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Concilier sport de haut niveau et études


par Teva FAKATAULAVELUA
Université de Lorraine - Master 2022
  

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Chapitre II - Analyse et résultats

Partie I - Devenir et être sportif de haut niveau

Pour débuter, le statut d'Étudiant Sportif de Haut Niveau (ESHN) est donné aux étudiants qui participent à des compétitions sportives de haut niveau et qui poursuivent des études supérieures. En effet, ce statut offre un ensemble de soutiens pour aider ces étudiants à équilibrer leurs engagements sportifs et académiques. Comme nous l'avons vu avant, pour obtenir ce statut, ils doivent généralement remplir des critères de performance et aussi académique, et participer à des compétitions et des entraînements. Certains d'entre eux ont l'accès à des centres de formation souvent affiliés à des universités ou des écoles, qui offrent un encadrement sportif et académique adapté à ce qu'ils désirent. Ces centres permettent de combiner des entraînements tout en suivant un cursus académique grâce à des installations sportives de qualité ainsi qu'un suivi personnalisé auprès d'experts dans le milieu du sport.

Nous nous attacherons dans cette partie à revenir sur les facteurs premiers de la pratique du sport : reposent-ils sur un entourage décisif ? Comment se réalise la planification et l'organisation de leur emploi du temps ? Les opportunités d'encadrement et de soutien varient-elles entre les sportifs de haut niveau ? Ce statut particulier offre-t-il des ressources et des financements avantageux ?

1. Les vecteurs premiers de la mise en pratique du sport : un entourage décisif

La famille est la première source de soutien pour un athlète. Ainsi, les parents, les frères et soeurs peuvent jouer un rôle primordial tout comme d'autres membres de la famille dans l'initiation d'un étudiant au sport. Parfois, il s'agit d'une tradition familiale ou bien, d'un héritage sportif qui se perpétue de pères en fils, ce qui peut motiver l'étudiant à suivre les traces de ses proches.

« Moi à la base, je suis une famille sportive du coup, j'ai toujours fait du sport quand j'étais petit quand j'étais plus jeune, j'ai pu commencer à en faire, j'en ai fait, j'ai fait du foot du basket de la natation, je faisais un peu de tout ». (Noé/ M/ 19 ans/ IUT - Technique de commercialisation 2ème année/ Aviron)

« Mon père a toujours été là à l'époque, quand j'étais petit, il m'emmène à l'entraînement, il attendait la fin et maintenant, il y a plus besoin, mais il est toujours là à regarder quoi. Ma mère, elle essayait d'être présente et après elle met plus sur le côté tout ce qui va être médical ou m'accompagner en dehors etc. mais les deux ont toujours

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été présents et du coup de temps en temps, ils venaient voir des matchs. f...] En club non, j'ai pas fait d'autres sports. » (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

L'éducation initiale de ces individus illustre l'apprentissage des valeurs et des normes, avec le sport tenant une place prépondérante, transmise dès son plus jeune âge par sa famille. Les rôles des parents sont dans ce cas, intéressants à étudier. Le père est plutôt associé à la pratique et à l'aspect physique du sport, tandis que la mère semble plus impliquée dans le support logistique et médical. L'engagement répété et diversifié de cet individu dans le sport peut être analysé à travers l'habitus, un concept développé par le sociologue Pierre Bourdieu. L'habitus renvoie à un ensemble de dispositions inconscientes acquises par l'expérience sociale, qui guident les actions et les perceptions (Bourdieu, 1979). Dans ce cas précis, l'habitus (Parlebas, 1999) de l'individu s'est constitué grâce à l'encouragement familial et à son engagement dans différentes activités sportives. Enfin, la capacité à s'engager dans une variété de sports révèle un certain niveau de capital culturel et social. Selon Bourdieu, le capital culturel comme étant l'accumulation de connaissances, de compétences et d'autres attributs culturels acquis par l'individu (Bourdieu, 1986). Dans le cas de Alphonse, ses parents ont joué un rôle actif et soutenu dans sa participation au football, un sport qui, selon Bourdieu, peut être associé à un habitus valorisant la résilience, la tolérance à la douleur et la force physique (Parlebas, 1999). Cela montre comment les parents peuvent influencer l'habitus de leur enfant, en l'occurrence en encourageant et en soutenant l'engagement d'Alphonse dans le football. Ainsi dans le cas de Noé, le fait de pratiquer divers sports peut être interprété comme une manifestation de ce capital culturel. Noé, qui semble être originaire d'une classe moyenne ou aisée, annonce que sa famille est orientée vers le sport et qu'il a eu l'occasion de s'engager dans diverses activités sportives depuis qu'il est petit : le football, le basket-ball et la natation. Son niveau d'éducation et sa position sociale lui ont donner la possibilité de pratiquer plusieurs sports. En effet, la tendance à combiner les activités sportives et culturelles est fortement structurée en fonction du niveau d'éducation, du revenu et du statut social et professionnel des individus (Coulangeon, Lemel, 2009). A l'opposé, Alphonse, issue d'un milieu populaire, indique qu'il n'a pas participé à d'autres sports en dehors en contrepartie du football. Cela évoque certainement, des restrictions financières ou à un accès limité à une variété d'activités liés à sa classe sociale.

Si les déterminismes sociaux contribuent à façonner la pratique sportive des étudiants sportifs de haut niveau, au-delà de leur statut similaire, nous pouvons également nous intéresser à leur devenir de sportif. Pour ce faire, nous emprunterons la notion de « carrière » développée par Howard Becker. Pour Becker, le terme « carrière » ne se limite pas à l'avancement professionnel

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ou à l'amélioration des compétences dans un domaine spécifique, comme le sport par exemple (Becker, 1963). Il élargit cette définition pour inclure un ensemble d'étapes sociales et culturelles que traverse un individu au cours de son évolution dans un domaine spécifique (Becker, 1963). Selon lui, une carrière ne se résume pas à une simple échelle de progression professionnelle (Becker, 1963). Elle implique également une intégration progressive dans la culture et les normes du groupe ou de la communauté qui définissent le domaine dans lequel la personne évolue (Becker, 1963). De ce fait, la carrière est perçue non seulement comme un parcours professionnel, mais aussi dans ce sens, comme un parcours socioculturel (Becker, 1963). Nous concernant, et si nous reprenons cette conception du terme de carrière, nous pouvons dire que le stade de l'initiation est le point de départ où une personne, généralement un enfant ou un adolescent, fait ses premiers pas dans le domaine du sport (Becker, 1963). À ce niveau-là, l'individu se familiarise avec les règles du jeu, il va commencer à affiner ses compétences, il va pouvoir se voir lui-même en tant que sportif. Par ailleurs, un grand nombre d'étudiants ont entamé leur parcours sportif en raison de leur fervente passion des individus pour un sport, animé par la compétition, etc. Cet amour pour l'activité les a galvanisés à s'exercer avec ardeur et à peaufiner leurs aptitudes pour parvenir à un échelon compétitif. Cet apprentissage du jeu, de la pratique sportive passe aussi par l'engouement que suscite la compétition. Celle-ci semble contraindre, d'une certaine manière, les sportifs en devenir à se socialiser plus fortement encore à la pratique de leur choix :

« Et puis même voilà, j'ai vraiment, j'adore la compétition de même si je suis très fair-play et que je m'entends très bien avec toutes mes concurrentes, l'esprit de compétition

me motive. » (Paula/ F/ 21 ans/ IUT - DUT GEA 2ème année/ Marche athlétique)

« Après quand même ma passion au départ, c'est vivre de sa passion [...] Et le fait d'aller tous les jours à l'entraînement faire ce que tu aimes tous les jours c'est spécial, on est des privilégiés. ». (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

Les témoignages de Paula et Alphonse illustrent également le processus de socialisation secondaire (Durkeim, 1895). En effet, Alphonse témoigne sa passion pour le football, il se sent privilégié de pouvoir vivre de sa passion. Son ressenti illustre une dimension importante de la sociologie du sport : l'idée que le sport permet aux individus de manifester leur identité et d'y trouver une signification. Dunning a suggéré que le sport peut être envisagé comme une forme de « recherche de l'excitation » (Dunning, 1999). Selon Becker, le stade de la professionnalisation est celui où l'individu commence à percevoir le sport comme une voie de carrière potentielle (Becker, 1963). Il s'implique davantage dans l'entraînement, explore des

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occasions de concourir à un niveau supérieur et commence à envisager des options éducatives et de formation qui lui permettraient de concilier les études et le sport.

La famille de ce devenir sportif joue un rôle vital dans la vie des athlètes en les encourageant et en soutenant leurs efforts pour surmonter les obstacles et rester motivés. Dans ce sens, ils permettent de fournir un soutien qui se base sur les émotions indispensables pour les aider, en particulier à traverser des moments difficiles, qu'il s'agisse de blessures, de défaites ou de la pression des études.

« En fait ils ont toujours été là, toujours motivé même quand ça va pas du tout quand je rentre chez eux et que je pleure enfin, ils sont toujours là au final pour m'aider enfin, je pense que la famille c'est vraiment hyper important enfin de toute façon dans tous les domaines. Mais enfin, vraiment, dans le sport parce que enfin moi je sais qu'ils m'ont qui m'ont toujours épaulé bon ça a été un peu dur pour ma mère quand j'ai dû aller en internat mais sinon ils sont là pour te motiver. » (Nadège! F! 21 ans! M1 Histoire! Aviron)

La famille, agissant comme une principale instance de socialisation joue donc un rôle déterminant (Durkheim, 1895). Mais l'expérience en internat de Nadège pourrait être vue comme une forme de socialisation secondaire, où elle s'est familiarisée avec de nouvelles normes et valeurs en dehors de son environnement familial. Nadège note également combien il a été difficile pour sa mère de la voir partir en internat. Cela pourrait refléter les normes sociales liées au genre, dans lesquelles les mères sont souvent considérées comme étant plus émotionnellement liées à leurs enfants. Le capital social se réfère aux réseaux de relations qui peuvent être mobilisés pour obtenir des bénéfices ou du soutien (Bourdieu, 1986). De plus, dans ce contexte, l'appui familial de Nadège lui a offert un réseau de soutien émotionnel décisif pour sa carrière sportive et fait figure de capital social non négligeable (Bourdieu, 1986). Dans les années de spécialisation, le soutien parental demeure un élément significatif. Les parents continuent d'encourager leurs enfants et de fournir un soutien financier et moral dans la période de maintien de l'athlète dans le sport (Durand-Bush, Salmela, Thompson, 2004). Comme nous l'avons vu, cette passion peut être collective ou individuelle. La famille peut ainsi aider les étudiants sportifs à trouver le juste équilibre entre le sport et les études, en les aidant à gérer leur temps et à prioriser leurs objectifs.

« Ils ont toujours été hyper cool à me laisser faire après par contre quand à la maison, je ramenais des mauvaises notes vraiment, ils étaient pas content et ça pouvait me porter

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préjudice pour le sport, mais j'ai toujours réussi à être à pas être en confrontation avec eux là-dessus et ils ont été vraiment cool à chaque fois. » (Clémentine/ F/ 19 ans/ L1 STAPS/ Natation)

Cet extrait d'entretien met en évidence l'influence significative de sa famille sur son parcours sportif et éducatif. Sa famille a établi une certaine règle qui lie ses activités sportives à ses performances académiques. Bourdieu caractériserait cet exercice d'influence comme l'application du capital culturel, un processus où la famille inculque ses valeurs et attentes dans l'esprit de l'enfant (Bourdieu, 1986). On peut donc observer l'accent mis par la famille de Clémentine sur l'importance des études, tout en continuant à encourager son engagement envers le sport. Cela suggère que les parents valorisent une éducation solide en parallèle du développement sportif de leurs enfants (Durand-Bush, Salmela, Thompson, 2004). En outre, les parents et les frères et soeurs peuvent servir de modèles pour les étudiants sportifs en montrant leur propre engagement envers le sport, les études et la réussite personnelle. En effet, la famille a la possibilité fournir un réseau social en aidant les étudiants sportifs à établir des relations avec d'autres sportifs, entraîneurs et professionnels.

« Et c'est mon frère qui s'est investi en premier, il a commencé quand il était petit... Moi, je voulais absolument faire de l'escrime » (Odilon/ M/ 19 ans/ IDMC - L3 MIASHS option MIAGE/ Escrime)

Le frère aîné d'Odilon s'étant impliqué dans le sport en premier, il a peut-être agi comme un exemple à suivre pour Odilon. Les frères et soeurs jouent souvent un rôle capital dans le processus de socialisation, car ils peuvent servir de modèles d'identification (Durkheim, 1895). La décision d'Odilon de se lancer dans l'escrime peut être perçue comme le fruit d'une socialisation au sein de sa famille, où les actions de son frère aîné ont façonné ses propres préférences et comportements. Les frères et soeurs peuvent jouer un rôle significatif en fournissant un modèle pour l'athlète (Durand-Bush, Salmela, Thompson, 2004).

En concordance avec les membres de la famille, les amis de l'ESHN peuvent également jouer un rôle dans le parcours sportif. Ainsi, ils ont l'occasion servir de motivation et de soutien en aidant l'athlète à naviguer dans son parcours sportif.

« En CM2, une amie à moi en faisait et ma mère voulait que je fasse de l'athlétisme, c'était venu à l'idée, elle m'a jamais forcé ou quoi, mais un moment, c'était un peu en

mode tiens si je tentais moi. » (Lola/ F/ 26 ans/ Master de psycho obtenu/ 400m)

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En ce qui concerne la socialisation au sein de la famille, la mère de Lola a introduit l'idée de pratiquer l'athlétisme, sans toutefois imposer cette décision à Lola. Ils respectent l'autonomie individuelle de Lola lors de la prise de décision. Les parents encouragent généralement la participation à diverses activités sportives principalement axée sur le plaisir de la pratique sportive plutôt que sur la compétition au stade de l'initiation (Durand-Bush, Salmela, Thompson, 2004). D'un autre côté, l'influence de l'amie de Lola, déjà engagée dans l'athlétisme, représente un exemple de socialisation parmi les pairs, en particulier à cet âge. Le parcours de Lola démontre comment la socialisation sportive se manifeste à travers diverses influences, qui peuvent parfois se produire simultanément et interagir entre elles. Finalement, l'expérience de Lola peut être analysée à la lumière de la théorie du développement positif par le sport, selon cette théorie, le sport est un outil qui peut aider au développement personnel et social des jeunes. (Côté, 2002). Par exemple, Jean Côté a mis en avant le rôle de soutien de l'entourage dans la pratique sportive des enfants (Côté, 2002). Les coéquipiers et les amis ont une influence secondaire sur la motivation des étudiants sportifs. Un climat d'équipe sain et solidaire peut encourager les individus à se surpasser et à poursuivre leurs objectifs sportifs et académiques.

« On est quand même tous ami quoi enfin, en fait, il y a un truc qu'il faut retenir surtout, c'est que je trouve que grâce au sport on se fait vraiment des vraies amitiés. Enfin, je trouve que ça change des autres amitiés parce que vu qu'on partage quelque chose de fort enfin, le dépassement de soi avec d'autres personnes, on crée vraiment des amitiés qui sont fortes et qu'on retrouve pas forcément ailleurs. » (Nadège/ F/ 21 ans/ M1 Histoire/ Aviron)

L'observation de Nadège met en lumière l'importance du sport comme un vecteur de socialisation et de création de relations interpersonnelles significatives. Durkheim a proposé que des activités communes, comme le sport, peuvent renforcer la cohésion sociale et créer un sens de solidarité parmi les participants (Durkheim, 1893). Le partage d'une activité exigeante et la poursuite conjointe de l'excellence personnelle facilitent l'établissement de connexions profondes, ce que Nadège qualifie de « vraies amitiés ».

Pour les athlètes étudiants de haut niveau, leur identification en tant que sportifs peut jouer un rôle décisif dans leur perception d'eux-mêmes. Les méthodes d'identification employées par les athlètes étudiants de haut niveau sont des moyens d'explorer et d'exprimer leur enthousiasme pour le sport, tout en construisant leur identité autour de cet intérêt. Ils peuvent aussi être inspirés par des sportifs connus mondialement dans leur domaine sportif.

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« C'était plus avant mais là maintenant j'ai pas le temps, ce que je préfère reprendre des mouvs des gens de NBA. Quand on regarde beaucoup les vidéos, ça fait rêver après tu peux le faire sur le terrain et c'est pas la même chose et pour faire après c'est toujours bien d'avoir un exemple. » (Danilo/ M/ 24 ans/ L3 STAPS/ Basket)

« Parce que je voulais faire du sprint de base, j'ai vu Usain Bolt aux JO, il a tout déchiré, j'ai dit vas-y, je vais faire comme lui moi aussi. » (Akim/ M/ 24 ans/ L2 STAPS/ 100m 200m 400m)

En effet, les ESHN peuvent reproduire les mouvements des sportifs les plus connus. Dans ce sens, Albert Bandura avance l'idée d'une reproduction, en fait, l'apprentissage provient en partie de l'observation des actions des autres (Bandura, 1977). En d'autres termes, en observant, en imitant et en modélisant le comportement d'autrui, les individus peuvent apprendre de manière significative (Bandura, 1977). Ces sportifs connus mondialement jouent un rôle dans leur socialisation sportive des ESHN. Dans cette idée, la contribution des médias à la diffusion des modèles sportifs influencent la pratique sportive des individus. Mais aussi, ces anecdotes illustrent l'engagement corporel et sensoriel qui caractérise souvent l'expérience sportive (Defrance, 2011). Pour Danilo, regarder des vidéos et recréer les mouvements des joueurs de la NBA sur le terrain possède une dimension rituelle, quant à Akim, son désir d'imiter Usain Bolt met en lumière la participation profonde et le rôle socialisateur du sport (Defrance, 2011). Cela démontre également que le sport, peut être perçu comme un rituel car la course devient un rituel symbolique, alimenté par le désir d'imiter Usain Bolt. (Defrance, 2011). Finalement, on voit comment les figures sportives peuvent non seulement influencer les techniques et les comportements, mais également déterminer quant à leur choix des disciplines sportives. Par ailleurs, les ESHN peuvent être aussi motivés par des objectifs personnels, tels que l'amélioration de leur performance ou atteindre le niveau professionnel.

« C'est tout le temps gagner, avoir des bonnes performances, me dépasser et j'ai besoin de nager en fait pour être que ce soit personnel ou sur le plan scolaire ou même au travail ça m'aide à être bien à être apaisé. » (Clémentine/ F/ 19 ans/ L1 STAPS/ Natation)

Clémentine souligne l'importance de la compétition, de l'amélioration des performances et de l'autodépassement, illustrant la nature compétitive du sport et le désir d'exceller, qui sont profondément intégrés à l'identité sportive. Selon Bandura, les individus s'adaptent et se développent en fonction de leur environnement (Bandura, 1977). Dans le cas de Clémentine,

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elle a probablement tiré des enseignements de ses expériences en natation, associant ainsi la réussite sportive à son bien-être sur le plan personnel, académique et professionnel. C'est cette connexion qui la pousse à maintenir son engagement envers la natation. Dans la même optique, les entraîneurs et le personnel sportif ont un impact direct sur la motivation des étudiants sportifs. Leur approche, leurs compétences et leur capacité à créer un environnement stimulant sont capitales pour maintenir la motivation de ces étudiants.

« A l'entraînement, pas vraiment parce que c'est à toi de te motiver vraiment, mais avant les compètes, les coachs on a toujours du coup un brief avant courses et un débrief après la course. » (Nadège/ F/ 21 ans/ M1 Histoire/ Aviron)

La déclaration de Nadège met en évidence l'importance capitale du coaching dans le domaine sportif, tant pour la motivation que pour la préparation et l'évaluation des performances. Bourdieu met en évidence l'importance des « agents de socialisation » dans le sport avec les entraîneurs (Bourdieu, 1978). Les entraîneurs exercent une influence significative sur le développement et les résultats des athlètes, en agissant à la fois comme des guides, des mentors et parfois même comme des sources de motivation.

En résumé, l'entourage d'un étudiant sportif de haut niveau joue un rôle prépondérant dans sa motivation et sa réussite. Pour ces athlètes étudiants, les membres de la famille et les amis jouent fréquemment un rôle crucial dans la sélection de leur sport, et fournissent un soutien indispensable quand ils choisissent de s'impliquer de manière intense dans leur discipline. En ce qui concerne les entraîneurs, une fois que l'étudiant-athlète a déterminé son sport et s'y est engagé de façon sérieuse, ils se transforment souvent en des figures d'autorité essentielles pour maintenir cet engagement et aider l'étudiant à atteindre un niveau de compétition. Mais au-delà de cet entourage, des figures sportives plus « éloignées » qui servent de modèles tout au long de ces étapes à l'image de certaines stars médiatisées. En général, ces figures sont des athlètes de renommée mondiale qui ont excellé dans leur domaine spécifique et sont capables de susciter l'admiration.

2. Un statut particulier qui permet des ressources et des financements souvent avantageux

Le statut d'Étudiant Sportif de Haut Niveau (ESHN) est un dispositif mis en place pour aider les étudiants qui pratiquent un sport à haut niveau à concilier leurs études et leurs activités sportives. Les étudiants sportifs de haut niveau ont généralement accès à des infrastructures sportives de qualité supérieure, y compris des installations d'entraînement, des services

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médicaux et de récupération, et des conseils en matière de nutrition et de préparation mentale. La plupart des établissements d'enseignement supérieur sont tenus d'adapter les cursus des étudiants sportifs de haut niveau afin de leur permettre de concilier sport et études. Cela peut inclure des horaires aménagés, des dispenses d'assiduité ou des dérogations aux examens.

« On me demandait juste de rattraper et par rapport aux examens ça tombe tout le temps sur les périodes de compétition, donc ce soit en STAPS ou en fac de lettres, on

m'autorisait à les décaler. » (Lola/ F/ 26 ans/ Master de psycho obtenu/ 400m)

Les universités ont instauré des dispositions spéciales pour soutenir les étudiants-athlètes, comme Lola, dans la gestion de leurs obligations scolaires et sportives. Lola a, par exemple, la possibilité de reprogrammer ses examens afin de pouvoir concourir. Cette mesure institutionnelle témoigne de la reconnaissance du sport et des études comme deux domaines capitaux, nécessitant un certain équilibre. Par ailleurs, cette possibilité de reprogrammer les examens met en exergue l'importance de l'équité. Weber a proposé une interprétation complexe de la stratification sociale, mettant l'accent non seulement sur les divisions économiques, mais également sur des facteurs comme le prestige social et le pouvoir (Weber, 1922). La stratification sociale désigne la structuration de la société en diverses strates ou niveaux, basée sur des éléments tels que le rang économique, l'autorité et l'estime (Weber, 1922). Dans le domaine du sport, cela pourrait signifier que la disponibilité des ressources, les chances d'avancement et l'appréciation peuvent varier grandement en fonction de la discipline sportive de l'étudiant. Par exemple, dans certaines nations, des disciplines comme le football, le basketball ou le handball peuvent être fortement valorisées, bénéficiant d'un fort soutien en matière d'infrastructures, de financement et d'encadrement. Les sportifs s'adonnant à ces disciplines pourraient accéder à une formation de qualité supérieure, à des compétitions à l'échelle nationale et internationale.

« Ils m'ont donné un appartement un bel appartement en 4e étage 65 mètres tout équipés, après, j'avais aussi 450 euros de nourriture. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

Abdel profite d'opportunités économiques considérables grâce à son rôle d'athlète. Les privilèges dont il bénéficie, tels que son appartement et son allocation pour la nourriture, reflètent sa position socio-économique privilégiée. Être un athlète, et peut-être un athlète de premier plan, attribue à Abdel un certain prestige ou une certaine distinction sociale. Les avantages matériels qu'il reçoit, comme un appartement, peuvent être interprétés comme une

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reconnaissance de ce statut. En outre, bien que la citation n'évoque pas explicitement le pouvoir, Abdel, en tant qu'athlète accompli, peut détenir une certaine influence ou un certain pouvoir au sein de sa structure sportive, ce qui pourrait lui permettre de bénéficier de ces avantages. Au-delà du matériel et de la nourriture, les étudiants sportifs de haut niveau doivent par moment participer à des compétitions nationales ou bien internationales, et les coûts de déplacement peuvent être parfois importants. Certaines institutions ou organisations sportives offrent des aides pour couvrir ce genre de dépense.

« Tu vois et j'avais aussi un remboursement de frais, de rembourser pour les kilomètres que je faisais pour aller aux entraînements et à l'école. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

Abdel obtient des compensations financières pour couvrir les frais de déplacement pour ses entraînements et ses cours, ce qui reflète les avantages économiques liés à son statut d'athlète. Aussi, les athlètes qui pratiquent des sports moins populaires ou moins reconnus peuvent avoir moins d'accès à ces ressources et à ces opportunités. Ils sont souvent liés à des clubs sportifs professionnels ou à des fédérations.

En effet, les athlètes de haut niveau peuvent se lier à des partenariats avec des entreprises ainsi que des marques pour obtenir un soutien financier et des ressources en échange de la promotion de ces entreprises et de leurs produits. Malgré le manque de reconnaissance de certains sports, des étudiants peuvent obtenir des sponsors.

« J'ai fait une page Facebook athlète qui a été demandé par mon sponsor, Joma, il m'envoie des vêtements gratuitement, tu as un contrat avec donc tu es obligé de faire des publications. » (Lola/ F/ 26 ans/ Master de psycho obtenu/ 400m)

Dans l'observation de Lola, nous pouvons appliquer la théorie de la célébrité de Chris Rojek. Rojek définit la célébrité comme une dynamique de pouvoir où des individus, connus par une vaste audience, exercent une influence significative sur celle-ci (Rojek,2001). Dans le cas de Lola, elle a établi un partenariat de parrainage avec Joma, qui lui fournit gratuitement des vêtements. En contrepartie, elle doit poster sur sa page Facebook d'athlète pour promouvoir la marque. Ceci illustre la manière dont sa renommée et sa visibilité sont exploitées à des fins de marketing. Elle devient une sorte de « célébrité » avec un impact notable sur son audience, qui est utilisé par la marque pour accroître sa visibilité et ses ventes de produits. En effet, les étudiants sportifs de haut niveau privilégiés peuvent bénéficier d'aides matérielles (des équipements sportifs, infrastructures, etc.) et financières de la part de leur fédération, de leur

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club ou de partenaires privés, ou des fois ils sont contraints de payer de leur propre poche pour des équipements. Par exemple, les clubs sportifs et les fédérations sportives peuvent de temps en temps, fournir un soutien financier et des ressources aux athlètes de haut niveau, notamment en termes d'entraînement, de compétitions et d'équipements.

« Il y a une poignée qui est la partie centrale de l'arc ça en général, c'est l'archer qui le paye parce que bah, c'est quelque chose qui va durer dans le temps après, il y a les branches qui faut clipser sur la poignée et ça les branches, en fait la Fédération quand on est sportive de niveau elle nous en prête » (Henri/ M/ 22 ans/ Faculté des sciences - L2 Maths/ Tir à l'arc)

« Mais il faut quand même être investi, je te donne une échelle pour de la très bonne qualité très banale de qualité, je dirais à 1500. » (Odilon/ M/ 19 ans/ IDMC - L3 MIASHS option MIAGE/ Escrime)

Dans le cas d'Henri, l'acquisition de l'arc, un objet de valeur, représente une forme de capital économique. Il précise que l'archer se charge généralement de l'achat de la poignée de l'arc, un élément durable et essentiel à la pratique. Par ailleurs, la Fédération prête les branches de l'arc aux archers de haut niveau, ce qui témoigne de l'interaction entre le capital économique individuel (la capacité financière de l'archer à se procurer la poignée) et le capital social (l'appartenance à la Fédération qui facilite le prêt des branches). La théorie de la stratification sociale de Pierre Bourdieu pourrait offrir une perspective intéressante pour l'analyse. Cette théorie se concentre sur la distribution des ressources au sein de la société et comment cela influence le statut social des individus (Bourdieu, 1979). Quant à Odilon, l'investissement financier requis pour acquérir un équipement de haute qualité en escrime (estimé à environ 1500€ par lui-même) est un indicateur de son capital économique. Cet investissement a également des répercussions sur son capital culturel et social, car il peut influencer la façon dont les autres sportifs et entraîneurs le perçoivent et peut éventuellement affecter ses opportunités dans le sport.

En somme, être étudiant sportif de haut niveau offre de nombreux avantages financiers. Toutefois, il convient de noter que l'opportunité d'obtenir des financements peut être compliqué et dépend du sport pratiqué et du niveau de pratique, et que les sportifs doivent souvent gérer la pression et les exigences liées à leur double vie d'étudiant et d'athlète de haut niveau. La nature changeante de ces dynamiques est largement influencée par le contexte culturel et géographique. Un sport qui peut être moins apprécié ou moins soutenu dans une certaine région

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peut, dans un autre contexte, jouir d'une popularité et d'un soutien considérables. Par conséquent, l'expérience des étudiants sportifs de haut niveau peut être profondément affectée par leur localisation et leur environnement culturel spécifique. Pour conclure, même si être un étudiant sportif de haut niveau peut présenter de multiples avantages, ces opportunités ne sont pas distribuées de manière égale à tous les athlètes.

3. Des opportunités d'encadrement et de soutien variables entre sportifs de haut niveau

Les ESHN ont accès à de nombreuses opportunités pour les aider à réussir. Tous nos étudiants sportifs de haut niveau sont effectivement membres d'un club sportif. Les clubs sportifs offrent généralement des infrastructures, des entraîneurs spécialisés, des programmes d'entraînement et des compétitions qui permettent aux étudiants de développer leurs compétences sportives à un niveau élevé.

« Ouais donc, je voulais faire du sprint, je me renseigne, je vais dans mon club actuel » (Akim/ M/ 24 ans/ L2 STAPS/ 100m 200m 400m)

« Depuis tout petit au Luxembourg, j'ai commencé là et depuis petit que j'ai joué pour le même club à 7 ans, j'ai intégré l'équipe senior et l'année passée. » (Danilo/ M/ 24 ans/ L3 STAPS/ Basket)

Ces deux étudiants soulignent l'importance des clubs et des équipes dans le processus de socialisation sportive. En effet, Coakley se penche sur les aspects sociaux et culturels du sport et analyse comment la participation sportive influence la socialisation des individus (Coakley, 2019). Akim fait référence à son club actuel, tandis que Danilo mentionne son intégration dans l'équipe senior de son club. La transmission de normes, de valeurs liées à la pratique sportive sont en partie assurés par ces structures. Dans ce sens, les individus apprennent à s'adapter aux attentes et aux dynamiques de leur club ou de leur équipe, ce qui contribue à leur socialisation sportive (Coakley, 2019). Les clubs sont souvent affiliés à des fédérations sportives nationales ou internationales, ce qui permet aux étudiants de participer à des compétitions officielles et de représenter leur club lors d'événements sportifs. En plus de leur club, ils peuvent être membre d'autres institutions. De nombreuses centres tels que le CREPS, le pôle espoir et autres centres de formation offrent des options pour certains étudiants sportifs de haut niveau. Tous les étudiants sportifs de haut niveau ne sont pas nécessairement au CREPS. Le CREPS est un établissement en France qui propose des formations et des infrastructures spécifiquement conçues pour les sportifs de haut niveau. Les athlètes qui se trouvent au sein des CREPS sont

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en général ceux qui ont été reconnus comme ayant une capacité particulière dans leur sport respectif. Leur sélection est habituellement déterminée par leurs performances lors des compétitions et l'évaluation de leurs capacités futures par les entraîneurs et les responsables de leur fédération sportive. Il convient de souligner que les critères de sélection peuvent différer en fonction du sport ou du CREPS spécifique. Pour ceux qui sont au CREPS, ils ont des possibilités de voir des kinés, des psychologues, des préparateurs mentaux. Cela permet aux étudiants de poursuivre leurs études tout en respectant leurs engagements sportifs et de maximiser leurs performances dans les deux domaines.

« J'ai un préparateur physique du CREPS et j'ai une psychologue du sport et après toute l'équipe médicale du CREPS, tout tourne autour du CREPS parce que moi, j'ai été interne. » (Paula! F! 21 ans! IUT - DUT GEA 2ème année! Marche athlétique)

Paula s'inscrit dans un système institutionnalisé du sport grâce à son affiliation au CREPS, dans le cadre de la théorie de l'institutionnalisation, Cette situation reflète l'institutionnalisation du CREPS en tant qu'organisme reconnu dans le domaine du sport, offrant des services et des infrastructures spécialisés pour soutenir les athlètes. Selon la théorie de John W. Meyer, l'institutionnalisation se produit lorsque les normes et les pratiques d'une institution sont largement acceptées et établies dans la société (Meyer & Rowan, 1977). Ainsi, l'affiliation de l'équipe médicale de Paula au CREPS témoigne de la reconnaissance et de la légitimité de cette institution dans le domaine du sport. Ainsi, le CREPS joue un rôle prépondérant en offrant des opportunités uniques aux athlètes. En outre, dans le domaine sportif, le mot « pôle » fait généralement référence aux Pôles France et Pôles Espoirs en France. Ces structures sont spécifiquement conçues pour former et entraîner les sportifs de haut niveau. Chaque pôle se spécialise souvent dans une discipline sportive particulière, offrant ainsi un support ciblé et spécialisé pour les athlètes. Toutefois, l'entrée dans ces pôles ou bien au CREPS peut s'avérer restreinte et fortement concurrentielle, étant influencée par une variété de facteurs. Parmi eux, on compte les compétences sportives de l'individu, sa localisation géographique, la spécificité de la discipline sportive, et parfois même les conditions socio-économiques de l'athlète.

« En fait, en France il y a quatre pôles France, donc Lyon, l'INSEP, Nantes, et Nancy, moi j'ai intégré celui de Nancy et depuis, je suis restée en équipe de France et donc je suis je suis toujours au pôle et je suis toujours licenciée au club de Nancy. » (Nadège! F! 21 ans! M1 Histoire! Aviron)

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« On pourrait se dire que je fais passer les études avant ça, c'est la raison, mais aussi, je me sens mieux de faire moins d'entraînement. C'est aussi mental voilà, j'ai besoin de pas en faire beaucoup par exemple ceux au CREPS, ils sont, ils font énormément d'entraînement et ça, ça me convient pas parce que il faut, il faut autre chose » (Odilon/ M/ 19 ans/ IDMC - L3 MIASHS option MIAGE/ Escrime)

Dans le cas de Nadège, sa mention d'être toujours licenciée au club de Nancy souligne l'importance de sa continuité d'engagement sportif au niveau local, même en étant membre du pôle France et de l'équipe nationale. Cette double appartenance met en évidence la capacité des athlètes à s'inscrire dans plusieurs niveaux d'institutionnalisation, combinant des structures à la fois locales et nationales (Meyer & Rowan, 1977). Pour Odilon, son expression de préférence pour un volume d'entraînement réduit par rapport à ce qui est pratiqué au CREPS reflète également la théorie de l'institutionnalisation. Odilon prend une décision en fonction de ses préférences et de son bien-être mental. Il ressent le besoin de s'entraîner de manière moins intensive pour se sentir à l'aise et trouver un équilibre dans sa pratique sportive. Certains athlètes peuvent préférer un entraînement intensif, tandis que d'autres valorisent un équilibre entre l'entraînement et d'autres aspects de leur vie. La prise en compte des besoins individuels et des préférences personnelles dans la planification de l'entraînement est donc essentiel pour leur santé, le bien-être et l'épanouissement des athlètes dans leur pratique sportive. En règle générale, les étudiants sportifs de haut niveau bénéficient souvent d'un encadrement professionnel expérimenté et d'un soutien de la part de leurs entraîneurs, de leurs équipes quel que soit l'institution.

« f...] on a des bons résultats cette année, on est, on est premier en National 2 donc voilà ça sort pas de nulle part, on voit qu'on travaille et que ce travail, c'est le fruit du coach quoi. Alors, il a joué, je sais pas les clubs, mais il a joué au final quand ils étaient à l'époque en D2 et donc c'était un bon attaquant. » (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

La citation d'Alphonse sur le succès de son équipe de football et le rôle de son entraîneur est analysée à la lumière de la théorie de la structure sociale et de l'interaction de Durkheim. Selon la théorie de la structure sociale et de l'interaction, la société est constituée de divers éléments qui sont interconnectés et s'appuient les uns sur les autres, créant ainsi une configuration sociale sophistiquée (Durkheim, 1895). Les interactions entre ces éléments sont structurées par un ensemble de standards et de directives que les membres de la société sont tenus de respecter afin de préserver la stabilité et la cohésion sociale (Durkheim, 1895). Le succès de l'équipe

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reflète la structure sociale en place, ainsi que l'adhésion de l'équipe aux normes et aux règles du football. L'importance du rôle de l'entraîneur est soulignée, ce dernier agissant en tant que leader et garantissant que l'équipe respecte les règles du jeu, ce qui est essentiel au maintien de l'ordre social. Enfin, l'expérience préalable de l'entraîneur comme attaquant renforce sa capacité à guider efficacement l'équipe, en raison de sa connaissance approfondie des normes et des attentes de la ligue. La compétence dans le sport ne dépend pas uniquement des qualifications formelles, mais repose aussi, et peut-être même principalement, sur l'expérience sportive personnelle (Lemieux, C., Mignon et al.,2006). Il est quasi certain que la grande majorité des entraîneurs, sont d'anciens sportifs qui dirigent maintenant dans le sport qu'ils ont eux-mêmes pratiqué (Lemieux, C., Mignon et al.,2006). Au-delà des conseils, ils peuvent interagir, prodiguant des aides en matière de carrière, de formation et de développement personnel. En tant qu'étudiants sportifs de haut niveau, ces individus ont souvent l'occasion de nouer des contacts dans leur domaine sportif et dans le monde universitaire. Cela peut mener à des opportunités de carrière intéressantes après l'obtention du diplôme, que ce soit dans le sport professionnel, le coaching, la gestion sportive ou d'autres domaines similaires. La théorie de l'échange social, une approche sociologique, envisage les interactions sociales comme un échange de coûts et de récompenses entre les participants (Homans, 1961). La théorie de l'échange social peut servir à examiner les interactions des étudiants sportifs de haut niveau avec différents intervenants, comme les entraîneurs, les équipiers, les sponsors et les supporters. Par exemple, un sportif pourrait s'engager à fournir des efforts intensifs et à exceller dans ses performances, en contrepartie du soutien et des ressources que lui apporte un coach ou un sponsor. Elle peut être utile pour comprendre les relations entre l'ensemble de l'entourage sportif. Ainsi, le rôle de l'entraîneur est perçu comme une combinaison entre le rôle d'outil pour les dirigeants, de porte-voix pour les athlètes entre la fédération et les clubs, et d'intermédiaire pour l'application des connaissances scientifiques. (Lemieux, C., Mignon et al.,2006)

« Cet ancien gardien de but du FC Metz, c'est lui qui m'a sélectionné en équipe départementale, c'est lui qui m'a proposé la section sportive, c'est lui qui m'a bien vendu à Vendenheim, m'a appelé quand je voulais signer là-bas c'est lui qui m'a dit d'aller à Nancy pour mon stage et ça se passe super bien et c'est lui maintenant encore qui me propose un BMF. » (Mandy/ F/ 20/ L3 STAPS/ Football)

« C'est mon entraîneur m'a aidé à trouver une structure d'accueil pour quand j'avais la Strasbourg donc ça, ça va beaucoup aider parce que je me voyais pas à Strasbourg et dire bonjour, j'arrive, je vais m'entraîner enfin, c'est un peu délicat et du coup, c'est

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exactement le scénario qui s'est passé donc c'est mon entraîneur de Strasbourg qui m'a aidé pour trouver mon entraîneur de Nancy. » (Laurie! F! 21 ans! IAE School of Management 2ème année !Saut en hauteur)

Les propos de Mandy insistent sur le rôle central et pivot de son entraineur, à la fois sur le plan sportif mais aussi sur le plan de la carrière professionnelle. Elle décrit comment un ancien gardien de but du FC Metz a été déterminant dans divers moments clés de sa progression en tant que joueuse de football. C'est un exemple concret de la théorie de l'échange social. L'entraîneur apporte à Mandy des opportunités et des conseils précieux, anticipant en retour une gratification, que ce soit sous forme de performances de Mandy sur le terrain, de la réussite de l'équipe, ou d'une reconnaissance au niveau professionnel. Dans le second témoignage, Laurie exprime sa gratitude envers son entraîneur qui l'a assistée pour trouver un endroit pour s'entraîner à Strasbourg. En offrant son aide et ses ressources à Laurie, l'entraîneur s'attend en retour à ce qu'elle puisse améliorer ses performances en saut en hauteur, ce qui pourrait renforcer sa propre renommée et celle de l'équipe.

Le genre, la classe sociale, l'origine ou encore la religion peuvent être des facteurs discriminants, ce qui offre des opportunités différentes pour chaque individu. Par exemple, la classe sociale est un facteur décisif qui peut toucher à l'accès et les opportunités pour les étudiants sportifs de haut niveau. Les individus issus de milieux défavorisés peuvent rencontrer des difficultés pour accéder aux mêmes opportunités et ressources (Marx & Engels, 1848). Pour illustrer les inégalités en termes sociales, nous pouvons nous appuyer sur cette citation : « Dans le cas de l'athlétisme, Lucie Forté et Christine Mennesson (2012) repèrent par exemple la manière dont les parents issus des classes favorisées perçoivent en termes de concurrence l'engagement dans des études supérieures et la poursuite de l'entraînement sportif intensif, au moment de la dernière étape de la carrière athlétique. À l'inverse des parents issus des classes populaires qui, par un effet de méconnaissance du monde scolaire doublé d'une vision enchantée des perspectives de la carrière sportive, maintiennent une forte adhésion aux attentes de l'institution sportive et favorisent ainsi la réalisation du travail athlétique. » (Papin, Viaud, 2018). Les étudiants provenant de milieux aisés peuvent bénéficier d'entraîneurs privés, d'installations sportives de haute qualité, d'équipements supérieurs et d'une alimentation optimale.

« Le matériel que tu emploies bah, c'est toi, tu fais du coup, c'est quand même coûteux comme matériel, on peut trouver un équipement abordable, mais il faut quand même être investi, je te donne une échelle pour de la très bonne qualité très banale de

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qualité, je dirais à 1500. » (Odilon/ M/ 19 ans/ IDMC - L3 MIASHS option MIAGE/ Escrime)

Le commentaire d'Odilon illustre le concept de « Distinction » de Bourdieu, qui suggère que nos préférences, y compris nos choix sportifs, sont influencées par notre position socio-économique (Bourdieu, 1979). Les sportifs provenant de milieux plus prospères ont une plus de chance d'accéder à des sports comme l'escrime qui exigent un engagement financier. Cette réalité contribue à une certaine forme d'exclusion sociale dans le domaine du sport, où l'accès à certaines disciplines est principalement réservé à ceux ayant des moyens financiers supérieurs. Par ailleurs, le point de vue d'Odilon évoque également la notion de « Carnalité » dans le sport, une idée de Wacquant (Wacquant, 2002). Cette notion met l'accent sur le fait que notre corps est simultanément l'instrument et le produit de notre engagement dans une activité sportive. (Wacquant, 2002). Comme l'exprime Odilon, « le matériel que tu emploies, c'est toi », ce qui signifie que l'implication dans le sport représente non seulement un investissement financier, mais également un engagement corporel exigeant qui demande du temps, de l'effort et de l'énergie. La constatation selon laquelle le coût élevé du matériel sportif peut représenter un obstacle à la participation soulève des préoccupations en termes d'égalité et d'accès équitable au sport. Cette réalité peut contribuer à des disparités dans la possibilité de participer à des activités sportives. Ainsi, les individus des classes populaires peuvent se trouver désavantagées. Cela peut restreindre les opportunités pour certaines personnes de s'engager pleinement dans le sport et de développer leur potentiel athlétique. De plus, les étudiants sportifs de haut niveau issus de milieux socioéconomiques plus modestes peuvent rencontrer des contraintes supplémentaires, comme l'obligation de travailler pour subvenir aux besoins de leur famille. Cela pourrait restreindre le temps et l'énergie qu'ils sont en mesure de consacrer à leur entraînement.

« C'est compliqué, tu as trois trucs en même temps-là, le travail, sport, les études, c'est compliqué. J'avoue que, c'est, faut s'accrocher de ouf. Je donne un peu plus d'importance à mon taf en ce moment, c'est plus taf, sport et études, dans mon ordre de préférence. [...] Maintenant, je me suis marié là récemment, moi j'ai des responsabilités, elles m'ont amené à avoir une réflexion tu vois et en fait tout le temps je me donne à mon sport de base, en fait, je me dis ouais c'est plutôt que je peux pas ramener de l'oseille parce que j'ai entraînement tu vois ce que je veux dire. » (Akim/ M/ 24 ans/ L2 STAPS/ 100m 200m 400m)

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La déclaration d'Akim révèle un conflit entre différentes responsabilités : le travail, le sport et les études. L'équilibre entre le sport, les études et le travail est un défi souvent rencontré par les étudiants-athlètes. Cette problématique a été étudiée par des chercheurs tels que Stevenson, qui a observé que pour concilier ces différentes responsabilités, les étudiants-athlètes sont souvent amenés à faire des compromis (Stevenson, 2010). Par ailleurs, la religion peut également influencer l'accès et les opportunités pour les étudiants sportifs de haut niveau. Certaines croyances religieuses peuvent limiter la participation des individus à certaines disciplines sportives, ou créer des défis supplémentaires pour concilier sport et études.

[Période de ramadan] « L'année dernière, j'étais blessé donc ça va, et là, j'en ai parlé un peu au coach, tu sais t'as des séances de muscu et qui voit que t'es fatiguée, il va te mettre au repos parce que tu peux faire nous en muscu pure, des fois, je vais faire un peu juste du gainage genre forcément et voilà après pour les cours si tu peux pas manger ça et donc ils vont m'aider à alléger. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

En ce qui concerne Abdel, l'entraîneur ajuste le cadre d'entraînement en tenant compte de ses engagements religieux. La notion d'« identité négociée » suggère que les sportifs peuvent adapter et ajuster leur identité et leurs rôles en fonction de divers contextes sociaux, y compris celui de la religion (Coakley, 1993). Dans le cas spécifique d'Abdel, il est en train de naviguer entre son identité d'athlète et son identité de pratiquant musulman pendant le Ramadan, avec le soutien de son coach. Par conséquent, les adaptations apportées à l'entraînement reflètent l'évolution des normes et des ressources qui structurent les activités de l'équipe.

Par ailleurs, dans le cadre de l'analyse genré, nous avons sept hommes et six femmes. Les disciplines comme le 100m et le 400m, pratiqués par Akim et Lola et le tir à l'arc ne sont pas typiquement associées à un genre spécifique, bien que les courses de sprint soient souvent vues comme plus masculines en raison de l'importance de la vitesse et de la force. De même, l'aviron (pratiqué par Nadège et Noé) n'est pas particulièrement genré, même si l'effort physique requis peut parfois décourager certaines femmes. L'handball et le basket, respectivement pratiqués par Abdel et Danilo, sont souvent considérés comme des sports plus masculins, principalement en raison de leur nature compétitive et de leur intensité physique. Le football, pratiqué par Alphonse et Mandy, est traditionnellement dominé par les hommes, bien que l'implication des femmes y soit en hausse. Le saut en hauteur (Laurie), la marche athlétique (Paula) et la natation (Clémentine) peuvent être perçus comme des sports moins liés à un genre spécifique, avec une participation significative des femmes. L'escrime, pratiquée par Odilon, a également une participation féminine notable, bien qu'elle ait historiquement été dominée par les hommes. La

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majorité des individus de notre échantillon pratiquent des sports qui sont soit traditionnellement associés à leur genre, soit considérés comme neutres. Quelques individus transgressent ces classifications basées sur le genre : les femmes haltérophiles, boxeuses et footballeuses s'entraînent dans des environnements formels et sont reconnues par les institutions officielles (Louveau, 2006). Cependant, les joueuses de football représentent encore à peine 2% des licenciés dans ce sport en France, mais ce chiffre tend à s'accroître (Louveau, 2006). Par exemple la seule exception que nous avons, Mandy, une femme, joue au football, un sport historiquement masculin (Louveau, 2006).

En effet, tous ces athlètes ne bénéficient pas des mêmes ressources. En effet, les facteurs liés à la classe, le genre, le sexe ou la religion ont une influence sur nos ESHN. Les ESHN ne sont pas armer de la même manière lorsqu'ils abordent les études ou le sport. La théorie du conflit, que nous avons vu, peut aider à identifier et à comprendre les inégalités qui existent parmi les étudiants sportifs de haut niveau et comment elles peuvent influencer leurs expériences et leurs opportunités dans le sport.

4. Une planification et une organisation quasi militaire : une discipline de fer ?

Les étudiants sportifs de haut niveau doivent effectivement avoir une planification et une organisation rigoureuses pour pouvoir concilier leurs études et leur pratique sportive. Cela peut être comparé à une discipline de fer, similaire à celle observée dans le milieu militaire.

Premièrement, les étudiants sportifs de haut niveau doivent gérer leur temps de manière très précise, car ils doivent jongler entre les entraînements, les compétitions, les études, les activités sociales et établir un emploi du temps clair et s'y tenir. Pour cela, ils n'hésitent pas à optimiser leur temps dans la journée en anticipant à l'avance. Dans cette optique, Harold Wilensky pourrait décrire le « temps militaire » comme une manipulation du temps dans une organisation, où l'on fixe des délais stricts et un emploi du temps rigide pour engendrer un sentiment d'urgence et de rendement (Wilensky, 1964). Bien que les travaux de Wilensky ne se concentrent pas spécifiquement sur la gestion individuelle du temps, ses études sur la bureaucratie et les organisations nous aident à comprendre comment les individus structurent leurs activités quotidiennes pour atteindre leurs objectifs personnels et professionnels (Wilensky, 1964). Pour équilibrer les exigences de leurs formations académiques et sportives, les étudiants sportifs de haut niveau doivent souvent organiser leur temps de façon rigoureuse, à la manière d'une structure militaire.

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« Classiquement réveil 8h30, après, je pars de chez moi vers 9h30, je vais à l'entraînement pour 9h45, du coup, après entraînement de 10 heures, à midi et après à 13h, je vais à la fac jusqu'à 15h, du coup, ça peut aller jusqu'à 17 heures. Après le soir, je rentre, je me douche, je mange. Après, c'est soit série tout ça et après dodo. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

« Après 18h30 en général c'est l'heure de la muscu donc ça comme on fait cinq séances par semaine du lundi au vendredi, c'est tous les jours, c'est une journée bien chargée quand même assez des journées où tout est millimétré. » (Henri/ M/ 22 ans/ Faculté des sciences - L2 Maths/ Tir à l'arc)

Dans les deux cas, on peut observer une planification et une coordination du temps. Les individus ont des horaires et des routines bien établis, avec des activités spécifiques allouées à des moments précis de la journée. Cela suggère qu'ils organisent leur temps de manière consciente et gèrent leurs ressources temporelles de manière stratégique. Ces exemples mettent en évidence comment les individus organisent et gèrent leur temps en fonction de leurs responsabilités et priorités. En outre, cet équilibre implique de maintenir une discipline ferme et de suivre une routine planifiée pour garantir qu'ils disposent du temps nécessaire à leur entraînement, à leurs études, à leur repos et à leur récupération.

« J'essaye d'être la plus efficace pour gagner du temps dans la journée, je révise dans les transports par exemple. » (Laurie/ F/ 21 ans/ IAE School of Management 2ème année /Saut en hauteur)

« Quand je rentrais le week-end chez mes parents avant d'aller à mon match, des choses comme ça j'essaie de me préparer des repas pour la semaine entière. » (Mandy/ F/ 20/ L3 STAPS/ Football)

Laurie cherche à optimiser son temps en étant aussi efficace que possible. Elle profite de ses trajets en transport pour réviser, ce qui témoigne de son utilisation productive de ce temps de déplacement. Cette approche correspond à la perspective du « temps militaire », où chaque instant est utilisé de manière efficace afin de maximiser l'utilisation du temps disponible. De son côté, Mandy se prépare des repas pour la semaine entière lorsqu'elle rentre chez ses parents avant ses matchs. Cette pratique témoigne de sa planification et de son organisation préalable des repas, dans le but d'économiser du temps et de l'énergie tout au long de la semaine. Cette approche est cohérente avec la notion de temps militaire, qui met l'accent sur la planification et la préparation préalable pour rationaliser les activités quotidiennes et libérer du temps pour

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d'autres engagements. La planification aide à établir des priorités et à éviter les conflits d'horaires. Dans le cas où les horaires d'entrainements n'empiètent pas avec les cours, aucun aménagement est nécessaire. Dans l'autre cas, un aménagement est nécessaire, l'entraineur a accès à l'emploi du temps de l'étudiant pour pouvoir mettre en place les heures d'entrainement. Les athlètes de haut niveau s'entraînent régulièrement suivant un programme d'entraînement spécifique et adapté à leur discipline. Maintenir une communication constante avec les enseignants et les entraîneurs permet de discuter des défis rencontrés, des objectifs à atteindre et des ajustements nécessaires dans la planification.

« Du coup l'emploi du temps et donc du coup bah en fait chaque semaine, j'envoie mon planning de cours à mon coach et en fait du coup mon coach à ce moment-là lui, il va regarder dans les trous quand je n'ai pas cours. Il va mettre des entraînements à ce moment-là et puis bah si par exemple il y a un petit trou de deux heures par une mettre dans ces deux heures-là ». (Henri/ M/ 22 ans/ Faculté des sciences - L2 Maths/ Tir à l'arc)

« J'ai les cours et après les entrainements c'est le soir donc ça gêne pas avec les cours que j'ai déjà, finalement ça dérange pas dans la journée. Je dois partir après, on a normalement, on a entraînement mardi et on peut pas toujours avec le basket » (Danilo/ M/ 24 ans/ L3 STAPS/ Basket)

Henri adopte une approche entreprenante en envoyant son planning de cours à son coach chaque semaine. Son coach utilise cette information pour planifier des entraînements pendant les créneaux horaires où Henri n'a pas de cours. Grâce à son expertise et à sa connaissance approfondie du sport pratiqué par l'étudiant, l'entraîneur conçoit un programme d'entraînement sur mesure, en tenant compte de leurs objectifs et de leur niveau de compétence. Dans ce cadre, l'entraîneur exerce une autorité compétente, cela suggère une structure et une hiérarchie fondées sur les compétences acquises lors d'épreuves sportives (Lemieux, C., Mignon et al.,2006). Sa stratégie montre sa volonté d'optimiser son temps en utilisant chaque instant de manière productive, en comblant les périodes de disponibilité avec des entraînements. Quant à Danilo, il souligne que ses entraînements ont lieu le soir, ce qui lui permet de ne pas interférer avec ses cours déjà programmés. Il mentionne également qu'il doit partir après les entraînements, indiquant ainsi une gestion spécifique de son temps pour concilier ses engagements sportifs et académiques. Sa capacité à organiser ses activités sans perturber sa journée met en évidence une planification préalable et une gestion du temps. Par ailleurs, pour réussir à la fois dans leur sport et dans leurs études, les étudiants sportifs de haut niveau doivent établir des priorités et se

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concentrer sur l'essentiel, faire preuve de discipline pour maintenir un équilibre sain entre ces deux aspects de leur vie.

« En premier, les études et en second le sport ou après le travail j'ai toujours réussi à me débrouiller en faisant le moins possible. » (Clémentine/ F/ 19 ans/ L1 STAPS/ Natation)

On peut observer que Clémentine adopte une approche de gestion du temps où elle accorde la priorité à ses études, en leur allouant la majorité de ses ressources temporelles. Cette priorisation des études reflète la volonté de structurer son temps en fonction de ses engagements les plus importants et de s'assurer qu'ils soient réalisés de manière efficace. Stevenson a mené une analyse détaillée de cette question, mettant en évidence la nécessité pour les étudiants-athlètes de hiérarchiser leurs engagements entre leur vie académique, leur pratique sportive et leur vie personnelle (Stevenson, 2010). En outre, Clémentine mentionne qu'elle parvient à se débrouiller en faisant le moins possible après le travail. Cette remarque suggère une inclination à minimiser les efforts supplémentaires et à chercher des moyens d'optimiser son temps et son énergie.

Deuxièmement, les étudiants sportifs de haut niveau doivent prendre soin de leur corps en s'assurant de bien récupérer après les entraînements et en adoptant une alimentation équilibrée pour soutenir leurs performances. Cela implique également une discipline pour respecter les horaires de sommeil, les temps de repos et les recommandations nutritionnelles. Effectivement, la théorie du corps et de l'incorporation permet d'analyser comment les athlètes intègrent les pratiques de soins corporels, telles que le sommeil et la nutrition, dans leur vie.

« Sur les heures de sommeil, c'est d'avoir un peu près 8h un truc comme ça après, c'est vrai que c'est des journées qui sont intenses. » (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

« Je vois deux fois par ans des diététiciens pour m'aider pour les apports nutritionnels pour faire en sorte que j'ai pas de carence, j'ai fait du surentraînement l'année dernière parce que tu sais, j'étais au centre de formation. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

Dans le premier extrait, Alphonse souligne l'importance d'avoir environ 8 heures de sommeil recommandées et met en évidence l'intensité de ses journées. Martin explore comment la culture et les représentations sociales influencent nos attitudes envers différents aspects corporels tels que le corps lui-même, la santé, la reproduction, et bien d'autres (Martin, 1991). Dans le

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contexte sportif, où les athlètes apprennent à prendre soin de leur corps pour répondre aux normes et aux exigences de leur discipline sportive. Cela dénote une prise de conscience de l'importance de prendre soin de son corps en établissant un équilibre et une régularité dans le sommeil. Cette sensibilisation peut être influencée par les discours sociaux qui soulignent l'importance du repos et de la récupération pour la performance sportive et la santé en général. Dans le deuxième extrait, Abdel mentionne qu'il consulte des diététiciens pour s'assurer de ses apports nutritionnels et éviter les carences. Il fait également référence à une expérience de surentraînement. Ces préoccupations liées à la nutrition et à la prise en compte de l'entraînement excessif témoignent de l'influence des normes corporelles associées à la performance sportive et à la culture du corps dans le domaine du sport. Les athlètes sont souvent encouragés à optimiser leurs performances physiques et à surveiller leur alimentation pour atteindre leurs objectifs. Ces exemples illustrent comment les individus intègrent les normes sociales liées au corps, à la santé et à la performance sportive. En effet, la pratique d'un sport de haut niveau et la poursuite d'études peuvent engendrer beaucoup de stress.

Les ESHN doivent donc apprendre à gérer leur stress. Ils ont l'opportunité de consulter un préparateur mental ou un psychologue selon leur besoin, au CREPS, ce personnel est disponible à n'importe quel moment. Selon Wilensky, la manipulation de cette perception du temps peut favoriser la discipline et la coordination organisationnelles (Wilensky, 1964). Cependant, cette discipline peut mener à réaliser des décisions imprudentes avec la pression du temps (Wilensky, 1964). Ainsi, la gestion du temps est une compétence pour les ESHN, car ils doivent équilibrer plusieurs engagements en même temps. Par opposition, une discipline rigide va également avoir des conséquences négatives, à cet égard, on peut citer le stress ou le burn-out.

« Je suis arrivé à mes premiers partiels au niveau sportif tout ça, j'étais stressé pour les études je passais beaucoup d'heures à réviser. » (Henri/ M/ 22 ans/ Faculté des sciences - L2 Maths/ Tir à l'arc)

« Il faut être organisé je pense peut-être mon mental parce que enfin même si je suis stressée et tout j'ai quand même toujours un mental de ouf » (Nadège/ F/ 21 ans/ M1 Histoire/ Aviron)

Dans le cas d'Henri, il accorde une grande importance à ses études et ressent du stress lors des examens. Son investissement en termes d'heures de révision témoigne de sa volonté de maximiser son temps pour se préparer au mieux aux évaluations. Quant à Nadège, elle met en avant l'importance de l'organisation et de la force mentale. Sa capacité à être organisée lui

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permet de gérer ses tâches et de maximiser son efficacité dans la réalisation de ses études et autres engagements. Dans ce sens, Simons, Van Rheenen et Covington (1999) mettent en lumière la pression qu'endurent les étudiants-athlètes dans la conciliation du sport et des études. Ces compétences permettent aux individus de mieux gérer les pressions et de maintenir leur bien-être psychologique tout en réalisant leurs objectifs dans ces domaines exigeants. Pour les étudiants sportifs de haut niveau de minimiser le stress et de veiller à maintenir une santé mentale optimale, le rôle d'un préparateur mental ou d'un psychologue spécialisé dans le sport peut jouer un rôle important. Ils vont aider ces étudiants à gérer le stress et à maximiser leurs performances.

« f...] depuis cette année c'est un psychologue et un préparateur mental tout ce qui est gestion du stress et prise de recul parce que je ne prends aucun recul dès que je suis frustrée, je vois que de négatif du coup arriver à prendre du recul devant le positif et à tirer le bon des mauvaises situations. » (Clémentine/ F/ 19 ans/ L1 STAPS/ Natation)

Dans le contexte du « temps militaire » selon Harold Wilensky, la gestion du stress et la capacité à prendre du recul sont des éléments capitaux pour maintenir une productivité et une efficacité constantes. Elles permettent aux individus de faire face aux obstacles et d'apprendre des situations difficiles. Dans le cas de Clémentine, elle reconnaît son besoin d'améliorer ces compétences et choisit de s'entourer de professionnels tels qu'un psychologue et un préparateur mental.

En résumé, les étudiants sportifs de haut niveau doivent effectivement adopter une discipline solide pour réussir à concilier leurs études et leur carrière sportive. Cette discipline se manifeste notamment par une gestion rigoureuse du temps, la fixation de priorités, un entraînement sérieux, une attention portée à la récupération et à l'alimentation, ainsi que par la gestion du stress. Wilensky a proposé une analyse critique de la manière dont le temps est géré. Il a souligné les dangers associés à cette méthode, l'impact sur le mental des pratiquants.

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Partie II - Concilier le sport et les études : une priorité donnée aux études ?

Tout d'abord, les étudiants sportifs de haut niveau doivent trouver un équilibre entre leurs études et leur sport. De cette manière, donné une priorité aux études, est le fruit d'un choix rationnel. Les étudiants sportifs de haut niveau sont confrontés à de nombreux défis liés à la gestion du temps, équilibrer la performance sportive et les études, ainsi qu'à la pression sociale et personnelle. Raymond Boudon a écrit un livre intitulé « L'inégalité des chances » en 1972. Dans cet ouvrage, il offre une perspective théorique pour comprendre pourquoi les disparités en matière de réussite éducative persistent, malgré l'élargissement de l'accès à l'éducation (Boudon, 1973).

Est-il possible que l'excellence académique ouvre la voie à la réalisation personnelle à travers le sport, notamment dans les disciplines sportives très lucratives qui incitent les étudiants à y consacrer davantage de leur temps et de leurs efforts ? Comment équilibrer cette passion et cette opportunité financière ? Quelles sont les perspectives professionnelles en lien avec le sport ?

1. Réussir dans les études pour s'épanouir dans le sport

Les étudiants sportifs de haut niveau peuvent essayer de maximiser leurs bénéfices en minimisant leurs coûts. Par exemple, ils ont la possibilité de dédoubler une année cela donne à l'étudiant la possibilité de se concentrer sur le développement sportif et d'explorer des opportunités de carrière dans le sport sans sacrifier l'aspect académique.

« J'ai fait ma première année en un an, je l'ai validé aussi avec 12 et là, je suis en deuxième année que je dédouble parce que je suis un temps plein avec des joueurs pro de Nancy du coup ça, c'est compliqué. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

« Aujourd'hui, il me reste deux ans que j'ai séparé en trois années enfin que je vais faire en trois années pour pouvoir allier la pratique de l'aviron et pouvoir tenter de valider mon diplôme plus facilement. » (Noé/ M/ 19 ans/ IUT - Technique de commercialisation 2ème année/ Aviron)

Abdel a choisi de scinder sa deuxième année universitaire pour gérer son engagement comme handballeur professionnel, pendant que Noé a préféré répartir ses deux dernières années d'études sur trois ans afin de concilier sa pratique de l'aviron avec ses obligations académiques. Ces décisions mettent en lumière le dilemme entre les exigences de la vie sportive professionnelle et les responsabilités académiques. Les athlètes de haut niveau sont souvent

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confrontés à des choix complexes pour maintenir une harmonie entre ces deux sphères de leur vie.

Par conséquent, les études peuvent leur garantir un meilleur avenir professionnel en dehors du sport. En effet, les étudiants athlètes parviennent à concilier leur dévouement pour le sport et leurs engagements académiques. Cela leur permettra de profiter des bénéfices d'une carrière sportive tout en garantissant leur stabilité professionnelle sur le long terme.

« En priorité, quand même, les études pour parce que, voilà, c'est ce qui va quand même me payer plus tard vraiment. » (Odilon/ M/ 19 ans/ IDMC - L3 MIASHS option MIAGE/ Escrime)

Cela illustre le conflit entre les ambitions sportives et l'impératif de faire des études pour garantir une sécurité financière à long terme. Malgré sa dévotion pour le sport, Odilon comprend que ses études académiques ont le potentiel de lui assurer une source de revenus plus sûre et plus pérenne que son parcours sportif. Cette vision est probablement modelée par la réalité que la réussite dans le sport de haut niveau est imprévisible et que la durée de carrière d'un sportif peut être relativement brève. L'instabilité et l'instantanéité caractérisent souvent les carrières sportives, avec des facteurs comme les blessures, les fluctuations de performance et la compétition pouvant précipiter leur fin. De ce fait, poursuivre des études peut représenter une garantie financière et professionnelle pour les athlètes une fois leur parcours sportif achevé. Par exemple, Odilon a décidé de privilégier ses études plutôt que l'escrime, car il a jugé que cela maximiserait ses revenus futurs.

« C'est super important pour faire des études, après c'est pas obligatoire, c'est moi qui voulais, mais voilà donc ça a toujours été comme ça. Une fois que j'en finis mes études et ben, j'ai encore un travail parce qu'il faut une rémunération à la fin du mois. » (Laurie/ F/ 21 ans/ IAE School of Management 2ème année /Saut en hauteur)

« En premier, les études et en second le sport ou après le travail, j'ai toujours réussi à me débrouiller en faisant le moins possible. » (Clémentine/ F/ 19 ans/ L1 STAPS/ Natation)

Elles sont conscientes l'importance de trouver un équilibre entre ces deux facteurs pour préparer leur futur. Cela pourrait également signaler une prise de conscience accrue du rôle significatif des études dans la préparation des sportifs à une carrière professionnelle après leur parcours sportif. En outre, l'avis des parents dans l'équilibre sport et études prend une place primordiale.

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Leurs opinions sont sensiblement les mêmes sur la conciliation entre le sport et les études. Ils considèrent que les études sont plus importantes que le sport, tant que tout se passe pour le mieux dans les études, ils peuvent continuer dans leur sport. Laurie considère le sport comme un loisir plutôt qu'une profession, car elle estime que les coûts associés à la transformation de cette passion en carrière, tels que le temps, les efforts et le stress, dépasseraient les bénéfices potentiels.

« Ma mère est concentrée sur l'école, j'avais les entraînements avec et tout, elle était d'accord, si j'arrive à gérer elle est d'accord, tu peux continuer en gros le sport. » (Danilo/ M/ 24 ans/ L3 STAPS/ Basket)

« Je me rappelle que ma mère m'avait dit si tu intègres le pôle, mais tes résultats à l'école, ils baissent pas quoi enfin où tu restes aussi focus sur l'école. Je pense qu'ils ont compris que tout se passait bien que je m'épanouissais pleinement et que ça a pas dégradé les résultats scolaires. » (Paula/ F/ 21 ans/ IUT - DUT GEA 2ème année/ Marche athlétique)

Dans ces deux cas, les mères ont un rôle à jouer au sien de l'équilibre entre le sport et des études. Holt et al. (2008), mettent en exergue l'importance fondamentale du rôle parental dans l'établissement d'un équilibre entre les engagements sportifs et académiques des jeunes sportifs. Cela souligne l'influence de l'environnement familial dans la gestion des exigences du sport de haut niveau et de l'éducation. L'accent mis par les parents sur l'importance de l'éducation peut aider à assurer un certain degré de sécurité et de stabilité pour l'avenir de leurs enfants, en tenant compte du caractère souvent incertain et de la durée limitée des carrières sportives. Les parents peuvent choisir une stratégie conditionnelle, soutenant l'implication de leur enfant dans le sport à condition que ses résultats scolaires à la hauteur. Cela peut contribuer à l'établissement d'un équilibre entre les obligations sportives et académiques de l'étudiant. Ce niveau de rémunération influence encore plus fortement les étudiants à privilégier les études, et s'inscrivent donc dans un comportement rationnel (Boudon, 1982).

En outre, la rémunération dans le sport dépend de plusieurs facteurs. Par exemple, si nous nous concentrons sur l'athlétisme, les sportifs de haut niveau ont la possibilité de percevoir des rémunérations grâce à des contrats de parrainage et à des récompenses de compétition. Néanmoins, la majorité des athlètes dans ce domaine ne gagnent pas assez pour en vivre selon les dires des enquêtés.

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« Pour moi l'athlé, c'est un sport comme je t'ai dit que ça m'a appris la rigueur etc. ok tu perds, c'est bien l'athlé, ça va t'aider, mais financièrement, il y a rien du tout. [...] Il y a eu le cas de Michael Zézé tu connais, 9,99 au 100 mètres je sais pas si tu connais, il est rentré dans le top 3 c'est pour ça, exactement alors, c'est vrai tu vois parce que 9,99, un Français là, il va représenter la France aux JO 24 et au final il se retrouve à faire la manche, il avait aucun sponsor, pas les moyens. » (Akim/ M/ 24 ans/ L2 STAPS/ 100m 200m 400m)

« On est dans un sport où tu gagnes pas d'argent en fait, donc tu décides d'être sportif de haut niveau, même si on gagne rien et ça prend du temps quoi après c'est plus des fois, la passion qui prend le dessus. » (Lola/ F/ 26 ans/ Master de psycho obtenu/ 400m)

Akim met en avant l'importance des compétences acquises grâce à l'athlétisme, comme la discipline, et la fierté potentielle de représenter la France aux Jeux Olympiques. Ces aspects semblent, pour lui, compenser les éventuels problèmes financiers associés à son choix. La recherche de Jean Harvey (2003) explore le problème de l'exclusion sociale dans le domaine du sport, notamment en mettant en évidence les disparités financières et le déficit de soutien que rencontrent certains athlètes. Quant à Lola, elle indique que la passion pour son sport prime souvent sur le manque de gains financiers qu'il offre. Il apparaît que sa joie et son contentement tirés de la pratique de son sport à un niveau élevé surpassent l'importance de récompenses pécuniaires. Par exemple, l'aviron, comme beaucoup d'autres sports non professionnels, ne fournit généralement pas une source de revenus substantielle pour les athlètes qui le pratiquent. Les revenus peuvent provenir de diverses sources, les sponsors, les récompenses de compétition, mais ils ne sont généralement pas suffisants pour garantir vie confortable à long terme.

« Il y a pas de voies professionnelle en tout cas, il y a pas de moyens de devenir professionnel en France, du coup, même aujourd'hui les meilleurs français bah ils ont besoin d'aide financière [...] Dans le, dans le sport là, personne gagne de l'argent et personne est médiatisée, donc on sait que tout le monde est là parce que c'est cool quoi et qu'on aime bien. » (Noé/ M/ 19 ans/ IUT - Technique de commercialisation 2ème année/ Aviron)

L'observation de Noé souligne la difficulté d'une carrière professionnelle dans certains sports en France, en raison d'un manque de soutien financier et de visibilité médiatique. Cela peut limiter les opportunités pour les athlètes de transformer leur passion et leurs compétences en

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une carrière rémunérée. En effet, tous les sports ne sont pas également rémunérateurs et cela peut avoir un impact sur les choix de nos sportifs. Cet extrait met en évidence l'importance de prendre en compte l'influence des marchés du travail sportif sur les aspirations scolaires des individus (Papin, Viaud, 2018). Il suggère que lorsque les opportunités de transformer une carrière sportive en emploi augmentent, cela peut réduire les chances de poursuivre des études supérieures. (Papin, Viaud, 2018). Ainsi, les différences de rémunération dans le domaine sportif ont un impact sur l'engagement dans les études. Le tir à l'arc, par exemple, est un sport qui ne génère généralement pas autant de revenus que d'autres sports plus populaires. Henri et Noé soulignent le manque de rémunération substantielle dans leur sport, ce qui suggère qu'ils voient peu d'avantages financiers à poursuivre une carrière sportive à temps plein.

« C'est compliqué vraiment c'est vraiment très compliqué parce que bah déjà, tu as pas de rémunération en fait, on va dire en fait ce qui arrive à vivre du tir à l'arc c'est soit parce qu'il travaille dans un magasin tiroir à côté donc en fait dans ces cas-là, ils ont des horaires aménagés tout ça ils ont un contrat aménagé tout ça soit il y en a beaucoup là le collectif olympique. » (Henri/ M/ 22 ans/ Faculté des sciences - L2 Maths/ Tir à l'arc)

Apparemment, selon cet étudiant, le tir à l'arc n'offre pas de revenu. Il ajoute que certains pratiquants trouvent d'autres voies pour subvenir à leurs besoins, comme obtenir un emploi lié à leur sport, par exemple en travaillant dans une boutique de tir à l'arc. Selon la théorie de l'action rationnelle de Boudon, on pourrait interpréter le choix d'Henri de continuer à pratiquer le tir à l'arc, malgré ses difficultés financières, comme une décision rationnelle (Boudon, 1982). Certains peuvent également avoir la chance de rejoindre le collectif olympique. En somme, même si un sport comme l'aviron, l'athlétisme ou le tir à l'arc peut offrir de nombreux avantages et être une passion pour la plupart, les études restent pour eux, une priorité. Boltanski et Chiapello mettent en évidence les logiques et les critères qui influencent la valorisation des activités et des métiers au sein du système économique (Boltanski & Chiapello, 1999). Appliquée à la situation du tir à l'arc, cette perspective permet d'analyser le sport comme un exemple de la logique capitaliste contemporaine, où la rémunération et les opportunités professionnelles sont déterminées par des critères spécifiques. Cette réalité soulève des questions sur les inégalités sociales et économiques dans le monde du sport. En définitive, de nombreux athlètes choisissent de se concentrer sur leur sport parce qu'ils sont passionnés et qu'ils trouvent un certain plaisir.

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« Aussi le sport ça reste un loisir, je sais c'est pas mon métier, je vais pas en vivre ça doit rester du plaisir » (Laurie/ F/ 21 ans/ IAE School of Management 2ème année /Saut en hauteur)

Laurie a pris une décision réfléchie en considérant le sport comme un passe-temps plaisant plutôt que comme une carrière. Elle reconnait la réalité économique, comprenant qu'elle ne gagnera pas sa vie grâce au sport. C'est pourquoi elle privilégie la satisfaction personnelle et l'épanouissement qu'elle trouve dans la pratique de son sport. Par ailleurs, la priorisation des études peut être un choix complexe pour ces athlètes, car cela peut avoir un impact sur leur performance sportive.

« Oui, c'est ce qui va me donner un travail, c'est ce qui va me payer plus tard, l'escrime à moins d'être voilà mais il faut être vraiment l'exception quoi donc non, j'aurais pu aller au pôle, ils m'ont voilà, j'avais le choix. Mais c'est moi qui refusé c'est toujours moi qui ai pris la décision pour dire non mais en priorité quand même les études pour parce que voilà c'est ce qui va quand même me payer plus tard vraiment, je me dis. » (Odilon/ M/ 19 ans/ IDMC - L3 MIASHS option MIAGE/ Escrime)

Odilon reconnaît que, sauf exception, l'escrime pourrait ne pas lui offrir un moyen de subsistance stable, alors que ses études ont plus de chances de lui assurer une stabilité professionnelle et financière à long terme. Par conséquent, malgré la proposition de rejoindre un programme d'entraînement d'élite, il a décidé de se concentrer principalement sur sa formation académique. Cette décision démontre une démarche rationnelle, où Odilon évalue les bénéfices potentiels et les risques associés à chaque option et choisit celle qui lui semble la plus bénéfique à long terme (Boudon, 1982). En outre, à de rares occasions, les entraîneurs peuvent encouragés les étudiants sportifs à s'investir dans les études.

« Mon entraineur nous pousse à faire, faire des études et il a toujours compris quand tu as des examens si tu peux pas venir ou si tu dois décaler l'entraînement. » (Lola/ F/ 26 ans/ Master de psycho obtenu/ 400m)

Dans le cas de Lola, l'entraîneur joue un rôle essentiel dans la façon dont sa trajectoire sportive et académique se structure. Giddens met en évidence l'interaction entre les actions individuelles et les structures sociales. (Giddens, 1984). En encourageant et en soutenant la poursuite d'études, l'entraîneur agit comme un acteur clé qui facilite la conciliation entre la pratique sportive et les engagements académiques de Lola. Cette compréhension se manifeste par le soutien de l'entraîneur à la poursuite d'études par les athlètes.

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En résumé, chacun de ces athlètes prend des décisions en évaluant les coûts et les bénéfices, ce qui démontre l'application de la théorie du choix rationnel à leurs décisions de carrière sportive. Ce sont les sports les moins rémunérateurs qui vont inciter les étudiants sportifs à s'investir davantage dans les études. Lola affirme que la décision de poursuivre une carrière sportive de haut niveau est souvent motivée par la passion plutôt que par les gains financiers. Cela suggère que les bénéfices qu'elle associe au sport de haut niveau sont davantage liés à la satisfaction personnelle et à l'amour du sport qu'à la récompense financière. Les étudiants-athlètes qui privilégient leurs études peuvent parfois se sentir en conflit, car ils doivent souvent faire des compromis entre leurs objectifs académiques et sportifs. Cependant, avec le bon soutien et les stratégies de gestion, ils peuvent réussir dans les deux domaines.

2. Mais des sports plus fortement rémunérateurs : entre passion et opportunité financière

Au-delà de la passion évoquée par les étudiants, la capacité de gagner de l'argent grâce au sport peut également influencer la décision de privilégier le sport. Si un étudiant est dans un sport où il y a de l'argent à gagner à un jeune âge, il pourrait être tentant de prioriser le sport. En effet, les sports fortement rémunérateurs ont le potentiel d'attirer les étudiants sportifs de haut niveau en raison des récompenses financières et de la reconnaissance qu'ils peuvent offrir. On peut retrouver par exemple le football qui est l'un des sports les mieux rémunérés au monde. Les joueurs de haut niveau peuvent gagner des millions d'euros par an grâce à leurs salaires, primes et contrats.

Selon la théorie de l'échange social, les motivations individuelles pour maintenir ou accroître leur engagement dans des activités sont souvent basées sur une évaluation où les avantages perçus surpassent les coûts (Homans, 1961). Cette théorie peut aider à comprendre pourquoi certains étudiants sportifs de haut niveau sont plus engagés dans le sport que d'autres. Certains étudiants peuvent être plus passionnés par leur sport et viser une carrière professionnelle dans ce domaine. Dans ces cas, la priorisation du sport pourrait être mise en oeuvre. C'est le cas par exemple de cet étudiant qui joue au football et qui est motivé par l'opportunité financière qui est à la clé de la carrière d'un footballeur professionnel.

« Je vais pas le cacher qu'il y a un aspect financier, voilà après quand même ma passion au départ, c'est vivre de sa passion, c'est je pense que c'est une réflexion moi, je veux pas dire que j'ai envie parce que pour l'instant je n'en dis pas plus après, c'est franchement, je gagne bien. » (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

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Alphonse exprime son amour pour sa passion et son souhait d'en faire sa source de revenu. Cela montre qu'il apprécie davantage les bénéfices internes, tels que le plaisir et la satisfaction, par rapport aux gains externes, comme l'argent. Cependant, il admet l'importance du facteur financier, laissant entendre qu'il est au courant des dépenses impliquées dans le suivi de sa passion et qu'il cherche à réduire ces coûts en gagnant un salaire adéquat. A cet effet, Maguire et al. (2002) évoque la dualité de la carrière sportive, à la fois une passion et un moyen de subsistance. Dans la même idée, le handball n'est pas le plus rémunérateur mais offre tout de même quelques avantages.

« Maintenant, bah du coup, c'est être pro, jouer dans les plus grands clubs du monde, avoir un bon salaire aussi c'est important. f...] On va dire que j'ai, je suis passé par toutes les étapes et, on est au niveau de la rémunération, c'est un peu moins que les footeux après. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

Cet étudiant exprime son désir de progresser dans sa carrière, avec des ambitions telles que devenir professionnel, jouer dans les clubs les plus prestigieux et obtenir un salaire élevé. Ces objectifs représentent les récompenses qu'il cherche à optimiser. Parallèlement à cela, en établissant une comparaison de sa rémunération avec celle des footballeurs, il démontre une certaine prise de conscience des coûts associés à sa carrière et peut-être un intérêt à diminuer ces coûts en s'efforçant d'obtenir le salaire le plus élevé possible. Cependant, Abdel reconnaît que les gains peuvent être significativement différents d'un sport à l'autre, un phénomène qui est étudié par Frick (2007), dans son analyse des structures de rémunération dans diverses disciplines sportives professionnelles. Ces ESHN ont souvent des emplois du temps serrés et subissent de fortes pressions de la part de leurs entraîneurs, de leurs coéquipiers et de leurs écoles. Leur engagement intense dans leur sport peut perturber cet équilibre et affecter directement leurs études, en limitant le temps consacré à leurs études, que ce soit pour réviser ou pour assister aux cours. En effet, les coûts associés à un engagement accru dans le sport peuvent inclure un temps d'étude réduit, un stress physique et mental, un risque accru de blessures, et un temps limité pour d'autres activités sociales ou de loisirs.

« J'ai eu des commotions cérébrales du coup, je peux pas aller à l'école tu peux pas t'entraîner et ma dernière, c'était il y a deux mois et pendant une semaine, tu pouvais rien faire, même pas de téléphones ou une série, juste être dans le noir pendant une semaine le noir, j'ai pas le droit de sortir après pour les yeux c'est trop, j'ai mal au crâne. Pas regarder les écrans, pas de, pas de lecture de musique tout ça. Mais finalement ouais, ça a un impact sur les études à ce moment

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enfin pendant une semaine. [...] 3 à 4 heures grand max à travailler sur mes cours par semaine. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

« Après compliqué parce que avec le sport les études c'est que après c'est pas forcément facile de beaucoup travailler mais je dirai 1h ou 2 pour travailler sur mes cours. » (Danilo/ M/ 24 ans/ L3 STAPS/ Basket)

Abdel et Danilo reconnaissent tous deux que la pratique du sport a des coûts associés, notamment en termes d'impact sur leurs études. Abdel mentionne les commotions cérébrales qui l'ont empêché d'aller à l'école et de s'entraîner, et Danilo parle des difficultés de concilier le sport et les études. Malgré ces défis, ils continuent à pratiquer leur sport, suggérant qu'ils perçoivent les récompenses (plaisir du sport, opportunités de carrière, reconnaissance, etc.) comme supérieures aux coûts. Gérer cet équilibre nécessite une gestion du temps et une programmation des cours et des séances d'entraînement. Partager les contraintes et exigences avec les professeurs et les coachs, permet de saisir les difficultés qu'ils peuvent rencontrer en tant qu'étudiant-athlète.

En résumé, il faut souligner que même dans les disciplines sportives les plus lucratives, les opportunités sont alléchantes, ils sont amenés à privilégier leur sport mais ils restent lucides, la carrière d'un sportif est généralement de courte durée et imprévisible. Par ailleurs, les compétences acquises dans le cadre du sport, telles que l'esprit d'équipe, la discipline, la gestion du stress et la compétitivité, peuvent être précieuses dans d'autres aspects de la vie, y compris les études et la vie professionnelle. Nous allons explorer dans la section suivante que, finalement, les étudiants qui s'engagent dans les sports les plus lucratifs sont ceux qui visent le plus haut dans le domaine sportif.

3. Des perspectives professionnelles en lien avec le sport ?

Être un étudiant sportif de haut niveau implique une grande quantité d'entraînement et un investissement important à son sport. Pour beaucoup d'entre eux, leur sport est leur passion et ils aspirent souvent à le pratiquer professionnellement. Les étudiants sportifs de haut niveau ont des perspectives professionnelles différentes, qui dépendent en grande partie de leur discipline sportive, de leur niveau de performance et de leurs intérêts personnels. Pour certains d'entre eux, pour les sports les plus rémunérateurs, l'objectif principal est de devenir un athlète professionnel. Cela peut signifier jouer dans une ligue majeure de football, de basket-ball, ou de participer aux Jeux Olympiques, par exemple. Bien sûr, les étudiants sportifs de haut niveau ne sont pas limités à des carrières dans le sport. Les compétences qu'ils acquièrent en tant

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qu'athlètes comme la discipline, le travail d'équipe, la gestion du stress et la résilience peuvent être très utiles dans de nombreux autres domaines.

La double carrière offre aux ESHN l'opportunité de développer des compétences qui peuvent être utilisées pour leur carrière professionnelle. Par exemple, la pratique du sport de haut niveau peut favoriser le développement de compétences en leadership, en travail d'équipe et en gestion du stress. Les étudiants qui ont des ambitions professionnelles sont en lien avec le sport, réalisent tous leurs études en STAPS. Dans notre étude, ils représentent 6 étudiants sur 13.

« Je suis en Master 1 pour l'instant ça va moyen un peu compliqué, on verra le Master MEEF. [...] Jouer toujours au haut niveau, voilà, c'est ça, c'est encore plus intéressant, mais ouais c'est mon but. » (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

« J'aimerai faire prof d'EPS après deux prochaines années, je sais pas où je vais faire mon master et pour les projets sportifs j'aimerais bien quand même toujours à un niveau supérieur c'est ça. » (Danilo/ M/ 24 ans/ L3 STAPS/ Basket)

Dans les extraits mentionnés, il est clair que Alphonse et Danilo ont des objectifs éducatifs définis, tels que poursuivre un Master MEEF et devenir professeur d'EPS. Selon les travaux de Demazière et de Samuel, les choix éducatifs et professionnels sont le résultat d'une interaction complexe entre des facteurs individuels, sociaux et institutionnels (Demazière & Samuel 2010). Les individus sont constamment influencés par leur environnement social et leurs aspirations personnelles, ce qui façonne leurs décisions et leurs perspectives. Cette décision peut être analysée comme une stratégie visant à concilier leurs intérêts personnels et leurs aspirations en combinant leurs études et leur pratique sportive de haut niveau. Certains finissent par devenir entraîneurs dans leur sport de prédilection ou dans le milieu du soin sportif. Ils peuvent travailler à tous les niveaux, du sport amateur au sport professionnel, en passant par le sport universitaire.

« Je suis en fin de contrat cette année alors c'est soit, j'arrête ma carrière et STAPS, soit et je continue. Mais après du coup, je pense au Luxembourg un truc comme ça et j'aurais fait des études de kinésithérapies » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

En plus de sa carrière sportive, Abdel envisage d'entreprendre des études en kinésithérapie, probablement avec l'intention de préparer sa future carrière une fois sa carrière sportive terminée. Il pense poursuivre cette voie au Luxembourg, ce qui pourrait lui offrir une occasion d'optimiser les bénéfices de cette future carrière. Ces étudiants peuvent commencer à envisager leur futur professionnel tôt, en acquérant un diplôme universitaire ou une qualification

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professionnelle qui leur donnera une plus grande variété d'opportunités de carrière après leur parcours sportif. Selon une perspective économiste de l'analyse des mondes du travail sportif, lorsque les opportunités de transformer une carrière sportive en emploi augmentent, il est possible que les chances de poursuivre des études supérieures se réduisent (Papin, Viaud, 2018). Goffman étudie la vie quotidienne est comme une scène de théâtre, où les individus sont des acteurs jouant des rôles sociaux (Goffman, 1956). Les interactions sont comme des performances destinées à créer et à maintenir une certaine impression devant les autres (Goffman, 1956). Les étudiants sportifs de haut niveau jouent souvent plusieurs rôles : l'athlète, l'étudiant, l'ami, etc. Ils doivent naviguer et équilibrer ces différents rôles.

« Je les connais pas trop ouais, je vais pas aux CM d'habitude donc euh c'est souvent les mêmes. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

Abdel admet qu'il ne fréquente pas beaucoup ses camarades de classe et assiste rarement aux cours magistraux. Ceci pourrait indiquer qu'il a du mal à s'impliquer pleinement dans son rôle d'étudiant, peut-être à cause des exigences de sa carrière sportive. Ses propos pourraient également témoigner d'un certain éloignement ou d'une déconnexion avec ses camarades de classe.

« J'obtiens ma licence à la fin de l'année, donc en entraînement sportif spécialité football à côté de ça, j'ai fait une demande de supplément au diplôme pour obtenir une carte professionnelle d'entraîneur. » (Mandy/ F/ 20/ L3 STAPS/ Football)

Cette étudiante évoque son parcours académique et ses ambitions professionnelles. Elle semble très concentrée sur ses objectifs et gère apparemment bien ses rôles d'étudiante et d'athlète. En même temps, elle illustre parfaitement la notion de Goffman selon laquelle nous jouons différents rôles dans différents contextes. Dans le cas de Mandy, elle jongle entre son rôle d'étudiante en licence, son rôle d'athlète et son futur rôle d'entraîneur. Ils peuvent utilisés leurs compétences apprises dans le milieu du sport pour les réinvestir dans le milieu du travail et des études. De plus, Burke (2016) met en lumière comment l'ajout de certifications professionnelles à un diplôme universitaire peut améliorer les perspectives d'emploi dans le domaine sportif. Cela démontre aussi comment les sportifs peuvent exploiter leurs compétences et leur enthousiasme pour le sport afin de tracer une voie professionnelle future. En revanche, pour les étudiants qui pratiquent des sports peu rémunérateurs, ils n'ont pas les mêmes ambitions professionnelles, et elles ne sont pas en relation directe avec le sport, ils sont 7 sur 13 étudiants à vouloir faire un métier qui n'est pas en lien avec le sport.

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« Il me faut un master RH dans un premier temps, dans un poste assistant RH et bah déjà, je peux pas prétendre être DRH dans quoi de mon diplôme enfin pour être réaliste, il faut de l'expérience pour ça. » (Laurie/ F/ 21 ans/ IAE School of Management 2ème année /Saut en hauteur)

« Un projet professionnel, j'en ai deux. Il y a soit plus tard du coup faire un master MEEF pour faire prof de maths qui est le plan le plus probable, on va dire et comme ça je pourrais faire prof dans un lycée de préférence tout ça et après, il y en a un autre où c'est faire un master plus accès sur les probas les stats tout ça et pour faire un truc du style ingénieur statisticien. » (Henri/ M/ 22 ans/ Faculté des sciences - L2 Maths/ Tir à l'arc)

Henri est prêt à jouer différents rôles en fonction du chemin de carrière qu'il choisira finalement. En poursuivant à la fois leurs études et leur carrière sportive, ces étudiants peuvent acquérir une perspective unique et une expertise multidimensionnelle qui les distingue des autres candidats et leur permet de s'adapter plus facilement aux défis professionnels.

« Et puis moi là, j'ai trouvé un emploi, mais je suis à temps partiel, je suis psychologue en EPAHD, exprès pour justement continuer à concilier les deux pas du coup forcément, tu as plus de temps quand tu travailles à temps partiel donc là les après-midis, tu peux voir les gens que tu veux si tu travailles pas du coup-là. » (Lola/ F/ 26 ans/ Master de psycho obtenu/ 400m)

Lola fait un choix délibéré de travailler à mi-temps pour équilibrer ces rôles. Elle est au courant des attentes de chaque rôle et fait des ajustements pour remplir adéquatement ces deux rôles. En optant pour un travail à mi-temps, elle peut répondre à ses obligations professionnelles tout en ayant du temps pour maintenir ses relations sociales, illustrant ainsi la flexibilité et l'adaptabilité des rôles sociaux dans la théorie de Goffman. De ce fait, avoir un diplôme universitaire peut offrir une sécurité et une flexibilité en plus, surtout dans les sports qui sont moins bien rémunérés. Les compétences acquises pendant les études, telles que la gestion du temps, le travail d'équipe, la résolution de problèmes et la persévérance, sont toutes transférables dans le monde du travail. Ces compétences peuvent également être précieuses pour la progression de carrière dans le sport, par exemple en obtenant des rôles de leadership. Au bout du compte, l'essentiel pour les athlètes étudiants de haut niveau dans les sports moins lucratifs est de parvenir à un équilibre entre leurs aspirations sportives et leurs objectifs de carrière. Cela pourrait se traduire par la continuation de leur sport tout en poursuivant leurs

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études, ou par l'utilisation de leur sport comme un moyen de propulser vers d'autres carrières liées à ce domaine. Quel que soit le chemin qu'ils décident de suivre, ils considèrent leurs priorités et leurs objectifs à long terme pour faire le choix qui leur convient le mieux.

Pour conclure, l'étudiant sportif a le choix de rester dans le milieu du sport ou de faire un métier qui est complètement différent. Leur décision est ainsi influencée par de nombreux facteurs, comme le souhait d'obtenir une réussite financière, leur passion pour un sport, l'importance accordée à une carrière dans le domaine sportif, et encore d'autres aspects qui peuvent plus personnel. Dans notre échantillon, nous avons autant de sportifs qu'ils veulent faire un métier en lien avec le sport que ceux qui font un métier en dehors du sport.

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