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Problématique d'approvisionnement en eau potable dans la ville de Garoua (nord-Cameroun).


par Romain ALEX TEJIOBOU
Université de Yaoundé I ( Cameroun) - Master II en géographie 2019
  

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CHAPITRE II : SOURCES

D'APPROVISIONNEMENT EN EAU

DANS LA VILLE DE GAROUA

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Introduction

L'approvisionnement en eau peut se faire sous plusieurs formes. Par raccordement à domicile à des réseaux d'adduction d'eau, solution préférable ; ou par l'accès à d'autres points d'eau améliorés à savoir, des sources d'eau protégées contre les contaminations extérieures : les robinets publics, les bornes fontaines, puits tubés ou forages, puits protégés. Dans la ville de Garoua, en dehors du réseau public représenté par la société fermière, on note la présence des forages, des puits communautaires et privés, des vendeurs d'eau et des canaris. Il s'agira dans ce chapitre de répertorier les différentes sources d'approvisionnement en eau existantes dans la ville de Garoua.

II.1 : LE RESEAU PUBLIC ET LES BORNES FONTAINES II.1.1 : Le réseau public

La Banque mondiale soutient ouvertement que l'eau n'est pas seulement un droit, mais aussi un bien économique et que le développement de l'approvisionnement en eau devrait être considéré comme une intervention économique. L'eau est donc assimilable à un service commercialisable. Ainsi, les services d'eau et d'assainissement ont rapidement été privatisés et gérés sur des bases commerciales au Burkina Faso, au Gabon, en Afrique du Sud, au Congo, au Cameroun, au Ghana, au Nigeria, en Tanzanie, à Sao Tomé, en Ouganda, au Tchad, au Mali, au Mozambique, au Sénégal, en Côte d'Ivoire, en Angola, au Bénin, en Guinée-Bissau et au Niger. En Afrique comme au Cameroun par exemple, l'obtention d'un abonnement relève d'un véritable parcours du combattant. Obtenir un compteur est une prouesse, un l'exploit (Foé, 2008). Pour beaucoup, être abonné au réseau de distribution d'eau potable est devenu un luxe, car, on sait que plus de la moitié de la population camerounaise vit en dessous du seuil de Pauvreté (Mengue, 2004). Seules les personnes aisées ont la possibilité de souscrire un abonnement à la camwater. La majorité de la population achète l'eau chez un voisin qui dispose déjà d'un compteur. Au Cameroun, l'Etat assure l'approvisionnement en eau des populations à travers les acteurs ci-après : la CDE (2016), la CAMWATER et le Ministère de l'Energie et de l'Eau.

La CDE est une entreprise de droit camerounais, issue de la réforme du secteur de l'eau et de l'hydraulique urbaine conduite par le gouvernement en 2005. Créée en décembre 2007, la structure a démarré ses activités en 2008 pour une période de 10 ans. Son objectif

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étant d'assurer la gestion, la production et la distribution de l'eau potable sur le périmètre affermé, qui couvre 110 centres urbains et périurbains. Société fermière et gestionnaire des activités d'exploitation et de distribution de l'eau, elle intervient dans le cadre d'un partenariat public- privé entre pays du Sud aux côtés des deux principaux acteurs nationaux que sont le Ministère de l'Energie et de l'Eau et la CAMWATER. Les principaux axes d'intervention de la CDE étant :

> La mise en oeuvre du plan d'action visant le développement durable du secteur de l'eau potable

> L'amélioration de la qualité de l'eau potable et du service rendu aux clients > Le renforcement du taux de desserte

> Le maintien en bon état de fonctionnement des installations

> L'amélioration des performances des installations

La CDE de Garoua compte 16 forages réalisés et mis en service entre 1975 et 1984 répartis sur trois champs captant (Djamboutou, Plateau et Gaschiga), comme le montre le tableau 6. Ce réseau dessert les communes de Garoua 1 et 2, ainsi que la Commune de Pitoa. Actuellement, seul 13 forages fonctionnent et produisent 14 616 m3 d'eau par jour, distribués à travers 11 394 branchements pour 12 119 abonnés (CDE Garoua, 2016). Une quantité insuffisante pour satisfaire complètement la totalité des abonnés ; pire encore la population de 235 996 habitants que compte la ville. On assiste dès lors à des coupures récurrentes. Face à cette insuffisance, la municipalité autorise les individus désirant s'approvisionner en eau potable à titre individuel, de se brancher à partir des sites abritant les anciennes BF gratuites en y ajoutant leurs compteurs individuels (CUG, 2016). Techniquement, pour satisfaire la demande, la CDE devrait renouveler son matériel de production et élargir son réseau en étendant son champ captant dans les zones non couvertes.

La Cameroon Water Utilities Corporation (CAMWATER) est la société de patrimoine. Placée sous la tutelle technique du Ministère de l'Eau et de l'Énergie, et de la tutelle financière du Ministère des Finances, la CAMWATER gère pour le compte de l'État du Cameroun, les biens et droits affectés au service public de l'eau potable en milieu urbain et périurbain. Elle est chargée de la gestion de l'ensemble du patrimoine Hydraulique de l'État en milieu urbain et périurbain. Elle a pour missions :

> la gestion des biens et droits affectés au service public de l'eau potable en milieu urbain et périurbain.

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? La construction, la maintenance et la gestion des infrastructures de production, de stockage et de transport de l'eau potable;

? La planification, la réalisation d'études, la maîtrise d'ouvrage, la recherche et la gestion des financements pour l'ensemble des infrastructures et ouvrages nécessaires au captage, à la production, au transport, au stockage, et à la distribution de l'eau potable;

Figure 6 : Les acteurs de l'eau

Source : www.cde.cm

Au Cameroun dont, quatre principaux acteurs s'occupent de la question de l'eau. Avec en première position, le Ministère de l'Energie et de l'Eau qui établit un contrat de concession avec la camwater et un contrat d'affermage avec la CDE. Ensuite la camwater s'occupe de la recherche des financements auprès des bailleurs de fonds (troisième acteur) ; enfin, la CDE s'occupe de la production et de la distribution de l'eau potable.

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Tableau 6: Etat des forages de la CDE dans la ville de Garoua

Zone d'implantation du forage

Code du forage

Débit du forage (en litre par seconde)

Etat du forage

Djamboutou

F6

22

En service

F7

20

En service

F8

22

En service

F9

33

En service

F10

19,5

En service

F11

23,5

En service

F12

19

Hors service

F13

19

Hors service

F14

33,5

En service

Plateau

F1

5

En service

F2

11

En service

F3

14,7

En service

F18

36

En service

F19

30,5

En service

Gaschiga

F15

14

En service

F16

22

Hors service

Source : enquête terrain, 2016

Les contraintes financières d'abord et l'urbanisation anarchique ensuite, freinent l'extension du réseau public. Les enquêtes de terrain révèlent que 14,8 % des ménages enquêtés disposent d'un branchement au réseau public tel qu'illustré dans le tableau 7 ci-dessous.

Tableau 7: Proportion des abonnés au réseau public

Quartiers

Ménage enquêtés

Nombre de ménage abonné à la Camwater

Proportion en %

Yelwa

32

3

2,5

Poumpouré

16

1

0,8

Liddiré

33

8

6,6

Laindé

40

6

4,9

Total

121

18

14,8

Source : enquête terrain 2016

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II.1.2 : Les bornes fontaines

Une borne fontaine est un équipement public et collectif qui fournit de l'eau à un village ou un quartier dans les endroits dont les habitations n'ont pas de connexion directe à l'eau. Pour Mouiri (1985), une borne fontaine est un ouvrage permettant le prélèvement de l'eau nécessaire à la boisson, la préparation, la cuisson des aliments ou tout autre usage domestique. Il est raccordé au réseau de distribution d'eau potable et implanté dans le domaine public où il est mis à la disposition des populations. Les B.F sont en Afriques, des ouvrages prioritaires et stratégiques pour un accès à l'ensemble des populations locales à une eau potable de qualité, pour de nombreux organismes internationaux, tels que la Banque mondiale, l'ONU, la FAO, et pour les gouvernements nationaux. Il existe plusieurs modèles économiques pour assurer la viabilité de cet ouvrage collectif. La solution la plus courante en Afrique, est le paiement de l'eau au litre à un gardien, qui est également chargé de l'entretien, de la maintenance ainsi que des heures d'ouverture afin d'éviter le vol d'eau. Les B.F s'intègrent dans un système complet de distribution d'eau potable au grand nombre et de ce fait, posent un certain nombre de problèmes. Ces derniers sont notamment liés à l'exploitation et la gestion qui contribuent à assurer la pérennité des ouvrages. Les B.F trouvent leur justification dans l'exécution du programme de la DIEA (Mouiri, 1985).

A leur création, les B.F étaient la solution aux problèmes d'approvisionnement en eau potable des ménages pauvres pour la plupart, car les consommations étaient payées soit par les municipalités, soit par les utilisateurs eux-mêmes à des prix très bas. C'est pour cela que l'eau prélevée à la B.F était gratuite pour les consommateurs. Ce qui n'est plus le cas aujourd'hui où l'eau est vendue aux utilisateurs des B.F par l'intermédiaire d'un fontainier, qui reste responsable vis-à-vis de la société d'exploitation en payant les factures de consommation. Cependant, de nombreux individus mettent à la disposition des ménages pauvres dépourvus de branchements, un robinet auquel ils s'approvisionnent à des prix identiques à ceux des maïroua dans la ville de Garoua.

Compte tenu de l'accroissement démographique, des moyens limités de la CUG et de l'absence des Bornes Fontaines gratuites, la CUG fournit une autorisation de vente d'eau aux fontainiers. Ces derniers approvisionnent les ménages en eau potable au coût de 25FCFA le bidon (25 et 30 litres). Ils payent le droit de place qui s'élève à 100FCFA par jour ou un forfait mensuel de 3000F CFA. Ces Bornes Fontaines sont réglées pour débiter de dix à

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quinze litres par minute. Cependant le fermier se réserve le droit de supprimer, déplacer les appareils existants ou de refuser l'implantation de nouveaux appareils dont l'utilisation pourrait perturber le régime de distribution ou dont l'usage a été détourné de celui pour lequel il avait été installé. Les frais de pose des compteurs et la facturation des quantités d'eau consommée sont supportés par le propriétaire. Le tarif appliqué aux fontainiers est de 293 FCFA le mètre cube, quelque soit la quantité consommée. Ce sont beaucoup plus, les revendeurs d'eau qui s'y approvisionnent. D'après les enquêtes de terrain, seul 16,4 % des ménages enquêtés s'approvisionnent principalement en eau potable dans les Bornes Fontaines comme l'indique le tableau ci-après.

Tableau 8 : Proportion des ménages s'approvisionnant dans les Bornes Fontaines

Quartiers

Ménage enquêtés

Nombre de ménages s'approvisionnant à la Borne Fontaine

Proportion en %

Yelwa

32

9

7,4

Poumpouré

16

6

4,9

Liddiré

33

2

1,6

Laindé

40

3

2,4

Total

121

20

16,4

Source : enquête terrain, 2016

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire