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Problématique d'approvisionnement en eau potable dans la ville de Garoua (nord-Cameroun).


par Romain ALEX TEJIOBOU
Université de Yaoundé I ( Cameroun) - Master II en géographie 2019
  

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IV - REVUE DE LA LITTERATURE

Plusieurs auteurs ont travaillé sur la question de l'accès à l'eau potable et ont constaté que, dans de nombreuses villes africaines, la question de l'accès à l'eau potable est préoccupante. On y assiste à un accès concurrent et discriminatoire dû à de causes multiples. Dos Santos (2006) évoque l'accroissement démographique, les conditions climatiques (sécheresse) qui induisent des pénuries d'eau, le faible niveau de vie des citoyens, les coûts de branchement élevés au réseau public. Tandis que les uns s'interrogent sur la distribution de l'eau potable et les problèmes d'accès, les autres en revanche s'interrogent sur la qualité des ressources en eau et leurs effets sur la santé. Dans la majorité des pays africains, la croissance démographique et les mouvements migratoires engendrent le développement accéléré des centres urbains. Une urbanisation qui n'est souvent pas accompagnée des aménagements adéquats, ce qui est à la base d'innombrables problèmes dont ceux liés à l'accès à l'eau potable et à l'assainissement. Annie et Mathys (1995) ont montré qu'avec l'accroissement démographique, l'accès à l'eau est sélectif et les populations des quartiers pauvres ont des

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difficultés à s'approvisionner. La population urbaine s'accroit et exige une disponibilité des ressources en eau et des financements croissants. Les pays d'Afrique Noire présentent des divergences en matière d'accès à l'eau potable. La situation des zones humides est nettement meilleure par rapport à celles relativement arides. Ces dernières enregistrent de fortes chaleurs et une baisse de la pluviométrie. C'est ainsi qu'au Tchad, à Djibouti, et au Mozambique par exemple, moins de 30% de la population a accès à l'eau potable d'après la Banque Africaine de Développement (2006).

Quant à la répartition, Ouedraogo (2003) observe une situation d'inégale distribution des points d'eau au Burkina-Faso. Face à la sécheresse qui y a empiré les problèmes d'accès à l'eau potable, le gouvernement a doté le pays de 27000 points d'eau potable. Cependant une analyse de la distribution spatiale de ces derniers laisse entrevoir une mauvaise répartition. Des villages fortement peuplés sont dépourvus de point d'eau tandis certains, pourtant faiblement peuplés en possèdent plusieurs. Une situation qui impose de nouvelles politiques de gestion de la ressource. Par ailleurs, Kanohin et al. (2012) relèvent l'inégale répartition des points d'eau dans la région de Daoukro en Côte d'Ivoire et apportent une contribution dans la recherche des zones propices à l'implantation des points d'eau productif. Ils ont procédé par la conception de la carte des besoins en eau qui a permis de mettre en évidence les zones de déficits avant de cartographier les sites d'implantation futurs points d'eau.

Au niveau du Cameroun, les zones humides et sahéliennes présentent aussi des difficultés d'approvisionnement en eau. Kouam et al. (2006), critiquent la politique du haut vers le bas appliquée à la distribution des points d'eau potable. Ici, la spatialisation des points d'eau est essentiellement discriminatoire. Les sites d'implantation ne tiennent compte ni des besoins des populations, ni de la densité de ces dernières. Pourtant, elles sont les premières à subir toutes les formes de nuisance liée à l'application des décisions prises au niveau du gouvernement. Dans la partie humide du territoire, l'Institut National de la Statistique du Cameroun et l'Institut Fédéral des Géosciences et des Ressources Naturelles d'Allemagne (2013) déplorent la situation des quartiers populaires de Yaoundé. Dans les quartiers Madagascar et Carrière à Yaoundé par exemple, suites à des coupures récurrentes d'eau du réseau public, les populations s'agglutinent autour des rares forages situés dans des zones à haut risque de pollution.

Noubissi (2012) dresse les causes des difficultés de l'accès à l'eau potable à Dschang. Selon lui, le Cameroun malgré ses prédispositions naturelles à avoir d'importantes ressources en eau, a du mal à satisfaire sa population. Les principales causes étant la surexploitation de la nature et la croissance démographique, qui entraînent des pénuries d'eau, tant en qualité qu'en

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quantité. Il suggère une augmentation de l'enveloppe budgétaire allouée à cette activité et une sensibilisation des populations sur la nécessité d'une gestion durable des ressources hydriques. D'autre part, Mpakam et al. (2006), constatent qu'à Bafoussam très peu de ménages bénéficient de branchement au réseau public. Les quartiers à habitat spontané dense, non structuré, sont moins desservis en eau potable. Là, les ménages se ravitaillent dans des rares forages existants et d'autres dans les puits et cours d'eau, ce qui altèrent leur santé.

Keyetat (2014), dans son analyse signale que, l'insuffisance des points d'eau potable à Nkomkana (Yaoundé) contraint les populations à utiliser les points d'eau mis sur pied grâce à leurs diverses contributions financières, pour satisfaire leur besoin en eau. Les fonds issus de ces contributions sont insuffisants pour mettre en place des sources d'approvisionnement sures. Nya (2013) quant à elle a montré l'existence d'un lien entre la qualité de l'eau consommée par les populations et la recrudescence de certaines maladies hydriques à Bangangté. En raison de l'insuffisance et/ou de l'absence du réseau de distribution dans certains quartiers de la ville, les populations développent des stratégies endogènes. Elles ont recours aux sources alternatives exposées à plusieurs formes de pollution, surtout fécale due à la proximité du point d'eau avec les latrines.

Toutes ces difficultés nécessitent des solutions de la part des pouvoirs publics et des populations locales. Dorier et Berton (2009) constatent que, les solutions individuelles prédominent dans toutes les classes sociales. Chez les plus pauvres, on note le recourt aux eaux de pluie, de puits, des sources (non aménagés), l'achat d'eau en détail... La consommation de cette eau, issue des sources douteuses, rend les populations vulnérables aux maladies hydriques. Alors que dans les classes moyennes et aisées, des solutions plus modernes sont utilisées grâce à la relative baisse des prix des forages, des suppresseurs et motopompes. Le forage de quartier passe pour une alternative acceptable aux carences du système public et devient aussi le moyen pour les notables de consolider leur assise locale.

Dans la zone soudano-sahélienne, les maigres précipitations de la courte saison de pluie ne sont pas suffisantes pour satisfaire les besoins en eau des citadins, des animaux et des industries (Elonge et al. 2011). En zone sahélienne Camerounaise, Wakponou et al. (2009) associent les problèmes d'accès à l'eau potable à la sécheresse. Cette dernière conduit à la pénurie d'eau. Pour Jean-Phillipe (2015), Grégoire (2015), les conditions hydrogéologiques de certaines zones sahéliennes et la nature du sol, telles que les massifs rocheux de Mindif et de Soulédé-Roua, ne permettent pas la multiplication des forages par des moyens peu onéreux. D'où le recourt à d'autres moyens d'approvisionnement très coûteux et non

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durables : le Water Trucking éffectué à l'Extrême-Nord par des ONG. Là, les réfugiés, les déplacés internes, se réunissent et l'impact sur les besoins en eau est conséquent. Comme résultante, les longues files d'attente sur les sites équipés de forages entraînent des tensions, car le nombre de point d'eau est insuffisant pour la population sans cesse croissante. Iyebi-Mandjek (1994), pense que l'approvisionnement en eau potable des populations urbaines de Maroua se heurte à la barrière qu'impose leur niveau de revenu. L'implantation des forages comme solution a été source de déséquilibre social et a accentué les inégalités ; car l'inégale implantation favorise certains quartiers au détriment d'autres. Ce qui conduit les populations (surtout des quartiers délaissés) à imaginer un système de revente d'eau inspiré par les abonnés au réseau public.

Du point de vue sanitaire, les résultats d'analyses des échantillons d'eau de forages effectuées par Jean-Philippe (2015), dans le Mayo-Tsanaga, le Mayo-Sava, le Logone et Chari sont satisfaisants. Ce qui signifie qu'une contamination de l'eau ne serait possible qu'au niveau des ménages aux moments clés de l'usage. Cependant, d'autres analyses ont confirmé une contamination d'origine fécale de l'eau, source de maladies, dont la plus grave reste le choléra. Gatcha-Bandjun (2013), face à l'épidémie de choléra qui a frappé la région de l'Extrême-Nord en 2010, propose une solution alternative moins onéreuse et efficace pour améliorer la qualité de l'eau : l'usage des systèmes filtrants à base de fer métallique. Elle suggère ainsi l'utilisation des filtres domestiques pour les familles individuelles et les stations locales pour des petites communautés (village, quartier). Dans la ville de Ngaoundéré, Ngounou et al. (2007) d'après leur enquête constatent que 60% de la population souffrent de maladies d'origine hydrique telles que la typhoïde, la dysenterie amibienne, la diarrhée... En effet, 70% des 200 000 habitants que compte la ville, n'ont pas accès à l'eau potable distribuée par le réseau public. Une situation plus inquiétante dans les quartiers périurbains à habitat spontané et faiblement dotés d'ouvrage hydraulique rural. Cela amène les populations à s'orienter vers les puits peu profonds, traditionnellement creusés et produisant une eau de très mauvaise qualité.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci