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Les déterminants de l'épargne des ménages au Cameroun

( Télécharger le fichier original )
par Pierre Alain YOUMBI
Université de Douala - DESS en Gestion Financière et Bancaire 2003
  

Disponible en mode multipage

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République du Cameroun Republic of Cameroon

Paix - Travail - Patrie Peace - Work - Fatherland

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Université de Douala University of Douala --- --- --- --- --- ---

Faculté des Sciences Economiques et de Gestion Appliquée Faculty of Economics and Applied Management

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Département de Finance et Comptabilité Finance and Account Department

LES DETERMINANTS DE L'EPARGNE

DES MENAGES AU CAMEROUN

Mémoire de fin d'étude en vue de l'obtention d'un

Diplôme d'Etude Supérieure Spécialisée (DESS) en

Gestion Financière et Bancaire

Présenté par  : Pierre Alain YOUMBI

Maîtrise en Sciences Economiques

Sous la direction du

Pr. Georges KOBOU

Agrégé en Sciences Economiques

Vice Doyen, chargé de la scolarité

Année Académique 2001 - 2002 2ème Promotion

DEDICACE

A

Mon fils

Brice Bryan YOUMBI

A 4 mois seulement, tu étais déjà un champion et un brave. A ta manière, tu as significativement contribué à la qualité de ce travail.

et à

Mon épouse

Idalie YOUMBI

J'ai trouvé auprès de toi un soutien sans complaisance, une motivation sans prix et des encouragements sincères.

Trouvez tous les deux à travers ces lignes l'expression de ma reconnaissance infinie.

REMERCEMENTS

Loin d'être un une simple formalité académique, nous avons l'obligation intellectuelle de nous acquitter d'un devoir du coeur en exprimant notre reconnaissance et notre gratitude à tous ceux qui de près ou de loin, de manière directe ou indirecte, ont contribué à la réalisation de ce travail.

Nous remercions infiniment le Seigneur DIEU Tout Puissant pour les nombreuses grâces et inspirations reçues gratuitement.

Nous remercions très solennellement le Professeur Georges KOBOU, Directeur de mémoire, auprès de qui nous avons trouvé, disponibilité malgré ses contraignantes et diverses occupations, rigueur, ouverture et conseils constructifs. Il a su canaliser notre pensée vers l'utile et l'essentiel.

Nous remercions très sincèrement :

- Le Docteur David KAMDEM, coordonnateur du DESS GESFIBA pour ses encouragements et ses judicieux conseils.

- Nos enseignants qui n'ont ménagé aucun effort pour nous transmettre les connaissances acquises.

Nul mot ne peut suffire pour exprimer notre gratitude aux camarades et amis de la 2ème promotion, pour les échanges et partages d'expérience, les remarques et suggestions pertinentes, le climat fraternel et interactif qui a régné tout au long de notre formation. Nous ne pouvons nous empêcher de citer les membres de Club Challenge (Alain EDIMO, Joseph FOGUE, Virginie ESSOH, Raymond NGAHANE, Aubin KENGNE, Norbert TCHABEU, Moïse KEUMOE, Hilaire NZEMPANG, ESSASSANOHO Apollinaire, etc....) et Charles NGUEMKAM.

Sans être ni exclusif, ni exhaustif, nous sommes moralement redevables à la famille et la belle-famille ( le Père Léon KAMGANG, Jean NANA, Rosalie NIEKOU, mes parents, mes frères et soeurs), aux amis (Thierry DJOU, la famille MBANIA, Louis Bernard TCHEKOUMI, Cosmas MEKA, Edgar MANGA, Serges TCHOUAFFI, Emile MOUTCHEU, Mesmer GUEUYOU , Serges JEPANG, Simon NANA, Kennedy MEDZANA, Rosette ENONGA, Valentin TCHAKOUNTE, Georges MOUMPOU, Ledoux MATONG, Elvis YETGANG, Laure ALEGUE, etc....), aux collaborateurs de la Poste d'Akwa et aux collègues Postiers.

AVANT PROPOS

De la conception à la réalisation, en passant par le choix de la méthodologie, du cadre théorique d'analyse, des modèles et tests à utiliser, un travail de recherche a de tout temps été un exercice à la fois périlleux et exaltant. Il marque une étape importante dans l'itinéraire intellectuel que nous avons suivi pendant notre formation en Gestion financière et bancaire à la Faculté de Sciences Economiques et de Gestion Appliquée de l'Université de Douala.

Nous avons voulu, au regard des contraintes de financement du développement économique, mener notre activité de recherche dans le domaine de la connaissance des déterminants de l'épargne des ménages au Cameroun.

Nous n'avons nullement la prétention d'avoir traité la question de manière exhaustive. Les difficultés d'obtention des données statistiques nécessaires à l'analyse ou l'accès à une documentation actualisée ont constitué de limites importantes.

Aussi, vos critiques et suggestions vont contribuer à l'améliorer ou le parfaire. Tout en reconnaissant et en appréciant hautement la contribution de notre encadreur, nous assumons entièrement les insuffisances et les manquements de ce travail.

Pierre Alain YOUMBI

pieralayo@yahoo.fr

Téléphone : (237) 762 40 40

SOMMAIRE

Dédicace.....................................................................................................i

Remerciements.............................................................................................ii

Avant propos...............................................................................................iii

Sommaire...................................................................................................iv

Liste des abréviations, ...................................................................................v

Liste des figures, des graphiques et des tableaux ..............................................vi

Résumé / Abstract .......................................................................................vii

Introduction générale ...................................................................................... 1

Première partie : L'analyse économique du comportement d'épargne des ménages........... 8

CHAPITRE I : L'influence du revenu et du patrimoine............................................. 10

I- L'approche keynésienne.................................................................. 11

II- L'approche néoclassique.................................................................. 19

CHAPITRE 2 : L'influence des instruments de politique économique........................... 30

I- Les variables monétaires................................................................. 31

II- Les variables budgétaires................................................................. 37

Deuxième partie : L'analyse extra économique et empirique du comportement

d'épargne des ménages.................................. 45

CHAPITRE 3 - L'influence des facteurs psychosociologiques et politiques .................. 47

I- Les variables psychologiques......................................................... 48

II- Les variables sociopolitiques........................................................... .57

.CHAPITRE 4 - L'analyse empirique de la fonction d'épargne des ménages...................... 67

I- Présentation des variables, des tests et estimations................................. ... 68

II- Résultats, interprétations et recommandations........................................ 79

Conclusion générale.......................................................................................... 92

Références bibliographiques.............................................................. 96

Annexes ........................................................................................101

Table des matières ....................................................................................104

LISTE DES ABREVIATIONS

ADF = Augmented Dicked-Fuller

COBAC = Commission Bancaire de l'Afrique Centrale

DF = Dicked-Fuller

EMC = Error Model Correction

EMF = Etablissement de Microfinance

FCFA = Franc de la Coopération Financière en Afrique

HCV = Hypothèse du Cycle de Vie

INS = Institut National de la Statistique

IRPP = Impôt sur le revenu des personnes physique

LR = Likehood ratio

MCO = Moindres carrées Ordinaires

PIB = Produit intérieur brut

Pmc = Propension marginale à consommer

PMC = Propension moyenne à consommer

PP = Phillips - Perron

PVD = Pays en voie de développement

Resp. = Respectivement

LISTES DES FIGURES

Figure 1 : Les différents catégories de l'épargne ......................................................1

Figure 2 : La fonction Keynésienne du revenu courant.............................................12

Figure 3 : La fonction de consommation de DUESENBERRY.......................................15 

Figure 4 : La fonction de consommation de FRIEDMAN ..........................................22

Figure 5 : La fonction de consommation dans la théorie du cycle de vie..........................25

LISTE DES TABLEAUX

Tableau n°1 : Opérationnalisation des variables indépendantes de l'analyse

économique du comportement d'épargne des ménages...........................44

Tableau n°2 : Opérationnalisation des variables indépendantes de l'analyse extra

économique du comportement d'épargne des ménages............................66

Tableau n°3 : Récapitulatif des tests de stationnarité sur les variables.............................80

Tableau n°4 : Test de la trace et de la valeur propre maximale de JOHANSEN..................81

Tableau n°5 : Estimation de la relation de long terme par la méthode des MCO ................82

Tableau n°6 : Test de stationnarité sur les résidus .......................................................83

Tableau n°7 : Estimation de la relation de court terme entre les variables ........................84

Tableau n°8 : Test de causalité des variables au sens de GRANGER .............................86

Tableau n°9 : Récapitulatif des résultats des tests et estimations ...................................91

LISTES DES GRAPHIQUES

Graphique n°1 : Evolution du taux de l'épargne des ménages de 1970 à 2000..................69

Graphique n°2 : Evolution du revenu disponible brut des ménages au Cameroun

de 1970 à 2000 .................................................................. ............70

Graphique n°3 : Evolution du taux d'intérêt réel au Cameroun de 1970 à 2000................71

Graphique n°4 : Evolution de l'inflation au Cameroun de 1970 à 2000..............................71

Graphique n°5 : Evolution des impôts sur le revenu des ménages au Cameroun de 1970 à 2000 ......72

RESUME

La mise en oeuvre des plans d'ajustement et des programmes de stabilisation, les avantages tirés de la dévaluation de 1994 ont juste permis de sortir de la crise économique et de retrouver une croissance encore en deçà du niveau requis pour avoir un impact significatif sur la pauvreté. L'épargne intérieure et l'investissement demeurent insuffisants pour stimuler fortement cette croissance. Ce faible niveau est lié à la fois à un accroissement rapide des déficits publics et à une mobilisation modeste de l'épargne des ménages pourtant structurellement stable et potentiellement abondante et régulière.

Notre étude a pour objectif l'identification des variables qui influencent significativement le comportement d'épargne des ménages.

En nous appuyant sur les techniques de co-intégration et des modèles à correction d'erreur, la présente étude aboutit aux résultats suivants :

-Le revenu (à court et à long terme) et le taux de l'intérêt réel (à long terme uniquement) sont les principales variables explicatives de la fonction d'épargne des ménages au Cameroun.

-Le taux d'intérêt réel et des impôts sur le revenu ont un effet négatif alors que le revenu et l'inflation agissent positivement sur l'épargne des ménages.

-Ces variables expliquent à près de 90°/° le comportement de l'épargne.

ABSTRACT

The implementation of the adjustment plans and stabilization programs, the advantages raises from the devaluation of 1994 have just permitted to come out of the economic crisis and to recover a positive growth although under the required level that can have a significant impact on poverty. Internal saving and investment are still insufficient to strongly stimulate this growth. This low level can be explained both by a fast increase of steady of public deficits and by a low mobilization of households savings nevertheless structurally steady and potentially abundant and regular.

The main objective of our study is to identify the variables that meaningfully influence the saving behaviour of the households.

By laying on the co-integration techniques and error model correction, the present study lead us to the following the results:

-The household revenue (to short and long term) and the real interest rare (long term only) are the main variables that can better explain the households saving function in Cameroon.

-The real interest rate and the taxes on income have a negative impact whereas the household revenue and the inflation act positively on the households saving.

-The saving behaviour can be explained can be explained at least at 90 per cent by the above variables.

«C'est notre faute et non celle des étoiles si

nous ne sommes que des subordonnés »

SHAKESPEARE

INTRODUCTION GÉNÉRALE

Dans les années 60 à 80, le crédit international était abondant et bon marché. Nos pays ont ainsi contracté un volume important d'emprunts extérieurs pour financer leur développement. Ces entrées massives de capitaux, dans leur phase de retour ont généré un important service de la dette dont le gonflement a été accéléré à partir des années 80 par la hausse concomitante des taux d'intérêt et des taux de change. L'incapacité à honorer le service de la dette a été à l'origine des politiques de rééchelonnements, de remises ou d'annulations partielles du stock ou de l'encours commercial et public.

Pour assurer la solvabilité de nos pays, les bailleurs de fonds vont imposer des politiques d'ajustement budgétaire et monétaire à l'objectif de rétablir les équilibres macroéconomiques. La mise en place de ces réformes s'avèrent tellement contraignantes (restructuration du système bancaire, surveillance mul1tilatérale des finances publiques, désengagement de l'Etat du système productif...) que des solutions alternatives à la dépendance extérieure (promotion de l'épargne intérieure) commencent sérieusement à être explorées pour pallier la diminution des flux de capitaux externes.

Figure n° 1 : Les différentes catégories d'épargne

Epargne budgétaire

Epargne gouvernementale

Epargne des entreprises publiques

Epargne officielle étrangère

Epargne étrangère

Emprunt commercial privé

Investissements directs

Epargne privée Epargne des entreprises

Epargne des ménages

Pour ce qui est de l'épargne des ménages, elle se présente sous plusieurs formes (voir Annexe I). On peut la regrouper en :

- Epargne financière (placements) ou non financière.

- Epargne formelle, semi formelle et informelle.

- Epargne affectée ou avortée (ROBERTSON, 1926).

La mise en place progressive d'un marché financier, l'organisation et la réglementation de l'activité de microfinance participent d'une volonté de promotion de l'épargne intérieure. L'appel direct à l'épargne va réduire l'importance du financement par le crédit bancaire. Les banques sont responsables de la création monétaire alors que les marchés de capitaux ont un rôle d'affectation de l'épargne. Dans un cas, il y a injection nouvelle de pouvoir d'achat, dans l'autre il y a recyclage de la monnaie existante.

Au Cameroun, le taux de l'épargne des ménages pour la période allant de 1970 à 2000 varie entre 4,15 et 10,75 % du revenu disponible brut (voir annexe IV). Ce taux, faible assurément, est un indicateur de l'effort qui reste à fournir. L'existence de l'épargne n'est plus à démontrer. Seulement il existe des capacités et gisements sous-estimés et sous-exploités. Cette épargne est thésaurisée ou transférée à l'étranger (fuites) ou encore dirigée vers des investissements improductifs, des consommations somptuaires, des acquisitions spéculatives ou enfin vers des circuits financiers traditionnels qui échappent à toute comptabilité.

Paul WACHTEL1(*) (1985) constate que l'épargne des ménages qui, dans les pays développés ou à revenus intermédiaires (en 1992, ce taux d'épargne2(*) était de 39% en Chine, 37% en Indonésie, 35% en Malaisie, 28% en Allemagne, 23% au Nigeria et 21% au Brésil) est une source de financement importante pour la formation du capital n'est qu'une source potentielle dans les PVD parce que largement inutilisée.

Dans une politique de mobilisation de l'épargne ADAMS3(*) (1985) recommande que l'accent soit mis non pas sur l'incapacité à épargner mais sur les incitations à l'épargne et les opportunités de placement. De même, ces politiques d'encouragement à l'épargne doivent s'accompagner de politiques d'orientation de l'épargne vers la formation du capital productif. Celles-ci passent par une meilleure connaissance des motivations, des pratiques, attitudes et comportements d'épargne et par une bonne compréhension des mécanismes de formation de l'épargne financière ainsi que de sa composition entre les différents emplois possibles.

Après avoir fixé la problématique et l'intérêt du sujet, nous allons définir les concepts épargne, ménages et déterminants de l'épargne pour ensuite préciser les objectifs et enfin parcourir les évolutions de l'analyse du rôle de l'épargne dans la pensée économique.

D'après François POULON4(*) (1998) « l'épargne est un des concepts dont la définition est si claire qu'elle frôle la tautologie mais dont les racines plongent dans l'obscurité ». Il la définit comme la non dépense du revenu en biens de consommation, comme une consommation future substituable à une consommation présente. Concevable aisément comme non consommation présente du revenu courant, il fait remarquer le caractère imprécis de cette définition dès qu'on l'envisage dans la continuité du temps, à chaque instant duquel le flux de non consommation présente est normalement compensé par un flux strictement égal (sauf croissance du revenu) de non consommation passée redevenue consommation présente.

Pour KEYNES, l'épargne est le résidu du revenu après la consommation.

Pour Bernard BERNIER, Yves SIMON5(*) (2001), l'épargne est la « part des ressources courantes qui reste disponible pour accumuler les actifs physiques ou financiers ».

Le Petit Larousse définit l'épargne comme « la fraction du revenu individuel ou du revenu national qui n'est pas affecté à la consommation».

S'agissant de la définition conceptuelle du ménage, R. LAGRAVE et J. B PAJET6(*) (1966) le réduit à « l'ensemble des personnes vivant ensemble dans un même foyer et formant une même famille ».

La comptabilité nationale améliore la définition précédente et considère le ménage comme « un groupe de personnes qui vivent ensemble sous un même toit quelque soit les liens qui les réunissent et qui mettent en commun au moins une partie de leur revenu pour pourvoir au logement, à la nourriture et aux besoins essentiels »

Leurs ressources principales proviennent des  revenus du travail (salaire, traitement...), des revenus de la propriété (loyers, dividendes...) et des revenus mixtes pour les entrepreneurs individuels à la fois apporteurs de travail et propriétaire des moyens de production.

Les ménages dont il est question ici sont les ménages résidents qui ont effectué des opérations économiques pour un an ou plus sur le territoire économique du pays.

Au sens du Petit Robert, le terme déterminant renvoie à ce qui peut amener, inciter, pousser à poser volontairement un acte. Les déterminants de l'épargne peuvent alors être considérés comme les variables qui influencent ou expliquent le comportement d'épargne i.e. qui peuvent soit inciter, amener ou pousser à épargner ou à ne pas épargner, soit déclencher, provoquer ou entraîner le désir d'épargner plus ou la décision de ne plus épargner.

Le type d'épargne étudié est l'épargne volontaire des ménages. Ils décident du montant, de la durée et du type de placement. A coté de cette épargne volontaire (produits d'épargne souscrits), il existe également une épargne involontaire ou forcée (remboursement d'emprunt, fiscalité, inflation, taux de change surévalué...) et une épargne contractuelle (produits d'assurance vie, compte à terme, plan épargne logement).

L'analyse du rôle de l'épargne dans la pensée économique s'est faite dans deux directions. Celle qui accorde une importance mineure à l'épargne et celle qui milite pour sa promotion.

Au départ de la première tendance, on retrouve MALTHUS (1766-1834). Dans sa correspondance du 7 juillet 1821, il indique qu' « un effort d'accumulation très rapide en impliquant une dimension considérable de la consommation improductive affaiblit grandement les motifs habituels de production, entraîne un arrêt prématuré du développement de la richesse ». Il existe selon lui un taux d'épargne optimal fournissant le maximum de richesse et d'emploi. Le dépassement de ce taux engendre la crise.

KEYNES et les postkeynésiens tiennent des positions radicales. Pour KEYNES7(*) « l'acte d'épargne individuelle signifie une décision de ne pas dîner aujourd'hui. Mais, il n'implique pas nécessairement une décision de commander un dîner ou une paire de chaussures, une semaine ou une année plus tard ». Du fait de cette incertitude, l'épargne est un gaspillage de ressources présentes qui ne peut qu'accentuer les déséquilibres futurs tandis que la consommation présente est un gage de consommation future. La consommation des ménages constitue pour lui la composante stable, prévisible et largement dominante du revenu national. L'épargne n'est donc pas un préalable nécessaire à l'investissement. Les comportements d'épargne et d'investissement ont des motivations différentes. Le premier est une fonction stable du revenu tandis que le second est très volatile et dépend des anticipations du taux de l'intérêt.

Dans le modèle de croissance d'HARROD et DOMAR (1939), l'épargne est à l'origine d'une croissance déséquilibrée avec des fluctuations importantes et cumulatives de l'activité.

Pour Alvin H. HANSEN, l'épargne provoque la stagnation.

Parallèlement à ces analyses, d'autres auteurs ont accordé une place importante à l'épargne. D'Adam SMITH8(*) (1723 -1790) à David RICARDO9(*) (1772-1823) en passant par John STUART MILL10(*) (1806 -1873), ils pensent que l'épargne est la principale source de croissance et d'accumulation du capital. La consommation utilise les ressources dans le présent et l'épargne accroît le potentiel de croissance de demain.

Les tenants de la croissance endogène (ROMER, 1986) et (LUCAS, 1986) pensent qu'une augmentation du taux de l'épargne augmente pour toujours le taux de croissance de l'économie. D'autres néoclassiques (SOLOW, 1956) ont mis en exergue une corrélation positive entre la croissance et l'épargne. Des auteurs comme D. W. ADAMS11(*) (1985) montrent que l'épargne financière a une importance capitale pour le développement parce qu'elle :

- améliore l'affectation des ressources;

- induit une répartition plus équitable des revenus;

- renforce la vitalité du marché financier en favorisant l'intégration des circuits financiers et économiques;

- réduit l'inflation;

- accroît le degré de liberté économique.

Après l'analyse du rôle de l'épargne, il est nécessaire de préciser la raison pour laquelle notre étude se réduit à l'épargne des ménages.

P. WACHTEL12(*) (1985) attire l'attention sur le fait que le financement public (épargne budgétaire) soustrait les décisions d'investissement et de financement de la discipline concurrentielle du marché pouvant aller jusqu'à la mauvaise allocation des ressources.

Sur un autre plan, la possibilité de s'endetter pour financer l'accumulation permet de relâcher transitoirement la contrainte sur l'épargne. L'endettement revient simplement à déplacer dans le temps cette contrainte.

- Il expose aux contraintes aléatoires des marchés internationaux de capitaux, (inflation importée, spéculation sur les taux de change, fluctuation des taux d'intérêt).

- Il favorise les éventuels effets d'éviction de l'épargne nationale par l'épargne étrangère. En plus d'avoir un effet négatif sur la balance des paiements et de ne pas être adapté aux indispensables financements à court terme, il accroît la dépendance financière.

L'analyse de la structure des agrégats et des ratios d'endettement au Cameroun montre qu'une partie importante de la richesse nationale est absorbée par le service de la dette. Au regard du poids de l'encours de la dette totale dans le PIB, il est quasi certain qu'à terme, le développement pourrait même être compromis (cf. Evolution des agrégats et ratios d'endettement au Cameroun de 1992 à 2001 en Annexe II)

J.P. BENOIT13(*) remet en cause l'efficacité de la dette dans la mesure où la plupart des décisions des pays donateurs concernant l'affectation de leur aide extérieure sont fondées sur des liens politiques, économiques et culturels (une ancienne puissance coloniale veut maintenir des relations privilégiées avec les anciennes colonies), des affinités religieuses, des considérations stratégiques et géopolitiques (l'aide est considérée comme un outil pour l'accomplissement d'objectifs de politique étrangère du donateur) plutôt que sur des critères purement financiers.

Même si les entreprises réalisent une épargne qui est à l'origine de l'autofinancement, des placements ou des prises de participations, il n'en demeure pas moins qu'elles restent structurellement des emprunteurs nets. Dans la plupart des cas, les ménages possèdent encore des droits de propriété (actions) ou de créances (obligations) sur ces entreprises.

Il reste enfin les ménages qui structurellement sont des épargnants nets. Ce sont des agents à capacité de financement dont le fonction économique principale est la consommation et accessoirement la production quand elle est organisée dans le cadre d'une entreprise individuelle. Numériquement, ils sont plus importants. D'après ECAM II, (Enquête Camerounaise Auprès des Ménages) réalisée en 2001, le nombre de ménages est évalué à 2 865 265 pour une population active et totale respectivement estimée à 6 121 000 et à 15 472 558.

Les objectifs assignés à notre étude sont de :

- déterminer les facteurs qui influencent le comportement d'épargne des ménages;

- cerner la pertinence des variables de politiques économiques par rapport à l'épargne des ménages.

La détermination des facteurs qui influencent le comportement d'épargne des ménages va permettre dans le cadre d'une politique nationale de mobilisation de l'épargne des ménages de repérer les variables significatives sur lesquelles les autorités peuvent agir pour :

- identifier les préférences des ménages en services financiers;

- augmenter le taux et le volume de l'épargne des ménages;

- modifier la structure en augmentant la part de l'épargne financière;

- maîtriser la répartition régionale de l'épargne;

- concevoir et appliquer des techniques adéquates de collecte de l'épargne des ménages;

- attirer l'épargne informelle vers le secteur financier formel.

Aussi, allons-nous déterminer le rôle du secteur informel et leur importance dans la mobilisation de l'épargne et proposer des politiques qui seront utiles pour la mobilisation et la promotion de l'épargne des ménages au Cameroun.

De la revue de la littérature, nous testerons la significativité des variables influençant le comportement d'épargne des ménages en utilisant des tests et estimations économétriques. Nous utiliserons la technique de co-intégration pour identifier clairement la relation véritable entre les variables en cherchant l'existence d'un vecteur de co-intégration et en éliminant son effet le cas échéant. En d'autres termes, nous estimerons d'abord les relations d'équilibre à long terme entre l'épargne des ménages et ses variables explicatives, pour ensuite procéder à l'estimation du modèle à correction d'erreur du comportement à court terme des variables. Le respect de cette procédure attestera, non seulement la fiabilité de l'interprétation des résultats obtenus, mais aussi la fiabilité des prévisions et des recommandations de politiques pour une meilleure promotion de l'épargne des ménages au Cameroun. Le modèle sera estimé par la méthode des MCO avec le logiciel E-Views 4.0. La période d'estimation va de 1970 à 2000.

Les données secondaires utilisées sont obtenues pour certains, à partir CD-ROM 2002 World Development indicators de la Banque Mondiale et pour d'autres auprès de l'institut National de la Statistique.

Pour ce qui est du plan, l'étude est subdivisée en deux parties et en quatre chapitres. Trois chapitres sont consacrés à la théorie et un chapitre aux tests, interprétations et recommandations.

« Le principe qui nous porte à épargner, c'est le désir d'améliorer notre sort,

désir qui est en général calme et sans passion, mais qui naît

avec nous et ne nous quitte qu'au tombeau »

ADAM SMITH

Première partie : L'analyse économique

Comportement d'epargne des ménages

L'analyse des variables économiques affectant le niveau de l'épargne des ménages va porter sur trois étapes :

- La production. Il s'agit d'étudier les mécanismes qui président à la naissance ou à la formation de l'épargne. A l'origine, il y a le niveau de la consommation. Selon les approches, on parlera de revenu absolu (KEYNES), de revenu relatif (DUESENBERRY), de revenu permanent (FRIEDMAN) ou de patrimoine accumulé sur le cycle de vie (MODIGLIANI). Les différences tiennent sur la nature du revenu (courant ou patrimonial), sur la période d'étude (court terme, long terme), sur l'indépendance ou non de la consommation d'un ménage de celle des autres ménages, sur la prise en compte de l'influence du passé ou des anticipations.

- Le placement. Il renvoie aux variables affectant la rémunération nette et la productivité de l'épargne. Le taux de l'intérêt nominal et réel et la fiscalité agissent sur le rendement du placement. L'inflation a la spécificité d'agir également sur le pouvoir d'achat du revenu.

- Les motivations à l'épargne. Le crédit reste la seule motivation quantitative de l'épargne. Il influence la propension à épargner et le volume de l'épargne des ménages.

Nous allons dans un premier temps aborder les variables influençant la production de l'épargne (chapitre 1) pour ensuite analyser celles qui agissent sur le placement et la motivation à l'épargne (chapitre 2).

CHAPITRE I : L'INFLUENCE du revenu

et DU patrimoine

Les Keynésiens et les classiques ont des approches méthodologiques et conceptuelles différentes dans leur démarche de formulation de la fonction de consommation et d'épargne.

- Chez les Keynésiens, la variable explicative de l'épargne est le revenu courant, qu'il soit absolu ou relatif alors que les néoclassiques lui préfèrent le patrimoine entendu au sens de la richesse.

- Les Keynésiens déduisent le comportement d'épargne à partir des données macroéconomiques pendant que les néoclassiques partent de l'analyse microéconomiques des fonctions individuelles de consommation des ménages à l'agrégation macroéconomique.

La propension à épargner est également influencée par des variables comme la taille du ménage. L'étude de LEFF14(*) (1969) montre sur la base des données d'observation que la taille de la famille a un effet significatif du point de vue statistique sur le taux d'épargne. IQBAL15(*) (1986) suppose qu'une famille nombreuse indique une large dépendance sur le chef de famille. Cette situation affecterait négativement le taux d'épargne des ménages et par conséquent, l'utilisation du revenu.

I- L'approche Keynésienne

Elle va se développer dans deux directions :

- le revenu courant de Keynes établit en fonction de la loi psychologique fondamentale un parallélisme entre les fluctuations du revenu et celles de la fonction de consommation;

- le revenu relatif et l'effet de mémoire. DUESENBERRY va plutôt mettre en exergue le phénomène de l'égalisation inter temporelle des utilités et l'idée d'interdépendance des consommations fondée sur l'effet de démonstration ou d'imitation. Pour BROWN, le passé n'intervient plus de façon discontinue par le biais du plus haut revenu jamais atteint, mais de façon continue par la consommation de la période précédente

1- LA THEORIE DU REVENU ABSOLU

L'analyse de Keynes repose sur quatre idées.

- La consommation est principalement fonction du revenu réel beaucoup plus que le revenu nominal.

- La propension marginale à consommer (part d'un éventuel supplément du revenu qui sera affecté à la consommation) est positive et inférieure à un en vertu de la loi psychologique fondamentale16(*)qu'il énonce ainsi : «en moyenne et pour la plupart de temps, les hommes tendent à accroître leur consommation à mesure que les revenus croissent mais non d'une quantité aussi grande que l'accroissement des revenus». Ainsi une hausse (resp. baisse) du revenu entraîne un accroissement (resp. baisse) plus marquée de l'épargne.

- La propension moyenne à consommer (fraction du revenu dépensé qui est égale au rapport de la consommation totale au revenu) est inférieure à la propension marginale à consommer.

- La fonction de consommation est stable à court terme.

Pour démontrer cette stabilité, Keynes part d'une fonction de consommation de la forme :

Cs = (rs) (1.1)

rs et Cs représentent respectivement le revenu et la consommation mesurée en unités de salaires.

Il distingue six facteurs susceptibles d'agir sur la fonction   : l'unité de salaire, l'écart entre le revenu et le revenu net, le rapport entre les revenus futurs et présents, les valeurs en capital n'entrant pas en ligne de compte dans le calcul du revenu net, le taux d'intérêt et la politique fiscale.

Il constate que la variation des trois premiers facteurs joue un rôle négligeable et que celle imprévisible des valeurs en capital joue un rôle important sur la fonction   et qu'enfin les deux derniers facteurs peuvent jouer un rôle important à condition que leurs variations soient très profondes.

Ainsi, en se plaçant dans une période où la politique fiscale ne présente pas de changements importants, où les fluctuations du taux d'intérêts ne prennent pas une ampleur exceptionnelle et où les variations en capital qui en résultent sont limitées, la fonction   peut être considérée comme stable.

C = Y

Figure n°2 C = C0 + cY

La Fonction Keynésienne Epargne

du Revenu courant

C1 E

C2

C0

Désépargne

45°

Y2 Y1

Il se dégage les caractéristiques suivantes :

- Même si le revenu (Y) est nul, il existe un montant positif de consommation Co appelé consommation incompressible. Cette consommation autonome n'est pas fonction de revenu;

- lorsque la PMC 1 i.e. (C2 > Y2), l'épargne dans ce cas est négative. Toute valeur du revenu comprise entre 0 et Y1 correspond à la zone de désépargne;

- lorsque la PMC = 1 i.e. (C1 = Y1) au point E, l'épargne est nulle;

- lorsque la PMC < 1 (pour toute valeur de revenu supérieur à Y1), l'épargne est positive et cela veut dire que plus le revenu croit, plus la PMC diminue.

Des travaux empiriques de vérification de la théorie Keynésienne par l'étude de séries temporelles ont été effectuées.

L'étude de séries temporelles porte à la fois sur des observations de court terme et des observations de long terme.

* L'étude des observations de court terme examine les valeurs annuelles ou trimestrielles prises par la consommation réelle et le revenu réel disponible des ménages au cours d'une dizaine ou d'une vingtaine d'année. Il en résulte que la consommation des ménages peut être représentée par une fonction linéaire de la forme :

Ct = aYt + b (1.2)

Ct,, Yt,, a et b représentent respectivement la consommation réelle, le revenu réel des ménages et les paramètres de la droite d'ajustement.

Ces études ont donc permis de vérifier à court terme les hypothèses de l'analyse Keynésienne.

* L'étude des observations à long terme (sur un horizon correspondant à la durée de vie d'un consommateur) de l'évolution de la consommation et du revenu disponible réels des ménages, réalisée aux Etats-Unis par S. KUZNETS17(*) (1946) et GOLDSMITH18(*)(1956) montre essentiellement deux choses :

- La Pmc est approximativement constante et inférieure à un.

- La PMC est approximativement égale à la Pmc. Ce qui infirme donc l'hypothèse de Keynes selon laquelle la Pmc aura tendance à décroître au fur et à mesure que le revenu s`accroît.

Les autres hypothèses de Keynes ont été vérifiées. Ces études ont mis en évidence une fonction de consommation de type :

Ct = cYt (1.3)

2- LA THEORIE DU REVENU RELATIF ET DE L'EFFET DE MEMOIRE

Nous présenterons successivement la théorie du revenu relatif développé par

J. DUESENBERRY19(*) (1949) et celle de l'effet de mémoire de BROWN20(*) (1982) qui se constitue comme prolongement de la première.

Les hypothèses de la théorie du revenu relatif se partagent entre deux vérifications, l'une orientée vers les caractéristiques en coupes transversales de la population des consommateurs et l'autre orientée vers les séries chronologiques.

L'interprétation des observations de courtes périodes montre l'absence de parallélisme entre les fluctuations du revenu et celles de la consommation.

La fonction de consommation observée est de type Ct = aYt. + b

DUESENBERRY considère que le taux d'épargne des ménages est variable. Il diminue pendant les phases de récession et augmente pendant les phases d'expansion.

Il formule cette idée en posant :

  =   a - b (1.4)

St est la variable dépendante qui représente l'épargne des ménages au cours de la période t. a et  b sont des constantes positives.

Yt et YM sont respectivement le revenu disponible des ménages au cours de la période t et le revenu disponible le plus élevé atteint dans le passé.

Ainsi, le taux d'épargne est une variable dépendante de la position du revenu relativement au plus haut niveau de revenu atteint dans la passé YM. Il y a alors une visibilité dans le temps des décisions de consommation. Cet effet de cliquet ou effet crémaillère explique qu'en cas de baisse de l'activité économique et des revenus, la baisse de la consommation des ménages est freinée du fait de l'égalisation inter temporelle des utilités. Une fois un certain niveau de vie atteint, ce dernier est mis en mémoire par les ménages et tend, comme par un cliquet, à s'opposer à la baisse de la consommation résultant de la diminution du revenu.

Figure n°3 : La fonction de consommation de DUESENBERRY

Yt YxM Yt

C A

S

C

S S

Récession Reprise

Temps

t0 t1 t2

La forme de la fonction de consommation à laquelle conduit la théorie du revenu relatif se présente comme suit :

Ct = ( 1+b) Yt - avec Yt = YM (1.5)

En période de récession, le revenu disponible réel régresse mais la consommation diminue moins fortement, les ménages maintiennent leur niveau de consommation en réduisant leur épargne S. La fonction de consommation devient :

Ct = ( 1 + b - 2a) Yt (1.6)

A la reprise et pendant l'expansion, la consommation s'élève mais plus lentement que le revenu, car l'accroissement de celui-ci permet aux ménages de reconstituer leur épargne. La fonction de consommation devient :

Ct = [ 1 + b - a ( 1 + ) ]Yt (1.7)

est assimilé au taux de croissance de l'économie

La consommation redevient proportionnelle au revenu lorsque ce dernier retrouve le niveau le plus élevé atteint dans le passé A.

L'interprétation des observations en coupes instantanées de la théorie du revenu relatif débouche sur l'abandon de l'un des postulats de la théorie classique de la consommation, à savoir l'indépendance de la consommation d'un agent de celle des autres agentsDUESENBERRY va développer l'idée d'interdépendance des consommations fondée sur l'effet de démonstration ou d'imitation. Les agents du groupe i auront une propension à consommer plus forte que celle des agents du groupe supérieur à i parce qu'ils chercheront à imiter la consommation de ceux ayant un niveau de vie supérieur. Ceci explique pourquoi la croissance du revenu au cours du temps n'entraîne pas la diminution  de la propension à consommer. En somme, les individus sont plus sensibles à leur consommation relative et comparent régulièrement leur dépense à celle des autres consommateurs. Ainsi, pour un même niveau de revenu, une famille appartenant à la population noire aux Etats-Unis aura une PMC plus faible que celle d'une famille appartenant à la population blanche. L'explication que propose DUESENBERRY est qu'à revenu égal, la famille noire sera, à l'intérieur du groupe social formé par la population noire relativement plus riche que la famille blanche à l'intérieur du groupe social formé par la population blanche.

La théorie du revenu relatif permet ainsi d'expliquer que la croissance du revenu des ménages au cours du temps n'entraîne pas de diminution de la PMC bien que, en coupes instantanées, l'élévation du revenu s'accompagne d'une baisse de celle-ci.

Les développements de DUESENBERRY appellent les remarques suivantes :

- S'il a raison de mettre l'accent sur les phénomènes de longues périodes, il convient en revanche de remarquer qu'il n'explique pas vraiment pour quelle raison les PMC globales des différents groupes sociaux demeurent constantes en longue période.

- La conception qu'il se fait de la mémorisation est critiquable dans la mesure où celle-ci fait abstraction du temps. Ainsi, le revenu maximum Ym agira sur la relation entre la consommation et le revenu durant toute la période comprise entre to et t2 quelle que soit la longueur de cette période. On peut valablement penser que l'influence de Ym diminuera au fur et à mesure qu'on s'éloigne de to et en particulier, qu'elle sera plus faible que la période de récession sera longue.

- On peut aussi reprocher le fait que DUESENBERRY ait traité d'une façon symétrique la phase de dépression et la phase de reprise qui présentent la même liaison entre la consommation et le revenu. Or, il est probable que cette liaison ne soit pas la même au cours de ces phases.

Quant à l'analyse de BROWN, elle part de l'observation des différences existant entre la consommation observée et la consommation expliquée par une équation de type

Ct = aYt + b.

L'observation des ces différences appelées résidus montre qu'ils sont fortement corrélés entre eux. Ces résidus sont négatifs en période d'expansion et positifs en période de récession. Ce résultat met en évidence un retard de la consommation sur le revenu. BROWN est alors conduit à préciser la manière dont les événements passés agissent concurremment avec le revenu sur la consommation de la période courante. Pour résoudre ce problème, il cherche à savoir, d'une part s'il faut choisir le revenu ou la consommation comme variable expliquant l'action du passé sur la consommation de la période courante ou si d'autre part, cette variable agit de façon continue ou discontinue sur la consommation de la période courante.

Pour répondre à ces préoccupations, il teste quatre types de fonction de consommation.

- Ct = aYt + bYt -1 + c (action continue sur le revenu) (1.8)

Yt -1, est le revenu de la période précédant la période courante.

- Ct = aYt + b YM,t + c (action discontinue sur le revenu) (1.9)

YM,t est le plus haut revenu atteint au cours de la période t ou des périodes qui précèdent.

- Ct = aYt + b Ct -1 + c (action continue sur la consommation) (1.10)

Ct -1, est la consommation de la période précédant la période courante.

- Ct = aYt + b C M,t + c (action discontinue sur la consommation) (1.11)

C M,t est la consommation la plus élevée atteinte au cours de la période t ou des périodes qui la précèdent.

Les résultats statistiques le conduisent alors à conclure que la meilleure fonction de consommation est de la forme (1.10) :

Ct = aYt + b Ct -1 + c

Tout comme DUESENBERRY, BROWN reconnaît l'influence du passé dans la détermination de la consommation. Toutefois, au lieu de choisir le revenu, il adopte la consommation comme une variable représentant l'action du passé. De même, le passé n'intervient plus de façon discontinue par le biais du plus haut revenu jamais atteint, mais de façon continue par la consommation de la période antérieure. Les travaux empiriques confirment que la PMC de courte période est inférieure à celle de longue période. Pour BROWN, ce résultat est la conséquence de l'effet de mémoire. C'est ce que  VESPERINI21(*) appelle l'effet d'hystérésis. Selon cet effet, la consommation d'une période dépend non seulement de la variation du revenu au cours de la période courante, mais aussi des variations de revenus intervenues au cours des périodes précédentes.

La fonction de consommation de longue période est représentée par :

Ct = Yt + (1.12)

En différenciant cette fonction, on obtient la Pmc de longue période qui est égale à :

> a

On retrouve une Pmc de longue période supérieure à celle de courte période.

À une augmentation (resp. diminution) donnée du revenu correspondra une augmentation (resp. diminution) de la consommation plus grande en longue période qu'en courte période parce que, le poids des habitudes de consommation passées qui vient limiter en courte période l'action de l'augmentation (resp. diminution), du revenu sur la consommation ne joue plus en longue période.

La fonction de consommation de BROWN aboutit, comme celle de DUESENBERRY et pour les mêmes raisons, à une augmentation de la PMC durant les phases de récession. Cependant, à la différence de DUESENBERRY, l'augmentation de la PMC tend à s'affaiblir au cours de la phase de récession lorsque le revenu diminue à un rythme plus faible ou se stabilise. Cette différence de formulation traduit un affaiblissement progressif de l'effet de mémoire au fur et à mesure que le temps s'écoule.

En définitive, la théorie de l'effet de mémoire de BROWN suscite quelques remarques :

- La fonction de long terme n'est pas comme chez DUESENBERRY de type proportionnel puisqu'elle comporte une ordonnée à l'origine égale à qui est normalement nulle.

- Si elle supprime la discontinuité qui est un défaut important chez DUESENBERRY, elle présente en revanche l'inconvénient de faire disparaître, en rétablissant la continuité, l'asymétrie de la description des phases d'expansion et de récession.

- La formulation de l'effet de mémoire apparaît malgré tout comme excessivement rigide.

II - L'APPROCHE NEOCLASSIQUE

L'analyse de l'épargne sous l'angle du patrimoine est celle de la théorie néoclassique. Dans cette optique, l'épargne s'apparente au patrimoine et se répartit entre les différents types d'actifs. Ainsi, le patrimoine d'un agent économique est l'ensemble de ses actifs susceptibles d'évaluation monétaire et constituant une source de revenu. Les ménages peuvent accumuler les actifs réels, les actifs financiers et les actifs monétaires.

Les actifs réels sont des «biens et actifs durables qui servent non seulement à la consommation de la période présente, mais également à celle des périodes futures. Au moment de leur mise en service, il n'y a donc pas consommation -destruction, mais accumulation -enrichissement22(*) ». Ces actifs générateurs de flux durables de service et de bien-être ont une capacité de réserve de valeur.

Les actifs monétaires (monnaie active ou circulante et monnaie oisive) sont définis par leur fonction de moyen de paiement et d'intermédiaire des échanges.

Les actifs financiers sont composés des placements à terme et des produits d'assurance-vie.

Dans cette approche néoclassique, nous allons examiner successivement la théorie du revenu permanent et la théorie du cycle de vie.

1- LA THEORIE DU REVENU PERMANENT

L'idée de départ de cette théorie est que la consommation d'une période donnée ne peut pas être entièrement déterminée par le revenu de cette période. Il dépend plus généralement du revenu de cette période et des revenus anticipés des périodes futures.

FRIEDMAN23(*) (1957) va s'inspirer des travaux de FISHER24(*), TINTNER25(*), HICKS26(*) et BOULDING27(*) qui ont tous étudié le mode de répartition inter temporelle de la consommation dans le cas simple de deux périodes.

Ses hypothèses sont les suivantes :

- Le revenu observé Y de chaque période se compose d'un revenu transitoire YT essentiellement aléatoire (gains de jeux, primes, bonus, ...) et du revenu permanent YP, (revenu anticipé provenant à la fois du travail et de la richesse qu'ils ont accumulée). Celui-ci est également la somme qu'un consommateur peut consommer en maintenant constante la valeur de son capital, l'agent ayant la possibilité d'emprunter ou de prêter sur un marché financier parfait afin de mieux repartir sa consommation dans le temps. Il est obtenu par approximation de la moyenne pondérée des revenus observés de la période courante et des périodes passées. La consommation observée C est obtenue de la même façon que le revenu observé Y. Elle est la somme de la consommation permanente CP et de la consommation transitoire CT.

On a alors :

Y = YP + YT (1.13)

et C = CP + CT (1.14)

D'après les analyses de FRIEDMAN, il n'existe pas de corrélation entre le revenu permanent et le revenu transitoire, ni entre la consommation permanente et la consommation transitoire, ni encore entre le revenu transitoire et la consommation transitoire.

- L'élément permanent du revenu consiste, non dans des gains escomptés en une vie, mais dans le revenu moyen obtenu à tout âge et jugé permanent par la famille. Pour FRIEDMAN, les individus peuvent prévoir avec un degré de certitude raisonnable, l'ensemble de ces flux pendant leur existence et fonder leur consommation sur ce qui est à leurs yeux, le revenu normal ou permanent, qui tend à la stabilité sur une longue période.

L'expression fondamentale de la fonction de consommation établie au niveau microéconomique se présente sous la forme :

CP = k (r,w,u) YP (1.15)

r, K et w représentent respectivement le taux de l'intérêt, le coefficient de proportionnalité existant entre CP et Yp, et le rapport du capital non humain au revenu permanent.

u recouvre les préférences des agents dans le choix consommation - accumulation d'actifs (nombre de personnes appartenant à l'unité de consommation considérée , âge, caractéristiques sociologiques, importance des facteurs transitoires affectant le revenu et la consommation).

YP est le revenu permanent global.

Pour parvenir à une fonction macroéconomique, FRIEDMAN suppose comme condition d'agrégation que la distribution des unités de consommation par revenu est indépendante de leur distribution selon le taux de l'intérêt, le ratio du capital non humain au revenu permanent et selon leurs préférences relatives au choix consommation - accumulation d'actifs. Cette hypothèse n'est évidemment pas vérifiée dans les faits puisque la répartition des unités de consommation par revenu est liée à leur répartition selon les valeurs des variables r, w et u.

En adoptant cette hypothèse, on retrouve une fonction macroéconomique sous la forme (1.3) CP = k YP

Une façon de modéliser le rôle joué par les anticipations consiste à utiliser des formules à retards échelonnés portant sur les revenus passés pour estimer la situation du revenu courant de quelqu'un par rapport au passé. Supposons que, l'équation suivante représente l'hypothèse du revenu permanent.

Ct = k (i, w, u, ) W (L)Yt . (1.16)

W (L) représente le système de pondération arbitraire du revenu réel Yt

L est un opérateur de retard, LYt = Yt-1, L2 Yt = Yt-2 ,...,  Ln Yt =  Yt-n

Le système de pondération utilisée est celui de KOYCK.

Dans ce cas, on a :

W (L) = (1.17)

Pour simplifier, on va supposer que k (i, w, u, ) = k

On obtiendra la fonction de consommation correspondant à l'hypothèse du revenu permanent

Ct = k Yt (1.18)

On en tire l'équation d'estimation

Ct = Ct-1 + k(1-)Yt + t (1.19)

t est un terme représentatif des erreurs.

L'hypothèse spécifique de pondération de KOYCK est représentée par le paramètre , paramètre qui est aussi justifié par la vision «permanente»  selon laquelle les calculs du revenu attendu reposent sur des moyennes de revenus passés.

La démarche par laquelle Friedman s'attaque au problème de la pondération des observations passées consiste à formuler le revenu permanent sous la forme :

Yp(t) = Yo [Y(T) - Y0] dT (1.20)

t représente le présent , T, les observations passées du revenu

est le taux de croissance tendanciel, est le paramètre de pondération.

Après quelques manipulations qui impliquent l'évaluation de l'intégrale à t = T, FRIEDMAN aboutit à l'équation suivante en terme des données observables

Ct = k Y(T)dT avec Yt = Y(T)Dt (1.21)

En terme discret, on obtient :

YPt = k (1.22)

Ici, la variable indépendante est une moyenne pondérée des valeurs passées du revenu. Cette version contient trois paramètres (k, ). Friedman propose un calcul à part de la tendance. et k peuvent alors être déterminés dans la régression qui lie la consommation au revenu.

La théorie du revenu permanent permet de rendre compte du fait que la fonction de consommation observée en longue période est linéaire alors que celle observée en courte période est affine dans la mesure où il existe un revenu transitoire. En moyenne, les personnes riches ont un revenu transitoire positif, ce qui fait que leur Pmc est faible alors qu'à l'inverse une personne pauvre dont le revenu transitoire est négatif aura une plus forte Pmc.

La PMC de longue période est supérieure à la PMC de courte période. Dans le cas où les individus préfèrent un flux stable de consommation sur une longue période, la consommation de chaque période (consommation courante) est fonction du revenu permanent, la PMC et le taux d'épargne étant constants.

C = Yp

C

Figure4

La fonction de consommation de FRIEDMAN

45°

Y

Dans la variante la plus restrictive, la consommation tend à représenter une proportion constante du revenu permanent, proche de 100% de celui-ci. Dès lors, toute épargne accumulée proviendra principalement du revenu transitoire. Ainsi, une Pmc extrêmement forte sur le revenu transitoire pourrait être le résultat de l'imperfection des marchés financiers; DOLDE28(*) (1978) et T. RUSSEL29(*) (1974).

KREINEN (1961) et LANDSBERGER30(*) (1970) sur des données israéliennes, ont débouché sur une confirmation très forte de la théorie de Friedman.

Allant en sens contraire, L.R. KLEIN et LIVIATAN31(*) (1957) ont obtenu une Pmc supérieure à un pour une catégorie de revenu considérée comme transitoire. Mais, des démarches similaires de REID (1962)32(*) et plus récemment celle de I.A.SHAPIRO33(*) (1976) vont dans le sens suggéré par FRIEDMAN.

Ainsi et au regard de nombreuses études de vérifications empiriques infirmant et confirmant les résultats obtenus par FRIEDMAN, la théorie du revenu permanent présente deux intérêts majeurs.

- Le premier est d'avoir quitté la sphère macroéconomique pour rechercher au niveau microéconomique les fondements du comportement de consommation des agents.

- Le second est d'avoir montré que les variables permettant de décrire le comportement des agents ne sont pas objectives i.e. mesurables statistiquement mais au contraire, elles sont subjectives i.e. qu'elles dépendent de la façon dont les agents les perçoivent. Il appartient alors à la théorie économique d'analyser et de les relier aux variables objectives.

Par ailleurs, cette théorie présente quelques limites.

- L'analyse microéconomique du comportement de consommation des agents s'appuie sur les concepts de la théorie marginaliste et constitue une description tout aussi sommaire. La distribution des unités de consommation par revenu est indépendante de leur distribution selon le taux de l'intérêt r, le ratio du capital non humain au revenu permanent w et les préférences relatives au choix consommation - accumulation d'actifs u.

- Le passage du niveau microéconomique est soumis à des hypothèses qui apparaissent éloignées de la réalité tel qu'il est difficile d'admettre que la fonction de consommation finalement obtenue résulte bien du comportement microéconomique des agents.

- Sa formulation est beaucoup trop rigide pour pouvoir décrire dans toute sa diversité le comportement de consommation des agents tel qu'il est observé dans la réalité.

- La justification de la stabilité à long terme du rapport consommation au revenu n'est pas suffisamment convaincante.

- Enfin, la théorie du revenu permanent obtenu en introduisant l'hypothèse des anticipations adaptatives (modèle de CAGAN34(*), 1956) a été remise en cause par les critiques de LUCAS (1976) et les hypothèses des anticipations rationnelles35(*). HALL36(*) (1978) a alors pensé une version rationalisée du revenu permanent qui tient compte explicitement de l'incertain. Son modèle montre que la meilleure prévision de la consommation future est la consommation présente. Ainsi, la consommation future est très dépendante de l'aléa que constitue l'innovation du revenu permanent. Cet aléa constitue la principale source de variabilité de la consommation au cours du temps. En effet, le modèle implique le lissage de la consommation de l'agent d'une période à l'autre tout au long du cycle de vie.

2- LA THEORIE DU CYCLE DE VIE

Les fondements théoriques de l'action du patrimoine sur la consommation et l'introduction de cette variable dans la fonction de consommation résultent des travaux effectués par BRUMBERG, MODIGLIANI et ANDO37(*) à la suite des réflexions développées par HARROD38(*).

Leurs travaux sont basés sur les hypothèses suivantes :

- Les ménages consomment et épargnent en fonction de leur cycle de vie. Ils empruntent où s'endettent pour financer leurs études lorsqu'ils sont jeunes, ils consomment moins qu'ils ne gagnent pendant la période active; ce qui leur permet de rembourser le prêt étudiant et de constituer une épargne pour financer la retraite. Une fois à la retraite, ils puisent dans leur épargne pour vivre i.e. qu'ils désépargnent. L'épargne permet à l'individu de reporter une partie de sa consommation vers les périodes (retraites) où les revenus escomptés sont plus faibles que le revenu moyen sur la durée de vie normale.

- Si l'on raisonne sur la durée de vie de l'individu et en supposant que celui-ci d'une part, connaît avec certitude la date de sa retraite et son décès et d'autre part qu'il ne se préoccupe pas de ses héritiers, les propensions moyennes et marginales à consommer les revenus sur la durée de vie sont égales entre elles et égales à l'unité pour tous les ménages.

- Le ménage désire maximiser une fonction dépendant de sa consommation présente et de ses consommations futures sous la contrainte d'un certain montant de ressources.

- Le taux d'actualisation choisi par le ménage est le même pour chaque période.

- La fonction d'utilité est homogène par rapport aux consommations des différentes périodes. Autrement dit, la richesse inter temporelle des consommations de l'agent est indépendante du niveau de sa richesse, de telle sorte que, si sa richesse double, la consommation de chacune des périodes doublera également.

- Dans le modèle de l'HCV, la consommation dépend du revenu courant Yt, du revenu anticipé Yta, des actifs initiaux at -1 et de l'âge de la famille t.

- La fonction de consommation est stable. Il faut pour cela que le revenu courant perçu pendant la vie active excède les besoins de consommation.

- La propension moyenne à épargner, nulle en régime stationnaire, s'accroît avec le taux de croissance de l'économie. De cette relation, on déduit que la propension moyenne à épargner de longue période est constante et égale à la propension marginale.

Figure n°5 : La fonction de consommation dans la théorie d l'HCV

Epargne

Revenu

Consommation

Désépargne

Retraite

Vie active

Décès

Temps

A

S/Y

A = Patrimoine accumulé

Y = Revenu courant

C = Consommation

Y

C

Les déterminants du taux de l'épargne dans l'HCV sont :

- La croissance économique. Le taux d'épargne augmente avec la production et le taux de croissance de la production. Seule une économie en expansion engendre (et nécessite) une épargne globale positive. Entre des pays à comportement individuel identique, le taux d'épargne global sera autant plus élevé qu'est important le taux de croissance à long terme de l'économie.

- La croissance démographique. Une répartition par âge ressortant plus d'actifs que de jeunes et retraités, un allongement de la durée de vie (espérance de vie), une diminution de l'âge de départ à la retraite ont un effet positif sur l'épargne des ménages.

Par ailleurs, MODIGLIANI et BRUMBERG39(*) (1984) soulignaient qu' « un ménage dont le revenu courant augmente de façon inattendue au-dessus du niveau antérieur, auquel le ménage était habitué (...) épargnera une fraction de son revenu plus grande que celle qu'il épargnait avant le changement et aussi plus grande que celle qu'épargnent actuellement les membres permanents de la classe de revenu dans laquelle entre maintenant le ménage».

Nous allons maintenant procéder à l`analyse formelle de l'HCV. Il ressort des études que les ressources des ménages sont constitués par la richesse nette ou actif net dont ils disposent au début de la période courante et des périodes futures durant leurs années d'activité.

Ainsi, le consommateur d'âge t est supposé maximiser à chaque période t sa fonction d'utilité telle que :

Ut = f (1.23)

t, rt, sont respectivement l'âge actuel du chef de famille, le taux d'actualisation et la consommation de la période j,

sous la contrainte.

Nt = aTt-1 + yTt + (1.24)

Avec

aTt-1 = Actif net disponible des agents d'âge T ou richesse accumulée par une famille d'âge t à la fin de la période précédant la période courante.

YTt = Revenu du travail au cours de la période T

Yta,T,T' = Revenu du travail moyen que l'agent d'âge T anticipe de recevoir lorsqu'il aura l'âge T'

N = âge jusqu'au auquel l'agent est supposé travailler.

La consommation est constituée par les achats de biens de consommation non durables et de services augmentés de la valeur locative des biens de consommation durables, qui est égale à la diminution de leur valeur au cours de la période augmentée du coût d'opportunité du capital immobilisé.

En faisant l'hypothèse selon laquelle le taux d'actualisation est égal au taux de rendement de ses actifs, la consommation de la période courante d'un agent d'âge T peut s'écrire :

CTt = f (1.25)

En admettant que l'agent ne laisse ou ne reçoit pas d'héritage, on montre dans ces conditions que la consommation durant la période t d'une personne d'âge T

CTt est proportionnelle au montant de ses ressources.

CTt = (1.26)

facteur de proportionnalité qui dépend de la forme de la fonction d'utilité, du taux de rendement des actifs r t, et de l'âge T de l'agent considéré.

Ressources de l'agent considéré.

La fonction de consommation microéconomique devient

CTt = (1.27)

Pour obtenir une fonction de consommation macroéconomique, il convient de procéder à l'agrégation. Une des conditions suffisantes d'agrégation est que la structure par âge de la population soit constante.

On aura :

C*t = á'1 Y*t + á'2 Ya*t + á'3 a*t+1 (1.28)

Avec C*t = , Y*t =

Chacun des á1, á2, á3 dépend de la durée de vie et de t (l'âge du ménage).

Pour déterminer le revenu anticipé, ANDO et MODIGLIANI adoptent deux formulations :

- La première consiste à admettre que le revenu moyen anticipé est proportionnel au revenu courant, autrement dit que Yta* = ß' Y*t. Dans ces conditions, la fonction de consommation devient en posant :

á1 = á'1 + á'2 ß' á3 = á'3

C*t = á1 Y*t + á3 a*t-1 (1.29)

- La seconde formulation consiste à distinguer le revenu anticipé des personnes disposant d'un emploi du revenu anticipé des chômeurs.

Ils obtiennent :

Yta* = (ß1 - ß2) Y*t + ß2 Y*t. avec ß2 < ß 1 (1.30)

Y*t = le revenu global du travail ; Nt = le nombre de personne disposant d'un emploi, Pt = population active

ß 1 = coefficient de proportionnalité entre le revenu anticipé et le revenu du travail moyen des personnes disposant d'un emploi.

ß2 = coefficient de proportionnalité entre le revenu anticipé et le revenu du travail des chômeurs.

En remplaçant (1.31) dans (1.32), la fonction de consommation obtenue sera de la forme :

C*t = á1 Y*t + á2 Y*t + á3 a*t - 1 . (1.31)

avec á1= á'1 + ( ß 1 - ß2 ). á `2 ; á2 = á `2 ß; á3 = á'3

Des études du budget des ménages effectuées aux Etats Unis par MIRER40(*) (1979) ont montré que les personnes âgées augmentent en réalité leur épargne après leur départ en retraite bien que les faits ne permettent pas de dire clairement s'il s'agit d'un transfert entre générations (effet de génération), ou du résultat d'une baisse de la productivité dans les fonctions individuelles de consommation (effet d'âge), ou encore d'une réaction étonnamment lente face à des gains non anticipés ou enfin d'une réaction face à une incertitude accrue.

Il ressort des études de ATKINSON41(*) (1971) au Royaume Uni et WOLFF42(*) (1981) aux Etats-Unis que l'HCV ne rend pas compte de la répartition observée des niveaux du patrimoine.

Des études faites par RUGGLES (1981) sur les ménages américains et A. BABEAU43(*)(1983) en France laissent apparaître :

- une stabilité assez remarquable du rapport patrimoine - revenu sur la période étudiée;

- l'existence d'un patrimoine non nul au moment du décès imputable dans un premier temps à la prise en compte de l'incertitude quant à la date du décès et dans un second temps au caractère altruiste des ménages qui de plus en plus veulent transmettrent un héritage positif à la génération suivante.

Ainsi, l'importance relative des motifs d'héritage et de retraite dans les déterminants de l'accumulation patrimoniale fait l'objet d'une controverse empirique chez les économistes.

*Pour MODIGLIANI, la durée de la retraite est le déterminant principal du taux de l'épargne.

*Pour KOTLIKOFF44(*) (1979), les transferts intergénérationnels sont l'explication principale de l'épargne.

*D'après KESSLER et MASSON45(*) (1990), on accumule le patrimoine pour deux mobiles :

- L'épargne pour soi qui répond aux propres besoins du ménage.

- L'épargne pour autrui qui met en jeu les relations sociales (volonté de léguer et prestige social).

*FARREL46(*) (1970) pense que l'incidence quantitative de l'épargne de solidarité sur le taux de l'épargne des ménages dépend du taux de l'intérêt et de l'importance (par rapport au revenu) de l'héritage transmis.

Dans la réalité, les dons et legs entre générations sont en fait fréquents, mais il est difficile de dire s'ils sont dus au désir de laisser un héritage ou bien qu'en raison de l'incertitude quant à la date du décès, ils représentent des économies constituées en vue de la retraite ou des économies de précaution qui n'ont pas été dépensées.

Par ailleurs, il faut noter que cette théorie est bien adaptée aux pays où l'éducation est coûteuse et où la retraite n'est pas (ou peu) prise en charge par la collectivité. Cette forme d'épargne forcée et contractuelle n'empêche pas les ménages à vouloir compléter la retraite par mutualisation d'une épargne individuelle ou par capitalisation.

On retient de l'HCV qu'il reste un modèle analytique intéressant et toujours d'actualité. Plusieurs études de vérifications empiriques ont été menées. Elles ont introduit  l'incertitude sur les revenus, sur la durée de vie, sur l'âge de la retraite, les considérations d'héritage, l'inégalité des revenus et sur l'imposition des prestations sociales dans le modèle de base. Le résultat a été modifié sans toutefois changer les résultats essentiels de MODIGLIANI.

Après avoir parcouru le processus de production de l'épargne à travers les différents types de revenus, nous allons aborder au chapitre suivant l'étude des variables qui influencent le placement et l'affectation de l'épargne.

« Enrichissez-vous par le travail et l'épargne »

GUISOT

CHAPITRE 2 : L'INFLUENCE DES instruments

de politique economique.

Deux types d' instruments de politique économique agissent sur l'épargne des ménages :

- Les variables monétaires, constituées du taux d'intérêt et de l'inflation.

- Les variables budgétaires, constituées de la fiscalité et du crédit octroyé aux ménages.

L'influence des taux ou des facilités au niveau international est à prendre en compte dans une stratégie de maintien de l'épargne dans le pays d'origine. Des taux d'intérêts élevés, une fiscalité avantageuse, une inflation maîtrisée dans les pays étrangers peut occasionner la fuite de l'épargne vers ces destinations plus attractives.

Un environnement politique stable encourage l'épargne productive. L'instabilité politique et monétaire nécessite l'inclusion d'une prime de risque dans la rémunération de l'épargne. Quel que soit le taux de rendement offert, les conditions de confiance des ménages résidents par rapport aux institutions locales, la sécurité économique et fiscale de leur placement ainsi que les anticipations concernant le taux de change de la monnaie doivent pouvoir être rassurants. La simple existence d'une stabilité politique et monétaire ne suffit pas. Il est nécessaire de créer une situation dans laquelle cette stabilité est anticipée, car les décisions d'épargne sont fondées sur des risques anticipés sur les variables monétaires ou budgétaires.

I - Les variables monétaires

L'action des taux d'intérêts est à l'origine d'une controverse entre les partisans des taux élevés (classiques et néoclassiques) et des taux faibles (Keynésiens), entre ceux qui lui accordent une importance capitale et ceux qui ne reconnaissent aucun rôle à une politique de l'épargne. La réaction de l'épargne au taux de l'intérêt est difficile à déterminer. L'effet de substitution montre qu'une hausse du taux peut stimuler l'épargne pendant que l'effet de revenu montre qu'une hausse des taux peut au contraire déprimer l'épargne.

L'inflation quant à elle est à l'origine d'abord, de l'effet de fuite devant la monnaie, ensuite du phénomène de reconstitution des encaisses réelles et enfin de l'illusion monétaire.

1- LE TAUX DE L'INTÉRÊT

D'après J.P.V. BENOÎT47(*) (1985), le taux de l'intérêt «est un prix, le prix payé par un emprunteur - un individu ou une institution, une institution financière ou une autre personne juridique - au possesseur du capital emprunté, en monnaie ou en nature, ou à l'épargnant qui a déposé son argent, en rémunération des services rendus par ce propriétaire de capital, ou cet épargnant qui a volontairement et temporairement mis son avoir à la disposition de l'emprunteur».

Le taux de l'intérêt nominal rémunérant les dépôts est celui qui est proposé aux épargnants lors du dépôt. Le taux de l'intérêt réel est le taux nominal adapté pour prendre en compte l'inflation ou plus précisément le taux d'inflation escompté du public.

Dans l'optique où l'épargne est perçue comme renoncement à consommer à court terme, le taux de l'intérêt dans ce contexte est la rémunération de cette privation. Pendant ce renoncement, les prix des biens peuvent augmenter. L'arbitrage entre la consommation et l'épargne va alors dépendre du taux de l'intérêt réel.

Les auteurs classiques et néoclassiques, d'Adam SMITH à Milton FRIEDMAN, pensent que l'épargne est fonctionnellement liée au taux de l'intérêt. Le taux de l'intérêt agit donc de manière directe sur l'épargne. Ainsi, une augmentation (resp. diminution) du taux de l'intérêt doit entraîner, à revenu donné, une augmentation (resp. diminution) de l'épargne et par conséquent, une diminution (resp. augmentation) de la consommation.

Pour I. FISHER48(*) (1926), le taux de l'intérêt réel doit ajuster l'épargne à l'investissement désiré. Il ne s'agit pas de l'équilibre du marché des biens d'investissement pour lequel le prix des biens de capital nouveaux joue le rôle de régulateur, mais d'un équilibre financier entre les fonds requis par l'investissement et ceux épargnés par les ménages. L'offre de fonds met en balance le taux réel (le rendement) et le taux d'escompte psychologique (le sacrifice). La demande résulte de la confrontation de la productivité marginale du capital et de l'intérêt réel (le coût du capital). A l'équilibre, toutes ces grandeurs sont égales et le taux de l'intérêt réel représente à la fois la préférence pour le présent, le coût d'opportunité des fonds et la productivité du capital.

Schéma classique

Demande d'investissement

Offre d'épargne

Taux de l'intérêt

Pour KEYNES49(*) (1936), l'intérêt n'a pas d'importance et il n'est pas pris en compte dans les décisions de ceux qui veulent se constituer un pécule au moyen de l'épargne. L'intérêt est une grandeur purement financière. Il conteste l'idée selon laquelle le taux de l'intérêt soit une variable qui ajuste l'offre d'épargne et la demande des capitaux par les investisseurs. Il relie la notion de taux de l'intérêt à celle de préférence pour la liquidité. Le taux de l'intérêt est le prix qui équilibre le désir de détenir la richesse sous forme de monnaie et la quantité de monnaie disponible. De ce fait, si le taux de l'intérêt est moins élevé, le montant global de la monnaie que le public désire conserver est supérieure à la quantité offerte. Si au contraire, le taux est majoré, il y a un excédent que personne ne voudra conserver. KEYNES pense alors que le taux de l'épargne n'est pas déterminé par le taux de l'intérêt mais par le revenu courant.

Schéma Keynésien

Offre de monnaie

Taux de l'intérêt

Demande de monnaie préférence pour la liquidité

Le taux d'intérêt agit indirectement sur l'épargne de plusieurs manières :

- Une élévation du taux de l'intérêt a pour effet d'augmenter le coût du crédit à la consommation et à l'investissement, de diminuer le volume du crédit à la consommation et à l'investissement et par conséquent, la consommation et le revenu.

- Une augmentation du taux de l'intérêt provoque une diminution de la valeur du patrimoine financier des ménages, qui entraîne elle même, toutes choses égales par ailleurs, une diminution de la consommation.

- L'action des taux d'intérêts peut se manifester par le biais d'une restructuration du patrimoine, et plus précisément, par un effet de substitution entre les actifs liquides et les biens de consommation durables.

En somme, la théorie classique met l'accent sur la nécessité d'épargner (taux de l'intérêt élevé) et la théorique Keynésienne, sur la nécessité de dépenser (taux d'intérêt bas).

Des tests empiriques menés par l'OCDE50(*) en Europe (1968), MIKESELL et ZINSER51(*) (1973), GOVANNINI52(*) (1983) dans les PVD, DAVID et SCADDING53(*) (1974) semblent rejeter l'hypothèse d'une élasticité positive de l'épargne aux taux de rendement réels. Pour eux, le taux de l'intérêt n'affecte pas de manière significative le comportement d'épargne. Une autre étude du Committee on the Working of monetary system en Grande Bretagne en 1999 citée par J.P.V. Benoît54(*) a montré que les taux d'intérêts relatifs ont eu une grande influence sur la répartition de l'épargne entre les différents instruments de placement. Ils n'ont pas servi à encourager les habitudes d'épargne.

Les partisans des taux d'intérêt réels élevés pensent que ces taux encourageant les ménages à déposer leur épargne auprès des institutions financières plutôt que d'investir dans les actifs réels ou de conserver en encaisses oisives. Cette incitation permet de dégager des montants d'épargne importants pour l'investissement productif. Un faible taux d'intérêt sur les crédits force les banques à offrir de faibles taux de l'intérêt sur l'épargne. Cette situation ne les encourage guère à se lancer dans la mobilisation de l'épargne.

Des études menées par J. Fry MAXWELL55(*) (1955) en Asie, MCKINNON et SHAW56(*) (1973) en Asie et en Amérique Latine, BOSKIN57(*) (1978) aux Etats Unis et D. W. ADAMS58(*) (1978) au Japon montrent que l'élasticité de l'épargne par rapport au taux de l'intérêt est significativement positive.

J.P.V. BENOÎT propose, pour rapprocher les différentes positions, quatre types de réactions par rapport au taux de l'intérêt.

- Les épargnants des faibles montants sont insensibles à de faibles variations des taux. Ils sont influencés par des variations plus importantes.

- Ceux qui épargnent pour réaliser des objectifs précis ont tendance à ne pas réagir aux variations de taux.

- Ceux qui épargnent de gros montants sont influencés par les variations de taux.

- Ceux qui connaissent bien le fonctionnement des cercles financiers ont tendance à être influencé par les variations des taux.

En somme, la réaction de l'épargne au taux de l'intérêt est difficile à déterminer. L'impact des taux de l'intérêt est responsable de deux effets : l'effet prix relatif (qui se décompose en effet de substitution et effet de revenu mais dont l'impact global est non défini) et l'effet richesse (qui accroît l'épargne).

L'effet de substitution montre qu'une hausse de taux peut stimuler l'épargne dans la mesure ou à chaque unité monétaire accumulée est associée une consommation future plus élevée. Tout acte d'épargne se traduit comme un déplacement ou transfert de consommation du présent vers le futur, une privation ou un sacrifice qui sera compensée par un accroissement de la demande future.

L'effet de revenu montre qu'une hausse des taux de l'intérêt peut également déprimer l'épargne en allégeant l'effort nécessaire à la constitution d'une réserve donnée du pouvoir d'achat (réduction de la valeur du stock des titres anciens ou du patrimoine financier).

Si la consommation présente et la consommation future sont fortement substituables, l'effet de substitution sera fort et l'emportera sur l'effet de revenu. En revanche, si la consommation future est ressentie comme complémentaire de la consommation présente, l'effet de revenu l'emportera sur l'effet de substitution.

L'effet richesse mesure l'impact de la valorisation des actifs sur la consommation des ménages.

Les répercussions sur la propension moyenne à épargner d'une variation des encours de patrimoine induite par les fluctuations de prix peuvent se faire par l'entremise des gains patrimoniaux.

2- L'INFLATION

L'inflation par les prix est définie comme une augmentation continue et soutenue du niveau d'ensemble des prix. Pour le ménage, l'inflation agit sur ses placements (remboursement de l'épargne en monnaie dépréciée, taux de rentabilité inférieur au taux d'inflation) et sur son pouvoir d'achat. Son effet est variable selon les pays. Un taux d'inflation acceptable dans un pays peut constituer dans un autre un traumatisme économique.

L'inflation est soit :

- chronique (augmentation des prix entre 25 et 50% pendant un minimum de trois ans);

- aiguë (augmentation de prix supérieure à 50% pendant un minimum de trois ans consécutifs);

- galopante (taux d'inflation annuels supérieurs à 200%).

Si les taux d'inflation ont tendance à être volatiles et imprévisibles, l'incertitude pesant sur le rendement des actifs financiers détenus sera élevée. L'incertitude des rendements nuit à l'acte d'épargne en dissuadant la formation du capital productif et en incitant à l'acquisition des valeurs refuges et des actifs étrangers présumés moins risqués.

L'analyse des effets de l'inflation sur les ménages se résume en trois propositions  :

- L'inflation pénalise les prêteurs;

- les ménages sont globalement des prêteurs;

- donc l'inflation nuit aux ménages.

L'inflation se traduit par un gaspillage de l'épargne dans la mesure où, faussant le mécanisme du prêt à long terme, elle empêche une sélection rationnelle des investissements.

Les conséquences de l'inflation sont très difficiles à apprécier et à prévoir. Une hausse des prix peut en effet donner lieu aussi bien à une baisse du taux de l'épargne (effet de fuite devant la monnaie) qu'à une hausse de ce taux (phénomène de reconstitution des encaisses réelles). L'inflation, réduisant la valeur réelle des encaisses monétaires détenues par les ménages, incite celles-ci à accroître leur valeur nominale pour maintenir leur valeur réelle.

L'action des actifs liquides sur la dépense des agents a été introduite dans la théorie économique par l'analyse monétaire néoclassique. C'est ainsi que successivement, FISHER59(*) (1911), PIGOU60(*) (1917), MARSHALL61(*) (1923) et WICKSELL62(*) (1936) ont exposé l'idée, reprise et développée par PATINKIN63(*) (1965) selon laquelle les agents désirent détenir un certain montant d'encaisses réelles.

Ainsi à côté de la demande des biens de consommation, les agents formulent concurremment une demande d'encaisses liquides réelles. Si le niveau des encaisses réelles effectif est supérieur (resp. inférieur) à son niveau désiré, les agents augmenteront (resp. diminueront) leur demande de bien de consommation. Ainsi, une diminution (resp. augmentation) du niveau général des prix, entraînera une augmentation (resp. diminution) de la valeur des encaisses monétaires, ce qui aura pour effet d'augmenter (resp. diminuer) la valeur réelle du patrimoine qui agit sur la consommation. Cette action de la valeur réelle des encaisses monétaires sur la consommation est ce qu'on appelle l'EFFET PIGOU.

L'EFFET KEYNES quant à lui stipule que l'augmentation des encaisses réelles - conséquence d'une baisse des prix et des taux d'intérêt - agira de manière indirecte sur l'épargne à travers l'augmentation du volume de l'activité économique soutenu par la consommation et l'investissement.

Ces deux mécanismes (effet PIGOU et effet KEYNES) ajoutés au phénomène de l'illusion monétaire dont peuvent être victime les ménages face à leurs anticipations, atténuent l'ampleur de l'effet d'encaisses réelles.

L'illusion monétaire consiste à confondre une variation du taux nominal (exprimé en quantité de monnaie courante) avec une variation du taux réel (exprimé à prix constants ou en pouvoir d'achat), à mal distinguer les évolutions de prix relatifs et de prix absolus en prenant l'une pour l'autre. C'est le cas des ménages qui, en présence d'une baisse des prix et des salaires, sont plus sensibles à la baisse de leurs salaires qu'à celles des prix. Ils vont ainsi majorer la baisse de leur revenu réel et diminuer conséquemment leur consommation réelle relativement à leurs ressources réelles. Inversement, un ménage est victime de l'illusion monétaire lorsqu'il se croit plus riche sous prétexte que son revenu nominal a augmenté alors que les prix ont augmenté dans les mêmes proportions.

Lorsqu'un individu cherche à acquérir une certaine quantité q d'un produit, il connaît son revenu nominal Y et le prix exact p. Il corrige ces deux éléments par son anticipation du niveau général des prix P.

q = f (p/P, Y/P)

Si l'inflation effective est plus élevée que l'inflation attendue, l'individu pensera que le produit q est devenu relativement plus cher, ce que, toutes choses égales par ailleurs, devrait l'inciter à l'acheter en moins grande quantité. Cette illusion monétaire sur les prix relatifs identifiée par DEATON 64(*) (1977) tend à accroître l'épargne.

Mais logiquement, l'individu devrait aussi penser que son revenu réel est plus élevé qu'il l'avait prévu, ce qui, toutes choses égales par ailleurs, devrait l'inciter à acheter plus. Cette illusion monétaire sur les revenus - effet identifié par BRANSON et KLEVORICK65(*) (1968) - tend à abaisser le taux de l'épargne.

Par ailleurs, si on suppose que les ménages sont capables d'anticiper les prix en fonction de ce qu'ils ont observé dans le passé (anticipations adaptatives), ils pourront en cas de baisse (resp hausse) des prix anticiper aisément la poursuite de ce mouvement de baisse (resp hausse) et par conséquent différer (resp accélérer) leurs achats de bien de consommation. Ce qui peut diminuer très fortement, voire surpasser, l'effet d'encaisses réelles.

II- Les variables budgétaires

Il transparaît des analyses que la fiscalité sur l'épargne doit être souple pour être incitative. L'impact global de la fiscalité sur l'épargne est aussi difficile à quantifier. Cette indétermination est la conséquence de la divergence des effets produits (effet de revenu et effet de substitution). En cas d'augmentation des prélèvements fiscaux par exemple, l'effet de substitution fait baisser l'épargne pendant que l'effet de revenu accroît l'épargne.

Le crédit est souvent la cause et la conséquence de l'acte d'épargne. Nous allons tour à tour aborder l'influence de la fiscalité et du crédit sur l'épargne des ménages.

1- LA FISCALITÉ

Dans la pensée classique (Ricardo, MILL...), l'impôt sur les revenus de ménages doit être doux, juste et suffisant pour stimuler l'offre. Plusieurs autres développements théoriques militent en faveur d'une fiscalité neutre, stable et équitable afin qu'elle constitue le levier efficace à l'épargne des ménages

En ce qui concerne KEYNES, il pense qu'un alourdissement de la fiscalité sur les revenus du capital, compensé par un allègement de la fiscalité sur les revenus du travail aura pour effet de décourager l'épargne privée disponible pour l'investissement et d'augmenter la propension à consommer. Il construit son analyse au regard de la politique fiscale britannique de l'après-guerre dont l'objectif était de modifier la répartition du revenu national en faveur des salaires et au détriment des revenus du capital. Les titulaires des revenus du travail ont une propension marginale à consommer plus forte que les titulaires des revenus du capital.

L'économiste britannique Nicholas KALDOR, dans sa théorie de classe établit que les habitudes de consommation se distinguent fortement suivant la classe économique qui est elle même directement ou indirectement liée au niveau d'éducation et à la classe sociale. Selon lui, les travailleurs qui tirent l'essentiel de leurs revenus de leur force de travail sont réputés avoir une propension à l'épargne nettement inférieure à celle des capitalistes, qui reçoivent des revenus de la propriété (profit, intérêt, rentes).

L'hypothèse classe - épargne se représente ainsi :

S = Sw L + Sc P

Sw, Sc, L et P sont respectivement la propension des travailleurs à épargner une partie des revenus tirés du travail, la propension des capitalistes à épargner une partie des revenus tirés de la propriété, le revenu du travail et le revenu de la propriété

Ainsi, une diminution des prélèvements fiscaux sur les revenus de capitaux va nécessairement provoquer une augmentation du revenu disponible et par ricochet, une relance de la consommation et de l'épargne. Dans un contexte de ponction fiscale supplémentaire sur les revenus du travail, les économistes Keynésiens observent que les ménages redoublent plus d'efforts pour maintenir leur standard de vie. Un effet de revenu se manifeste puisqu'il y a tentative de compensation des ressources ainsi amputées.

Quant aux économistes de l'offre (L. BEMAN,1984; D.G. RABOY,1984), ils arguent qu'en face d'une augmentation du taux d'imposition, les ménages aiment mieux diminuer leur temps de travail et augmenter leur nombre d'heures de loisir sous prétexte que le rendement du travail devient faible. C'est un effet de substitution qui prévaut

Parlant des spécialistes du développement, ils considèrent que "les taux d'imposition élevés ne sont pas nécessairement favorables ni les taux d'imposition faibles obligatoirement nuisibles à la mobilisation de l'épargne intérieure"66(*). VITO TANZI67(*) (1987) révèle que les pays de l'Afrique subsaharienne tendent à appliquer une pression fiscale supérieure par rapport à leur capacité fiscale et à celle qu'appliquent les pays d'Asie. Cette situation limite structurellement leur capacité de mobilisation de l'épargne. D'autres analyses tendent à démontrer que dans la majorité des PVD, la PMC des pouvoirs publics du fait de l'impôt a été suffisamment élevé pour que l'alourdissement de la fiscalité provoque facilement la baisse et non l'augmentation de l'épargne intérieure totale. On est venu à connaître ce phénomène sous le nom d'effet PLEASE68(*)

Dans les modèles de cycle de vie avec générations égoïstes (MODIGLIANI), l'allègement temporaire de la fiscalité n'entraîne aucune modification sur l'épargne et la consommation. Au contraire, si l'allègement est durable, il peut exercer un effet favorable sur la consommation et l'épargne.

Des études de BLADES69(*) (1983), il ressort que les effets d'un impôt sur le revenu du travail ou sur la consommation sont équivalents du point de vue des ménages. Tous deux réduisent le pouvoir d'achat réel des ressources et par conséquent le niveau de flux réel de consommation et d'épargne.

L'incidence éventuelle du changement de la fiscalité (substitution d'un impôt proportionnel sur la consommation à un impôt progressif sur le revenu) sur l'épargne des ménages sera fonction des différences des propensions marginales à épargner entre les différents groupes de revenus. Si la propension marginale à épargner augmente avec le revenu, le changement de la fiscalité tendra à accroître l'ensemble de l'épargne.

Une étude de TOBIN70(*) (1980) dans un état d'équilibre partiel va dans le même sens. Elle montre qu'un allègrement d'impôt relatif en faveur de l'épargne (par rapport à la consommation) n'augmente l`épargne que si l'élasticité de l'épargne par rapport au taux de rendement est positive et dépasse la propension marginale à consommer.

Plus bas sera le rendement après impôt attendu de l'épargne et plus faible sera l'incitation à retarder la consommation et à épargner (i.e. l'effet de substitution). Cependant, étant donné qu'une diminution de ce taux de rendement accroît également le besoin qu'ont les ménages à épargner pour financer leur consommation future, cette diminution du rendement net de l`épargne causé par un impôt sur le revenu du capital est à priori indéterminé (FELDSTEIN et al71(*). 1981).

Dans la pratique, il est difficile de quantifier ces divers effets (effet de substitution négatif dû à la diminution du revenu marginal après impôt et effet de revenu positif) étant donné qu'il existe un grand nombre d'actifs distincts, chacun comporte de ce fait des taux de rendement, de risque et d'impôts différents.

L'impôt sur les revenus contrecarre l'effort individuel, le goût du risque, l'orientation des patrimoines vers les placements productifs. Ainsi, les placements non financiers (valeurs, refuges, troupeaux, immobiliers...) et ceux du secteur informel (tontines...) permettent d'échapper à toute déclaration i.e. en définitive à toute fiscalité. L'impôt prélève des sommes qui en son absence auraient été épargnées pour une part plus ou moins grande.

En conclusion, il y a dans la littérature comme une tendance à recommander une fiscalité sur les revenus réduite à sa simple expression, si l'on veut promouvoir la propension des ménages à épargner.

2- LE CRÉDIT

Selon D.B ARGYLE72(*)(1985), « considérer l'acte d'épargne sans prendre en considération l'acte de prêt, c'est comme regarder une roue de bicyclette ». Le crédit est souvent la cause et la conséquence de l'acte d'épargne. Ainsi, le ménage épargne dans l'optique d'obtenir un crédit. Après la mise en place du crédit, il doit épargner pour se désendetter. L'existence des facilités d'obtention du crédit va ainsi déterminer le comportement d'épargne de certains ménages.

Selon la littérature sur les motivations de l'épargne, le ménage a recours au crédit pour multiples raisons :

- Préparer un évènement (funérailles, mariage, voyage, ...).

- Acquérir un terrain / construire un logement.

- Acquérir un bien de consommation et d'équipement durables (véhicule, réfrigérateur, TV ...).

- Assurer la scolarité ou les études pour la progéniture.

- Réaliser un investissement productif (entrepreneur individuel).

Son revenu courant ne pouvant pas permettre de réaliser de tels investissements, il a donc le choix entre épargner plus et réaliser son projet plus tard et emprunter immédiatement avec des contraintes de remboursement échelonné.

La politique du crédit est aussi déterminée par la capacité d'absorption de l'économie. C. NJOMGANG73(*), (1990) définit l'absorption du capital par rapport à deux notions :

- Celle de l'accumulation du capital.

- Celle de la capacité d'absorption du capital.

L'accumulation peut être brièvement définie comme l'accroissement du potentiel productif par le jeu de l'investissement; la capacité d'absorption serait donc déterminée par l'ensemble des limites à cet accroissement. Parmi ces limites, Alain LE NOIR74(*)(1987) parle d'insuffisance des projets rentables, de manque de savoir-faire dans certains domaines et de méconnaissance des potentialités ou procédures sous-jacentes.

 

Ainsi, le manque d'opportunités viables d'investissement, l'absence de garanties ou de cautions sûres, l'instabilité des revenus et l'existence d'une capacité d'endettement limitée vont non seulement limiter l'accès au crédit mais aussi détourner l'épargne de l'optique de production vers la thésaurisation, les gaspillages dans les dépenses de consommation ostentatoires ou l'acquisition des valeurs refuges.

Le succès relatif de l'activité de microfinance est largement imputable plus aux conditions moins contraignantes d'accès au crédit pour une majorité de ménages qu'à la pratique des taux favorables.

Toujours dans cette stratégie de « démocratisation » du crédit, deux approches ont été développées. Il y a d'une part l'approche « Epargne d'abord » et d'autre part, l'approche « Crédit d'abord ».

Dans l'approche `'Epargne d'abord'', ADAMS75(*)(1993) en reconnaissant que le crédit est un remède à la pauvreté pense également que l'imposition de dettes sur des ménages déjà vulnérables ne résout pas les problèmes posés par leur manque de discipline ou d'initiative créatrice. Dans cette logique, le crédit est vu sous l'angle de la mobilisation et du transfert de l'épargne ou encore de la renonciation à une consommation immédiate. On parlera alors d'épargne sacrifice qui est l'étape à franchir pour prétendre à un crédit.

Dans l'approche « Crédit d'abord », il est supposé que les ménages défavorisés, n'ont pas suffisamment de ressources leur permettant de dégager une épargne. Ainsi, la mise à leur disposition des crédits leur donnera la possibilité de mener des activités économiques, et de dégager des surplus qui leur permettent de rembourser le crédit et d'épargner ultérieurement. Ceci a été la démarche proposée par la GRAMEEN BANK au Bangladesh et c'est également celle proposée par certains programmes de crédit ou institutions de développement. Du fait de l'octroi des crédits, on anticipe que les fonds ainsi crées conduiront à engager un processus productif dont les résultats permettront ultérieurement de dégager une épargne qui assurera le remboursement du crédit. Il y a ici épargne anticipée

André BABEAU dans un article au journal Le MONDE du 2 décembre 1997 mettait en évidence le poids des engagements comme une explication du maintien d'un taux d'épargne élevé des ménages. Les crédits à la consommation ou à la production contractés par ces derniers, une fois arrivés dans leur phase de remboursement nécessitent des engagements plus fréquents dans le cadre des formes contractuelles de l'épargne. Les remboursements d'emprunts constituent une forme d'épargne obligatoire. Il démontre également que les investissements dans les logements et les entreprises individuelles, les placements financiers et les remboursements d'emprunts constituent les trois affectations prioritaires de l'épargne des ménages Français.

Qu'il s'agisse en définitive des approches `'Epargne d'abord'' ou `'Crédit d'abord', toutes deux ont un point commun qu'elles suscitent (constitution de l'épargne) ou nécessitent (remboursement d'emprunt) une épargne. Les facilités d'accès au crédit et les programmes de crédit ont une influence certaine sur la propension à épargner des ménages. Plus il sera facile d'obtenir un crédit, plus un supplément d'effort d'épargne sera nécessaire. Plus il sera difficile d'obtenir en crédit, moins il y aura d'engouement à épargner.

En guise de conclusion, nous pensons que l'analyse des déterminants de l'épargne des ménages serait incomplète si elle se réduisait à sa seule dimension économique. Nous allons à la suite de cette partie, centrer l'exploration sur les variables extra économiques qui de manière directe ou indirecte influencent leur comportement d'épargne.

Tableau n°1  : OPERATIONNALISATION DES VARIABLES INDEPENDANTES DE L'ANALYSE

ECONOMIQUE DU COMPORTEMENT D'EPARGNE DES MENAGES

Variables

Indicateurs

Modalités

Propriétés

LE

REVENU

Courant

(KEYNES)

- Consommation réelle (Ct)

- Revenu réel disponible (Yt)

- C = aYt + b

- PMC < Pmc

- Pmc < 1

- Stabilité de la fonction de consommation

Relatif

(DUESENBERRY, BROWN)

- Revenu réel disponible (Yt)

- Revenu disponible le plus élevé atteint dans le passé (YM)

- Consommation réelle (Ct)

- Taux de croissance de l'économie (ã)

- C = aYt + b

- Interdépendance des consommations

fondée sur l'effet de démonstration

- PMC court terme < PMC long terme

- Pmc court terme < Pmc long terme

- Effet de mémoire de BROWN

Permanent

(FRIEDMAN)

- Consommation permanente (Cp)

- Revenu permanent (Yp)

- Coefficient de proportionnalité entre Yp et Cp (k)

- PMC court terme < PMC long terme

- C = Yp

- Stabilité de la fonction de revenu

permanent

Patrimonial accumulé pendant le cycle de vie (MODIGLIANI)

- Revenu courant(Yt)

- Revenu anticipé (Yat)

- Actifs initiaux (at-1)

- Age famille t

- Taux de croissance de l'économie (ã)

- Taux de croissance démographique

- Population active occupée (Nt )

- Les ménages consomment et épargnent en fonction de leur cycle de vie.

- L'individu connaît avec certitude la date de sa retraite et de son décès et ne se préoccupe pas de ses héritiers.

- Pmc = PMC = 1

- Stabilité de la fonction de consommation

LE

TAUX DE

L'INTÉRÊT

Classiques

- Taux d'intérêt élevé recommandable

- Effet de substitution : une hausse du taux d'intérêt stimule l'épargne.

- Effet de revenu : une hausse du taux d'intérêt déprime l'épargne.

- L'Effet richesse accroît l'épargne.

Keynésiens

- Taux d'intérêt bas recommandable

L'INFLATION

- Niveau général des prix à la consommation

- Pouvoir d'achat des ménages

- Effet de fuite devant la monnaie : une hausse des prix entraîne une baisse du taux d'épargne.

- Effet de reconstitution des encaisses réelles : une hausse des prix entraîne une hausse du taux d'épargne.

- L'illusion monétaire sur les prix relatifs (DEATON, 1977)  tend à accroître l'épargne.

- L'illusion monétaire sur les revenus (BRANSON et KLEVORICK, 1968)  tend à abaisser le taux de l'épargne.

- Rendement des actifs

- Rémunération nette de l'épargne

LA FISCALITÉ

- Revenu du travail

- Revenu du capital

- Consommation

- Revenu disponible net

- Pour Keynes, les titulaires du revenu du travail ont une propension marginale à consommer plus forte que les titulaires des revenus du capital.

- Effet de substitution négatif

- Effet de revenu positif

LE CRÉDIT

- à la consommation

- à l'investissement

- Volume accordé

- Délai de mise en place

- Epargne crédit

- Crédit épargne

« Chaque nation devra développer sa propre vision à partir de

son expression originale, de ses problèmes particuliers et de sa situation spécifique »

Guy HUNTER

DEUXIÈME PARTIE :

L'ANALYSE EXTRA ÉCONOMIQUE ET EMPIRIQUE

DU COMPORTEMENT D'EPARGNE DES MÉNAGES

Nous allons compléter l'analyse économique avec l'analyse extra économique et empirique des déterminants de l'épargne des ménages. Elle concerne les variables qualitatives liées à la démographie, aux facteurs environnementaux, aux habitudes culturelles et dispositions psychosociologiques du ménage. Il s'agit pour la plupart des variables subjectives qui peuvent soit nuire, soit inciter à l'épargne.

MOTTURA76(*)(1977) dans cette perspective a recensé des facteurs de nature qualitative qui peuvent nuire à la mobilisation de l'épargne en Afrique :

- La survivance des pratiques et croyances religieuses, des lois et des coutumes traditionnelles, du système de famille élargie.

- L'absence d'initiation aux mécanismes économiques et financiers.

- Le manque de confiance et d'intérêt dans les institutions financières.

- La faiblesse du revenu monétaire individuel et le faible degré de monétarisation de certains secteurs économiques.

- Les modes de consommation peu rationnels (mariage, enterrement, funérailles...).

- La pratique de la thésaurisation due au manque d'opportunités d'investissement, à la faiblesse des réseaux bancaires, au souci de discrétion, au nombre limité et à la qualité inadaptée des formules d'épargne proposées par les banques.

L'étude empirique suivra pour tester les déterminants significatifs à prendre en compte dans une politique de promotion de l'épargne au Cameroun.

CHAPITRE 3  - L'influence des facteurs

psychosociologiques et politiques

Les exigences qualitatives des ménages portent sur la qualité des institutions financières (réputation, proximité, procédures d'exploitation...) et des produits financiers proposés par ces dernières. Le degré de libéralisation et d'adaptabilité du système financier va conditionner la qualité de l'intermédiation et le niveau d'importance des systèmes financiers informels. La littérature (L. GUISO, M. HALIASSOS et T. JAPPELI77(*), 2001) montre que le niveau d'éducation du chef de famille a une influence notable sur l'épargne des ménages. Il détermine en effet le lieu, la forme et le volume des opérations financières demandées. Une personne éduquée ou initiée aux mécanismes économiques et financiers serait mieux informée de l'existence de différentes institutions financières et des opportunités et caractéristiques des produits de placement qu'elles offrent. Il serait plus disposé à mieux comprendre les procédures et les principes de fonctionnement, à interpréter les signaux provenant des marchés, à se départir des préjugés ambiants et à apprécier les avantages pour déterminer son comportement d'épargne en conséquence. On va ainsi distinguer :

- Des produits et attributs de produits aux caractéristiques facilement appréhendables par les ménage (pratiques financières informelles...).

- Des produits et attributs des produits nécessitant un temps d'apprentissage (services des institutions formelles, formes plus complexes des pratiques dites informelles : tontines aux enchères).

- Des produits et attributs de produits nécessitant le recours à un expert ou à des conseils (placement boursiers).

I - Les variables psychologiques

Elles portent essentiellement sur des variables d'ordre qualitatif.

D'une part, on distingue les attitudes des ménages envers les institutions. Ces dernières, pour susciter la confiance, doivent répondre aux exigences telles que la sécurité, la liquidité, la proximité, les procédures d'exploitation souples, simples et flexibles, la discrétion et la confidentialité dans les transactions. Ces variables réfèrent à la qualité de service, aux sentiments suscités, à la perception, aux préjugés favorables et défavorables et aux jugements à priori ou à posteriori.

D'autre part, la propension à l'épargne dépend de l'adaptation entre les motivations à l'épargne et les caractéristiques des produits proposés par les institutions financières. Ces produits doivent s'insérer dans les réalités et les contraintes de l'environnement traditionnel, culturel, social et économique.

1- LA CONFIANCE

Parmi les indicateurs de la confiance, nous avons retenu la notoriété et la réputation de l'institution, la simplicité et la souplesse des procédures d'exploitation, la proximité, la sécurité, la liquidité et la discrétion dans les transactions.

D'emblée, Jean Michel SERVET78(*) définit la confiance comme « l'état d'une personne, d'un groupe ou d'une institution, fondé sur les éléments affectifs, intuitifs ou sur un ensemble d'informations, face à un objet, un mécanisme, un animal, un environnement physique, un groupe ou une institution et permettent d'apprécier la probabilité d'une réaction ou d'un comportement dans telle ou telle situation».

La confiance s'impose comme une condition condition sine qua none entre les ménages et les institutions financières de collecte de l'épargne. Ces dernières travaillent à évacuer l'attitude de méfiance ou d'hostilité que la plupart des ménages ont à leur égard.

Les éléments constitutifs de la confiance au sens de SERVET sont :

- La croyance en l'autre et le respect des obligations réciproques.

  - La légitimité des règles du jeu et l'existence des éléments de preuve de contrat implicite ou explicite passé (documents écrits, témoins, titres, gages, nantissement ...).

- Un savoir minimum commun sur les relations entre ceux qui sont impliqués.

- La mémoire et les expériences passées.

SERVET distingue  également divers types de confiance :

- La confiance verticale ou horizontale. Dans le premier cas, elle existe entre patron et ouvrier, propriétaire et locataire et dans le second entre semblables ou individus non directement dépendants.

- La confiance mutuelle ou non réciproque selon que la symétrie existe ou pas

entre les partenaires dans la relation.

- La confiance interne ou externe est nécessaire pour mobiliser l'épargne intérieure ou la crédibilité extérieure.

- La confiance directe (entre personnes) et la confiance médiatisée.

La proximité fait partie des facteurs de confiance. Le sens que J.L. LAVILLE79(*) (1992) donne à la notion de proximité ne « renvoie pas à une objectivation des critères d'espace ou de temps, mais plutôt à une subjectivité des acteurs. Elle se définit par le fait qu'elle est ressentie, éprouvée,  intériorisée par les acteurs et non par la référence au territoire ». La proximité est donc une notion large qui rapproche le prêteur et l'emprunteur, l'épargnant et le collecteur.

EDDY Bloy et Célestin MAYOUKOU80(*)(1994) distinguent trois composantes de la proximité.

- La proximité culturelle : c'est le partage des moeurs identiques, la connaissance de la culture de son partenaire. Elle permet de mesurer l'importance qu'accorde le prêteur ou l'emprunteur aux traditions, aux coutumes et aux moeurs dans les transactions financières;

- La proximité spatiale : elle renvoie non seulement à un rapprochement spatial entre prêteur et emprunteur mais aussi au droit de regard que devrait exercer l'épargnant sur la banque. Cette proximité spatiale permet de connaître les besoins de l'épargnant et finalement d'internaliser l'information;

- La proximité relationnelle  évoque une sorte de partenariat entre les parties prenantes. Elle implique l'existence des relations personnalisées, la circulation de l'information et la construction d'un capital de confiance réciproque. La proximité relationnelle tend à compenser l'éloignement physique.

SERVET intègre aussi la proximité temporelle qui est celle du décalage entre les opérations économiques et financières présentes, passées et avenir, entre le dépôt et la possibilité de retrait.

La notion de proximité a de plus en plus d'importance surtout dans un contexte où la bancarisation de l'épargne est limitée de par la faible rentabilité des agences rurales. Le réseau financier institutionnel n'est pas suffisamment développé. C'est ce qui fait de la localisation des institutions financières, l'un des facteurs importants qui influence l'épargne des ménages (FISCHER81(*), 1989). Lorsque les institutions financières sont proches des lieux de résidence ou de divers centres d'intérêt, les ménages épargnent un peu plus facilement le surplus qu'ils dégagent de leurs activités.

Après la proximité, on peut mentionner le rôle des procédures d'exploitation dans le processus d'incitation à l'épargne. Il suffit d'un minimum de formalités de procédures simples, faciles, rapides, transparentes et souples pour renforcer la confiance des ménages épargnants. Les conditions d'ouverture de compte, de versement ou de retrait, les formalités à remplir en cas de décès, les procédures lourdes et complexes de demande et d'octroi du crédit, la complexité du mode de fonctionnement, sont souvent incompréhensibles pour les personnes parfois sans ou avec peu de connaissances financières.

La confiance se manifeste aussi à travers des à priori favorables tels que la réputation, l'ancienneté et la notoriété de l'institution financière, la qualité des actionnaires, l'importance des participations appartenant aux étrangers dans la structure du capital, l'absence ou la présence de l'Etat dans le capital.

La sécurité est incontournable dans l'échelle de construction de la confiance.

D'après Bernard TAILLEFER82(*) (1987), elle repose sur trois conditions :

- Le lieu matériel, l'implantation et l'apparence physique.

- La qualité du personnel en place.

-La sécurité financière. Le dépôt effectué ou le titre acheté doit avoir une valeur de remboursement ou de liquidation au mieux égale à sa valeur d'origine ou à sa valeur d'acquisition. Le système de contrôle interne ou de gestion doit être efficace pour permettre de déceler à temps les erreurs et défaillances de gestion, les tentatives de fraudes ou de malversations.

A côté des éléments suscités, le ménage épargnant peut rechercher la liquidité.

Sur un marché financier, la liquidité est le plus souvent définie au niveau d'un titre. Elle met en exergue la capacité à échanger une quantité importante des titres sans décalage de prix significatifs et en un temps minimum. Les trois facettes privilégiées dans la littérature83(*) sont le coût de l'immédiateté, la profondeur et la résilience. La fourchette de prix capture la première dimension et estime le surcoût supporté par l'investisseur impatient. La profondeur ou la quantité de titres en carnet estime l'achalandage du marché et la possibilité de l'absorption d'un ordre de grande taille. La résilience ou la réactivité estime le délai nécessaire pour que le cours revienne à son niveau d'équilibre après en avoir été écarté par un choc de liquidité.

Du coté des établissements bancaires et financiers, la liquidité est la faculté de disposer de son épargne quand le besoin se fait sentir. En d'autres termes c'est la possibilité d'épargner dès qu'une occasion d'épargne se présente et de retirer rapidement sans délai et sans coût des fonds lorsqu'on est à court d'argent.

L'origine de la liquidité est à rechercher chez les classiques. Ils pensent que la richesse est essentiellement liquide même si dans la réalité elle comprend des actifs difficilement transférables.

KEYNES pour sa part constate que ceux qui ont de l'argent à investir ont une préférence marquée par les instruments de court terme donc l'avantage est d'être relativement liquide. Ils répugnent à placer leur argent dans les instruments de long terme qui sont pourtant indispensables pour financer les projets, les équipements et les infrastructures. Ce phénomène est appelé trappe à liquidité. KEYNES justifie cette préférence pour le court terme par le fait qu' « il faut plus d'intelligence pour triompher des forces secrètes du temps et de l'ignorance de l'avenir. Au surplus, nous serons tous morts  à long terme»84(*).

J.P. BENOIT confirme cette tendance lorsqu'il constate que les ménages, de manière générale, déterminent une partie importante de leur épargne sous forme d'espèces ou de dépôts à vue laissant ainsi apparaître une nette différence entre la durée moyenne d'un investissement et la durée moyenne de l'épargne qui le finance.

GUISO Luigi et al85(*)(2001) ont vérifié que les ménages qui possèdent un patrimoine financier global élevé peuvent se permettre de souscrire et de conserver les produits d'épargne longs même si la rentabilité baisse pendant un moment. Les ménages à revenus moyens et modestes vont plus investir dans les produits liquides.

Un autre élément caractéristique de la confiance est la discrétion dans les transactions.

Selon le contexte culturel, la discrétion est un point important lorsque les épargnants choisissent un endroit pour leur épargne. Dans certaines cultures, il existe des personnes qui aiment exhiber ce qu'ils ont parce que cela renforce la reconnaissance et le prestige social. Dans d'autres, certaines préfèrent le cacher. La peur de la jalousie, des relations, parents ou amis peut amener le ménage à garder secret l'existence et le montant de ses économies. Par ailleurs, certaines personnes sont méfiantes vis à vis des banques - organismes impersonnels - qui conservent des documents écrits pouvant être source d'indiscrétion. Cette attitude est également valable lorsque l'épargnant redoute un probable non respect du devoir de discrétion et de réserve professionnelles.

ADAMA Traoré86(*) (1985) précise que les détenteurs de ressources souterraines apprécieraient les systèmes de placements anonymes à taux d'intérêt intéressants. Notons que les ressources souterraines87(*) sont des réserves provenant soit des activités délictuelles (vols, détournements de fonds, blanchiment, faux monnayage, escroquerie, pornographie, vente des stupéfiants, proxénétisme...), soit des activités frauduleuses (fraude fiscale, travail au noir), soit enfin des activités non marchandes (bénévolat, travail domestique ...). Dans le même ordre d'idées et en l'absence d'une politique de discrétion, les fonds issus des détournements et autres malversations iront à l'étranger à la recherche principalement de la sécurité ou de la discrétion et accessoirement de la rentabilité.

Si au final, l'épargnant qui recherche ces caractéristiques de la confiance est satisfait, il reste à déterminer s'il a ou n'a pas d'aversion pour le risque.

Les ménages qui n'ont pas d'aversion pour le risque peuvent avoir un comportement spéculatif sans que pour autant, cela puisse constituer un élément d'insécurité. La spéculation est selon KALDOR88(*) (1939) « l'achat (resp. vente) de marchandises ou de titres en vue de la revente (resp. rachat) à une date ultérieure là où le mobile d'une telle action est l'anticipation d'un changement de prix en vigueur et non un avantage résultant de leur emploi ou de leur transformation ». Le titre financier dans ce contexte n'est plus un placement, mais un support de plus ou de moins-value.

Quant aux ménages qui ont une aversion pour le risque, ils chercheront à tout prix à minimiser les risques de :

- liquidité qui est le risque de ne pouvoir faire face aux demandes de retrait des clients à la suite d'une crise de confiance généralisée ou des défaillances graves de gestion. Il peut se traduire par une impossibilité de vendre, faute de contrepartie, un titre financier;

- solvabilité qui est le risque pour l'épargnant de perdre définitivement son épargne dans la mesure où le débiteur ne peut pas, même en liquidant l'ensemble de ses avoirs rembourser la totalité de ses engagements.

- moins value en capital suite aux variations importantes des cours à la baisse des titres financiers;

Pour conclure A. DAUBREY89(*)(1985) conseille dans un premier temps de baser les stratégies de collecte de l'épargne sur la sécurité plutôt que sur les taux d'intérêt. Dans un deuxième temps, lorsque l'épargnant aura pris conscience de la productivité de l'épargne, l'intérêt pourra devenir un facteur attractif.

2- LA DIVERSIFICATION DE L'OFFRE EN PRODUITS D'ÉPARGNE

La diversification de l'offre des produits de mobilisation de l'épargne est au coeur même des motifs Keynésiens de demande de la monnaie et des motivations à l'épargne. Une offre de produits financiers plus large et plus sophistiquée permet aux ménages de mieux gérer leur portefeuille d'investissement, de mieux diversifier le risque qu'ils courent et de rechercher le meilleur rendement pour le risque associé à leur placement.

Pour mesurer son importance, nous ferons une analyse des liens de causalité qui permettra de dégager les raisons incitant les ménages à demander la monnaie et ce qui les poussent à épargner pour enfin adapter les produits à leurs motivations.

En ce qui concerne la demande de monnaie à des fins de précaution et de transactions, l'apport de la théorie de la gestion des stocks de BAUMOL90(*) (1952) et J. TOBIN91(*) (1956) a permis de démontrer que les coûts de transaction jouent un rôle éminent dans l'explication de la possession d'encaisses de transaction et de précaution. Ainsi, la détention de la monnaie fait perdre les intérêts qui auraient été obtenus en cas de placement. En revanche, tout placement a un coût qui se matérialise sous forme d'impôts, de frais de transport ou de perte de temps. La définition d'une stratégie optimale implique subséquemment, la mise en balance permanente de la rémunération et du coût.

Il ressort des conclusions de cette étude que la fonction de demande transactionnelle de la monnaie et de demande d'encaisse de précaution sont proportionnelles aux coûts de transformation (frais de courtage) et au montant (flux) des transactions.

MT = (3.1)

et MP = (3.2)

i, b, T et MT sont respectivement le taux d'intérêt en vigueur, les frais de courtage ou coût de transaction, la valeur des flux de transactions et la demande d'encaisse de transaction. c est le coût provenant d'un risque d'illiquidité. MP est la demande d'encaisse de précaution.

Ces deux fonctions réagissent en sens inverse du taux de l'intérêt.

A la demande de la monnaie pour motif de transaction, correspond une épargne à vue parfaitement liquide (dépôts à vue, compte sur livret...), une épargne thésaurisée (encaisse monétaire) pour un emploi ultérieur, prévu ou imprévu.

A la demande de la monnaie pour motif de précaution correspond également une épargne de précaution et une épargne projet.

La crainte de se trouver dans le besoin à cause du chômage, de la maladie, de la vieillesse, des aléas de l'existence rend nécessaire la constitution d'un pécule pour les mauvais jours « en faisant des foins quand le soleil brille ». Entre autres produits d'épargne correspondant à ces besoins, on peut citer  l'assurance-vie, la retraite complémentaire, les comptes sur livret, le compte d'épargne postale, les tontines, les fonds d'investissement (SICAV, FCC, FCP).

L'épargne projet correspond à des motivations très diversifiées. Il faut bien sûr que les produits financiers offerts soient adaptés à ces diverses motivations.

Quelques types d'objectifs peuvent être cités parmi les plus fréquents :

- L'accession à la propriété du logement, l'acquisition d'un terrain.

- L'investissement dans le capital humain (frais de scolarités, études à l'étranger).

- La constitution d'un fond d'aide (parents, familles, oeuvres sociales...).

- La préparation d'un événement social ou culturel (funérailles, mariages, fêtes, voyages...).

- La réalisation d'un investissement productif, industriel ou commercial.

- L'acquisition d'un bien d'équipement durable en vue d'augmenter le capital physique.

- La constitution d'un patrimoine qu'on lèguera aux enfants.

- L'obtention ou le remboursement d'un crédit.

On peut citer comme produits adaptés pour satisfaire cette forme de motivations, les comptes ou plans épargne logement, le compte à terme, le bon de caisse, la rente éducation ou les tontines de projet.

L'approche en terme de sélection de portefeuille élucide pourquoi les agents demandent de la monnaie à des fins spéculatives.

Nous devons à KEYNES, l'explication de l'arbitrage monnaie titre en avenir certain. Si la monnaie ne rapporte rien, un titre procure un double gain, le coupon d'intérêt qui y est attaché et l'éventuel bénéfice provenant d'une différence entre son prix d'acquisition et son prix de revente. Keynes démontre et justifie l'existence des encaisses spéculatives par le besoin de saisir les occasions et opportunités favorables du marché.

Partant de la relation inverse qui existe entre la demande de monnaie et le taux d'intérêt, il montre comment l'individu dégonflera le volume de ses encaisses spéculatives lorsque le taux d'intérêt courant i sera supérieur au taux d'intérêt anticipé i* dans la mesure où celui-ci entrevoit une baisse de i et partant, une hausse de la valeur en capital des titres et la réalisation potentielle d'une plus-value en capital.

L'analyse en avenir incertain a été développée par James TOBIN92(*) (1958). Le taux d'intérêt n'est plus connu avec certitude et le rendement des titres devient une variable aléatoire. D'après TOBIN, plus l'individu achète des titres, plus il en court des risques. L'objectif dans ce contexte est la composition d'un portefeuille optimal combinant placements liquides, produits de gestion collective et d'assurance-vie, actions et obligations. Un portefeuille ainsi diversifié permet une bonne répartition des rendements et des risques.

Il trouve :

() = (3.3)

est la part du patrimoine total détenu sous forme liquide; i est le taux d'intérêt ;  le risque du portefeuille.

() est l'espérance du rendement du portefeuille; est le risque du titre.

A risque donné, la demande d'encaisse spéculative est fonction du taux d'intérêt :

- Lorsque le taux d'intérêt s'élève, le rendement du portefeuille s'accroît et corrélativement, la détention d'encaisse oisive s'amenuise.

- Lorsque le taux de l'intérêt s'abaisse, l'arbitrage s'opère de plus en plus en faveur de la monnaie.

- Lorsque le taux d'intérêt est très faible, () 0, il devient absurde de courir des risques inutiles alors que la détention de la monnaie n'en comporte aucun.

A la demande de monnaie pour motif de spéculation, correspond une épargne en vue du rendement. L'individu est à la recherche des placements performants en matière de rémunération. Les produits d'épargne qui privilégient le rendement sont majoritairement les actions et titres assimilés et l'épargne dans les tontines économiques.

A coté de ces placements rémunérateurs, se développent des comportements spéculatifs. L'individu qui anticipe une baisse (resp. hausse) du cours des actions, vend (resp. achète) des titres en espérant les racheter (resp. revendre) ultérieurement à un cours inférieur (resp. supérieur). Il ne s'attend plus aux dividendes, ni aux coupons d'intérêts ou intérêts créditeurs sur les placements, mais il veut courir le risque de plus ou de moins value.

La diversification peut aussi être analysée sous l'angle de l'innovation financière. Celle- ci accélère la mise en place de nouveaux instruments de placements, de nouvelles techniques de prise en charge de besoin de financement et de couverture de risques. Elle facilite de ce fait la mobilisation de l'épargne.

BEKOLO EBE93(*) (2002) pense que « la faiblesse de l'innovation explique pour une large part (...) la tendance des agents à agir en marge du système officiel». Il soutient par ailleurs que la diversification à travers l'innovation financière « répond à la nécessité de faire face à la diversité des besoins et à la nécessité d'offrir des opportunités de placements assurant le meilleur rendement et / ou limitant le risque couru ».

Pour ENGEL94(*) (1993), les innovations sont définies comme des idées nouvelles, des habitudes ou des produits qui sont substantiellement différents de ceux existants. Elle peut s'opérer au niveau du système financier, de l'organisation, des procédures et des produits :

- Au niveau du système financier, l'innovation peut améliorer l'intégration du marché et étendre le degré de couverture de la clientèle.

- Au niveau des organisations, elle peut faciliter l'accès des ménages aux sources de services financiers formels.

- Au niveau des procédures, elle peut permettre de réduire les coûts et d'améliorer l'efficacité des institutions.

- Au niveau des produits, elle peut amener les banques à répondre efficacement à la demande de la clientèle.

En somme, on retient qu'une diversification intégrant les motifs de demande de monnaie (motifs de précaution, de spéculation et de transaction), les motivations à l'épargne (précaution, projet à réaliser, rendement) et une innovation financière débouchant sur l'offre d'actifs financiers adéquats en quantité pour faire face à l'insuffisance des outils de mobilisation et en qualité pour satisfaire les besoins exprimés et latents, encouragent l'épargne des ménages.

II - Les variables socio - politiques

Le comportement d'épargne peut être influencé à la fois par des forces externes (décisions des autorités publiques) et des forces internes à caractère personnel (habitudes, sélectivité, besoins d'existence, de sécurité, physiologiques, de croissance...) ou à caractère social (conformité, mimétisme, culture, traditions, besoins de sociabilité, d'appartenance...).

Nous allons dans un premier temps analyser les conséquences avantageuses du libéralisme financier et dans un second temps évaluer la contribution du secteur financier informel à la mobilisation de l'épargne des ménages.

1- LA LIBÉRALISATION DU PAYSAGE FINANCIER

Elle est matérialisée par la libéralisation :

- des conditions d'exercice et d'exploitation des activités de collecte de l'épargne et / ou de distribution du crédit. Elle passe par la simplification des procédures pour l'octroi de l'agrément, la fixation du capital minimum à un niveau raisonnable, l'existence de plusieurs types et formes d'institutions financières. La libéralisation à travers la reforme financière enrichit le système financier. Ainsi, les institutions de microfinance95(*) vont cohabiter avec les institutions de macrofinance (banques et autres institutions financières) et avec celles de mégafinance96(*) (bourse de valeurs);

- des taux. Les taux de l'intérêt sont ainsi déterminés de façon concurrentielle par le marché (confrontation de l'offre d'épargne et de la demande de crédit, absence de taux administrés ou plafonnés).

WATCHEL97(*) (1987) indique que les structures économiques doivent contribuer à canaliser l'épargne des ménages vers la formation du capital productif plutôt que vers l'acquisition d'actifs improductifs ou étrangers. C'est au regard de cet impératif qu'un ensemble développé d'institutions et d'intermédiaires financiers est indispensable pour inciter les ménages  à détenir des actifs financiers et pour canaliser les ressources collectées vers le secteur productif.

Dans le rapport de LONG98(*) (1983) sur l'activité de recherche de la Banque Mondiale, il souligne que le développement de l'intermédiation financière peut stimuler l'épargne. Il permet une diversification des risques et offre aux épargnants des actifs plus liquides, plus faciles à détenir et moins risqués que les actifs réels. LONG reconnaît cependant que la vérification empirique de la relation présumée entre l'intensification de l'intermédiation financière et la diversité des instruments de placement d'une part et le taux de l'épargne d'autre part, est difficile à tester. La réaction de l'épargne à une modification de l'environnement institutionnel n'est perceptible que graduellement.

Une autre étude réalisée par GIOVANNINI99(*) (1983) débouche sur la conclusion selon laquelle l'épargne augmente quand la reforme financière induit une certaine stabilité et accroît le nombre d'institutions financières performantes.

D'après ADAMS100(*) (1985), seul un système financier parfaitement intégré peut mettre en relation des agents excédentaires et déficitaires sur des zones géographiques étendues et sur de longues périodes temporelles. Quand les marchés financiers sont faiblement développés, de nombreux ménages sont contraints de consommer davantage ou d'utiliser leurs excédents dans des activités à faible rendement marginal. Parallèlement, les agents déficitaires peuvent être obligés de renoncer à des investissements marginalement rentables ou de refuser des consommations qui pourraient leur procurer une satisfaction marginale substantielle.

Selon KRAHNEN et SCHMIDT (1994) cités par BOMDA101(*), la dérégulation du système financier  est un déterminant important du développement d'un pays. Elle favorise l'émergence d'institutions financières efficients et durables, en quantité et en qualité.

Les implications politiques des arguments en faveur de la dérégulation se situent sur deux plans :

ü Sur le plan macro-économique, ses principaux promoteurs Edward SHAW , Ronald MCKINNON102(*), pensent que la libéralisation des taux de l'intérêt amène les banques à jouer leurs vrais rôles économiques, accroît le flux de capitaux dans le système financier, améliore l'efficacité de l'allocation des fonds et favorise la croissance. Ils démontrent en outre que les intermédiaires financiers ont un rôle très important dans la promotion de l'épargne dans le PVD.

Il convient toutefois de noter que dans de nombreux pays, la libéralisation financière n'a pas donné les résultats escomptés. Dans certains cas, elle a eu un effet significatif sur le volume et l'allocation de l'épargne et sur la croissance économique (ARYEETEY103(*), 1994, Gonzalez ARRIERA104(*) 1988).

ü Sur le plan micro-économique, les implications de la dérégulation du système financier sont, selon les tenants de cette thèse (J.D VON PISCHKE, Dale W. ADAMS) nombreuses :

- La demande en services financiers existe dans les segments de populations défavorisées (populations pauvres ou rurales).

- Les populations pauvres des villes et villages des PVD épargnent et expriment une demande en institutions financières offrant des facilités d'épargne à des coûts de transactions bas et payant des taux d'intérêts raisonnables.

- les banques qui s'efforcent de mobiliser l'épargne sont plus disposées à allouer efficacement leurs ressources tout en maintenant les coûts administratifs et les pertes à des niveaux acceptables.

- l'intermédiation financière dans un large segment de la population est viable et commercialement réalisable dans PVD. Cependant, cela suppose l'existence d'un environnement économique et d'un cadre légal favorable à une intervention limitée des gouvernements.

Le degré de libéralisation financière peut également s'apprécier à travers le concept d'approfondissement financier. Ce terme fait référence à la densification et à l'élargissement des circuits financiers. La densification a pour objectif d'affecter le nombre ou le volume des dépôts, des opérations de bourse, des polices d'assurance souscrites et des avoirs de caisse de pension des ménages. Le champ visé par l'élargissement est l'accroissement du nombre des banques, des compagnies d'assurance, d'agences ou de guichets annexes, d'épargnants, d'actions cotées ou d'obligations souscrites...

L'intensification de la concurrence entre les intermédiaires financiers induit par la libéralisation conduit à la multiplication des agences et au développement de la proximité bancaire.

L'emprise étatique crée des rigidités multiples. Elle diminue la concurrence et favorise les monopoles de toute nature. La pratique pendant de longues périodes de taux d'intérêts contrôlés par le bas par les autorités monétaires a eu comme conséquences de limiter l'expansion de l'intermédiation financière et des marchés de capitaux et par conséquent, le volume de fonds prêtables alloués à l'investissement. Les tenants du libéralisme pensent que le dualisme financier est l'une des conséquences de ces politiques financières contraignantes.

2- LE DUALISME FINANCIER

Le dualisme est la coexistence d'un secteur moderne formel (marché institutionnel) et d'un secteur traditionnel informel (marché non institutionnel) dans un même pays.

Le dualisme est caractérisé par :

- L'absence de liens systématiques entre les différents secteurs du marché.

- Une grande variation des taux d'intérêts.

- Un faible flux de fonds entre les segments.

- Un accès limité des ménages aux revenus modestes et des micro et petites entreprises à une large gamme des services financiers et d'institutions formelles.

Au-delà de l'inadaptation des institutions et produits du secteur formel aux besoins financiers d'une partie non négligeable des ménages, il témoigne également de la vivacité de certaines traditions communautaires.

Les secteurs financiers non formels sont constitués d'institutions qui n'opèrent pas sur la surveillance et le contrôle de la banque centrale. Le marché non institutionnel de l'épargne se compose de la tontine, des caisses de solidarité, des mutuelles d'assistance, des associations ou des personnes de confiance, des usuriers, des parents ou amis. Ces circuits financiers traditionnels forment un ensemble d'institutions mal connues et complexes. Ils peuvent s'analyser comme une série de marchés spécifiques socialement et économiquement très sélectifs et comportant à la fois des facteurs incitatifs à l'épargne financière et des facteurs limitatifs.

Dans le secteur financier informel, le comportement d'épargne est d'une part, plus collectif qu'individuel et d'autre part, il répond plus à une logique sociale qu'économique, à la logique des amis, des gens très proches et très sûrs. Comme le signale Alain HENRY et al105(*) (1991), « on ne donne son dos qu'à une personne qu'on connaît et se connaître c'est se faire confiance ». Autant les pauvres à faibles revenus et les exclus du système bancaire classique, résidant aussi bien en zone urbaine qu'en zone rurale et exerçant plusieurs types d'activités trouvent leurs comptes, autant les personnes à revenus élevés y adhèrent.

Le dualisme financier selon une approche en terme de distorsions liées à l'économie administrée s'explique principalement par :

- Des mesures discriminatoires en matière de prix (les bas taux d'intérêts pratiqués par le système financier officiel va favoriser l'émergence des marchés parallèles financiers où les taux d'intérêts élevés traduisent le rationnement du crédit officiel).

- Des politiques financières contraignantes.

- La lourdeur de la gestion administrative.

- Les coûts élevés des opérations des institutions officielles.

- Les délais de décaissement qui interdisent aux grandes organisations d'atteindre les acteurs produisant à petite échelle.

Les petits prêts ou dépôts ont des coûts de gestion qui ne sont pas compatibles avec les règles et les pratiques de la finance officielle.

La forme la plus élaborée de la finance informelle est la tontine. BEKOLO EBE106(*) (1987) définit la tontine comme `'un système d'épargne et de crédit dont les membres acceptent de verser suivant une périodicité préalablement déterminée, une partie de leurs revenus dans un fonds commun d'épargne, le produit d'une période étant reprêté en tout ou en partie à un des membres suivant un ordre préétabli ou non, à titre onéreux ou non`'. Dans une démarche complémentaire. NZEMEN107(*) (1988) définit les tontines comme `'une association informelle fondée sur le respect de la parole donnée et des critères homogènes dont le but est de promouvoir toute action de solidarité ou de constituer périodiquement un marché financier informel et fermé permettant à ses membres de placer leur épargne pour les uns et d'accéder au crédit pour les autres''

Elles sont organisées dans le cadre du village, de la tribu, de l'ethnie, des catégories socioprofessionnelles, des générations d'élèves du lycée, de l'université ou des grandes écoles, de l'entreprise, des classes d'âge, de la profession, du secteur d'activité, du parti politique ou du lieu de résidence. Bref dans toutes les couches sociales.

En terme de types de tontines, NZEMEN108(*) (1993) en distingue deux :

- Les tontines de solidarité qui ne portent pas d'intérêts. Elles fonctionnent selon le principe du jeu à somme nulle en théorie des jeux et prennent plusieurs formes (tontine des champs, tontine d'argent, tontine de projet, tontine de troc,...).

- Les tontines économiques. Elles sont de véritables marchés financiers informels fermés qui peuvent prendre la forme soit de modèle à enchères libres, soit de modèle à prix fixe.

En ce qui concerne les motivations qui poussent les gens à adhérer aux tontines, Moïse NZEMEN109(*) (1993) a recensé un nombre important :

-L'appartenance à un groupe. Celui-ci est lieu de socialisation. On mange, boit, cause, prend des engagements ensemble et échange des idées ensemble.

- La solidarité. Elle est morale, matérielle et financière et elle permet de mettre en valeur les relations sociales et humaines.

- La participation aux activités collectives.

- L'assistance sociale en cas d'évènements imprévisibles, heureux ou malheureux. La participation physique et individuelle aux événements est généralement obligatoire.

- L'incitation à l'effort. La tontine est une épargne forcée qui ne doit souffrir ni de la pluie, ni du soleil, ni de la maladie, ni du voyage, ni de la mort. Qu'on soit chef ou sujet, dès qu'on est membre d'une tontine, il est indispensable de respecter les différentes échéances. La défaillance est considérée comme le plus grand déshonneur. Elle fait perdre sa valeur sociale dans le groupe.

- Le placement de l'épargne en vue d'une meilleure rémunération.

- La sécurité sociale gérée par un fonds de solidarité.

- L'esprit d'organisation. Les engagements financiers à la tontine amènent l'adhérant à maîtriser ses dépenses et à sécuriser ses revenus.

- La conservation des valeurs culturelles à travers la constitution de groupes de danses folkloriques, l'apprentissage des chants traditionnels, de l'histoire des rites et modes d'organisation de la tribu.

- La faculté de mobilisation des masses à travers la formation des lobbies, l'exercice des responsabilités de direction des réunions, de conception et de respect d'un plan d'action.

- L'accès au crédit.

- L'esprit d'entreprise. La réussite de certains membres dans les affaires constitue un exemple.

Ces motivations prennent à la fois une dimension psychologique, sociale et culturelle.

De l'analyse sus développée, il ressort que les principales raisons du succès des circuits informels tiennent à la conjonction de plusieurs facteurs :

- Une meilleure rémunération de l'épargne. Les tontines économiques atteignent souvent 20 à 30 % d'intérêt créditeurs annuel (NZEMEN, 1993) dans la mesure où dans un contexte de rareté de l'offre et de l'abondance de la demande de prêt, les épargnants sont à mesure d'exiger un rendement appréciable.

- Un faible risque de non remboursement des crédits dû à la connaissance réciproque des membres, au jeu des pressions sociales et à la garantie collective.

- Une liquidité parfaite des crédits tontinaux.

- Un accès des services financiers aux ménages illettrés.

- Les pratiques tontinières ne sont pas soumises à des obligations déclaratives fiscales ou sociales.

- Les faibles coûts de gestion.

- La flexibilité et la simplicité (l'absence de nombreuses formalités et autres garanties).

- Le mode d'attribution des tours se fait sur la base d'un tirage au sort ou d'un ordre déterminé soit en fonction de la programmation des problèmes sociaux, soit en raison du niveau de rentabilité du projet présenté par les membres.

- La mise en place du crédit est immédiate. Il est rarement lié. Il n'y a généralement pas de critères sophistiqués comme ceux utilisés dans banques pour l'octroi du crédit.

- Ils sont totalement libres de fixer le niveau de taux débiteurs et créditeurs ou les conditions d'emploi des fonds collectés. Ils ne sont pas assujettis aux réglementations sur les taux d'intérêt, aux directives d'encadrement du crédit ou à l'obligation de maintenir un ratio de liquidité quelconque.

Par ailleurs, les limites des tontines peuvent se réduire aux points suivants :

- Le faible montant et l'aspect court des crédits. L'horizon économique des circuits traditionnels n'est pas long, il dépasse rarement la durée d'un cycle. Par conséquent, elles devraient favoriser davantage la consommation que l'investissement.

- Le niveau élevé des taux débiteurs limite le financement des opérations de production.

- Elles freinent la monétarisation de l'économie (les cotisations sont faites en monnaie fiduciaire).

- C'est un marché financier très morcelé, étroit et fermé, réduit à une mosaïque très diversifiée de filières cloisonnées géographiquement et socialement. Son échelle est très limitée.

- L'épargne tontinière est une épargne sans contrat écrit, sans garantie, sans possibilité de choix concernant les échéanciers. La protection juridique des épargnants n'est pas totale.

- De sa mission primitive qui est celle de promouvoir l'épargne, la tontine peut aussi favoriser le gaspillage (réception, fêtes).

La juxtaposition du secteur financier formel et informel ne signifie pas nécessairement indépendance. Il y a interdépendance entre les deux secteurs via l'usage de la monnaie centrale. Il existe dans certains cas, une forte articulation en dépit d'activités différentes.

BEKOLO EBE110(*)(1987) a mis en évidence les interrelations suivantes :

- Dans la perspective de la mise en place d'un marché financier, les tontines pourraient être mise à contribution dans la création des fonds d'investissement.

- Les tontines pourraient constituer un relais de souscription des titres d'emprunts d'Etat ou de titres émis par les sociétés publiques agissant alors comme de véritables investisseurs institutionnels.

- Le développement par le système bancaire de produits dont l'objectif serait d'attirer la part des ressources des tontines non immédiatement utilisées.

- L'établissement par la banque d'un livret collectif contenant les dépôts des tontines qui pourrait donner, en contrepartie à ses membres, la possibilité de bénéficier des concours bancaires dont la tontine servirait de garantie.

NZEMEN, pour conclure, pense que la tontine permet aux banques de développer leurs ressources. Ainsi, le montant reçu à la tontine permet dans certains cas de réunir le minimum nécessaire pour ouvrir un compte d'épargne à la banque et dans d'autre cas, d'alimenter un compte d'épargne existant en attendant son affectation définitive.

S'il est vrai que l'idéal à terme serait de réaliser l'unification du marché de l'épargne, il est aussi vrai que ces deux types de circuits financiers sont inconciliables sur plusieurs points. En effet, ce dualisme cloisonné des systèmes d'intermédiation financiers constitue un important obstacle à la mobilisation de l'épargne111(*). Il vient en dernier ressort qu'il faudra, pour canaliser l'épargne du secteur informel vers le secteur productif réaliser une synthèse. J. SOLE112(*) (1984) propose un système hybride qui « emprunte à la tontine sa flexibilité et son potentiel d'adaptation au contexte socioéconomique et à la banque son pouvoir d'intermédiation financière, de création monétaire et de contrôle efficace du crédit». D'autres recherches dans le domaine des stratégies d'intégration des différents segments du marché suivant leurs avantages comparatifs ont été menées (ADAMS et FITCHET113(*), 1982; GHATE114(*) 1992).

Avec l'étude de l' influence du dualisme financier, nous clôturons l'analyse des déterminants économiques et extra économiques de l'épargne des ménages. Ce cadre conceptuel va servir de soubassement à l'analyse empirique qui permettra de dégager, parmi les variables retenues, celles qui expliquent le mieux la fonction d'épargne des ménages au Cameroun.

Tableau n°2  : OPERATIONNALISATION DES VARIABLES INDEPENDANTES DE L' ANALYSE

EXTRA ECONOMIQUE DU COMPORTEMENT D' EPARGNE DES MENAGES

Variables

Indicateurs

Modalités

LA CONFIANCE

La notoriété et la réputation

- L'ancienneté.

- La qualité des actionnaires.

- Le degré d'intervention de l'Etat.

La proximité

- Culturelle.

- Spatiale.

- Relationnelle.

- Temporelle.

Les procédures d'exploitation

- Simplicité / facilité.

- Rapidité.

- Transparence.

- Souplesse / flexibilité.

La sécurité

- L'apparence physique.

- Le lieu d'implantation.

- La qualité du personnel.

- La sécurité financière.

La liquidité

/

La discrétion et la confidentialité dans les transactions

/

DIVERSIFICATION / INNOVATION

Les motifs de demande de la monnaie

- Précaution.

- Transaction.

- Spéculation.

Les motivations à l'épargne

- Epargne de précaution.

- Epargne de projet ou épargne ciblée.

- Epargne en vue du rendement.

LA

LIBÉRALISATION FINANCIÈRE

- Les conditions d'exercice et d'exploitation

- Intensification de l'intermédiation financière.

- Compétitivité.

- Amélioration de l'approfondissement financier (croissance territoriale et densification du réseau).

- Viabilité des institutions.

- Meilleur accès au crédit.

-Les taux

-Absence de taux administrés ou plafonnés.

- Rémunération incitative de l'épargne.

LE

SECTEUR FINANCIER INFORMEL

- Les caractéristiques

économiques

- Absence de prélèvements fiscaux.

- Rapidité dans la mise en place du crédit.

- Meilleure rémunération dans les tontines économiques.

- Faible risque de non remboursement.

- Absence de réglementation sur les taux.

d'intérêts ou sur l'encadrement du crédit.

- Les caractéristiques

extra - économiques

- Procédures d'exploitation simples, flexibles et rapides

- La liquidité est limitée.

- Promotion de la solidarité, des valeurs culturelles

et sociales, sentiment de proximité.

- Assistance et sécurité sociale.

- Respect obligatoire des échéances (épargne forcée) / incitation à l'effort et à l'esprit d'entreprise, groupes fermés (connaissances mutuelles des membres).

«Toute théorie n'est bonne qu'à condition de s'en servir pour passer outre».

André GIDE

CHAPITRE IV : L'analyse empirique de

la fonction d'épargne des ménages

Après un survol des aspects théoriques de l'analyse des déterminants de l'épargne des ménages, il reste à tester empiriquement, dans le contexte Camerounais, un modèle qui permet d'identifier les variables explicatives, les facteurs incitatifs ou limitatifs de l'épargne des ménages.

En nous inspirant de certains modèles de référence dont celui de HADJIMICHAEL, MICHAÊL et GURA115(*)(1995), NDANSHAU116(*) (1998), FRY117(*)(1995), ARRIERA118(*) (1988) de revenu absolu (KEYNES) et du revenu relatif (DUESENBERRY, 1949), notre analyse de la fonction d'épargne prend la forme générale suivante :

St = âo + â1 Yt + â2 TIRt + â3 INFt + â4 IRt + åt (4.1)

âi (i = 0,1,2,3,4,) et åt représentent respectivement les coefficients respectifs des différentes variables et le terme de l'erreur, t est le temps.

S = L'épargne des ménages.

Y = Le revenu disponible brut des ménages.

TIR = Le taux d'intérêt réel.

INF = L'inflation.

IR = L'impôt sur le revenu des ménage.

Nous allons présenter les caractéristiques des variables retenues, les tests et estimations utilisés à la section 1, les résultats, interprétations et recommandations à la section 2.

I - Présentation des variables, des tests et estimations.

Nous allons d'abord distinguer les deux types de variables retenues :

- La variable dépendante ou expliquée, ou encore endogène.

- La variable indépendante ou explicative ou encore exogène.

Notre étude a retenu une variable dépendante (l'épargne des ménages) et quatre variables indépendantes (le revenu disponible brut des ménages, le taux de l'intérêt, le taux d'inflation et l'impôt sur le revenu).

Nous allons ensuite procéder à la présentation formelle ou théorique des tests et estimations qui seront utilisés pour vérifier les résultats escomptés

1 - PRÉSENTATION ET ÉVOLUTION DES VARIABLES

Notre fonction d'épargne est construite de la manière suivante :

S = F ( Y, TIR, INF, IR, ) (4.2)

(+) (+) (-) (-)

Le signe (+) ou (-) sous chaque variable explicative indique à priori l'impact attendu de la variable considérée sur l'épargne des ménages.

L'étude de l'évolution des variables montre qu'elles sont fortement influencées par les évènements économiques et sociaux tant au niveau local qu'à l'international au cours de la période d'étude qui va de 1970 à 2000. On peut par exemple citer :

- Les chocs pétroliers de 1973 et 1979.

- Les cours des produits de base et des ressources minières.

- La crise économique qui sévit au Cameroun à partir de 1987.

- La mise en route des politiques d'ajustement structurel (1989) et des stratégies de réduction de la pauvreté (1996).

- Les revendications démocratiques et sociales des années 90.

- La dévaluation du Franc CFA intervenue le 14 janvier 1994.

- Les baisses successifs de salaires dans la fonction publique en 1994.

- L'arrimage du Franc CFA à l'Euro en 1999.

- Les changements de politique fiscale.

De 1987 à 2000, le PIB alterne des phases de baisse continue (1987-1997) et des phases de hausse continue (1995-2000) sans que le niveau de 1986 ne soit jamais atteint. Par ailleurs, l'économie enregistre une croissance négative entre 1987 et 1994. Les gains de compétitivité des lendemains de la dévaluation vont positionner l'économie sur les sentiers de la croissance à partir de 1995.

L'épargne des ménages est globalement faible. Elle s'appréhende mieux par le rapport de l'épargne au revenu disponible brut des ménages i.e. par le taux de l'épargne. Nous pouvons observer son évolution à partir du graphique suivant :

Nos calculs à partir des données de L'INS.

Le taux de l'épargne (série complète en annexe n°III) croit de façon constante et régulière jusqu'en 1986, année pendant laquelle il culmine à 10,7%. Il commence à décroître en 1987, atteint son plus bas niveau en 1990 (4.16%) et amorce une tendance à la hausse à partir de 1991 (7,11%) malgré les fluctuations cycliques observées en 1993 (5,15%), et 1998 (4,92%).

Cette évolution s'explique par le fait que les ménages sont affectés par la crise qui démarre en 1987, par les soubresauts politiques des années 90 et par les effets de la dévaluation du Franc CFA et de la baisse des salaires de la fonction publique en 1994. Bien qu'on observe un fléchissement de l'épargne en 1999, la tendance à partir de 1994, est à la hausse. C'est en quelque sorte le résultat des reformes structurelles amorcées en 1990.

Le revenu disponible brut des ménages est le revenu dont un ménage peut disposer librement au cours d'une année pour la consommation et pour l'épargne.

Sous l'angle arithmétique, son évaluation se fait à travers la formule suivante :

Revenu disponible = Revenu primaire (Revenu du travail, de la propriété ou d'entreprise individuelle)

+ Transferts (Prestations familiales, pensions...)

- Prélèvements (IRPP, cotisations sociales, impôts divers...).

Dans la littérature, le revenu disponible (les données sont disponibles en Annexe n° III) est le facteur majeur et le moyen par excellence de production de l'épargne. Il aurait été souhaitable de tester les différentes approches (revenu absolu, revenu relatif, revenu permanent, approches par le patrimoine et par le cycle de vie). Mais, compte tenu de l'absence de données affinées et continues sur une longue période pour estimer les paramètres desdits modèles, nous avons privilégié le revenu absolu au sens Keynésien. L'évolution de ce revenu est perceptible dans le graphique ci-après :

Source : Institut National de la Statistique

La croissance du revenu des ménages est affectée entre 1986 et 1994 par les effets pervers de la crise économique et politique, de la dévaluation et de la baisse des salaires dans la fonction publique. Globalement considéré, le revenu épouse une tendance haussière. Le revenu disponible le plus élevé jamais atteint est celui de l'année 2000.

Le taux d'intérêt retenu est le taux d'intérêt réel (série complète en annexe n°III)

La négativité des taux entre 1970 et 1980 s'explique par le contexte économique international. Les capitaux extérieurs en quête de placement sont relativement abondants et bon marché. A cette période, il est plus facile de contracter des emprunts sans intérêts ou à taux bonifiés et de recevoir des aides sans contrepartie.

Source : Banque mondiale

A partir de 1980, les flux financiers extérieurs se rétrécissent et deviennent rares. Ils sont dorénavant soumis à de rigoureuses conditionnalités. De 1981 à 1992, le taux d'intérêt connaît des fluctuations cycliques avec des pointes en 1981 (3.8%), 1987 (15,7%), 1989 (17,3%) et 1992 (19,2%). Le taux négatif de 1995 résulte de l'impact du taux d'inflation record de 1994 (35%). Cette évolution s'identifie clairement dans le graphique suivant :

L'inflation (série complète en annexe n°III) a été appréhendée par l'indice des prix à la consommation. Elle agit directement sur le pouvoir d'achat et par voie de conséquence, sur la capacité d'épargne des ménages.

Source : Banque mondiale

De 1970 à 1988, l'inflation connaît des sommets comme en 1974 (17,2%), 1977 (14,6%), 1983 (16,63%) et 1987 (13,1%). L'environnement national (fiscalité expansive, politique monétaire un peu lâche...) et international (chocs pétroliers de 1973 et 1979, afflux massif de capitaux extérieurs, déficit chronique des comptes extérieurs...) peuvent expliquer l'existence des taux assez élevés. Les taux minimum de cette période sont à rechercher autour des années 1970 ( 5,8% en 1970, 4,01% en 1971).

De 1989 à 1993, l'inflation inaugure un cycle à taux quasi nul ou négatif. Il correspond à l'époque des restructurations et de la libéralisation du système financier.

Après le pic atteint en 1994, on va assister à un relâchement des tensions inflationnistes consécutif aux résultats des politiques d'austérité budgétaire et de stabilisation (assainissement, maîtrise et réduction des dépenses publiques, amélioration du solde commercial).

L'évolution de l'impôt sur le revenu des ménages (série complète en annexe n°III) peut être décomposée en trois grandes périodes :

Source : Banque mondiale

- La première qui va de 1970 à 1979 correspond à une période de relative stabilité de l'impôt sur les revenus. Les taux sont dans l'intervalle allant de 14,35% à 17,16%.

- La deuxième qui va de 1980 à 1989 correspond à une période où l'on observe les taux les plus élevés. C'est le cas en 1983 (59,9%), 1985 (57,1%) et 1989 (45,2%). Même le taux minimum de cette période observé 1987 (31,2%) est plus élevé que le taux maximum des autres périodes. Elle correspond à la période de création de nouveaux impôts (redevance CRTV, Fonds National de l'Emploi...).

- La troisième qui va de 1990 à 2000, renoue avec une relative stabilité de l'impôt sur les revenus. Les taux oscillent entre 15,45 en 1996 (minimum) et 23,86% en 1994 (maximum). Une pause fiscale est observée par l'Etat pendant cette période.

2- TESTS ET ESTIMATIONS

La démarche méthodologique en ce qui concerne les tests et estimations s'articule autour des points suivants :

- L'analyse de la stationnarité des variables (identification de l'ordre d'intégration).

- Les tests de co-intégration des variables.

- L'estimation de la relation de long terme du modèle par la méthode des MCO.

- L'estimation du modèle à correction d'erreur ou la relation à court terme par les MCO.

- Les tests de causalité au sens de GRANGER.

Les séries économiques ne sont ni stationnaires ni co-intégrées par nature. Les valeurs obtenues à chaque date ne sont pas toujours issues d'une même loi de probabilité. Il faut toujours au préalable stationnariser les séries non stationnaires afin d'éviter le risque de «régression fallacieuse». Lorsque les variables ne sont pas stationnaires, l'estimation des coefficients par les MCO ne converge pas vers les vrais coefficients et les tests usuels des t de Student et f de Fisher ne sont plus valides.

Pour procéder à l'estimation des relations, il faudrait que la stationnarité soit de forme faible. Une variable At est faiblement stationnaire si son espérance mathématique et sa variance sont constantes et finies et si la covariance de At et At+i (avec i>o) dépend uniquement de i

At est stationnaire si elle est intégrée d'ordre zéro At I(0).

Pour étudier la stationnarité, on recourt à trois types de tests :

- Le test de DICKEY-FULLER (1979).

- Le test de DICKEY-FULLER Augmenté (1978,1981).

- Le test de PHILLIPS-PERRON (1986,1987).

Le test de DF permet de mettre en évidence le caractère stationnaire ou non d'une chronique par la détermination d'une tendance déterministe ou stochastique. Ils sont construits sur la base de trois modèles :

[1] Xt = ñXt - 1 + åt Modèle auto régressif d'ordre 1 ou AR (1)

[2] Xt = ñXt -1 + b + åt Modèle auto régressif avec constance

[3] Xt = ñXt -1 + bt + C+ åt Modèle autorégressif avec tendance.

La procédure du test est séquentielle. On part du modèle [3] au modèle [1]. Sur le modèle [3], on teste la significativité du coefficient b à partir des statistiques classiques de Student.

- Si b est significativement différent de zéro, alors on teste pour ce même modèle le coefficient ñ i.e.

Ho : ñ =1

H1 : ñ <1.

Si l'hypothèse Ho est acceptée (tp  t tabulé), la série est non stationnaire avec tendance sinon, H1 est acceptée et la série est stationnaire.

- Si par contre b est significativement nul, on passe directement au test sur le modèle [2] avec le même cheminement que précédemment, jusqu'au test sur le modèle [1].

Si Xt n'est pas stationnaire, on peut appliquer le test de DF sur les variables différenciées en suivant la même procédure que précédemment.

Dans les trois modèles précédents, le processus åt est par hypothèse un bruit blanc. Or il n'y a aucune raison pour qu'à priori, l'erreur soit non corrélée.

Le test de ADF prend en compte cette hypothèse. Ils sont fondées sur l'hypothèse alternative | Ø | < 1 issue de l'estimation par les MCO dans les trois modèles ci-dessous.

[4] ÄXt = ñ Xt-1 + Øj ÄXt-j + åt

[5] ÄXt = ñ Xt-1 + Øj ÄXt-j + b + åt

[6] ÄXt = ñ Xt-1 + Øj ÄXt-j + bt + C + åt

Le test de ADF se déroule de manière similaire aux tests de DF. Seules les tables statistiques diffèrent. La valeur p, nombre de retards à prendre en compte, est déterminée grâce aux tests de AIKAIKE (1974) et SCHWARZ. Ces tests déterminent pour une variable, le nombre de données antérieures à prendre en compte. Ils donnent une information optimale sur le processus de formation de la valeur en t.

Ces tests sont nécessaires avant l'estimation des paramètres. Ils permettent d'éviter de mettre en relation les variables qui divergent. Après ces tests, chaque variable aura un trend, soit après le test en niveau, soit après le test en différence première ou seconde.

Le test de PP présente l'avantage d'introduire une correction non paramétrique des statistiques de DF en tenant compte des erreurs hétéroscédastiques. Il se déroule en deux étapes :

- Estimation par les MCO des  trois modèles de base du test de DF et calcul des statistiques associées.

- Estimation d'un facteur correctif établi, à partir de la structure des covariances des erreurs des modèles précédemment estimés, de telle sorte que les transformations réalisées conduisent à des distributions identiques à celles de DF standard.

Après les tests de stationnarité ou de racine unitaire, on passe aux tests de co-intégration, utilisés dans l'estimation de la relation de long terme entre les variables.

Ils se font soit par l'approche de ENGLE et GRANGER (1987), soit par l'approche de JOHANSEN (1988).

Ø L'approche de ENGLE et GRANGER porte sur le test de racine unitaire des résidus. La co-intégration traduit le fait que la combinaison linéaire ne s'éloigne jamais très longtemps de sa moyenne même si les séries présentent des évolutions divergentes. Il existe alors une évolution stable à long terme entre les séries.

Deux séries Xt et Yt sont dites co-intégrées d'ordre d et b si les deux conditions suivantes sont vérifiées :

- Elles sont affectées d'une tendance stochastique ou déterministe de même ordre d'intégration.

- Une combinaison linéaire de ces séries est stationnaire i.e. qu'elle permet de se ramener à une série d'ordre inférieur d'intégration telle que :

Zt =  Xt + âYt I (d - b) avec d = b = 0 (4.3)

On note Xt , Yt C I (d,b) (4.4)

[ , â ] est le vecteur de co-intégration

Si les séries sont co-intégrées de même ordre (condition nécessaire de co-intégration), on estime par les MCO la relation de long terme entre les variables.

L'estimation par les MCO permet de calculer le résidu. Si ce résidu est stationnaire, l'hypothèse d'une co-intégration entre les variables est acceptée. Les tests de stationnarité sur le résidu de DF doivent s'effectuer à partir des valeurs critiques tabulées par MacKINNON (1991) en fonction du nombre total des variables du modèle. Si le résidu est stationnaire, nous pouvons aussi effectuer les tests de normalité et de ARCH.

Le test de normalité dont le plus classique est celui de JARQUE et BERA (JB), est fondé sur la notion d'asymétrie (Skewness) et d'aplatissement (Kurtosis). Pour calculer des intervalles de confiance prévisionnels et pour effectuer les tests de Student sur les paramètres, il faut que le bruit blanc at suive une distribution normale.

Si les hypothèses H: v1 =0 (symétrie) et v2 =0 (aplatissement normal) sont vérifiées, alors v1 1,96 et v2 1,96. Dans le cas contraire, l'hypothèse de normalité est rejetée.

Le test de ARCH (AutoRegressive Conditional Heteroscedasticity) permet de détecter l'hétéroscédasticité et de modéliser les chroniques qui ont une variabilité instantanée dépendant du passé. Il suppose que les résidus prévisionnels sont non corrélés. Il est fondé sur le test de Fisher classique. Il y a hétéroscédasticité lorsque la variance du terme de l'erreur n'est pas constante sur l'ensemble des observations (au cours du temps et sur un échantillon). Elle croit et décroît avec les variables explicatives. La principale conséquence de l'hétéroscédasticité est que l'estimateur de MCO n'est plus à variance minimale.

Ø L'approche de JOHANSEN permet par la méthode de maximum de vraisemblance de tester l'existence d'une relation de long terme dans les séries temporelles stationnaires et d'obtenir tous les vecteurs de co-intégration dans un cadre multivarié. Contrairement à l'approche de ENGLER et GRANGER qui ne tient compte que d'une seule relation de co-intégration, celle de JOHANSEN apparaît plus attrayante lorsqu'on veut tester la co-intégration dans un système de plusieurs variables. Cette approche est basée sur deux tests :

Le premier, appelé statistique de la trace teste l'existence d'au moins n vecteurs de co-intégration dans un système comportant N - n variables.

Le second dénommé statistique de la valeur propre maximale, teste s'il existe exactement n vecteurs de co-intégration contre l'alternative de n+1 vecteurs.

Le principe du test de JOHANSEN est basé sur la comparaison du ratio de vraisemblance LR à la valeur critique notée CV.

- Si  LR < CV , on accepte Ho i.e. que les variables ne sont pas co-intégrées.

- Si  LR = CV, on accepte H1 et on considère les variables co-intégrées .

Les valeurs critiques ont été tabulées notamment par JOHANSEN (1988) et JOHANSEN et JUSELIUS (1990).

Lorsque la relation de long terme existe, l'estimation par les MCO permet d'analyser les valeurs prises par le coefficient de détermination R2, le coefficient de détermination R2 ajusté, le DURBIN-WATSON (DW), le T de Student et le F de Fisher.

Le coefficient de détermination R² permet de tester la significativité globale des variables explicatives. Il montre le rôle joué par l'ensemble des variables exogènes sur l'évolution de la variable endogène. Il est d'autant meilleur qu'il est voisin de 1. Son principal inconvénient est de ne pas tenir compte du nombre d'observations et du nombre de variables explicatives du modèle.

Le coefficient de détermination R² ajusté ou corrigé comble principalement cette lacune.

La statistique de DW permet de déceler la liaison des erreurs dans les procédures d'estimation. Un DW proche de 2 indique une auto corrélation négative.

Le T de Student permet de tester la significativité des paramètres. Il est souhaitable que tcalculé en valeur absolue soit strictement supérieur à 2 pour une bonne intervention de la variable explicative Xi dans l'évolution de la variable endogène Yi.

Le F de Fisher permet de juger de la validité globale d'un modèle. Si Fcalculé > Ftabulé, on conclut que :

- Le modèle ainsi estimé est globalement significatif i.e. qu'il est bon et que sa spécification est acceptable.

- Les variables explicatives véritables ont globalement une influence sur la variable endogène.

Après l'estimation des coefficients du modèle par la méthode des MCO, Il convient de s'intéresser à la stabilité de ces coefficients.

La stabilité des coefficients est importante quand on cherche à comprendre les mécanismes économiques et à faire des prévisions. La non stabilité des coefficients peut refléter des phénomènes ponctuels dans le temps (crise, dévaluation, changement de politique...).

Les tests utilisés pour vérifier la stabilité sont au nombre de deux :

- Le CUSUM (Cumulative SUM) fondé sur la somme cumulée des résidus récursifs.

 Il permet d'étudier la stabilité des équations de régression au cours du temps. Si les coefficients sont stables, alors les résidus récursifs doivent rester dans l'intervalle défini pour des seuils de confiance de 5%. Dans le cas contraire, le modèle est réputé instable.

- Le CUSUM SQ (Cumulative SUM Square) fondée sur la somme cumulée du carré des résidus récursifs permet de détecter des modifications aléatoires (ponctuelles) dans le comportement du modèle. Si les coefficients sont stables au cours du temps, alors, les résidus récursifs carrés doivent rester dans l'intervalle de confiance.

Ces tests sont fondés sur la dynamique de l'erreur de prévision. Ils permettent de déterminer les instabilités structurelles des équations de régression et d'étudier l'erreur de prévision normalisée au cours du temps.

Si les tests de co-intégration permettent de détecter la présence d'une relation de long terme entre les variables, il est aussi important de connaître l'évolution à court terme et à moyen terme de cette relation. L'outil nécessaire pour parvenir à une telle fin est le modèle à correction d'erreur (EMC)

Développé pour la première fois par HENDRY (1970), l'EMC permet de réaliser des ajustements qui conduisent à une situation d'équilibre de long terme. Il intègre à la fois des évolutions ou fluctuations de court terme autour de l'équilibre ou relation de long terme.

La procédure commence avec l'estimation d'une relation de long terme avec la méthode des MCO. L'information fournit par le terme de l'erreur dans la relation de long terme est ensuite utilisée pour créer un mécanisme de correction dynamique (court terme).

Quand le coefficient du terme à correction d'erreur est significatif et négatif, la convergence est assurée. ENGLE et GRANGER (1987) ont démontré que toutes les séries co-intégrées peuvent être représentées par un EMC (théorème de la représentation de GRANGER).

L'objectif du EMC est d'une part, d'éliminer l'effet des vecteurs de co-intégration et d'autre part de rechercher la liaison réelle entre les variables.

La forme du MCE de la fonction d'épargne des ménages s'écrit comme suit :

?(St ) = o + 1 ?(Yt ) + 2 ?(TIRt ) + 3 ?(INFt ) + 4 ?(IRt ) + o êt-1 + åt (4.5)

?, i (i = 0,1,2,3,4) , et åt représentent respectivement l'opérateur en différence première, les coefficients de court terme

de la fonction d'épargne des ménages, le coefficient de correction d'erreur ou force de rappel vers l'équilibre

et l'erreur d'estimation.

Après l'étude de la relation de long et de court terme entre les variables, nous nous sommes préoccupés à ressortir parmi ces variables (expliquée et explicative), celles dont les variations sont susceptibles de causer des variations d'autres variables une fois les effets déterminés. Le moyen le plus approprié pour cela est le test de causalité.

D'après Xt et Yt, deux variables d'un modèle, si la série Yt contient à travers ses valeurs passées une information qui améliore la prédictibilité de Xt et si cette information n'est contenue dans aucune autre série utilisée pour calculer le prédicteur, alors on dira Yt cause Xt. La variable est causale si sa prise en compte améliore la prédiction d'une autre variable.

La causalité (ou non) au sens de GRANGER dépend du fait que les valeurs passées de Y améliorent (ou non) l'explication de X plutôt que de l'obtenir à partir des valeurs passées de X lui-même.

On peut alors effectuer un simple test en faisant la régression de X sur ses propres valeurs passées ainsi que sur les valeurs passées de Y. Si ces dernières sont significatives, alors on dit que Y cause X au sens de GRANGER. Toutefois, ce test est souvent sensible au nombre de décalages pris en compte dans la modélisation.

II- Résultats, interprétations et recommandations

Cette partie vise trois objectifs :

ü D'abord, il est question de calculer, à partir des séries disponibles, les résultats des différents tests et estimations annoncés dans la partie précédente. Il s'agit de procéder dans l'ordre :

- aux tests de stationnarité des variables du modèle pour valider les conditions de co-intégration;

- aux tests de la trace et de la valeur propre de JOHANSEN pour vérifier le nombre des relations de co-intégration;

- à l'estimation de la relation de long terme qui permet d'obtenir les coefficients du modèle, le sens de variation des variables explicatives, le R2, le R2 ajusté, le DW, le t de Student et le F de Fisher;

- aux tests de stationnarité sur les résidus de la relation de long terme, de normalité, de ARCH et de vérification de la stabilité (CUSUM, CUSUM SQ).

- à l'estimation de la relation de court terme à travers la spécification d'un EMC qui permet d'obtenir les mêmes informations que dans l'estimation de la relation de long terme.

- au test de causalité au sens de GRANGER.

ü Ensuite, il faut interpréter les résultats obtenus aux fins d'élucider et d'appréhender le comportement, l'évolution et la significativité des variables.

ü Enfin, il faut traduire en terme de politique économique à appliquer au cas où la promotion de l'épargne des ménages devient un objectif prioritaire au niveau national.

1. RÉSULTATS ET INTERPRÉTATIONS

Nous allons vérifier la stationnarité des variables à l'aide du test de ADF et de PP. Il n'est plus nécessaire de faire le test de DF dans la mesure où les limites de celui-ci ont été comblées par ADF. L'analyse du test de racine unitaire sur les cinq variables du modèle montre qu'au seuil de 5% :

- Quatre sont stationnaires en différence première.

- Une est stationnaire en niveau.

Tableau n°3  : Récapitulatif des Tests de Stationnarité sur les variables

Variables

Test en niveau

Test en difference 1ère

Ordre

ADF

PP

ADF

PP

d'intégration

Calculée

Tabulée

Calculée

Tabulée

Calculée

Tabulée

Calculée

Tabulée

 

S

-2,84

-3,57

1,59

1.95

-3,88

-3,57

-4,52

-1,95

I (1)

Y

-3,56

-1,96

-2,74

-3,56

-2,52

-1,95

-7,49

-3,57

I (1)

TIR

-3,38

-3,57

-2,96

-3,56

-4,82

-3,57

-5,06

-3,57

I (1)

INF

-3,14

-2,96

-4,20

-2,96

/

/

/

/

I (0)

IR

-0,68

-1,95

-0,69

-1,95

-4,16

-1,95

-5,65

-1,95

I (1)

Source : Calculs effectués sur les données à partir du logiciel E-Views 4.0

La combinaison de ces séries est stationnaire bien qu'elles soient co-intégrées d'ordre différent. Cette caractéristique essentielle nous donne la possibilité d'analyser la dynamique de long terme de l'épargne des ménages avec des modèles faisant appel aux tests de co-intégration des variables.

Nous avons retenu le test de JOHANSEN pour déterminer le nombre de relation de co-intégration entre les variables.

Tableau n° 4 : Test de la trace et test de la valeur propre de JOHANSEN

Date: 02/04/05 Time: 08:25

Sample(adjusted): 1972 2000

Included observations: 29 after adjusting endpoints

Trend assumption: No deterministic trend

Series: S Y TIR IR INF

Lags interval (in first differences): 1 to 1

 
 
 
 
 
 

Unrestricted Co-integration Rank Test

 
 
 
 
 
 

Hypothesized

 

Trace

5 Percent

1 Percent

 

No. of CE(s)

Eigenvalue

Statistic

Critical Value

Critical Value

 
 
 
 
 
 
 

None **

0.789290

81.56286

59.46

66.52

 

At most 1

0.523162

36.40196

39.89

45.58

 

At most 2

0.310342

14.92522

24.31

29.75

 

At most 3

0.132675

4.150012

12.53

16.31

 

At most 4

0.000762

0.022095

3.84

6.51

 
 
 
 
 
 
 

*(**) denotes rejection of the hypothesis at the 5%(1%) level

Trace test indicates 1 cointegrating equation(s) at both 5% and 1% levels

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Hypothesized

 

Max-Eigen

5 Percent

1 Percent

 

No. of CE(s)

Eigenvalue

Statistic

Critical Value

Critical Value

 
 
 
 
 
 
 

None **

0.789290

45.16090

30.04

35.17

 

At most 1

0.523162

21.47675

23.80

28.82

 

At most 2

0.310342

10.77520

17.89

22.99

 

At most 3

0.132675

4.127917

11.44

15.69

 

At most 4

0.000762

0.022095

3.84

6.51

 
 
 
 
 
 
 

*(**) denotes rejection of the hypothesis at the 5%(1%) level

Max-eigenvalue test indicates 1 cointegrating equation(s) at both 5% and 1% levels

Source : Estimation des données avec le logiciel E - Views 4.0

D'après les résultats, on ne peut rejeter au seuil de 5%, qu'il existe au plus une relation de co-intégration. Pour les variables concernées, LR est supérieur à CV (statistique de la trace : 81,56 > 59,46; statistique de la valeur propre : 45,16 30,4). Le vecteur de co-intégration est unique. L'hypothèse d'une co-intégration est acceptée entre l'épargne des ménages et ses fondamentaux.

Nous pouvons alors procéder à l'estimation de la relation de long terme par la méthode des MCO. Pour établir cette relation, nous utiliserons l'équation (4.1).

Tableau n°5 : Estimation de la relation de long terme par la méthode des MCO.

Dependent Variable: S

Method: Least Squares

Date: 02/04/05 Time: 09:24

Sample: 1970 2000

Included observations: 31

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.

C

-3.684808

0.947937

-3.887187

0.0006

Y

1.408784

0.154515

9.117473

0.0000

TIR

-0.007761

0.003423

-2.267185

0.0319

IR

-0.000316

0.001241

-0.254397

0.8012

INF

0.002408

0.002673

0.900748

0.3760

R-squared

0.880810

Mean dependent var

5.213281

Adjusted R-squared

0.862473

S.D. dependent var

0.233496

S.E. of regression

0.086591

Akaike info criterion

-1.908547

Sum squared resid

0.194949

Schwarz criterion

-1.677259

Log likelihood

34.58248

F-statistic

48.03472

Durbin-Watson stat

1.959610

Prob(F-statistic)

0.000000

Source : Estimation des données avec le logiciel E.Views 4.0

On obtient la relation de long terme suivante

St = - 3,684808 + 1,408784 Yt - 0,007761 TIRt + 0,0024808 INFt - 0,000316 IRt (4.6)

(-3,88) (9,11) (-2,26) (0,90) (-0,25)

R² = 0,8808; R² ajusté = 0, 8624; F stat = 48, 03; Prob (F stat ) = 0,000.000; DW = 1,95

Les valeurs entre parenthèses représentent la significativité des variables.

R² et R² ajusté montrent que les variables indépendantes expliquent à 88% et à 86% le comportement de l'épargne des ménages au Cameroun.

La statistique de DW (1,95) montre que les erreurs ne sont pas corrélées ou liées.

Les valeurs T de Student montrent que le revenu disponible brut (9,11) et le taux d'intérêt réel des ménages (2,26) influencent significativement l'épargne des ménages. Les coefficients de l'impôt sur les revenus (-0,25) et de l'inflation (0,90) sont significativement égaux à zéro i.e. qu'ils n'interviennent pas dans l'évolution de l'épargne des ménages.

La statistique F de Fisher (48,04) montre que :

- Le modèle est globalement significatif.

- Les variables explicatives véritables ont globalement une influence sur l'épargne des ménages.

Après l'estimation de la relation de long terme entre les variables par les MCO, il reste à vérifier que le résidu issu de cette régression est stationnaire.

Tableau N°6 : Test de stationnarité sur le résidu

 

Test en niveau

Résidu

estimé

ADF

PP

Cal

Lue

Cal

Lue

-4,56

-1,95

-5,31

-1,95

Source : Calculs effectués à partir des données avec le logiciel E-Views 4.0

Le test de racine unitaire sur le résidu montre que celui-ci est stationnaire en niveau, confirmant de ce fait, l'existence d'une relation de co-intégration.

Par ailleurs, le test de normalité de JB (en annexe IV) montre que le résidu suit une loi normale (JB = 2,20, Proba = 0,33).

De même le test de ARCH (en annexe V) montre une absence d'hétéroscédasticité.

Les résultats du test de CUSUM (en annexe VI) montrent que la courbe ne sort pas de son corridor.

Ceux du test de CUSUM SQ à 5% (en annexe VII) montrent une période de rupture entre 1981 et 1988. Durant celle-ci, nous constatons un franchissement de l'intervalle de confiance. Ce constat nous amène à rejeter l'hypothèse d'absence de changement structurel.

L'estimation économique montre que les variables identifiées sont des déterminants significatifs de l'épargne des ménages au Cameroun.

Pendant que le taux d'intérêt réel et l'impôt sur les revenus agissent négativement sur l'épargne, le revenu disponible brut et l'inflation pour leur part influencent positivement l'épargne des ménages.

Le résultat de l'estimation du coefficient du revenu disponible brut indique un coefficient positif et statistiquement significatif. Une augmentation de 1 pour cent du revenu se traduit par une augmentation de 1,4 pour cent de l'épargne des ménages.

Un changement à la hausse du taux d'intérêt réel est associé à une diminution de l'épargne de 0,0077 pour cent. L'effet revenu a emporté sur l'effet de substitution.

Pour ce qui est de l'impôt sur les revenus, une variation à la hausse de 1 pour cent entraîne une variation à la baisse de 0,000316 pour cent de l'épargne. L'effet de substitution négatif l'emporte sur l'effet du revenu positif.

En cas d'accroissement de l'inflation de un pour cent, on assiste à une augmentation de 0,0024 de l'épargne des ménages.

Après le test de co-intégration de JOHANSEN qui a permis de détecter la présence d'une relation de long terme entre les variables, l'analyse de l'évolution de court terme serait amplement justifiée.

L'étude du comportement à court terme requiert la spécification d'un EMC.

L'estimation de la relation de court terme à l'aide du logiciel E-Views 4.0 a donné les résultats ci-après :

Tableau n° 7 : Estimation de la relation de court terme des variables

Dependent Variable: D(S)

Method: Least Squares

Date: 02/04/05 Time: 13:47

Sample(adjusted): 1971 2000

Included observations: 30 after adjusting endpoints

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.

C

-0.002105

0.018256

-0.115298

0.9092

D(Y)

1.204497

0.381689

3.155705

0.0043

D(TIR)

-0.000291

0.003191

-0.091332

0.9280

D(IR)

-0.000124

0.001796

-0.069091

0.9455

D(INF)

0.002954

0.001606

1.839397

0.0783

RESID01(-1)

-0.969021

0.206289

-4.697404

0.0001

R-squared

0.574109

Mean dependent var

0.030209

Adjusted R-squared

0.485382

S.D. dependent var

0.110666

S.E. of regression

0.079388

Akaike info criterion

-2.052075

Sum squared resid

0.151260

Schwarz criterion

-1.771835

Log likelihood

36.78112

F-statistic

6.470501

Durbin-Watson stat

1.664791

Prob(F-statistic)

0.000611

Source : Estimation des données avec le logiciel E.Views 4.0

A partir de ce tableau, nous avons le modèle à correction d'erreur de la fonction d'épargne des ménages suivant :

D(St) = - 0,002105 + 1,204437 D(Yt) - 0,000231 D(TIRt) + 0,002954 D(INFt ) - 0,000124 D(IRt )- 0,969021 (4.7)

( -0,11) (3,15) (-0,091) (1,83) (-0,069) (-4,69)

R² = 0;5741; R² ajusté = 0,4853; F stat = 6,47; Prob (F stat) = 0,0061; DW = 1,66

Les valeurs entre parenthèses représentent la significativité des variables

Globalement, le modèle estimé semble intéressant dans la mesure ou F-Fisher (6,47) >4, la probabilité de Fisher (0,000611) est statistiquement différente de zéro, R² indique que le modèle explique à 57,41% les variations de l'épargne des ménages. La valeur du DW (1,66) montre que les erreurs sont indépendantes. Le R² ajusté montre que les variables indépendantes expliquent à court terme seulement à 48,53% (en deçà de la moyenne) le comportement d'épargne des ménages.

Les signes attendus aussi bien à court qu'à long terme sont confirmés pour deux variables (revenu disponible et impôt sur les revenus). Ils sont infirmés pour les deux variables restantes (taux d'intérêt réel et taux d'inflation).

Notons que le coefficient à correction d'erreur est statistiquement significatif et présente le signe attendu. Cette force de rappel (-0,969) traduit l'effet d'ajustement de l'épargne à chaque période vers l'équilibre.

L'estimation du EMC montre que parmi les variables retenues dans le modèle, seul le coefficient du revenu disponible brut est statistiquement significatif. Son effet à court terme est identique à celui de long terme. Le coefficient du taux d'intérêt réel n'est plus statistiquement significatif. Son signe est contraire à celui attendu mais identique à celui de la relation de long terme. L'inflation et l'impôt sur les revenus ont le même comportement aussi bien à court qu'à long terme.

En l'absence de différence entre les signes obtenus et les signes attendus, l'analyse des effets des variations de chaque variable exogène du modèle sur la variable endogène pour le long terme est valable pour le court terme.

Le test de normalité (JB = 2,62 , Proba = 0,26) sur le résidu estimé du EMC (en annexe VIII) montre qu'il suit une loi normale.

Le test de causalité au sens de GRANGER sur les variables de l'étude donne les résultats suivants :

Tableau n° 8 : Test de causalité des variables au sens de GRANGER

Pairwise Granger Causality Tests

Date: 02/04/05 Time: 11:02

Sample: 1970 2000

Lags: 1

Null Hypothesis:

Obs

F-Statistic

Probability

Y does not Granger Cause S

30

2.94696

0.09749

S does not Granger Cause Y

3.69202

0.06529

TIR does not Granger Cause S

30

0.01223

0.91277

S does not Granger Cause TIR

5.88123

0.02227

IR does not Granger Cause S

30

0.00016

0.99005

S does not Granger Cause IR

0.22120

0.64190

INF does not Granger Cause S

30

0.02448

0.87684

S does not Granger Cause INF

1.48187

0.23401

TIR does not Granger Cause Y

30

0.00565

0.94066

Y does not Granger Cause TIR

8.36011

0.00749

IR does not Granger Cause Y

30

0.04541

0.83286

Y does not Granger Cause IR

0.07857

0.78138

INF does not Granger Cause Y

30

0.09663

0.75830

Y does not Granger Cause INF

2.03832

0.16484

IR does not Granger Cause TIR

30

0.81283

0.37526

TIR does not Granger Cause IR

0.13904

0.71214

INF does not Granger Cause TIR

30

1.62484

0.21328

TIR does not Granger Cause INF

3.34358

0.07854

INF does not Granger Cause IR

30

0.22881

0.63626

IR does not Granger Cause INF

0.02709

0.87050

Les résultats du test de causalité au sens de GRANGER pour un décalage d'une période, montrent que :

- Seules les variations de S sont susceptibles de causer les variations du TIR (FISHER > 4).

- Seules les variations de Y sont susceptibles de causer les variations du TIR (FISHER > 4).

En revanche, au sens de GRANGER, aucune variable explicative ne cause la variation de la variable expliquée.

Les différents résultats obtenus à la fois dans l'estimation de la relation de long terme et de celle de court terme ainsi que dans le test de causalité, peuvent être utilisés pour la formulation d'une politique de promotion de l'épargne des ménages au Cameroun.

2. RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE ÉCONOMIQUE

Une étude des variables explicatives de l'épargne des ménages au Cameroun doit normalement aboutir à la formulation de politiques susceptibles de provoquer une mobilisation optimale d'une des composantes essentielles de l'épargne intérieure qu'est l'épargne des ménages.

Une politique de l'épargne doit pouvoir s'insérer harmonieusement dans la politique économique globale du pays. Il faut au préalable fixer la cohérence entre les instruments et les objectifs. Une politique efficace de l'épargne ne doit pas alors faire abstraction des contraintes endogènes et exogènes existantes.

Parmi les actions à entreprendre, l'Etat peut à la fois agir sur les variables explicatives du modèle ou sur d'autres variables quantitatives et qualitatives non exprimées dans l'étude.

ü Promouvoir l'épargne par une politique rationnelle d'augmentation des revenus.

Le revenu disponible est la seule variable explicative significative qui agit positivement aussi bien à court qu'à long terme sur l'épargne. Si l'objectif à terme est d'accroître le taux d'épargne des ménages qui est encore très faible, une action sur les revenus serait efficace. Une politique des revenus peut se faire à travers :

- L'augmentation des salaires.

- La revalorisation des transferts et prestations sociales.

- L diminution des prélèvements (impôts, taxes.).

- La valorisation des prix des produits de base.

Par ailleurs, pour qu'une politique de revenus réalise des résultats escomptés, il faudrait maîtriser ses effets pervers. Parmi ceux-ci, on peut citer :

- Le risque d'augmentation de l'inflation.

- La dilution du différentiel reçu dans des consommations et dépenses improductives.

- La perte de compétitivité suite au renchérissement du coût de la main d'oeuvre.

- L'inéquité dans sa répartition. La frange minoritaire des revenus élevés peut être celle qui bénéficie le plus de l'effet d'augmentation.

ü Promouvoir l'épargne à travers une politique des taux d'intérêt réels modérés.

Dans la relation de court terme, le taux d'intérêt réel n'est pas une variable significative. A l'inverse des prévisions, il a un effet négatif sur l'épargne aussi bien à long qu'à court terme. Les ménages ne réagissent pas favorablement à une hausse de taux. L'effet de revenu (une hausse du taux de l'intérêt déprime l'épargne) a tendance à l'emporter sur l'effet de substitution (une hausse du taux de l'intérêt stimule l'épargne)

A priori, il est difficile de trancher en faveur d'un taux élevé ou d'un taux faible pour promouvoir l'épargne. Le fait d'agir en sens contraire (effet de substitution et effet de revenu) rend aléatoire la quantification de l'effet final.

Signalons également que l'inflation affecte le taux nominal et parfois le rend moins attrayant. Comme stratégie de long terme, il est plus raisonnable de pratiquer une politique de taux modérés et moyens.

En plus de promouvoir ou de constituer un frein pour l'épargne, les taux d'intérêts sont utilisés à d'autres fins :

- Les taux bas encouragent l'investissement, améliorent la compétitivité des produits à l'export et permettent l'accès au crédit au plus grand nombre.

- Les taux bas peuvent alimenter l'inflation. Le crédit par essence, participe de la création monétaire.

- Les taux bas peuvent favoriser la fuite des capitaux à la recherche de meilleurs placements. Le taux raisonnable économiquement est celui qui annule le différentiel d'intérêt à l'international. Avec la globalisation des économies et la tendance à l'unification des marchés de capitaux, on assiste à une plus grande mobilité de ces capitaux.

- Les taux bas peuvent même amener les banques à ne pas trop s'investir dans l'activité spatio-temporelle de collecte de l'épargne sur plusieurs segments du marché. Les conditions de collecte et les montants collectés ne garantissent pas toujours la rentabilité de l'opération.

ü Promouvoir l'épargne à travers la maîtrise de l'inflation.

Un autre paradoxe dégagé par les conclusions de notre étude est le comportement de l'inflation. Contrairement au signe attendu, elle agit positivement sur l'épargne des ménages. Quoi qu'elle ne soit pas une variable statistiquement significative aussi bien à long terme où à court terme, elle contribue néanmoins à expliquer le comportement d'épargne des ménages.

Sur le plan théorique, le signe pris par l'inflation a au moins deux explications. Les ménages peuvent alors réagir à une augmentation du taux d'inflation en:

- reconstituant leurs encaisses réelles. Cela a pour effet d'entraîner une hausse du taux de l'épargne;

- subissant une illusion monétaire sur les prix relatifs. Cela a pour effet d'accroître l'épargne.

L'effet total est presque indéterminé du fait du conflit entre l'effet de fuite devant la monnaie qui déprime l'épargne et l'effet de reconstitution des encaisses réelles qui accroît l'épargne, entre l'illusion monétaire sur le prix relatifs qui accroît l'épargne et l'illusion monétaire sur les revenus qui tend à abaisser le taux d'épargne.

Une politique de maîtrise de l'inflation doit avoir pour finalité d'agir d'une part, sur le rendement réel des actifs placés ou souscrits, et d'autre part, sur le pouvoir d'achat des ménages.

S'il faut aller dans le sens suggéré par les résultats de notre étude, cela signifierait qu'il faille relâcher les politiques anti-inflationnistes. Les conséquences d'une inflation incontrôlée sont plus désastreuses que positives :

- Elle peut se transformer en une inflation galopante ou même en hyper inflation.

- Elle pénalise la rentabilité des investissements et des placements.

- Elle favorise la fuite des capitaux vers l'étranger à l'objectif de garantir un pouvoir d'achat minimum et une valeur réelle maximale.

- Elle nuit à la compétitivité de l'économie.

En somme, même si l'inflation encourage l'épargne des ménages, elle doit être maintenue dans les limites qui prennent en compte le niveau d'inflation à l'extérieur (théorie de la parité des pouvoirs d'achat) et qui ne puissent pas constituer un poison lent pour l'économie.

ü Promouvoir l'épargne à travers une politique fiscale réaliste.

A long terme, comme à court terme, l'impôt sur les revenus n'a aucune influence significative sur l'épargne des ménages. Un relèvement de la pression fiscale affecte négativement l'épargne. Si l'Etat devrait prioriser l'épargne des ménages, il devrait au mieux des cas réduire sinon stabiliser l'impôt sur les revenus de la propriété et du travail.

Par ailleurs, une politique fiscale a des conséquences sur d'autres variables. Parmi ces conséquences, on peut citer :

- La réduction de la demande interne avec pour corollaire la réduction des investissements, de l'emploi et l'augmentation du chômage.

- La pratique d'un effort fiscal tolérable sur les revenus de capital pouvant avoir pour objectif d'attirer les investisseurs étrangers.

- Le niveau de financement des déficits publics.

Sur le plan théorique, l'effet total de la fiscalité sur l'épargne des ménages est aussi ambigu à long terme du fait de l'existence de deux effets contradictoires (l'effet de substitution négatif et l'effet de revenu positif).

ü Promouvoir l'épargne en adoptant une politique de rapprochement

entre le secteur financier formel et le secteur financier informel.

Le secteur informel, très dynamique, draine une part importante de l'épargne qui n'est pas statistiquement comptabilisée et mesurée. En dehors des passerelles existantes et pas encore bien développées, il faudrait procéder à un rapprochement entre le secteur financier formel et secteur financier informel. Si l'unification du marché de l'épargne constitue encore un idéal, il n'est pas impossible de penser une véritable politique d'intéressement de l'épargne informelle en prenant appui sur les motivations des participants aux tontines, aux groupes de solidarité etc. L'objectif à terme est d'attirer vers le secteur formel une partie de l'épargne informelle.

Au final et en dehors du revenu qui a un effet certain lorsque la politique des revenus intègre les contraintes d'ensemble, les autres variables ont non seulement des effets ambigus sur l'épargne mais également, elles sont pour la plupart non significatives. Une politique prudente va ignorer l'utilisation de ces instruments (taux d'intérêt, inflation, impôts sur les revenus). Une politique courageuse et active va les utiliser en cherchant à éliminer les effets pervers et à maximiser ou minimiser l'effet attendu.

A long terme, les variables retenues prises ensemble expliquent à 88,08% (R²) et à 86,24% (R² ajusté) l'épargne des ménages.

A court terme ces coefficients sont seulement de 57,41% (R²) et 48,53% (R² ajusté). Ce résultat montre, qu'à court terme il y a une part importante de l'épargne des ménages qui n'est pas expliquée par les variables retenues. D'où l'urgence d'explorer d'autres déterminants à la fois qualitatifs et quantitatifs. L'épargne informelle et les placements à l'étranger peuvent être des déterminants potentiellement significatifs. Il ne reste qu'à relever le défi de leur évaluation surtout quand on sait par exemple que pour les placements à l'étranger, il n'est pas toujours facile de les quantifier. L'évasion des capitaux fait appel à plusieurs canaux (fuites sous forme d'exportation des billets, recettes en provenance d'exportations illégales non enregistrées dans les statistiques du commerce extérieur, acquisition des devises étrangères par la falsification des documents commerciaux, surfacturation des importations, non rapatriement des devises par les résidents à l'étranger...)

Tableau n° 9 : Récapitulatif des résultats des tests et estimations.

Relation de court terme

Relation de long terme

S

Y

TIR

INF

IR

t-1

S

Y

TIR

INF

IR

t

Variable dépendante

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Variable indépendante

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Résidu

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Ordre d'intégration

I(1)

I(1)

I(1)

I(0)

I(1)

 

(1)

I(1)

(1)

I(0)

I(1)

I(0)

Signe attendu du coefficient

 

(+)

(+)

(-)

(-)

 
 

(+)

(+)

(-)

(-)

 

Signe obtenu du coefficient

 

(+)

(-)

(+)

(-)

 
 

(+)

(-)

(+)

(-)

 

Coefficient obtenu

 

1,204

-0,0002

0,0029

0 -0, 0001

-0,969

 

1,408

- 0,0077

0,024

-0,0003

 

t - sudent

 

3,15

0,09

1,83

0,06

4,69

 

9,1

2,26

0,9

0,25

 

Significativité

 

OUI

NON

NON

NON

OUI

 

OUI

OUI

NON

NON

 

Ecart type

 

0,38

0,0031

0,0016

0,0017

0,206

 

0,1545

0,0034

0,0026

0,0012

 

0,5741

 

0,8808

 

R² ajusté

0,4853

 

0,8624

 

DW

1,66

 

1,95

 

F de Fisher

6,47

 

48,03

 

Prob (F.de Fisher)

0,00611

 

0,000 000

 

JARQUE - BERA

 

2,62

 

2,20

ARCH

 

Absence d'hétéroscédasticité

CUSUM

Stabilité des coefficients

CUSUM SQ

Instabilité des coefficients affectés par les changements structurels

Test de causalité

S cause TIR et Y cause TIR. (Pas de variable exogène qui cause la variable endogène)

Modèle de base

St = âo + â1 Yt + â2 TIRt + â3 INFt + â4 IRt + åt

Modèle de la relation de long terme

St = - 3,684808 + 1,408784 Yt - 0,007761 TIRt + 0,0024808 INFt - 0,000316 IRt

Modèle à correction d'érreur

D(St) = - 0,002105 + 1,204437 D(Yt) - 0,000231 D(TIRt) + 0,002954 D(INFt ) - 0,000124 D(IRt )- 0,969021


En guise de conclusion partielle, nous retenons que le revenu disponible des ménages (à court et à long terme) et le taux d'intérêt réel (à court terme) sont les principales variables explicatives de la fonction d'épargne des ménages au Cameroun. La conclusion générale va permettre de faire l'économie de la démarche théorique et empirique qui a conduit à ces résultats.

CONCLUSION GENERALE

Parvenu au terme de l'étude des déterminants de l'épargne des ménages au Cameroun, nous pouvons actuellement dégager ses caractéristiques essentielles.

Parti du constat selon lequel l'épargne des ménages a été dans un premier temps négligé au profit de l'épargne extérieure (1960-1980), il faut attendre les années de crise pour assister au retournement de la tendance. Il fallait des alternatives moins inflationnistes et moins contraignantes.

L'épargne publique et l'épargne privée vont se présenter comme des solutions de substitution. La récurrence des déficits publics et les besoins croissants de financement des entreprises vont définitivement mettre sur la sellette l'épargne des ménages.

Cette prise de conscience ne s'est pas véritablement accompagnée d'une politique cohérente de promotion de cette catégorie d'épargne. Les taux d'épargne (épargne rapporté au revenu disponible brut) ne sont pas extraordinaires. Le dualisme financier reste une réalité incompressible.

Face à l'impératif de financement du développement, il s'avérait nécessaire de contribuer à la connaissance des variables explicatives de l'épargne des ménages aux fins d'assurer une meilleure mobilisation.

Dans la partie conceptuelle, nous avons survolé les différentes approches théoriques des déterminants de l'épargne sous les aspects économiques et extra économiques.

L'analyse économique s'est articulé autour des certaines idées forces :

- Le revenu absolu. Pour KEYNES, la consommation et partant, l'épargne est fonction du revenu réel. Il met en évidence la loi psychologique fondamentale qui montre qu'une hausse (resp. baisse) du revenu entraîne un accroissement (resp. baisse) plus marquée de l'épargne.

- La théorie du revenu relatif va développer l'idée d'interdépendance des consommations fondée sur l'effet de démonstration ou d'imitation ainsi que le phénomène d'égalisation inter temporelle des utilités.

- L'effet de mémoire de BROWN agit de façon continue à travers la consommation de la période antérieure.

- La théorie du revenu permanent va étudier un mode de répartition inter temporelle de la consommation. La consommation est fonction du revenu permanent considéré comme revenu moyen, obtenu à tout âge et jugé permanent par la famille.

- La théorie du cycle de vie stipule qu'une répartition par âge ressortant plus d'actifs que de jeunes et retraités a un effet positif sur l'épargne. Selon cette théorie, les ménages lorsqu'ils sont jeunes s'endettent pour financer leurs études, épargnent pendant la période active et désépargnent à la retraite.

- La controverse entre les classiques et les keynésiens autour du rôle de l'épargne et du taux d'intérêt recommandable.

- L'influence de l'inflation et de la fiscalité sur le pouvoir d'achat et la rémunération de l'épargne.

- Le rôle joué par le crédit pris comme variable explicative de l'épargne.

L'analyse extra économique s'est appesantie sur l'étude des variables de nature qualitative qui tiennent plus des attitudes, comportements, valeurs et motivations. La décision d'épargne des ménages peut alors être influencée par des références culturelles (traditions, usages, croyances...), sociales (niveau d'éducation, lieu de résidence, profession...), psychologiques (confiance, proximité, discrétion, notoriété, liquidité...), politiques (libéralisation financière, sécurité sociale et stabilité politique) et démographiques (âge, taille de la famille, sexe...) qui peuvent à la fois les rapprocher ou les éloigner du système financier formel.

Dans la partie opératoire de l'étude, nous avons commencé par présenter les variables et leurs évolutions pendant la période de l'étude. Cette évolution est naturellement marquée par les phénomènes économiques (crises, dévaluation, environnement économique international...).

Des tests effectués sur les variables du modèle, il en ressort des résultats suivants :

- Quatre variables (épargne, revenu disponible, impôt sur les revenus, taux d'intérêt réels) sont stationnaires en différence première et une seule (l'inflation) est stationnaire en niveau.

- Il existe une relation de co-intégration.

- À long terme :

ü Les variables indépendantes expliquent à 88 et à 86% le comportement de l'épargne des ménages au Cameroun ( R² et R² ajusté).

ü Les erreurs ne sont pas corrélées (test de DW).

ü Le revenu disponible brut et le taux d'intérêt réel influencent significativement l'épargne des ménages (statistique de t-student).

ü Le modèle estimé est globalement significatif et les variables indépendantes véritables ont globalement une influence sur l'épargne des ménages (statistique F de Fisher).

ü Il y a absence d'hétéroscedasticité (test de ARCH).

ü Les coefficients sont stables pendant la période de l'étude (test de CUSUM). La courbe ne sort pas du corridor.

ü Il y a eu des changements structurels pendant la période de l'étude (test de CUSUM SQ).

- À court terme :

ü Les variables exogènes n'expliquent plus qu'à 57 et 48% l'évolution de l'épargne des ménages ( R² et R² ajusté).

ü Les erreurs ne sont pas corrélées (test de DW).

ü Le modèle estimé est globalement significatif et les variables exogènes ont globalement une influence sur l'épargne des ménages (statistique F de Fisher).

ü Seul le revenu disponible brut influence significativement l'épargne.

- Le test de causalité révèle qu'il existe deux relations de causalité entre l'épargne et le taux d'intérêt réel et entre le revenu disponible et le taux d'intérêt réel. Les variations des premières sont susceptibles de causer les variations des secondes. Il en ressort qu'aucune variable explicative retenue n'est susceptible de causer à elle seule la variation de l'épargne.

C'est à la suite de ces résultats que nous nous sommes risqués à l'exercice des recommandations qui reposent sur cinq axes :

- Une politique rationnelle d'accroissement des revenus. Elle passe par la maîtrise des effets pervers liés à cette augmentation (risque d'inflation, consommation et dépenses ostentatoires et improductives...).

- Une politique de taux d'intérêt réels modérés qui concilie avec les exigences de la rentabilisation de l'activité de collecte de l'épargne, de maîtrise de l'inflation, de prévention contre la fuite des capitaux et de politique d'investissement.

- Une politique de maîtrise de l'inflation. Même si l'inflation encourage l'épargne des ménages, elle doit être maintenue dans les proportions qui ne pénalisent la rentabilité des investissements et des placements, ne favorise la fuite des capitaux et ne nuise à la compétitivité de l'économie.

- Une politique fiscale réaliste. Un abaissement de l'impôt sur les revenus aura des conséquences positives sur l'épargne des ménages. Ce manque à gagner pour l'Etat peut-être compensé par l'accroissement compensatoire d'un autre type d'impôt.

- Une politique de rapprochement entre le secteur financier formel et le secteur financier informel. Elle permettra, à défaut d'une intégration des marchés, de canaliser une part significative de l'épargne informelle vers le secteur productif.

Limité par le temps et les moyens, nous ne pouvons pas prétendre avoir épuisé notre champ d'investigation en matière des déterminants de l'épargne des ménages au Cameroun. Nous n'avons pas également la prétention de présenter les conclusions de nos analyses comme des certitudes et des vérités implacables.

Les difficultés d'obtention des séries plus grandes (pour atténuer le risque de multi colinéarité) ou complètes (nous avons été obligés de générer les données pour compléter certaines années), l'abandon de variables et de modèles pertinents du fait de l'indisponibilité des statistiques (Les crédits octroyés aux ménages sont théoriquement présumés significatifs. L'absence de données sur cette variable n'a pas permis une vérification empirique), l'inexpérience du chercheur que nous sommes sont autant de facteurs qui peuvent avoir affectés la qualité du travail dans son ensemble.

Les résultats de nos travaux, pour discutables qu'elles peuvent quelque fois être, sont néanmoins des indicateurs de référence pour une future politique nationale de mobilisation et de promotion de l'épargne des ménages.

Cette étude devrait être complétée par l'analyse des variables qualitatives à travers une enquête à grande échelle et en coupe instantanée sur les déterminants de l'épargne des ménages camerounais.

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ANNEXES

I : ORGANES ET PRODUITS DE MOBILISATION DE L'ÉPARGNE DES MÉNAGES

Nature

Structure de collecte

Rôle

Produits d'épargne

Epargne financière formelle

Les

Banques

(11)

- Collecte de l'épargne.

- Octroi des crédits et financement des projets d'investissement.

- Mise à disposition des moyens de paiements.

- Gestion des risques.

- Compte sur livret.

- Compte à terme.

- Bon de Caisse.

- Compte et plan épargne logement.

- Bon du Trésor...

Les Assurances

(8)

- En plus de gérer les dommages, elles mobilisent une épargne volontaire à caractère de prévoyance.

- Epargne retraite complémentaire.

- Rente éducation.

- Assurance-vie.

La Poste

- Promouvoir l'épargne nationale auprès des ménages urbains et ruraux, recevoir et faire fructifier les fonds.

- Compte sur livret.

La Bourse de Valeurs

- Circuit de financement de l'économie nationale

- Moyen d'organiser la liquidité de l'épargne

investie à long terme;

- Instrument de mesure de la valeur des actifs à travers les courts boursiers;

- Outil qui concourre à la mutation des structures industrielles et commerciales;

- Lieu de négociation du risque.

- Marché de capitaux de longue durée (du point de vue de l'emprunteur).

- Actions (à dividende prioritaire, à bons de souscription d'actions, certificat d'investissement).

- Obligations (à bons de souscription d'obligations, indexées, à taux variable ou révisable, prorogeables ou échangeables, à libération échelonnée).

- Valeurs mixtes (Obligations remboursable en actions, Obligations à bon de souscription d'actions, Obligations convertibles en actions).

- Fonds d'investissement (SICAV, FCP, FCC).

Epargne financière semi formelle et informelle

Les Etablissements de Microfinance

(374 agrées par la COBAC)

- la 1ère catégorie collecte l'épargne des membres pour faire des opérations de crédit exclusivement au profit de ces derniers.

- la 2ème catégorie collecte l'épargne et accorde des crédits aux tiers.

- la 3ème catégorie accorde les crédits aux tiers sans exercer l'activité de collecte de l'épargne.

- offrir à leurs adhérents, des services. financiers complémentaires de l'épargne.

- Epargne quotidienne

- Produits bancaires et d'assurance

Les

Tontines

- Promouvoir toute action de solidarité, constituer périodiquement un marché financier informel et fermé permettant à ses membres de

- Tontine de solidarité (Epargne mutuelle, rotative simple, rentrée scolaire, travail, assistance, fête, développement)

placer leur épargne pour les uns et d'accéder au crédit pour les autres.

- Tontine économique (Epargne rotative à prix fixe, à enchères, épargne projet)

Institutions financières à l'étranger

- Attirer l'épargne des Pays qui n'offrent pas de meilleurs taux de rendement, de meilleurs conditions de sécurité et de discrétion, qui n'ont pas une fiscalité incitative ou qui sont exposés à une forte inflation.

- Placements à court, moyen et long terme.

- Placements en produits bancaires, boursiers ou d'assurance.

Habitations, Bureaux...

Support de la Thésaurisation

Epargne conservée sous forme monétaire à portée de la main (encaisse oisive, encaisse circulante).

Epargne non financière

/

Accumulation de biens physiques en vue de

- Elevage / Agriculture (Poules, chèvres, ovins, caprins,bovins, récolte mise au grenier).

sa commercialisation ou d'une consommation

- Terrains / logements

future.

- Valeurs refuges (Pierres précieuses, métaux précieux).

 

- Objets d'art / Objets conservés comme patrimoine familial (Tableaux, objets sculptés, masques).

II - EVOLUTION DES AGRÉGATS ET RATIOS D'ENDETTEMENT AU CAMEROUN de 1992 à 2001

(En millions de Francs CFA)

 

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

Encours

Dette totale

2 671 094

2 998 332

5 263 896

5 763 757

5 801 214

5 751 728

5 660 822

5 998 154

5 461 395

5 501 725

Service effectif dette totale

57 860

71 757

164 220

156 658

258 020

275 945

389 373

296 499

347 674

289 560

(Encours

Dette totale) / PIB

77 %

86 %

140 %

129 %

121 %

106 %

99 %

97 %

86 %

81 %

(Service effectif dette totale) / PIB

2 %

3 %

5 %

4 %

7 %

7 %

8 %

6 %

6 %

5 %

Sources : Annuaire statistique du Cameroun, 2002 (Agrégats). Nos calculs (Ratios)

III - LES SÉRIES UTILISÉES

Années

S

TIR

IR

INF

Y

Taux d'épargne (TE) = S/Y

1970

4,74964952

-7,94224307

15,7124585

5,85805225

5,91597546

6,82

1971

4,81669926

-6,99505527

15,826202

4,01410675

5,97089309

7,01

1972

4,87476841

-6,04786748

15,4523373

8,09284592

6,01963934

7,16

1973

4,92598097

-5,10067969

17,217535

10,3847771

6,06346216

7,29

1974

4,97178649

-4,15349189

16,0682443

17,2329502

6,10326551

7,39

1975

5,01321846

-3,2063041

14,938447

13,5533113

6,13972516

7,47

1976

5,05103976

-2,25911631

17,1605988

9,93065548

6,17335962

7,55

1977

5,08582956

-1,31192851

14,3548269

14,6982994

6,20457541

7,61

1978

5,11803798

-0,36474072

14,3613091

12,4630556

6,23369717

7,66

1979

5,14802178

-2,30634069

15,5779352

6,58061028

6,26098828

7,71

1980

5,17606851

-1,09053922

21,6831436

9,55175209

6,28666534

7,75

1981

5,20241333

3,86010909

28,1649399

10,7275267

6,31090866

7,79

1982

5,22725103

0,46056506

39,0149231

13,2570143

6,3338699

7,82

1983

5,25074476

1,54032862

59,2526855

16,6312199

6,3556779

7,85

1984

5,36331107

0,83469015

47,7980309

11,3733158

6,38130465

9,59

1985

5,43788685

2,9795506

57,1559258

8,50838661

6,45759338

9,56

1986

5,48822346

13,2969322

38,8464012

7,77002668

6,4567945

10,75

1987

5,29003461

15,7695618

31,2864132

13,1405029

6,44901532

6,93

1988

5,10747115

12,5423479

43,5125923

1,68232882

6,41559395

4,92

1989

5,03112261

17,1307049

45,2355614

-1,66553414

6,33024986

5,02

1990

5,09024394

16,584404

17,5297031

1,09939432

6,47159532

4,16

1991

5,21708083

14,0748291

16,1632233

0,06003935

6,36534607

7,11

1992

5,28025389

19,2950287

18,249279

-0,01605898

6,41029173

7,41

1993

5,13233014

15,1373949

19,8933372

-3,20655012

6,42060307

5,15

1994

5,44165115

5,81345701

23,861927

35,0944672

6,48232594

9,11

1995

5,53180707

-0,87932289

16,9884815

9,07546997

6,54806348

9,63

1996

5,56916315

15,7487907

15,4523373

3,92090011

6,57426514

9,88

1997

5,4991769

18,8217049

17,217535

4,78277206

6,59241594

8,07

1998

5,30967061

20,6214828

18,9827328

3,17711616

6,61744762

4,92

1999

5,55488027

23,4581337

20,7479305

1,83220768

6,59241594

9,17

2000

5,65590546

17,9204025

21,2541021

1,24482882

6,67739377

9,52

Sources : World development indicators CD ROM 2002 Banque Mondiale (TIR, IR, INF) ;

Institut National de la Statistique (S, Y) et calculs de l'auteur (TE, Es/y, Es/tir)

N. B. Les valeurs S et Y représentent respectivement le logarithme de l'épargne et du revenu

IV - TEST DE NORMALITÉ SUR LE RÉSIDU ESTIMÉ

V - TEST DE ARCH

ARCH Test:

F-statistic

0.006386

Probability

0.936877

Obs*R-squared

0.006840

Probability

0.934086

 
 
 
 
 

Test Equation:

Dependent Variable: RESID^2

Method: Least Squares

Date: 02/04/05 Time: 10:12

Sample(adjusted): 1971 2000

Included observations: 30 after adjusting endpoints

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.

C

0.006564

0.002367

2.773181

0.0098

RESID^2(-1)

-0.015036

0.188155

-0.079910

0.9369

R-squared

0.000228

Mean dependent var

0.006470

Adjusted R-squared

-0.035478

S.D. dependent var

0.011026

S.E. of regression

0.011220

Akaike info criterion

-6.077829

Sum squared resid

0.003525

Schwarz criterion

-5.984416

Log likelihood

93.16744

F-statistic

0.006386

Durbin-Watson stat

1.997345

Prob(F-statistic)

0.936877

VI - TEST DE CUSUM

VII - TEST DE CUSUM SQ

VIII - TEST DE NORMALITÉ SUR LE RÉSIDU ESTIMÉ DU MODÈLE A CORRECTION D'ERREUR

TABLE DES MATIERES

Dédicace.....................................................................................................i

Remerciements.............................................................................................ii

Avant propos...............................................................................................iii

Sommaire...................................................................................................iv

Liste des abréviations, ...................................................................................v

Liste des figures, des graphiques et des tableaux ..............................................vi

Résumé / Abstract .......................................................................................vii

Introduction générale ...................................................................................... 1

Première partie : L'analyse économique du comportement d'épargne des ménages........... 8

CHAPITRE I : L'influence du revenu et du patrimoine............................................. 10

I- L'approche keynésienne.................................................................. 11

1- La théorie du revenu absolu............................................. 11

2- La théorie du revenu relatif et de l'effet de mémoire................ 14

II- L'approche néoclassique.................................................................. 19

1- La théorie du revenu permanent...................................... 19

2- La théorie du cycle de vie ............................................. 24

CHAPITRE 2 : L'influence des instruments de politique économique........................... 30

I- Les variables monétaires................................................................. 31

1- Le taux de l'intérêt ......................................................... 31

2- L'inflation ............................................................... 35

II- Les variables budgétaires................................................................. 37

1- La fiscalité .............................................................. 38

2- Le crédit................................................................. 41

Deuxième partie : L'analyse extra économique et empirique du comportement

d'épargne des ménages.................................. 45

CHAPITRE 3 - L'influence des facteurs psychosociologiques et politiques .................. 47

I- Les variables psychologiques......................................................... 48

1- La confiance.......................................................... 48

2- La diversification de l'offre en produits d'épargne...............53

II- Les variables sociopolitiques............................................................57

1- La libéralisation du paysage financier..............................58

2- Le dualisme financier.................................................61

.CHAPITRE 4 - L'analyse empirique de la fonction d'épargne des ménages......................67

I- Présentation des variables, des tests et estimations................................. ...68

1- Présentation et évolution des variables...............................68

2- Tests et estimations.......................................................73

II- Résultats, interprétations et recommandations........................................79

1- Résultats et interprétations............................................80

2- Recommandations de politique économique.........................87

Conclusion générale..........................................................................................92

Références bibliographiques..............................................................96

Annexes .......................................................................................101

Table des matières ..................................................................................104

* 1 WATCHTEL P. Quelques observations sur l'épargne des ménages dans les PVD in Epargne et développement sous la dir de KESSLER D, ULLMO P. Paris 

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* 2 GILLIS Malcolm et al. Economie du développement, 4ème éd., Paris : Deboeck, 1998, p391.

* 3 ADAMS D.W. L'épargne financière rurale a-t-elle un rôle à jouer dans le développement ? in Epargne et développement, op cit. p 11

* 4 POULON François, Economie générale, Paris : Dunod, 1998, 4ème éd. p.349

* 5 BERNIER Bernard, SIMON Yves, Initiation à la macroéconomie, 8ème éd, Paris : Dunod, 2001, p.25

* 6 LAGRAVE R., PAYET J.B, L'économie des ménages, Paris : Ed.Didier privat , 1966, p11

* 7 KEYNES, John Maynard, Théorie générale de l'emploi de l'intérêt et de la monnaie, Trad. Française, Paris : La petite bibliothèque PAYOT, 1971 p169

* 8 ADAM Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776

* 9 RICARDO David, Principe de l'économie politique et de l'impôt, 1817

* 10 STUART MILL John, Principe de l'économie politique, 1848

* 11 ADAMS D. W. Op. Cit, p.10

* 12 P. WACHTEL op. cit .18

* 13 JP.V BENOIT, Taux d'intérêt administrés et taux d'intérêts du marché in épargne et développement sous la dir de KESSLER D., ULLMO, P, Paris :Economica, 1985, P265

* 14 LEFF N., Dependency rate and saving rate in American Economic Review, 59, Dec 1969 pp 886-896.

* 15 IQBAL F., The demand for fund by agricultural household. Evidence form rural India. The journal of development studies; 19 86

* 16 KEYNES John Maynard, op cit . pp 178-179.

* 17 KUZNETS Simon, National product since 1869, New york : National bureau of economic research, 1946.

* 18 GOLDSMITH, A study of saving in the United States, Prince Town : Prince Town UP, 1956, 3vol

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* 30 KREINEN, LANDSBERGER. Windfall income and consumption : additional evidence in American economic review, june 1961 et Restitution receipts, household saving and consumption behaviour Jerusalem: Bank of Israël, 1970.

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* 35Les anticipations rationnelles sont le fait qu'un individu qui a besoin de formuler une anticipation précise à propos d'une variable économique dans le but de parvenir à une position optimale le fera avec toutes les informations pertinentes disponibles au moment où il formule son anticipation

* 36 HALL Robert, Stochastic implications of the life cycle - permanent income hypothesis. Theory and evidence. Journal of political economy vol 86 n° 61, 1978.

* 37 Ces auteurs ont réalisés successivement trois études en 1954, 1957, 1963.

1- MODIGLIANI F, BRUMBERG R. Utility analysis and the consumption function : An interpretation of cross section data in K.K. Kurihara ed. Post Keynesian Economics. New Brunswick, 1954. pp. 390.

2- Ando A, MODIGLIANI. F Test of the life cycle hypothesis of saving Bull Oxford University Inst stat n°19 Mai 1957.

3- Ando A, MODIGLIANI. F Te life cycle hypothesis of saving, aggregates implications ants tests American economic review, march 1963, pp35-62

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* 83 EMONET-FOURNIER Caroline. "Les facteurs communs de la liquidité : une étude empirique sur le marché parisien des actions. Paris : CERG. Université Paris 14

* 84 KEYNES John Maynard op. cit. p.172

* 85 GUISO Luigi et al op cit p..

* 86 ADAMA Traoré : l'épargne en milieu urbain in l'épargne et sa collecte en Afrique op-cit. p. 31.

* 87 PESTIEAU Pierre : L'économie souterraine. Paris : Hachette, 1989, p2 6

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* 93BEKOLO EBE Bruno et al intermédiation financière et financement du développement en Afrique. Yaoundé: PUY, 2002. pp 21-23.

* 94 ENGEL J. F. BLACKWELL R.D. MINIARD P.W. Consumer behaviour 7th ed. Fort Worth TX USA, the Dryden Press, 1993.

* 95 L'activité de la microfinance a été organisée par le Règlement n°02/CEMAC/UMAC/COBAC relatif aux conditions d'exercice et de contrôle de l`activité de microfinance dans la CEMAC du 13 Avril 2002.

* 96 Distinction faite par EBE EVINA expert financier. Coordinateur PPMF, lors des Journées Banque Finance Entreprise tenues le 13 et 14 avril 2004 à l'Hôtel SAWA organisées par l'AE-GESFIBA dans rapport final p.15

* 97 WATCHTEL P. Quelques observations sur l'épargne des manages dans les PVD in épargne et développement op cit. p 17-26

* 98 LONG M. Review of financial sector work industry department, World Bank, 1983.

* 99 GIOVANNINI. Saving and the real interest rate in LDC, Graduate School of business, Columbia University, 1983.

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* 101 BOMBA Justin. "Déterminants de l'épargne et du crédit, et leurs implications pour le développement du système financier rural. Ed. Peter Lang, 1938. pp 8-11

* 102 MCKINNON R. SHAW, E (1973) op cit

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* 109 NZEMEN Moïse : op-cit p.109.

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