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Une lecture de la coopération américano-camerounaise depuis 2001:contribution à l'étude des dimensions pétrolière et militaire

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par Alexis NZEUGANG
Université de Yaoundé II (Soa) - Master II 2005
  

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SECTION 2 : L'APPORT MULTIDIMENSIONNEL DU CAMEROUN A LA PETROSTRATEGIE19(*) AFRICAINE DES ETATS-UNIS

Les Etats-Unis n'ont pas une politique pétrolière visant uniquement le Cameroun. Ceci est d'autant plus vrai que le Cameroun est dit [producteur marginal] de pétrole. Sa production ayant parfois baissé20(*)ces dernières années. Ce qui n'en fait pas moins un producteur. Les perspectives sont encourageantes lorsqu'on sait que le Cameroun est situé dans le Golfe de Guinée ; zone où les découvertes des gisements de offshore ont été les plus prometteuses ces dernières années dans le monde (de Lestrange, Zélinko et Paillard, 2005 :153). Bien plus, comme d'autres pays de cette zone, le Cameroun a relancé depuis quelques années les recherches pétrolières sur son territoire. Le code des investissements a été revu afin d'encourager les investisseurs à s'engager davantage dans ce domaine (Ntuda, 2004). Ainsi compris, le Cameroun, comme d'autres producteurs des sous-régions Afrique centrale et Golfe de Guinée s'inscrit globalement dans les «défis de la sécurité énergétique» définis par les Etats-Unis en 2004 (REDEEU, Mai 2004). La valeur de ce producteur aux yeux des Etats-Unis n'est pas insignifiante. En fait, le rapprochement suscité par les intérêts pétroliers est bien de nature à accoucher d'autres bénéfices. Ainsi, en plus des échanges pétroliers qu'on observe entre les deux Etats, le Cameroun, de par sa position stratégique joue un rôle important dans les échanges sous-régionaux, autant qu'il coopère avec les Etats-Unis au niveau du concert des Nations.

A-L'IMPERATIF AMERICAIN DE DIVERSIFICATION DE SON APPROVISIONNEMENT EN ENERGIE

Les attentats du 11septembre 2001 et l'insécurité sans cesse grandissante du golfe persique ont révélé l'ampleur du risque que les Etats-Unis couraient à ne compter que sur quelques zones d'approvisionnement stratégiques. Aujourd'hui encore plus qu'hier, il devient urgent non seulement d'accroître l'approvisionnement en multipliant les marchés d'importation du pétrole, (REDEEU, Mai 2004) mais aussi de nouer des alliances avec des Etats amis capables de contribuer à la protection des dits marchés ainsi que des routes de transport du pétrole . C'est dans cette logique que s'inscrit le Cameroun dont l'importance tient, non seulement à ses échanges pétroliers avec les Etats-Unis, mais aussi à son rôle vis-à-vis des autres « pétro-Etats »21(*) de la sous-région.

1 - LES ECHANGES PETROLIERS AVEC LE CAMEROUN

Les statistiques concernant les transactions pétrolières sont assez rares. Nos recherches ne nous ont pas permis de savoir avec exactitude le volume d'exploitation journalière du pétrole camerounais, ni exactement quelle quantité est acheminée vers les marchés américains ces trois dernières années. Toutefois, on peut constater au vu des chiffres publiés par l' OCDE et l'INS que, Jusqu'en 2002, les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et le Cameroun vont croissants. Il en est ainsi des exportations du pétrole brut du Cameroun vers les Etats-Unis, ainsi qu'en témoigne le tableau ci-après.

Variable

Année

Quantité (en tonne)

Valeur (en F CFA)

2000

107 079

9 764 000 000

2001

122 542

10 950 000 000

2002

532 475

59 518 000 000

Source : Institut National de la Statistique, Annuaire statistique 2004.

La vente du pétrole camerounais à destination des Etats-Unis représente en 2002 les 70 % du total des exportations vers ce pays (Cf. annexe 5). Le marché pétrolier américain occupe le troisième rang derrière l'Espagne et l'Italie (Annuaire statistique du Cameroun, 2004 : 241-243).

Le Cameroun encourage et facilite de nouvelles recherches pétrolières. L'octroi des licences de recherches a permis en octobre 2004, la découverte d'un gisement à Bakingili. De même, la licence octroyée en 2005 par le gouvernement camerounais aux sociétés Total et Pecten Cameroon a permis à ces sociétés de découvrir en juin 2006, un nouveau puit de pétrole dans le gisement offshore de Dissoni, région du Rio Del Rey22(*).

L'exploitation du pétrole de la région de Bakassi sur laquelle le Cameroun a récemment rétabli sa souveraineté n'est pas en reste des projets américains. Lors de leur passage au Cameroun en Août 2004, le sénateur républicain Nebraska. C. Hagel et le général d'armée Charles Wald ont rencontré le Ministre délégué à la présidence de la République en charge de la défense et le ministre des mines, de l'eau et de l'énergie. Face à la presse, ces visiteurs de haut rang révèlent qu'ils visent les objectifs qui intéressent particulièrement leur pays. Ils poursuivent qu'il s'agit entre autres de la lutte contre le terrorisme, du Sida, des problèmes humanitaires, du pétrole et des opportunités d'affaires (Ngogang, 29 Août 2004).

Les Etats-Unis se sont donné pour objectif depuis le 11 septembre 2001, l' «acquisition de nouvelles réserves de pétrole destinées à répondre à la hausse de la demande intérieure pour les 25 ans à venir» (Harbulot, 2003:63). Ils s'intéressent aux resources naturelles de Bakassi ainsi qu'en témoigne cette citation de David Applefield: «American oil executives and diplomats are intensely interested in the 250 square-mile Bakassi peninsula and its offshore oil and gas deposits».23(*)

D'une superficie d'environ 1000 km2, Bakassi est dit potentiellement riche en pétrole et en ressources halieutiques. Les recherches actuelles font état d'une réserve estimée à environ 215 millions de barils de pétrole et 208 milliards de m3 de gaz naturel.24(*)

Le lundi 30 octobre 2006, l'Ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, Niels Marquardt est reçu en audience par le Ministre de l'énergie et de l'eau. Au menu de leur entretien, on pouvait retenir les nouveaux projets d'investissement de l'AES /SONEL et des échanges à propos de Bakassi.25(*)L'exploitation du gaz naturel est aussi envisagée par les américains.

2-LE CAMEROUN ET LES «PETRO-ETATS» D'AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Le terme « pétro-Etats » est utilisé pour désigner les pays d'Afrique subsaharienne dont le budget dépend en grande partie du pétrole. A l'exception du Cameroun dont les recettes pétrolières ne contribuent qu'à concurrence de 4,9 % au PIB26(*), tous les autres pays membres de la commission du Golfe de Guinée dépendent essentiellement du pétrole (Colomban, Lotte et Dorgeret, 2005), (Cf. annexe 4).

Les sociétés pétrolières américaines, à l'instar de Texaco, d'Exxon Mobil et de Chevron ont d'énormes intérêts dans ces pays. Aussi ont-elles besoin, par le biais de leur gouvernement, d'un leader qui puisse contribuer à la défense de leurs investissements dans la sous-région. Abuja a été au départ sollicité par Washington «pour faire office de gendarme dans la sous-région». De nombreux arguments pesaient en sa faveur en tant que leader naturel (puissance économique, démographique et politique sur le continent, grandeur territoriale et influence régionale). Mais ce géant est en perte de fiabilité à cause de la récurrence des problèmes tels que la montée du fondamentalisme religieux, la mafia, les blanchiments des capitaux, le trafic régulier des stupéfiants, prises d'otages et sabotages quotidiens des installations pétrolières dans le Delta du Niger. L'Angola qui aurait pu assurer le leadership de substitution est un pays en ruine et profondément miné, car traversé par 27 années de guerre civile (Awoumou, 2005: 15-20).

Les autres Etats ne semblent pas assez crédibles pour permettre aux Etats-Unis de défendre leurs intérêts dans la zone. Cette observation semble d'autant plus vraie que le Gabon abrite déjà une base militaire française, le Congo Brazzaville n'a pas achevé sa reconstruction après plusieurs années de guerre civile. La Guinée Equatoriale est menacée d'instabilité, en plus d'être trop proche des côtes de Sao Tomé (Chouala, 2005).Toute analyse faite, le Cameroun se retrouve en tête de liste, du moins parmi ceux qui présentent le moins de risques. Soit qu'il partage le leadership avec le Nigeria et l'Angola suivant le schéma qu'Awoumou (2005 :15-20) appelle «l'axe Abuja-Yaoundé-Louanda » ; ou avec le Tchad suivant l'analyse de Joseph Ntuda .E (2004a :38) ; soit qu'il le partage directement avec les Etats-Unis (Chouala, 2005). Le ballet diplomatique observé ces dernières années entre les deux pays semble conforter cette logique.27(*)A l'observation, on constate que le Cameroun figure sur tous les schémas. C'est donc dire que sa position fait l'unanimité.

Au demeurant, cette position sert actuellement à l'exploitation et l'acheminement du pétrole tchadien jusqu'au terminal de Kribi où il est embarqué en direction du marché mondial. Cette exploitation est assurée grâce à un pipeline de 1070 km de long. Il traverse le territoire camerounais sur une longueur de 890 km et assure l'acheminement de 225 000 barils de pétrole tchadien par jour (Tsafack, 2003 :17). Ce pipeline qui constitue l'un des deux plus grands axes de la pensée stratégique américaine en Afrique (Abramovici 2004 : 14-15), contribue par ailleurs au renforcement de la coopération tchado-camerounaise et à l'encouragement des investissements américains au Cameroun.

* 19 Nous empruntons ce néologisme au Dr W Mvomo Ela dans son article intitulé « Pétrostratégie et appel d'empire dans le golfe de guinée » Il renvoie à la stratégie pétrolière.

* 20 Selon la USEIA, le Cameroun qui exportait environ 107 000 barils/jour en 2001, n'exporte plus que 62 000 barils/jour en 2004.

* 21 Nous empruntons ce néologisme à Stefan Mair dans son article « terrorisme et Afrique, sur les dangers de nouveaux attentats en Afrique subsaharienne ». Par pétro-Etats, il fait allusion aux Etats dont l'économie repose essentiellement sur la commercialisation des produits pétroliers. (Cf. annexe 4).

* 22 Voir RFI service pro, 27 juin 2006 par joannidis.

* 23 Voir David Applefield sur le site http://insider.washingtontimes.com

* 24 Voir David Applefield, op. Cit.

* 25 Cf. Journal CRTV, télé, 30 octobre 2006, 20h30.

* 26 PIB signifie Produit Intérieur Brut. C'est le volume de richesse produit à l'intérieur d'un pays pendant une période donnée. Cette période est généralement d'un an.

* 27 Suite à un entretien que nous avons eu avec un officier de la marine camerounaise, nous avons appris que les Etats-Unis cheminent dans ce sens, même si des accords ne sont pas encore signés.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry