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Cusco et l'image de l'étranger dans Inka Trail et Senores destos Reynos


par Nataly Villena Vega
Université Paris III - Maitrise en Littérature Générale et comparée 2001
  

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2.2 Facteurs constructifs au niveau textuel.

2.2.1 Examen du lexique (Mots-clés et mots-fantasmes).

Notre analyse portera sur l'utilisation de certains mots (les mots-clès et mots-fantasmes auxquels Pageaux fait référence) dans la construction de l'image de l'étranger d'Inka Trail et Señores destos Reynos. Il faut pourtant ne pas oublier que lorsqu'il s'agit de désigner l'étranger, l'utilisation de certains mots est elle-même un signe. En effet, les mots dont chacun des nos auteurs se sert pour le désigner, ne sont pas les seuls pouvant satisfaire à cette fonction. L'utilisation de ces mots est sémantisée par leur style.37(*)

Dans Inka Trail, « gringo », est le mot pour désigner tout étranger. Ce mot péjoratif utilisé à la base pour parler de l'Américain du Nord  est, dans les oeuvres analysées, un terme d'usage généralisé. « Gringo » peut ainsi désigner aussi bien un Suédois qu'un Espagnol. Le mot « extranjero » est très rarement utilisé. D'autres variations sont aussi employées : « crudo » (cru), un mot de l'argot local pour parler de l'étranger en général qui fait référence à sa peau très blanche, comme la pâte du pain qui n'est pas cuite ; « extraterrestre » et « alien », deux mots qui signalent évidemment leur appartenance à un ailleurs lointain et à une flagrante étrangeté ; ou simplement « turista », étranger de passage, au premier abord intéressé par la culture du Je.

Si le mot « gringo » signale initialement l'Autre, une fois celui-ci intégré à l'histoire racontée, il est désigné par son prénom ou par des adjectifs faisant référence à ses traits physiques : « el viejo », « la rubia », etc. De même, l'emploi de la nationalité pour l'identification des personnages est très marqué (« el inglés », « la sueca », « la escocesa »), de façon à former ou à renforcer le stéréotype. Ce procédé est aussi utilisé dans Señores destos Reynos de façon à créer des couples oppositionnels : Inca - Espagnol, Péruvien - Espagnol, et, par extension, indien - métis.

Les personnages nationaux d'Inka Trail sont rarement mentionnés par leur prénom et apparaissent souvent dans l'incarnation de rôles ou fonctions (Manuel : « el cantinero », Víctor : « el cocinero ») contrairement à ce qui se passe avec les personnages de Señores destos Reynos, tous clairement identifiables.

Quant aux mots-fantasmes, il s'agit le plus souvent des mots en quechua qui ont un rapport avec le monde du Je. Certains de ces mots, particulièrement ceux utilisés par Nieto, servent le travail onirique et la communication symbolique. Souvent en rapport à certaines conceptions métaphysiques et philosophiques du monde andin, ces mots ne peuvent être compris qu'accompagnés d'autres mots complémentaires. Ainsi, collana, payan, et cayao symbolisent la tripartition de l'espace symbolique andin et hanan et urin, qui correspondent aux notions de haut et de bas, sont utilisés dans toute conception spatiale.

La création de l'homme selon les Incas commence par les munay, êtres faits pour l'amour. Comme ces êtres sont incomplets, les llank'aq sont créés, ces hommes faits pour le travail ne sont pas heureux. Le troisième âge correspond donc aux yachay, ceux qui savent penser et qui réussissent à harmoniser amour et travail.

L'univers andin est encore divisé en trois parties : l'ukupacha, le monde intérieur ou celui des dieux, le kaypacha, le monde extérieur ou le monde des humains et le hanaqpacha, le monde du bonheur auquel seuls les morts arrivent après un long voyage.

D'autres mots tels que runa (homme initié à la connaissance ésotérique), mallku (condor, oiseau sacré qui présage des événements), apu (dieu qui habite dans la montagne) et ayllu (groupe indigène vivant en communauté, réunit par des liens familiaux ou d'affinité) sont aussi utilisés.

Inka Trail inclut d'autres mots-fantasmes tels que : « Alita de Mosca » et « Caspa del Inca », noms qui font référence aux drogues et qui sont utilisés de façon à créer un effet exotique et à imprégner le monde du Je d'un certain mysticisme.

De même, le mot « brichero », utilisé dans les deux livres, introduit la figure du « latin lover » mystique. Le « brichero », une sorte de guide spirituel et amoureux, fait connaître les secrets de la culture andine ainsi que le « véritable » amour à une étrangère qui avait jusqu'alors fait partie d'un monde automatisé.

L'analyse lexicale nous permet de détecter aussi un grand nombre de mots pris à l'étranger, le plus souvent de l'anglais. La plupart d'entre eux correspondent à des noms de marques : Epson, Longines, Cheroquee, Pilsen, Coca-cola, Boeing, Chianti, BMW, Jack Daniels, More, Scania, Absolut ; des mots d'usage courant : « counter », « jeans », « water », « barman », « daddy », « the boss », « play », « Black label », « Rythm & blues », « Hi Fi », « Windows » ; des personnages de fiction, bande dessinée ou de séries télévisées : Garfield, Indiana Jones, William Body, Billy the kid, Enterprise, Up-Down, Kamikaze. On trouve aussi des mots hispanisés : « broder », « taper », « chef », « metro », « jatear », « sexapil » et les mots en quechua : « huayqui » ou « huayquicha », « capero », « ukukus », « saya »et « kirkincho ».

* 37 Sur ce point Barthes précise qu'une utilisation qui devient, du fait de la sémantisation, un signe, est une « fonction-signe ».

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