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Contribution aux études méditerranéennes: les relations turco-tunisiennes (1956-2001)

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par Meriem JAMMALI
INALCO - Maîtrise de langue et de civilisation turques 2003
  

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CHAPITRE II LES RELATIONS COMMERCIALES OU SYMPTÔME DE STAGNATION

1. Evolution des échanges commerciaux

Analysant les relations économiques arabo-turques, Boutros-Antoine Labaki conclut que ces relations sont conditionnées par des facteurs autres qu'économiques. Il insiste sur le rôle que jouent les facteurs historique, culturel, politique et religieux ainsi que la conjoncture internationale69(*).

Les relations économiques entre la Tunisie et la Turquie n'échappent pas à cette règle, notamment suite aux mutations de l'économie mondiale - la mondialisation - et la naissance d'une politique méditerranéenne de l'Union Européenne. En effet, au cours des années 60, les échanges étaient quasi-inexistants entre Tunis et Ankara. En 1959, les exportations turques vers la Tunisie étaient de 644 000 dollars. Elle importait de la Tunisie des produits miniers à 252 000 dollars.70(*)

En 1961, les importations turques en provenance de la Tunisie ne représentaient que 0,02% de l'ensemble des importations de la Turquie. Dix ans plus tard, c'est-à-dire en 1971, elles ont atteint - difficilement - le seuil de 0,10%. En revanche, pour la même période, la part de la Tunisie des exportations turques est passée de 0,32% à 0,09% de l'ensemble des exportations turques vers l'extérieur, enregistrant ainsi une baisse sensible. Cependant, il importe de signaler que les échanges entre les deux pays ont connu une nette amélioration entre 1965 et 1968. A notre avis, cette amélioration de courte durée est due à la visite présidentielle de Bourguiba en Turquie en mars 1965 (Voir tableau I).

Tableau I : Importations et exportations turques avec la Tunisie

1961-1971*

[* Les chiffres en gras représentent le seuil maximum d'échanges commerciaux entre les deux pays entre 1961 et 1971]

Année

Importations

($)

Exportations

($)

Part du commerce extérieur

(%)

1961

1962

1963

1964

1965

1966

1967

1968

1969

1970

1971

104.985

407.205

322.277

169.818

2.982.112

891.375

5.068.259

4.748.496

63.009

890.221

1.381.389

1.120.691

478.316

333.557

228.652

138.741

69.188

90.714

98.285

650.571

615.502

588.669

0,14

0,09

0,06

0,04

0,30

0,08

0,43

0,38

0,05

0,10

0,11

Source : IGEME, Bulletin d'information n°45, octobre 1972.

L'examen de ce tableau montre clairement que le volume d'échanges entre les deux pays demeure faible. Dans les meilleurs cas, il ne dépasse pas 0,5% (en 1967) de l'ensemble des échanges entre la Turquie et la Tunisie. Cette faiblesse trouve son explication dans deux raisons majeures d'ordre politique et historique. D'abord, il convient de rappeler le rôle central que joue l'Etat dans l'un et l'autre pays. A l'exemple de la plupart des pays en voie de développement, la planification de l'économie nationale dans l'un et l'autre pays relevait des compétences des entreprises et des organismes publics. Pour ce qui concerne la Tunisie, l'Etat tunisien s'est mis au lendemain de l'indépendance à redresser une économie post-coloniale décadente privilégiant la France comme partenaire économique majeur.

Ensuite, il ne faut pas perdre de vue certaines réserves de la part de la Turquie envers les pays récemment indépendants. En effet, la Tunisie venait d'obtenir son indépendance alors que la Turquie avait déjà une longue expérience dans la construction nationale et le développement industriel et économique depuis les années 20. Par conséquent, elle se considérait comme un pays distinct -économiquement et socialement parlant - du reste des pays du Tiers-monde.

La fin des années 70 marque le début d'une nouvelle ère dans les relations turco-tunisiennes avec la prise de conscience d'Ankara des atouts qu'offre le dialogue avec Tunis. De même, la Tunisie a amorcé une politique d'ouverture vers l'extérieur en encourageant les investissements étrangers et en diversifiant les échanges avec les autres pays71(*). Mais cette optimisme affiché de part et d'autre ne dépassait pas à l'époque le cadre diplomatique. Car le bilan des échanges a demeuré modeste entre les deux pays.

Pour ce qui concerne la politique économique turque dans les années 70, force est de constater que la conjoncture économique internationale engendrée par le premier choc pétrolier, a profondément affecté l'économie turque. En effet, la Turquie a vu ses exportations stagner et s'est montrée incapable de faire face à la crise de paiements engendrée par la hausse brutale du prix du pétrole. En réponse à cette situation inattendue, les autorités turques ont adopté une politique de substitution aux importations (PSI). Mais cette politique n'a pas atteint ses objectifs majeurs, dans la mesure où à la fin des années 70 l'économie turque a perdu de sa compétitivité. Ce qui a poussé le gouvernement turc à engager un processus de réformes économiques. L'ouverture vers l'extérieur a figuré parmi les objectifs à atteindre.

A l'initiative de certaines personnalités politiques des deux côtés, les échanges turco-tunisiens allaient s'améliorer au cours des années 80 pour atteindre leur apogée pendant les années 90. Ainsi, le premier ministre turc de l'époque, Özal, « [ n'a pas ménagé] son énergie, multipliant les visites à l'extérieur et les invitations de responsables étranger dans le but clairement affiché de signer des contrats économiques. »72(*) C'est dans ce contexte même que s'inscrit sa visite en Tunisie en 1989.73(*)

Cependant, comparés aux échanges turco-libyens, les échanges turco-tunisiens ont demeuré loin des objectifs affichés. A titre de comparaison, en 1980, les exportations turques vers la Tunisie ne dépassaient pas 13,2 millions de dollars, alors que pour la même année, les exportations turques vers la Libye étaient cinq fois plus intenses (60,32 millions de dollars). De même, le volume des importations turques en provenance de la Tunisie était 43 fois plus petit (18,55 millions de dollars) celui en provenance de la Libye (778, 37 millions de dollars) (voir tableaux IIa et IIb).

Ce déséquilibre au niveau des échanges entre, d'une part, Ankara et Tunis et d'autre part, Ankara et Tripoli s'explique par :

· D'abord, contrairement à la Libye, la Tunisie n'est pas dotée de richesses naturelles. La Turquie importe de la Libye les hydrocarbures et y exporte des produits manufacturés Depuis la découverte des richesses pétrolières et l'arrivée de Kadhafi au pouvoir, ce pays est devenu une destination privilégiée pour les investisseurs et les travailleurs turcs.

· Ensuite, les choix économiques tunisiens sont pro-occidentaux dans la mesure où la Tunisie a toujours privilégié les échanges avec l'Union européenne et les Etats-Unis. De surcroît, ses échanges avec la Turquie ne sont pas prioritaires.

* 69 Boutros-Antoine LABAKI, « L'évolution des relations économiques arabo-turques de 1970 à 1992 », dans La Turquie entre trois mondes, actes du colloque international de Montpellier, 5-7 octobre 1995, Paris, L'Harmattan, 1998.

* 70 GÖK, op. cit., p. 49.

* 71 En 1972 et 1974, la Tunisie a mis en place une législation avantageuse aux investisseurs étrangers s'implantant en Tunisie. Le but en était de créer des emplois, car la plupart des projets sont des usines sous-douane, c'est-à-dire elles n'avaient pas le droit d'écouler leurs productions sur le territoire tunisien.

* 72 Didier BILLION, op. cit., p. 276.

* 73 Voir Annexe VII.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon