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Les déterminants de l'épargne des ménages au Cameroun

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par Pierre Alain YOUMBI
Université de Douala - DESS en Gestion Financière et Bancaire 2003
  

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DEUXIÈME PARTIE :

L'ANALYSE EXTRA ÉCONOMIQUE ET EMPIRIQUE

DU COMPORTEMENT D'EPARGNE DES MÉNAGES

Nous allons compléter l'analyse économique avec l'analyse extra économique et empirique des déterminants de l'épargne des ménages. Elle concerne les variables qualitatives liées à la démographie, aux facteurs environnementaux, aux habitudes culturelles et dispositions psychosociologiques du ménage. Il s'agit pour la plupart des variables subjectives qui peuvent soit nuire, soit inciter à l'épargne.

MOTTURA76(*)(1977) dans cette perspective a recensé des facteurs de nature qualitative qui peuvent nuire à la mobilisation de l'épargne en Afrique :

- La survivance des pratiques et croyances religieuses, des lois et des coutumes traditionnelles, du système de famille élargie.

- L'absence d'initiation aux mécanismes économiques et financiers.

- Le manque de confiance et d'intérêt dans les institutions financières.

- La faiblesse du revenu monétaire individuel et le faible degré de monétarisation de certains secteurs économiques.

- Les modes de consommation peu rationnels (mariage, enterrement, funérailles...).

- La pratique de la thésaurisation due au manque d'opportunités d'investissement, à la faiblesse des réseaux bancaires, au souci de discrétion, au nombre limité et à la qualité inadaptée des formules d'épargne proposées par les banques.

L'étude empirique suivra pour tester les déterminants significatifs à prendre en compte dans une politique de promotion de l'épargne au Cameroun.

CHAPITRE 3  - L'influence des facteurs

psychosociologiques et politiques

Les exigences qualitatives des ménages portent sur la qualité des institutions financières (réputation, proximité, procédures d'exploitation...) et des produits financiers proposés par ces dernières. Le degré de libéralisation et d'adaptabilité du système financier va conditionner la qualité de l'intermédiation et le niveau d'importance des systèmes financiers informels. La littérature (L. GUISO, M. HALIASSOS et T. JAPPELI77(*), 2001) montre que le niveau d'éducation du chef de famille a une influence notable sur l'épargne des ménages. Il détermine en effet le lieu, la forme et le volume des opérations financières demandées. Une personne éduquée ou initiée aux mécanismes économiques et financiers serait mieux informée de l'existence de différentes institutions financières et des opportunités et caractéristiques des produits de placement qu'elles offrent. Il serait plus disposé à mieux comprendre les procédures et les principes de fonctionnement, à interpréter les signaux provenant des marchés, à se départir des préjugés ambiants et à apprécier les avantages pour déterminer son comportement d'épargne en conséquence. On va ainsi distinguer :

- Des produits et attributs de produits aux caractéristiques facilement appréhendables par les ménage (pratiques financières informelles...).

- Des produits et attributs des produits nécessitant un temps d'apprentissage (services des institutions formelles, formes plus complexes des pratiques dites informelles : tontines aux enchères).

- Des produits et attributs de produits nécessitant le recours à un expert ou à des conseils (placement boursiers).

I - Les variables psychologiques

Elles portent essentiellement sur des variables d'ordre qualitatif.

D'une part, on distingue les attitudes des ménages envers les institutions. Ces dernières, pour susciter la confiance, doivent répondre aux exigences telles que la sécurité, la liquidité, la proximité, les procédures d'exploitation souples, simples et flexibles, la discrétion et la confidentialité dans les transactions. Ces variables réfèrent à la qualité de service, aux sentiments suscités, à la perception, aux préjugés favorables et défavorables et aux jugements à priori ou à posteriori.

D'autre part, la propension à l'épargne dépend de l'adaptation entre les motivations à l'épargne et les caractéristiques des produits proposés par les institutions financières. Ces produits doivent s'insérer dans les réalités et les contraintes de l'environnement traditionnel, culturel, social et économique.

1- LA CONFIANCE

Parmi les indicateurs de la confiance, nous avons retenu la notoriété et la réputation de l'institution, la simplicité et la souplesse des procédures d'exploitation, la proximité, la sécurité, la liquidité et la discrétion dans les transactions.

D'emblée, Jean Michel SERVET78(*) définit la confiance comme « l'état d'une personne, d'un groupe ou d'une institution, fondé sur les éléments affectifs, intuitifs ou sur un ensemble d'informations, face à un objet, un mécanisme, un animal, un environnement physique, un groupe ou une institution et permettent d'apprécier la probabilité d'une réaction ou d'un comportement dans telle ou telle situation».

La confiance s'impose comme une condition condition sine qua none entre les ménages et les institutions financières de collecte de l'épargne. Ces dernières travaillent à évacuer l'attitude de méfiance ou d'hostilité que la plupart des ménages ont à leur égard.

Les éléments constitutifs de la confiance au sens de SERVET sont :

- La croyance en l'autre et le respect des obligations réciproques.

  - La légitimité des règles du jeu et l'existence des éléments de preuve de contrat implicite ou explicite passé (documents écrits, témoins, titres, gages, nantissement ...).

- Un savoir minimum commun sur les relations entre ceux qui sont impliqués.

- La mémoire et les expériences passées.

SERVET distingue  également divers types de confiance :

- La confiance verticale ou horizontale. Dans le premier cas, elle existe entre patron et ouvrier, propriétaire et locataire et dans le second entre semblables ou individus non directement dépendants.

- La confiance mutuelle ou non réciproque selon que la symétrie existe ou pas

entre les partenaires dans la relation.

- La confiance interne ou externe est nécessaire pour mobiliser l'épargne intérieure ou la crédibilité extérieure.

- La confiance directe (entre personnes) et la confiance médiatisée.

La proximité fait partie des facteurs de confiance. Le sens que J.L. LAVILLE79(*) (1992) donne à la notion de proximité ne « renvoie pas à une objectivation des critères d'espace ou de temps, mais plutôt à une subjectivité des acteurs. Elle se définit par le fait qu'elle est ressentie, éprouvée,  intériorisée par les acteurs et non par la référence au territoire ». La proximité est donc une notion large qui rapproche le prêteur et l'emprunteur, l'épargnant et le collecteur.

EDDY Bloy et Célestin MAYOUKOU80(*)(1994) distinguent trois composantes de la proximité.

- La proximité culturelle : c'est le partage des moeurs identiques, la connaissance de la culture de son partenaire. Elle permet de mesurer l'importance qu'accorde le prêteur ou l'emprunteur aux traditions, aux coutumes et aux moeurs dans les transactions financières;

- La proximité spatiale : elle renvoie non seulement à un rapprochement spatial entre prêteur et emprunteur mais aussi au droit de regard que devrait exercer l'épargnant sur la banque. Cette proximité spatiale permet de connaître les besoins de l'épargnant et finalement d'internaliser l'information;

- La proximité relationnelle  évoque une sorte de partenariat entre les parties prenantes. Elle implique l'existence des relations personnalisées, la circulation de l'information et la construction d'un capital de confiance réciproque. La proximité relationnelle tend à compenser l'éloignement physique.

SERVET intègre aussi la proximité temporelle qui est celle du décalage entre les opérations économiques et financières présentes, passées et avenir, entre le dépôt et la possibilité de retrait.

La notion de proximité a de plus en plus d'importance surtout dans un contexte où la bancarisation de l'épargne est limitée de par la faible rentabilité des agences rurales. Le réseau financier institutionnel n'est pas suffisamment développé. C'est ce qui fait de la localisation des institutions financières, l'un des facteurs importants qui influence l'épargne des ménages (FISCHER81(*), 1989). Lorsque les institutions financières sont proches des lieux de résidence ou de divers centres d'intérêt, les ménages épargnent un peu plus facilement le surplus qu'ils dégagent de leurs activités.

Après la proximité, on peut mentionner le rôle des procédures d'exploitation dans le processus d'incitation à l'épargne. Il suffit d'un minimum de formalités de procédures simples, faciles, rapides, transparentes et souples pour renforcer la confiance des ménages épargnants. Les conditions d'ouverture de compte, de versement ou de retrait, les formalités à remplir en cas de décès, les procédures lourdes et complexes de demande et d'octroi du crédit, la complexité du mode de fonctionnement, sont souvent incompréhensibles pour les personnes parfois sans ou avec peu de connaissances financières.

La confiance se manifeste aussi à travers des à priori favorables tels que la réputation, l'ancienneté et la notoriété de l'institution financière, la qualité des actionnaires, l'importance des participations appartenant aux étrangers dans la structure du capital, l'absence ou la présence de l'Etat dans le capital.

La sécurité est incontournable dans l'échelle de construction de la confiance.

D'après Bernard TAILLEFER82(*) (1987), elle repose sur trois conditions :

- Le lieu matériel, l'implantation et l'apparence physique.

- La qualité du personnel en place.

-La sécurité financière. Le dépôt effectué ou le titre acheté doit avoir une valeur de remboursement ou de liquidation au mieux égale à sa valeur d'origine ou à sa valeur d'acquisition. Le système de contrôle interne ou de gestion doit être efficace pour permettre de déceler à temps les erreurs et défaillances de gestion, les tentatives de fraudes ou de malversations.

A côté des éléments suscités, le ménage épargnant peut rechercher la liquidité.

Sur un marché financier, la liquidité est le plus souvent définie au niveau d'un titre. Elle met en exergue la capacité à échanger une quantité importante des titres sans décalage de prix significatifs et en un temps minimum. Les trois facettes privilégiées dans la littérature83(*) sont le coût de l'immédiateté, la profondeur et la résilience. La fourchette de prix capture la première dimension et estime le surcoût supporté par l'investisseur impatient. La profondeur ou la quantité de titres en carnet estime l'achalandage du marché et la possibilité de l'absorption d'un ordre de grande taille. La résilience ou la réactivité estime le délai nécessaire pour que le cours revienne à son niveau d'équilibre après en avoir été écarté par un choc de liquidité.

Du coté des établissements bancaires et financiers, la liquidité est la faculté de disposer de son épargne quand le besoin se fait sentir. En d'autres termes c'est la possibilité d'épargner dès qu'une occasion d'épargne se présente et de retirer rapidement sans délai et sans coût des fonds lorsqu'on est à court d'argent.

L'origine de la liquidité est à rechercher chez les classiques. Ils pensent que la richesse est essentiellement liquide même si dans la réalité elle comprend des actifs difficilement transférables.

KEYNES pour sa part constate que ceux qui ont de l'argent à investir ont une préférence marquée par les instruments de court terme donc l'avantage est d'être relativement liquide. Ils répugnent à placer leur argent dans les instruments de long terme qui sont pourtant indispensables pour financer les projets, les équipements et les infrastructures. Ce phénomène est appelé trappe à liquidité. KEYNES justifie cette préférence pour le court terme par le fait qu' « il faut plus d'intelligence pour triompher des forces secrètes du temps et de l'ignorance de l'avenir. Au surplus, nous serons tous morts  à long terme»84(*).

J.P. BENOIT confirme cette tendance lorsqu'il constate que les ménages, de manière générale, déterminent une partie importante de leur épargne sous forme d'espèces ou de dépôts à vue laissant ainsi apparaître une nette différence entre la durée moyenne d'un investissement et la durée moyenne de l'épargne qui le finance.

GUISO Luigi et al85(*)(2001) ont vérifié que les ménages qui possèdent un patrimoine financier global élevé peuvent se permettre de souscrire et de conserver les produits d'épargne longs même si la rentabilité baisse pendant un moment. Les ménages à revenus moyens et modestes vont plus investir dans les produits liquides.

Un autre élément caractéristique de la confiance est la discrétion dans les transactions.

Selon le contexte culturel, la discrétion est un point important lorsque les épargnants choisissent un endroit pour leur épargne. Dans certaines cultures, il existe des personnes qui aiment exhiber ce qu'ils ont parce que cela renforce la reconnaissance et le prestige social. Dans d'autres, certaines préfèrent le cacher. La peur de la jalousie, des relations, parents ou amis peut amener le ménage à garder secret l'existence et le montant de ses économies. Par ailleurs, certaines personnes sont méfiantes vis à vis des banques - organismes impersonnels - qui conservent des documents écrits pouvant être source d'indiscrétion. Cette attitude est également valable lorsque l'épargnant redoute un probable non respect du devoir de discrétion et de réserve professionnelles.

ADAMA Traoré86(*) (1985) précise que les détenteurs de ressources souterraines apprécieraient les systèmes de placements anonymes à taux d'intérêt intéressants. Notons que les ressources souterraines87(*) sont des réserves provenant soit des activités délictuelles (vols, détournements de fonds, blanchiment, faux monnayage, escroquerie, pornographie, vente des stupéfiants, proxénétisme...), soit des activités frauduleuses (fraude fiscale, travail au noir), soit enfin des activités non marchandes (bénévolat, travail domestique ...). Dans le même ordre d'idées et en l'absence d'une politique de discrétion, les fonds issus des détournements et autres malversations iront à l'étranger à la recherche principalement de la sécurité ou de la discrétion et accessoirement de la rentabilité.

Si au final, l'épargnant qui recherche ces caractéristiques de la confiance est satisfait, il reste à déterminer s'il a ou n'a pas d'aversion pour le risque.

Les ménages qui n'ont pas d'aversion pour le risque peuvent avoir un comportement spéculatif sans que pour autant, cela puisse constituer un élément d'insécurité. La spéculation est selon KALDOR88(*) (1939) « l'achat (resp. vente) de marchandises ou de titres en vue de la revente (resp. rachat) à une date ultérieure là où le mobile d'une telle action est l'anticipation d'un changement de prix en vigueur et non un avantage résultant de leur emploi ou de leur transformation ». Le titre financier dans ce contexte n'est plus un placement, mais un support de plus ou de moins-value.

Quant aux ménages qui ont une aversion pour le risque, ils chercheront à tout prix à minimiser les risques de :

- liquidité qui est le risque de ne pouvoir faire face aux demandes de retrait des clients à la suite d'une crise de confiance généralisée ou des défaillances graves de gestion. Il peut se traduire par une impossibilité de vendre, faute de contrepartie, un titre financier;

- solvabilité qui est le risque pour l'épargnant de perdre définitivement son épargne dans la mesure où le débiteur ne peut pas, même en liquidant l'ensemble de ses avoirs rembourser la totalité de ses engagements.

- moins value en capital suite aux variations importantes des cours à la baisse des titres financiers;

Pour conclure A. DAUBREY89(*)(1985) conseille dans un premier temps de baser les stratégies de collecte de l'épargne sur la sécurité plutôt que sur les taux d'intérêt. Dans un deuxième temps, lorsque l'épargnant aura pris conscience de la productivité de l'épargne, l'intérêt pourra devenir un facteur attractif.

2- LA DIVERSIFICATION DE L'OFFRE EN PRODUITS D'ÉPARGNE

La diversification de l'offre des produits de mobilisation de l'épargne est au coeur même des motifs Keynésiens de demande de la monnaie et des motivations à l'épargne. Une offre de produits financiers plus large et plus sophistiquée permet aux ménages de mieux gérer leur portefeuille d'investissement, de mieux diversifier le risque qu'ils courent et de rechercher le meilleur rendement pour le risque associé à leur placement.

Pour mesurer son importance, nous ferons une analyse des liens de causalité qui permettra de dégager les raisons incitant les ménages à demander la monnaie et ce qui les poussent à épargner pour enfin adapter les produits à leurs motivations.

En ce qui concerne la demande de monnaie à des fins de précaution et de transactions, l'apport de la théorie de la gestion des stocks de BAUMOL90(*) (1952) et J. TOBIN91(*) (1956) a permis de démontrer que les coûts de transaction jouent un rôle éminent dans l'explication de la possession d'encaisses de transaction et de précaution. Ainsi, la détention de la monnaie fait perdre les intérêts qui auraient été obtenus en cas de placement. En revanche, tout placement a un coût qui se matérialise sous forme d'impôts, de frais de transport ou de perte de temps. La définition d'une stratégie optimale implique subséquemment, la mise en balance permanente de la rémunération et du coût.

Il ressort des conclusions de cette étude que la fonction de demande transactionnelle de la monnaie et de demande d'encaisse de précaution sont proportionnelles aux coûts de transformation (frais de courtage) et au montant (flux) des transactions.

MT = (3.1)

et MP = (3.2)

i, b, T et MT sont respectivement le taux d'intérêt en vigueur, les frais de courtage ou coût de transaction, la valeur des flux de transactions et la demande d'encaisse de transaction. c est le coût provenant d'un risque d'illiquidité. MP est la demande d'encaisse de précaution.

Ces deux fonctions réagissent en sens inverse du taux de l'intérêt.

A la demande de la monnaie pour motif de transaction, correspond une épargne à vue parfaitement liquide (dépôts à vue, compte sur livret...), une épargne thésaurisée (encaisse monétaire) pour un emploi ultérieur, prévu ou imprévu.

A la demande de la monnaie pour motif de précaution correspond également une épargne de précaution et une épargne projet.

La crainte de se trouver dans le besoin à cause du chômage, de la maladie, de la vieillesse, des aléas de l'existence rend nécessaire la constitution d'un pécule pour les mauvais jours « en faisant des foins quand le soleil brille ». Entre autres produits d'épargne correspondant à ces besoins, on peut citer  l'assurance-vie, la retraite complémentaire, les comptes sur livret, le compte d'épargne postale, les tontines, les fonds d'investissement (SICAV, FCC, FCP).

L'épargne projet correspond à des motivations très diversifiées. Il faut bien sûr que les produits financiers offerts soient adaptés à ces diverses motivations.

Quelques types d'objectifs peuvent être cités parmi les plus fréquents :

- L'accession à la propriété du logement, l'acquisition d'un terrain.

- L'investissement dans le capital humain (frais de scolarités, études à l'étranger).

- La constitution d'un fond d'aide (parents, familles, oeuvres sociales...).

- La préparation d'un événement social ou culturel (funérailles, mariages, fêtes, voyages...).

- La réalisation d'un investissement productif, industriel ou commercial.

- L'acquisition d'un bien d'équipement durable en vue d'augmenter le capital physique.

- La constitution d'un patrimoine qu'on lèguera aux enfants.

- L'obtention ou le remboursement d'un crédit.

On peut citer comme produits adaptés pour satisfaire cette forme de motivations, les comptes ou plans épargne logement, le compte à terme, le bon de caisse, la rente éducation ou les tontines de projet.

L'approche en terme de sélection de portefeuille élucide pourquoi les agents demandent de la monnaie à des fins spéculatives.

Nous devons à KEYNES, l'explication de l'arbitrage monnaie titre en avenir certain. Si la monnaie ne rapporte rien, un titre procure un double gain, le coupon d'intérêt qui y est attaché et l'éventuel bénéfice provenant d'une différence entre son prix d'acquisition et son prix de revente. Keynes démontre et justifie l'existence des encaisses spéculatives par le besoin de saisir les occasions et opportunités favorables du marché.

Partant de la relation inverse qui existe entre la demande de monnaie et le taux d'intérêt, il montre comment l'individu dégonflera le volume de ses encaisses spéculatives lorsque le taux d'intérêt courant i sera supérieur au taux d'intérêt anticipé i* dans la mesure où celui-ci entrevoit une baisse de i et partant, une hausse de la valeur en capital des titres et la réalisation potentielle d'une plus-value en capital.

L'analyse en avenir incertain a été développée par James TOBIN92(*) (1958). Le taux d'intérêt n'est plus connu avec certitude et le rendement des titres devient une variable aléatoire. D'après TOBIN, plus l'individu achète des titres, plus il en court des risques. L'objectif dans ce contexte est la composition d'un portefeuille optimal combinant placements liquides, produits de gestion collective et d'assurance-vie, actions et obligations. Un portefeuille ainsi diversifié permet une bonne répartition des rendements et des risques.

Il trouve :

() = (3.3)

est la part du patrimoine total détenu sous forme liquide; i est le taux d'intérêt ;  le risque du portefeuille.

() est l'espérance du rendement du portefeuille; est le risque du titre.

A risque donné, la demande d'encaisse spéculative est fonction du taux d'intérêt :

- Lorsque le taux d'intérêt s'élève, le rendement du portefeuille s'accroît et corrélativement, la détention d'encaisse oisive s'amenuise.

- Lorsque le taux de l'intérêt s'abaisse, l'arbitrage s'opère de plus en plus en faveur de la monnaie.

- Lorsque le taux d'intérêt est très faible, () 0, il devient absurde de courir des risques inutiles alors que la détention de la monnaie n'en comporte aucun.

A la demande de monnaie pour motif de spéculation, correspond une épargne en vue du rendement. L'individu est à la recherche des placements performants en matière de rémunération. Les produits d'épargne qui privilégient le rendement sont majoritairement les actions et titres assimilés et l'épargne dans les tontines économiques.

A coté de ces placements rémunérateurs, se développent des comportements spéculatifs. L'individu qui anticipe une baisse (resp. hausse) du cours des actions, vend (resp. achète) des titres en espérant les racheter (resp. revendre) ultérieurement à un cours inférieur (resp. supérieur). Il ne s'attend plus aux dividendes, ni aux coupons d'intérêts ou intérêts créditeurs sur les placements, mais il veut courir le risque de plus ou de moins value.

La diversification peut aussi être analysée sous l'angle de l'innovation financière. Celle- ci accélère la mise en place de nouveaux instruments de placements, de nouvelles techniques de prise en charge de besoin de financement et de couverture de risques. Elle facilite de ce fait la mobilisation de l'épargne.

BEKOLO EBE93(*) (2002) pense que « la faiblesse de l'innovation explique pour une large part (...) la tendance des agents à agir en marge du système officiel». Il soutient par ailleurs que la diversification à travers l'innovation financière « répond à la nécessité de faire face à la diversité des besoins et à la nécessité d'offrir des opportunités de placements assurant le meilleur rendement et / ou limitant le risque couru ».

Pour ENGEL94(*) (1993), les innovations sont définies comme des idées nouvelles, des habitudes ou des produits qui sont substantiellement différents de ceux existants. Elle peut s'opérer au niveau du système financier, de l'organisation, des procédures et des produits :

- Au niveau du système financier, l'innovation peut améliorer l'intégration du marché et étendre le degré de couverture de la clientèle.

- Au niveau des organisations, elle peut faciliter l'accès des ménages aux sources de services financiers formels.

- Au niveau des procédures, elle peut permettre de réduire les coûts et d'améliorer l'efficacité des institutions.

- Au niveau des produits, elle peut amener les banques à répondre efficacement à la demande de la clientèle.

En somme, on retient qu'une diversification intégrant les motifs de demande de monnaie (motifs de précaution, de spéculation et de transaction), les motivations à l'épargne (précaution, projet à réaliser, rendement) et une innovation financière débouchant sur l'offre d'actifs financiers adéquats en quantité pour faire face à l'insuffisance des outils de mobilisation et en qualité pour satisfaire les besoins exprimés et latents, encouragent l'épargne des ménages.

* 76 MOTTURA P. Saving mobilization in African developing countries in mobilization of household saving ed. Paris A. Mauri ; Milan, 1997 pp. 86-172.

* 77 GUISO L, HALIASSOS M. JAPELLI T. Household portfolio. An international comparison in household portfolio, Cambridge, MA, MIT Press pp 55-102

* 78 SERVET Jean Michel La confiance, un facteur décisif de la mobilisation de l'épargne, Paris : AUPELF-UREF, 1994, Notes de recherches n° 94/41, 28p.

* 79 LAVILLE J.L. Les services de proximité, stratégie de quelques pays européens. Problèmes économiques n° 2282 juillet 1992 pp. 9-15.

* 80 BLOY Eddy, MAYOUKOU Célestin Analyse du risque et ré intermédiation de l`épargne en Afrique subsaharienne, notes de recherche. n° 94-38. Paris : AUPELF-UREF, 1994, 22p.

* 81 FISCHER B. Saving mobilization in developing countries, Bohelnecks and reform proposal" in saving and development vol 13, n° 2, 1989

* 82 TAILLEFER Bernard : "L'épargne en milieu rural in l'épargne et sa collecte en Afrique. Paris, revue banque. Edition, 1988. pp 48-49.

* 83 EMONET-FOURNIER Caroline. "Les facteurs communs de la liquidité : une étude empirique sur le marché parisien des actions. Paris : CERG. Université Paris 14

* 84 KEYNES John Maynard op. cit. p.172

* 85 GUISO Luigi et al op cit p..

* 86 ADAMA Traoré : l'épargne en milieu urbain in l'épargne et sa collecte en Afrique op-cit. p. 31.

* 87 PESTIEAU Pierre : L'économie souterraine. Paris : Hachette, 1989, p2 6

* 88 KALDOR Nicholas Speculation and economic stability in Review of economic studies, 1939 Vol VIII, n°1, pp. 1-27.

* 89 DAUBREY Auguste. La mobilisation de l'épargne pour le développement rural en Afrique in Epargne et développement op cit. P 247

* 90 BAUMOL, W.J. The transaction demand for cash, an inventory Theoretical approach in Quarterly Journal, Becker, 1952

* 91 TOBIN James The interest elasticity of the transaction demand for cash in Review of economics and statistics, 1956, 38, 3

* 92 TOBIN James Liquidity preference as behaviour towards risk in Review of economic studies, n°67, Feb1958

* 93BEKOLO EBE Bruno et al intermédiation financière et financement du développement en Afrique. Yaoundé: PUY, 2002. pp 21-23.

* 94 ENGEL J. F. BLACKWELL R.D. MINIARD P.W. Consumer behaviour 7th ed. Fort Worth TX USA, the Dryden Press, 1993.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe