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Dynamiques et pertinences du moteur franco-allemand dans la construction de la Politique Européenne de sécurité et de Défense.


par Pascal BRU
Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr - Master de Relations Internationales/Diplome de l'Ecole Spéciale Militaire 2004
  

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2-3-2 L'opération Artémis

L'opération Artémis en République démocratique du Congo (16 juin-1er septembre 2003) avait pour mission de sécuriser la ville de Bunia et ses environs, d'améliorer les conditions humanitaires des populations, de façon à ce que le 1er septembre, l'UE puisse passer le « relais » à un contingent onusien de la MONUC (mission d'observation des Nations Unies au Congo) dans de bonnes conditions

Au mois de mai 2003 la MONUC avait été confrontée à des événements difficiles (affrontements entre milices). L'ONU a demandé à l'Union européenne de lui laisser le temps de prendre contact auprès des pays contributeurs pour mettre sur pied une force renforcée. L'opération Artémis consistait à faire le « pont » entre une capacité de la MONUC, jugée insuffisante et l'arrivée d'une capacité de la MONUC II que l'on estimait nécessaire pour faire face à une situation délicate.

« Le fait de travailler en multi nationalité ne nous a pas posé de problèmes majeurs. Parmi les points forts : l'aptitude clairement démontrée de la France, Nation cadre mais aussi de l'Union européenne à être capable d'apporter dans l'urgence la réponse à une situation critique. Je rappelle que, entre la date du vote de la résolution des Nations unies, le 30 mai, et la date officielle de lancement de l'opération par l'Union européenne, le 12 juin, moins de deux semaines se sont écoulées. A ma connaissance, c'est la première fois qu'une organisation internationale lance une telle opération dans un laps de temps aussi réduit. C'était une réaction rapide et le succès de cette opération n'en est que plus valorisé. »48(*) Ce commentaire du commandant de l'opération Artémis montre clairement les différents enjeux du déploiement.

Il s'agissait :

· de rétablir l'ordre en RDC,

· d'affirmer la volonté européenne de contribuer au maintien de la paix,

· de prouver sa capacité à le faire,

· d'agir dans un cadre international.

Elle a démontré la capacité de l'UE à se projeter sur un lieu de crise et à y mener des opérations efficaces. Cet exemple d'opération concrète est très révélateur sur de nombreux plans.

Tout d'abord il montre qu'il est nécessaire de pouvoir se projeter rapidement et avec des moyens significatifs. Dans ce domaine, il est clair que la France a un atout en ses forces pré positionnées. Ces dernières octroient à l'UE une capacité de réaction quasi-immédiate avec des forces dites « classiques » et des moyens suffisamment lourds pour forcer des belligérants à la concertation.

Ensuite, il montre que le moteur franco-allemand permet de faire avancer les choses dans le cadre large de l'Union Européenne toute entière, mais aussi dans celui, plus restreint, des doctrines et institutions nationales. En effet, la réactivité de l'UE lors de l'opération Artémis a montré la lourdeur de l'administration allemande en ce qui concerne la projection de la Bundeswehr, ne fut-ce que d'une équipe de deux personnes. En réalité, pour envoyer des militaires, le Chancelier fédéral doit auparavant obtenir l'aval de l'ensemble des ministres ainsi que l'autorisation du Bundestag49(*). Ce qui signifie un délai d'autant plus variable que peu de parlementaires sont disposés à cette projection.

Pour se mettre au niveau des capacités de la PESD, le gouvernement allemand doit réfléchir à des moyens autorisant le Chancelier à projeter des militaires sans autorisation préalable. Un projet de loi est actuellement à l'étude, l' « EntsendeGesetzt50(*) », visant à permettre l'envoi de petits contingents dans ce cadre.

Enfin, l'opération Artémis représente une révolution dans la conception géopolitique allemande. Pour l'Allemagne, le danger majeur reste malgré tout à l'est. D'après l' « Auswärtiges Amt51(*) », la PESD ne doit pas être orientée. Or, pour la France, la PESD est taillée pour l'intervention en Afrique. Et c'est précisément un territoire que l'armée allemande s'est jusqu'à présent toujours défendue d'arpenter (si ce n'est dans le cadre strict des opérations humanitaires comme en Somalie). L'opération Artémis a vu un contingent allemand prendre part à des missions de logistiques (concernant les transmissions et le soutien médical).

Les terres africaines représentaient aux yeux d'une masse non négligeable de la population allemande une zone interdite ; elles étaient le champ d'actions des anciennes puissances coloniales auxquelles il ne fallait surtout pas s'identifier. Avec les opérations en Côte-d'Ivoire et l'envoi d'un contingent de liaison allemand ainsi que la mise à disposition d'un TRANSALL sanitaire si besoin, la Bundeswehr a montré qu'elle n'est plus opposée aux interventions militaires en Afrique.

Toutefois, l'Allemagne, et bon nombre de pays membre de l'Union, essentiellement parmi les nouveaux arrivants, considèrent aujourd'hui encore que la menace n'est pas primordiale sur ce continent. Ils la situent davantage du côté des frontières occidentales de l'Union Européenne, et craignent que la situation ne s'aggrave encore dans le futur. En acceptant de s'ouvrir aux menaces que représente le continent africain, l'Allemagne fait un signe important à la France.

* 48 Général de division Bruno Neveux, commandant l'opération Artémis en République démocratique du Congo, www.defense.gouv.fr/actualites/discours/.

* 49 Parlement allemand.

* 50 Règles de Projection.

* 51 Ministère allemand des Affaires Etrangères.

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