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Les déterminants de l'épargne des ménages au Cameroun

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par Pierre Alain YOUMBI
Université de Douala - DESS en Gestion Financière et Bancaire 2003
  

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CONCLUSION GENERALE

Parvenu au terme de l'étude des déterminants de l'épargne des ménages au Cameroun, nous pouvons actuellement dégager ses caractéristiques essentielles.

Parti du constat selon lequel l'épargne des ménages a été dans un premier temps négligé au profit de l'épargne extérieure (1960-1980), il faut attendre les années de crise pour assister au retournement de la tendance. Il fallait des alternatives moins inflationnistes et moins contraignantes.

L'épargne publique et l'épargne privée vont se présenter comme des solutions de substitution. La récurrence des déficits publics et les besoins croissants de financement des entreprises vont définitivement mettre sur la sellette l'épargne des ménages.

Cette prise de conscience ne s'est pas véritablement accompagnée d'une politique cohérente de promotion de cette catégorie d'épargne. Les taux d'épargne (épargne rapporté au revenu disponible brut) ne sont pas extraordinaires. Le dualisme financier reste une réalité incompressible.

Face à l'impératif de financement du développement, il s'avérait nécessaire de contribuer à la connaissance des variables explicatives de l'épargne des ménages aux fins d'assurer une meilleure mobilisation.

Dans la partie conceptuelle, nous avons survolé les différentes approches théoriques des déterminants de l'épargne sous les aspects économiques et extra économiques.

L'analyse économique s'est articulé autour des certaines idées forces :

- Le revenu absolu. Pour KEYNES, la consommation et partant, l'épargne est fonction du revenu réel. Il met en évidence la loi psychologique fondamentale qui montre qu'une hausse (resp. baisse) du revenu entraîne un accroissement (resp. baisse) plus marquée de l'épargne.

- La théorie du revenu relatif va développer l'idée d'interdépendance des consommations fondée sur l'effet de démonstration ou d'imitation ainsi que le phénomène d'égalisation inter temporelle des utilités.

- L'effet de mémoire de BROWN agit de façon continue à travers la consommation de la période antérieure.

- La théorie du revenu permanent va étudier un mode de répartition inter temporelle de la consommation. La consommation est fonction du revenu permanent considéré comme revenu moyen, obtenu à tout âge et jugé permanent par la famille.

- La théorie du cycle de vie stipule qu'une répartition par âge ressortant plus d'actifs que de jeunes et retraités a un effet positif sur l'épargne. Selon cette théorie, les ménages lorsqu'ils sont jeunes s'endettent pour financer leurs études, épargnent pendant la période active et désépargnent à la retraite.

- La controverse entre les classiques et les keynésiens autour du rôle de l'épargne et du taux d'intérêt recommandable.

- L'influence de l'inflation et de la fiscalité sur le pouvoir d'achat et la rémunération de l'épargne.

- Le rôle joué par le crédit pris comme variable explicative de l'épargne.

L'analyse extra économique s'est appesantie sur l'étude des variables de nature qualitative qui tiennent plus des attitudes, comportements, valeurs et motivations. La décision d'épargne des ménages peut alors être influencée par des références culturelles (traditions, usages, croyances...), sociales (niveau d'éducation, lieu de résidence, profession...), psychologiques (confiance, proximité, discrétion, notoriété, liquidité...), politiques (libéralisation financière, sécurité sociale et stabilité politique) et démographiques (âge, taille de la famille, sexe...) qui peuvent à la fois les rapprocher ou les éloigner du système financier formel.

Dans la partie opératoire de l'étude, nous avons commencé par présenter les variables et leurs évolutions pendant la période de l'étude. Cette évolution est naturellement marquée par les phénomènes économiques (crises, dévaluation, environnement économique international...).

Des tests effectués sur les variables du modèle, il en ressort des résultats suivants :

- Quatre variables (épargne, revenu disponible, impôt sur les revenus, taux d'intérêt réels) sont stationnaires en différence première et une seule (l'inflation) est stationnaire en niveau.

- Il existe une relation de co-intégration.

- À long terme :

ü Les variables indépendantes expliquent à 88 et à 86% le comportement de l'épargne des ménages au Cameroun ( R² et R² ajusté).

ü Les erreurs ne sont pas corrélées (test de DW).

ü Le revenu disponible brut et le taux d'intérêt réel influencent significativement l'épargne des ménages (statistique de t-student).

ü Le modèle estimé est globalement significatif et les variables indépendantes véritables ont globalement une influence sur l'épargne des ménages (statistique F de Fisher).

ü Il y a absence d'hétéroscedasticité (test de ARCH).

ü Les coefficients sont stables pendant la période de l'étude (test de CUSUM). La courbe ne sort pas du corridor.

ü Il y a eu des changements structurels pendant la période de l'étude (test de CUSUM SQ).

- À court terme :

ü Les variables exogènes n'expliquent plus qu'à 57 et 48% l'évolution de l'épargne des ménages ( R² et R² ajusté).

ü Les erreurs ne sont pas corrélées (test de DW).

ü Le modèle estimé est globalement significatif et les variables exogènes ont globalement une influence sur l'épargne des ménages (statistique F de Fisher).

ü Seul le revenu disponible brut influence significativement l'épargne.

- Le test de causalité révèle qu'il existe deux relations de causalité entre l'épargne et le taux d'intérêt réel et entre le revenu disponible et le taux d'intérêt réel. Les variations des premières sont susceptibles de causer les variations des secondes. Il en ressort qu'aucune variable explicative retenue n'est susceptible de causer à elle seule la variation de l'épargne.

C'est à la suite de ces résultats que nous nous sommes risqués à l'exercice des recommandations qui reposent sur cinq axes :

- Une politique rationnelle d'accroissement des revenus. Elle passe par la maîtrise des effets pervers liés à cette augmentation (risque d'inflation, consommation et dépenses ostentatoires et improductives...).

- Une politique de taux d'intérêt réels modérés qui concilie avec les exigences de la rentabilisation de l'activité de collecte de l'épargne, de maîtrise de l'inflation, de prévention contre la fuite des capitaux et de politique d'investissement.

- Une politique de maîtrise de l'inflation. Même si l'inflation encourage l'épargne des ménages, elle doit être maintenue dans les proportions qui ne pénalisent la rentabilité des investissements et des placements, ne favorise la fuite des capitaux et ne nuise à la compétitivité de l'économie.

- Une politique fiscale réaliste. Un abaissement de l'impôt sur les revenus aura des conséquences positives sur l'épargne des ménages. Ce manque à gagner pour l'Etat peut-être compensé par l'accroissement compensatoire d'un autre type d'impôt.

- Une politique de rapprochement entre le secteur financier formel et le secteur financier informel. Elle permettra, à défaut d'une intégration des marchés, de canaliser une part significative de l'épargne informelle vers le secteur productif.

Limité par le temps et les moyens, nous ne pouvons pas prétendre avoir épuisé notre champ d'investigation en matière des déterminants de l'épargne des ménages au Cameroun. Nous n'avons pas également la prétention de présenter les conclusions de nos analyses comme des certitudes et des vérités implacables.

Les difficultés d'obtention des séries plus grandes (pour atténuer le risque de multi colinéarité) ou complètes (nous avons été obligés de générer les données pour compléter certaines années), l'abandon de variables et de modèles pertinents du fait de l'indisponibilité des statistiques (Les crédits octroyés aux ménages sont théoriquement présumés significatifs. L'absence de données sur cette variable n'a pas permis une vérification empirique), l'inexpérience du chercheur que nous sommes sont autant de facteurs qui peuvent avoir affectés la qualité du travail dans son ensemble.

Les résultats de nos travaux, pour discutables qu'elles peuvent quelque fois être, sont néanmoins des indicateurs de référence pour une future politique nationale de mobilisation et de promotion de l'épargne des ménages.

Cette étude devrait être complétée par l'analyse des variables qualitatives à travers une enquête à grande échelle et en coupe instantanée sur les déterminants de l'épargne des ménages camerounais.

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