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De la manoeuvre des moeurs et du silence des mots dans le lexique français


par Julie Mamejean
Faculté des Chênes, Cergy-Pontoise - DEA Lettres et Sciences du langage 2006
  

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IV/ Le franc parler, ultime recours contre la langue de

l'envahisseur ?

« Le courage c'est de chercher la vérité et de la dire » (J.Jaurès)

1) Penser l'impensable : les hommes politiques au service de la vérité

Si au début les anti- langue de bois étaient pointés du doigt et écoutés, sourire ironique aux lèvres, comme des marginaux ennemis de la bienséance, l'ordre établi va vite se renverser. Divers collectifs ou personnalités publiques vont s'unir contre la pudeur et la désinformation imposées par les médias et la société.

Fameux paradoxe, ce sont les hommes politiques de tous bords qui les premiers vont s'engager en prônant le « langage de la vérité », parole libérée de toute mascarade et tromperie.

A- Petite chronique politicienne au royaume du politiquement correct

En 1979, Michel Rocard publie un livre qui fit à l'époque grand bruit, Parler vrai. Ce nouveau regard porté sur le langage va de pair avec le déni de la langue de bois au profit d'un « parler cru » dont le livre de M.Rocard se fait annonciateur. Il semble qu'à partir du début des années 1980, la phrastique de la sphère politique change radicalement.

En 1988, Michel Charasse (à cette date, ministre du Budget) s'emportait contre « les banquiers qui nous piquent not' blé ».

Quelques années plus tard, Jean-Pierre Chevènement (à l'époque, ministre de la Défense) affirmait qu'un ministre qui n'est pas d'accord « ferme sa gueule ou s'en va ».

En 1995, c'est Laurent Fabius qui à son tour va user du franc parler lorsqu'il demande à des journalistes de bien vouloir lui « lâcher la grappe », succédant à Edith Cresson qui trois ans plus tôt avait déclaré « la Bourse, j'en ai rien à cirer !».

En 1998, J-P.Chevènement une fois encore oublie toutes les bonnes leçons du politiquement correct et avec son fameux « sauvageons », bien trop proche du colonialiste « sauvages » pour désigner de jeunes délinquants, crée la polémique.

En 2000, Claude Allègre qui participait à l'émission « Bouillon de culture » se fait décerner la palme de la bonne conduite par un B.Pivot lui déclarant plein d'enthousiasme « Votre livre est vraiment anti-langue de bois ! ».

Mais cette vigueur semble atteindre un paroxysme comme l'analyse le site de l'Asmp, lors de la tragédie du 11 septembre 2001 qui fait naître un besoin inédit de vérité dans les paroles, au sein de l'univers politico-médiatique.

Il semble en fait que le choc traumatique de cet événement ait crée un renversement de l'ordre établi, illustré notamment par les propos très francs du secrétaire à la défense, Donald Rumsfeld présenté dès lors comme la nouvelle star du parler vrai.

Ce trait est mis en avant par le journaliste du Monde envoyé sur place :

« Qui eût pensé (...) que son franc parler (...) à mille lieues du politiquement correct, des prudences et des euphémismes diplomatiques enchanteraient le public, nullement offusqué (...) de son peu de révérence à l'égard des médias ? (...) sa réputation de dire à tous, y compris au président, ce qu'il veut ou pense, détonne dans un aréopage marqué par la prudence et la langue de bois »264(*).

Ainsi donc, il serait possible de traiter avec les médias sans utiliser un langage politiquement correct...

En février 2002, de retour en France, c'est une femme qui cette fois-ci choque : il s'agit de Dominique Voynet qui lors d'un congrès des Verts entame son discours par cette interjection « alors on se met au boulot oui ou merde ? »265(*). La même franchise est très mal perçue lorsqu'elle s'accole à des notions de mépris comme cela a été le cas lors de la maladroite et malheureuse expression utilisée par J-P.Raffarin pour désigner la « France populaire ».

En mars 2002 c'est autour d'un ministre italien Roberto Calderoli, de faire un écart de langage, lors d'une conférence, en s'insurgeant contre le mariage homosexuel en ces termes, « je refuse les prétentions absurdes de ces pédés »266(*).

Le politiquement correct se faisant de plus en plus présent, les attaquants le sont aussi et l'audace est de mise.

Après un article sur « La tyrannie du médiatiquement correct », J-M. Chardon, journaliste à France Culture, ausculte les ravages du politiquement correct dans les médias à travers un essai, La Tyrannie des Bien-Pensants267(*),au sein duquel interviennent non moins de trente-quatre auteurs d'horizon divers (le politiquement correct dépassant ici le traditionnel et trop réducteur clivage droite versus gauche).

Dans cet ouvrage, l'auteur révèle les débats interdits et autres polémiques escamotées discrètement par les médias afin d'éviter tout manque de respect au mouvement du politiquement correct.

Dénonçant les bien-pensants « qui ne sont ni ouverts, ni tolérants, ni libérés, ni modernes. C'est tout le contraire », il s'insurge contre la pensée unique imposée jusqu'à présent par les médias, et qu'il qualifie de « suivisme béat ».

* 264 www.asmp.fr

* 265 Cette brève chronologie est plus détaillée dans le Précis de langue française... de P.Merle, p.30-33

* 266 La Reppublica, 12 mars 2002

* 267 Éd. Économica, 2003

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote