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La nomination des animaux par Adam, dans l'Occident latin du XIIe au XVe siècle. Etude iconographique

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par Maÿlis Outters
Université de Versailles-Saint Quentin en Yvelines - Master 2 d'histoire médiévale 2006
  

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Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines

Unité de Formation et de Recherche des Sciences Sociales et des Humanités

Histoire médiévale

Mémoire de deuxième année de Master :

Maÿlis Outters

La nomination des animaux par Adam

dans l'Occident latin du XIIe au XVe siècle.

Étude iconographique

2006

Sous la direction de Monsieur Bruno LAURIOUX

et de Madame Marie-Anne POLO de BEAULIEU

Introduction

Le premier acte du propriétaire d'un animal est de lui donner un nom, tous les chiens en ont, chaque mouton a reçu le sien du berger. Par cet acte l'homme s'approprie l'animal, il devient son maître. Mais le nom est rarement dû au hasard, il peut correspondre à un aspect physique ou comportemental de l'animal. Et cet acte de nommer l'animal remonte selon la tradition chrétienne aux premiers jours de la Création, c'est même le premier acte officiel de l'Homme.

Les récits bibliques du cycle de la Création plantent tout d'abord le décor du paradis terrestre dans lequel se trouvait Adam. Les exégèses contemporaines ont divisé le récit de la Création en deux parties. Deux mains semblent avoir rédigé ce récit, et les deux textes ont été accolés. Le récit «yahviste» est de tradition plus ancienne et reflète le mieux les croyances tribales d'Israël véhiculées oralement. Le récit sacerdotal, qui a été mis par écrit par les prêtres en exil à Babylone, fixe le début de l'Histoire sainte par la création de l'univers.

D'après le récit de tradition «sacerdotale» (Gn. I), Dieu fit le jour et la nuit et leurs luminaires, le ciel peuplé d'oiseaux, la mer grouillante de poissons et la terre habitée par les bêtes et les hommes.

Après avoir créé l'environnement de l'homme, Dieu instaure une hiérarchie parmi les créatures. À l'homme, qu'il fit mâle et femelle (Gn I, 27), il donna la supériorité sur toutes les créatures terrestres, animales comme végétales.

Le récit «yahviste» (Gn. II) centré sur l'homme, donne quelques précisions quant à cette supériorité de l'homme. Dieu demande à Adam de nommer tous les animaux pour qu'il puisse ainsi se les approprier et les dominer, car «nommer c'est à la fois savoir et avoir»1(*). Les noms des animaux déterminent leur fonction sur la terre, Adam manifeste donc dans cette scène son discernement, sa science et son pouvoir, son rôle de seigneur de la terre. Toute la sagesse d'Adam trouve sa source dans cet épisode, avant l'acte du péché originel qui va en partie ruiner la réputation du premier couple.

Cette rencontre entre Adam et les animaux devait aussi combler le sentiment de solitude du premier homme. Dieu dit : non est bonum esse hominem solum faciamus ei adiutorium similem sui2(*) , cette aide sera utile, entre autre, à la reproduction du genre humain. Adam passe alors en revue tous les animaux, mais aucun animal ne lui convient, aucun ne comble sa solitude, aucun ne lui ressemble. D'où l'indispensable création d'Ève qui suit le passage de la nomination des animaux.

Dans les commentaires, cette scène de la nomination des animaux est occultée par d'autres passages de la Création. En amont par la création des animaux et de l'homme, et plus largement de tout l'univers, en aval par la création de la femme et surtout par tout le récit du péché originel. La nomination des animaux se retrouve écrasée entre ces deux grands temps de la Genèse. Elle fait partie des actes de la Création, puisque l'imposition du nom parachève la création des animaux qui obtiennent ainsi une raison d'être, mais elle appartient aussi au récit de la vie du premier homme3(*). Notons ainsi que le jeu d'Adam (XIIe s.), premier drame liturgique en langue vulgaire, retrace la vie du premier homme en ignorant la scène de la nomination, Adam est avant tout le premier pécheur. La faible place qu'occupe la scène dans les commentaires, dans la pensée médiévale explique le peu de représentations iconographiques qui la concernent.

On retrouve cette représentation iconographique4(*) dans quelques bibles où l'enluminure tient une place particulière. Car si dans la plupart des bibles médiévales une des rares pages enluminées est l'initiale de la Création représentant les Six jours de la Création, la nomination des animaux est rarement comprise dans ces six jours. Il faut donc attendre le XIVe siècle, et le développement des bibles historiales richement enluminées, spécialement celle de Guiart des Moulins qui connût un grand succès durant deux siècles. L'enrichissement des manuscrits de la Bible, multiplie les enluminures de la «nomination des animaux».

Le genre littéraire qui nous offre le plus grand nombre de représentations de la nomination des animaux est celui du bestiaire. Les bestiaires font partie des manuscrits les plus richement enluminés, car ils sont destinés en grande partie à l'aristocratie et une enluminure accompagne chaque article d'animal. Certains bestiaires introduisent leurs énumérations d'animaux par le récit de la Création et plus particulièrement par la dénomination des animaux accomplie par Adam. En premier lieu parce que la Bible reste une référence pour beaucoup d'ouvrages savant, considérée comme le plus vieux livre de l'humanité, son ancienneté lui donne autorité. En second lieu parce qu'Adam est le premier qui donna les noms aux animaux qui sont répertoriés dans le bestiaire, «de même que les bêtes se présentent devant Adam lorsqu'il leur donne leurs noms, de même elles passent ensuite devant le lecteur du bestiaire en un défilé solennel de symboles»5(*). Enfin beaucoup de bestiaires placent la scène de la nomination des animaux dans les chapitres sur le bétail, en suivant le texte des Étymologies d'Isidore de Séville (†636), qui est la base de tous les bestiaires médiévaux avec le Physiologus.

Nous disposons aussi du cas d'une encyclopédie, Le Livre des propriétés des choses de Barthélemy l'Anglais († v. 1250), encyclopédie très diffusée qui introduit son chapitre sur les animaux terrestres par la nomination que fit Adam. Si les enlumineurs aiment à représenter les différents animaux mentionnés, rares sont ceux qui représentent la nomination des animaux.

Enfin pour enrichir ce corpus d'enluminures, nous avons jugé utile de nous référer à des mosaïques, des fresques et des tapisseries du XIe et XIIe siècles, qui furent certainement des modèles recopiés. La mosaïque de la Création de Saint-Marc de Venise, elle-même héritière de modèles byzantins, a eu un certain rayonnement sur les enluminures des bestiaires.

De l'étude iconographique, ressortent plusieurs types de nomination.

Selon la représentation fidèle de la scène biblique, Adam est nu, Dieu est présent en personne ou symboliquement. L'enlumineur cherche à reproduire plus ou moins fidèlement des éléments du paradis terrestre.

Le deuxième type cherche plutôt à montrer une hiérarchie entre l'homme et l'animal et la puissance de l'homme. Cette supériorité s'exprime en premier par le vêtement d'Adam dont la présence ne peut qu'être significative, puisqu'au moment de la nomination Adam est censé être nu. Adam est vêtu comme un patriarche ou comme un évangéliste des enluminures carolingiennes, il peut être assis sur un trône, tenir un phylactère, il n'est plus créature parmi les créatures, il est roi de la Création. L'homme créé à l'image de Dieu est comparable au Dieu créateur. L'époque de l'explosion des écoles et des universités ne pouvait ignorer le premier acte savant de l'homme. Adam est le premier maître, parfois vêtu et coiffé comme un maître médiéval, trônant en chaire et qui enseigne ses vérités.

D'autres enluminures mêlent les deux passages de la Genèse traitant de la domination de l'homme sur le monde animal (Gn. I, 26 et II, 19-20), ce qui explique la présence occasionnelle d'Ève : c'est au genre humain que revient cette domination. Le deuxième récit de la création n'est que la version sensible d'un premier récit idéal6(*).

Une autre piste parait intéressante à explorer : les animaux. Dans la Bible, aucune mention n'est faite des animaux amenés et nommés par Adam, l'artiste est alors libre de choisir ses animaux (s'il ne recopie pas un manuscrit). Ils sont soit les représentants d'un groupe, soit une référence symbolique. Comme l'a noté Michel Pastoureau l'animal a connu une formidable promotion dans le christianisme médiéval par rapport à l'Antiquité païenne. «Le Moyen Âge chrétien le place sur le devant de la scène et le dote d'une âme plus ou moins rationnelle»7(*). L'animal est avant tout symbolique pour l'Église, chaque animal choisi dans une enluminure a une raison symbolique.

L'époque paléochrétienne offre l'iconographie la plus développée au niveau quantitatif de la nomination des animaux, elle suit en grande partie le modèle d'Orphée charmant les animaux8(*). Puis il faut attendre le XIIe, pour retrouver cette scène sur les fresques des églises en Ombrie, dans les mosaïques vénitiennes puis dans les bibles et dans les bestiaires. Le XIIIe siècle connaît un véritable enrichissement qualitatif et quantitatif des enluminures. La surenchère d'enluminures, que connaissent les derniers siècles du Moyen Âge, nécessite de nouveaux sujets iconographiques, ou une élaboration d'anciens sujets. C'est dans ce contexte que se multiplient les enluminures sur la nomination des animaux. Elles se multiplient aussi pour d'autres raisons culturelles ; d'une part l'intérêt intellectuel pour le nom et d'autre part l'intérêt artistique pour les jardins et plus spécialement le jardin paradisiaque, qui fait que les scènes du paradis terrestre sont richement enluminées.

En effet à partir du XIIe siècle un nouveau débat divise les sphères philosophiques et théologiques de l'Occident Médiéval. La question des universaux donne du fil à retordre aux plus grands penseurs des siècles du Moyen Âge central et tardif. Les noms imposés par les hommes aux réalités deviennent objet de débat : ont-ils une existence réelle, ou seulement intellectuelle, sont-ils corporels ou incorporels, mais aussi, quelle est l'origine de ces notions générales ? Est-ce justement Adam le premier homme qui les a inventés, ou l'humanité, qui peut alors nommer, et comment nomme-t-il ? Ces questions autour du nom vont en quelque sorte permettre aux intellectuels de s'identifier les uns par rapport aux autres, et alimenter les nombreux débats entre écoles, puis entre universités.

L'intérêt du Moyen Âge pour l'origine des mots s'exprime aussi par l'étude des étymologies qui est quasi systématique, pour comprendre un mot, depuis Isidore de Séville, qui est le grand référent du Moyen Âge.

Enfin, il est intéressant de constater que notre actuel système de désignation des personnes s'est installé du XIe au XIIIe siècle. La pénurie du stock de prénoms a provoqué l'apparition des noms. Les hommes ont dû se différencier, s'identifier par l'emploi d'un surnom.

Par ces quelques exemples nous voyons que le nom a un importance capitale et qu'il intéresse au plus haut point philosophes et théologiens.

Or le passage de la Genèse qui est l'objet de notre étude nous montre les premières nominations de l'homme. La Bible est la première référence pour les théologiens, par elle doivent s'éclaircir les questionnements de l'homme. C'est ainsi qu'Isidore de Séville se reportera au passage de la Genèse sur la nomination des animaux pour introduire son propos sur les animaux domestiques dans ses Étymologies. Une vaste problématique se pencherait sur l'impact de cette scène sur ces questions. Dans notre étude, nous chercherons à comprendre comment l'iconographie représente ces questionnements, ces notions liées à la nomination. Quels sont aussi les évolutions quant à la réflexion sur le nom, et comment sont-elles figurées sur les enluminures ? Les enluminures sont souvent des condensés de théologie, où peuvent être illustrées plusieurs notions.

Pour analyser les différentes sources qui s'offrent à notre étude, nous avons donc cherché dans les sites iconographiques des bibliothèques9(*), dans les catalogues de bibliothèques, ou autres supports, des enluminures sur la nomination des animaux. Ce travail de recherche fait, nous avons effectué un dépouillement systématique des sources, autant que possible, autour du manuscrit : datation, auteurs, enlumineurs, destinataire, possesseur, langue. Une grosse partie de ce travail a été effectué en master 1. Puis nous avons identifié le texte en rapport avec l'enluminure  : le passage de la Genèse, le commentaire d'Isidore de Séville sur ce passage, dans ses Étymologies, pour les bestiaires, ou encore des gloses dont celle inspirée de l'Historia scholastica de Pierre le Mangeur (†1180) et la glose ordinaire issue de la bible française du XIIIe siècle10(*) . Ces enluminures ont été comparées entre elles, les spécialités de chacune identifiées et dans la mesure du possible expliquées. Les récurrences aussi ont été notées pour reconnaître des idées générale, acceptées par tous. Les absences de certains animaux ont été relevées.

Pour les différentes interprétations il a été nécessaire de chercher chez les auteurs médiévaux, leurs explications et leurs commentaires. En premier lieu ceux qui auraient pu influencer les enlumineurs. À commencer par saint Augustin qui est l'un des Pères de l'Église le plus influent au Moyen Âge, puis d'autres intellectuels médiévaux, «ceux qui font métiers de penser et d'enseigner leur pensée»11(*), qui ont pesé dans la pensée médiévale et dans les esprits. Au même rang que saint Augustin, les commentaires de la Genèse des Pères de l'Église ont une place importante dans la pensée médiévale, ils servent souvent de fondement aux commentaires médiévaux. Après la renaissance du XIIe siècle qui apporte un renouveau dans les Arts et un épanouissement de la culture patristique latine, le bouillonnement philosophique du XIIIe siècle, dans les écoles et les universités, renouvelle la manière de voir les choses. Un choix a du alors être fait entre les théologiens, les philosophes et les intellectuels. Nous avons choisi ceux dont les idées ont été reprises et ont apporté une nouveauté dans la théologie comme Robert Grosseteste (†1253), Thomas d'Aquin (†1274), Albert le Grand (†1280) et Maître Eckhart (†1328), mais aussi ceux qui véhiculent les idées communes, acceptées par tous, comme Isidore de Séville (†636) ou Honorius Augustodunensis (XIIe s.).

Dans notre corpus iconographique nous retrouvons l'homme face aux animaux, l'homme dominant les animaux. C'est un schéma, souvent lié à un mythe religieux, que l'on retrouve dans beaucoup de civilisations. Dans l'Orient Ancien, Enkidu compagnon de Gilgamesh doit choisir entre la vie parmi les animaux, qu'il protège, et la vie parmi les hommes12(*) , la civilisation de l'Ancien Testament, nous montre Noé qui sauve l'espèce animale du Déluge, puis dans la culture gréco-romaine Orphée charme et dompte tous les animaux par son art musical.

Le christianisme médiéval, issu des traditions hébraïque et gréco-romaine, interprète cette domination à sa manière. Jusqu'au XIIIe siècle la plupart des manuscrits de notre corpus sont l'oeuvre de clercs, inspirés par des écrits de clercs. Les enlumineurs qui ont représenté la nomination des animaux par Adam, ont soit recopié l'enluminure d'un autre manuscrit, soit ont été inspirés par un modèle intellectuel ou un concept théologique, en rapport avec le passage de la Genèse. Aux XIVe et XVe siècles, les schémas restent les mêmes, bien que la touche laïque soit pour certains manuscrits de plus en plus lisible. Pouvons nous en déduire une certaine vision des clercs sur le monde animal ? Les animaux ayant été nécessairement choisis, sélectionnés dans le parc animalier à disposition des enlumineurs, quels sont ces animaux ? Quel reflet peuvent-ils nous donner de la société médiévale ? Quelle évolution constater quant au choix des animaux et que révèle-t-elle ?

Par la nomination, Adam n'est plus seulement le premier homme, mais il devient aussi roi de la création. en nommant les animaux il prouve qu'il les connaît. Comment est représenté l'Adam «savant», celui qui est dans la pleine connaissance divine ? Quelle place obtient-il dans la théologie médiévale ?

De plus, ce sujet iconographique nécessite parfois la représentation du paradis terrestre. Il est le pendant du paradis céleste, l'un se trouvant à l'alpha et l'autre à l'oméga. La société médiévale est une société eschatologique, pour qui le Paradis est le but ultime à atteindre. Du moins les clercs essayent de sensibiliser le chrétien à ce but. La vision du paradis terrestre, à travers l'iconographie de la nomination des animaux est alors très intéressante. Quel est ce Paradis idéal perdu par le péché de l'homme, comment est-il considéré, peut-on là encore constater une évolution dans cette représentation ? Dans quels manuscrits retrouvons- nous les images les plus développée du paradis ?

Plus largement quels sont les différents enjeux liés à la nomination d'après les commentaires et comment ces enjeux sont-ils rendus dans l'iconographie ? Quelle évolution constater à travers les textes et les images quant à l'interprétation de cette scène ? Qu'indiquent ces interprétations sur le monde contemporain, que reflètent-elles de la pensée médiévale ? Quel écart peut-on constater entre les enluminures et le texte ?

Nous répondrons à ces diverses interrogations en deux parties.

La nomination des animaux touche quatre notions fondamentales : la parole, la science, l'autorité et la sexualité. En parlant, en nommant d'autres créatures, l'homme se distingue foncièrement de l'animal. Par la nomination, Adam met à jour son omniscience en trouvant un nom qui correspond à chaque animal : la nomination et la connaissance sont deux notions intimement liées. L'homme obtient la suprématie sur le monde animal, il devient seigneur de l'Éden. Cette scène précédant la création de la femme a des conséquences sur la relation qui unira les deux humains.

Cette iconographie reflète aussi l'image du paradis terrestre. Le choix des animaux, des végétaux et l'agencement du jardin nous montrent que le paradis terrestre est un lieu imaginaire. L'harmonie qui règne entre Adam et les animaux aidée par l'angélique nature, nous montre un endroit rêvé par les clercs, et à travers eux peut-être par certains laïcs. Le monde animal qui a aussi perdu l'accès au paradis terrestre par la faute de l'homme, mais qui respecte le dessein que Dieu a sur lui, est un exemple à suivre.

Première partie : L'image d'Adam par la nomination des animaux

Le passage de la nomination des animaux est l'un des rares où l'on voit Adam hors du contexte du péché. Si dans l'imaginaire médiéval Adam est avant tout le premier pécheur, il est aussi le premier homme. A travers l'iconographie de la nomination des animaux nous pouvons identifier d'autres facettes d'Adam. Il est pleinement homme quand il parle mettant ainsi son intelligence à l'épreuve, c'est un modèle pour les savants car il a élaboré la première nomenclature. C'est aussi un souverain, le seigneur du Paradis, et enfin il prépare la venue de la femme en refusant de s'identifier aux animaux.

Chapitre 1 : Homme par la parole

1. Le geste et la parole

Le face à face d'Adam avec l'animalité le fait devenir homme de parole, il n'est plus seulement créature parmi les créatures, il est celui qui parle, celui dont l'intelligence s'exprime.

Par la nomination Adam accomplit son premier acte de parole. Pour représenter la parole les enlumineurs n'ont pas eu recours a des transformations au niveau de la bouche d'où sont émis les sons de la voix. La tapisserie de Gérone13(*) (ill. 1) en cela fait exception, celle qui confirme la règle : Adam ouvre la bouche. Or dans les enluminures «les personnages de condition n'ouvrent pas la bouche»14(*) pour s'exprimer. En règle générale, la parole s'exprime à travers les gestes de celui qui la profère. Il est aisé d'expliquer le choix de représenter la parole par des gestes pour l'iconographie, pour une raison pratique, de larges gestes se repèrent plus facilement qu'une bouche ouverte. Cependant la parole ne s'exprime pas seulement par des gestes dans les enluminures, mais aussi dans la vie réelle. Pour Grégoire de Nysse (†395), les mains sont faites, en premier lieu, pour la parole :

Les mains peuvent prêter leur utilité pour tout art, toute activité, [...]. Mais c'est avant tout pour la parole que la nature a ajouté les mains à notre corps, [...]. Les oeuvres des mains sont une aide nécessaire à l'élocution. C'est pourquoi, si quelqu'un dit qu'elles ont été données à la nature douée du langage afin de parler, il ne s'éloigne vraiment pas de la vérité [...]. Les hommes parlent en lettres, mais vraiment ils s'entretiennent entre eux, d'une certaine façon, par les mains qui saisissent les voix mêmes par les notes des lettres.15(*)

Le geste d'Adam qu'on pourrait appeler le geste de la désignation, est revêtu d'une certaine autorité grâce à la présence de Dieu qui confirme son acte. Cette présence est plus ou moins explicite. Dieu, assis sur un trône, est imposant dans la mosaïque de Saint-Marc16(*) (ill. 6), et Adam le regardant, donne leur nom aux animaux. Dieu moins majestueux dans le bestiaire de Guillaume le Clerc17(*) (ill. 11), n'en est pas moins le supérieur (de par sa taille) de qui vient le pouvoir. Enfin une présence simplement suggérée dans le bestiaire de Saint John's College18(*) (ill. 23), où Adam a déplié trois doigts de sa main gauche, le pouce l'index et le majeur, rappelant l'unité de la Trinité. Dieu est plus présent dans les enluminures de la bible qui représentent plus systématiquement la scène dans son «environnement».

La parole s'incarne parfois en un phylactère, dans le bestiaire de Saint-Pétersbourg19(*) (ill. 4), Adam tient un phylactère de sa main gauche, qui symbolise sa parole. Le phylactère, «symbole de la Vérité et de la Sagesse»20(*) est un élément essentiel aux prophètes ou aux apôtres transmettant le message divin. Ici, Adam accomplit un acte d'autorité, un acte divin. Dans le bestiaire de la Boldeian Library21(*) (ill. 18), le phylactère est comparable à une bulle de parole, il y est inscrit : Hic dat nomina bestiis Adam. Les autres phylactères sont vierges (ill. 4 et 10), leur seule présence suffit à évoquer la parole d'Adam, sa parole divine empreinte d'autorité.

La parole est donc très codifiée, que ce soit par le geste ou par le phylactère. Le XIIIe siècle est une époque qui voit les progrès de l'écriture, de la lecture, du livre manuscrit, en d'autres termes on assiste au chant du cygne de l'oralité. La parole éclate à travers la prédication des ordres mendiants mais aussi par le biais des universitaires, des laïcs qui se livrent à une véritable prise de parole. La parole se codifie, les «péchés de la langue» sont répertoriés22(*). Il n'est pas étonnant alors de voir se multiplier la scène de la nomination, où la parole tient une première place, dans les bibles et les bestiaires.

Les gestes d'Adam deviennent de plus en plus conventionnels. Nous avons identifié plusieurs gestes liés à la nomination. Les deux principaux sont ceux de l'imposition et de la désignation. Adam fait le geste de l'imposition lorsqu'il étend sa main en direction des animaux, la paume tournée vers le sol (9 occurrences). En trois occasions cette imposition du nom se fait sur un animal spécifique : le mouton (ill. 3), la licorne (ill. 27) et le lion (ill. 6), mais l'élection d'un animal lors de l'imposition des noms est plutôt rare. La désignation se caractérise par un index tendu horizontalement en direction des animaux, il est exclusivement fait de la main droite (9 occurrences)23(*). Ce geste est à rapprocher du geste d'autorité (6 occurrences), l'index étant cette fois pointé vers le haut, c'est le geste que font les prédicateurs ou clercs lorsqu'ils enseignent. Trois gestes accomplis par Dieu lorsqu'il est présent. Ainsi la parole d'Adam est assimilée à trois gestes spécifiques, trois codes.

Au Moyen Âge toute parole s'accompagne d'un geste, et tout geste s'accompagne d'une parole, ne serait-ce que dans la liturgie24(*) ou les sacrements25(*). La parole n'a pas de valeur sans geste et réciproquement. L'acte d'Adam pourrait s'apparenter en cela à un acte liturgique, le sacrement du baptême comme nous le verrons plus loin.

Dans la tradition orientale qui se reflète dans la Caverne des Trésors26(*), Adam est prêtre, au même titre que prophète et roi, les trois fonctions religieuses de l'Ancien Testament. Cette idée s'est exportée en Occident par le biais de l'influence byzantine. Ce que nous constatons dans l'iconographie du XIIIe siècle : lorsqu'Adam est vêtu, il l'est à la façon des patriarches byzantins. Soit Adam est assis de profil drapé dans son manteau (ill. 4, 5, 7, 18) soit il est debout dans un style très byzantin entre deux femmes couronnées comme dans dans le bestiaire d'Alnwick Castle27(*) (ill. 10). Mais si Adam est considéré comme prêtre, prophète et roi dans la littérature orientale, il reste dans l'iconographie la créature nue au milieu des autres créatures. La manière de représenter Adam comme un prophète est orientale. Cette grandeur d'Adam est frappante dans le bestiaire d'Aberdeen28(*) (ill. 5) et son jumeau de la Boldeian Library (ill. 18) : la figure élégante et élancée d'Adam, assis sur un trône au dossier allongé se distingue nettement sur le fond d'or. Adam a la même position que Dieu créant les animaux29(*) dans les bestiaires respectifs, mais plus largement il a la pose des patriarches et des évangélistes des siècles précédents.

Notons aussi la présence des deux femmes couronnées qui encadrent Adam dans le bestiaire de Northumberland (ill. 10), leur présence pour le moins originale pourrait symboliser deux vertus d'Adam, comme sa sagesse, son intelligence ou sa science. Elles tiennent des phylactères vierges de toutes inscription, mais leur présence renforce néanmoins la sainteté, la grandeur d'Adam.

2. La parole qui fait l'homme

Depuis Aristote qui est largement commenté au XIIIe siècle, l'homme n'est qu'un animal politique, mais un des attributs qui le différencie nettement de l'animal c'est son intelligence qui s'exprime par la parole.

Le langage fonde la liberté de l'homme, impliquant l'absence des objets ; il provoque la prise de conscience par l'homme de son autonomie par rapport à la nature (il s'affirme distinct d'elle) et par rapport à Dieu (c'est l'homme qui nomme les bêtes). Car nommer pour qui nomme c'est se distinguer de ce qu'il nomme et se voir ou se vouloir une identité différente. Adam fait à l'image de Dieu est bien différent des animaux. Les enluminures marquent bien cette différence. Adam se détache toujours des animaux, qui sont soit en groupe compact à coté de lui (La plupart des enluminures, entre autres les illustrations 9, 15, 16, 19, 20...), soit autour de lui, lui faisant un cercle d'honneur (ill. 13), soit parqués dans des «cases», face à Adam (ill. 4, 5, 18,). Ou encore, il existe de fortes différences physiques entre Adam et les animaux dans la bible flamande30(*) (ill. 27) Adam est plus grand que tous les animaux, même l'éléphant. Dans un bestiaire Adam est franchement séparé du reste des animaux par un bandeau (ill. 10). Et c'est la parole qui sépare l'homme des animaux comme le phylactère qui traverse le bandeau dans le bestiaire de Northumberland (ill. 10).

La raison, l'intelligence de l'homme s'exprime par la parole. Et la nomination, nous dit saint Augustin, «fait apparaître que c'est par sa raison que l'homme est supérieur aux animaux, parce que seule la raison peut, en portant sur [les animaux] un jugement, les différencier et les distinguer par un nom»31(*)

Cependant la parole de l'homme est différente de celle de Dieu, pour saint Thomas d'Aquin. Dieu est supérieur à sa créature, car il possède une personnalité spirituelle dont le signe est précisément la parole souveraine, la parole créatrice, puisque sa seule expression suffit à produire des êtres. «Dieu dit : `Que la lumière soit !' Et la lumière fut.» (Gn I, 3)

3. Le langage d'Adam

Cette première parole d'Adam a posé bien des questions aux commentateurs médiévaux32(*). À commencer par ce fameux langage originel, parlé par Adam : quel était-il, était-il constitué comme l'étaient les créatures dès leur apparition à la vie ?

Gilbert Dahan remarque que les commentateurs médiévaux ont peu utilisé de considérations étymologiques à propos de la nomination. Or l'origine des mots, l'étymologie, reste la base pour éclairer les problèmes de toute connaissance. C'est par l'étymologie qu'on peut approcher l'essence d'un mot. «Quand tu auras vu l'origine du nom, tu comprendras plus vite sa vertu»33(*) nous dit Isidore de Séville, l'étymologiste de référence durant tout le Moyen Âge. Il fait peu de doute que la langue originelle est l'hébreu. La Glose Ordinaire et l'Histoire scolastique de Pierre le Mangeur (†1180), textes de base des écoles et des universités, le confirment. Pour Pierre le Mangeur, «Adam imposa [aux animaux] leur nom en langue hébraïque, qui était la seule depuis les commencements. Et depuis il est convenu que les noms qui furent donnés jusqu'à la division des langues, sont en hébreu.»34(*), ce qui est prouvé «par le fait que tous les noms propres qui se trouvent dans la Genèse jusqu'à la division des langues sont hébraïques»35(*).

La nature du langage qui aujourd'hui pose des questions, n'en posait pas au Moyen Âge. Le premier langage qui est une nomenclature n'est pas concret, il est abstrait. Henri de Gand l'explique ainsi :

Appelavitque Adam... cuncta, selon l'espèce, non selon le nombre. En effet comme le nom est, de même que la définition, un discours sur la quiddité, l'essence est une pour tous les individus d'une même espèce. c'est pourquoi l'imposition réelle d'un nom ne peut se faire que pour une espèce de même que la définition ne définit que l'espèce36(*)

Adam a donc devant lui un monde pur, d'idée abstraites, un monde qu'il nomme, de ce fait dans l'abstrait. Cependant les imagiers illustrent le passage de la Genèse par des images très concrètes. Le récit de la Genèse est effectivement le récit concret des débuts de l'humanité pouvant répondre aux questions abstraites des hommes.

Adam parlait-il avec les animaux ? Les enluminures nous montrent des animaux attentifs, réceptifs à la nomination, ils regardent en général Adam droit dans les yeux. Les contes médiévaux se font l'écho de cette croyance : ceux qui s'ouvrent par «C'était au temps où les bêtes parlaient...»37(*), rappellent cette époque idyllique. Dans les contes où les hommes peuvent comprendre le langage des animaux, ils ont souvent accès à des secrets qui leur donnent richesse et félicité. Cette croyance populaire est à rapprocher de celle qui se rapporte à l'âge d'or de l'humanité qu'était l'Éden. Le dialogue que paraît entretenir Adam avec les animaux est une des raisons de sa toute puissance.

La première parole de l'homme, une des rares qu'il ait prononcée dans le Paradis, est une parole qui lui fait honneur car la nomination des animaux a prouvé toute sa science. Par la dénomination de chaque êtres vivants, Adam manifeste éminemment sa nature raisonnable, il montre qu'il est capable de tous les identifier.

Chapitre II. Maître et père par le don du nom

La première parole d'Adam a été une imposition de noms, cette parole est la manifestation de l'omniscience d'Adam. Car, d'après le Cratyle, nommer ce n'est pas trouver une étiquette arbitraire pour désigner des objets, c'est exprimer avec un mot la réalité spécifique des objets38(*).

Voici Cratyle qui prétend mon cher Socrate, que chaque chose a un nom qui lui est naturellement propre ; que ce n'est pas un nom, celui dont quelques hommes se servent après être tombés d'accord de s'en servir et qui consiste que dans une certaine articulation de la voix ; mais que la nature a attribué aux noms un sens propre, le même chez les grecs et les barbares.39(*)

En reprenant Platon la pensée médiévale nous donne une version chrétienne du Cratyle. Le nom renferme en lui l'essence même de l'être nommé. Pour nommer les animaux Adam doit connaître leur essence, leur nature. Or Adam a la pleine connaissance, il n'a pas besoin de communiquer avec Dieu, il donne aux animaux un nom conforme aux idées de Dieu, puisqu'il a toute sa connaissance. Dans les textes anciens rabbiniques40(*) , Dieu demanda d'abord aux anges de nommer les animaux, mais n'ayant pas la même connaissance que l'homme, ils ne purent le faire. Et c'est par cette connaissance que l'homme est plus grand que les anges41(*). Pour presque tous les exégètes chrétiens l'imposition de noms exprime l'opération conventionnelle par laquelle Adam applique aux réalités les conceptions que lui fournit l'Esprit-Saint.

1. Adam le premier maître

Dieu forma le premier homme parfait, non seulement pour ce qui est de son corps, afin qu'il pût aussitôt engendrer, mais aussi pour ce qui est de son esprit dans la connaissance, à laquelle il peut attendre naturellement afin de pouvoir aussitôt enseigner42(*)

Ce texte de Nicolas de Lyre (†1349), nous présente Adam comme un maître, ceux qui aux XIIe et XIIIe siècles ont pris tant d'importance dans les écoles et les universités. L'iconographie nous donne parfois une telle image d'Adam. Dans un bestiaire de la BNF du XIIIe s.43(*) (ill. 12), ainsi que dans celui de Saint John's College (ill. 23), Adam porte la toque des maîtres, et sa main accomplit un geste de souveraineté, l'index élevé, en signe d'autorité de sa parole44(*). Cette attitude est à rapprocher de celle du prêcheur, qu'il soit clerc ou Mendiant, dont la parole revêt d'une certaine autorité. Adam pourrait être un modèle pour ces maîtres de la parole. D'autant plus qu'un autre geste souvent accompli par Adam pour cette scène est celui de l'enseignement, l'index pointé horizontalement, comme dans les enluminures du De natura animalium de Cambrai45(*) (ill. 15) ou du Le livre des propriétés des choses de Barthélemy l'Anglais46(*) (ill. 20).

En effet, tous les commentateurs médiévaux s'accordent à dire que les noms donnés par Adam correspondent à la nature des animaux, à leurs caractéristiques :

Dans les Commentaires de la Genèse d'André de Saint-Victor :

Il faut savoir qu'Adam imposa des noms aux réalités d'après certaines propriétés qui sont en elles. C'est pourquoi il est dit : pour qu'il vît comment les appeler, c'est-à-dire afin qu'il vît attentivement à partir de quelles propriétés imposer des noms à chacun47(*).

Dans les Commentaires de la Genèse de Nicolas de Gorran : «Appellavit Adam nominibus suis : c'est-à-dire de noms leur convenant et non pas d'appellations vaines et données arbitrairement»48(*).

Ou encore dans les Commentaires de la Genèse de Maître Eckhart (†1328) : «Adam a imposé un nom à chaque chose d'après ses propriétés si bien que ce nom en indique la nature et les propriétés naturelles»49(*). Un peu plus loin, il donne l'exemple des devins qui se fondent sur les noms qui sont attribués aux hommes, «et leur font confiance pour tirer des présages du nombre de la figure ou encore de l'ordre des lettres»50(*)

Le nom renferme donc toutes les propriétés de l'animal, et Adam a su trouver pour chacun le nom qui correspondait à ses propriétés. En cela Adam est le modèle du maître, du sage, et c'est pourquoi les commentateurs judéo-hellénistiques puis chrétiens mettent en rapport le sage onomatothète de la philosophie grecque avec Adam : est sage celui qui établit les noms51(*).

Ainsi l'homme, par le simple fait de nommer les animaux, «remplit sa vocation «scientifique» à l'état pur, c'est à dire non idéologique : tout le contraire de la «science» représenté par l'arbre de la connaissance»52(*). La science d'Adam est le summum scientifique qu'ait pu avoir un homme, l'Homme. Adam est considéré comme omniscient puisqu'il a eu une connaissance parfaite de la création sur laquelle il régnait et cette considération va déboucher au XIIIe siècle sur la doctrine scolastique de la science infuse.

D'après ceci notre passage suggère qu'Adam connaissait les natures de toutes les choses, puisqu'il leur a donné un nom à toutes. Adam a donc été originairement doté par Dieu d'une science parfaite afin qu'il connaisse tout ce qui est ou peut être saisi à la lumière de l'intellect agent, comme disent les théologiens [Albert le Grand et Thomas d'Aquin, mais à propos de l'intellect de Christ].53(*)

La nomination des animaux provoque non seulement la connaissance de l'homme, mais elle le pousse aussi à se connaître lui-même. Pour saint Thomas d'Aquin l'homme n'avait pas besoin matériellement des animaux dans l'état d'innocence, mais il en avait besoin pour prendre une connaissance expérimentale de sa nature54(*). «Il fallait voir [les animaux] et les considérer pour les nommer, il fallait les apprendre pour les prendre dans la parole. Adam ne pouvait inventer leur nature, il se devait de la respecter. Les noms viennent d'un regard obéissant à la nature même des choses»55(*).

Nommer c'est aussi classifier, distinguer et isoler les uns des autres des éléments connus, ce qui marque le premier stade de la pensée. Ainsi le motif de la nomination des animaux trouve toute sa place dans les bestiaires qui sont la codification des savoirs médiévaux sur les animaux. Le XIIIe siècle est connu pour être celui de l'encyclopédisme, les savoirs sont classifiés, répertoriés. Le premier acte d'Adam est de nommer les animaux pour les distinguer, voire les classifier.

Nous voyons l'oeuvre de cette classification dans la distinction rigoureuse que fait un bestiaire d'Oxford (ill. 23) entre les oiseaux. Outre le coq et la chouette qui sont facilement identifiables, l'enlumineur a travaillé avec précision pour représenter deux bouvreuils (plumage gris et noir et poitrine rouge), deux chardonnerets (oiseaux blancs aux touches rouges, jaunes et noires), deux pies (noires et blanches) ainsi qu'un faisan (tout brun avec une longue queue).

Dans la bible de la Pierpont Morgan Library56(*) (ill. 9), les animaux sont divisés en trois catégories : les oiseaux dans le ciel ou dans les arbres, les quadrupèdes sur la terre et une baleine (représentante de tous les poissons) dans l'eau ; cette même classification se retrouve dans le bestiaire d'Oxford (ill. 23), le bestiaire d'Anne Walshe57(*) (ill. 24) et le Liber de bestiis et aliis rebus58(*) (ill. 25). D'une manière plus précise ou plus isidorienne, dans le bestiaire de Saint-Pétersbourg (ill. 4), les animaux sont classés selon qu'ils sont des volatiles, des bêtes sauvages ou du bétail. Enfin le bestiaire d'Alnwick Castle (ill. 10), qui présente un nombre impressionnant d'animaux dans l'enluminure de la nomination, divise ses animaux en trois groupes : les volatiles, les quadrupèdes et les bêtes rampantes.

2. Le père des animaux

L'acte accompli par Adam est à la fois un acte de connaissance et de co-création59(*), Robert Delort parle d'une deuxième création opérée par l'homme, en effet en leur donnant un nom, Adam a achevé la création divine des animaux. Par ce nom ils acquièrent leur rôle sur la terre, leur raison d'être.

En nommant les animaux, Adam peut revendiquer une certaine paternité sur le monde animal, car, pour Philon d'Alexandrie les mots d'Adam «deviennent les noms non seulement de l'objet appelé, mais de celui qui l'a appelé»60(*). Comme un père qui lègue son nom.

Nous avons vu que par ses gestes, celui de l'imposition et celui de la bénédiction, Adam paraissait accomplir un acte divin, un sacrement. L'imposition des noms est à rapprocher de l'imposition du nom de l'enfant lors du baptême.

À partir du XIe siècle le baptême des enfants se généralise, «car qui est plus malade que le nourrisson, incapable de dire qu'il est malade ?»61(*). Et pour la plupart des statuts synodaux l'administration du sacrement doit s'accompagner de l'attribution du nom de l'enfant. Mais jusqu'au XVe siècle la formule du baptême sera discutée.

Adam a-t-il procédé au baptême de la création ? Un texte de tradition arménienne du XIVe siècle, le dit clairement : «Cette nomination est dite comme étant faite dans une dignité religieuse parce qu'elle est analogue au baptême d'un enfant»62(*). L'Orient donne plus facilement à Adam les rôles de prêtre, prophète et roi63(*). En Occident cette comparaison est moins systématique.

En Occident, plus fréquemment les commentateurs médiévaux cherchent les points de similitude entre Adam et le Christ, nouvel Adam. La nomination des animaux est comparée à la nomination des apôtres dans la vie du Christ. Par exemple la glose de la bible du XIIIe siècle sur la nomination des animaux est exclusivement consacrée à une comparaison avec le Christ. Comme Adam le Christ «apela toutes choses par leur nons en sa predication, touz ceuls qui le voloient croire apela par noviaux nons, car il les apela fuiz Dieu»64(*). Et à propos de cette imposition des noms aux apôtres, «il faut noter qu'à l'image de cette imposition d'un nom le prêtre impose aux enfants leur nom lorsqu'il les baptise»65(*). L'idée du baptême de la Création opérée par Adam passe par la comparaison de ce dernier au Christ.

L'enluminure du bestiaire de Sloane66(*) (ill. 13) diffère des autres par la position d'Adam. Planté au milieu des animaux qui ont une attitude de soumission et d'écoute, Adam de face, bras ouverts, ressemble au Christ prêchant, c'est la figure du bon pasteur au milieu de son troupeau. Et à travers cette figure du bon pasteur nous retrouvons celle du père attentif envers tous ses enfants.

Chapitre 3 : Seigneur de l'Éden

«En donnant un nom propre à tous les animaux, l'homme ne fait pas tant sortir l'animal de son anonymat qu'il n'est mis en position d'incontestable supériorité, comme si la nature attendait de lui qu'il lui imprime sa marque»67(*) . La nomination des animaux n'est qu'une précision pour expliquer la supériorité de l'homme sur le monde animal. Dans le premier récit de la Création nous voyons que l'homme doit soumettre les poissons, les oiseaux et les bestiaux (Gn I, 26 et 28), en d'autres termes il est appelé à être seigneur de la Création.

Et Honorius Augustodunensis, en reprenant saint Augustin, explique dans l'Elucidarium la suprématie de l'homme sur le monde par son propre nom, c'est à dire par son essence même, «l'homme reçu un nom tiré des quatre points cardinaux (Anatole, Disis, Arctos, Mesembria) que ses descendants devaient peupler, comme Dieu domine tout dans le ciel, l'homme devait tout dominer sur terre»68(*) . Adam a donc un caractère universel, qui lui permet un pouvoir sur toutes les créatures.

1. Le pouvoir idéal

Selon Pierre le Mangeur († v. 1180), c'est parce qu'il a été créé à l'image de Dieu et qu'il a un esprit rationnel que l'homme a acquis la supériorité sur le monde animal69(*) . Ce pouvoir est souvent présenté comme un modèle de gouvernement, puisque Adam alors était parfait et que le monde n'avait pas été perturbé par le péché originel.

Robert Grosseteste (†1253) dans son commentaire nous présente le pouvoir idéal qu'exerçait Adam :

Fait à l'image de Dieu, l'homme surpasse les autres créatures. Car il était obéissant, en accord avec son Créateur et ne s'est jamais détourné de cette obéissance. Jamais il n'a été perturbé par un mouvement irrationnel et c'est pourquoi toute chose était en son pouvoir, dans un gouvernement de paix.

En outre, Jean [Chrysostome, († 407)], évêque de Constantinople a dit que tous les animaux étaient sujets de l'homme. Le fait que certains tuent des hommes aujourd'hui est un châtiment du péché originel70(*).

Que devons-nous penser du pouvoir de l'homme ? Alors que la plupart de bétail lui est soumis, d'autres animaux peuvent le tuer à cause de la fragilité du corps humain. Le pouvoir de l'homme était-il aussi grand quand l'homme était dans un état de grâce et de liberté que quand il était dans un état de déchéance ? Dans le Paradis, tous les animaux vivaient sous l'autorité de l'homme, en paix avec les autres et dans l'obéissance de l'homme71(*)

Nous avons là l'image du système monarchique médiéval, où idéalement un peuple vit en paix sous l'égide d'un roi qui a un pouvoir de droit divin. Le don d'un nom est aussi un acte de souveraineté. Il instaure une hiérarchie entre le donateur et le nommé. La nomination d'un sujet par son roi est un acte de discernement et de reconnaissance. C'est une relation de roi à sujet qui s'instaure entre Adam et les animaux72(*) .

Maître Eckhart (†1328) profite de son commentaire sur la nomination des animaux pour faire une comparaison des qualités d'Adam maître des animaux et de celles d'un détenteur de l'autorité à l'époque médiévale :

Au sens moral, dominer autrui ne se mérite pas et ne doit pas être confié à qui est dominé par des passions. Et qui n'excelle pas par une vertu plus élevée et plus parfaite ne doit pas dominer autrui [...]. Le Simonide écrit : «il est insensé de vouloir commander autrui quand on n'est pas capable de commander à soi-même73(*)

2. Tout pouvoir vient de Dieu

À l'époque médiévale, tout pouvoir digne de ce nom vient nécessairement de Dieu. Adam n'est pas tout puissant, seul Dieu est tout puissant. Et si Adam domine tous les animaux, même le lion, nous voyons dans la mosaïque de Venise (ill. 6) qu'Adam a sa tête et son pied tournés vers Dieu, et nous montre ainsi le siège réel du pouvoir. Cette image est renforcée par le fait que Dieu trône majestueusement sur un siège, à coté d'Adam qui reste debout. Dans une bible historiale de Guiart des Moulins74(*) (ill. 21), Adam rejette sa main gauche en arrière, paume ouverte, en signe d'acceptation du pouvoir que lui confère Dieu qui, derrière, bénit la scène. Ce même geste se retrouve dans la bible de la Pierpont Morgan Library (ill. 9), ou encore dans le bestiaire de Guillaume le Clerc (ill. 11). Dans une bible Dieu tient le poignet d'Adam (ill. 9) et il affirme ainsi, d'une manière corporelle, son pouvoir sur sa dernière créature. Adam appartient à Dieu, il lui est soumis, comme les animaux qui n'ont d'yeux que pour Dieu et Adam. Le pouvoir qu'Adam a sur les animaux lui vient de Dieu, parce qu'il est la seule créature a être à l'image de Dieu, comme nous l'explique Thomas d'Aquin : «Les supérieurs gouvernent toujours les inférieurs. Aussi comme l'homme est au dessus de tous les autres animaux car il a été fait à l'image de Dieu, est-il très convenable que les autres animaux soient soumis à sa conduite»75(*)

Adam reste soumis à Dieu. Dans l'enluminure d'une bible historiale76(*) (ill. 19) Dieu a un geste d'autorité à l'encontre d'Adam, sa paume gauche ouverte, invite Adam à nommer les animaux, qui sont désignés par son index droit tendu ; Adam, obéissant à son supérieur, s'exécute. La soumission d'Adam est aussi notée dans son imitation du geste de Dieu, qui est très explicite dans un bestiaire du XIIIe siècle conservé à Cambridge77(*) (ill. 14). Cependant l'imitation est imparfaite, Dieu élève son index gauche, il demande à Adam de nommer les animaux ; quant à Adam il élève son index droit, la main par laquelle le geste a vraiment une efficacité, où le geste agit, puisqu'en nommant les animaux, Adam leur donne une «âme», une raison à leur existence, ainsi qu'un maître. Dieu commande, mais Adam seul agit.

3. Seigneur de l'Éden

Pour l'homme médiéval, Adam est seigneur de l'Éden. Les comparaisons ne manquent pas dans les commentaires. Guiart des Moulins nous présente Adam comme le «seigneur des bestes». Le Jeu d'Adam, drame du XIIe siècle, fait dire à Dieu : «De tote terre avez la seignorie»78(*). Dans un bestiaire anglais79(*) (ill. 16), Adam apparaît comme un seigneur, car il détient des insignes traditionnels du pouvoir : un sceptre et des gants. Enfin sa pose hiératique et son geste d'autorité (l'index pointé vers le haut) confirment cette image de seigneur laïc. Nous ne connaissons pas le possesseur de ce bestiaire, mais les seigneurs laïcs étaient les premiers destinataires des bestiaires au XIIIe siècle en Angleterre. Si ce bestiaire était effectivement destiné à un laïc, il n'est pas étonnant de voir une telle représentation d'Adam, modèle des seigneurs.

Adam a sa main posée sur la tête du lion dans la mosaïque de Venise (ill. 6). Le lion est le symbole du pouvoir laïc (d'autant plus à Venise, où le lion est l'emblème de la ville), c'est l'animal royal par excellence. Adam domine le roi des animaux ; ainsi sa suprématie est-elle renforcée par la soumission du lion. Dans la littérature ou l'art, la soumission d'un lion au Moyen Âge exprime la royauté et la grandeur d'un homme : ainsi dans le lai de Haveloc le Danois, Argentille rêve que les lions s'agenouillent devant son mari, preuve qu'il deviendra roi80(*).

Le cerf est un animal fréquent dans cette iconographie, surtout aux XIIe et XIIe siècles. La relève est peut-être assurée par la licorne au XIVe siècle. Ces deux animaux au majestueux couvre chef représentent l'aristocratie, l'aristocratie qui a le privilège de chasser certains animaux dits les animaux nobles, l'aristocratie courtoise. Deux animaux christiques81(*) que nous retrouvons aussi bien dans les bibles que dans les bestiaires destinés à l'aristocratie laïque.

Le lion et le cerf (ou la licorne) sont souvent côte à côte, à une place de choix. Dans le bestiaire d'Aberdeen (ill. 5) les lions ont la première place, la première case, suivis par les cerfs, eux-mêmes talonnés par les chevaux. Ces étages supérieurs, sont «remplis» par les animaux nobles. Des animaux en qui l'aristocratie anglaise peut s'identifier. On ne connaît pas le possesseur de ce bestiaire, sinon qu'il appartenait sûrement à la famille royale, peut-être même à Richard Coeur-de-Lion. Le bestiaire jumeau de la Boldeian Library, met dans la première «case» deux lions, avec un cerf et un chien ressemblant fortement à un lévrier, le chien noble. Dans le Liber de bestiis et alliis rebus (ill. 25) seuls trois quadrupèdes font face à Adam : la licorne, dont Adam tient la corne, symbole de pureté, le lion et le lévrier. Parmi les oiseaux on reconnaît l'aigle et chez les poissons un dauphin. Ce sont des animaux nobles et/ou héraldiques. Nous pourrions multiplier les exemples pour voir que les animaux symbolisant l'aristocratie occupent une place importante dans l'iconographie d'une scène expliquant le pouvoir terrestre de l'homme sur ce qui l'environne.

Le péché originel d'Adam, nous dit Anselme de Canterbury (†1109) est comparable à la félonie d'un vassal envers son suzerain. Adam a renié son allégeance, il a injurié l'honneur de Dieu qui lui a retiré ses dons surnaturels comme le seigneur retire le fief du vassal félon82(*).

Toutefois l'iconographie qui se fait la plus explicite quant à la comparaison du pouvoir d'Adam au pouvoir séculier se trouve dans l'Orient chrétien à partir du Xe siècle. Là où comme nous l'explique Xénia Muratova, les fresques des églises financées par des princes glorifient le pouvoir séculier83(*)

Chapitre 4. Adam prépare la création d'Ève

Pierre le Mangeur dans son Histoire Scolastique, débute ainsi son commentaire sur la nomination des animaux :

Dieu dit aussi : Il n'est pas bon que l'homme soit seul ; faisons lui une aide qui soit semblable à lui [Gn II,18], pour avoir des enfants. Car ce qui est semblable naît par nature de choses semblables. Mais pour qu'Adam ne voie pas la création de la femme comme superflue [Dieu lui amena les animaux] parmi lesquels il pensait trouver quelqu'un de semblable à lui84(*).

La nomination des animaux précède la création de la femme. En nommant les animaux Adam s'aperçoit qu'aucun d'entre eux ne lui convient pour être son aide, son double. Le terme latin utilisé, adjutorium, renfermant l'idée de secours. Ainsi la nomination met en valeur les animaux parmi lesquels Adam aurait pu trouver une aide, ainsi que la femme, qui devient à la suite de cet épisode irremplaçable et indispensable à l'homme.

Dans la division de son commentaire de la Genèse, Guillaume d'Alton85(*) place la nomination des animaux dans le commentaire sur la création de la femme. Ce qui nous montre une relation indissociable entre la nomination des animaux et la création de la femme, l'une étant le prélude de l'autre. La création de la femme est une conséquence de la nomination des animaux.

Le langage est fortement lié à la sexualité humaine. Les animaux ont défilé devant Adam pour qu'il les essayât, pour qu'il se rende compte de sa différence. Autant d'échecs, jusqu'à l'apparition de la sexualité humaine, qui n'est plus uniquement bestiale86(*). Un sujet sur lequel les commentaires médiévaux se font très discrets.

Nous pouvons voir dans la mosaïque de Saint-Marc (ill. 6) que les animaux sont tous en couple, et à l'image des animaux, Adam cherche sa semblable dans le parc animalier. Ce sont des couples très liés, parfois il semble y avoir deux têtes sur un seul corps. L'accent est mis sur l'union étroite du couple, sur leur similitude. Les animaux sont aussi en couples dans le bestiaire d'Aberdeen (ill. 5). Deux exceptions se présentent : le lapin est seul, il représente ici le chrétien seul en danger, comme un lapin qui à tout à craindre des nombreux prédateurs qui l'environnent. Et les félins qui sont au nombre de trois : un lion, une lionne, une panthère ou un léopard. La représentation des couples d'animaux reste cependant rare, puisqu'elle est réservée à l'iconographie de l'Arche de Noé. Seuls les commentaires juifs précisent que les animaux sont venus en couple87(*)

La nomination de la femme suit celle des animaux. En voyant les couples d'animaux défiler devant lui, Adam se rend compte de sa singularité, il ne voit pas parmi les animaux une créature semblable. Adam ressemble en effet plus à Dieu qui est son modèle, puisqu'il a été fait à son image. Les enluminures sont explicites sur ce point. Un bestiaire de Cambridge (ill. 14) isole les animaux qui ne forment qu'un bloc compact face à Dieu et à Adam. D'autant plus qu'en imitant le geste de Dieu, Adam renforce la similitude des deux êtres. En nommant les animaux, en leur donnant des nom déterminant leur nature Adam se rend compte de la différence qui les sépare, mais il n'est pas en son pouvoir de susciter un être semblable à lui.

L'importance des lapins dans les enluminures représente aussi la la fécondité et la reproduction. Chaque couple d'animal a la possibilité de se reproduire. Les lapins très nombreux à l'époque médiévale88(*) élevés dans les garennes, symbolisent le but premier du couple : la reproduction.

Dieu créé donc la femme et, en la voyant, Adam procède comme il l'a fait pour les animaux, il la nomme, pour se l'approprier, et de ce fait il la domine. Et saint Augustin d'ajouter : «l'homme donna donc un nom à sa femme comme le supérieur à l'inférieur»89(*). Dans son commentaire sur la création de la femme les parallèles sont fréquent avec la nomination des animaux.

La femme a été faite comme une aide pour l'homme, afin que leur union spirituelle donnât une progéniture spirituelle à savoir les bonnes oeuvres de la louange divine, tandis qu'il dirige et qu'elle obéit, qu'il est lui dirigé par la sagesse et elle par l'homme. Car la tête de l'homme est le Christ et celle de la femme est l'homme [1 Co II, 3]. C'est pourquoi il est dit, il n'est pas bon que l'être humain soit seul. Il restait encore à faire que l'âme dominât le corps, parce que le corps occupe le rang de serviteur, mais encore que la raison de l'homme se soumît sa propre partie animale, à l'aide de laquelle il commande au corps. La femme que l'ordre des choses soumet à l'homme a été créée pour en donner l'exemple, afin que ce qui apparaît avec évidence en deux êtres humains, masculin et féminin, pût également être observé en un seul : l'intime et l'esprit doit, en tant que raison de l'homme tenir soumis le mouvement instinctif de l'âme, par lequel nous agissons sur les membres du corps, et il doit par une juste loi, imposer une mesure à celle qui est son aide, de la même façon que l'homme doit diriger la femme et ne pas lui permettre de dominer l'homme, car lorsque cela arrive, c'est le renversement et le malheur dans la famille90(*)

L'homme domine la femme comme l'Homme domine les animaux, et comme l'être humain domine ses passions par la raison.

Mais un changement fondamental s'est opéré, «en nommant Ève Adam passe du nommer au dire, de l'imposition des noms à des êtres muets au dialogue dans la liberté intime et ouverte à la fois»91(*) . Dans une bible de Charles le Chauve92(*) Adam fait le même geste pour nommer la femme que pour nommer les animaux, mais le commentaire qui accompagne l'image emploie le terme vocare (Christus Evam ducit Adae quam vocat viraginum), alors que pour les animaux les expressions appelavit, indidit vocabula ou imponere nomina sont utilisées. Avec le verbe vocare le nommé n'appartient plus seulement à une simple nomenclature mais une certaine relation s'établit entre celui qui nomme et celui qui est nommé.

Le thème de la sexualité humaine est peu abordé dans les commentaires93(*) ; les penseurs ont vite focalisé leur exégèse sur d'autres aspects. La nomination des animaux et leur domination sont aussi, symboliquement, la domination des «animaux intérieurs» de l'homme. L'homme doit combattre ses démons intérieurs et «pour échapper à l'emprise du mal imposer son autorité sur cette faune du chaos à l'instar d'Orphée charmant les animaux et d'Adam leur donnant un nom»94(*). Autrement dit par saint Augustin, l'homme a en lui-même «une partie raisonnable qui dirige et une partie animale qui est dirigée»95(*).

Homme, maître, père, seigneur, époux, les différentes facettes d'Adam s'offrent à nous dans l'acte de la nomination des animaux. Adam est un homme idéal, un modèle pour l'humanité, pour tous les hommes, proposé par les clercs. Plusieurs fonctions sociales sont valorisée, Adam est pasteur, maître et seigneur, une vision de l'Occident médiéval, du «prêtre, prophète et roi» vétérotestamentaire. Adam apparaît en homme parfait dans un lieu idéal.

Le Paradis perdu, monde inaccessible et recherché

Une image se créé du paradis terrestre au cours des derniers siècles du Moyen Âge, avec sa végétation, ses animaux et son harmonie idéale. Et ce grâce à une nouvelle approche du monde animal et naturel. Grâce à une meilleure maîtrise de ces deux milieux. Cette image se retrouve dans l'iconographie du paradis, mais aussi des jardins idéaux, les jardins courtois.

Le Paradis est surtout un lieu inaccessible, dont les mérites et la beauté sont vantés par les clercs. C'est un lieu recherché physiquement, en Orient, nombre de voyageurs racontent s'en être approché. Cette période d'harmonie entre les hommes et les animaux, période révolue depuis le péché originel, mais qui est aussi recherchée.

Chapitre 1. La domination de l'animal entre théorie et réalité

La nomination des animaux nous montre un homme qui domine les animaux, il les domine physiquement par sa taille, mais aussi psychologiquement puisque tous les animaux, même le lion, lui paraissent soumis. Théoriquement l'homme est le maître de tous les animaux, cependant la réalité médiévale est toute autre et a tendance à nous montrer la crainte d'un monde mal maîtrisé et dangereux.

1. Une suprématie spirituelle pour faire face à la réalité médiévale

À l'époque médiévale nous constatons surtout une crainte du monde animal. Les hommes se sentent faibles face à la bête féroce, ce sentiment d'infériorité aurait dû normalement être effacé grâce à l'image d'Adam dominant la faune toute entière par l'attribution d'un nom. Les hommes sont davantage enclins à se ranger à l'avis des auteurs antiques et non des clercs médiévaux et à regarder leurs soi-disant inférieurs avec crainte et envie. La bête suscite la convoitise pour des vertus essentiellement physiques, comme la force, la rapidité, le courage. Le surnom de lion était attribué à certains hommes ayant des qualités exceptionnelles de chef, attribuées au lion par les bestiaires, comme la magnanimité, la justice, la générosité, mais aussi la force, l'ardeur au combat et la fierté, par exemple Richard Coeur-de-Lion, mais aussi Louis VIII le Lion, père de saint Louis. Les surnoms d'animaux sont cependant rares, car l'Église les a combattus durant le haut Moyen Âge. Cette lutte s'inscrit dans celle du paganisme qui lie trop souvent l'animal à la divinité. Seul le lion qui doit sa promotion aux clercs subsistent à la différence de l'ours et du lion. Les clercs ne veulent pas d'animaux déifiés.

Au niveau linguistique, le terme bestiae qui englobe toutes les bêtes sauvages montre la méconnaissance du monde animal sauvage au Moyen Âge. Car Adam en donnant un nom à chaque animal apparaît comme le «créateur» individuel des animaux, s'approprie et domine ainsi la faune, il la maîtrise. Ainsi l'absence d'appellation particulière pour certains animaux sauvages les laissent dans une pénombre peu rassurante96(*) que l'homme ne maîtrise pas.

La bête sauvage fait peur, elle tue, dévaste, vole, bref elle est maléfique. Pensons aux loups ou aux ours, mais aussi aux animaux fantastiques qui peuplent les récits et l'imaginaire, comme tous les monstres qui vivent dans les confins de la terre habitable.

Aux débuts du christianisme en Occident, la lutte contre les bêtes sauvages, les dragons et les serpents, s'identifie à la lutte contre le paganisme et les forces démoniaques. Cette lutte se fait physiquement et symboliquement. Charlemagne organise dans les forêts germaniques des chasses à l'ours visant l'élimination totale de la bête. L'Église a mis à la tête du royaume animal le lion, un animal bien moins dangereux. Symboliquement il n'appartient pas aux traditions orales celtes et germaniques, il est presque inconnu, et n'est en aucun cas objet de vénération. Matériellement, le lion ne fréquente pas l'Occident à l'état sauvage, c'est un animal uniquement scripturaire et exotique. L'Église se méfie des animaux sauvages que l'homme ne peut maîtriser et qui sont donc susceptibles d'admiration voire de vénération97(*). C'est pourquoi dans les enluminures de la nomination des animaux concernant le Moyen Âge Central, les ours sont quasi absents, sauf dans un bestiaire de la fin du XIIIe siècle (ill. 13) ainsi que dans la tapisserie de Gérone (début du XIe s., ill. 1) et la mosaïque de Saint-Marc de Venise (début XIIe s., ill. 6). Effacer l'animal de l'iconographie fait partie du programme de dévalorisation de cet animal. L'exemple de l'ours témoigne de l'impuissance de l'homme face à la sauvagerie de l'animal et qui n'a d'autre recours que l'élimination.

Une autre absence paraît surprenante dans l'iconographie de la nomination des animaux, celle du loup. Le loup est l'animal dangereux du Moyen Âge98(*) , en témoignent tous les fabliaux et contes qui le mentionnent. Dans le journal d'un Bourgeois de Paris, les loups rôdent souvent dans cette ville qui subit les méfaits de la guerre civile, au début du XVe siècle, ils déterrent les cadavres, croquent les chats, les chiens voire les femmes et les enfants. Les loups sévissent aussi dans les forêts, font des ravages dans les troupeaux. Depuis l'époque carolingienne et tout au long des siècles médiévaux des chasses et des battues sont organisées, pour éliminer les meutes de loups. En outre la croyance en l'existence du loup-garou exprime cette peur tenace du loup. Si le loup est bien installé dans la littérature médiévale, il est quasiment absent de notre corpus iconographique, toutefois il demeure toujours l'incertitude des loups qui sont comparables à des chiens et vice versa, comme dans le bestiaire de Saint-Petersbourg (ill. 4) et celui d'Anne Walshe (ill. 24).

L'homme ne maîtrise pas du tout le loup, il le craint plus qu'autre chose, d'autant plus que le loup intervient surtout en période de misère. Le loup aurait pu donc trouver sa place sous le commandement d'Adam, qui a eu la suprématie sur tous les animaux d'autant plus sur le loup. Cependant le loup est un animal trop maléfique et les bestiaires n'en font pas un portrait élogieux : c'est un prédateur, un carnassier, un voleur, un trompeur (qui revêt la peau du mouton), une bête noire qui n'agit que la nuit dans les ténèbres et dont les yeux brillants ne font que renforcer ce portrait diabolique99(*). Bref, un animal mauvais qui n'a pas sa place dans le lieu saint qu'est l'Éden.

Éric Baratay note une absence des animaux dans les descriptions de Paradis alors qu'ils abondent dans les enfers100(*) : l'animal fait peur et spécialement l'animal sauvage que l'homme ne peut pas dompter, l'animal qui peut tuer l'homme. Étrangement les animaux dangereux ne sont pas majoritaires dans les enluminures de la nomination des animaux. Leur place serait pourtant naturelle, pour montrer le pouvoir qu'avait l'homme dans l'état d'innocence, sur l'humanité contemporaine. Or à part les lions, au nombre de vingt-quatre, qui doivent surtout leur présence à leur symbolique royale, nous avons seulement cinq ours, quatre panthères, deux serpents et peut-être un loup. En règle général Adam ne fait face qu'à des animaux qui ne sont pas dangereux pour l'homme à l'époque médiévale. L'enlumineur a préféré représenter des animaux dont l'homme a toujours gardé la domination. Seul le lion rappelle que la suprématie d'Adam s'étendait aussi aux prédateurs.

Avec le christianisme une distinction très nette se fait entre l'homme et l'animal. La nomination des animaux et plus largement la suprématie de l'homme sur le monde animal prend un sens matériel qu'elle n'avait peut-être pas à l'origine. La bête est un objet créé pour le bien de l'homme, centre et maître de la création. Il a le droit de l'utiliser au quotidien, de la tuer pour se vêtir, se nourrir ou l'utiliser pour son plaisir101(*). C'est pourquoi Isidore de Séville a placé son commentaire de la nomination des animaux juste avant l'exposé sur les animaux domestiques, ceux qui sont le plus clairement utiles et utilisés par l'homme : bovins, ovins, caprins.

2. La domination des animaux domestiques et sauvages

De la domination d'Adam sur les animaux, les hommes n'ont conservé qu'une partie de leur pouvoir en particulier sur les animaux domestiques. Et ce sont surtout ces animaux qui sont évoqués dans le corpus iconographique. Les enlumineurs représentent les animaux sur lesquels l'homme peut exercer son pouvoir. Robert Grosseteste (†1253) nous explique que le péché originel n'a rien changé à la domination de l'homme sur les animaux :

Dieu a donné la domination à l'être humain, mais il prévoyait que l'homme aurait besoin des animaux après la Chute [...]. Si l'homme n'était pas tombé, les autres créatures le serviraient simplement dans l'obéissance. Mais après le péché, la création a pris feu à cause du tourment infligé par le Malin. Mais à travers ce tourment, ils n'ont pas cessé de servir102(*) .

Déjà saint Augustin consacrait une partie de son commentaire de la nomination des animaux (Gn. II, 18-24) au pouvoir donné aux hommes de domestiquer certains animaux :

Dieu créant l'homme lui a donné le pouvoir, même lorsqu'il porte une chair de péché, de maîtriser et d'apprivoiser non seulement les bestiaux et les bêtes de sommes soumises à son usage, non seulement les oiseaux domestiques mais encore ceux qui volent à l'air libre et n'importe quelle bête féroce, et de leur commander par la puissance de la raison et non par la force physique, lorsque mettant en jeu leurs appétits et leurs souffrances, il les captive et les maîtrise peu à peu en les alléchant, en les refrénant, en relâchant son emprise et ainsi les dépouiller de leur comportement sauvage pour les amener à revêtir en quelques sorte des moeurs humaines103(*) .

Le fait d'avoir la possibilité de domestiquer, du moins d'apprivoiser, la plupart des animaux, même le lion ou l'ours que l'on retrouve dans les ménageries, renforce l'homme dans sa position de supériorité face à l'animal. À partir du XIIIe siècle les ménageries ne sont plus seulement l'apanage des princes et des riches abbayes, mais aussi de chapitres, de prélats, et de seigneurs104(*). Les animaux exotiques sont exhibés aux foules. Au XIIe siècle, Raoul Tortaire moine de l'abbaye de Fleury assiste à un spectacle à Caen donné par le duc de Normandie : il peut admirer des animaux réputés dangereux comme un lion, un léopard ou un lynx, ou plus inoffensif, un chameau et une autruche105(*). En fin de compte presque tous les animaux du corpus iconographique peuvent être occasionnellement dominés par l'homme. Et c'est à Adam que le Moyen Âge doit cette domination partielle sur tous les animaux. En donnant un nom aux animaux Adam a affirmé sa maîtrise sur le monde animal, de même le grand seigneur propriétaire affirme sa puissance en peuplant son jardin d'animaux sauvages ou exotiques106(*) .

3. Une créature à disposition de l'homme ou la créature soeur ?

L'animal est une créature mise à la disposition de l'homme qui peut s'en servir et le tuer. Cette idée jalonne les écrits chrétiens. Par exemple à partir du XIIe siècle, on lit dans l'Elucidarium que les animaux sont faits pour l'homme, qu'ils soient bons ou mauvais. L'Elucidarium d'Honorius Augustodunensis a une grande influence dans le monde médiéval puisqu'on y retrouve des passages dans de nombreux manuscrits en langue vulgaire. Lui qui n'a eu aucune influence dans le monde universitaire parisien, a longtemps alimenté la vie religieuse des foules, et transmet des idées admises par le plus grand nombre :

Dieu créa les animaux nuisibles avec autant de soin que les anges et pour sa plus grande gloire. Les mouches et moustiques piquent l'homme et le rappellent à l'humilité, ce sont des moustiques, non des lions ou des ours qui ont dévasté le royaume de pharaon, les fourmis et les araignées lui donnent l'exemple du travail. Toutes les créatures sont bonnes, et toutes ont été créées pour l'homme, qu'elles soient belles, curatives, nourrissantes ou édifiantes.107(*)

Pour minimiser la puissance physique qu'a l'animal sur l'homme, les interprètes de la Bible mettent en valeur la dignité de l'homme qui a été fait à l'image de Dieu. L'animal est une créature bien distincte de l'homme. En 1277, les autorités ecclésiastiques et théologiques ont condamné la thèse philosophique selon laquelle était interdit par la loi naturelle «le meurtre des animaux irraisonnables, tout comme celui des animaux raisonnables, même si elle l'interdisait à un degré moindre»108(*). le «meurtre» n'est pas un terme adéquat aux animaux, puisqu'il s'applique nécessairement à un être humain.

Saint Thomas d'Aquin affirme que les animaux ne perçoivent pas l'immatériel, le spirituel, de ce fait il condamne les procès des animaux, car ces derniers n'ont pas la notion du bien et du mal109(*) .

Albert le Grand, qui montre comment l'animal est parfois capable de déductions, apporte une autre restriction en soulignant que, pour l'animal le plus intelligent, les signes restent toujours des signaux, mais ne deviennent jamais ce que nous appellerions aujourd'hui des symboles. Deux différences essentielles qui semblent établir une frontière imperméable entre l'homme et la bête. La bête s'éloigne de l'homme.

D'autre part, d'après le récit de la Création, l'animal est la créature soeur de l'homme : ils ont été façonnés tous les deux le sixième jour, à partir de la glaise par la main de Dieu. Il existe deux termes en latin pour signifier le nom : nomen, désigne le nom des personnes et vocabulum, qui désigne plutôt le nom commun, le mot. Or pour le nomination des animaux la Bible et ses commentaires utilisent en majorité le terme nomen. Le fait que les animaux aient une anima, un souffle de vie qui les anime, les rapprochent plus des hommes que des choses ou des êtres inanimés. Adam a reçu le même souffle de vie du Créateur.

Isidore de Séville dans son texte mentionnant la nomination des animaux (annexe, texte 2) utilise les deux termes nomen et vocabulum. L'objectif de l'ouvrage étant le recension des étymologies des noms d'animaux, les mots, peut-être Isidore a-t-il préféré utiliser un terme «technique», grammatical, les noms donnés par Adam étant les noms communs faisant l'objet d'une étude étymologique par la suite. Cependant le fait que ce soit un passage biblique, Isidore a préservé le vocabulaire imposé par saint Jérôme. Une autre hypothèse voudrait qu'Isidore ait voulu faire preuve de son savoir linguistique et montrer l'étendue de ses connaissances latines. Les deux termes désignant le nom, sont utilisés régulièrement l'un après l'autre.

Aux derniers siècles du Moyen Âge, sous l'effet des prédications des mendiants, s'opère une démonisation des animaux. Certaines bêtes sont de plus en plus précisément assimilées à certains péchés capitaux. Ce qui diffère des siècles précédents où l'animal était considéré comme un être inférieur mais souvent envisagé dans une perspective positive. Cette transition se fait au début du XIIIe siècle lorsque s'ouvre chez les théologiens le grand débat sur la rationalité de l'âme humaine. L'homme a été tiré vers la rationalité et l'animal vers l'irrationalité. Un fossé infranchissable se creuse alors entre ces deux créatures. Les êtres hybrides, mi-homme, mi-animal disparaissent. Cependant quelle que soit l'époque, les êtres hybrides n'ont pas leur place dans la scène de la nomination des animaux. Les créatures mi-homme, mi-animal sont considérées, par quelques récits légendaires sur la Création110(*), comme des ratés de la création, repoussés aux extrémités de la terre, et qui n'ont donc pas eu le droit d'appartenir à l'ensemble parfait de la Création que Dieu considéra comme «très bon», à la fin de son travail.

Il reste cependant l'exception de saint François d'Assise que nous étudierons plus loin, qui a eu une vision sur les animaux souvent opposée à ses contemporains. Pour lui les animaux sont sans aucun doute les créatures soeurs dont l'homme devrait s'inspirer un peu plus souvent.

Chapitre 2. Le jardin paradisiaque

1. L'explosion des jardins au XIIIe siècle

Au XIVe siècle, l'individu considère la nature qui l'entoure comme un monde désacralisé mais riche en poésie. Ce sera une des missions du peintre de participer à l'inventaire de tout ce qui en fait la beauté. Il s'attachera tout spécialement à représenter les animaux dans leur environnement111(*). Au milieu du XIIIe siècle s'ouvre l'ère des grands voyages en Orient et les récits de voyages dont celui de Marco Polo qui vint enrichir le bestiaire et l'herbier médiéval.

Les enlumineurs s'évertuent à enrichir et décorer leurs vignettes. L'enluminure fait la beauté du manuscrit et à de riches commanditaires correspondent de riches illustrations. Les XIIe et XIIIe siècles voient l'émergence des jardins de plaisirs, ce ne sont plus simplement des potagers ou des carrés d'herbes médicinales, mais des arbres et des fleurs qui viennent garnir un espace qui ne fera que croître tout au long de la fin du Moyen Âge dans les domaines seigneuriaux. Cette transformation des jardins est due en partie à l'influence arabe dont les Normands ont découvert les merveilles en Sicile. Par l'amélioration des jardins l'homme montre sa maîtrise de la nature, il veut la dominer, mais aussi vivre en harmonie avec elle, «et au delà, vivre en harmonie avec le divin»112(*) . Le jardin d'Éden représente cet âge d'or où l'homme vivait avec Dieu en harmonie avec une végétation luxuriante et féconde et des animaux soumis et pacifiés.

Bien des histoires d'amour du XIIe et XIIIe siècles se déroulent dans des jardins, mais la description la plus classique est donné dans le Roman de la Rose : des arbres fruitiers, des gazons fleuris, des tonnelles sur lesquelles grimpent des rosiers, une fontaine et un hortus conclusus.113(*) Cette description du Paradis est issue de l'image véhiculée par le Cantique des cantiques, qui servira plus de modèle aux représentations paradisiaques que les quelques indices laissés par le récit de la Création.

2. Le modèle de la Genèse

La description du paradis terrestre dans la Genèse est en effet assez vague pour laisser à l'enlumineur libre cours à son imagination. Les éléments indispensables du Paradis se retrouvent dans les enluminures de la nomination les plus travaillées.

En cela les bestiaires se distinguent des bibles. Les enluminures des bestiaires répondent à un besoin «scientifique», ce sont presque des croquis pour chaque article d'animal, et l'image de la nomination se réduit au minimum, c'est à dire Adam, souvent assis sur un trône et des animaux, voire quelques éléments naturels servant de support comme dans le bestiaire de Anne Walshe (ill. 24) et le liber de bestiis de Cambridge (ill. 25) où l'arbre, l'eau et le rocher ne sont là que pour soutenir les animaux aériens, marins et terrestres.

Pour les bibles, l'enluminure s'insère dans une série d'image relatant des épisodes de la Genèse. La nomination des animaux par Adam vient après la description du jardin d'Éden (Gn II, 8-14), et les éléments identifiant l'Éden se retrouvent sur les vignettes enluminées. La promotion que reçoivent les jardins, tant dans a vie réelle qu'au niveau symbolique (dans la littérature courtoise), se reflète dans l'iconographie, qui emprunte d'autres éléments.

Nous avons d'abord les quatre fleuves, un des rares indices naturels et géographiques laissés par la Genèse. Puis l'arbre, le roi des éléments naturels, qui à lui seul peut représenter la végétation créée par Dieu. Suivent les fleurs plus spécifiques au Cantique des cantiques, comme la clôture, fermant le jardin clos du Cantique. Certains animaux sont indissociables du Paradis qui est leur milieu naturel.

La Genèse lègue les noms de quatre fleuves, le Phison, le Geon (qui au Moyen Âge étaient identifiés comme le Nil et l'Indus), le Tigris et l'Euphrates. Ce qui a permis de vite localiser l'Éden en Orient. Ces fleuves prennent donc source dans l'Éden. Dans les deux bibles historiales de Guiart des Moulins, les quatre fleuves de l'Éden prennent source aux pieds d'Adam (ill. 19 et 21). Nous retrouvons l'image d'Adam à la source de la nature, comme il a eu la paternité sur les animaux en leur donnant un nom. Les fleuves de l'enluminure de Saint-Omer (ill. 21) prennent source sous un arbre, l'arbre de vie. Cet arbre est en effet au centre de la vignette, peut-être est-ce le souci de bien placer l'arbre de vie qui se trouve au centre du jardin d'Éden (Gn II, 9). Cette position centrale se retrouve dans le bestiaire de Meermanno114(*) (ill. 28).

L'arbre est le deuxième élément identifiant l'Éden, puisque la Genèse mentionne l'existence de deux arbres, l'arbre de vie au milieu du jardin et l'arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais» (Gn. II, 9). Des arbres multicolores (vert rouge et jaune) garnissent l'Éden de la bible de la Pierpont Morgan Library (ill. 9), ils sont l'illustration du verset de la Genèse décrivant les arbres : «le Seigneur Dieu fit germer du sol tout arbre d'aspect attrayant et bon à manger» (Gn II, 9). Les arbres servent de toile de fond à tous les jardins médiévaux, spécialement les arbres fruitiers. Les enluminures ne sont pas assez précises pour déterminer la nature des arbres, mais depuis que les rois normands de Sicile ont diffusé les citronniers et les orangers depuis la Sicile, ces deux arbres sont devenus les arbres par excellence des jardins courtois ou mystiques, dans la littérature et l'enluminure115(*).

L'arbre reste l'élément essentiel au décor du Paradis, l'enluminure du bestiaire du Vatican (ill. 17) qui n'a pour ainsi dire aucun élément «inutile», purement décoratif, possède son arbre, un arbre qui ne sert pas de support à quelques oiseaux de la Création, un arbre qui a pour seule «fonction» de représenter le Paradis, l'arbre de vie.

3. Le modèle du Cantique des cantiques

Avec le temps l'image du paradis terrestre va s'étoffer, la bible flamande du XVe siècle (ill. 27) nous offre un sol garni de fleurs et des arbres remplis de fruits. L'étrange ciel du bestiaire de Meermanno (ill. 28) mélange la nuit étoilée et le jour nuageux. L'influence sur la littérature courtoise qui décrit si bien les jardins est évidente . Les fleurs du Roman de la Rose sont innombrables, comme dans le Cantique qui abonde de parterre fleuris, de lys et de fleurs des champs116(*) :

«Violete y avoit trop bele

Et pervenche freche et novele ;

Si ot flors blanches et vermeilles ;

De jaunes en y ot merveilles...»117(*)

L'hortus conclusus connaît au XIIIe siècle une forte promotion, parallèlement à celle de la Vierge. Le jardin clos dont parle le Cantique des cantiques a été identifié comme étant la Vierge préservant en son sein son trésor, le Christ : hortus conclusus soror mea sponsa hortus conclusus fons signatus118(*) . S'il intègre des plantes symbolisant la Vierge, comme le lys, la violette, la rose ou l'iris, ce jardin comprend des éléments du Paradis décrit dans la Genèse, comme l'arbre de la Connaissance et l'arbre de Vie. La représentation du jardin clos se transforme par la suite en celle du jardin courtois du Roman de la Rose, lieu de délices où l'idée de la fécondité est associée à l'amour et où les personnages se réunissent autour de la fontaine de l'amour119(*). Le lieu d'où surgit la vie, s'est vu transformé en lieu d'amour avec la littérature laïque. La femme courtisée est un jardin clos, un coeur à pénétrer, un jardin de délice. Ce lieu de vie et de fécondité qu'est le paradis, l'hortus conclusus, est représenté par les lapins très nombreux dans le corpus iconographique (ill. 2, 4, 5, 7, 8, 10, 13, 14, 18, 21, 23, 28), les lapins par leur prolifération et leur côté sensuel sont le symbole par excellence de la fécondité. Enfin la vie est «gravée» sur les genoux d'Adam sous la forme de petites croix gammées dans la tapisserie de Gérone (ill. 1).

Le panneau représentant «la création et la chute» qui orne le folio 14 des Heures du duc de Bedfort120(*) (ill. 26) nous montre le goût de l'aristocratie princière pour les jardins de plaisir où coulent les quatre fleuves à partir de la fontaine de vie, sur un sol parsemé de petites fleurs et d'arbres fruitiers. La nomination des animaux se trouve elle-même aux extrémités du jardin, accolée à une barrière de vannerie. Une barrière très symbolique qui ferme le jardin du Paradis.

4. Les animaux du Paradis

On perçoit un changement parmi les animaux à la fin du XIIIe siècle. Hormis le bétail (caprins, bovins et ovins) très représenté dans tout le corpus iconographique, pour des raisons que nous avons évoquées plus haut (en référence au texte d'Isidore de Séville, et par le fait que l'homme ait maintenu sa supériorité sur ces animaux), les animaux du Paradis prennent une place importante. Comme le lion, le paon et le chameau, tous trois présents dans les Heures du duc de Bedfort (ill. 26).

Même si les bestiaires insistent plus sur l'orgueil et la vanité du paon, celui-ci par sa beauté et sa majesté appartient au bestiaire du jardin paradisiaque : sa queue ouverte ressemble au firmament, il devient l'apanage des jardins aristocratiques. Pour le Physiologus, «le paon est un oiseau charmant, plus que tous les oiseaux du ciel»121(*) . Le paon appartient plus au jardin courtois, au jardin des délices, qu'au jardin du Paradis, mais l'amalgame entre ces deux jardins allant croissant, il n'est pas étonnant de le voir dans une bible du XVe siècle, d'autant plus qu'elle est destinée à un homme de la haute aristocratie, le duc de Bedfort, fils d'Henri IV d'Angleterre alors régent de France. La symbolique paléochrétienne a pu favoriser l'entrée de cet animal dans le Paradis, puisque présent dans les catacombes, le paon représentait la vie éternelle aux coté du cerf et de la colombe122(*) , deux animaux représentés dans l'enluminure. Or s'il ne manque qu'une chose dans l'Éden, c'est bien la mort.

La présence du lion est presque systématique et l'on peut être tenté de dire que ce n'est pas un animal exotique au Moyen Âge123(*). Sa présence paraît toute naturelle dans le bestiaire de Meermanno (ill. 28), au milieu d'animaux domestiques : une vache, une chèvre, un bélier, un cheval, un chien et un lapin. Cependant elle est nécessaire pour montrer qu'Adam n'avait pas la même domination sur les animaux que les hommes contemporains de cette enluminure, pour montrer que tous les animaux pouvaient se côtoyer. De plus, son titre de roi des animaux permet au lion d'être une des figures essentielles du Paradis, une figure indispensable.

Quant au chameau, qui est l'animal symbolique de l'Orient, il rappelle que la jardin d'Éden se situe en Orient. L'éléphant, est doublement un animal du Paradis, par son exotisme, et par son symbolisme. Il est l'image d'Adam et d'Ève. L'article sur l'éléphant de Guillaume le Clerc dans son Bestiaire d'Amour, nous présente ces animaux qui viennent d'Inde et d'Afrique et les compare au premier couple :

«En ces bestes par verite

sont Eve et Adam figure

quant il furent en paraïs»124(*).

Adam et Ève sont souvent mis en parallèle avec le couple que forment l'éléphant et l'éléphante. Les comparaisons véhiculées par les bestiaires ne manquent pas entre ces deux couples. Les éléphants sont chastes, et ne s'accouplent qu'après avoir mangé du fruit de la mandragore, fruit offert par la femelle pour aguicher le mâle. La femelle n'enfante que dans l'eau pour protéger sa progéniture du venin du serpent ou du dragon, ennemi par excellence de l'éléphant. Au delà du couple primitif, les éléphants représentent toute la descendance d'Adam qui doit attendre l'arrivé du nouvel Adam, le Christ, pour se relever du péché, comme un éléphant tombé qui ne peut se relever même aidé de douze autres (les prophètes), sinon grâce à un saint petit éléphant, Car d'après les bestiaires seul un éléphanteau parviendra à relever l'éléphant tombé. L'éléphant malgré cette double interprétation est plus rare dans le corpus iconographique (ill. 2, 4, 27).

C'est pourquoi dans le bestiaire de Saint-Petersbourg (ill. 4), l'éléphant et le chameau se retrouvent au même niveau, ils représentent l'Orient, le berceau géographique du Paradis. À la fin du Moyen Âge les représentations se fixent et l'éléphant représente plus l'Afrique et le dromadaire l'Asie. Il n'est pas rare de voir des dromadaires dans les bestiaires du XIIIe siècle (voir les ill. 4, 7, 8, 10, 13), le bestiaire de la Boldeian Library (ill. 18) copie du fameux bestiaire d'Aberdeen (ill. 5) a même rajouté l'animal que son modèle avait omis. Le bestiaire d'Aberdeen s'est contenté d'animaux indigènes, mis à part les lions.

Enfin le dernier animal qui pourrait appartenir aux «animaux du Paradis» serait la licorne. Les bestiaires racontent que la licorne se fait capturer une fois endormie sur le sein d'une vierge. L'interprétation mystique est que la licorne représente le Christ descendu sur terre dans le sein de la Vierge et capturé et tué par les hommes. L'association de la licorne avec une vierge, puis avec la Vierge Marie, la met souvent au milieu de l'hortus conclusus, ce jardin clos et interdit à l'homme depuis le péché originel. L'hortus conclusus est l'Éden ou le fruit de la Vierge qu'est le Christ. Par association d'idées, la licorne devient animal du Paradis. Symbole de virginité et de pureté comme l'éléphant, elle symbolise la sainteté du Paradis, et le plus bel exemple en est la série de la dame à la Licorne, conservée au musée de Cluny. Les licornes font une apparition remarquée au XVe siècle au détriment de l'autre animal à la majestueuse ramure, le cerf.

La bible flamande du XVe siècle (ill. 27) qui tente du recréer l'ambiance paradisiaque à travers une végétation florissante, a aussi sélectionné ses animaux. Outre la chèvre et un quadrupède (peut-être un cheval), nous avons le cerf christique, ainsi que des animaux exotiques, ceux du Paradis, le lion, l'éléphant et la licorne.

Chapitre 3. Espoir d'un retour à l'harmonie originelle

À travers les hagiographies, puis par l'iconographie, nous remarquons une constante tout au long du Moyen Âge; celle de la quête du Paradis terrestre, une quête physique comme en témoignent les récits de voyageurs. Mais c'est aussi une quête mystique, celle de retrouver l'harmonie originelle entre les créatures, une harmonie qui est preuve de sainteté. La complexification des jardins, leur amélioration au cours des siècles médiévaux nous montre cette quête au niveau de la végétation. Le jardin d'Éden est un modèle pour les jardins aristocratiques laïcs, dans l'espoir de retrouver l'harmonie entre l'homme et la nature. La quête de l'harmonie paradisiaque chez les clercs se retrouve plutôt dans l'harmonie entre l'homme et l'animal.

1. Le saint et les bêtes sauvages

La supériorité spirituelle de l'homme sur l'animal a été fortement et paradoxalement soulignée tout au long du Moyen Âge, alors que le simple rapport de force physique entre l'animal et l'homme n'a jamais été si désavantageux pour ce dernier. Mais il ne s'agit précisément pas de faire valoir un droit de nature de l'homme sur l'animal, fondé sur une puissance plus grande, mais sur une différenciation de dignité entre l'homme et l'animal, l'homme étant fait à l'image de Dieu125(*). Adam, fait à l'image de Dieu, dans son état d'innocence domine tous les animaux. Nous avons vu que l'homme par la faute du péché à perdu sa supériorité sur certain animaux, ou plutôt comme l'expliquent les commentaires, les animaux se sont rebellés contre l'homme pécheur. Ils n'avaient plus de raison de rester dans l'obéissance d'un homme rebelle à Dieu.

Maître Eckhart (†1328) n'impute pas, comme la plupart des commentateurs, au péché originel de l'homme, la perte de l'autorité sur tous les animaux. Adam, selon maître Eckhart, a eu la supériorité sur les animaux parce que sa raison dominait ses passions, ce qui est dans l'état naturel des choses. La passion est naturellement inférieure à la raison or les animaux sont des êtres de passion et l'homme est un être de raison. Qu'un animal n'obéisse pas à un homme n'est donc pas naturel. Car comme l'explique maître Eckhart :

«par nature tout animal est soumis à l'homme : on peut voir qu'un seul homme même jeune et faible conduit et gouverne tout un troupeau de bête de somme ou d'autres animaux. Même un petit garçon monte un énorme destrier, le maîtrise et le conduit par le frein»126(*)

Les bêtes brutes n'obéissent plus à l'homme, quand elles sont agitées par les passions, c'est à dire quand elles ne sont pas dans leur état naturel. L'homme a donc autorité sur tous les animaux dans leur état naturel, non pervertis par les passions, les hommes du Moyen Âge peuvent avoir cette supériorité comme l'avait Adam. Il est donc possible de retrouver cet état harmonieux où les animaux vivaient en paix sous l'égide de l'homme.

L'homme peut retrouver parfois cette domination, par le long travail de l'apprivoisement et de la domestication. Tous les animaux peuvent être domestiqués, comme le prouvent les ménageries médiévales. Cependant les animaux, qui eux n'ont jamais été dans la désobéissance vis-à-vis de Dieu, peuvent parfois se soumettre de leur propre chef à la volonté d'un saint homme, lui même soumis à Dieu. Car même s'il a perdu son pouvoir de supériorité à cause du péché, en luttant contre celui-ci l'homme est capable de retrouver cette souveraineté. La Légende dorée nous donne l'image d'un saint Blaise comparable à Adam au milieu des animaux :

Après avoir reçu l'épiscopat [de Sebaste en Cappadoce], à cause de la persécution de Dioclétien, Blaise gagna une caverne où il mena une vie érémitique, les oiseaux lui apportant sa nourriture, et les bêtes s'attroupant autour de lui d'un coeur unanime, ne le quittant que lorsqu'il leur avait imposé les mains pour les bénir ; et s'ils étaient malades, ils venaient aussitôt le voir et en rapportaient une guérison complète. Le gouverneur de cette région ayant envoyé ses soldats à la chasse, ceux-ci étaient restés bredouilles et étaient arrivés par hasard devant la grotte de saint Blaise. Il y trouvèrent une grande foule de bêtes debout devant lui. toutes leurs tentatives pour les capturer furent vaines, aussi l'annoncèrent-ils stupéfaits à leur maître[...].127(*)

Les hagiographies du haut Moyen Âge regorgent de soumissions de bête sauvages à un saint. Dans son ouvrage sur le bestiaire médiéval, Jacques Voisenet montre que «dans une littérature presque exclusivement cléricale [...] le pouvoir de la sainteté sur le monde physique a été mis en exergue. Il s'étend sur tout le règne animal et permet de faire respecter l'ordre divin d'avant la faute originelle, où les espèces douces et paisibles côtoyaient sans danger les bêtes devenus par la suite féroces [...]. Le saint s'érige en protecteur des animaux les plus faibles, de ceux poursuivis par des prédateurs ou par des chasseurs. Dans ce jeu cruel de la violence quotidienne[...] il s'interpose et réintroduit un équilibre paradisiaque»128(*). Dans Le Pré spirituel de Jean Moschus nous avons l'exemple d'un lion qui se fracasse le crâne contre la tombe du moine qui l'avait soigné et nourri, et qu'en échange il protégeait. Et l'auteur de conclure :

Tout cela se fit non pas qu'il faille lui attribuer une âme raisonnable mais parce que Dieu voulait glorifier ceux qui le glorifiait[...] durant leur vie [...] et montrer comme les bêtes étaient soumises à Adam avant qu'il eut transgresser son commandement et qu'il eut été chassé du Paradis des délices129(*)

Saint Jérôme fut aussi accompagné d'un lion tout dévoué auquel il avait enlevé une épine du pied : c'est la force brute vaincue par la pitié ; de même saint Blaise fait rendre à un loup un pourceau qu'il avait volé à une pauvre femme130(*) et saint François d'Assise apprivoise le loup qui terrorisait les gens de Gubbio.

Beaucoup de bêtes sauvages sont métamorphosées au contact des saints, ermites ou moines. Chez certaines on notera des changements alimentaires, le lion cité précédemment est devenu herbivore au commandement de son moine. «Il s'agit d'une véritable conversion qui leur fait embrasser le mode de vie érémitique, modèle qui s'impose même aux bêtes sauvages alors que de nombreux hommes, dans leur aveuglement, refusent de reconnaître cet idéal»131(*)

2. Retrouver l'harmonie originelle

L'idée d'un retour à l'harmonie originelle qui transparaît donc dans plusieurs textes médiévaux, trouve sa source dans la Bible, dans le fameux passage du livre d'Isaïe (XI, 6-8) :

Le loup habitera avec l'agneau,

Le léopard couchera près du chevreau,

Le lion et la brebis seront nourris ensemble,

Un petit garçon les conduira.

La vache et l'ourse auront même pâture,

Leurs petits même gîte.

Le lion comme le boeuf mangera du fourrage.

Le nourrisson s'amusera sur le trou de l'aspic,

Sur le nid du basilic, l'enfant sevré posera sa main.132(*)

Les ermites et les anachorètes qui vivaient comme des animaux , vêtus de peau de bêtes et hirsutes, cherchaient au delà de cette épreuve humiliante, à retrouver l'harmonie originelle qui régnait entre Adam et les animaux, entre Adam et la création de manière plus générale, et par là à s'approcher de Dieu. Mais cette vie érémitique orientale a connu moins d'engouement en Occident, car elle était souvent lié à la folie, folie d'un homme qui abandonne ses caractères humain comme la raison et la parole133(*) . Or la parole est à l'origine de la domination de l'homme sur le règne animal, à l'origine aussi de l'harmonie, puisque c'est par la parole qu'Adam a attribué à chaque animal son rôle dans le paradis terrestre et plus largement sur terre, c'est la parole qui a créé une différence indispensable entre les créatures, une différence qui a permis une certaine hiérarchie, et cette hiérarchie a permis à son tour l'harmonie sous la coupe de l'homme. En Occident plutôt que de vivre comme et parmi les animaux, les saints imposent leur autorité aux animaux, les plus féroces deviennent doux et les plus sauvages adoptent une vie de société, et ce souvent par une simple parole du saint, ou un geste comme la bénédiction ou l'imposition des mains.

Cette autorité sur le monde animal montre une situation idéale, montre quel fut l'âge d'or de l'humanité dans l'Éden, elle renforce l'homme dans son idée de supériorité sur le monde qui l'entoure, un monde qu'il maîtrise de mieux en mieux.

L'image d'Adam nommant paisiblement les animaux dans un décor paradisiaque appartient à une constante de l'époque médiévale : l'image du paradis des délices dont les portes ont été fermées et que l'humanité a perdu de vue. Le Paradis perdu hante la plupart des hommes au Moyen Âge, qui rêvent secrètement de le retrouver ; c'est un quête physique qui refait régulièrement surface. Sur les cartes médiévales, la présence du Paradis est l'un des éléments les plus stables134(*) . Les voyageurs, les pèlerins en Orient racontent parfois s'être approché de l'Éden. La légende de saint Brendan, qui voyagea pendant trois ans, avec en tête la recherche du paradis terrestre, montre une certaine originalité en partant vers l'ouest135(*) .

Les textes hagiographiques se réfèrent souvent à l'âge d'or paradisiaque où Adam régnait sur la faune, quand ils décrivent les relations étroites entre un saint et un animal, et ce dans une perspective de retrouver un jour cette harmonie.

On retrouve aussi l'idée de paradis dans les ménageries. Celle-ci n'ont pas comme locataires que des animaux exotiques, on y trouve aussi des animaux indigènes tels les cerfs, les ours ou les sangliers. Dans son article sur les jardins et les ménageries, Élisabeth Antoine se demande pourquoi des animaux appartenant au bestiaire du diable, ou ayant plus d'aspects négatifs (comme le sanglier ou le paon), côtoient des animaux très valorisés par les bestiaires (comme le lion et le cerf). C'est peut-être justement pour parachever la prophétie du livre d'Isaïe. Une telle ménagerie se trouvait dans le palais des papes à Avignon au XVe siècle, Au niveau symbolique cette variété d'animaux peut s'expliquer par l'image de l'harmonie paradisiaque retrouvée, «toutes les valeurs négatives attribuées aux animaux sont annulées et l'harmonie du monde est restituée»136(*)

Chapitre 4. L'exemple du monde animal

Le monde animal sert d'exemple aux hommes, la scène de la nomination des animaux n'a pas été interprétée comme un simple don de noms par l'homme aux animaux. Le monde animal qui est superposable au monde humain, offre ainsi au commentateur médiéval une approche différente du texte de la Genèse . D'une part les animaux dominés par Adam sont les passions dominées par la raison, et d'autre part le troupeau de la chrétienté est comparé aux animaux de la création soumis et obéissants envers le pasteur.

1. Dominer ses animaux intérieurs

Dans la domination que Dieu donne à l'homme sur les animaux, Origène voit une injonction à soumettre les instincts bestiaux de l'homme, cette sorte de «jardin zoologique de l'homme»137(*) ; ces animaux sont soit tout ce qui procède de l'âme et de la pensée du coeur, soit tout ce qui provient des désirs corporels et des mouvements de la chair.

Les clercs proposent donc à l'homme du Moyen Âge un champ illimité de domestication, extensible à tout le règne animal où aucune bête n'est finalement plus apprivoisable qu'une autre puisqu'il faut retrouver à l'instar du saint l'état «naturel» dans lequel le monde aurait dû vivre. La supériorité de l'homme sur le monde animal, c'est la supériorité de la raison sur les passions. Le sens allégorique de la nomination des animaux (tel que l'a décrit Henri de Lubac138(*) ), c'est que l'homme à l'instar d'Adam qui domine les animaux en les nommant raisonnablement, doit dominer ses passions intérieures par la raison. Tout ces démons intérieurs qui se cachent dans l'homme, et qu'il doit dominer se retrouvent personnifié dans un animal : le sanglier.

C'est un animal à figure ambivalente qui se retrouve souvent dans les bestiaires en marge des enluminures. Seule la tête du solitaire émerge de la marge dans le bestiaire de Saint-Petersbourg (ill. 4), où il fait piètre figure entre l'éléphant, le boeuf et le cheval. Le bestiaire d'Aberdeen (ill. 5) nous montre deux sangliers (le mâle et la laie) coupés par la marge, sa copie d'Oxford (ill. 18) fait ressortir la couleur noire de l'animal. Dans le bestiaire d'Oxford139(*) (ill. 7) il marche à contre courant, il est caché par la chèvre debout qui ainsi le domine physiquement, comme les autres grands quadrupèdes qui lui sont accolés. Caché, noir, diminué : l'enluminure reflète bien les textes.

Le sanglier accumule toutes les défauts du diable, Henri de Ferrières énumère ainsi ses dix défauts diaboliques, en comparaison aux qualités christologiques du cerf. Il est laid, noir, hérissé, il vit dans les ténèbres, a deux armes redoutables comme les crochets de l'enfer, il ne regarde jamais vers le ciel, fouille le sol toute le journée et ne pense qu'aux plaisirs terrestres, il est sale, a les pieds tordus, et est paresseux140(*). Le Physiologus le décrit comme étant le diable qui sort de la forêt pour ravager les vignes, c'est-à-dire qu'il sort des ténèbres pour ravager les âmes mal barricadées dans la volonté de Dieu141(*) . On constate que le sanglier du bestiaire d'Oxford (ill. 18) est dans la même case que les chèvres et le mouton, représentants du troupeau chrétien, une chèvre qui est souvent l'image du mauvais chrétien tourne sa tête du coté du sanglier, attirée par le Mal.

L'homme doit dominer ses passions, il doit se séparer de ses vices, comme le castor se coupe ce que les bestiaires pensaient être ses testicules. Dans le bestiaire de Saint-Petersbourg (ill. 4) le castor est en pleine action.

Le bestiaire d'Alnwick Castle (ill. 10) qui se distingue des autres par l'abondance des animaux, a aussi la particularité de présenter des animaux qui se battent. Alors que l'harmonie et la paix devraient régner dans le jardin d'Éden, le chien mord le cheval au cou, et le taureau affronte le lion. Ces animaux qui peuvent avoir une symbolique très positive représenteraient, ici par leurs combats, certains péchés capitaux, comme l'orgueil pour le lion et le cheval, la colère pour le taureau et l'envie pour le chien. Les autres quadrupèdes accolés complètent ce palmarès, la paresse de l'âne, la luxure du chat, l'avarice de l'écureuil, ou sa gourmandise, lui qui est en train de grignoter sa noisette. Le sanglier et le hérisson sont les pécheurs par excellence qui vivent dans les ténèbres. Quant au singe au regard perfide, tenant en sa main un fruit rouge, il est l'image de l'homme, d'Adam qui péchera par le fruit défendu. Tous ces «animaux» doivent être dominés par l'homme : comme Adam, isolé des animaux par un cadre, domine cette faune par sa raison et sa sagesse (peut-être personnifiées par les deux femmes couronnées). Nous retrouvons le singe dans d'autres enluminures tenant un fruit, qu'il présente au chien dans un bestiaire d'Oxford (ill. 7), pastiche de la tentation d'Ève. L'effet de miroir pour l'homme est plus flagrant dans le bestiaire de Saint-Petersbourg (ill. 4) où un singe croque un fruit juste en face d'Adam, presque collé à lui. Alors qu'il est dans toute se gloire Adam est déjà mis face à son destin.

Mais l'animal n'est pas qu'une représentation zoomorphe des péchés, l'animal a aussi valeur d'exemple, et incarne des vertus. Le symbolisme des animaux est très ambivalent, rares sont ceux qui n'ont qu'une signification positive ou négative.

2. Saint François d'Assise : l'animal modèle

Pour les clercs au Moyen Âge l'animal n'est pas un vulgaire instrument, puisque l'homme et l'animal appartiennent à la même création, et sont liés par un même destin celui des créatures de Dieu, appelées à chanter sa gloire. Au XIIIe siècle, saint François d'Assise a fortement mis en relief la beauté et la valeur des animaux en allant même, par un étrange renversement des rôles, jusqu'à encourager ses frères à obéir aux bêtes :

Et [le bon frère] est soumis et subordonné,

À tous les hommes qui sont dans le monde.

Et pas uniquement aux seuls hommes,

Mais aussi à toutes les bêtes et à tous les fauves.

Pour qu'ils puissent faire de lui ce qu'ils voudront,

Autant qu'il leur sera donné d'en haut par le Seigneur142(*)

Saint François invite donc ses frères à se soumettre totalement à ceux qui leur sont naturellement soumis, et cela pour cultiver la vertu d'obéissance et aussi d'humilité . C'est en effet «en apprenant à obéir à ce qui nous est soumis de droit sinon de fait [les animaux] que nous désapprenons cet air de supériorité que nous avons sur ceux qui nous sont parfois soumis de fait sinon de droit [des hommes]»143(*). L'animal est un reflet de l'homme, sur lequel le moine peut exercer ses vertus en considérant l'animal comme le plus humble des hommes, mais aussi digne de respect puisque créature divine.

Cependant saint François, par sont attachement à ces «frères inférieurs», fait figure d'exception dans le monde chrétien du XIIIe siècle.

Le fait que l'animal ait été nommé par Adam, et qu'il ait été son vassal, ne range pas l'animal entièrement du côté diabolique. De plus avec le péché originel l'homme rétrograde derrière l'animal sur l'échelle qui monte vers Dieu. L'animal peut donner des leçons à l'homme qui n'a pas su respecter sa nature, qui était de rester dans l'obéissance du Créateur. C'est pourquoi les clercs du Moyen Âge l'ont utilisé comme référent de l'homme. Jacques Voisenet parle même de «projection des valeurs cléricales»144(*) sur le monde animal. Car l'animal incarne ce que l'homme n'est pas, ou ce qu'il fuit, comme les péchés capitaux qui sont parfois représentés par des animaux145(*). Les clercs investissent les animaux des qualités dont on voudrait être paré mais aussi des fautes dont on aimerait être débarrassé.

Les bestiaires qui sont l'un des deux supports privilégiés du corpus iconographique étudié, sont des recueils de leçons morales prises dans le monde animal qui s'offre en exemple aux hommes. La zoologie ne peut-être qu'une partie de la théologie puisque la nature est divine, de là tous les animaux ont une ou plusieurs symboliques.

Lorsque saint François prêche aux animaux, aux oiseaux, ce n'est pas simplement une certaine bienveillance à l'égard des plus simples créatures, c'est pour montrer aux hommes qui refusent la Parole, le message évangélique, que les animaux qui sont dépourvus de raison acceptent de l'écouter. L'iconographie de saint François prêchant aux animaux ou aux oiseaux146(*) est comparable à celle de la nomination des animaux. Dans les deux cas un homme adresse la parole à des animaux qui ont une attitude attentive sinon soumise. L'homme s'adresse à des animaux à défaut d'autres hommes. L'un impose avec autorité des noms qui respectent les desseins de Dieu, l'autre prêche une parole d'autorité, la parole de Dieu.

3. Un modèle d'obéissance

L'image d'un saint face aux animaux réceptifs à sa parole, a une grande histoire tout au long du Moyen Âge. Le saint se distingue par ses miracles et durant le Haut Moyen Âge, ces miracles s'exercent souvent sur des animaux. Les vies de saint regorgent de bêtes sauvages apaisées, à commencer par les ours, ou les loups, d'animaux dévoués au maître. Le saint par sa sagesse provoque la soumission de l'animal, qui retrouve en lui son maître, c'est-à-dire l'homme qui est dans l'obéissance de Dieu, comme Adam avant la chute. La vie de saint Martin décrite dans La Légende dorée, montre la grande obéissance des animaux au saint, contrairement à la majorité des hommes :

À un serpent qui traversait le fleuve à la nage, Martin dit : «Au nom du Seigneur, je t'ordonne de rebrousser chemin.» Aussitôt en suivant l'ordre du saint, le serpent se retourna et rejoignit l'autre rive. Martin dit alors en gémissant : «Les serpents m'écoutent et les hommes ne mécoutent pas !»147(*)

Même l'animal mauvais, chassé par le saint, détient la vertu d'obéissance et d'écoute que n'ont pas tous les hommes, en cela ils sont exemplaires. Sur l'enluminure des Heures à l'usage de Thérouanne représentant Saint François prêchant aux animaux, un clerc replié sur lui-même, les mains sur les oreilles pour ne pas écouter, s'oppose au lion et aux oiseaux attentifs ; seul le singe, miroir de l'homme se détourne, tenant dans ses mains une pomme, la pomme du péché. On retrouve aussi ce modèle d'un homme dominant des animaux obéissants et attentifs chez le pasteur.

Le modèle paternaliste qui s'imposait au Moyen Âge était celui du Bon Berger, le Christ menant son troupeau. Ainsi l'évêque a une crosse de berger qui symbolise son pouvoir sur les chrétiens, de même l'abbé qui a autorité sur ses moines. Les animaux dociles, loyaux et obéissants à un maître plein d'attention, sont un exemple pour tous les subordonnés148(*). Dans l'enluminure d'un manuscrit d'Hugues de Fouilloy149(*) montrant le Christ qui confie une crosse de commandement à un abbé, les animaux, et plus spécialement le troupeau, représentent les chrétiens. Il y a une différence entre le troupeau de chèvres qui représente les mauvais chrétiens et les moutons qui représentent les bons. Cette crosse de commandement se retrouve entre les mains de Dieu dans un bestiaire de Cambridge (ill. 14). Le corps détourné de Dieu à Adam montre qu'il lui cède une partie de son pouvoir sur les animaux . En face, les animaux n'ont d'yeux que pour leur nouveau pasteur.

C'est l'obéissance du troupeau qui prouve la bonne conduite du pasteur. La vertu d'obéissance transparaît dans les enluminures de la nomination des animaux. Parmi les animaux choisis nous retrouvons souvent des animaux symbolisant l'obéissance. Ce qui renforce l'idée de soumission. L'âne et le boeuf sont les animaux du labeur et de l'obéissance silencieuse, le boeuf est l'éternel vaincu, celui qui oeuvre sous le joug. Dans le bestiaire de Rochester150(*) (ill. 8) le cerf et les lions sont face à Adam, la tête haute, ils occupent la place centrale de la vignette. Deux animaux tournent le dos à Adam, l'âne qui baisse la tête, une charge sur le dos, et une patte en avant le montrant en action, et un dromadaire harnaché, monté par un chamelier qui tient un fouet, lui aussi une patte en avant. Ces deux animaux représentent de manière explicite le travail que doivent accomplir les animaux sous l'ordre de l'homme. Ils sont eux aussi modèle de labeur et d'obéissance. Deux vertus dans lesquels peuvent s'identifier les moines, qui mènent une vie exemplaire pour tous les hommes. Le sanglier qui a souvent été présenté comme animal diabolique, peut alors se comprendre comme le symbole des ermites. Le sanglier, ou solitaire, est toujours à l'écart dans les enluminures, comme l'ermite qui vit isolé.

L'harmonie entre l'homme, les animaux et la nature paraît réelle dans l'iconographie et l'exégèse de la nomination des animaux. Ces derniers sont une source de perfectionnement de l'homme.

Conclusion

L'iconographie, tout comme les commentaires sur la nomination des animaux par Adam, reste pauvre. Ce passage de la Genèse, outre les questions linguistiques et nominales, évoque la relation de l'homme à l'animal, une relation essentielle à l'époque médiévale. Car, comme aime à le répéter Michel Pastoureau, l'animal n'a jamais été aussi bien mis en valeur qu'au Moyen Âge, où il a reçu une formidable promotion par rapport à l'Antiquité. Cependant les passages bibliques de référence, quant à la justification de la relation homme/animal, seront plutôt, dans l'Ancien Testament, l'épisode de l'arche de Noé (Gn. VII-VIII), ou simplement la suprématie donné par Dieu à l'homme sur la création (Gn. I, 26).

Cette scène est rare en iconographie, car elle se situe entre deux autres grands passages bibliques mettant en scène un nombre important d'animaux : la création des animaux par Dieu, une scène qui nous l'avons vu est parfois mis en parallèle de la nomination des animaux, dans les bestiaires, et l'arche de Noé, où pour la deuxième fois, les animaux passent en revue devant un homme qui représente l'humanité. La proximité de ces deux scène explique la rareté des enluminures sur la nomination des animaux ; l'enluminure est un luxe qui n'est pas à la portée de tous. Notons aussi que d'autres passages de la Création peuvent représenter la soumission des animaux, comme la création de l'homme où l'on voit des animaux soumis, ou le mariage d'Adam et d'Ève où, comme dans une enluminure des Antiquités judaïques de Flavius Josèphe, les animaux font figures de témoins soumis et dociles de cette union151(*) .

Cependant cette scène nous donne une image différente de l'Adam pécheur qui prime au Moyen Âge. Adam est avant tout l'homme au pied de l'arbre de la connaissance qui croque le fruit défendu offert par Ève et qui entraînera le péché dans le monde. Cette scène est inscrite dans tous les programmes iconographiques des églises, que ce soit sur les chapiteaux, dans les vitraux ou sur les fresques. La plupart des bibles enluminées sont illustrées de cette scène. Cet acte efface le reste des actes du premier couple. Or si Adam a malgré tout une meilleure image qu'Ève, ne serait-ce qu'à travers le Jeu d'Adam, c'est d'une part parce que la femme est cause de la malédiction, mais d'autre part parce qu'il a nommé les animaux qui, comme nous l'avons vu, le faisant pleinement homme, lui donne une image de prophète, de père de la création, de maître et de seigneur de l'Éden, une image au final qui annonce plus aisément le nouvel Adam.

Le bestiaire est le genre de manuscrit qui nous offre le plus d'enluminures de la nomination des animaux. Il est très apprécié de l'aristocratie d'Angleterre et de France, qui retrouve dans Adam nommant les animaux un modèle de seigneur. Quant aux intellectuels qui utilisent les bestiaires, ils reconnaissent en Adam le premier maître qui a su donner aux choses leur définition exacte par la nomination.

Les commentaires sur la nomination des animaux ont permis en outre de déterminer la position de l'homme face à la création, et plus spécialement face aux animaux. De la créature inférieure, à utiliser ou à tuer, à la créature soeur les commentaires ont évolué en fonction du rapport des hommes à la nature. Le choix des animaux présents devant Adam dans les enluminures de la nomination des animaux nous montre une certaine image du Paradis où règne l'harmonie entre les bêtes féroces et les animaux inoffensifs, sous la domination de l'homme. Dans les derniers siècles du Moyen Âge, l'homme a conscience de maîtriser un peu mieux la nature, et nous pouvons le constater dans le corpus de nos enluminures où l'élément végétal prend une plus grande importance. Ainsi les enluminures traduisent par des images à la fois la pensée théologique et l'imaginaire médiéval.

Annexes

Textes

1. L'Exameron d'Ambroise de Milan (†1397)

2. Etymologie d'Isidore de Séville, Livre XII.

3. Historia Scholastica de Petrus Comestor, Liber Genesis.

4. Guiart des Moulins, Le premier volume de la Bible en francoiz. Livre de la Genèse.

5. Glose de la Bible du XIIIe s.

6. Livre des Propriété des choses de Barthélémy l'Anglais.

7. La nomination des animaux par les textes juifs.

8. Extraits du Cantique des cantiques.

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Enluminures

1. La nomination des animaux

2. Autres enluminures liées au sujet

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1. L'Exameron d'Ambroise de Milan (†1397)

Ambroise de Milan, Exameron, q. 51, PL, cap. XI, vol. 14

Texte latin :

51. Ergo causam humanae generationis agnovimus sed quia plerosque movet qui diligentius intuentur quomodo si vel primo magnum munus Dei fuit circa homines, ut in paradiso homines collocarentur, vel postea magnarum remuneratio videretur esse meritorum, ut ad, paradisium justus unusquisque rapiatur, dicuntur etiam bestiae et pecora agri, et volatilia coeli in paradiso fuisse. Unde plerique in paradisium animam hominis esse voluerunt in qua virtutum quaedam germina pullulaverint : hominem autem et ad operandum, et ad custo diendum paradisum positum, hoc est, mentes hominis cujus virtu animam videtur excolere, nec solum excolere, des etiam cum excoluerit, custodire.

Bestiae autem agri et volatilia coeli quae adducuntur ad Adam nostri irrationabiles motus sunt, eo quod bestiae vel pecora quaedam diversae sunt corporis passiones, vel turbulentiores, vel etiam languidiores. Volatilia autem coeli quid aliud aestimamus, nisi inanes cogitatione quae velut volatilium more nostram circum volant animam, et huc at que illuc vario motu saepe traducunt ? Propterea nullus inventus, est mentus nostrae similis adjutor nisi sensus, hoc est similem sibi istam noster potuit invenire.

Traduction :

51. Donc nous avons admis l'origine de la création de l'homme, mais parce qu'elle interroge la plupart [des penseurs] qui considèrent avec grande attention la question de savoir si le grand don de Dieu pour les hommes [les autres créatures] existait avant, qui fait que les hommes aient été établis dans le paradis, ou si il semblerait que la récompense des grands mérites vienne après, de sorte que chaque juste soit enlevé au Paradis. On dit que même les bêtes, les animaux des champs et les oiseaux du ciel étaient au Paradis. D'où le fait que la plupart aient voulu que le Paradis soit l'âme de l'homme dans laquelle les semences de vertus se multiplieraient. Or les hommes ont été placés au Paradis pour le travailler et le garder, c'est à dire pour qu'ils cultivent la vertu de l'âme, non seulement cultiver le Paradis , mais aussi lorsqu'ils l'auront cultivé, le garder.

Or les bêtes des champs et les oiseaux du ciel qui sont conduits à Adam représentent nos mouvements irrationnels, parce que les différentes bêtes ou animaux des champs sont les passions du corps, soit plus turbulentes, soit même plus paresseuses. Mais que penser des oiseaux du ciel, sinon qu'ils sont les vaines pensées qui volent autour de notre âme à la manière des oiseaux et la traversent ça et là dans des mouvements différents. À cause de cela, aucune aide semblable n'a été créée par notre esprit, si ce n'est la pensée, c'est à dire aisthèsis [la perception], aucune aide semblable à notre nouss [esprit] n'a été trouvé.

2. Les Étymologies d'Isidore de Séville

Isidorus Hispalensis. Etymologiae, Livre XII : Des animaux, traduction : Jacques André, Paris, Belles Lettres, 1986, pp. 36-43.

Texte latin :

«De pecoribus et iumentis

Omnibus animantibus Adam primum vocabula indidit, appelans unicuique nomen ex praesenti institutione iuxta conditionem naturae seruiret. Gentes autem unicuique animalium ex propria lingua dederunt uocabula. Non autem secunndum Latinam linguam atque Graecam aut quarumlibet gentium barbararum nomina illa imposuit Adam, sed illa lingua quae ante diliuuium omnium una fuit, quae Hebrea nuncupatur. Latine autem animalia viue animantia dicta, quod animentur uita et moueantur spiritu. Quadrupedia uocata quia quattor pedibus gradiuntur: quae dum sint similia pecoribus, tamen sub cura humana non sunt, ut cerui, dammae, onagri, et cetera. Sed neque bestiae sunt, ut leones, neque iumenta, ut usus hominum iuuare possint.

Pecus dicimus omne quod humana lingua et effigie caret. Proprie autem pecorum nomen his animalibus adcommodari solet quae sunt aut ad uescendum apta, ut oues et sues, aut in usu hominum commoda, ut aqui et ueteres communiter in significatione omnium animalium pecora dixerunt, pecudes autem tantum illa animalia quae eduntur, quasi pecudes. Generaliter autem omne animal pecus a pascendo uocatum.»

Traduction :

«Du bétail et des bêtes de somme.

C'est Adam qui, pour la première fois, imposa des noms à tous les êtres animés, appelant chacun, par une institution immédiate, d'un vocable conforme à la condition naturelle à laquelle il était assujetti. Les peuples donnèrent d'autre part, un nom dans leur propre langue à chacun des animaux. Mais les noms imposés par Adam ne furent pas pris au latin ou au grec ou à un des peuples barbares, mais à la langue unique et universelle d'avant le déluge, nommée hébraïque. On dit en latin animalia (animaux) ou animantia (êtres animés), parce que la vie les anime (animentur) et que le souffle vital leur donne le mouvement. Le nom des quadrupèdes, vient de ce qu'ils marchent sur quatre pattes : tout en ressemblant au bétail, ils ne sont pas domestiqués, ainsi les cerfs, les daims, les onagres, etc. Mais ce ne sont ni des bêtes féroces, comme les lions ; ni des bêtes de somme, capables d'aider aux besoins de l'homme.

Nous appelons pecus (bétail) tout ce qui est privé de l'apparence et du langage humain. Mais l'usage est dénommer spécialement pecora (bestiaux) les animaux propres à l'alimentation, comme les ovins et les porcs, ou appropriés au service de l'homme, comme les chevaux et les bovins. Il existe une différence entre pecora et pecudes : en effet les Anciens disaient couramment pecora au sens de «l'ensemble des animaux» et pecudes seulement des animaux consommés (quae edentur), pour pecuedes. Mais d'une manière générale pecus de pascere (paître), désigne tout animal.»

3. Historia scholastica de Petrus Comestor

Petris Comestoris, scholastica historia. Liber Genesis, Turnhout, Brepols 2005.

«chap. XVI : De impositione nominum animantium principaliter, et mulieris formatione.

Dixit quoque Deus : Non est bonum hominem solum esset ; faciamus ei adjutorium, ad procreatidos liberos, quod sit simile illi. Simila enim de similibus naturaliter nascentur. Sed ne videretur Adae superflua mulieris formatio, ideo adduxit Deus ad Adam omnia terrae animantia et aeris. In quibus intelligenda sunt, et aquae animantia. A parte totum accipe. Vel universa sunt terrae, quia etiam quae de aquis condita sunt aliquid habent terrae in se : vel potius pisces post ab hominibus sunt cogniti, et inde nominati. quod patet, quia aequivocantur animalibus terrae, quia similes his deprehensi sunt. Fecit autem ut omnia simul eo nutu venirent, quo omnia creavit : vel forte factum est per angelos. Adduxit autem pro duobus, ut imponeret homo eis nomina, in quo scirent eum sibi praeesse, et sciret Adam nullum ex eis simile sibi. Et imposuit eis nimina Adam lingua Hebraea, quae sola fuit ab initio. quod inde per penditur, qui nomina quae leguntur usque ad divisionem linguarum Hebraea sunt. Et non invento simili sibi, immisit Deus soporem in Adam, non somnum, sed exstasim in qua creditur supernae interfuisse curiae. Unde et evigilans prophetavit de conjonctione Christi et Ecclesiae, et de diluvio futuro, et de judicio per ignem ibidem cognovit, et liberis suis postea indicavit.»

traduction :

Chap XVI : Principalement de l'imposition des noms aux animaux et de la formation de la femme.

Dieu dit aussi : Il n'est pas bon que l'homme soit seul ; faisons lui une aide qui soit semblable à lui [GnII,18], pour avoir des enfants. Car ce qui est semblable naît par nature de choses semblables. Mais pour que Adam ne voit pas la création de la femme comme superflue, qui pensait trouver parmi les animaux quelqu'un de semblable à lui, pour cela Dieu amena à Adam tous les animaux de la terre et de l'air. Dans lesquels il faut comprendre les animaux de l'eau. D'une partie, interprète l'ensemble. Ou bien ils sont tous terrestres, car même ceux qui se cachent dans l'eau ont de la terre en eux , ou plutôt les poissons ont été connus après coup par les hommes, et ensuite nommés. Ce qui est évident car ils sont nommés, à leur découverte, comme les animaux terrestres auxquels ils ressemblent.

Il fit en sorte que ceux qu'il avait crée, viennent à son commandement152(*) ; ou alors ce fut un acte courageux des anges. Il les amena par deux, pour que l'homme leur donne un nom par lequel ils sachent qu'il les dominait153(*) tous, et qu'Adam comprenne que nulle parmi eux n'était semblable à lui. Et Adam leur imposa leur nom en langue hébraïque, qui était la seule depuis les commencements. Et depuis il est convenu que les noms qui furent donnés jusqu'à la division des langues, sont en hébreux. Et n'ayant pas trouvé quelqu'un de semblable à Adam, Dieu fit tomber une torpeur sur Adam [Gn II,21], non pas un sommeil mais plutôt une extase par laquelle on croit qu'il vit la cour céleste. C'est pourquoi à son réveil il prophétisa le mariage du Christ et de l'Église, le déluge à venir et il apprit là le jugement par le feu, et il l'enseigna à ses enfants par la suite.

4. Bible Historiale de Guiart des Moulins

Guiart des Moulins, Le premier volume de la Bible en francoiz, 1531, ff. 2v, 3v.

[Gn I, 26] Notre Seigneur donna à l'homme seigneurie sur toutes les autres bestes, et en ce est notée la dignité de l'homme en trois choses. Premièrement ce qu'il est fait à l'image de Dieu, après pour ce qu'il fut fait par grande délibération. Car quand Dieu fit les autres choses ainsi qu'il eut dit, elles firent faites [...] et après est notée la dignité de l'homme ainsi qu'il fut fait seigneur des bestes. Car Dieu qui savoit qu'il feroit tôt, fait mortel par pechie, qui devant le pechie n'estoit pas mortel lui donna les bestes pour manger et pour le vetir et pour lui aider à son travail et avant le pechie n'avait il done aux hommes ni aux bestes à manger fors seulement les herbes et les fruits des arbres. Et notez ceci que l'homme perdit la seigneurie par son pechie, des grandes bestes, si comme les lions afin qu'il sut qu'il perdit telle seigneurie par son pechie et ainsi fut-il des petites bestes perdit il la seigneurie si comme des mouches

[Gn II,18-20] Derechef dit notre seigneur, il n'est pas bon que l'homme soit seul, faisons lui une aide semblable à lui. Quand donc toutes les bestes et les oiseaux furent formés notre Seigneur dieu les amena à Adam pour voir comme il les nomerait. Et Adam les noma tous et le nom qu'il leur laissa est leur nom.

Donc Dieu dit il n'est pas bon que l'homme soit seul, faisons lui une aide semblable à lui. Voire, pour engendrer enfants, car les choses semblables naissent de choses semblables naturellement. Et adonc mena dieu les bestes et les oiseaux à Adam et leur mit leur nom en langue hébraïque qui fut la première raison. Et quand Adam ne vit nulle entre les bestes et les oiseaux semblables à lui, Dieu l'endormi non pas de droit dormir mais ainsi comme fit ravy. Et dit-on qu'il fut adonc en la souveraine court de paradis, de quoi quand il s'éveilla, il prophétisa de la conjonction de Jesus Christ et de Sainte Église, du déluge, et du jugement advenir par le feu. Et le montre après et le dit à ses enfants.

5. Glose de la Bible du XIIIe s.

La Bible française du XIIIe siècle. Édition critique de la Genèse, présenté par Michel QUEREUIL, Genève, Droz, 1988, publications romanes et françaises, n°183, p. 107.

(d'après le manuscrit français 5056 de la BnF)

«Damedieux dist : «Il n'est pas bonne chose que home soit seuls : fesons li aide semblable a lui.» Donques, quant Dieux ot formé de la terre toutes les choses qui ont ame et les oisiaux du ciel, il les amena a Adam, que il veïst coumant il les apelast ; tout ce que Adam apela d'ame vivant, ce est li nons de lui ; Adam apela par leurs nons toutes les choses qui ont ames et touz les oisiaux du ciel, et toutes les bestes de la terre. Certes Adam n'avoit pas aide samblable a lui.

Adam nos senefie Jhesu Crist, car, aussi come Adam fu peres a touz les mortiex, aussi Jhesu Crist est peres aus esperitieux, et aussi comme Adam fu fait de la terre virge, nasqui Jhesu Crist de la Virge Marie. Il apela toutes choses par leur nons, car Jhesu Crist, en sa predication, touz ceuls qui le voloient croire apela par noviaux nons, car il les apela fuiz Dieu. Il n'avoit pas aide en terre qui li aidast a engendrer ligniee devant que il s'endormi ; cist dormirs fu la glorieuse mort qu'il souffri en la croiz et lors fu formee Sainte Esglise de son cousté, car ele fu sacree et santefiee par le sanc et par l'eve qui issi de la plaie qu'il ote ou costé, aussi comme fame fu faite du costé d'Adam, ce sunt li Crestien qui sunt regenerez par le baptesme et croient le sacrement et sunt apelez fuiz Dieu par grace»

6. Livre des Propriété des choses de Barthélémy l'Anglais

Jean Corbechon, d'après Barthélemy l'Anglais, Le livre des propriétés des choses, une encyclopédie au XIVe siècle, Bernard RIBÉMONT (trad. et com.), Paris, Stock, 1999, coll. Moyen Âge.

«Ici commence le XVIIIe livre des propriétés des choses, qui traitent des choses sensibles et particulièrement de celles dont l'Écriture fait mention. On appelle bête toute chose qui est composée de chaire et d'esprit, vivant soit dans l'air comme les oiseaux, soit dans l'eau comme les poissons, soit sur la terre comme les hommes, les animaux sauvages et apprivoisés, les vers et les serpents.

Moïse au commencement de la Bible classe les choses qui ont une âme, ou esprit de vie, en trois parties : les uns il les appelle bêtes sauvages, les autres il les nomme animaux domestiques : ceux-ci sont destinés au service de l'homme, à son usage et ils doivent lui venir en aide ; parmi eux certains sont destinés au labour, comme les chevaux, d'autres doivent porter de la laine pour vêtir hommes et femmes, comme les brebis et les moutons, d'autres sont destinés à être mangés, comme les porcs et quantité d`autres espèces. Moïse appelle tout être vivant qui chemine sur sa poitrine et rampe sur la terre en se contractant et en s'étirant, comme le font les vers, les couleuvres et les serpents. Il appelle bêtes celles qui sont farouches et sauvages et qui frappent de la corne, de la dent ou du pied, comme le font les sangliers, les loups, les tigres et leurs semblables qui sont des bêtes sauvages, et par nature plus farouche que les animaux domestiques»

7. La nomination des animaux par les textes juifs.

MIDRASH RABBA

trad. angl. FREEDMAN, 1977.

Quand le Saint béni soit-il voulût créer Adam, il prit conseil auprès des anges qui le servaient, disant `faisons l'homme' (Gn I,26). Quelle sera la nature de cet homme, demandèrent-ils ? Sa sagesse dépassera la vôtre, répondit-il. Que fit le Seigneur ? Il fit venir les animaux, bêtes et oiseaux, devant eux et leur demanda ; quel sera le nom de cet animal ? Il ne surent répondre. De celui-ci ? Il ne surent pas davantage. Quand il fit défiler les animaux devant Adam et qu'il lui demanda : Qu'est ceci ? Il répondit : un boeuf..., un cheval..., un âne....

Les traditions juives

GUIZBERG, Louis, Les légendes des juifs. La création du monde, Adam, les dix générations, Noé,

trad. G. Sed-Rajna, Paris, Le Cerf/Institut Alain de Rothschild, 1997, Patrimoines judaïsme. p. 48.

La sagesse d'Adam apparût pleinement lorsqu'il donna des noms aux animaux. Alors il fut manifeste que Dieu, lorsqu'il contestait les arguments des anges qui s'opposaient à la création de l'homme, avait raison en affirmant que l'homme posséderait plus de sagesse qu'eux. Lorsqu'Adam fut âgé d'une heure seulement, Dieu réunit les animaux du monde entier devant lui et devant les anges. Ces derniers furent invité à donner un nom aux différentes espèces, mais ils ne purent accomplir la tâche. Adam quant à lui parla sans hésitation : «Ô Seigneur du monde, le nom qui convient à cet animal est boeuf, ...cheval, ...lion, ...chameau», et ainsi il les nomma tous, trouvant le nom convenable à la particularité de chaque animal.

RACHI

Le commentaire de Rachi sur le Pentateuque, trad. Israël SALZER, Paris, Comptoir du livre du Kéren Hasefer, 1957

[Gn I, 26] Les hommes domineront. Mot à double face, domination o déchéance. S'il a du mérite l'homme domine la bête. S'il n'a pas de mérite, il descend plus bas que la bête et la bête le domine.

Et dominez-là. Le mot peut-être pris pour un singulier, il s'adresserait alors à l'homme qui, étant maître de la femme, veille à ce qu'elle n'aille pas vagabonder. En outre ceci l'apprend que l'obligation de perpétuer l'espèce incombe à l'homme puisqu'il est le maître, et non à la femme.

[Gn II, 19] On apprend en outre que Dieu amena les bêtes à l'homme pour qu'il leur donne un nom, le jour même de leur création. Le Midrach explique le verbe (il nomma) dans le sens de dominer, assujettir [Cf : Deut. XX,19 «Quand tu assiégeras une ville en maître»]. Dieu place les bêtes sous la domination de l'homme. Tout ce que l'homme aura nommé être vivant, c'est là son nom. Modifie l'ordre des mots et explique : tout être vivant auquel l'homme aura donné un nom, ce sera son nom pour toujours.

Une aide semblable à lui. Si l'homme le mérite elle sera une aide, s'il ne le mérite pas, elle sera face à lui un adversaire.

Lorsque Dieu amena les animaux, il les amena par couple, mâle et femelle. L'homme dit : chacun a sa compagne, moi je n'en ai pas.

8. Extraits du Cantique des cantiques

(Texte de la Vulgate, http://www.fourmilab.ch/etexts/www/Vulgate/Song_of_Solomon.html)

Texte latin :

(II, 1-3) ego flos campi et lilium convallium

sicut lilium inter spinas sic amica mea inter filias

sicut malum inter ligna silvarum sic dilectus meus inter filios sub umbra illius quam desideraveram sedi et fructus eius dulcis gutturi meo

(II, 5) fulcite me floribus stipate me malis quia amore langueo

(II, 8-9) vox dilecti mei ecce iste venit saliens in montibus transiliens colles

similis est dilectus meus capreae hinuloque cervorum en ipse stat post parietem nostrum despiciens per fenestras prospiciens per cancellos

(II, 12-13) flores apparuerunt in terra tempus putationis advenit vox turturis audita est in terra nostra

ficus protulit grossos suos vineae florent dederunt odorem surge amica mea speciosa mea et veni

(IV, 12-15) hortus conclusus soror mea sponsa hortus conclusus fons signatus

emissiones tuae paradisus malorum punicorum cum pomorum fructibus cypri cum nardo

nardus et crocus fistula et cinnamomum cum universis lignis Libani murra et aloe cum omnibus primis unguentis

fons hortorum puteus aquarum viventium quae fluunt impetu de Libano

Traduction :

(II, 1-3) Je suis une fleur des champs, un lys des vallées.

Comme un lys parmi les ronces, telle est mon amie parmi les filles.

Comme un pommier dans les bois, tel est mon chéri parmi les fils.

(II, 5) Soutenez-moi avec des fleurs ;

Restaurez-moi avec des fruits car je languit d'amour.

(II, 8-9) J'entends mon chéri ! Le voici : il vient !

Sautant par dessus les monts, bondissant par dessus les collines,

Mon chéri est comparable à un chevreuil ou a un faon de cerf.

Le voici : il s'arrête derrière notre mur ;

Il regarde par la fenêtre ; il épis par le treillis.

(II, 12-13) Les fleurs apparaissent sur terre ; le temps de la taille arrive ;

Et on entend la voix de la tourterelle sur notre terre.

Le figuier présente son fruit vert, et les vignes en fleurs donnent leur senteur.

(IV, 12-15) Tu es un jardin clos, ma soeur, ô fiancée ;

Un jardin clos, une source verrouillée !

Tes surgeons sont un paradis de grenadiers, avec des fruits abondants :

le cyprès avec le nard, du nard et du safran, du roseau et du cinnamome,

avec tous les arbres du Liban :

de la myrrhe et de l'aloès, avec tous les onguents de première qualité.

Je suis une fontaine de jardin, une source d'eaux vives, coulants du Liban !

Enluminures

Bibliographie.

I. Sources.

1. Enluminures.

2. Sources éditées.

3. Sources traduites.

II. Instruments de travail.

III. Ouvrages généraux

IV. Travaux spécialisés.

1. Sur la pensée médiévale.

2. Sur les animaux.

3. Sur l'iconographie médiévale.

4. Sur le langage, la parole et la nomination.

IV. Outils informatisés.

1. Base de donnée.

2. Sites internet.

I. Sources.

1. Enluminures :


· Bestiaire
, Aberdeen, University Library, Ms. 24, fol. 5, (v. 1200).


· Bestiaire du duc de Northumberland
, Alnwick Castle, coll. du duc de Northumberland, Ms. 447, fol. 5v, (v. 1250-1260).


· Liber de bestiis et aliis rebus
, Cambridge, University Library, ms. Gg. 6.5, fol. 2v, (v. 1425) .


· Bestiaire
, Cambridge, Gonville & Caius College, Ms. 372/621, fol. 2, (v.1275-1300).


· Bestiaire
, Copenhague, Kongelige Bibliotek, Gl. kgl. S. 1633 4°, fol. 21v, (v. 1400-1425).


· Physiologus de Cambrai
, Douai, bibliothèque municipale, ms. 711, fol. 17, (v. 1270-1275).


· Bestiaire
, La Haye, musée de Meermanno, 10 B 25, fol. 18v, (v 1450).


· Bestiaire et Lapidaire
, London, British Library, ms. Royal 12 F XIII, fol. 34v, (v. 1230).


· Bestiaire
, London, British Library, ms. Sloane 3544, fol. 15v, (fin XIIIe s.)


· Heures du duc et de la duchesse de Bedfort, London, British Library, Add. Ms.18850, fol. 14, (v1429).


· Bible historiale,
London, British Library, Add. Ms. 38122, fol. 12, (v. 1440).


· Bible, New York, Pierpont Morgan Library, Ms. M.638, fol. 1v, (v.1250).


· Bestiaire
, Oxford, Boldeian Library, ms. Ashmole 1511, fol. 9, (v. 1311).


· Bestiaire
, Oxford, St John's College, Ms. 61, fol. 2, (v. 1220).


· Bestiaire
, Oxford, St John's College, Ms. 178, fol. 172 v, (XIIIe, XIVe s.).


· Nicolaus de Lyra, Postilla litteralis in Genesis
, Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. lat. 364, fol. 5v, (v.1395-1402).


· Bestiaire
, Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. lat. 6838 B, fol. 14, (XIIIe s.).


· Bestiaire
, Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. lat. 3630, fol. 82v, (v. 1275-1300).


· Guillaume le Clerc, Bestiaire divin
, Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. fr. 1444, fol. 244v, (v. 1250-1300).


· Guiart des Moulins, Bible historiale, Paris, Bibliothèque Nationale de France, ms. fr. 152, fol. 14, (XIVe s.).


· Guiart des Moulins, Bible historiale, Paris, bibliothèque Sainte-Geneviève, ms 0020, fol. 7v, (v.1320-1337).


· Barthélemy l'Anglais, Le livre des propriétés des choses, Paris, bibliothèque Sainte-Geneviève, ms. 1029, fol. 229, (v. 1350).


· Bible de Saint-Castor de Coblentz, Pommersfeden, bibliothèque municipale, cod. 333, fol. 1v, (XIIe s.).


· Saint-Pétersbourg, Rossiiskaia Natsionalkaia Biblioteka, Saltykov-Shchedrin Q.v.V1, fol. 5, (fin XIIe s.).


· Vatican, bibliothèque apostolique, reg. lat. 1862, fol. 8.

2. Sources éditées :


· Albert le Grand, De Anima, Bonn, éd. de «Cologne», 1955.


· Barthélemy L'Anglais, De proprietatibus rerum, Francfort, 1601, réimp., Francfort, 1964.


· Bestiarium. Fac-similé du manuscrit du bestiaire Ashmole 1511, M.F. DUPUIS , S. LOUIS (trad.), X. MURATOVA, D. POIRION (com.), Paris, 1984.


· La Bible française du XIIIe siècle. Édition critique de la Genèse, présenté par Michel QUEREUIL, Genève, Droz, 1988, publications romanes et françaises, n°183.


· Petris Comestoris, scholastica historia. Liber Genesis, Turnhout, Brepols 2005.


· The Medieval Bestiary, MURATOVA, X. (com.), Moscou, Iskusstvo Art Publishers, 1984. (fac-simile du bestiaire conservé à Saint-Pétersbourg, RNB, Saltykov-Shchedrin Q.v.V1, fol. 5).


· Thomas de Cantipré, Liber de natura rerum, Berlin/New-York, éd. H. Boese/W. de Gruyter, 1973.


· Vincent de Beauvais, Speculum naturale, Douai, 1624, réimp., Graz, Akademische Verlagsanstalt, 1964.

3. Sources traduites :


· Bible latine-française : vulgate et traduction nouvelle d'après l'original. t1 : Livres historiques de l'Ancien Testament, par VERDUNOY, Joseph, Dijon, Publications Lumière, 1934.


· Saint Augustin, Les Confessions, Joseph TRABUCCO (trad. et com.), Paris, Garnier flammarion, 1964.


· Saint Augustin, Contre les Manichéens (De Genesi contra Manichaeos), trad. P. MONNAT, Turnhout, Brepols, 2004.


· Grégoire de Nysse, La Création de l'homme, Jean-Yves GUILLAUMIN (trad.), Paris, Desclée de Brouwer, 1982, coll. Pères de la Foi.


· Origène, Homélies sur la Genèse, intr. : Henri de Lubac trad. : Louis Doutreleau, Paris, Le Cerf, 1977, réed. 2003.


· ALEXANDRE, Monique, Le Commencement du Livre de la Genèse. La version grecque de la Septante et sa réception, Paris, Beauchesne, 1988, coll. «Christianisme antique»


· Isidorus Hispalensis. Etymologiae, Livre XII : Des animaux, J.André (trad.), Paris, Belles Lettres, 1986.


· Physiologos. Le Bestiaire des bestiaires, Arnaud ZUCKER (trad. et com.), Grenoble, J. Millon, 2004.


· LEFÈVRE, Yves, L'Elucidarium et les lucidaires. Contributions par l'histoire d'un texte à l'histoire des croyances religieuses en France au Moyen Âge, Paris, Bocard, 1954.


· Robert GROSSETESTE , On the Six Days of the Creation, trad. C.F.J. MARTIN, auctores britannici medii aevi, VI(2), Oxford, University Press, 1996.


· Saint François d'Assise, Écrits, trad. Th. DESBONNETS, J. Fr. GODET, TH. MATURA, D. VORREUX, Paris, Le Cerf, 1981, réed. 1997.


· Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique, les origines de l'homme, trad. A. PATFOORT, o. p., H. D. GARDEIL, o.p., Paris, Le Cerf, 1963, réed. 1998.


· Le Commentaire de Rachi sur le Pentateuque
, Israël SALZER (trad.), Paris, Comptoire du livre du Kéren Hasefer, 1957.


· Maître Eckhart, Commentaire de la Genèse, Fernand BRUNNER, Alain de LIBERA, Ed WÉBER, En ZUM BRUNN (trad. et com.), Paris, Cerf, 1984.


· Brunetto Latini, Le Livre des trésors, dans Gabriel BIANCIOTTO (trad.), Bestiaires du Moyen Âge, Paris, Stock, 1989.


· Pierre de Beauvais, Le Bestiaire, dans Gabriel BIANCIOTTO (trad.), Bestiaires du Moyen Âge, Paris, Stock, 1989.


· Guillaume le Clerc de Normandie, Bestiaire divin, dans Gabriel BIANCIOTTO (trad.), Bestiaires du Moyen Âge, Paris, Stock, 1989.


· Jean Corbechon, d'après Barthélemy l'Anglais, Le Livre des propriétés des choses, une encyclopédie au XIVe siècle, Bernard RIBÉMONT (trad. et com.), Paris, Stock, 1999, coll. Moyen Âge.


· GUINZBERG, Louis, Les Légendes des juifs. La création du monde, Adam, les dix générations, Noé, trad. G. Sed-Rajna, Paris, Le Cerf/Institut Alain de Rothschild, 1997, Patrimoines judaïsme.

II. Instruments de travail.


· Bibliographie annuelle de Moyen Âge tardif. Auteurs et textes latins, nos 12, 13, 14, Brepols, Paris-Turnhout, 2002, 2003, 2004.


· Dictionnaire du Moyen Âge, s.d. : GAUVARD, Claude, de LIBÉRA, Alain, ZINK, Michel, Paris, PUF, 2002.


· Dictionnaire des lettres françaises. Le Moyen Âge, s.d. : GREVITE, George (1ère éd.), HASENOHR, Geneviève, ZINK, Michel (2ème éd.), Paris, Fayard, 1964, rééd. 1994.


· Dictionnaire encyclopédique du Moyen Âge, s. d. VAUCHEZ, André, Paris, Cambridge, Roma, Le Cerf, 1997.


· DAUZAT, Albert, DUBOIS, Jean, MITTERAND, henri, Nouveau dictionnaire étymologique et historique, Paris, Larousse, 1989.


· Dictionnaire raisonné de l'Occident médiéval, s.d. : LE GOFF, Jacques, SCHMITT, Jean-Claude, Paris, Fayard, 1999.


· DURTIAT, Marcel, L'Art roman, Paris, Citadelles, coll. «L'art et les grandes civilisations», MAZENOD, Lucien (s.d.), 1982.


· DUCHET-SUCHAUX, Gaston, PASTOUREAU, Michel, Le Bestiaire médiéval. Dictionnaire historique et bibliographique, Paris, Le Léopard d'Or, 2002.


· FOUILLOUX, Danielle, LANGLOIS, Anne, LE MOIGNÉ, Alice, SPIESS, Françoise, THIBAULT, Madeleine, TRÉBUCHON, Renée, Dictionnaire culturel de la Bible, Paris, Cerf/Nathan, 1999.


· GAFFIOT, Félix, Dictionnaire latin-français, Paris, Hachette, 1999.


· Grundriss der Romanischen Literaturen des Mittelalters. t. 6 : La Litterature didactique, allégorique et satirique, Heidelberg, Winter, 1968.


· IMPELLUSO, Lucia, La Nature et ses symboles, Paris, Hazan, 2004.


· Lexicon der christlichen Ikonographie,KIRSCHBAUM, Engelbert (s. d.), t.1, Alleimeine ikonographie, t.5, ikonographie der Heiligen, Herder, Roma, Fribourg, Bâle, Vienne, 1968, rééd. 1994.


· Les Bibles en français. Histoire illustrée du Moyen Âge à nos jours, BOGAERT, Pierre-Maurice (s. d.), Brepols, Turnout 1991.


· La Bible, traduction oecuménique, Paris/Villiers, Le Cerf/Société biblique française, 8e édition, 1998.


· MARIÑO FERRO, Xosé-Ramón, Symboles animaux. Un dictionnaire des représentations et croyances en Occident, trad. CH. Girard et G. Grenet, Paris, Desclée de Brouwer, 1996.


· MORGAN, Nigel, A survey of Manuscripts Illuminated in the British Isles. t.3, Early Gothic Manuscripts 1190-1250. t.5, Later Gothic Manuscripts 1390-1490. J.J.G. Alexander, Harvey Miller Publishers, Oxford University Press, 1988.


· MIQUEL, Pierre, Dictionnaire symbolique des animaux, zoologie mystique, Paris, Le Léopard d'Or, 1992


· RÉAU, Louis, Iconographie de l'art chrétien. t.2, Iconographie de la Bible, Paris, PUF, 1956, rééd. 1988.


· SED-RAJNA, Gabrielle, La Bible hébraïque, Fribourg, Office du livre, 1987.


· VERNET, André, La Bible au Moyen Âge, bibliographie, Paris, éditions du CNRS, 1989.

III. Ouvrages généraux


· BRENOT, Anne-Marie, COTTRET, Bernard, La Jardin : figures et métamorphoses, Dijon, Éditions universitaires, 2005.


· KEITH, Thomas, Dans le jardin de la nature. La Mutation des sensibilités en Angleterre de l'époque moderne. 1500-1800, Paris, Gallimard, 1985.


· KING, Ronald, Les Paradis terrestres. Une histoire mondiale des jardins, Paris, Albin Michel, 1980.


· LE GOFF, Jacques, Les Intellectuels au Moyen Âge, Paris, Le Seuil, 1957, réed. 1985.


· L'Individu au Moyen Âge. Individuation et individualisation avant la modernité, BEDOS-REZAK, Brigitte, IOGNAT-PRAT, Dominique, (s. d.), Paris, Flammarion-Aubier, 2005.


· LOUYS, Daniel, Le Jardin d'Éden. Mythe fondateur de l'Occident, Paris, Le Cerf, 1992.


· ZINK, Michel, La Littérature française au Moyen Âge, Paris, PUF, 1992.

IV. Travaux spécialisés.

1. Sur la pensée médiévale :


· ANDERSON, Gary A., The Genesis of Perfection. Adam and Eve in Jewish and Christian Imagination, Louisville/London, Westminster John Knox Press/Leiden, 2001.


· BAYARD, Jean-Pierre, La Légende de saint Brendan. Découvreur de l'Amérique. Légende du XIe siècle d'après la traduction romane de A. Jubinal, Paris, éd. La Maisnie, 1988.


· BURIDANT, Claude, «les paramètres de l'étymologie médiévale» dans L'Étymologie de l'Antiquité à la Renaissance, Cl. BURIDANT (s. d.) , Lille, Le Septentrion, 1998, pp. 11-56.


· DAHAN, Gilbert, L'Exégèse chrétienne de la bible en Occident médiéval. XIIe-XIVe siècle, Paris, 1999.


· GILSON, Étienne, La Philosophie au Moyen Âge. Des origines patristiques à la fin du XIVe siècle, Paris, Payot, réed. 1999.


· de LIBERA, Alain, Penser au Moyen Âge, Paris, Seuil, coll. chemins de pensée, 1991.


· de LIBERA, Alain, Albert le Grand et la philosophie, Paris, Vrin, 1990.


· Litterature on Adam and Eve, ANDERSON, Gary, STONE, Michael, TROMP, Johannes, (s.d. ), Boston/Köln, Brill/Leiden, 2000.


· LOBRICHON, Guy, «Une nouveauté, les gloses de la Bible» dans Le Moyen Âge et la Bible, RICHÉ, Pierre, LOBRICHON, Guy, (s.d.), Paris, Beauchesne, 1984, pp. 95-114.


· LOBRICHON, Guy, La Bible au Moyen Âge, Paris, Picard, 2003.


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· MINOIS, Georges, Les Origines du mal. Un histoire du péché originel, Paris, Fayard, 2002.


· RIBÉMONT, Bernard, «L'encyclopédisme médiéval et la notion d'instinct animal : étude du comportement ou imaginaire ?», dans De natura rerum. Étude sur les encyclopédies médiévales, Orléans, Paradigmes, coll. Medievalia, 1995, pp. 383-400.


· SALVAT, Michel, «Jean Corbechon, traducteur ou adaptateur de Barthélemi l'Anglais ?» dans BRUCKER, Charles, Traduction et adaptation en France, à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance, Paris, Champion, 1997, pp. 35-46.


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· VAN DEN ABEELE, Baudoin, «Vincent de Beauvais ; naturaliste, les sources des livres d'animaux du Speculum naturale», dans LUSIGNAN, Serge, PAULMIER-FOUCARD, Monique (s.d.), Lector et compilator. Vincent de Beauvais, frère prêcheur. Un intellectuel et son milieu au XIIIe siècle, Grâne, Fondation Royaumont, Créaphis, 1997.


· VERNIER, Jean-Marie, Théologie et métaphysique de la Création chez Thomas d'Aquin, Paris, Téqui, 1995, coll. «croire et savoir».


· VIGNAUX, Paul, Philosophie au Moyen Âge, Paris, Vrin, 2004.


· WIRTH, Jean, «structure et fonction de l'image chez Thomas d'Aquin» , dans BASHET, Jérôme, SCHMITT, Jean-Claude (s.d.), l'image, fonction et usages des images dans l'Occident médiéval, Paris, cahiers du léopard d'or, 1996.

2. Sur les animaux :


· BARATAY, Éric, L'Église et l'animal (France XVIIe-XXe s.), Paris, Le Cerf, 1996.


· BARATAY, Éric, MAYAUD, Jean-Luc, «Un champs pour l'histoire : l'animal» dans Cahiers d'histoire, Lyon, 3/4, 1997, pp. 409-442.


· BARATAY, Éric, Et l'homme créa l'animal. Histoire d'une condition, Paris, O. Jacob, 2003.


· BESSEYRE, Marianne, «L'alphabet de la Création : l'animal dans la Bible» dans Bestiaires du Moyen Âge, les animaux dans les manuscrits, TESNIÈRE, Marie-Hélène, DELCOURT, Thierry, Paris, Somogy, 2004, pp. 16-31.


· CERVELON, Christophe, L'Animal et l'homme, Paris, PUF, 2004.


· DELORT, Robert, Les Animaux ont une histoire, Paris, Le Seuil, 1984.


· Des bêtes et des hommes. Le rapport à l'animal : un jeu sur la distance, LIZET, Bernadette, RAVIS-GIORDANI, Georges, (s.d.), Paris, éd. du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques, 1995.


· FROGER, Jean-François, DURAND, Jean-Pierre, Le Bestiaire de la Bible, Moléans, éditions DésIris, 1994.


· JOSSUA, Jean-Pierre, La Licorne. Histoire d'un couple, Paris, Le Cerf, 1995.


· L'Animal exemplaire au Moyen Âge. Ve-XVe siècles, BERLIOZ, Jacques, POLO de BEAULIEU, Marie-Anne, (s.d.), colloque international d'Orléans, 26-27 septembre 1996, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 1999.


· Le Monde animal et ses représentations au Moyen Âge (XIe-XVe siècles), Actes du XVe congrès de la société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, Toulouse les 25 et 26 mai 1984, Toulouse, Le Mirail, 1985.


· LOISEL, Gustave, Histoire des ménageries de l'Antiquité à nos jours. t.1 : Antiquité, Moyen Âge, Renaissance, Paris, Doin, Laurens, 1912.


· MURATOVA, Xénia, «Adam donne leurs noms aux animaux. L'iconographie de la scène dans l'art du Moyen Âge et ses traits particuliers dans les manuscrits des bestiaires enluminés du XIIe et du XIIIe siècles», dans Studi Medievali, 3ème série, A Gustavo Vinay, XVIII, t.2, 1977, p. 367-394.


· de PALOL, Pere, El Tapís de la creoció de la catedral de Girona, Barcelona, Proa, 1986.


· PASTOUREAU, Michel, «Bestiaire du Christ, bestiaire du Diable. Attribut animal et mise en scène du divin dans l'image médiévale», dans Couleurs, images, symboles. Études d'histoire et d'anthropologie, Paris, Le Léopard d'or, 1998.


· de PURY, Albert, Homme et animal, Dieu les créa. Les Animaux et l'Ancien Testament, Genève, Labor et Fides, 1993.


· RIBÉMONT, Bernard, «Le Monde animal dans l'Ymago Mundi de Pierre d'Ailly», dans De natura rerum. Étude sur les encyclopédies médiévales, Orléans, Paradigmes, coll. Medievalia, 1995. pp. 401-414.


· TOYNBEE, J.M.C. Animals in Roman Life and Art, London, 1973.


· VAN DEN ABEELE, Baudoin, «Bestiaires encyclopédiques moralisés. Quelques succédanés de Thomas de Cantimpré et de Barthélemy l'Anglais», dans Reinardus, vol. 7, 1994, pp. 209-228.


· VILLENEUVE, Roland, Le Lion. Vie, moeurs, symbolique, littérature, Paris, Avatar, 1993.


· VOISENET, Jacques, Bestiaire chrétien, l'imagerie animale des auteurs du Haut Moyen Âge (Ve-XIe s.), Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 1994.


· VOISENET, Jacques, Bêtes et hommes dans le monde médiéval. Le bestiaire des clercs du Ve au XIIe siècle, Turnhout, Brepols, 2000.

3. Sur l'iconographie médiévale :


· de BRUYNE, Luc, «L'Imposition des mains dans l'art chrétien», dans Rivista di archeologia cristiana, n°20, 1943, pp. 41-153.


· CAZELLES, Henri, «Gestes et paroles de prières dans l'Ancien Testament» dans Gestes et paroles dans les diverses familles liturgiques, conférences Saint-Serge, 24e semaine d'études, (Paris 1977), Roma, Centro Liturgico Vincenziano, 1978, pp. 87-94.


· CHASTEL, André, Le Geste dans l'art, Paris, Lévi, 2000.


· DAVY, M. M., Initiation à la symbolique médiévale, Paris, flammarion, 1964.


· DUCHET-SUCHAUX, Gaston, PASTOUREAU, Michel, La Bible et les saints, guide iconographique, Paris, Flammarion, 1990.


· GARNIER, François, «L'Imagerie biblique médiévale» dans RICHÉ, Pierre, LOBRICHON, Guy, (s.d.), Le Moyen Âge et la Bible, Paris, 1984, p. 401-428.


· GARNIER, François, Le Langage de l'image au Moyen Âge, t.1 : Signification et symbolique, t.2 : Grammaire des gestes, Paris, Le Léopard d'or, 1989.


· GEORGE, Wilma, YAPP, Brundson, The Naming of Beasts : Natural History in the Medieval Bestiary, London, Duckworth, 1991.


· HELLENKEMPER, Gisela, La Création du monde. Les mosaïques de Saint-Marc à Venise, Paris, Le Cerf, 1986.


· HOWELL JOLLY, Penny, Made in God's Image. Adam and Eve in the Genesis Mosaïcs at San Marco, Venice, Los Ageles/London, University of California Press/Berkeley, 1997.


· La France romane du Xe au milieu du XIIe siècle, GABORIT-CHOPIN, Danielle (s. d.), Catalogue de l'exposition du musée du Louvre, 10 mars-6 juin 2005, Paris, Hazan, 2005.


· Le Moyen Âge en lumière, DALARUN, Jacques (s. d.), Paris, Fayard, 2002.


· L'Image. Fonctions et usages des images dans l'Occident médiéval, BASCHET, Jerôme, SCHMITT, Jean-Claude, (s. d.), Paris, Le Léopard d'Or, 1996.


· MAGUIRE, H., «Adam and the animals : Allegory and the literal Sense in Early Christian Art», Studies on Art and Archeology in Honnor of Ernst Kitzinger, Dumbarton Oaks Papers, n°41, 1987, pp. 363-373.


· PASTOUREAU, Michel, Figures et Couleurs. Études sur la symbolique et la sensibilité médiévales, Paris, Le Léopard d'Or, 1986.


· PASTOUREAU, Michel, Couleurs, images, symboles  : étude d'histoire et d'anthropologie, Paris, Le Léopard d'Or, 1989.


· PASTOUREAU, Michel, Bleu. Histoire d'une couleur, Paris, Seuil, 2002.


· PASTOUREAU, Michel, Une histoire symbolique du Moyen Âge occidental, Paris, Seuil, 2004.


· PAYNE, Ann, Medieval Beast, London, British Library, New York, 1990.


· SCHMITT, Jean-Claude, La Raison des gestes dans l'Occident médiéval, Paris, Gallimard, 1990.


· SMEYRS, Maurice, «La miniature», dans Typologie des sources de l'Occident médiéval, fasc.8, Turnhout, Brepols, 1974, réed. 1985.


· STERLING, Charles, La Peinture médiévale à Paris, 1300-1500, t.1, n°59 : Maître de Bedfort, Heures du duc et de la duchesse de Bedfort, Paris, Fondation Wildenstein, 1987, coll. bibliothèque des Arts, pp. 419-434.


· WIRTH, Jean, L'Image médiévale, naissance et développement (VIe-XVe s.), Paris, Méridien Klincksieck, 1989.

4. Sur le langage, la parole et la nomination :


· CASAGRANDE, Carla, VECCHIO, Silvana, Les Péchés de la langue. Discipline et éthique de la parole dans la culture médiévale, Paris, Le Cerf, 1991.


· CHRÉTIEN, Jean-Louis, L'Arche de la parole, Paris, PUF, 1998, réed. 1999.


· DAHAN, Gilbert, «Nommer les êtres : exégèse et théories du langage dans les commentaires médiévaux de Genèse II, 19-20» dans EBBESEN, Sten, Sprachtheorien in spätantike und Mittelalter, Tübingen, 1995.


· DUBOIS, Claude-Gilbert, Mythe et langages au XVIe siècle, Paris, Ducros, 1952.


· HUISMAN, Bruno, RIBES, François, Les Philosophes et le langage, Paris, Sedes,1986.

LEFEBVRE-TEILLARD, Anne, Le Nom, droit et histoire, Paris, PUF, 1990.


· SCRIABINE, Marina, La Parole dans le récit de la Genèse, conférence des «lundis de l'Institut d'Herméneutique» animée par Paul BAZAN, le 26 nov. 1973, Paris, Institut d'Herméneutique, 1973.


· SIBLOT, Paul, «Appeler les choses par leur nom», dans Noms et re-noms : la dénomination des personnes, des populations, des langues et des territoires, AKIN, Salih (s. d.), Rouen, CNRS/ Publications de l'université de Rouen, 1999.

IV. Outils informatisés.

1. Base de donnée :


· Thésaurus des images médiévales pour la constitution de bases de données iconographique, mis au point par la GAHOM, Paris, CRH/EHESS, 1993

2. Sites internet :


· aedilis.irht.cnrs.fr (Aedilis de l'Institut de Recherche de l'Histoire des Textes)


· base.kb.dk/manus_pub/cv/manus/ (bibliothèque royale du Danemark)


· bestiary.ca/manuscripts (répertoire des bestaires anglais)


· colecties.meermanno.nl/handschriften/ (enluminures du musée Meermanno à la Haye)


· expositions. BNF.fr/bestiaire (Physiologus de Douai)


· gahom.ehess.fr (site du Groupe d'Anthropologie Historique de l'Occident Médiéval)


· gallica. BNF.fr/themes (sur l'encyclopédisme médiéval)


· liberfloridus.cines.fr (enluminures de la bibliothèque Sainte-Geneviève)


· mandragore. BNF.fr (enluminures de la bibliothèque nationale de France)


· prodigi.bl.uk/illcat/welcome.htm (British Library)


· web.ccr.jussieu.fr/urfist/mediev.htm (Ménéstrel, site des médiévistes)


· www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/index.htm (oeuvres de saint Augustin)


· www.abdn.ac.uk/bestiary/bestiary.hti (Aberdeen Library, sur les bestiaires)


· www.boldey.ox.ac.uk/dept/scmss/wmss/medieval.htm (manuscrits de la Boldeian Library)


· www.enluminures.culture.fr (enluminures des bibliothèques municipales de France)


· www.fourmilab.ch/etexts/www/Vulgate/Vulgate.html (texte de la Vulgate)

Table des matières

Première partie : L'image d'Adam par la nomination des animaux

chapitre 1 : Homme par la parole

1. Le geste et la parole

2. La parole qui fait l'homme

3. Le langage d'Adam

chapitre 2 : Maître et père par le don du nom

1. Adam le premier maître

2. Le père des animaux

chapitre 3 : Seigneur de l'Éden

1. Le pouvoir idéal

2. Tout pouvoir vient de Dieu

3. Seigneur de l'Éden

chapitre 4 : Adam prépare la création d'Ève

Deuxième partie : La quête du Paradis perdu

chapitre 1 : La domination de l'animal entre théorie et réalité

1. Une suprématie mystique pour cacher la réalité médiévale

2. La domination des animaux domestiques et sauvages

3. Une créature à disposition de l'homme ou la créature soeur ?

chapitre 2 : Le jardin paradisiaque

1. L'explosion des jardins au XIIIe siècle

2. Le modèle de la Genèse

3. Le modèle du Cantique des cantiques

4. Les animaux du Paradis

chapitre 3 : Rêve d'un retour à l'harmonie originelle

1. Le saint et les bêtes sauvages

2. Retrouver l'harmonie originelle

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chapitre 4 : L'exemplarité du monde animal

1. Dominer ses animaux intérieurs

2. Saint François d'Assise, l'animal est un modèle

3. Un modèle d'obéissance

Conclusion

Table des annexes

Bibliographie

Table des matières

* 1 Cl.-G. Dubois, Mythe et langages au XVIe siècle, Paris, 1952, p. 46.

* 2 Vulgate, Gn II, 18 : Il n'est pas bon que l'homme soit seul, faisons lui une aide semblable à lui

* 3 Dans la Bible du XIIIe siècle ce passage est la première mention du nom Adam, La Bible française du XIIIe siècle. Édition critique de la Genèse, présenté par M. Quereuil, Genève, 1988, p.107.

* 4 Les enluminures sont réprtoriées en fin de volume dans l'ordre chronologique.

* 5 X. Muratova, «Adam donne leurs noms aux animaux. L'iconographie de la scène dans l'art du Moyen Âge et ses traits particuliers dans les manuscrits des bestiaires enluminés du XIIe et du XIIIe siècles», Studi Medievali, 3ème série, XVIII, t. 2, 1977, p. 373.

* 6 D'après Philon d'Alexandrie dans M. Alexandre, Le Commencement du Livre de la Genèse. La version grecque de la Septante et sa réception, Paris, 1988, p. 278.

* 7 «Le Moyen Âge chrétien face à l'animal» dans M. Pastoureau, Une histoire symbolique du Moyen Âge occidental, Paris, 2004.

* 8 X. Muratova, «Adam donne leurs noms aux animaux...», art. cit., p. 368.

* 9 Dépouillement des sites d'enluminures de bibliothèques anglaises, américaines, allemandes, francophones, espagnoles et italiennes. www.enluminures.culture.fr, pour les bibliothèques municipales de France ; mandragore.bnf.fr, pour la BNF ; liberfloridus.cines.fr, pour la BSG, se référer à la bibliographie pour les autres bibliothèques.

* 10 La Bible française du XIIIe siècle est composée de la Vulgate rectifiée par les corrections de l'université de Paris en 1226, et entièrement glosée par la glossa ordinaria, La Bible française du XIIIe siècle. Édition critique de la Genèse, prés. par M. Quereuil, op. cit.

* 11 J. Le Goff, Les Intellectuels au Moyen Âge, Paris, 1957, réed. 1985, p. 4.

* 12 H. Massoudy, L'Histoire de Gilgamesh, Paris, Alternatives, 2004

* 13 Il s'agit de la tapisserie de la Création conservée à Gérone en Catalogne et composée vers 1100

* 14 Fr. Garnier, Le Langage de l'image au Moyen Âge, t. 1: Signification et symbolique, Paris, 1989, p.135.

* 15 Grégoire de Nysse, La Création de l'homme, J.-Y. Guillaumin (trad.), Paris, 1982, p. 82.

* 16 Mosaïque de la Création, dans le narthex de Saint-Marc de Venise, vers 1230.

* 17 Guillaume le Clerc, Bestiaire divin, Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. fr. 1444, fol. 244v, (v. 1250-1300).

* 18 Bestiaire, Oxford, St John's College, Ms. 178, fol. 172 v, (XIIIe, XIVe s.).

* 19 Saint-Pétersbourg, Rossiiskaia Natsionalkaia Biblioteka, Saltykov-Shchedrin Q.v.V1, fol. 5, (fin XIIe s.).

* 20 Fr. Garnier, Le langage de l'image au Moyen Âge, t.2, op. cit., p. 172.

* 21 Bestiaire, Oxford, Boldeian Library, ms. Ashmole 1511, fol. 9, (v. 1311).

* 22 Voir C. Casagrande, S.Vecchio, Les Péchés de la langue. Discipline et éthique de la parole dans la culture médiévale, Paris, Le Cerf, 1991.

* 23 Ce geste est plus généralement défini par Fr. Garnier comme le geste de l'enseignement, dans Le Langage de l'image..., op. cit., p.170.

* 24 H. Cazelles, «Gestes et paroles de prières dans l'Ancien Testament» dans Gestes et paroles dans les diverses familles liturgiques, conférences Saint-Serge, 24e semaine d'études, (Paris 1977), Rome, 1978, pp. 87-94.

* 25 Voir entre autre : I. Rosier-Catach, La Parole efficace. Signe, rituel, sacré, Paris, 2004.

* 26 A. Su Min-Ri, Commentaire de la caverne des trésors. Étude sur l'histoire du texte et de ses sources, Louvain, 2000, p149.

* 27 Bestiaire du duc de Northumberland, Alnwick Castle, coll. du duc de Northumberland, Ms. 447, fol. 5v, (v. 1250-1260).

* 28 Bestiaire, Aberdeen, University Library, Ms. 24, fol. 5, (v. 1200).

* 29 Pour le bestiaire d'Aberdeen voir l'annexe p. 89, où l'on voit qu'Adam a le même vêtement et le même visage que Dieu et il accomplie le même geste de bénédiction. Mais son humanité se manifeste par ses pieds chaussés et son trône qui le confirment dans son pouvoir terrestre. Alors que Dieu voit sa divinité soulignée par une auréole

* 30 Bible historiale, Flandre, v. 1440, London, British Library, Add. Ms. 38122, fol. 12.

* 31 Saint Augustin, Contre les Manichéens (De Genesi contra Manichaeos), livre II, XI, 16, trad. P. Monnat, Turnhout, Brepols, 2004.

* 32 Pour plus de précisions pour cette question voir : G. Dahan, «Nommer les êtres : exégèse et théories du langage dans les commentaires médiévaux de Genèse II, 19-20» dans S. Ebbesen, Sprachtheorien in spätantike und Mittelalter, Tübingen, 1995.

* 33 Isidorus Hispalensis. Etymologiae, Livre I, chap. 29. Paris, Belles Lettres, 1986.

* 34 «Et imposuit eis nomina Adam lingua Hebraea, quae sola fuit ab initio», dans Petris Comestoris, scholastica historia. Liber Genesis, Turnhout, Brepols 2005, col. 1070, voir annexe 2.

* 35 D'après les Commentaires de la Genèse de Dominique Grima, exégète thomiste à Toulouse au début du XIIIe siècle, cité dans G. Dahan, «Nommer les êtres..., art. cit., p. 132.

* 36 Henri de Gand, Lectura ordinaria super Genesim, cité dans G. Dahan, «Nommer les êtres..., art. cit., p. 136.

* 37 É. Brassey, Le Bestiaire fabuleux. Contes et légendes de France, Paris, Pygmalion, 2001.

* 38 Platon, Cratyle ou la propriété des noms, cité dans : Br. Huisman, Fr. Ribes, Les philosophes et le langage, Paris, Sedes, 1986. pp. 21-60.

* 39 Ibid., pp. 23-24

* 40 voir annexe 7.

* 41 G. Anderson, The Genesis of Perfection. Adam and Eve in Jewish and Christian Imagination, Louisville/London, Westminster John Knox Press/Leiden, 2001, p. 22. Voir annexe 6.

* 42 Nicolas de Lyre, Postilla in Genesis, Cité dans : G. Dahan, «Nommer les êtres..., art. cit., p. 150.

* 43 Bestiaire, France du nord, XIIIe s., Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. lat. 6838 B, fol. 14.

* 44 Fr. Garnier, Le Langage de l'image au Moyen Âge, t.1, op. cit., p. 167.

* 45 Physiologus de Cambrai, v. 1270-1275, Douai, bibliothèque municipale, ms. 711, fol. 17.

* 46 Barthélemy l'Anglais, Le livre des propriétés des choses, manuscrit de Gaston Phébus comte de Toulouse, v. 1350, Paris, bibliothèque Sainte-Geneviève, ms. 1029, fol. 229.

* 47 Cité dans : G. Dahan, «Nommer les êtres..., art. cit., p. 144.

* 48 Ibid.,

* 49 Maître Eckhart, Commentaire de la Genèse, F. Brunner, A. de Libera, E. Wéber, E. Zum Brunn (trad. et com.), Paris, Cerf, 1984, p. 395.

* 50 Cité dans : G. Dahan, loc. cit.

* 51 M. Alexandre, Le Commencement du Livre de la Genèse, op. cit., p. 281.

* 52 D. Louys, Le Jardin d'Éden. Mythe fondateur de l'Occident, Paris, Le Cerf, 1992, p. 64.

* 53 Maître Eckhart, Commentaire de la Genèse, op. cit., p. 395.

* 54 Saint Thomas d'Aquin, Somme Théologique, les origines de l'homme, Q96, trad. A. Patfoort, H. D. Gardeil, Paris, Le Cerf, 1963, réed. 1998, p. 193.

* 55 J.-L. Chrétien, L'Arche de la parole, Paris, PUF, 1998, réed. 1999, p. 4.

* 56 Bible, New York, Pierpont Morgan Library, Ms. M.638, fol. 1v, (v.1250).

* 57 Bestiaire d'Anne Walshe, Angleterre, 1400-1425, Copenhague, Kongelige Bibliotek, Gl. kgl. S. 1633 4°, fol. 21v.

* 58 Liber de bestiis et aliis rebus, Cambridge, University Library, ms. Gg. 6.5, fol. 2v, (v. 1425)

* 59 M. Scriabine, La Parole dans le récit de la Genèse, Paris, Institut d'Herméneutique, 1973.

* 60 Philon d'Alexandrie, Legum allegoriae, II, 18, cité dans, J.-L. Chrétien, L'Arche de la parole, op. cit., p. 4.

* 61 Compte-rendu d'un élève d'Anselme de Laon, cité dans A. Lebebvre-Teillard, Le Nom, droit et histoire, Paris, PUF, 1990, p. 21.

* 62 Dans Y. T'Ulkuranc'i, «Selections from On the creation of the world» dans Litterature on Adam and Eve, G. Anderson, M. Stone, J. Tromp, (s. d. ), Boston/Köln, Brill/Leiden, 2000, p. 188.

* 63 «La royauté, le sacerdoce et la prophétie, s'appellent le don ou les trois dons donnés par Dieu à notre père Adam», A. Su Min-Ri, Commentaire de la caverne des trésors, op. cit., p. 150.

* 64 La Bible française du XIIIe siècle. op. cit, p.107.

* 65 La Légende de Compostelle. Livre de saint Jacques, I, B. Gicquel (trad.), Paris, 2003, p. 236.

* 66 Bestiaire français, (fin XIIIe s.), London, British Library, ms. Sloane 3544, fol. 15v.

* 67 Ch. Cervelon, L'Animal et l'homme, Paris, PUF, 2004, p. 57.

* 68 Y. Lefèvre, L'Elucidarium et les lucidaires. Contributions par l'histoire d'un texte à l'histoire des croyances religieuses en France au Moyen Âge, Paris, Bocard, 1954, §64, p. 116.

* 69 P. Howell Jolly, Made in God's Image. Adam and Eve in the Genesis Mosaics at San Marco, Venice, Los Ageles/London, University of California Press/Berkeley, 1997.

* 70 Jean Chrysostome, In Genesim Homelia, IX, 4-5, PG 53, c. 78-80.

* 71 Robert Grosseteste, On the Six Days of the Creation, trad. C.F.J. Martin, auctores britannici medii aevi, VI(2), Oxford, University Press, 1996, p. 243-244.

* 72 A. de Pury, Homme et animal, Dieu les créa. Les animaux et l'Ancien Testament, Genève, Labor et Fides, 1993, p. 49.

* 73 Maître Eckhart, Commentaire de la Genèse, op. cit., p. 399.

* 74 Guiart des Moulins, Bible historiale,Saint-Omer, XIVe s., Paris, Bibliothèque Nationale de France, ms. fr. 152, fol. 14.

* 75 Saint Thomas d'Aquin, Somme Théologique,op. cit., p. 190.

* 76 Guiart des Moulins, Bible historiale, Paris, v.1320-1337, Paris, bibliothèque Sainte-Geneviève, ms 0020, fol. 7v.

* 77 Bestiaire, Angleterre, v.1275-1300, Cambridge, Gonville & Caius College, Ms. 372/621, fol. 2.

* 78 le jeu d'Adam, ordo representaciones Ado, prés. W. Noomen, Paris, Champion, 1971, v. 167.

* 79 Bestiaire, Angleterre, v. 1275-1300, Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. lat. 3630, fol. 82v.

* 80 cité dans M. Bloch, Les Rois thaumaturges. Étude sur le caractère surnaturel attribué à la puissance royale et particulièrement en France et en Angleterre, Paris, Gallimard, 2000, p. 257.

* 81 M. Pastoureau, «Bestiaire du Christ, bestiaire du Diable. Attribut animal et mise en scène du divin dans l'image médiévale», dans Couleurs, images, symboles. Études d'histoire et d'anthropologie, Paris, Le Léopard d'or, 1998.

* 82 G. Minois, Les Origines du mal. Un histoire du péché originel, Paris, Fayard, 2002, p. 86.

* 83 Xénia Muratova décrit quelques fresques dans son étude «Adam donne leurs noms aux animaux», art. cit., p. 379.

* 84 Petris Comestoris, op. cit., annexe 2

* 85 Commentaires de la Genèse de Guillaume d'Alton, cité dans G. Dahan, nommer les êtres..., op. cit., p. 127.

* 86 G. Dahan, Nommer les êtres..., op. cit., p. 127.

* 87 voir annexe 7, le texte de Rachi (1040-1105).

* 88 R. Delort, Les Animaux ont une histoire, Paris, Le Seuil, 1984, pp. 299-320.

* 89 Saint Augustin, Contre les Manichéens, op. cit., livre II, XIII, 18.

* 90 Saint Augustin, Contre les Manichéens, op. cit., livre II, XI, 15.

* 91 J.-L. Chrétien, L'Arche de la parole, op. cit., p. 8.

* 92 Bible de Charles le Chauve dite de Vivien, faite à Saint-Martin de Tours, IXe s., Paris, BNF, ms. lat. 1, fol. 10v.

* 93 Ce thème semble avoir été plus exploité dans la tradition juive. Parmi les animaux qui défilaient devant Adam, certains avaient des rapports sexuels, et Adam a envié leur plaisir et a eu envie d'une partenaire. Dans G. A. Anderson, The Genesis of Perfection. Adam and Eve in Jewish and Christian Imagination, Louisville/London, Westminster John Knox Press/Leiden, 2001, p. 43.

* 94 Entretiens avec Héraclite d'Origène, cité dans J. Voisenet, Bêtes et hommes dans le monde médiéval. Le bestiaire des clercs du Ve au XIIe siècle, Turnhout, Brepols, 2000, p. 283.

* 95 Saint Augustin, Contre les Manichéens, op. cit., livre II, XI,16.

* 96 J. Voisenet, Bêtes et hommes dans le monde médiéval, op. cit., p. 195.

* 97 G. Duchet-Suchaux, M. Pastoureau, Le Bestiaire médiéval. Dictionnaire historique et bibliographique, Paris, Le Léopard d'Or, 2002, p. 101.

* 98 R. Delort, Les Animaux ont une histoire,op. cit, pp. 245-272.

* 99 P. Miquel, Dictionnaire symbolique des animaux, zoologie mystique, Paris, Le Léopard d'or, 1992, p. 190, et G. Duchet-Suchaux, M.Pastoureau, Le Bestiaire médiéval., op. cit., p. 96, R. Delort, Les Animaux ont une histoire,op. cit, pp. 245-272.

* 100 É. Baratay, Et l'homme créa l'animal, op. cit., p. 155.

* 101 É. Baratay, Et l'homme créa l'animal. Histoire d'une condition, Paris, O. Jacob, 2003, p. 157.

* 102 Robert Grosseteste, On the Six Days of the Creation, op. cit., p. 241.

* 103 Saint Augustin, Contre les Manichéens, livre IX, XII, 20, op. cit.

* 104 voir G. Duchet-Suchaux, M. Pastoureau, Le Bestiaire médiéval., op. cit., p. 88-89

* 105 Exemple cité par G. Loisel dans Histoire des ménageries de l'Antquité à nos jours. t.1 : Antiquité, Moyen Âge, Renaissance, Paris, Doin, Laurens, 1912, p. 160.

* 106 É. Antoine, «Jardins et ménageries de la fin du Moyen Âge. Le prince au jardin d'Éden» dans A.-M. Brenot, B. Cottret, Le Jardin : figures et métamorphoses, Dijon, Éditions universitaires, 2005, p. 52.

* 107 Y. Lefebvre, L'Elucidarium et les lucidaires, op. cit., §65, 67, p. 116.

* 108 La Condamnation parisienne de 1277, art. 20, trad. D. Piché, cité dans Ch. Cervelon, L'Animal et l'homme, op. cit., p. 58.

* 109 M. Pastoureau, Une histoire symbolique du Moyen Âge occidental,op. cit.

* 110 D. Maclagan, La Création et ses mythes, Paris, Le Seuil, 1977.

* 111 M. Durliat, «le monde animal et ses représentations iconographiques du XIe au XVe siècle» dans Le monde animal et ses représentations au Moyen Âge (XIe-XVe siècles), Actes du XVe congrès de la SHMESP, Toulouse les 25 et 26 mai 1984, Toulouse, Le Mirail, 1985, p. 72.

* 112 É. Antoine, «Jardins et ménageries de la fin du Moyen Âge. Le prince au jardin d'Éden» , art. cit., p. 51.

* 113 R. King, Les Paradis terrestres. Une histoire mondiale des jardins, Paris, Albin Michel, 1980, pp. 74-85.

* 114 Bestiaire de Anne Walshe, Copenhague, Kongelige Bibliotek, v. 1400-1425, Gl. kgl. S. 1633 4°, fol. 21v.

* 115 cité dans R. King, Les Paradis terrestres. op. cit., p. 83.

* 116 voir l'annexe 6

* 117 cité dans R. King, Les Paradis terrestres. op. cit., p. 83.

* 118 «Tu es un jardin clos, ma soeur, ô fiancée ; un jardin clos, une source verrouillée !» (Ct. IV, 12). Voir annexe 8.

* 119 «L'hortus conclusus» dans L. Impelloso, La Nature et ses symboles, Paris, Hazan, 2004, p. 12.

* 120 Heures du duc et de la duchesse de Bedfort, commandés par Philippe le Bon, v.1429, London, British Library, Add. Ms.18850, fol. 14.

* 121 A. Zucker, Physiologos. Le bestiaire des bestiaires, Grenoble, éd. Millon, 2004, p. 267.

* 122 G. Duchet-Suchaux, M. Pastoureau, Le bestiaire médiéval, op. cit., p. 105.

* 123 ibid, pp. 90-92, Michel Pastoureau hésite quant à déterminer l'exotisme du lion tant il fait parti intégrante de l'environnement visuel de l'homme au Moyen Âge, sur les chapiteaux, les blasons, les enluminures, les vêtements, etc.

* 124 Guillaume le Clerc, Bestiaire d'Amour, Paris, BNF, ms. fr. 14969, fol. 60.

* 125 Ch. Cervelon, L'Animal et l'homme, op. cit., p. 57.

* 126 Maître Eckhart, Commentaire de la Genèse, op. cit., p. 397.

* 127 Jacques de Voragine, La Légende dorée, Paris, Gallimard, la Pléïade, 2004, p. 202.

* 128 J. Voisenet, Bêtes et hommes dans le monde médiéval. op. cit., p. 208.

* 129 Moschus, Le pré spirituel, cité dans J. Voisenet, Bêtes et hommes... op. cit., p. 212.

* 130 La Légende dorée, op. cit., p. 203.

* 131 J. Voisenet, Bêtes et hommes... op. cit., p. 209.

* 132 d'après le texte de la vulgate : [6]habitabit lupus cum agno et pardus cum hedo accubabit vitulus et leo et ovis simul morabuntur et puer parvulus minabit eos [7]vitulus et ursus pascentur simul requiescent catuli eorum et leo quasi bos comedet paleas [8]et delectabitur infans ab ubere super foramine aspidis et in caverna reguli qui ablactatus fuerit manum suam mittet.

* 133 J. Voisenet, Bêtes et hommes ... op. cit., p. 279.

* 134 CH. Deluz « Le Paradis terrestre, image de l'Orient lointain, dans quelques documents géographiques médiévaux», Senefiance, n°11, 1981, pp. 145-161.

* 135 J.-P. Bayard, La Légende de saint Brendan. Découvreur de l'Amérique. Légende du XIe siècle d'après la traduction romane de A. Jubinal, Paris, éd. La Maisnie, 1988.

* 136 É. Antoine, «Jardins et ménageries de la fin du Moyen Âge. Le prince au jardin d'Éden» , art. cit., p. 56.

* 137 expression de P. Cox Miller dans «Origen on the Bestial Soul. A Poetics of Nature», Vigilae Christianae, 36, n°2, 1982, p. 132.

* 138 H. de Lubac, Exégèse médiévale, les quatre sens de l'Écriture, Paris, Le Cerf, 1964-1967, 4 vol.

* 139 Bestiaire en provenance de York (Angleterre), v. 1220, Oxford, St John's College, Ms. 61, fol. 2.

* 140 G. Duchet-Suchaux, M. Pastoureau, Le Bestiaire médiéval., op. cit., p. 128.

* 141 A. Zucker, Physiologos. Le bestiaire des bestiaires, op. cit., p. 302-303.

* 142 Saint François d'Assise, Écrits. Salutation des Vertus, Paris, Le Cerf, 1981, réed. 1997, p. 273.

* 143 Ch. Cervelon, L'Animal et l'homme, op. cit., p. 58.

* 144 J. Voisenet, Bêtes et hommes dans le monde médiéval. op. cit., p. 252.

* 145 Par exemple la très belle enluminure du Miroir historial de Vincent de Beauvais intitulée «La Chevauchée des péchés capitaux» où les animaux symbolisant un péché sont chevauchés par des hommes, l'ours renvoie à la gloutonnerie, le lion à l'orgueil, l'âne à la paresse, le singe à la luxure, un quadrupède à l'avarice, le sanglier à la colère et le chien à l'envie. (Paris, BNF, ms. fr. 50, fol. 25, 1463), voir annexe p. 88.

* 146 voir annexe p. 87.

* 147 La Légende dorée, op. cit., p. 922.

* 148 Th. Keith, Dans le jardin de la nature. La Mutation des sensibilités en Angleterre à l'époque moderne, 1500-1800, Paris, Gallimard, 1985, p. 44.

* 149 voir l'annexe p. 99.

* 150 Bestiaire de Rochester, v. 1230, London, British Library, ms. Royal 12 F XIII, fol. 34v.

* 151 voir annexe p. 98.

* 152 nutu : commandement, signe de tête, volonté.

* 153 praesse : être à la tête, commander, guider, diriger, protéger






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