500

15,98

1.2. Transport marchandise

35 bottes

1.000

35.000

31,96

1.3. Transport personnel

4

1.000

4.000

3,65

1.4. Taxe

500

0,46

Total coûts

109.500

100,0

II. Recettes

 
 
 
 

2.1. Prix de vente

35 bottes

5.000

175.000

 

Total recettes

175.000

 

III. Bénéfice total

(II - I) = 65.500

 

IV. Marge bénéficiaire

37,43 %

 

V. Test de rentabilité

1,60

 
 

Source : Enquête d'août - octobre 2016

Les éléments de coût identifiés et pris en compte dans les calculs concernent notamment : l'achat, l'équipage (main d'oeuvre utilisée pour la récolte) et le transport (feuilles, équipage et commerçant). L'unité locale d'achat est la botte communément appelé « varié » dont le poids est estimé à 22 kg avec tige et 12 kg sans tige.

Il ressort du tableau n°8 que le grossiste qui s'approvisionne au plateau de Batéké supporte des charges totales de 109.500 FC (91,25 USD) pour l'achat de 35 bottes de feuilles. Toutefois, les charges les plus importantes sont celles liées à l'achat des feuilles sur le site de production qui s'élève à 52.500 FC (43,75 USD), soit environ 47,95 % des charges totales. Le reste des charges est reparti entre les coûts de la main d'oeuvre et du transport.

Le même tableau renseigne que le commerçant grossiste dégage une marge de 65.500 FC (54,58 USD) soit 37,43 % du chiffre d'affaires. Le commerce en gros des feuilles de manioc est une activité assez bénéfique car il permet au commerçant de gagner un taux considérable par rapport à ce qu'il investit : 1 FC investi rapporte 1,6 FC.

53

Tableau n°9 : Compte d'exploitation d'un commerçant grossiste (35 bottes) qui s'approvisionne au plateau de Batéké (saison sèche)

Désignation

Quantité

PU (FC)

PT (FC)

%

I. Coûts

 
 

1.1. Achat feuilles manioc

35 bottes

5.454,55

190.909,25

77,01

1.2. Equipage (récolte)

35 bottes

500

17.500

7,06

1.2. Transport marchandise

35 bottes

1.000

35.000

14,19

1.3. Transport personnel

4

1.000

4.000

1,61

1.4. Taxe

 
 

500

0,20

Total coûts

247.909,25

100,0

II. Recettes

 
 
 
 

2.1. Prix de vente

35 bottes

11.000

385.000

 

Total recettes

385.000

 

III. Bénéfice total

(II - I) = 137.090,75

 

IV. Marge bénéficiaire

35,61 %

 

V. Test de rentabilité

1,55

 
 

Source : Enquête d'août - octobre 2016

Le total des coûts passe de 109.500 FC (91,25 USD) à 247.909,25 FC (206,59 USD) en moyenne. Le commerçant de gros réalise un profit plus élevé en saison sèche, il passe de 65.500 FC (54,58 USD) à 137.090,75 FC (114,24 USD) cependant sa marge bénéficiaire diminue de 1,82 % et la rentabilité de 0,03.

Tableau n°10: Compte d'exploitation d'un commerçant grossiste (35 bottes) qui s'approvisionne au marché de Matamba en saison pluvieuse

Désignation

Quantité

 

PU (FC)

PT (FC)

I. Coûts

 
 

1.1. Achat feuilles manioc

35 bottes

 

5.000

175.000

Total coûts

 

175.000

II. Recettes

 
 
 
 

2.1. Prix de vente

35 bottes

 

6.000

210.000

Total recettes

 

210.000

III. Bénéfice total

 

(II - I) = 35.000

IV. Marge bénéficiaire

 

16,66%

V. Test de rentabilité

 

1,2

 

Source : Enquête d'août - décembre 2016

Matamba est le principal marché de gros de feuilles de manioc installé dans la partie Est de Kinshasa. Certains producteurs s'organisent pour vendre leurs productions aux grossistes de ce marché.

C'est ainsi que le coût considéré est celui lié à l'acquisition des feuilles de manioc. Il est évalué à 175.000 FC (145,83 USD) pour les 35 bottes achetées. Le grossiste vend à son tour aux détaillants et réalise une marge bénéficiaire de 35.000 FC (29 USD), soit 16,66% du chiffre d'affaires. L'activité de ce grossiste paraît tout de même profitable ; elle permet de

54

couvrir toutes les charges engagées et chaque unité monétaire (Franc congolais) investi rapporte 1,2 FC.

Tableau n°11: Compte d'exploitation d'un commerçant grossiste qui s'approvisionne au marché Matamba en saison sèche

Désignation

Quantité

 

PU (FC)

PT (FC)

I. Coûts

 
 

1.1. Achat feuilles manioc

35 bottes

 

10.000

350.000

Total coûts

 

350.000

II. Recettes

 
 
 
 

2.1. Prix de vente

35 bottes

 

12.000

420.000

Total recettes

 

420.000

III. Bénéfice total

 

(II - I) = 70.000

IV. Marge bénéficiaire

 

16,66%

V. Test de rentabilité

 

1,2

 

Source : Enquête d'août - décembre 2016

Pendant la saison sèche, le commerçant grossiste s'approvisionnant à Matamba, réalise un profit deux fois plus grand que ce qu'il réalise pendant la saison pluvieuse. Cependant au regard des coûts qu'il engage, sa marge bénéficiaire et sa rentabilité ne varient pas.

4.1.2.1. Commerce en détail des feuilles de manioc

Il s'agit ici d'un commerçant détaillant qui s'approvisionne dans le territoire de Kasangulu (province du Kongo Central) et vend son produit au marché de détail de l'UPN, dans la commune de Ngaliema.

Les éléments de coût identifiés et pris en compte dans les calculs concernent notamment : le coût d'acquisition, le transport (marchandise et commerçant), la taxe (taxe du marché, location de l'espace) et d'autres frais connexes (eau, nettoyage, etc.).

55

Tableau n°12: Compte d'exploitation d'un commerçant détaillant à UPN de feuilles de manioc à Kinshasa pendant la saison pluvieuse

Désignation

Quantité

PU (FC)

PT (FC)

%

I. Coûts

 
 

1.1. Achat feuilles manioc

10 bottes

500

5.000

58,82

1.2. Transport marchandise

10 bottes

100

1.000

11,76

1.3. Transport commerçant

 
 

1.000

11,76

1.2. Taxe et location espace

 
 

500

5,88

1.3. Autres frais

 
 

1.000

11,76

Total coûts

8.500

100

II. Recettes

 
 
 
 

2.1. Prix de vente

20 bottes

500

10.000

 

Total recettes

10.000

 

III. Bénéfice total

(II - I) = 1.500

 

IV. Marge bénéficiaire

15,00%

 

V. Test de rentabilité

1,18

 
 

Source : Enquête d'août - décembre 2016.

Il ressort du tableau ci-dessus que le commerce de détail des feuilles de manioc au marché de UPN est relativement profitable pendant la période d'abondance. Elle permet au détaillant de gagner un bénéfice net de 1.500 FC (1,25 USD), soit une marge bénéficiaire de 15 %. Du point de vue financier, l'activité est d'une rentabilité peu élevée car pour une unité monétaire investie, l'agent parvient à gagner que 0,18 unité monétaire supplémentaire.

56

Tableau n°13 : Compte d'exploitation d'un commerçant détaillant de feuilles de manioc à UPN pendant la saison sèche

Désignation

Quantité

PU (FC)

PT (FC)

%

I. Coûts

 
 

1.1. Achat feuilles manioc

10 bottes

1.000

10.000

74,07

1.2. Transport marchandise

10 bottes

100

1.000

7,41

1.3. Transport commerçant

 
 

1.000

7,41

1.2. Taxe et location espace

 
 

500

3,70

1.3. Autres frais

 
 

1.000

7,41

Total coûts

13.500

100

II. Recettes

 
 
 
 

2.1. Prix de vente

20 bottes

1.000

20.000

 

Total recettes

20.000

 

III. Bénéfice total

(II - I) = 6.500

 

IV. Marge bénéficiaire

32,50%

 

V. Test de rentabilité

1,48

 
 

Source : Enquête d'août - décembre 2016.

En saison sèche, le commerçant détaillant au marché de UPN, réalise un profit passant de 1.500 FC (1,25 USD) à 6.500 FC (5,42 USD) et sa marge passe de 15 % à 32,5 % avec une rentabilité de 1,48. De ce fait, la saison sèche est très profitable au commerçant détaillant du marché de UPN.

Tableau n° 14: Compte d'exploitation d'un commerçant détaillant s'approvisionnant au marché Matamba en saison pluvieuse

Désignation

Quantité

PU (FC)

PT (FC)

%

I. Coûts

 
 

1.1. Achat feuilles manioc

6 bottes

6.000

36.000

96,26

1.2. Taxe

 
 

400

1,07

1.3. Dépôt

 
 

500

1,34

1.4. Autres frais

 
 

500

1,34

Total coûts

37.400

100

II. Recettes

 
 
 
 

2.1. Prix de vente

120 bottes

500

60.000

 

Total recettes

60.000

 

III. Bénéfice total

(II - I) = 22.600

 

IV. Marge bénéficiaire

37,7 %

 

V. Test de rentabilité

1,60

 
 

Il ressort du tableau ci-dessus que le commerce de détail des feuilles de manioc au marché de Matamba pendant la saison sèche est relativement profitable. Elle permet au détaillant de réaliser un bénéfice net de 22.600 FC (18,83 USD), soit une marge bénéficiaire de 37,67 %. Du point de vue financier, le commerce est rentable car pour une unité monétaire investie, l'agent parvient à gagner que 0,60 unité monétaire supplémentaire.

57

Tableau n° 15 : Analyse financière en FC d'un commerçant détaillant au niveau de Matamba en saison sèche

Désignation

Quantité

PU (FC)

PT (FC)

%

I. Coûts

 
 

1.1. Achat feuilles manioc

6 bottes

12.000

72.000

97,43

1.2. Taxe

 
 

400

0,54

1.3. Dépôt

 
 

1.000

1,35

1.4. Autres frais

 
 

500

0,68

Total coûts

73.900

100

II. Recettes

 
 
 
 

2.1. Prix de vente

120 bottes

1.000

120.000

 

Total recettes

120.000

 

III. Bénéfice total

(II - I) = 46.100

 

IV. Marge bénéficiaire

38,42%

 

V. Test de rentabilité

1,62

 
 

Pendant la saison sèche, le détaillant réalise un profit de 46.100 FC (38,42 USD). Il a 23.500 FC (19,58 USD) de plus par rapport à la saison pluvieuse. Sa marge bénéficiaire augmente de 0,75 %. Sa rentabilité est de 1,62. Le commerce de détail à Matamba est plus rentable en saison sèche qu'en saison pluvieuse.

4.1.3. Analyse financière d'un transformateur de feuilles de manioc

Comme indiqué ci-haut, trois types de transformateurs ont été identifiés : le transformateur-prestataire de service, le transformateur - commerçant de feuilles moulues et le transformateur - commerçant de feuilles préparées. Pour chacun de ces acteurs, l'analyse financière est réalisée en considérant les charges supportées, les quantités et le prix de vente. 4.1.3.1. Transformateurs - Prestataires de service

Tableau n°16 : Compte d'exploitation mensuel d'un transformateur - prestataire de service

Désignation

Valeur totale (FC)

%

I. Coût

 
 

1.1. Taxe

1.200

0,5

1.2. Electricité

7.300

2,8

1.3. Amortissement

3.000

1,2

1.4. Emballage

5.200

2,0

1.5. Salaire (main d'oeuvre)

242.300

93,6

Total coûts

259.000

100,0

II. Recettes

 
 

2.1. Totales Recettes

484.000

484.000

III. Bénéfice total

(II - I) = 225.000

 

IV. Marge bénéficiaire

46,48%

V. Test de rentabilité

1,86

 

58

Les charges supportées par le prestataire de service dans le cadre de ses activités concernent : la taxe, l'électricité, l'emballage. Le coût total mensuel, y compris l'amortissement de la machine est évalué à 259.000 FC (215,83 USD). La main d'oeuvre représente à elle seule 93,6 % du coût total des charges d'exploitation.

Les recettes mensuelles (484.000 FC soit 403,33 USD) sont largement suffisantes pour couvrir les coûts (259.000 FC soit 215,83USD). Cette activité, qui semble être parfois négligée par les kinois, reste rentable car elle permet de dégager une marge bénéficiaire mensuelle de 225.000 FC (187,5 USD), soit 46,48 % des recettes totales. Une unité monétaire investie dans cette activité permet de récupérer 1,86 unité monétaire supplémentaire.

4.1.3.2. Transformateur - commerçant des feuilles moulues

Dans cette catégorie des transformateurs, l'étude s'est intéressée à trois acteurs ayant des profils différents en termes de : source d'approvisionnement et fréquence d'approvisionnement, chiffres d'affaires et destination du produit (clientèle). Toutefois, ils commercialisent tous les feuilles de Manihot glazziovi.

Si le premier est une entreprise spécialisée uniquement dans la transformation et commercialisation, les deux autres sont des supermarchés dont la transformation et la commercialisation ne constituent que l'un des volets de leurs activités commerciales.

A. Transformateur - commerçant spécialisé

« SOMBE » est une jeune entreprise qui s'est lancée dans la transformation et la commercialisation des feuilles de manioc moulues depuis 2014. L'entreprise, installée à Mpasa (commune de la N'sele) s'approvisionnent en feuilles au Plateau de Batéké avec une fréquence de deux fois par mois. Ci-dessous son compte d'exploitation.

Tableau n°17: Compte d'exploitation d'un transformateur-commerçant spécialisé pendant la saison sèche

Désignation

Quantité

PU (FC)

PT (FC)

%

I. Coûts

 
 

1.1. Achat feuilles de manioc

309,36 kg

150

70.000

30,77

1.2. Transport marchandise

 
 

35.000

15,38

1.3. Main d'oeuvre

 
 

120.000

52,75

1.4. Emballage

 
 

2.500

1,10

Total coûts

227.500

100,0

II. Recettes

 
 
 
 

2.1. Prix de vente

400 kg

2.500

1.000.000

 

Total recettes

1.000.000

 

III. Bénéfice total

(II - I) = 772.500

 

IV. Marge bénéficiaire

77,25%

 

V. Test de rentabilité

4,40

 
 

Source : Enquête d'août - décembre 2016

59

Avec une quantité de 309,36 kg de feuilles de manioc sur une rotation achat-vente, le transformateur supporte des charges totales de 227.500 FC (189,58 USD). La main d'oeuvre a un poids considérable sur les charges (52,75 % du coût total). Le rendement obtenu après la transformation (400 kg soit 29,3 % de plus) permet de réaliser les recettes totales à la hauteur de 1.000.000 FC (833,33 USD). Ce qui atteste une rentabilité sans faille de l'activité avec une marge bénéficiaire de 772.500 FC (643,75 USD), soit 77,25 % des recettes totales.

Considérant la fréquence d'approvisionnement (deux fois par mois soit 24 fois l'an), le bénéfice de ce commerçant est estimé à 1.545.000 FC (1.287,5 USD) par mois et 18.540.000 FC (15.450 USD) par an.

Tableau n°18 : Compte d'exploitation d'un transformateur-commerçant spécialisé pendant la saison de pluie

Désignation

Quantité

PU (FC)

PT (FC)

%

I. Coûts

 
 

1.1. Achat feuilles de

manioc

317,09 kg

110,38

35.000

18,18

1.2. Transport marchandise

 
 

35.000

18,18

1.3. Main d'oeuvre

 
 

120.000

62,34

1.4. Emballage

 
 

2.500

1,30

Total coûts

192.500

100,0

II. Recettes

 
 
 
 

2.1. Prix de vente

410 kg

2.500

1.025.000

 

Total recettes

1.025.000

 

III. Bénéfice total

(II - I) = 832.500

 

IV. Marge bénéficiaire

81,22 %

 

V. Test de rentabilité

5,32

 
 

Source : Enquête d'août - décembre 2016

Pendant la saison pluvieuse, les coûts diminuent et les prix de vente restent constants. Ceci augmente le bénéfice de 25.000 FC soit 20,83 USD. Cependant le transformateur a moins de client pendant la saison pluvieuse. Il lui est donc avantageux de produire pendant la saison pluvieuse et de vendre pendant la saison sèche.

B. Transformateur - commerçant non spécialisé

Il s'agit ici des supermarchés (les acteurs de la grande distribution) qui commercialisent différents types de produits agro-alimentaires dont les feuilles de manioc. Un seul supermarché des deux est dans le circuit classique c'est-à-dire, il achète et transforme. L'autre produit et transforme seul sa production. D'où, les informations reprises dans le tableau ci-dessous, concernent uniquement le supermarché qui est dans le circuit classique. Il s'approvisionne une fois le mois (soit douze fois l'an).

60

Tableau n°19 : Compte d'exploitation d'un transformateur-commerçant au supermarché

Désignation

Quantité

PU
(FC)

PT (FC)

%

I. Coûts

 
 

1.1. Achat feuilles de manioc

7,73 kg

452,78

3.500

37,84

1.2. Transport marchandise

 
 

1.000

10,81

1.3. Main d'oeuvre

 
 

4.500

48,65

1.4. Emballage

 
 

250

2,70

Total coûts

9.250

100,0

II. Recettes

 
 
 
 

2.1. Prix de vente

10 kg

2.760

27.600

 

Total recettes

27.600

 

III. Bénéfice total

(II - I) = 18.350

 

IV. Marge bénéficiaire

66,49%

 
 

Test de rentabilité

2,98

 

Source : Enquête d'août - décembre 2016

La transformation et la commercialisation des feuilles de manioc est une activité rentable pour les supermarchés qui intègrent cette activité. Pour les charges totales de 9.250 FC (7,7 USD), les supermarchés réalisent un bénéfice de 18.350 FC (15,29 USD). Le test de rentabilité montre que pour une unité monétaire investie, le supermarché gagne plus deux unités monétaires supplémentaires. Annuellement, le bénéfice réalisé uniquement pour la vente des feuilles de manioc s'élève à 220.200 FC (183,5 USD).

4.1.3.3. Transformateur - commerçant de feuilles de manioc préparées

Les feuilles de manioc préparées peuvent être consommées à domicile ou hors domicile dans un restaurant. Le restaurateur est considéré ici comme transformateur des feuilles en plats préparé. Dans la ville de Kinshasa, on peut distinguer globalement deux types de restaurants : il s'agit de restaurant moderne d'une part et de restaurant de fortune, communément appelé « Malewa » d'autre part.

Les comptes d'exploitation de ces acteurs de la restauration sont analysés à travers les éléments consignés dans le tableau ci-dessous.

A. Restaurant moderne

Il s'agit des restaurants qui commercialisent parmi plusieurs produits, les feuilles de manioc préparés en plat épicé typiquement kinois.

61

Tableau n°20 : Compte d'exploitation journalier d'un restaurant moderne

Désignation

Quantité

PU
(FC)

PT (FC)

%

I. Coûts

 
 

1.1. Achat feuilles de manioc

1.000 gr

1.500

1.500

18,0

1.2. Achat ingrédients

 
 

2.150

25,7

1.3. Achat sardine pilchard

2 boites

850

1.700

20,4

1.5. Main d'oeuvre

1 HJ

 

3.000

35,9

Total coûts

8.350

100,0

II. Recettes

 
 
 
 

2.1. Prix de vente

4.420 gr

1.000

44.200

 

Total recettes

44.200

 

III. Bénéfice total

(II - I) = 35.850

 

IV. Marge bénéficiaire

81,10%

 

V. Test rentabilité (R/C)

5,29

 
 

Source : Enquête d'août - octobre 2016

Le processus de préparation des plats à base de feuilles de manioc requiert, en dehors des feuilles de ce légume, d'autres ingrédients pour assaisonner et rehausser du goût au plat. Il s'agit des ingrédients couramment utilisés dans la cuisine congolaise, notamment l'ail, l'aubergine, l'oignon, le poivron, la ciboule, le piment vert et l'huile de palme. A ces ingrédients, s'ajoute généralement le poisson en conserve à la sauce tomate le plus souvent c'est la sardine pilchard. La vente des plats préparés (44.200 FC soit 36,83 USD de recettes totales) permet de couvrir les coûts engagés (8.350 FC soit 6,96 USD) et de dégager un profit (35.850 FC soit 29,875 USD). La marge bénéficiaire est évaluée à 81,1 % ; le test de rentabilité (5,29) montre que 1 FC investi permet de rapporter 4,29 FC supplémentaires. La vente des feuilles de manioc a lieu chaque jour, 7 jours sur 7. Le profit annuel généré par ce produit dans le supermarché est de 13.085.250 FC soit 10.904,375 USD.

62

B. Restaurant « Malewa »

Il s'agit des restaurants de fortune installés dans les coins des rues ou dans les grands marchés comme des municipaux qui commercialisent les feuilles de manioc préparées parmi plusieurs autres produits.

Tableau n°21 : Compte d'exploitation journalier d'un restaurant de fortune

Désignation

Quantité

PU
(FC)

PT (FC)

%

I. Coûts

 
 

1.1. Achat feuilles de manioc

(bidongola)

1.000 gr

500

500

25

1.2. Achat ingrédients

 
 

500

25

1.5. Main d'oeuvre

1 HJ

 

1.000

50

Total coûts

2.000

100,0

II. Recettes

 
 
 
 

2.1. Prix de vente

3.750 gr

300

4.500

 

Total recettes

4.500

 

III. Bénéfice total

(II - I) = 2.500

 

IV. Marge bénéficiaire

55,56 %

 

V. Test rentabilité (R/C)

2,25

 
 

La marge bénéficiaire dans un restaurant de fortune est estimée à 55,56 % avec une rentabilité de 2,25. En d'autres termes, 1 FC investi génère 2,25 FC supplémentaires. L'activité est rentable car le transformateur couvre ses charges et réalise un bénéfice de 2.500 FC (2,08 USD). Cependant, elle est moins rentable qu'un restaurant moderne. La différence dans le bénéfice et la rentabilité s'explique par le fait que les prix sont élevés au sein des restaurants modernes et faibles dans les malewa. Ceci est dû au cadre (service, équipement, présentation, propreté...) proposé par les deux types.

4.2. PRIX ET VALEUR AJOUTEE DANS LA CHAINE DE VALEUR

Il est question dans ce point de montrer les différentes valeurs que prennent les feuilles de manioc au niveau de chaque maillon de la chaine de valeur aussi bien pour la saison sèche et la saison pluvieuse. Les prix considérés dans les différents tableaux, sont des prix moyens de chaque période (saison pluvieuse et saison sèche).

Le tableau suivant récapitule les différents niveaux des prix de feuilles selon le niveau dans la chaine et leurs pourcentages par rapport au prix d'un plat qui est le niveau ultime de transformation des feuilles de manioc. La valeur ajoutée au niveau de chaque maillon a aussi été calculée ainsi que les pourcentages correspondants au total de ces valeurs.

63

Tableau n° 22 : Prix et valeur ajoutée dans la chaine de valeur pendant la saison pluvieuse, pour la partie Est de la capitale

Acteur de la chaîne

Produit

Prix en
FC/Kg

% par rapport
au prix
transformateur

Valeur
ajoutée

% Valeur
ajoutée

Producteur

Feuilles entières

163,7

1,6

63,7

0,66

Grossiste

Feuilles entières

500

5,0

336,3

3,51

Détaillant

Feuilles entières

833,33

8,3

329,13

3,43

Transformateur

Feuilles moulues

2.760

27,6

1926,7

20,09

Transformateur
(Malewa)

Feuilles
préparées

1.200

12,0

566,7

5,91

Transformateur

Feuilles
préparées

10.000

100,0

6368,96

66,4

Total

 
 
 

9591,49

100

Le passage du produit aux différents maillons de la chaine par le biais de la distribution, ajoute une certaine valeur, comme renseigné dans le tableau ci-dessus. Manifestement les fonctions les plus valorisantes sont celles exécutées par les transformateurs des feuilles de manioc en feuilles moulues et en plat. Au niveau de la distribution des feuilles entières, c'est le grossiste qui crée plus de valeur ajoutée. Il sied de noter que des deux fonctions, c'est la transformation qui ajoute plus de valeur au produit que la commercialisation.

Tableau n° 23 : Prix et valeur ajoutée dans la chaine de valeur pendant la saison sèche, pour la partie Est de la capitale

Acteur de la chaîne

Produit

Prix en
FC/Kg

% par rapport
au prix
transformateur

Valeur
ajoutée

% Valeur
ajoutée

Producteur

Feuilles entières

454,5

4,5

354,5

3,70

Grossiste

Feuilles entières

1.000

10,0

545,5

5,69

Détaillant

Feuilles entières

1.666,7

16,7

662,53

6,91

Transformateur

Feuilles moulues

2.760

27,6

1093,3

11,40

Transformateur
(Malewa)

Feuilles
préparées

1.200

12,0

566,67

5,91

Transformateur

Feuilles
préparées

10.000

100,0

6368,96

66,40

Total

 
 
 

9591,46

100

Pendant la saison sèche, les prix de tous les acteurs augmentent sauf ceux des transformateurs restent constants. Il ressort du tableau ci-haut que les maillons qui créent plus de valeur ajoutée sont toujours celles des transformateurs. Cependant au niveau de tous les acteurs, les feuilles coûtent plus chères pendant la saison sèche par rapport à la saison pluvieuse, exceptés les transformateurs.

Le tableau suivant récapitule la situation financière des principaux acteurs de la chaine de valeur de la partie Ouest de Kinshasa, en termes de valeur ajoutée au produit à chaque niveau de la chaine.

64

Tableau n° 24 : Prix et valeur ajoutée dans la chaîne de valeur pendant la saison pluvieuse pour la partie Ouest de la capitale

Acteur de la chaîne

Produit

Prix en
FC/Kg

% par rapport
au prix
transformateur

Valeur
ajoutée

% Valeur
ajoutée

Producteur

Feuilles entières

250

2,5

150

1,57

Détaillant

Feuilles entières

500

5

220

2,30

Transformateur

Feuilles moulues

2760

27,6

2260

23,63

Transformateur
(Malewa)

Feuilles
préparées

1.200

12,0

566,7

5,92

Transformateur

Feuilles
préparées

10000

100

6368,96

66,58

Total

 
 
 

9565,66

100

A l'Ouest de Kinshasa, le producteur joue aussi le rôle de grossiste. Ce qui lui procure un prix de vente plus élevé que le producteur de Menkao. Le passage du produit à travers différents maillons de la chaine par le biais de la distribution, ajoute de la valeur comme le renseigne le tableau ci-dessus. C'est la transformation des feuilles en feuilles moulues ou en plat qui rapporte beaucoup plus de valeur aux feuilles par contre la production primaire reste l'activité la moins génératrice de valeur.

Tableau n° 25 : Prix et valeur ajoutée dans la chaîne de valeur (la saison sèche) pour la partie Ouest de Kinshasa

Acteur de la chaîne

Produit

Prix en
FC/Kg

% par rapport
au prix
transformateur

Valeur
ajoutée

% Valeur
ajoutée

Producteur

Feuilles entières

500

5

400

4,18

Détaillant

Feuilles entières

1000

10

470

4,91

Transformateur

Feuilles moulues

2760

27,6

1760

18,40

Transformateur
(Malewa)

Feuilles
préparées

1.200

12,0

566,7

5,92

Transformateur

Feuilles
préparées

10000

100

6368,96

66,58

Total

 
 
 

9565,66

100

Pendant la saison sèche, les prix au producteur et au détaillant augmentent alors que ceux des transformateurs restent constants. Il ressort du tableau ci-haut que les transformateurs demeurent les acteurs qui créent le plus les valeurs ajoutées. Les prix des feuilles sont beaucoup intéressants en saison sèche pour les acteurs de la chaine de valeur.

En comparant la chaine de valeur de l'Est à celle de l'Ouest de Kinshasa, il se dégage que la valeur ajoutée est plus élevée pour les producteurs et commerçants de l'Est. Cependant les prix au producteur sont plus élevés à l'Ouest qu'à l'Est de Kinshasa. Cette dernière situation peut s'expliquer par rente de situation dont bénéficient les producteurs de Kasangulu (Ouest de Kinshasa) qui sont beaucoup plus proches de Kinshasa que les producteurs du plateau de Batéké (Est de Kinshasa).

65

DISCUSSION

Les feuilles de manioc se placent au premier rang de tous les légumes-feuilles consommés en RDC et à Kinshasa en particulier où un ménage de 7 à 8 personnes consomme près de 4 kg de feuilles de manioc par semaine (Kinkela et Khonde, 2001). Le manioc feuille (légume) assure plus de 50% en RDC des besoins en protéines et éléments nutritifs (FAO et FIDA, 2000). Comparativement aux racines, Muchk et Vinck (1984) renseignent que les feuilles de manioc sont riches en protéines (6-8 mg/g), en Fer (3 mg/100g), en Calcium (200 mg/100g), en vitamine A (10.000 - 13.000 IV) et vitamine C (140 mg/100g). La consommation moyenne est de l'ordre de 29 kilos par habitant par année.

Outre ces attributs, les feuilles de manioc sont un produit très rentable et surtout très compétitif. Au regard des chiffres présentés dans les résultats, les producteurs et autres acteurs de la chaine de valeur « feuilles de manioc », peuvent produire uniquement les feuilles de manioc et se suffire. Aucun produit local moins les racines tubéreuses n'égalent la rentabilité des feuilles de manioc. Le producteur uniquement des feuilles au niveau de Mangengenge dans la commune de Maluku a des charges supérieures aux autres acteurs de la chaine de valeur cependant, il réalise un bénéfice supérieur aux autres producteurs de la chaine de valeur (6.386.000 FC contre 1.412.500 à 1.767.500 FC) qui fournissent d'ailleurs deux produits très commercialisés (les feuilles et le kimpuka) dans la capitale.

Les différents acteurs dégagent des marges importantes dans l'exercice de leurs activités. Dans la filière manioc, la chaine de valeur « feuilles de manioc » génère des valeurs ajoutées sans concurrent. Ainsi 1 kg de feuilles fraiches donne après transformation 1,29 kg de feuilles moulues. L'augmentation de 0,29 kg du poids de départ est due à l'eau utilisée lors du nettoyage et qui reste collée aux feuilles. Cette eau se mélange au jus issu de la transformation des feuilles et ne peut être jetée car elle contient les éléments nutritifs qui donne toute la saveur du « pondu ». Ainsi cette augmentation de poids est très bénéfique pour le transformateur car la vente se fait au kg.

1 kg de feuilles moulue donne après transformation environ 5 kg de « pondu ». Aucun produit de la filière manioc ne donne des résultats pareils.

Au regard de différents travaux sur le manioc, l'étude des feuilles de manioc s'avère la moins approfondie. Partant de Khonde (2001) à Mpanzu (2015), les différents travaux de recherche ou rapports des projets sur la filière manioc ne portent attention que sur les racines tubéreuses et ses différentes chaines de valeur. Et pourtant les feuilles font partie de la filière manioc et constituent en outre le premier légume consommé en RDC. Quand on parle du manioc, les différents auteurs ne pensent d'abord, si pas uniquement, qu'aux racines. Les différentes recherches se basent sur l'amélioration du rendement des racines tubéreuses et non des feuilles directement. Les variétés mises en place visent d'abord l'amélioration de rendement en racines tubéreuses. L'amélioration éventuelle du rendement en feuilles ne constitue souvent qu'un résultat inattendu.

66

Les feuilles de manioc sont mêmes négligées au profit des racines au niveau des producteurs du Manihot esculenta.

Cependant de par les différents résultats de la présente étude, les feuilles offrent un grand marché et une opportunité exceptionnelle d'amélioration de revenu tant du producteur que des autres acteurs dans la chaine de valeur.

Au niveau de la commercialisation : espace de vente insuffisant, le manque des tables pour la vente et d'abri du soleil et la périssabilité du produit ;

67

CONCLUSION

La présente étude sur la chaine de valeur « feuilles de manioc » dans la zone périurbaine de Kinshasa projetait de faire un état des lieux sur la chaine de valeur feuille de manioc dans la ville-province de Kinshasa et dans sa périphérie.

Spécifiquement, il s'est agi d'identifier les acteurs impliqués dans la chaine de valeur feuilles de manioc, de décrire les activités des acteurs, d'identifier les contraintes rencontrées à différents niveaux de la chaine de valeur et d'estimer les coûts engagés, les marges dégagées, les valeurs ajoutées et la rentabilité à chaque maillon de la chaine de valeur.

Il ressort de ces investigations que les différentes activités dans la chaine de valeur feuilles de manioc sont très rentables et très compétitives :

- Les producteurs de différentes espèces du manioc arrivent à supporter les charges liées à la production et à dégager un bénéfice. Cependant les matériels de productions utilisés sont généralement rudimentaires (la houe, la machette, la pelle, l'arrosoir etc.) ne facilitent pas le travail des paysans. Beaucoup de variétés utilisées sont locales et ne permettent pas la réalisation de gros rendements. En dépit de ces problèmes, les producteurs arrivent à dégager des marges bénéficiaires annuelles allant de 58,25 % à 64,27 % au niveau de Menkao avec une rentabilité de 2,40 à 2,80. A Mangenge la marge bénéficiaire atteint 76,74 % du chiffre d'affaires avec une rentabilité de 4,30.

- Le grossiste dégage des marges allant de 16,66 % à 37,43 % avec des rentabilités de 1,2 à 1,6. Le détaillant à Matamba dégage une marge allant de 37,71 % à 38,42 % avec une rentabilité de 1,61 à 1,62. Le détaillant à UPN dégage une marge allant de 15 % à 32,50 % avec une rentabilité de 1,18 à 1,48.

- Les transformateurs à différents niveaux, réalisent des profits intéressants. Les transformateurs prestataires de service dégagent une marge de 46,48 % avec une rentabilité de 1,86. Les transformateurs spécialisés en production des feuilles moulues dégagent une marge bénéficiaire de 77,5 % à 81,46 % du chiffre d'affaire avec une rentabilité allant de 4,44 à 5, 39 %. Les transformateurs non spécialisés en production des feuilles moulues dans les supermarchés, dégagent une marge bénéficiaire de 67,39 % du chiffre d'affaire avec une rentabilité de 3,07. Les transformateurs des feuilles préparées dégagent une marge bénéficiaire de 81,10 % avec une rentabilité de 5,29.

En dépit de toutes ces rentabilités, les acteurs de la chaine de valeur « feuilles de manioc » font face à un certain nombre de contraintes notamment :

Au niveau de la production : l'accès difficile au foncier, l'absence des boutures des variétés améliorées, le manque de financement des activités, le manque d'encadrement et l'insuffisance de la main d'oeuvre ;

68

Au niveau de la transformation : les coupures intempestives d'électricité, les tracasseries des agents de l'Etat et le manque d'une demande stable et régulière.

Au regard de toutes ces contraintes, les suggestions ci-dessous sont formulées :

Que les institutions publiques de recherche s'intéressent aussi à la chaine de valeur « feuilles de manioc » notamment dans la recherche variétale pour répondre aux préférences des consommateurs ;

Que les institutions de finance insèrent dans leur portefeuille le programme de crédit agricole pour booster les différentes activités de la chaine de valeur ;

Que l'Etat par son service national de vulgarisation puisse restaurer l'encadrement des acteurs de la chaine de valeur en vue d'améliorer les techniques de production et maximiser le profit pour chaque acteur ;

Que l'Etat à travers son ministère d'affaire foncière puisse améliorer l'accès à la terre aux producteurs et sécuriser le foncier contre les lotissements sauvages notamment ;

Que l'Etat améliore les infrastructures de commercialisation notamment les marchés, les entrepôts, les routes ;

L'Etat devra soutenir les acteurs de la chaine de valeur dans la recherche des débouchés pour les produits locaux aussi bien au niveau national qu'international.

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73

ANNEXE

1

QUESTIONNAIRE D'ENQUETE DES PRODUCTEURS Module 1 : Identification du questionnaire

Numéro questionnaire : / / (Num Qes)

Site : /_______/

Lieu de collecte des données : /______/

Date de l'interview : /____/

Enquêteur/______/

Module 2 : Profil du producteur

2.1. Age du Chef de ménage :

1) 0Moins de 20 ans 2) 021 - 30 ans 3) 031 - 40 ans 4)041 - 50 ans 5)0Plus de 50 ans

2.2. Genre du chef de ménage : 1. 0 Masculin 2. 0 Féminin

2.3. Niveau d'études du chef de ménage :

2.4. Depuis combien de temps exercez-vous cette activité /_______/ ans

2.5. Quelle est la taille du ménage ? /______/ personnes

2.6. Combien d'enfants participent-ils à l'activité de la production ?/ /
2.7. Statut du ménage par rapport à la terre cultivée :

1) 0 Propriétaire 2) 0Locataire 3) 0Autres à préciser
2.8. Etes-vous : 1) 0Producteur 2) 0Producteur-transformateur

3) 0Producteur-transformateur-détaillant 4) Autres à spécifier

Module 3 : formation et encadrement

3.1. Avez-vous bénéficié sur la culture de manioc: 1) 0D'une formation 2) 0D'un encadrement 3) 0les deux 4) 0 Aucun ? 3.2. Si oui, auprès de quelle structure :

1) 0 ONG à spécifier

2) 0 Association paysanne à spécifier

3) 0 Gouvernement à spécifier

4) 0 Eglise à spécifier

5) 0Autre structure à préciser

3.3. En quoi cette formation et/ou cet encadrement a-t-il consisté ?

3.4. Qu'est-ce que la formation vous a apporté de nouveau ?

Module 4 : Moyens d'exploitation du ménage agricole

4.1. Quelle(s) espèce (s) de manioc cultivez-vous ?

1) 0Manihot glazziovi 2) 0Manihot esculenta 3) 0Les deux

4.2. Quelle est l'espèce la plus demandée ?
4.3. Quelle(s) variété(s) utilisez-vous pour la production de manioc ?

2

1) 0 Locale à spécifier

2) 0Améliorée à spécifier

3) 0Les deux à spécifier

4.4. Combien de champ de manioc disposez-vous! !

4.5. Quelle est la dimension totale de vos champs ! !

4.6. Pouvez-vous estimer la superficie totale emblavée pour la culture du manioc ! !

4.7. Quelle est votre production totale en feuille ?

4.8. Quelle quantité consommez-vous de la production totale ?

Quantité consommée (Kg)!semaine Fréquence par semaine

Feuille

4.9. Quelle quantité vendez-vous de la production totale ?

Quantité Fréquence

Feuille

4.10. Pratiquez-vous pour la production de manioc :

1) 0 la monoculture 2) 0Culture associée (à spécifier 3) 0Les deux
4.11. Type de la main d'oeuvre utilisé ? 1) 0Familiale 2) 0 Salariée 3) 0Les deux

4.12. Connaissez-vous une période d'activité réduite dans le cycle de production de manioc ? 1. 0 oui 2. 0 Non.

Si non, répondez allez à la question 4.18.

4.13. C'est quelle période (mois) ?

4.14. A quoi attribuez-vous cette réduction d'activité ?

4.15. Dans quelle proportion ladite réduction d'activité affecte- t-elle votre chiffre d'affaires (revenu) ordinaire ?

4.16. En cas de variation du prix des produits de manioc, quelles dispositions prendrez-vous ?

1) En cas de hausse

2) En cas de baisse

4.17. Prenez-vous des dispositions particulières dans la production des feuilles de manioc ?

1. Oui 2. Non

Module 5 : Récolte et Commercialisation

5.1. Quelles sont les mesures prises lors de la récolte pour que les feuilles conservent leur fraicheur ? 5.2. Ces mesures sont prises depuis toujours ?

1. Oui 2. Non

Sinon quelles sont les mesures d'avant

5.3. Pourquoi les avez-vous laissées ?

5.4. Comment conditionnez-vous vos produits pour la vente:

Unité locale Unité standard (kg)

3

Feuille

5.5. Quels sont les éléments importants qui déterminent la qualité du produit ? 5.6. Ce produit est-il conditionné par rapport à ces éléments ?

1. Oui 2. Non

5.7. Si non pourquoi ?

5.8. Où vendez-vous vos produits habituellement ? Pourquoi ? 1) 0Au champ 2) 0Au village 3) 0Marché

5.9. Si au marché, à quelle durée se trouve t-il (unité de temps)?/ /heures
5.10. Quel moyen utilisez-vous pour le transport ?

1) 0 Pieds 2) 0Camion 3) 0Vélo 4) 0Moto 5)0Autres à spécifier

5.11. Utilisez-vous un emballage ?

1. Oui 2. Non
5.12. A qui vendez-vous vos produits ?

1. Aux restaurateurs 2. Aux grossistes 3. Aux détaillants 4. Aux transformateurs 5. Autre à préciser
5.13. Avez-vous de nouvelles pratiques dans la récolte, le conditionnement des feuilles que vs ne faisiez pas avant ?

1. Oui 2. Non

5.14. Si oui lesquelles ?

5.15. Depuis quand sont-elles adoptées ?

Module 6. Formation et information sur le prix

6.1. Etes-vous au courant du prix qui prévaut sur le marché avant la vente?

1. 0 Oui 2. 0 Non

6.2. Si oui, comment vous informez-vous sur le prix ?

6.3. Quels sont les éléments qui entrent en compte dans la fixation du prix de vente ? 6.4. Quels sont les facteurs déterminants dans la négociation du prix avec l'acheteur?

6.5. Avez-vous un téléphone ? 1. 0 Oui 2. 0 Non

6.6. Si oui, quel est l'apport du téléphone portable dans votre métier ? 6.7. L'utilisez-vous pour avoir les informations sur le marché ? 1. 0 Oui 2. 0 Non

6.8. Pour quels types d'information ? 6.9. A quelle unité et à quel prix vendez-vous vos produits ?

Unité locale Kg Prix

Feuille

Module 7. Coût de revient de produits de manioc

Catégorie des dépenses/ha Prix/coût unitaire Quantité Montant global

Coût d'achat des boutures

4

Coût d`achat matériels

Houe

Machette

Ouverture des champs

Labour

Hersage

Sarclage

Frais d'entretien

Taxes, impôts et redevances (citer) :

Autres frais et charges

Module 8. Contraintes

8.1. Quelles sont les difficultés liées à votre activité de production de feuille de manioc?

8.2. Quelles sont, selon vous, les principales mesures à prendre pour atténuer ou si non supprimer les difficultés

précitées ?

Merci de votre collaboration

QUESTIONNAIRE D'ENQUETE DES TRANSFORMATEURS Module 1 : Identification du questionnaire

Numéro questionnaire : / /

Site : /_______/

Lieu de collecte des données : /______/

Date de l'interview : /____/

Enquêteur /______/

Module 2 : Profil du transformateur

2.1. Type d'acteur/transformateur : 1. 0 Entreprise 2. 0 Individu

2.2. Si Entreprise, quelle est sa dénomination ?

2.3. Date de création :

2.4. Depuis combien de temps l'entreprise a commencé l'activité de transformation de feuilles de manioc ? /_______/ ans

2.5. Quelle est la taille de l'entreprise (Nombre d'employés affectés à l'unité de transformation de feuilles de manioc) :

2.6. Si individu, depuis combien de temps exercez-vous cette activité /_______/ ans

2.7. Combien de membres de la famille participent à cette activité ? / /
2.8. Genre de l'entrepreneur : 1. 0 Masculin 2. 0 Féminin

2.9. Niveau d'études 1. 0 N'a pas été à l'école 2. 0 Primaire 3. 0 Secondaire 4. 0 Universitaire 5. 0 Formation

professionnelle

2.10. Activité principale :

2.11. Etes-vous (ou votre entreprise) :

5

1. 0Transformateur 2. 0 Transformateur - Producteur 3. 0 Transformateur - Commerçant/grossiste 4. 0 Transformateur -

Commerçant/détaillant 5.0 Transformateur - Producteur - Grossiste 6. 0 Autres à spécifier

Module 3 : Approvisionnement en matières premières

3.1. Comment vous approvisionnez-vous en feuilles de manioc

1. 0 Auprès des commerçants détaillants.

2. 0 Auprès des commerçants grossistes

3. 0 Auprès des producteurs

4. 0 Par nos propres champs

5. 0 Autre, à spécifier
3.2. D'où proviennent les feuilles de manioc que vous achetez ?

1. 0 Plateau de Batéké (précisez les villages : )

2. 0 Axe Ndjili Brasserie (précisez les villages )

3. 0 Kongo-Central (précisez le territoire )

4. 0 Kwango (précisez le territoire )

5. 0 Autre, à spécifier

3.3. Quelle (s) est (sont) les espèces et variétés de manioc dont vous transformer les feuilles ? (Remplir le tableau ci-dessous)

Espèces Variétés

Manihot glazziovi (Caoutchouc)

Manihot esculenta (Kongo)

3.4. Quelles sont les espèces et les variétés que vous transformez régulièrement et pourquoi (justifiez-vous?

Espèces/variétés Justifications

3.5. Quelle qualité de feuilles exigez-vous (critères de choix des feuilles) ?

3.6. Pourquoi ?

3.7. Quelle est votre fréquence d'approvisionnement et les quantités correspondantes ?

Fréquence d'approvisionnement* Quantité par fréquence

(kg) Unité d'achat Prix d'achat par unité

*1. 0 Une fois par semaine 2. 0 Deux fois par semaine 3. 0 Une fois toutes les deux semaines 4. 0 Une fois par mois 3.8. Quelles sont les périodes de l'année pendant lesquelles les feuilles de manioc se font rares sur le marché?

3.9. Qu'est-ce qui peut, selon vous, expliquer cette rareté ? 3.10. Comment appréciez-vous l'évolution du prix d'achat de feuilles de manioc au cours des trois dernières années ?

1. 0 En augmentation 2. 0 En baisse 3. 0 En stagnation

3.11. Quel est le moyen de transport que vous utilisez pour acheminer les feuilles de manioc vers le site de traitement/transformation ?

1. 0 Notre propre véhicule 2. 0 Location véhicule 3. 0 Autres (à

préciser)

3.12. En cas de location combien payez-vous pour le service ?

6

De à Distance

(km) Unité de transport* Coût par unité de transport

*Estimez le poids

3.13. Connaissez-vous des cas de pertes ou de détérioration du produit pendant le transport

1. 0 Oui 2. 0 Non

3.14. Quelles sont les dispositions que vous prenez pour éviter des cas pareils

3.15. Comment faites-vous pour stocker les feuilles de manioc avant le processus de transformation afin de bien conserver la qualité du produit ?

3.16. Quelles sont les autres matières premières que vous utilisez dans la transformation de feuilles de manioc ?

Autres matières premières Types Unité Prix d'achat par unité

Ingrédients

Emballage

Autres (à préciser)

3.4 Quels sont les produits de transformation des feuilles de manioc que vous obtenez ?

3.5. Après transformation, quelle quantité du produit obtenez-vous ?

3.6. Utilisez-vous d'autres ingrédients dans la transformation des feuilles de manioc ?

1. 0 oui 2. 0 Non.

3.7. Si oui, lesquels et à quelle fréquence?

Autres ingrédients Quantité (kg) utilisée Cout d'achat Fréquence (semaine).
Module 4 : Transformation

4.1. Pouvez-vous décrire le diagramme de transformation des feuilles de manioc en indiquant la durée pour une quantité donnée de matière première?

Etapes Durée (en minutes)* Commentaires

*Précisez la quantité de départ de feuilles à transformer

4.2. Pour cette quantité indiquée ci-dessus, quelle est la quantité des ingrédients correspondante ?

Quantité feuilles de manioc Types d'ingrédients

Types Quantité (Kg ou gr)

4.3. Pour cette quantité de feuille indiquée ci-dessus, quelle est le rendement (kg) après la transformation ?

Quantité de départ Rendement après transformation Commentaires

4.3. Pour cette quantité de feuille indiquée ci-dessus, quelle est le rendement (kg) après la transformation ?

4.4. Quels sont les matériels utilisés dans la transformation des feuilles ?

1. 0 Mortiers et pilon 2. 0 Machine semi-industrielle 3. 0 Machine industrielle 4. 0 Autres (à

préciser)

4.5. Les matériels utilisés sont fabriqués localement ou importés de l'extérieur du pays ? 1. 0 Fabriqués localement 2. 0 Importés

7

4.6. Quel est le prix d'achat de ces matériels et leur durée de vie ?

Matériel Prix d'achat

4.7. Quelles sont les capacités installées et les capacités de production actuelle de ces matériels ?

Capacité installée Capacité de production :

Module 5 : Stockage/conservation et qualité du produit

5.1. Comment conservez-vous les produits après transformation ?

5.2. Quelles les dispositions que vous prenez pour conserver la qualité du produit pendant la période de stockage ?

5.3. Citez trois éléments importants qui déterminent la qualité de votre produit ?

5.4. Selon vous, votre produit peut se conserver pendant combien de temps (justifiez votre réponse?

5.4. Votre produit subi-t-il des contrôles qualité de la part l'OCC ? 1. 0 Oui 2. 0 Non

5.5. Si non, comment pouvez-vous rassurer les clients de la bonne qualité de votre produit ?

Module 6 : Commercialisation et potentialité du marché

6.1. Comment conditionnez-vous vos produits pour la vente: 6.2. Quel type d'emballage utilisez-vous ?

6.3. Cet emballage indique-t-il les différentes caractéristiques du produit ?

Caractéristiques 1. 0 Oui

2.0 Non

Commentaires

Transformateur

Lieu de transformation

Origine géographique des feuilles de manioc

Date (durée) de péremption

Coordonnées de contact

Ingrédients

Mode de préparation

Autres consignes/conseils

6.4. Où vendez-vous vos produits habituellement ? 1. 0Au lieu de transformation 2.

0Marché 3. 0 Autres à spécifier

6.5. Qui sont vos clients (classez par ordre d'importance)

1. 0Ménages 2. 0 Supermarchés 3. 0 Restaurants modernes 4. 0 Restaurants Malewa 5. 0 Autres à

spécifier

6.6. Quelles sont les modalités de vente aux clients ? 1. 0Cash 2.0Crédit 3.0 Les deux 6.7. Quelle est votre unité de vente et le prix de vente par cette unité ?

6.8. Quelles sont les quantités livrées aux différents clients et à quelles fréquences?

Client Fréquence de livraison Quantité livrée par fréquence
Ménages

8

Supermarchés

Restaurants modernes

Restaurants Malewa

Autres

6.9. Vous organisez aussi l'exportation de votre produit ? 1. 0 Oui 2. 0 Non

6.10. Si oui, vous exportez vers quels pays ?

6.11. Si non, envisagez-vous exporter le produit dans l'avenir et vers quel pays ?1

6.12. Quelle est la période de l'année où la demande de votre produit est élevée ?

1. 0 Saison sèche 2. 0 Saison pluvieuse

6.12. Selon vous, qu'est-ce qui explique cette situation ?

6.13. Quelles sont les caractéristiques du produit les plus voulues par vos clients ?

6.14. Selon vous, la qualité du produit diffère selon la variété/espèce de feuille de manioc achetée ? 1. 0 Oui 2. 0 Non

6.15. Si oui, quelle est l'espèce/variété la plus appréciée/demandée par les consommateurs ?

Module 7 : Contraintes

7.1. Quelles sont les principales contraintes que vous rencontrez dans l'approvisionnement des matières premières ?

Matières premières Contraintes

Feuilles de manioc

Emballage

Autres

7.2. Quelles sont les solutions expérimentées pour faire face à ces contraintes?

7.3. Quelles sont les principales contraintes que vous rencontrez dans la transformation des feuilles de manioc ?

.7.4. Quelles sont les principales contraintes que vous rencontrez dans la commercialisation de votre produit ?

Merci de votre collaboration

Questionnaire d'enquête

Transporteur

Section 1. Typologie du transporteur

1. Sexe : 1. 0Masculin 2.0 Féminin

2. Statut marital : 1. 0Marié 2.0 Célibataire 0Divorcé 2.0 Veuf

3. Age :

4. Etudes : 1.0n'a pas été à l'école 2.0 Primaire 0secondaire 2.0 Supérieur

5. Ancienneté dans le transport des feuilles de manioc :
Section 2. Identification du véhicule

9

6. Type de véhicule : a) Année d`acquisition b) Marque

c) Capacité tonnages d) Année de fabrication :

e) Nombre moyen de personnes transportées par tour

f) Quantité moyenne transportée par tour en tonnes

g) Pannes connues pendant les trois derniers mois

7. Quel est le trajet type du véhicule (le plus fréquenté)?

Nom du trajet : , Distance (km) :
Section 3. Conditions de transport

8. Comment fixez-vous le prix pour le transport des feuilles de manioc ?

Unité utilisée Poids de l'unité Prix par Unité

9. Il vous arrive d'accepter la location pour le transport des feuilles de manioc ?
1. 0 Oui 2. 0 Non

10. Si oui comment fixez-vous le coût de location ? 1. 0 Par Km 2. 0 Par Jour

3. 0 Par tonnage 2. 0 Autres :

11. Transportez-vous les feuilles avec d'autres produits ? 0 Oui 2. 0 Non

12. Pourquoi

13. Tronçons /axes exploités pour collecter les feuilles :

N° Nom des tronçons effectués

Km parcourus Prix / tête Prix /Unité Fréq. Mensuelle

1.

14. Qui est responsable du transport? 1.0 Producteur, 2.0 Intermédiaire 3.0 Grossiste 4.0détaillant5.0 Gouvernement

6.0 Autre :

15. Quand est-ce que vous transportez le produit d'habitude? 1. 0tôt le matin 2.0 le matin 3. 0 l'après-midi

4.0 le soir 5. 0 la nuits 0n'importe quand

16. Où collectez-vous les feuilles ? 1. 0 sur le lieu de production 2. 0 sur un lieu de regroupement 3. 0 Autre :

17. Comment les feuilles sont-elles empilées pendant le transport?

18. Identifiez les coûts pour une course de 100 Km/

N° Nature du coût Valeur

1. Carburant

Huile moteur

19. Quelle est la durée d'un voyage de 100 km ? .

20. Quelle est la distance généralement couverte pour collecter les feuilles ? Km
Section 4. Difficultés rencontrées

10

21. Quelles sont les difficultés liées à votre travail ?

22. Indiquez et décrivez tous les types de dégâts subis par les feuilles pendant le transport

N° Dégât Cause et description

23. Quels sont les problèmes rencontrés au cours du transport :

24. Quelles sont, selon vous, les principales mesures que l'Etat peut prendre pour améliorer la conduite de vos activités

?






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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand