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Education non formelle dans les contextes éducatifs et socio-économique de la RD Congo: Etude exploratoire sur le statut légal et les attitudes des habitants de Kinshasa

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par Dieudonné MUSA ALOKPO
Université de Kinshasa - D.E.A. en sciences de l'éducation 2005
  

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UNIVERSITE DE KINSHASA

FACULTE DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L'EDUCATION

DEPARTEMENT DES SCIENCES DE L'EDUCATION

D.E.S

EDUCATION NON FORMELLE DANS LES CONTEXTES EDUCATIF ET SOCIO-ECONOMIQUE DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

Etude exploratoire sur le statut légal et les attitudes des habitants de Kinshasa

Par

MUSA ALOKPO Dieudonné

Mémoire défendu en vue de l'obtention

du Diplôme d'Etude Supérieure

en sciences de l'éducation

Promoteur : Prof KAPUKU MUDIPANU Gaston

Co-promoteur : Prof. KAPUKU NGANGU Omer

Mai 2005

1. PROBLEMATIQUE

Bien qu'universellement reconnu comme inaliénable, le droit à l'éducation n'est malheureusement pas encore assuré à tous, et surtout aux citoyens des couches sociales démunies en République Démocratique du Congo (R.D.C). Notre pays traverse une crise socio-politique et économique qui a affaibli l'Etat, le rendant incapable de remplir ses responsabilités dans divers domaines dont celui de l'éducation qui nous intéresse ici.

Ces dernières années, le secteur de l'éducation de notre pays est caractérisé par l'exigence de prise en charge financière de l'éducation à tous les niveaux par les parents des élèves et étudiants. Cette contribution est devenue obligatoire et consacrée par le concept de partenariat1(*) entre parents d'élèves et les professionnels de l'éducation ou les établissements scolaires et universitaires d'enseignement.

Cependant, les difficultés liées à la modicité des salaires des parents (pour ceux qui travaillent), à l'irrégularité de payement de ces salaires, au chômage et à l'insuffisance des revenus ménagers, ont placé beaucoup de parents dans l'incapacité de prendre en charge la scolarité de leurs enfants. Ce, à cause du coût relativement élevé des études dans un tel contexte de notre société.

Devant le coût ainsi élevé de l'éducation scolaire, la longue durée des études, l'inadaptation des programmes scolaires aux réalités et aux besoins de la société, la limitation liée à l'âge de scolarité, etc, dans l'éducation formelle, plusieurs jeunes ne peuvent plus fréquenter l'école pour y être instruits,et ils restent déscolarisés. Bien plus encore, parmi ceux qui ont eu accès à l'éducation formelle, nombreux sont ceux qui ne l' achèvent pas. Certains de ces jeunes sont contraints de s'orienter vers le secteur non formel d'éducation pour recevoir une formation pratique ou une initiation à l'exercice d'un métier. L'apprentissage d'un métier pose des problèmes au marché d'emploi quand celui-ci n'est pas suffisamment structuré et planifié pour répondre aux préoccupations de ce sous-secteur, qui, lui, n'est pas non plus planifié. A ce sujet, KALALA NKUDI (1988, p. 31) note que « ... les difficultés du marché du travail tant dans le secteur public que dans les entreprises privées ont porté de nombreux jeunes à s'orienter vers les ateliers de confection, de menuiserie, , de cordonnerie. Ils espèrent à la fois y trouver du travail et apprendre un métier grâce à une formation dite informelle ». Le but de cette formation est, selon Mbaya Mudimba2(*) de doter les jeunes d'un ensemble de connaissances pratiques pouvant les aider à s'intégrer de façon active dans la vie sociale.

Aujourd'hui, il est devenu plus impérieux et précieux de dire clairement que l'éducation formelle ne peut plus longtemps continuer à être qualifiée de seul moteur de développement. Les éducateurs et les chercheurs, à travers des travaux de recherches fouillées, suggèrent et confirment de plus en plus l'importance qu'il y a, dans tout système éducatif , de diversifier et d'universaliser, si possible, plusieurs opportunités d'éducation. Les travaux expérimentaux notables qui vont dans ce sens et qui ont eu lieu dans d'autres contextes des pays du Tiers-monde sont ceux des professeurs LABELLE (1976, 1985), PAPAGIANNIS et al (1977). Tous ces travaux mettent en évidence et insistent sur l'impérieuse nécessité qu'il y a d'élargir notre compréhension des relations qui existent entre la diversification de l'éducation, l'ENF (Education Non Formelle) et le développement national.

Malheureusement, pour KAPUKU (2005, p. 3), dans la plupart de pays, les planificateurs cherchent à favoriser les genres d'enseignement secondaire et supérieur, qui, d'après eux, peuvent rencontrer les exigences du secteur moderne de l'économie. En conséquence, les hommes de métier, tous ceux qui travaillent avec leurs mains, les paysans, les artistes, etc., pourtant régulièrement et directement engagés dans l'effort de production et de développement, sont considérés comme n'ayant pas besoin de l'instruction formelle. En outre, les pratiques éducatives en vigueur dans les systèmes scolaires, par exemple  la sélection qui accompagne et caractérise le processus d'enseignement, essentiellement destinée à l'élitisme ,a souvent exclu la majorité de citoyens d'une nation de l'effort du développement, créant ainsi des inégalités sociales. Aussi elle ne favorise qu'une petite minorité de personnes appelées « élite » ou « intellectuels » lesquelles ne peuvent à elles seules, promouvoir et soutenir le développement national.

Ce qui rend finalement la participation de la majorité des forces vives d'une nation encore plus nulle. Les pauvres des milieux ruraux, par exemple ne peuvent pas parvenir à développer les aptitudes nécessaires à leur travail agricole et autres, pourtant nécessaires au développement national et à la survie de leurs communautés dans leurs milieux.

Dans ces conditions, le monde se tourne de plus en plus à l'ENF, qui apparaît aux yeux de beaucoup comme une solution valable. Serait-elle devenue une panacée à cause des avantages qui lui sont inhérents ?

On constate en effet que, dans un temps assez réduit, les apprenants deviennent capables de manifester des aptitudes diverses et profitables. Les personnes soumises à ce type de formation parviendraient par exemple, à s'exprimer correctement en langue étrangère, à exercer un métier, et à gagner leur vie.... Alors que, dans le secteur formel de l'éducation, les mêmes aptitudes ne sont effectivement acquises et ne se manifestent qu'après plusieurs années de formation et d'exercices.

Toutefois, l'ENF n'est pas une panacée. Elle est tout aussi critiquée à cause de ses limites, mais également du fait qu'elle n'est pas le seul système pouvant satisfaire tous les besoins d'éducation et d'apprentissage des citoyens. Elle n'est pas une solution miracle aux problèmes de développement, vue son incapacité d'aider le pays en voie de développement à se développer rapidement. C'est ainsi qu'elle a parfois engendré le désenchantement.

En dépit de cela, sa capacité d'absorption des désoeuvrés constitue un apport déterminant dans la solution des problèmes sociaux liés par exemple au chômage, à la déscolarisation, et aux autres besoins immédiats des apprenants et de leur milieu de vie.

A Kinshasa, certaines associations, organisations non gouvernementales (ONG) et Eglises élaborent et appliquent en milieu extrascolaire des programmes d'encadrement des enfants, des jeunes et même des adultes allant de l'alphabétisation initiale à la formation aux métiers. Si d'aucuns disent que les raisons à la base de ces programmes sont diverses, officiellement, on soutient que ces programmes visent à offrir une formation qualifiante à des catégories particulières des populations.

Pour exemple, le programme harmonisé des centres de promotion sociale stipule que : « la récupération des déscolarisés et leur insertion socio - économique figurent au nombre des préoccupations du ministère des affaires sociales et famille qui a pour mission principale, la promotion du bien - être social et l'égalité des chances des populations congolaises » (Ministère des affaires sociales, programme harmonisé de l'ENF 2000, P.1)

Par contre d'aucuns disent que l'organisation des programmes ci-dessus n'est qu'un moyen, pour leurs initiateurs,de se faire de l'argent à l'aide des financements octroyés. Ces programmes ne constituent pas une véritable action éducative ou une assistance sociale aux nécessiteux.

Quelles que soient les critiques, l'ENF, sous toutes ses formes, présente beaucoup d'avantages. Car en rendant les individus (bénéficiaires) productifs, par le développement des aptitudes à exercer un métier, elle leur permet en même temps de résoudre des problèmes sociaux, de s'insérer économiquement dans la société, de gagner de l'argent et, à la limite, de s'épanouir.

A l'échelle continentale, l'Association pour le développement de l'éducation en Afrique (ADEA, 2003, P.2) affirme : « les nouveaux défis que rencontrent les pays africains, par exemple la démocratisation, la mondialisation,la décentralisation de système de gouvernance,le VIH/SIDA, etc, sont autant des nouvelles occasions à saisir. Ils sont en train de transformer les besoins et les priorités de l'apprentissage ».

Le système formel ne pouvant donc pas répondre à lui seul à ces défis, il faut des programmes éducatifs variés et novateurs. Ce qui conduit les communautés à se tourner vers les formes alternatives de l'enseignement regroupées sous l'appellation d'éducation non-formelle.

Au-delà du continent africain, le Comité des Ministres de la Commission européenne a adopté, le 30 avril 2003,lors de la 838ème réunion, un ensemble de recommandations au sujet de l'éducation non-formelle. Ainsi, en considérant l'expérience et les réalisations du secteur de la jeunesse du Conseil de l'Europe en matière de l'ENF, d'éducation tout au long de la vie et la place importante accordée à l'ENF dans le débat actuel sur l'apprentissage au sein de l'Union européenne, les Ministres affirment que l'ENF peut contribuer à assurer toutes les connaissances et capacités dont les jeunes ont besoin pour réussir dans les sociétés contemporaines.

L'ENF a effectivement beaucoup d'avantages à cause de la flexibilité qu'elle permet aux systèmes éducatifs de s'adapter aux circonstances et aux impératifs du développement. C'est ce qui fait qu'elle a permis, notamment à certains pays africains en retard, non seulement de combler le vide accumulé lors de la colonisation , mais aussi de tenter de se rattraper en matière de l'éducation et du développement des ressources humaines nécessaires. En plus, elle est plus apte à répondre aux besoins exprimés par les groupes défavorisés et offre l'avantage de toucher au vécu quotidien de ses bénéficiaires. C'est ainsi que, par exemple, beaucoup de pays s'efforcent aujourd'hui de viser l'objectif de l'éducation pour tous. Et certains, tel la R.D.Congo, cherchent à le réaliser par l'école. Mais COOMBS (1985) et POIZAT (2002, p.6) affirment sans équivoque que la scolarisation généralisée dans les pays en développement constitue une utopie dangereuse.

En effet, l'explosion démographique, la crise économique et l'instabilité politique sont autant de paramètres faisant qu'en dépit des bonnes intentions ou de la pertinence des plans élaborés, l'école formelle a souvent manqué à l'appel du fait qu'elle est rigide et ne dispose ni du temps, ni des moyens nécessaires. Partant, le recours à l'ENF devient incontournable. Celle-ci, avec ses programmes à court et à moyen termes, dote les individus des moyens pratiques et les socialise utilement par l'exercice de divers métiers, comme nous l'avons souligné.

A ce sujet, KALALA N. (op. cit. p.32) affirme que l'insuffisance de la professionnalisation de notre système d'enseignement, incapable de répondre aux exigences sociales, économiques et culturelles d'un monde en mutation, est la cause de l'afflux des jeunes vers les ateliers de formation.

La Conférence Nationale Souveraine(CNS) relayée par les Etats Généraux de l'Education(EGE), dans le cadre du nouveau projet éducatif, a reconnu la nécessité de l'ENF et de la professionnalisation du système éducatif formel en faveur de laquelle elle a levé l'option. Ce faisant, elle a voulu que chaque cycle post primaire conduise à l'exercice d'un métier : « l'éducation nationale doit mettre en place une véritable école du développement du milieu ou mieux une école pour le milieu et par le milieu » (EGE, rapport final, 1996, p.28).

A cet effet, le système éducatif axera son action sur la formation au travail. La professionnalisation est la clé prioritaire pour l'organisation de l'enseignement. L'on veillera à assurer aux élèves une formation spécifique au travail, des connaissances générales leur permettant de continuer à se former ou d'exercer une profession dans les domaines social, agricole, technique, artistique etc. » (CNS, Rapport Commission Education 1992, pp22 - 23').

Cela traduit implicitement la nécessité de créer et de multiplier les opportunités d'éducation ainsi que des mécanismes susceptibles de rendre chaque citoyen utile à lui-même et à la société, en dépit des limitations imposées par la situation socio - économique et les aptitudes de chacun. C'est ici que l'on perçoit plus clairement l'utilité et la perspective de l'ENF.

En effet, les programmes organisés dans ce cadre sont de différentes natures, selon les besoins identifiés des apprenants ou du milieu à un moment donné. Ces programmes sont autant variés dans leur contenu que du point de vue des approches de leur exécution.

Certains de ces programmes délivrent des certificats ou attestations servant de témoignage à la formation suivie, mais sans valeur légale comparable à la formation de même type dans le circuit formel ; d'autres par contre ne décernent aucun papier.

Qu'à cela ne tienne, les compétences dont font preuve les apprenants à l'issue de ces programmes sont évidentes. Cependant la considération accordée par la population à ce secteur reste notre préoccupation. Car, cette considération peut déterminer l'engagement et l'intérêt de cette population à ce secteur et le degré de soutien à apporter aussi bien aux individus actifs dans ce secteur qu'à ce dernier même.

Ainsi, étant au bénéfice assez permanent des services et des produits issus du secteur de l'ENF, il s'avère utile d'identifier les attitudes de la population congolaise à l'égard de cette éducation.

Aussi, nous nous sommes posés les suivantes :

§ Quels sont le rôle et le statut de l'ENF en R.D.CONGO ?

§ Quelles sont ses fonctions dans le système éducatif congolais?

§ Quels rapports entretient-elle avec le système formel ?

§ Si nous considérons le cas concret de la formation aux métiers, pouvons-nous démontrer l'utilité de ces programmes dans le sens par exemple de la lutte contre la pauvreté et le chômage ?

§ Les initiatives ciblées dans ce domaine peuvent-elles être identifiées et classifiées ?

§ Quelle est l'attitude des habitants de Kinshasa face à ce secteur ? Et qu'est-ce qui la justifierait?

L'étude se préoccupe de présenter l'ENF en recherchant ses contributions, sa place ainsi que son utilité dans l'environnement socioéconomique et éducatif de la R.D.Congo. Elle analyse également les attitudes en tant que reflet de la mentalité de la population qui doit en bénéficier pour l'amélioration de son bien-être et son développement.

L'on ne peut répondre à cette préoccupation, sans situer l'ENF dans le système éducatif congolais, à savoir : ses objectifs, ses structures, ses variétés.

* 1 Le Partenariat est devenu un mode de gestion surtout financière des écoles et universités en R.D.C. Dans ce mode, les parents sont obligés de suppléer aux salaires insuffisants des enseignants et au fonctionnement des établissements scolaires et universitaires. Il est devenu une condition sine qua none de l'ouverture des années scolaires et académiques!

* 2 MBAYA MUDIMBA, (cité par KALALA N. op. cit P.31).

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