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Facteurs de vulnérabilité et expansion de l'extrémisme violent au nord du Togo


par Yawo Dodji Mandela DJAHO
Institut Régional d'Enseignement Supérieure et de Recherche en Développement Culturel (IRES-RDEC) - Master Professionnel en Développement Culturel (Culture, Paix et Développement) 2023
  

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2.1.2 Les dynamiques de l'extrémisme violent en Afrique de l'Ouest

Les causes de l'extrémisme violent sont parfois identiques dans certains pays et spécifiques dans d'autres. Le rapport « Si les victimes deviennent bourreaux : Facteurs contribuant à la vulnérabilité et à la résilience à l'extrémisme violent au Sahel central» publié par International Alert (2018), analyse les facteurs qui permettent d'expliquer la vulnérabilité ou alors la résilience des populations face à la montée de l'extrémisme violent. En effet, les régions de Mopti (Mali), du Sahel (Burkina Faso) et de Tillabéri (Niger) sont parmi les plus pauvres du continent.

Une conclusion ressort clairement de l'étude : l'extrémisme violent au Sahel central semble répondre bien davantage à des problématiques locales spécifiques qu'à des logiques globales, et le lien avec le djihadisme international est plus rhétorique que pratique. Au sein d'États fragiles, il est évident que beaucoup de facteurs peuvent influencer le comportement d'une jeunesse démunie et marginalisée face au choix de l'extrémisme violent.

Cependant, cette étude confirme que le facteur le plus décisif est l'expérience (ou la perception) d'abus et d'exactions commis par les autorités gouvernementales. Ceci constitue dès lors le seul véritable clivage entre vulnérabilité et résilience au Sahel central. À l'inverse, elle démontre que l'apaisement des communautés, la reconnaissance sociale du rôle des jeunes hommes et des jeunes femmes et l'atténuation des tensions liées aux rapports sociaux et de genre contribuent à renforcer la résilience des populations.

L'étude « Prévenir l'extrémisme violent au Sénégal », publié en septembre 2021, reflète qu'en vue de s'implanter et/ou de recruter, les groupes extrémistes violents tirent profit de vulnérabilités structurelles.

Selon LA Théroux-Bénoni, W Assanvo et al. (2016),

Les groupes extrémistes exploitent les frustrations nées de la précarité socio-économique des

populations et de la nécessité de protéger des activités génératrices de revenu, surtout dans les zones où l'État est peu présent ou contesté.

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Pour W Assanvo, B Dakono, LA Théroux-Bénoni et I Maïga (2019),

Dans les régions frontalières du Mali, du Burkina et du Niger, les groupes extrémistes violents se sont parfois présentés comme une alternative aux États, dont les performances n'étaient pas à la hauteur des attentes des populations. Les dynamiques conflictuelles, entre les communautés et entre ces dernières et les représentants de l'État, peuvent aussi faire l'objet d'instrumentalisation.

Par ailleurs, lors d'un atelier sous-régional tenu en 2016 au Gorée Institute sur le thème : «Le radicalisme religieux et les menaces sécuritaires en Afrique de l'Ouest : perspectives nationales et régionales», Dr Poussi Sawadogo a noté, pour ce qui est du Burkina Faso, deux types de causes de l'extrémisme violent : les causes internes et les causes externes. Pour les causes internes Dr Sawadogo a mis l'accent sur « la crise sociopolitique et la fragilité sécuritaire et le déficit de la gouvernance politique » qui trouvent leurs origines, entre autres, dans le départ mouvementé de l'ancien Président Blaise Compaoré. En effet, celui-ci avait installé le pays dans une instabilité politique chronique, avec la désorganisation de l'armée et des forces de sécurité. Les autres causes sont liées à des tentatives de coup d'État répétitives, l'absence d'un leadership politique « légitime » à la tête de l'État pour entreprendre des réformes. De même, l'environnement sécuritaire régional n'a pas été étranger avec les attentats dans les pays frontaliers, notamment le Mali, et la crise ivoirienne.

Pour ce qui est de la Côte d'ivoire « on ne peut pas réellement parler de radicalisme religieux, même si ce n'est pas à exclure » selon le professeur Boa Thiémélé Ramsès. Le professeur Thiémélé préfère parler, plutôt, de tentatives de radicalisme religieux se matérialisant par l'implantation progressive d'idéologies exogènes. En effet la crise ivoirienne de 2002 a mis à jour beaucoup de problèmes et d'intolérances qui, selon l'analyste ivoirien, « n'existait pas durant les 33 années de règne du Président Félix Houphouët Boigny dont les divergences ethniques et religieuses. Comme dans la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest, la pluralisation croissante du religieux interpelle les observateurs de la scène ivoirienne et, selon certains experts, augurent d'une montée du radicalisme religieux. Cette pluralisation se caractérise par l'émergence de nouveaux groupes religieux, la démultiplication de l'offre religieuse à travers les églises de réveil et les courants évangélistes, l'éclatement des dénominations existantes et la fragmentation des acteurs. De ce fait, les signes d'émergence d'une radicalisation multiforme sont visibles dans ce pays même si elles ne sont pas encore très actives. Les risques d'affrontements entre extrémisme musulman et évangélisme conquérant sont bien réels sans que cela attire l'attention des autorités comme de de la communauté internationale.

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Le Centre National d'Étude Stratégiques et de Sécurité-Niger a publié en juin 2018, un rapport intitulé : « Étude approfondie sur les facteurs de radicalisation en milieu rural, urbain, carcéral et universitaire », dans le but de déterminer spécifiquement les facteurs déterminants dans le processus de radicalisation des jeunes. Se basant sur une analyse faite sur cinq régions du Niger, le centre montre que ce sont généralement les mêmes facteurs qui sont récurrent dans l'espace sahélo-sahélien. Le rapport met l'accent sur le fait que le phénomène de radicalisation doit être analysé dans un contexte historique, géographique et socio-économique avec ses facteurs multifactoriels. Il relève comment les États peinent à instaurer des systèmes de gouvernance efficaces. Ce qui se fait ressentir par la population comme un manque de soutien et de protection. Le chômage et le manque de perspective d'emploi des jeunes est ressorti comme le principal facteur de radicalisation tant au village que dans les grandes villes accrues par un manque criarde d'éducation conduisant à la pauvreté et à la frustration.

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