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L'impact de l'auto emploi sur le chômage et la pauvreté au Cameroun

( Télécharger le fichier original )
par Aloys Mahwa
Université Catholique d'Afrique Centrale - Maîtrise 2007
  

Disponible en mode multipage

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DEDICACE

A ma grande soeur Brigitte UZAMUKUNDA

que le Seigneur a appelé en même temps que nous entreprenions cette recherche.

REMERCIEMENTS

Ce travail ne pouvait se réaliser sans la contribution de certaines personnes. Son achèvement est notre manière de les remercier.

Il s'agit

- du Professeur Hubert NGNODJOM qui a accepté de diriger ce travail. Qu'à travers lui soient remerciés tous les enseignants de la faculté de Sciences Sociales et de Gestion de l'UCAC.

-du Père Martin Birba, Supérieur de la Communauté Jésuite d'Ekounou qui a offert les moyens et le cadre de recherche pour ce travail. Qu'à travers lui soient également remerciés tous mes compagnons jésuites de la communauté Hurtado et de la communauté Saint François Xavier qui grâce aux échanges fraternels ont donné une orientation à ce travail.

-de Monsieur Jacques Ledoux ETONDE, Directeur de l'Agence Centrale de Yaoundé(FNE) et de M. Dagobert OMBETE, Chef Service Emplois Indépendants (FNE) qui nous ont offert le cadre de stage pour l'expérimentation de ce travail. Qu'à travers eux soient remerciés tous les Conseillers Emploi du FNE avec qui nous avons eu de nombreux échanges d'amitié.

-de mes parents, de mes amis et de mes camarades de Maîtrise Economie de Gestion (MEG) qui m'ont encouragé et soutenu pour que ce travail voie le jour.

SIGLES ET ABREVIATIONS

BIT : Bureau International du Travail

BM : Banque Mondiale

CE : Conseiller Emploi

CEA : Commission Economique pour l'Afrique

CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

CERAC : Cercle des Amis du Cameroun

CISP : Classification Internationale d'après la Situation dans la Profession

CNPS : Caisse Nationale de Prévoyance Sociale

DIAL : Développement, Institutions et Analyse de Long terme

DSA : Dimension sociale d'ajustement

DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

FCFA : Franc de la Communauté Financière Africaine

FMI : Fonds Monétaire International

FNE : Fonds National de l'Emploi

GICAM : Groupement Inter- patronal du Cameroun

INS : Institut National de la Statistique

MINESUP : Ministère de l'Enseignement Supérieur

MINPMEESA : Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, de l'Economie Sociale et de l'Artisanat.

OCDE : Organisation de coopération et de développement économique

ODM : Objectifs du millénaire

OIT : Organisation Internationale du Travail

PADER : Programme d'Appui au Développement des Emplois Ruraux

PARIC : Programme d'Appui au Retour des Immigrés Camerounais

PED : Programme Emploi Diplômé

RCA : République Centre Africaine

SEI : Service Emplois Indépendants

SF : Service Formation

SIM : Service d'Intermédiation

SMIG : Salaire Minimum Garanti

UCAC : Université Catholique d'Afrique Centrale

WUS : World University Services

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE 2

I. CONTEXTE 2

II. OBJECTIFS 4

III. INTERETS 4

IV. QUESTIONS DE RECHERCHE 5

V. APPROCHES METHODOLOGIQUES 6

VI. DIFFICULTES RENCONTREES 8

VII. ORIENTATIONS POUR LA LECTURE DU TRAVAIL 9

PREMIERE PARTIE : APPROCHES CONCEPTUELLES ET THEORIQUES 10

CHAPITRE I. : AUTO EMPLOI : FONDEMENTS CONCEPTUELS ET THEMATIQUES CONNEXES 11

Section 1 : Définition du concept de l'auto emploi 11

Section 2 : Thématiques autour de l'auto emploi 13

Section 3 : Processus de modélisation et de rationalisation du choix de l'auto emploi. 25

CHAPITRE II. : L'AUTO EMPLOI, LE CHOMAGE ET LA PAUVRETE 35

Section 1 : L'employabilité et ses difficultés 37

Section 2 : L'entrepreneurabilité et ses contraintes 45

Section 3 : L'impact d'auto emploi sur l'autonomie financière des promoteurs 54

DEUXIEME PARTIE : ETUDE DE CAS 60

CHAPITRE III : LA DYNAMIQUE D'AUTO EMPLOI DANS LA PROVINCE DU CENTRE AU CAMEROUN 61

Section 1 : Présentation du Fonds National de l'Emploi 61

Section 2 : Stratégies de développement de l'emploi par le FNE 64

CHAPITRE VI : EVALUATION DE L'IMPACT DE L'AUTO EMPLOI 74

Section 1: Les données sur les promoteurs et leur analyse 74

Section 2 : La création d'activités d'auto emploi 82

Section 3 : Résultats et évaluations 87

Section 4 : Recommandations en vue de la promotion de l'auto emploi 94

CONCLUSION 98

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 100

ANNEXES 108

TABLE DES FIGURES 121

TABLE DES TABLEAUX 121

TABLE DES MATIERES 122

INTRODUCTION GENERALE

En introduisant ce travail, notre intention est de faciliter la lecture et situer le lecteur. Nous allons respectivement présenter le contexte (A) qui a inspiré notre recherche, les objectifs poursuivis par ce travail (B), les intérêts à la fois social, stratégique et scientifique que l'on peut en dégager (C), la question qui a orienté notre réflexion (D) et le cadre méthodologique qui a permis d'y arriver (E). Nous allons en outre préciser les difficultés rencontrées (F) et les orientations afin de la lecture des parties et des chapitres de ce document (G).

I. CONTEXTE

Parler de l'auto emploi dans le contexte du Cameroun, c'est évoquer la dynamique de la création d'activité.1(*) L'activité confère à son promoteur le statut d'employé. L'activité c'est d'abord une idée qui au fil du temps se traduit en véritable objectif poursuivi par son promoteur. Des chercheurs en entrepreunariat, à l'instar de Verstraete Thierry et Saporta Bernard, pensent qu' « il n'est pas déraisonnable de concevoir le projet ou l'activité comme n'existant, à l'origine, que dans l'immatérialité de la pensée du créateur désirant le concrétiser2(*). » Cependant, des controverses existent sur l'âge exact de l'activité. Son existence commence-t-elle avec la vision ou simplement au moment où la vision s'est matérialisée ?

L'auto emploi dans sa dénomination de « travail autonome » ou « travail indépendant », selon des études récentes, se conçoit aujourd'hui comme alternative au travail civil et partant permet de résoudre à la fois la question de l'autonomie financière et celle du chômage. Le travail indépendant demande de redéfinir la notion de chômage et de l'insécurité. Selon Diane- Gabrielle Tremblay, « le taux de chômage ne mesure pas correctement l'offre de travail réelle, ni l'insécurité ; ceci est notamment visible lorsqu'on analyse le cas du travail autonome...Les catégories d'employés, de chômeurs et d'inactifs sont trop simplistes pour analyser les réalités du travail autonome, comme la diversité des statuts d'emploi (occasionnel, temporaire, temps réduit, temps partiel, etc.). Ainsi, le concept même de la population active se trouve remis en question face à la diversité des formes de travail mises en évidence par ailleurs3(*). »

L'ampleur et la forme que prend le travail indépendant ainsi que les secteurs d'activité susceptibles d'intéresser le travailleur indépendant diffère d'un pays à l'autre. Le contexte est un facteur très significatif pour l'incitation ou le découragement au travail autonome. Dans certains pays, c'est l'Etat qui est à l'origine de cette forme d'activité par des mesures incitatives. C'est le cas des pays de l'Organisation de Coopération et de développement économiques (OCDE)4(*). Dans d'autres pays, c'est un fruit de l'initiative individuelle (personnelle) ; parfois une contrainte relative à la rigidité du marché de travail ou à des stratégies de survie face à l'exclusion et à la marginalisation. C'est le cas de la plupart des pays de l'Afrique au Sud du Sahara où, pour les uns, l'emploi informel constitue la seule alternative au chômage, ce qui se traduit par la massification des effectifs du secteur informel, qui représente environ 60% de la population active5(*). Selon la dernière enquête sur l'emploi et le secteur informel au Cameroun6(*), le secteur informel prend pour lui seul 90,4% de main d'oeuvre active dont 35,2% dans le secteur informel non -agricole et 55,2 % dans l'informel agricole. Seul moins de 10% revient au secteur formel.

De manière générale, l'auto emploi est tributaire de trois éléments fondamentaux. Il s'agit du « contexte » à savoir, par exemple, l'accès aux capitaux, les procédures administratives, la fiscalité, les politiques en matières de santé, d'assurance sociale et de pensions. Il est aussi tributaire des « compétences » représentées par le capital humain et les compétences managériales de l'entrepreneur. Il est finalement tributaire de l'« état  d'esprit » ou du choix personnel de l'individu. Selon l'OCDE 2000, les pouvoirs publics, dans leurs interventions, doivent tenir compte de toutes ces dimensions.

Cependant, si les pouvoirs publics peuvent contribuer à façonner le cadre général, défini par le `contexte' et les `compétences' (pour élargir les opportunités), l'état d'esprit, en revanche, relève de choix personnels, d'une vision, d'une détermination et de la volonté de prendre des risques. L'état d'esprit est lié à la culture, à la famille et aux traditions locales, et il n'est pas facile de le modifier. De fait, l'emploi indépendant procède, en partie, d'un phénomène d'imitation. Puisqu'une culture qui favorise la prise de risques et la récompense de l'effort individuel contribue grandement à encourager l'activité entrepreneuriale, plusieurs pays se sont efforcés, récemment, de promouvoir une culture de l'entreprenariat.

Depuis dix sept ans, le Fonds National de l'Emploi (FNE) oeuvre dans la promotion de l'emploi au Cameroun et apporte un appui à la création de micro entreprises à travers la conception, le financement et le suivi des promoteurs des projets générateurs de revenus. Le contexte de la création du FNE s'inscrit à la suite d'une crise économique, à l'entrée du Cameroun dans le Programme d'Ajustement Structurel (PAS) et à une forte diminution du niveau d'emploi dans le secteur public. L'objectif de promouvoir l'emploi vise l'emploi dans toutes ses formes : emploi rémunéré, en insérant les chercheurs d'emploi dans les entreprises existantes, et emploi indépendant consistant à l'accompagnement des promoteurs des projets.

II. OBJECTIFS

Ce travail poursuit trois objectifs.

En premier lieu, il permet de rendre compte de la dynamique de l'auto emploi et de l'accompagnement des promoteurs des projets au Fonds National de l'Emploi. Cet accompagnement a pour objectif d'inculquer la culture d'entreprise aux promoteurs des projets, mais aussi à élaborer des stratégies de recherche d'emplois indépendants.

En deuxième lieu, il permet de déceler des facteurs qui influencent la survie des activités créées. Etant entendu que la survie permet de situer la durée pendant laquelle un travailleur indépendant (auto employé) conserve son statut d'employé et son autonomie financière, certains facteurs demandent une amélioration (puisqu'ils influencent négativement la survie des activités) et d'autres un renforcement (puisqu'ils influencent positivement cette survie).

En dernier lieu, il permet de proposer au FNE et aux organes similaires des recommandations pouvant promouvoir l'auto emploi, tant en milieu rural qu'en milieu urbain.

III. INTERETS

La littérature sur l'auto emploi et celle sur la création d'entreprise rendent compte d'une réalité. Tout en étant tributaire du contexte, l'auto emploi dépend fondamentalement de l'état d'esprit du promoteur. Cet état d'esprit possède des caractéristiques immuables que l'environnement, le milieu social, éducatif et la famille ont conférées à l'individu. Des chercheurs dans le domaine pensent que l'auto emploi procède d'un phénomène d'imitation : « le simple fait d'observer autour de soi un comportement semblable à celui que l'on se propose, exerce une influence positive en faveur de ce comportement, et peut entraîner l'adhésion » (Miniti et Bygrave, 1999). Une culture qui favorise la prise de risques et la récompense de l'effort individuel contribue grandement à encourager l'activité entrepreneuriale.

Par ailleurs, la documentation sur le marché du travail traite souvent de l'effet de « cicatrisation » ou du capital humain négatif. Lorsqu'un travailleur demeure sans emploi pendant de longues périodes, il arrive qu'il acquière un capital humain négatif qui se traduit par une mauvaise attitude et de piètres habitudes de travail ainsi que par l'érosion de ses compétences. (Oser, 1994).

Partant de ce double constat, d'un esprit d'initiative nécessaire et d'un effet de « cicatrisation » du capital humain, l'intérêt de ce travail est d'abord social (la promotion d'auto emploi permet l'insertion professionnelle des chercheurs d'emploi), ensuite stratégique (la promotion d'auto emploi permet de conserver et de faire valoir ses compétences) et scientifique (la réflexion sur l'auto emploi est une contribution à la littérature sur le sujet et une contribution à la formation de l'esprit d'entreprise).

Promouvoir l'auto emploi a pour intérêt social de faciliter l'insertion professionnelle et d'écourter le temps de recherche d'emploi par la mise en valeur des compétences du promoteur. Cette façon de faire permet de réduire le taux de chômage, de stimuler l'esprit d'initiative et d'autonomie. Si l'auto emploi naît d'imitation, les pouvoirs publics doivent améliorer les cadres afin d'inciter un grand nombre à se lancer à leur propre compte. Inciter un grand nombre améliore le taux d'entrepreneurs dans une région ou dans un pays. Ceci se traduit par une conversion en matière de recherche d'emploi : d'une vision où l'individu est sans cesse à la recherche de l'emploi à une vision où l'individu est lui-même promoteur de son emploi (changement de perspective).

L'intérêt est aussi stratégique. La prise de conscience de l'auto emploi comme moyen d'insertion professionnelle, est une occasion de conserver pendant, une durée assez longue ses compétences, puisque le chômage a un effet de « cicatrisation » sur le capital humain. Sans emploi, les compétences acquises diminuent pour finalement disparaître. Tout en permettant la conservation des compétences, l'auto emploi permet également de faire valoir celles-ci. En effet, l'expérience acquise pendant la période de l'auto emploi rehaussera les compétences globales du promoteur et lui procurer une certaine faculté d'adaptation qui lui sera bénéfique lorsqu'il s'engagera dans d'autres avenues sur le marché du travail.

Finalement, l'intérêt de ce travail est scientifique. L'insuffisance de la littérature sur l'auto emploi en Afrique traduit également l'indifférence de l'opinion estudiantine à cette forme de travail et son absence dans la formation universitaire. L'esprit d'entreprise s'acquière. L'école se révèle, de plus en plus, comme un lieu, par excellence, de transmission du savoir. La promotion de l'esprit d'entreprise n'est pas un jeu de hasard, il prend sa source dans l'éducation. Tout en contribuant à la littérature sur l'auto emploi, ce travail permettra d'encourager à travers des systèmes éducatifs l'esprit d'initiative de laquelle naît souvent l'esprit d'entreprise.

IV. QUESTIONS DE RECHERCHE

Notre recherche part d'un constat. Il existe au Cameroun un dynamisme entrepreneurial. Ce dynamisme s'exprime davantage dans le secteur informel (soit 53% du secteur selon l'INS). Il y a lieu de se demander si cette manifestation de l'entrepreneuriat dans l'informel est une expression de l'hostilité de l'environnement des affaires au Cameroun. Selon la Banque Mondiale (Doing business in 2006), il faut avoir rempli en moyenne 12 procédures et au coût équivalent à 152% du revenu par habitant pour créer une activité au Cameroun. Cette hostilité est renforcée par la difficulté d'accès au crédit bancaire.

Partant de ce constat comment permettre au travailleur indépendant (auto employé) de conserver son statut d'emploi ? Etant entendu que l'emploi est l'outil principal de lutte contre la pauvreté et permet de disposer d'un revenu comme contrepartie de la participation à la création de richesse (Babisakana), comment permettre au promoteur de conserver son statut d'employé pendant une longue durée ?

Une relation intrinsèque lie le promoteur à son activité. Cette activité lui confère un statut d'employé. La conservation de ce statut passe par la survie de l'activité ou la durée de vie de cette activité. Autrement dit, comment assurer la pérennité des activités créées par les travailleurs indépendants ?

Puisque notre recherche est une étude de cas appliqué au FNE, comment le FNE peut améliorer les facteurs qui influencent la pérennité des activités de ses promoteurs ?

Si la législation fait des efforts afin de décourager des licenciements abusifs et permettre ainsi aux employés de conserver, pendant une longue durée, leur statut, comment parallèlement favoriser la pérennité des activités créées par les promoteurs du FNE ?

V. APPROCHES METHODOLOGIQUES

*Recherche documentaire et approches théoriques

Pour atteindre notre objectif, nous avons procédé à une recherche documentaire sur le fonctionnement du marché de travail et la dynamique du travail indépendant (auto emploi). Cette recherche nous a permis d'élaborer un rapprochement avec les notions de théorie des jeux. Elaboré par J. Von Neumann et O. Morgenstern en 1944, la théorie des jeux met un accent sur les stratégies (alternatives) dont disposent des acteurs en vue d'un compromis de coopération ou pas. La recherche d'emploi est un jeu où interviennent à la fois le chercheur d'emploi et les entreprises qui offrent les emplois.

La stratégie de se lancer en son propre compte est définie lorsque les deux parties refusent de coopérer. D'une part, l'entreprise prend l'option de n'est pas embaucher, malgré la demande d'emploi qui lui est adressée, et d'autre part, le chercheur d'emploi refuse l'emploi offert, puisque les avantages offerts sont insignifiants par rapport à ce qu'il retirait de son activité d'auto emploi.

Afin de traiter les données de notre échantillon, cette étude nous a suggéré deux approches complémentaires : le déterminisme afin d'expliquer les facteurs clés de succès des activités d'auto emploi et l'approche française de la détermination des taux de survie des activités.

Le déterminisme soutient que l'avenir de l'activité (entreprise) est en grande partie tracé dès le départ de l'initiative. Pour expliquer l'issu heureux ou malheureux de l'activité, nous avons émis des pistes tenant compte des caractéristiques du promoteur, des moyens engagés pour son investissement, des stratégies mises en place pour se positionner sur le marché. Contrairement à l'approche américaine qui considère qu'une entreprise vendue est toujours en vie, l'approche française, par contre apporte une particularité dans la détermination des taux de pérennité des activités. Le système statistique français opère une distinction entre les taux de pérennité relatifs à l'individu qui a créé l'activité et les taux de continuité, relatifs à l'activité qu'il dirige. Si l'activité est revendue ou cédée au cours de la période d'étude, cela sera considéré comme une cessation d'activité au niveau de calcul des taux de pérennité.

*Echantillonnage de l'étude et méthode de collecte d'informations

Le travail que nous avons entrepris est une étude de cas sur un échantillon portant sur 108 promoteurs du Fonds National de l'Emploi (Agence centrale) et cela sur dix ans (1996 -2005). Ce prélèvement aléatoire représente 25% des activités créées pendant la période d'étude. Le choix de prélèvement de notre échantillon est effectué en vue d'une large vision (10 ans) sur la dynamique d'auto -emploi et son financement par le Fonds National de l'Emploi. Le chômage comme d'ailleurs la pauvreté sont des réalités qui s'apprécient dans la durée. Le choix de la période 1996-2005 est motivé par la maîtrise du processus d'accompagnement des promoteurs par le personnel du FNE impliqué dans la création d'activités.

Les données ont deux sources complémentaires : le tableau d'amortissement de l'emprunt et le plan d'affaires. Les indicateurs de financement sont issus du bureau de l'Agent Administratif des Projets (ADP) du service emplois indépendants (SEI). L'ADP suit les indicateurs de solvabilité des promoteurs à travers le tableau d'amortissement. A partir de ce tableau d'amortissement de l'emprunt contracté au FNE, nous pouvions dégager des informations à caractères financiers de l'activité et du promoteur. Les données relatives à la stratégie de départ élaboré de commun accord entre le promoteur et son conseiller -emploi (CE) sont issues des plans d'affaires. Le plan d'affaires est un outil permettant d'affiner un projet tout en tenant compte de la réalité du marché. Les fiches des plans d'affaires sont conservées chez l'Agent administratif des projets. Les deux types de données (financières et stratégiques) ont été prélevés afin de tenir compte des déterminants de la pérennité de l'activité telle que nous renseigne la littérature (Vestraete et Saporta, 2006). Les caractéristiques de l'échantillon prélevé sont reprises dans la partie pratique et dans l'annexe. Afin de traiter les données de l'échantillon, nous avons utilisé le logiciel SPADN version 4.0, qui permet de faire des analyses en composante principale (ACP).

*Guide d'entretien

Un guide d'entretien était soumis aux conseillers et chefs de service impliqués directement dans l'accompagnement des promoteurs. Les conseillers emplois sont impliqués à la fois dans l'accueil, l'accompagnement, l'installation et le suivi des promoteurs. Nos entretiens avec eux nous ont permis de cerner des difficultés auxquels sont confrontés les promoteurs une fois installés. Le chef service emploi indépendant (SEI) a la mission d'affecter le promoteur à un conseiller et ceci selon le domaine de compétence du Conseiller. L'entretien avec lui nous a permis d'estimer la marge de manoeuvre dont dispose le FNE pour faire face à sa mission de promouvoir de l'emploi au Cameroun. Cette méthode par guide d'entretien est un complément à l'explication de la pérennité des activités.

VI. DIFFICULTES RENCONTREES

Les difficultés rencontrées sont de quatre ordres. Il s'agit de l'insuffisance de littérature qui rend compte de la réalité de l'auto emploi au Cameroun, de l'impossibilité de rencontrer les promoteurs dont les activités n'ont pas prospéré, de l'impossibilité de rencontrer certains conseillers qui ne sont plus au FNE afin de faire un rapprochement entre qualité de conception des plans d'affaires et leur méthode de travail du Conseiller et l'insuffisance de l'échantillon du FNE pour rendre compte de la réalité de l'auto emploi au Cameroun.

Insuffisance de littératures contextuelles

Nous avons été confrontés à l'insuffisance de littératures qui rendent compte de la dynamique de l'auto emploi dans le contexte camerounais. L'expression du travail indépendant dans le secteur informel au Cameroun ne permet pas d'avoir accès aux informations fiables sur les pratiques managériales, sur le revenu des indépendants et sur les motivations d'entreprendre. Cette tendance à cacher l'information est consubstantielle à la pratique informelle.

Impossibilité de retrouver les promoteurs en cessation d'activité

L'autre insuffisance concerne la difficulté de rencontrer des promoteurs qui ne sont plus sur le marché afin de rendre compte de la raison de la fermeture de leurs activités. Etant entendu qu'un promoteur se maintient en auto emploi uniquement lorsque les avantages qu'il dégage de son activité sont supérieurs aux avantages qu'il aurait en prenant une autre option, l'issu des promoteurs permettrait d'interpréter leur expérience d'auto employé non comme un échec, mais comme moyen de conserver leurs compétences.

Impossibilité de rencontrer les conseillers qui ont monté les projets

Notre étude a couvert une période de dix ans (1996 -2005). La majorité des conseillers- emplois (CE) impliqués dans l'accompagnement des promoteurs de cette période ne sont plus au FNE ou ne sont plus directement impliqués dans le conseil. Cela pose la difficulté de recueillir l'information sur la qualité de montage de certains projets et aussi des difficultés de leurs promoteurs. Cette limite n'a pas permis un rapprochement entre la qualité du montage de projet et la survie de certaines activités.

L'expression de l'auto emploi au Cameroun

Selon le dernier rapport de l'Institut National de la Statistique (2005), le travail indépendant s'exprime davantage dans le secteur informel (53% du secteur informel). La complexité de ce secteur et l'indisponibilité d'informations pertinentes ne permettent pas de rendre suffisamment compte de la réalité de l'auto emploi au Cameroun. La seule population des promoteurs du FNE n'est qu'une goûte dans l'océan.

VII. ORIENTATIONS POUR LA LECTURE DU TRAVAIL

Le travail est subdivisé en deux parties : une partie théorique et une partie pratique. La partie théorique renferme le cadre définitionnel et la thématique autour de la notion de l'emploi indépendant (Chapitre premier). Elle propose également une revue de littérature sur l'auto emploi et les termes connexes comme le chômage, la pauvreté et la création d'activité (chapitre deuxième). La partie pratique traite d'une étude de cas : celui des promoteurs du Fonds National de l'Emploi de l'Agence Centrale. Le chapitre troisième concerne la dynamique d'auto emploi et l'expérience d'accompagnement des promoteurs par le FNE-de Agence Centrale. Le quatrième chapitre est une évaluation de l'impact de l'auto emploi sur le chômage et la pauvreté à travers le paramètre de survie.

PREMIERE PARTIE : APPROCHES CONCEPTUELLES ET THEORIQUES

L'auto emploi est tributaire du « contexte »,

des « compétences » et de l'« état d'esprit.»

OCDE, 2000, p. 188.

CHAPITRE I. : AUTO EMPLOI : FONDEMENTS CONCEPTUELS ET THEMATIQUES CONNEXES

Avant de situer la dynamique du travail indépendant dans une économie, laquelle dynamique pourrait provenir des incitations de l'Etat (cas des pays de l'OCDE où des allégements sont faits pour permettre l'insertion professionnelle des jeunes et de femmes sur le marché de travail), de l'environnement économique (comme c'est le cas de la plupart des pays du Sud, où l'économie populaire est une réelle stratégie de survie face à la rigidité du marché du travail et à l'insuffisance de l'emploi civil), il convient d'apporter un fondement conceptuel et définitionnel au travail indépendant et ses composantes.

Section 1 : Définition du concept de l'auto emploi

Plusieurs expressions interviennent dans la désignation de l'auto-emploi. D'abord, l'expression « auto emploi » met un accès sur la dimension réflexive où l'employé comme l'employeur désigne une même personne physique. Le moyen terme qui permet cette relation, c'est l'organisation propulsée par le promoteur. Ainsi, l'organisation sous sa configuration d'entreprise ou d'activité confère à son promoteur le statut d'emploi. On désigne également l'auto emploi à travers les expressions de « travail indépendant » ou de « travail autonome. »

Bien que l'expression « travailleur autonome » soit la plus courante, certains distinguent la personne qui exerce un travail autonome sans employeur, qu'ils qualifient de « travailleur indépendant », des autres qui exercent leur activité avec une aide rémunérée7(*). Pour l'OCDE (2000), l'emploi indépendant est perçu comme une source très importante de développement de l'entreprenariat et de la petite entreprise, ce qui représente un potentiel de croissance de l'emploi à long terme. Selon la définition internationale, « un emploi indépendant est un emploi dont la rémunération est directement liée aux bénéfices et dont le titulaire prend les décisions de gestion affectant l'entreprise ou est tenu pour responsable de la bonne santé de l'entreprise » (OCDE, 2000, P. 166). Dans cette définition, il y a des exceptions notables à signaler, en particulier le cas des propriétaires gérants d'entreprises constituées en sociétés, qui représentent une part importante de l'emploi indépendant dans certains pays de l'OCDE -31,4 % aux Etats-Unis en 1998, par exemple. Les propriétaires gérants sont propriétaires de leur entreprise et responsables de sa gestion mais, d'un point de vue juridique, ils sont salariés de l'entreprise. En règle générale, l'expression « emploi indépendant » désigne donc les « travailleurs à leur propre compte » et des « employeurs ». La définition qu'ont retenu Joseph DJAOWE et Charles- Alain BITA dans leur étude, c'est que « l'auto emploi repose sur les conditions suivantes : il est le fruit d'un libre choix, il assure un revenu adéquat à la famille et il repose sur une relation de dépendance et/ou de subordination et enfin, il génère des revenus supérieurs aux prestations qu'on pourrait percevoir en cas d'assistance8(*). »

Pour l'ensemble des pays de l'OCDE, les définitions de l'emploi indépendant s'inscrivent dans la définition de la « population active9(*) » adoptée par la treizième conférence internationale des statisticiens du travail, convoquée à Genève par le Bureau international du travail, en octobre 1982, et développée par la Résolution concernant la Classification internationale d'après la situation dans la profession (CISP-93) qui a été adoptée par la quinzième Conférence internationale des statisticiens du travail, en janvier 1993. La CISP- 93 classe les emplois selon le type de contrat de travail, explicite ou implicite, que le titulaire a passé avec d'autres personnes ou organismes. La CISP- 93 comprend les groupes suivants :

1. *Salariés ;

2. *Employeurs ;

3. *personnes travaillants pour leur propre compte ;

4. *membres de coopératives de producteurs ;

5. *travailleurs familiaux collaborant à l'entreprise familiale ;

6. *travailleurs inclassables d'après la situation dans la profession.

A partir de la définition internationale, nous pouvons déceler une distinction nette entre deux formes d'emplois alternatifs : les emplois rémunérés (ou emplois civil ou salarial) et les emplois indépendants. Les emplois rémunérés sont des emplois pour lesquels les titulaires ont des contrats explicites ou implicites qui leur donnent droit à une rémunération de base qui n'est pas directement dépendante du revenu de l'unité pour laquelle ils travaillent. Les outils d'équipement lourds, les systèmes d'information et/ou les locaux utilisés par les titulaires peuvent être placés sous la supervision directe du (des) propriétaire(s) ou de personnes employées par lui (eux). Les personnes relevant de l'emploi rémunéré perçoivent des traitements et des salaires, mais peuvent aussi être payées à la commission sur vente, à la pièce, à la prime ou en nature (par exemple, nourriture, logement, formation).10(*) Les statisticiens de l'emploi indépendant distinguent trois grandes sous-catégories : emploi indépendant sans salariés, ce qui correspond à la catégorie des « travailleurs à leur propre compte » ; emploi indépendant avec des salariés (catégorie des « employeurs ») ; et les travailleurs familiaux non rémunérés. Cette distinction peut se schématiser de la manière suivante :

Figure n°1 : Catégories de travail indépendant

A

B

C

Emplois Rémunérés

Emplois indépendants

Relation Employeur -Salarié (CONTRAT)

Relation Promoteur -Activité (projet)

Source : Auteur, à partir de la définition internationale

Légende :

A : Catégorie des « Travailleurs à leur propre compte »

B : Catégorie des « employeurs »

C : Catégorie des travailleurs familiaux non rémunérés,

Dans le cadre de cette étude, nous retiendrons les deux hybrides de l'emploi indépendant qui sont la catégorie des « travailleurs à leur propre compte » travaillant sans aide d'une main d'oeuvre supplémentaire et la catégorie des « employeurs », ceux qui parviennent à créer des emplois pour les autres.

Section 2 : Thématiques autour de l'auto emploi

Généralement compris donc comme travail à son propre compte et comme employeurs, l'auto emploi ou travail indépendant renferme plusieurs notions :

-la notion d'indépendance qui différencie la forme personnelle et la forme sociétale de l'activité ;

-la notion de financement qui met en relation l'apport personnel et l'emprunt (structure financière idéale) ;

-la notion d'intervention de l'Etat qui revient sur le paradigme entre le public et le privé, le formel et l'informel ;

-la notion de secteurs d'activités qui permet de départager les secteurs à forte intensité de travail indépendant et ceux à faible intensité ;

-la notion de l'entrepreneuriat qui fait du travail indépendant un «independent entrepreneurship » distinct de « cooporate entrepreneurship.»

I. L'auto emploi et l'aspiration à l'indépendance

La notion d'indépendance provient de la volonté de ne pas s'associer et aussi de fonctionner essentiellement avec ses fonds propres. Selon Joseph Bruno Njaya et Dagobert Ngongang, citant Lovrato (1990), le souci d'indépendance et son corollaire de crainte de perdre une partie de leur pouvoir de gestion et de décision obligent de nombreux créateurs à ne pas s'associer. Les désirs des partenaires financiers notamment des banques d'avoir un droit de regard sur la gestion est souvent perçu comme une forme d'ingérence propice à une perte partielle d'indépendance du propriétaire initial, d'où la répugnance de certains chefs d'entreprise à fournir leurs comptes financiers ; à cela il faut ajouter l'incapacité de ceux-ci à fournir des indicateurs financiers fiables. La perspective d'autonomie inscrit dans le travail indépendant fait une distinction entre « le mien » et « le nôtre », « le personnel » et « le collectif », « entreprendre seul » et « entreprendre avec », entre l'autonomie financière où l'on est le maître de son capital et le financement par les institutions voulant un droit de regard qui s'interprète comme de l'ingérence. A travers le choix d'un mode de financement par les fonds propres ou l'autofinancement, il y a avantage à éviter de fournir l'information sur des projets stratégiques, de se justifier devant les investisseurs, d'augmenter le surplus organisationnel destiné aux salariés par suite d'une économie sur les dividendes, puisque l'endettement a un contenu informatif11(*). La notion de l'indépendance coïncide avec l'aspiration à la liberté chez les travailleurs indépendants. Certains refusent d'adhérer à un réseau pour préserver la confidentialité des informations et leur liberté. C'est le cas de certains indépendants au Canada où l'adhésion à un réseau prive les indépendants de leur liberté : « On n'y a pas de conversations intéressantes puisque tout le monde a des projets bien différents et que les informations sont généralement confidentielles. Certains soulignent même qu'on y récolte seulement du stress et des responsabilités, alors que le travail autonome doit apporter la liberté12(*).» La notion d'indépendance peut aussi être comprise comme absence de relation d'agence13(*), une sorte de relation de surveillance entre le propriétaire actionnaire (le mandant) et le gérant (le mandataire). Dans une situation où l'information serait asymétrique entre ces deux agents, la relation d'agence se percevrait comme source de conflits d'intérêt qui peuvent survenir lorsque les dirigeants ne sont pas les seuls propriétaires de l'entreprise et ne reçoivent donc pas la totalité de leurs bénéfices.

II. L'auto emploi et le financement

On ne peut évoquer la notion de travail indépendant, qui est essentiellement fait d'activités génératrices de revenu sans évoquer la problématique de financement dans le contexte qui est nôtre, celui de « creux bancaires » (Djaowe et Bita, 2007). Trois principaux facteurs sont à l'origine des « creux bancaires » à savoir : les coûts de transaction prohibitifs compte tenu de la taille des prêts, une insuffisance des garanties formelles permettant de gérer le risque et une insuffisance, voire une absence de capacité de négociation des personnes. En effet, pour une banque, les prêts de faible montant ne sont pas rentables. Par exemple suivre vingt entreprises pour une somme de 15 millions de FCFA par entreprise est plus coûteux que de suivre une entreprise dans laquelle on a investi 300 millions. Le retour sur prêt est proportionnel au montant des prêts alors que les coûts de traitement d'un dossier sont généralement fixes. Les banques ont donc tendance à privilégier les prêts de montants importants. En plus, les banques demandent généralement un apport personnel représentant entre 20% et 25% du prêt. Ainsi, en l'absence d'une épargne préalable, il est difficile de prétendre accéder au crédit bancaire. C'est pour ces raisons que l'environnement familial joue souvent un grand rôle dans la décision de créer une entreprise. Ainsi au Cameroun par exemple, disposer d'une épargne est a priori difficile pour les chômeurs et en particulier, ceux de longue durée car, ceux-ci ont souvent des revenus inférieurs au revenu moyen. C'est également le cas des femmes, souvent désavantagées par des salaires inférieures et/ou par un soutien familial insuffisant, par exemple en matière d'héritage.

Les banques ne suffisent pas pour financer l'activité d'auto emploi, les conditionnalités sont incompatibles avec le niveau de revenu des indépendants qui pour la plupart l'autofinancement est fait d'une autre activité (le salaire). Pour certains auteurs, les ressources collectées dans les tontines, au Cameroun, ne peuvent pas financer les activités productives et ceci pour plusieurs raisons : elles font appel à la capacité d'épargne du créateur. La durée du cycle des tontines est très courte, ce qui fait que les fonds ne peuvent pas être consacrés au financement des immobilisations en capital fixe. Il est impossible de transformer une partie des ressources courtes en capitaux longs puisque la somme levée à chaque séance est adjugée totalement à un membre. Enfin les taux d'intérêt pratiqués dans les tontines sont usuraires. Pour ces motifs, on peut dire que les tontines sont plus appropriées pour résoudre les problèmes de trésorerie. L'effort personnel du créateur lui-même dépend de sa propension à épargner. Or, des études montrent que le capital économisé par les salariés dépasse rarement quelques dizaines de milliers de francs. Il ressort de tout ce qui précède que les fonds propres apparaissent comme une source de financement largement insuffisante (Djaowe et Bita, 2007).

En matière de financement et de théorie de financement et en se basant sur deux exemples, le financement de l'activité de formation en conduite automobile et le financement de l'activité de conseil en gestion, Robert Wanda,14(*) pense que la similitude et la chronologie15(*) des modes de financement de ces deux activités de service au Cameroun s'assimilent à la théorie de Pecking Order ou théorie du financement hiérarchique. Le courant de la « Pecking Order » ou « théorie du picorage ordonné » en français est issu des travaux de Myers S. (1977) et de Myers, S. et Majlful, N., (1984). Il propose une préférence décroissante de financement par :

Autofinancement Dette (y compris les titres hybrides) Emission des actions nouvelles

En faisant l'hypothèse de l'asymétrie de l'information et de la rigidité de la politique de dividende, elle stipule que les entreprises préfèrent d'abord se financer par autofinancement, ensuite par endettement et enfin par émission des actions nouvelles. Le modèle aboutit à la conclusion selon laquelle le taux d'endettement cible n'est pas important, car la dette est un résidu sollicité en période d'expansion où l'investissement nécessaire pour les projets rentables, (c'est-à-dire, à valeur actuelle nette positive), est supérieur à l'autofinancement ; le besoin de financement externe (surplus de l'investissement nécessaire sur l'autofinancement) étant la limite asymptotique de l'endettement pour une entreprise qui peut aussi faire recours aux actions nouvelles.

Toutefois et indépendamment des rapprochements faits par Robert Wanda entre la « Pecking Order » et le financement des activités d'auto- emploi au Cameroun, les opinions divergent sur le financement qui soit idéal des firmes et des activités d'auto emploi en particulier. Faut-il plus de fonds propres que d'endettement ou l'inverse ? Modigliani et Muller16(*) se sont démarqué de l'orthodoxie financière (théorie traditionnelle) selon laquelle « la viabilité d'une structure financière est mesurée par l'équilibre financier selon le principe que les emplois doivent être financés par les ressources de même échéance. Ce qui garantit un fonds de roulement pour le financement du besoin en fonds de roulement et pour espérer à une trésorerie.» Les théories de Modigliani et Muller préconisent la neutralité de la structure financière sur la valeur de l'entreprise (théorie de 1958, sans incidence fiscale) et l'effet positif de la dette sur la valeur de l'entreprise quel que soit son niveau (théorie de 1963, avec incidence fiscale). En introduisant le coût de faillite et le coût d'agence au modèle de Modigliani et Muller, Myers S. (1984) critique la théorie de la neutralité de la structure financière sur la valeur de l'entreprise. En effet, « l'augmentation de la dette entraîne, outre l'effet de levier financier sans impact sur la valeur de l'entreprise, le coût de faillite à impact négatif, d'où une réduction de la valeur par rapport au Modigliani et Muller.» (Théorie du trade- off statique).

Les coûts d'agence des fonds propres, c'est-à-dire les dépenses faites par les actionnaires pour infléchir à leur cause les déviations opportunistes des dirigeants ; les coûts d'agence des dettes ou dépenses engagées par les créanciers pour discipliner, à leurs causes, les actionnaires (y compris les dirigeants). Le recours à l'endettement est un moyen de discipliner par le marché financier les dirigeants, c'est-à-dire, de réduire les coûts d'agence des fonds propres et d'augmenter la valeur de l'entreprise. Par ailleurs l'occasion d'endettement crée des coûts d'agence de la dette qui diminuent la valeur de l'entreprise.

En plus, selon un schéma de Robert Papin, repris par Verstraete Thierry et Saporta Bernard17(*), on peut distinguer deux hypothèses de financement d'une activité ou d'une firme en général : l'hypothèse pessimiste et l'hypothèse optimiste. La partie gauche du schéma ci-dessous représentant les grands postes à financer : les immobilisations et l'activité (essentiellement le stock et le crédit demandé par les clients, pour besoin en fonds de roulement ici positif). La partie droite dans l'hypothèse pessimiste indique que les fonds propres (apport personnel) couvrent 50% des besoins en immobilisations, des crédits fournisseurs (mais qu'un calcul plus précis réintégrera), les fonds propres doivent couvrir l'ensemble. Autrement dit, pour des immobilisations avoisinant les 150 000 euros et une activité atteignant les 100 000 euros, les porteurs du projet, avant de solliciter la banque pour un prêt, devraient- toutes choses égales par ailleurs (formulation certes pratique)- pouvoir apporter.

(150 000 : 2) + (100 000) = 175 000 euros,

pour espérer obtenir le complément en prêt (sous réserve que le banquier soit convaincu et que les garanties apportées soient effectives).

Un exercice de conviction réussi devrait permettre de poser une hypothèse plus optimiste. Celle-ci limiterait la participation des fonds propres à la couverture des immobilisations à hauteur de 25% de leur valeur d'acquisition et à hauteur de 50% de l'activité :

(150 000 x 0,25) + (100 000 : 2) = 87 500 euros

Figure n°2 : Hypothèses de financement des activités

Hypothèse pessimiste Hypothèse optimiste

EMPLOIS RESSOURCES

Immobilisations

 

Fonds propres

(50% des immo.)

 

Fonds propres

(25% des immo.)

Dettes à LT et MT

(50% des immo.)

Dettes à LT et MT

(75% des immo.)

 
 
 

Stocks

Fonds propres

(quasi 100% du BFR)

Fonds propres

(50% du BFR)

Crédits à CT

Clients

Fournisseurs

Fournisseurs

Source : d'après R. Papin, Stratégie pour la création d'entreprise, Paris, Dunod, 2001, P.191.

De manière générale, selon l'approche du schéma, l'hypothèse pessimiste préconise que les immobilisations (haut du bilan actif) soient financées à moitié par l'apport personnel du promoteur (fonds propres) et la totalité des actifs circulants (bas du bilan). L'hypothèse optimiste quant à elle préconise que seulement le quart des fonds propres peut financer les immobilisations et le promoteur peut financer la moitié des capitaux circulants (activité).

Soit X le montant nécessaire pour financer les immobilisations (valeur d'origine des immobilisations) ; Y, le montant nécessaire pour le financement de besoins en fonds de roulement (BFR), Z, l'apport personnel du promoteur et T la contribution du banquier ou d'autres structures de financement.

-Dans l'hypothèse pessimiste Z= (X : 2) + Y et T= X : 2

-Dans l'hypothèse optimiste Z= (X*0,25) + (Y : 2) et T= (X*0,75) + (Y : 2)

III. L'auto emploi et l'Etat

L'auto emploi évoque aussi la notion de l'Etat où la montée de l'initiative privée tend à relativiser l'antagonisme entre le public et le privé et que les deux se conçoivent davantage comme partenaires. L'analyse de l'évolution du travail indépendant dans les pays de l'OCDE montre le rôle que l'Etat a joué pour sa promotion. La forme de l'Etat dans certains pays de l'OCDE montre aussi combien l'incitation étatique constitue une source du travail indépendant. «L'intervention publique a aussi joué un rôle important, avec la mise en oeuvre, dans un nombre croissant de pays, de politiques de promotion du travail indépendant tant pour réduire le chômage que pour promouvoir l'entreprenariat. Un certain nombre de gouvernements ont ainsi introduit récemment des politiques orientées à encourager les femmes et les jeunes à se lancer comme indépendants (OCDE, 2000). Ceci afin de faire face à la rigidité du marché du travail et aux défis relatifs à la mondialisation qui déplace les investissements et l'emploi vers les pays en développement. Les entreprises créent emplois et richesse. Elles insufflent aussi à l'économie un dynamisme essentiel pour relever les défis de la mondialisation et du changement structurel. Stimuler l'esprit d'entreprise revient à mobiliser l'énergie entrepreneuriale pour en faire un processus dynamique utilisant toutes les opportunités qu'offre l'économie (OCDE, 1998). Depuis le début des années 80, les pouvoirs publics, dans la plupart des pays de l'OCDE, ont adopté tout un éventail de mesures pour encourager l'emploi indépendant, à la fois pour lui-même et pour tenter d'encourager l'entrepreneuriat [OCDE (1998a)]. Cela s'est produit dans un contexte général de déréglementation de nombreux marchés du travail et des produits et de persistance d'un haut niveau de chômage (Meager (1994)). L'intervention des pouvoirs publics était justifiée par l'existence d'un certain nombre d'éléments qui entravaient l'accès à l'emploi indépendant- carences des marchés financiers, lourdeur des procédures administratives, car il faut rendre compte à plusieurs administrations et protection sociale moins bonne pour les travailleurs indépendants que pour les salariés. Soucieux d'aider les gens à trouver des emplois, les pouvoirs publics ont mis en place divers programmes et dispositifs pour stimuler l'emploi indépendant et la création d'entreprises. Ils ont aussi essayé d'abaisser les taux d'échec des entreprises exploitées par un indépendant, quand il s'avère que l'échec est dû à un manque de compétences, en particulier de compétences managériales.

La conclusion dégagée lors d'un séminaire organisé conjointement par les Etats-Unis et l'Union Européenne sur le thème de l'entreprenariat [US Department of Labor (2000)] était que les politiques publiques peuvent favoriser l'entreprenariat de plusieurs façons, bien que l'élément fondamental de la réussite d'une création d'entreprise soit toujours l'entrepreneur lui-même. L'emploi indépendant est tributaire du « contexte » (à savoir, par exemple, accès aux capitaux, procédures administratives, fiscales, politiques en matières de santé, d'assurance sociale et pensions), des « compétences » (capital humain, compétences managériales) et de l'«état d'esprit » (choix personnels).18(*) Les pouvoirs publics, dans leurs interventions, doivent tenir compte de toutes ces dimensions. Cependant, si les pouvoirs publics peuvent contribuer à façonner le cadre général, défini par le « contexte » et les « compétences », pour élargir les opportunités, l'«état d'esprit », en revanche, relève de choix personnels, d'une vision, d'une détermination et de la volonté de prendre des risques. L'état d'esprit est lié à la culture, à la famille et aux traditions locales, et il n'est pas facile de le modifier. 

Selon Esping- Anderson (1985), les Etats peuvent se diviser en trois grandes catégories. D'abord, les Etats libéraux qui se basent sur le laisser-faire ; les Etats -Unis et la Grande Bretagne sont les principaux représentants de ce groupe. Le deuxième groupe réunit des pays conservateurs où il y a une certaine intervention de l'Etat, mais où celle-ci est de nature conservatrice : l'Allemagne, les Pays-Bas et la France sont dans cette catégorie. Enfin la troisième catégorie réunit les pays socio- démocrates et il s'agit essentiellement des pays scandinaves, comme la Suède, la Norvège, le Danemark. On trouve ici une politique fondée sur une répartition des revenus à l'échelle nationale, ce qui se traduit par des écarts de revenus moins prononcés. A des degrés divers selon les époques et selon les pays, il y a contrôle de l'exportation du capital, contrôle des investissements étrangers dans l'économie nationale, tout cela en vue d'assurer le plein emploi.

Dans le champ de la politique sociale, cela se traduit par des différences importantes dans la façon dont sont considérés les chômeurs. En effet, aux Etats-Unis, le chômeur est considéré comme responsable de son sort et les bénéficiaires d'assistance sociale doivent fournir une contrepartie de travail ; c'est ici la situation du laisser-faire économique, où l'Etat considère que ce n'est pas nécessaire d'intervenir, que les gens sont responsables de leur sort et que le marché devrait leur permettre de s'en sortir, s'il fonctionne bien. Aux Etat-Unis, on distingue les pauvres « méritants » (handicapés) et les non méritants, considérés responsables de leur sort.

En Scandinavie, au contraire, l'accent est mis sur la formation professionnelle tout au long de la vie, sur l'insertion, la participation des acteurs de la société civile (associations, économie sociale) dans les stratégies d'insertion. En Suède et au Danemark le contrôle de la contrepartie est effectué par les syndicats, ce qui donne une situation fort différente de celle des Etats-Unis.

En France, en principe, on favorise davantage l'insertion et la solidarité collective qui est la simple contrepartie de travail, mais les avis sont partagés sur les résultats réels du Revenu minimum d'insertion, qui est censé se distinguer du workfare19(*), mais dont les résultats sont jugés plutôt mitigés par nombre d'analystes (Paugman, 1998). Il semble y avoir un certain écart entre les objectifs, la philosophie et la réalité, car si les objectifs étaient effectivement ambitieux au début du projet, ils le sont devenus nettement moins au fil des ans et on a constaté que ceux qui profitaient le plus du programme étaient les moins nécessiteux, alors que le programme n'arrivait pas à faire sortir de la situation de dépendance les moins scolarisés et les moins qualifiés (Paugam, 1998, Chapn, Euzéby, 2002).

En Afrique, depuis les années 1970, l'intervention des Etats en matière d'encadrement social ou d'aménagement territorial s'est trouvée confrontée à la pression contradictoire de l'augmentation considérable des besoins de la société et de l'importante diminution des capacités financières du secteur public. D'une part, le maintien d'une croissance démographique forte ne cesse de multiplier les besoins sociaux, en termes d'encadrement sanitaire, de scolarisation et de formation professionnelle, de logement, d'offre de transport et de communication. D'autre part, et dans le même temps, les ressources disponibles ou mobilisables pour y faire face se sont réduites considérablement dans le contexte conjoncturel difficile et sous le signe idéologique d'une incitation libérale20(*) à la réduction de l'appareil d'Etat et de ses domaines d'intervention.

La raréfaction des ressources budgétaires des Etats est ainsi devenue la contrainte politique majeure de la gouvernance des sociétés. BABISSAKANA21(*) souligne que depuis l'indépendance, la promotion de la fonctionnariabilité  comme mode d'insertion professionnelle et de réussite sociale au Cameroun a durablement conditionné la structure et la substance du système éducatif. Les produits de ce système éducatif ne pouvaient que souhaiter travailler dans la fonction publique ou l'administration de l'Etat (Etat Jacobin à la française, détenteur du monopole de la contrainte physique, entrepreneur, régulateur, prescripteur de service public et des réglementations, etc.) au pire, dans les entreprises privées sous influence étatique.

L'émergence en Afrique de l'économie informelle (ou économie populaire) traduit aussi l'absence de l'interventionnisme de l'Etat ou la faillite de l'Etat providence. Il semble toutefois acquis que les peuples et les dirigeants africains s'accordent à considérer qu'il n'y aura pas de démocratie politique sans démocratie économique. L'une n'est pas la condition de l'autre, elles ne peuvent se construire que conjointement. C'est la démocratie politique qui doit servir à corriger les injustices du marché, ou du moins à empêcher qu'elles ne se perpétuent. C'est elle aussi qui doit prévenir l'arbitraire de la part du pouvoir exécutif et créer les conditions de participation véritable des couches démunies de la population à l'oeuvre de la construction nationale. Ainsi l'attitude des gouvernements et des acteurs institutionnels à l'égard du secteur informel a évolué. La volonté primaire de freiner son expansion a fait place à une certaine tolérance, voire à une volonté de l'appuyer. Globalement, il existe un très large consensus sur la nécessité d'améliorer les revenus et la productivité du secteur informel, de manière à faire reculer la pauvreté et à rapprocher les conditions économiques et d'emploi du secteur informel de celles du secteur formel.22(*)

Sous pression des ajustements structurels et de leur corollaire qui est la privatisation, la plupart des économies africaines prennent conscience de la nécessité de se tourner vers la création d'entreprises afin de chercher à régler les problèmes d'emplois posés tant par les compressions induites de personnel, que par ceux liés au nombre croissant d'étudiants qui sortent des universités. L'option généralement prise est alors de favoriser l'éclosion de l'initiative individuelle et de l'esprit d'entreprise par des politiques incitatives multiformes.

IV. L'auto emploi et les secteurs d'activité

Le secteur d'activité permet de saisir trois phénomènes : le secteur le plus dynamique dans l'économie (opportunité), le secteur qui intéresse essentiellement le travailleur indépendant (ses compétences professionnelles), ou le secteur que cherche à promouvoir le prêteur de fonds (incitation). Le choix du secteur d'activité provient des opportunités saisies dans le secteur et aussi du capital qu'il demande. Certains investissements sont très importants par rapport à d'autres. Le rapport de l'OCDE signale que les industries extractives et la production et la distribution d'électricité, de gaz et d'eau ne représentent qu'une très petite part de l'emploi indépendant ; bien moindre que la part que ces activités occupent dans l'emploi en général. Et il y a aussi relativement peu d'indépendants dans l'industrie manufacturière. En dehors du secteur agricole, l'emploi indépendant tend à se concentrer dans le commerce de gros et de détail, la répartition et les hôtels et restaurants. L'analyse plus détaillée présentée dans OCDE 1986 faisait ressortir l'importance du commerce de détail dans le premier secteur cité. Au cours des années 90, les secteurs d'activité qui ont le plus contribué à la progression de l'emploi indépendant dans les pays de l'OCDE sont généralement l'intermédiation financière, l'immobilier et les services aux entreprises, suivis par les services à la collectivité, les services sociaux et les services aux personnes. La contribution de ces secteurs à la croissance de l'emploi indépendant a été plus forte que leur contribution à la croissance totale de l'emploi.

On peut relever certaines caractéristiques dans certains des pays ayant enregistré la plus forte progression de l'emploi indépendant au cours des années 90. Au Canada, les effectifs de travailleurs à leur propre compte ont augmenté dans tous les secteurs, y compris dans l'agriculture. Les Pays-Bas se distinguent par l'augmentation des effectifs de travailleurs indépendants employeurs, en particulier dans le commerce de gros et de détail. En France, si l'emploi indépendant a cédé du terrain dans la plupart des secteurs, il a en revanche, quelque peu progressé dans le secteur de l'intermédiation financière, de l'immobilier et des services aux entreprises, et dans le secteur des services à la collectivité, services sociaux et services aux personnes.

Une relation fondamentale existe entre l'entrepreneur (dans une large mesure ses compétences), les moyens (financement) mis en oeuvre pour entreprendre et l'opportunité d'affaires représentée par le secteur d'activité choisie (c'est la rencontre d'une idée et la réalité socio-économique) et les déterminants de la rentabilité financière. Dans la perspective managériale, l'entrepreneur sait analyser les changements de l'environnement, agit sur ce dernier et l'exploite comme une opportunité. Ce faisant, l'entrepreneur déplace les ressources des secteurs à faible rendement et à basse productivité vers les secteurs susceptibles de procurer un rendement et une productivité supérieure.

V. L'auto emploi et l'entrepreneuriat

Le travail indépendant fait partie de ce qu'on appelle en anglais « independent entrepreneurship » (ou l'entrepreneuriat indépendant) distinct de « corporate entrepreneurship » qui est un processus par lequel un groupe d'individus, en association avec une organisation existante, créent une nouvelle organisation ou provoquent un renouvellement stratégique ou une innovation dans cette organisation. L'entrepreneuriat est vu comme un phénomène complexe et comme un type particulier d'organisation impulsé par un entrepreneur qui agit pour tenter de concrétiser, au sein de la structure dans laquelle il baigne, la vision qu'il se fait de cette organisation. Il s'efforce de la rendre conforme à la représentation qu'il s'en fait. Cette définition peut être reformulée sous la forme de l'équation ci-après :

PhE= f [(C x S x P) inclus dans (E x O)] (Source: Verstraete, T,, Saporta, B,, P,96)

Si l'on souhaite appréhender le phénomène entrepreneuriat (Ph E) dans sa globalité, on est invité à le concevoir comme la somme, mais aussi les interactions réciproques, de trois dimensions ou niveaux (C, S, P): cognitive (qui renvoie à l'entrepreneur et à ses processus mentaux: vision, réflexivité, apprentissage); structural (qui évoque les différents milieux où l'entrepreneur et l'organisation qu'il impulse prendront place); praxeologique, qui fait le lien entre les deux précédents, puisqu'il décrit les actions de l'entrepreneur pour se positionner par rapport aux parties prenantes et configurer son organisation de manière cohérente avec les choix précédents. Mais ces dimensions ne sont constitutives du phénomène que si elles sont mises en relation avec le couple symbolique que forment l'entrepreneur (E) et l'organisation impulsée (O), au sein duquel l'idée de mouvement, d'impulsion, associée à une personne ou une équipe (dans le cas d'une création d'entreprise à plusieurs), fournit la clé d'entrée permettant la délimitation par rapport à des situations proches mais différentes sur le plan conceptuel. La théorisation de l'entrepreneuriat indépendant ou de l'entrepreneuriat en général, est au croisement de divers paradigmes constituant les points de vue sur l'entrepreneuriat :

-il y a d'abord le paradigme de l'opportunité d'affaire conceptualisé par l'école autrichienne qui s'est véritablement inscrit dans le domaine de l'entrepreneuriat avec Scott Shane et S. Venkataraman. Chez ces deux auteurs, le contexte permet d'associer l'origine d'opportunité d'affaire, le processus de découverte, d'évaluation et d'exploitation de ces opportunités et les personnes qui ont permis d'y avoir accès. En anglais, « The scholarly examination of how, by whom and with what effects opportunities to create future goods and services are discovered, evaluated and exploited. Consequently, the field involves the study of sources of opportunities; the process of discovery, evaluation and exploitation of opportunities; and the set of individuals who discover, evaluate, and exploit them. » (Shane, Venkataraman, 2000, p. 218).

-Le paradigme de la création d'une organisation synonyme, pour certains, d'une entité (ex: une firme), pour d'autres, il inclut également la dynamique conduisant à l'apparition de l'entité; enfin, parfois, la dynamique (l'action d'organiser) suffit à reconnaître qu'une organisation naît du phénomène entrepreneurial. William Garthen parle d'émergence organisationnelle et Thierry Verstraete de l'impulsion d'une organisation.

-Le paradigme de la création de valeur (dialogique individu /création de la valeur) est clairement illustré par une citation, en anglais, de Ronstad : « Entrepreneurship is the dynamic process of creating incremental wealth. This wealth is created by individuals who assume the major risks in term of equity, time, and/or career commitment of providing value for some product or service. The product itself may or may not be new or unique but value must somehow be infused by the entrepreneur by securing and allocation the necessary skills and resources» (Ronstand, 1984, p. 28). Quelle que soit la nature de bien ou de service produit par l'entreprise (nouveau ou homogène), la création de la valeur est la préoccupation de l'entrepreneur, qui grâce aux divers risques pris, affecte des ressources et des compétences nécessaires à la production.

-Le paradigme de l'innovation trouve ses origines dans l'oeuvre de Joseph Schumpeter et, plus récemment, dans les écrits de Peter Druker. Selon Pierre-André Julien et Michel Marchesnay, « l'innovation constitue le fondement de l'entrepreneuriat, puisque celui-ci suppose des idées nouvelles pour offrir ou produire de nouveaux biens ou services, ou, encore, pour réorganiser l'entreprise. L'innovation, c'est créer une entreprise différente de ce qu'on connaissait auparavant, c'est découvrir ou transformer un produit, c'est proposer une nouvelle façon de faire, de distribuer ou de vendre.» (Julien, Marchesnay, 1996, P. 35).

VI. L'auto emploi et les revenus des indépendants

Le revenu est une dimension essentielle des conditions d'activité des travailleurs indépendants. Malheureusement, les comparaisons directes entre les revenus des salariés et les revenus des travailleurs indépendants sont extrêmement difficiles. Les données relatives aux revenus des travailleurs indépendants sont à la fois plus difficiles à obtenir et moins fiables que celles relatives aux revenus salariés (OCDE, 1992). Sur le plan de la définition, il y a trois aspects qui font qu'il est particulièrement difficile de déterminer les revenus des travailleurs indépendants : chevauchement entre les dépenses de consommation personnelle et les dépenses de l'entreprise ; production pour une consommation personnelle ; et rémunération du capital. En outre, plusieurs problèmes de mesure se posent. Par rapport aux salariés, il est beaucoup plus facile, pour les travailleurs indépendants, de minorer leurs revenus pour se soustraire à l'impôt. D'après des estimations fondées sur les comptes nationaux, les revenus tirés d'une activité indépendante sont très largement sous-évalués dans les enquêtes de revenu effectuées auprès des ménages par rapport aux revenus salariaux (OCDE, 2000).

Section 3 : Processus de modélisation et de rationalisation du choix de l'auto emploi.

Le processus de modélisation du choix de travail indépendant s'inscrit dans une perspective de motivation. La question est de savoir, qu'est-ce qui pousserait des individus à se lancer à leur propre compte ? Peut-on formaliser ce processus de choix ? La configuration du marché du travail se présente comme un jeu entre d'une part, le demandeur d'emploi (offreur de travail) et d'autre part, l'offreur d'emploi (demandeur de travail représenté par les entreprises ou le patron). Cette opération marchande se présente sous la forme d'une recherche de maximisation d'intérêts par le chercheur d'emploi (plus précisément de sa courbe d'utilité sous contraintes) et la maximisation d'intérêt par l'employeur (qui doit tenir compte de contraintes relatives à la productivité et au coût, ces deux rapport étant parfois inversement proportionnels).

I. La notion de rationalité et de rationalité limitée

La notion de rationalité oppose l'économie libérale et la nouvelle microéconomie. Chez Adam Smith, la poursuite d'intérêts égoïstes devrait conduire à la réalisation de l'intérêt général. Il soutenait que l'égoïsme n'est pas nécessairement néfaste, car l'individu égoïste est « conduit par une main invisible pour faire avancer une fin qui ne fait point partie de son intention. Et ce n'est pas toujours le pire pour la société qu'elle n'en fît point partie. En poursuivant son propre intérêt, il fait souvent avancer celui de la société plus efficacement que s'il y visait vraiment23(*)

En économie, le principe de rationalité signifie que les individus agissent en utilisant au mieux les ressources dont ils disposent, compte tenu des contraintes qu'ils subissent. Cette définition appelle trois commentaires. Tout d'abord, l'individu rationnel, ou encore l'homo oeconomicus, est égoïste : il tient compte uniquement de son propre intérêt. Il constitue en outre une unité de décision autonome : son comportement n'est pas déterminé par des habitudes sociales consciemment ou inconsciemment assimilées. Son comportement est défini indépendamment de toute contrainte macro sociale. Enfin, l'individu rationnel est maximisateur, il effectue des choix qui maximisent sa satisfaction (Cahuc, 1998).

De la rationalité absolue des économistes classiques et néo-classiques basée sur les concepts de maximisation, des anticipations parfaites et de l'unicité de l'équilibre, on considère de plus en plus, depuis les travaux de Simon H. A., la rationalité limitée dont les maîtres mots sont la satisfaction, la pluralité des équilibres rationalisables ...dans un contexte d'imperfection où priment l'opportunisme des agents, l'incomplétude des contrats, la prise en compte des limites physiques et matérielles de l'individu. Une certaine littérature distingue ces deux types de rationalités en parlant de la théorie standard pour la première et de la théorie non standard pour la seconde (Chiappori 199424(*)). Iribarne25(*) et Amadieur opposent l'homo oeconomicus rationnel et calculateur à l'homo culturalis irrationnel et passionné.

Simon va s'opposer au postulat de rationalité parfaite développé par les chercheurs de Harvard et propose le concept de rationalité limitée ou rationalité procédurale pour analyser le comportement organisationnel et la prise de décision. A l'opposé de la démarche rationnelle, cette approche envisage l'organisation comme un système composé par de multiples acteurs qui évoluent en situation de rationalité limitée. Plus réaliste que le précédent, ce modèle part de l'observation des comportements humains et correspond à une analyse cognitive du décideur. Suivant la pensée de Simon, le décideur présente trois grandes caractéristiques :

a) le décideur n'a pas une vision globale de l'environnement de l'entreprise et ne peut pas traiter la totalité de l'information disponible ;

b) l'homme n'a pas de préférences claires, hiérarchisées mais plutôt des aspirations variables selon les moments ;

c) le décideur ne cherche pas à maximiser les conséquences de ses choix mais est plutôt en quête d'un certain niveau de satisfaction. Pour Simon, l'optimum dans la prise de décision est une utopie.

La prise de décision se définit plutôt comme une situation de rationalité limitée par une recherche d'un niveau minimum de satisfaction dans un cadre organisationnel contraignant. A travers des recherches empiriques, Herbert A. Simon montre que ce qui déclenche fréquemment la décision, ce sont des problèmes organisationnels. Dans ce sens, si un problème connu se pose, le décideur va appliquer à celui-ci le processus qu'il connaît pour tenter de le résoudre. Si le problème n'est pas connu, l'acteur va alors chercher à voir s'il ne peut pas le rapprocher d'un autre problème de manière à lui appliquer une solution routinière par proximité.26(*)

Le choix de se lancer comme indépendant, comme alternatif au choix d'un travail rémunéré obéit aussi au mécanisme d'opportunité et de rationalité que nous cherchons à opérationnaliser dans une configuration de la théorie des jeux et de la théorie de William et Maria Miniti.

II. Formalisation de l'auto emploi au moyen de théorie des jeux

Selon Pierre Cahuc, la théorie des jeux s'inscrit dans la nouvelle économie ou microéconomie. Elle étudie la manière dont les individus rationnels règlent des situations conflictuelles. Elle analyse donc la signification de l'hypothèse de rationalité, lorsque la satisfaction d'un individu est directement affectée par les décisions d'autres agents. Elle définit également des concepts de solution afin de prédire les situations auxquelles aboutissent les différentes configurations conflictuelles. La théorie des jeux analyse la manière dont des individus rationnels agissent dans des situations d'interactions. Confrontés à des situations conflictuelles, ceux-ci peuvent décider de coopérer, en choisissant leurs décisions d'un commun accord, ou bien de se comporter de manière individualiste.

On distingue la théorie des jeux non coopératifs de la théorie des jeux coopératifs. Un jeu est coopératif si les individus peuvent communiquer et s'engager à prendre certaines décisions, sachant qu'ils auront éventuellement, individuellement, intérêt à opter pour un choix différent au moment où ils prennent effectivement leur décision. Au contraire, la théorie de jeux non coopératifs a pour but d'étudier les comportements d'individus égoïstes et opportunistes qui choisissent à chaque instant l'action qui leur donne la satisfaction maximale.

On distingue également la théorie des jeux non coopératifs dans des situations d'information complète (ici les joueurs connaissent parfaitement toutes leurs caractéristiques ainsi que celles des joueurs auxquels ils sont confrontés) et la théorie des jeux non coopératifs dans des situations d'information incomplète.

On distingue aussi les jeux statiques (où les joueurs prennent une seule fois et simultanément une décision), des jeux séquentiels (où les décisions peuvent être prises à des dates différentes). La théorie des jeux ainsi comprise, le choix d'entreprendre présente de ressemblance avec la théorie des jeux dans le cas où les décisions sont prises à des dates différentes (jeux séquentiels).

A. Présentation du choix de travailler à son propre compte :

Ce jeu est le fait de deux agents économiques (joueurs). D'une part, le chercheur d'emploi et d'autre part l'entreprise qui offre l'emploi. Le chercheur d'emploi, qui est le premier joueur a deux stratégies : demander un emploi salarial moyennant un salaire (rémunération certaine et fixe) et se lancer en tant qu'entrepreneur indépendant dont le revenu dépend de la performance de son activité (qui a un caractère aléatoire et est aux conditions de marché). Le deuxième joueur tient lieu de l'employeur qui représente l'entreprise avec comme objectif de maximiser le profit, voit souvent dans l'offre d'emploi deux facteurs opposés, le coût relatif du salaire octroyé et la productivité nécessaire pour la réalisation du profit. Il a aussi deux stratégies : « embaucher » (accepter la demande d'emploi du premier joueur) et « ne pas embaucher » (refuser sa demande). Dans le contexte du Cameroun, deux réalités peuvent pousser l'employeur à refuser l'embauche : la baisse de productivité et aussi l'absence de relations familiales sous-jacentes.27(*) Deux facteurs peuvent aussi empêcher le demandeur d'emploi à refuser un emploi : soit la proposition d'un salaire insignifiant, soit l'opportunité d'entreprendre qui lui procure un revenu concurrentiel. Deux facteurs peuvent l'empêcher également d'entreprendre : l'accès au crédit et l'incapacité (ou inaptitude à mener une affaire).

Schématiquement : nous représentons ici les deux formes admises en théorie de jeux : la forme extensive (ou un arbre de décision) et la forme stratégique (sous une matrice).

Le Joueur A a deux stratégies : « Entreprendre » et « Etre salarié » et

le Joueur B a deux stratégies : « Embaucher » et « ne pas embaucher »

Figure n° 3 : Forme extensive du jeu : ordre de décisions disponibles pour chaque joueur

Joueur B (Employeur)

Joueur A

(Demandeur d'emploi)

Embauche

N'Embauche pas

Salariat

Entreprenariat

(Auto Emploi)

x , y

i, j

p, n

Source : Auteur, avec les ressources de la théorie des jeux.

Figure n°4 : Forme stratégique du jeu : Matrice des gains ou matrice de paiement

Joueur B

 

Embauche

N'Embauche pas

Joueur A

Entreprenariat

(x, y)

(x, y)

Salariat

(i, j)

(0, 0) ou (p, n)

Source : Auteur, avec les ressources de la théorie des jeux.

B. Les gains possibles du joueur A : Chercheur d'emploi ou Promoteur

Le gain x est à comprendre dans un sens large. Il représente ce que pourrait gagner un promoteur, une fois qu'il ait lancé son projet. Ce gain dépend de plusieurs facteurs et peut représenter tous les avantages (pécuniaires ou non) que retire le promoteur lorsqu'il vient à mettre en oeuvre son activité. De la même manière qu'il existe des avantages non salariaux lorsqu'une personne a un emploi salarial, il existe aussi des avantages non monétaires (l'autonomie, la mise à l'épreuve de compétences personnelles, la réalisation de soi). Puisqu'on parle d'activité dans le sens d'entreprendre, x représente aussi la rémunération du travail (salaire) et du capital investi (dividende) par le promoteur. L'opérationnalisation de ce gain en terme monétaire passe par la performance de l'activité, la création de la valeur par l'activité et partant la résolution des problèmes comme la pauvreté monétaire. Comparativement à d'autres revenus, x est fortement dépendante de la performance de l'activité, il a un caractère aléatoire. Quel que soit son caractère, certain ou aléatoire, x est un revenu à maximiser. L'objet de cette étude, au moyen des données disponibles au Fonds National de l'Emploi, permettra de saisir les facteurs qui influencent l'amélioration du gain x, la seule raison de maintien en « Auto emploi » du promoteur. Puisqu'il s'agira de l'activité, x prend la forme du revenu, de la pérennité, de la durée de vie de l'activité et de la performance en général.

Le gain i est à considérer également au sens large. C'est avant tout le salaire (un revenu suffisant), mais il peut comporter également « des avantages non salariaux » : la socialisation avec d'autres employés et la sécurité sociale relative à l'emploi : l'inscription à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) et les diverses assurances. La particularité du revenu i est qu'il est le fruit d'un contrat qui lie le salarié à l'employeur. Il est pour cela un revenu « certain ». Pour que i soit le plus satisfaisant possible pour l'employé et procure ainsi une sécurité optimale, il faut qu'il soit supérieur au salaire minimum garanti (SMIG) (i>SMIG). Le revenu i est aussi à maximiser (au sens de l'employé). De manière générale, le revenu i est tributaire de la réglementation sur la protection de l'emploi qui régit les décisions touchant au recrutement et au licenciement, telles que la durée des contrats de travail, les conditions de licenciement et les indemnités de départ.

Le p est un revenu en situation de chômage, lorsque le chercheur d'emploi n'a pas de travail et ne peut entreprendre (faute de moyens ou de capacité entreprenariale). Selon les pays, p représente le minimum social ou la prime de chômage. Dans la plupart des pays africains, le revenu p est inexistant et de toutes les manières c'est un revenu qui tend vers zéro afin d'éviter les situations de chômeur volontaire (théorie néoclassique). Quoi qu'il en soit, c'est aussi un revenu à maximiser et des stratégies d'emplois dans un pays tendent, tant peu soit-il, à l'améliorer, soit en accordant une formation complémentaire au chercheur d'emploi afin de rejoindre une des options (entreprenariat ou salariat) soit en accordant des emplois saisonniers (récoltes, stages, etc.).

En conclusion, le chercheur d'emploi (Joueur A) supposé rationnel choisira l'option qui lui procure un plus grand bien (un arbitrage entre avantages et désavantages). La décision d'entreprendre vient du fait que l'avantage x est supérieur à i.

De manière générale, le choix d'entreprendre ou à travailler à son propre compte n'est motivé que si le gain X > i et X > p.

C. Les gains possibles du Joueur B : Employeur

Le joueur B est aussi un agent rationnel. Il vise essentiellement la maximisation du profit pour son entreprise ou son activité. Le profit est un résultat qui dépend de deux variables prises conjointement : les revenus et les coûts. L'option étant de maximiser le revenu tout en minimisant les coûts. La dialectique de la machine et de la main d'oeuvre pose un problème de choix pour l'entrepreneur : soit mettre l'accent sur l'importance des machines dans l'entreprise (afin d'améliorer la productivité) soit mettre l'accent sur les hommes. Le ratio de la productivité (le rapport des Outputs (produits)/Inputs (capital et travail) est à maximiser pour l'employeur. La fixation du salaire ou de l'option d'embaucher dépend de la productivité marginale (De façon mathématique, c'est la dérivée première de la productivité totale). Les gains du Joueur B sont représentés par la productivité marginale. L'intérêt pour le Joueur B, c'est de fixer le salaire à un niveau égal ou inférieur à la productivité marginale.

Le gain y peut prendre la valeur 0 (indifférence) ou négative lorsqu'il représente un manque à gagner (coût d'opportunité) lorsque l'employé n'embauche pas le Joueur A ou lorsque, quelle que soit l'option du Joueur B, le Joueur A estime qu'il lui serait profitable d'entreprendre ou de rester chômeur « volontaire.»

Le gain j représente la productivité marginale (optimale).

Le gain n peut aussi prendre la valeur zéro (indifférence) ou négative (manque à gagner). L'Etat peut chercher à minimiser cette valeur, en proposant des options à l'entreprise, notamment, le partage de charge sur le salaire de l'employé. Le programme Emploi Diplômés (PED) du Fonds National de Emploi (FNE) est dans cette perspective où entreprise et FNE se partagent la charge salariale de l'ouvrier à hauteur de 50%.

III. Formalisation de Maria Miniti et William Bygrave

La littérature anglo-saxonne qui n'hésite pas à utiliser les ressources des méthodes quantitatives et hypothético-déductives, s'est parfois risquée à introduire dans le domaine les raisonnements rigoureux de l'analyse micro-économique. Un des essais les plus remarqués est celui de Maria Minniti et William Bygrave dont le point de départ était la nécessité de répondre à l'interrogation suivante : comment se fait-il qu'entre pays ou régions d'un même pays les taux d'entrepreneuriat soient très différents, alors que les conditions d'environnement y sont en tous points semblables ? Les auteurs proposent une explication fondée sur une variable causale oubliée dans les raisonnements précédents : le simple fait d'observer autour de soi un comportement semblable à celui que l'on se propose, exerce une influence positive en faveur de ce comportement, et peut entraîner l'adhésion, malgré les réticences initiales, si le nombre des comportements observés dépasse un certain seuil. A partir de ce constat, tiré de la théorie des émeutes d'un sociologue américain Mark Gronovetter, la démonstration peut être poursuivie en prenant le cas de la décision de créer une entreprise.

En théorie micro-économique, celle-ci possède une utilité en termes de gains espérés, qu'il convient de maximiser (en égalisant son revenu marginal avec son coût marginal, ici les heures de travail passées à cette occupation). Mais elle doit aussi être comparée à l'utilité d'une autre décision, celle de choisir un emploi salarié, qui doit de la même manière être maximisée. L'utilité relative correspondant à la décision de devenir entrepreneur, et qui sera appelée rj dans le modèle, est donc égale à la différence entre les deux utilités, et doit donc être supérieur à 0 si la personne décide de créer une entreprise plutôt que de postuler un emploi salarié. Mais l'activité entrepreneuriale étant plus risquée que l'emploi salarié, on doit tenir compte de la prime de risque propre à chaque individu ou dépend de ses caractéristiques de départ et qui rend cet individu indifférent entre le revenu entrepreneurial escompté et le revenu plus sûr mais moindre provenant de l'activité salariée. On a donc :

rj = re - rh

et re - rh > pj

j : désigne l'individu concerné,

re : le revenu escompté de l'activité entrepreneuriale,

rh : celui de l'activité salariale, et

pj : la prime de risque.

C'est donc le montant de cette prime de risque qui va déterminer la suite, et il convient de voir de quoi elle dépend. Deux facteurs l'influencent, l'un dans le sens positif, l'autre en sens inverse. Le premier est l'aversion pour le risque, variable pour chaque individu, et qu'on appellera aj ; plus cette aversion est grande, plus la prime de risque augmente. Mais cette dernière, qui reflète le risque perçu par l'individu à l'égard de l'action d'entreprendre, est influencée négativement par le nombre d'entreprises créées récemment autour de lui, car cette observation le rassure quant à la faisabilité de l'opération et diminue par la même le risque perçu, On a donc :

pj = aj/1+e

e désigne le taux d'entrepreneuriat, c'est- à -dire, la densité d'entreprises nouvellement créées dans le rayon d'observation de l'individu.

On obtient alors :

rj = aj + (1+e) (re-rh)

A la suite d'une série de dérivations et de substitutions, on obtient l'équation finale du modèle

rj = ao+a1 e+a2 e²

dans laquelle le jeu des coefficients a correspond au profil particulier de chaque individu, le coefficient ao montrant sa position de départ dans le graphique ci-dessous :

Figure n°5: Formalisation de Miniti et Bygrave : L'entrepreneuriat naît de l'imitation

aj Seuil de

changement d'activité

Ne deviennent jamais entrepreneurs

Deviennent toujours

Entrepreneurs

a1

Source : M, Miniti et W, B, Bygrave, « The microfoundations of entrepreneurship », Entrepreneurship Theory and Pratice, summer 1999, p. 41-52, in Saporta, Création d'entreprise et entrepreneuriat, P. 136).

Dans ce graphique, on voit que l'utilité relative rj, ou revenu relatif, varie exponentiellement en fonction du taux d'entrepreneuriat et  les décisions de création d'entreprise sont spécifiques à chaque individu tout en dépendant de leur position de départ (ordonnée à l'origine). Certains individus, peu nombreux, ont une ordonnée à l'origine (et donc une utilité relative d'entreprendre) positive, et créeront quel que soit le niveau de l'entourage entrepreneurial tandis que d'autres partent de si bas sur l'axe des ordonnées qu'ils ne créeront jamais, même avec un très grand nombre d'exemples autour d'eux. Mais les plus intéressants, et ils sont nombreux, occupent une position intermédiaire, et, réticents jusqu'à un certain niveau de taux d'entrepreneuriat, basculeront dans la décision d'entreprendre si un certain seuil est franchi. Le processus étant cumulatif et exponentiel, l'évolution future du nombre d'entrepreneurs est difficile à estimer. L'explication des différences actuelles d'activités entrepreneuriales est à trouver dans le passé : si, au départ, le taux d'entrepreneuriat est bas, le processus cumulatif ne peut s'enclencher, l'effet d'imitation reste faible, et peu de nouveaux entrepreneurs apparaissent chaque année sur le territoire considéré.

De manière générale, en dehors de configuration entrepreneuriale, l'activité mise en place par un promoteur chercheur d'emploi, confère à son auteur le statut d'employé et/ou d'employeur. L'indépendance relève du fait d'une autonomie de gestion, sans nécessité de rendre compte à des associés ou actionnaires. Les avantages retirés d'un travail indépendant est à comparer avec ceux retirés d'un emploi rémunéré (tous coûts et tous avantages confondus).

Le chapitre suivant permet de saisir une des finalités des gains retiré de l'un auto emploi. Il s'agit, le plus souvent, d'acquisition d'un statut d'emploi lorsque le promoteur provient d'une situation de chômage et aussi d'un statut de salarié (rémunération) lorsque le promoteur provient d'une situation de faiblesse de revenu. Ce sont les deux volets de l'impact de la création d'activité résumé en termes de pauvreté (lorsque le revenu se situe au dessus de la ligne de pauvreté et que le taux de croissance de son revenu se traduit par une relation positive avec la pérennité de l'activité créée) et du chômage (lorsque cette création d'activité se traduit par création d'emplois pour le promoteur et aussi pour d'autres partenaires).

CHAPITRE II. : L'AUTO EMPLOI, LE CHOMAGE ET LA PAUVRETE

Comme nous l'avons vu précédemment, le travail indépendant comme la création d'activité en auto emploi renferme plusieurs réalités : l'intervention étatique, le financement de l'activité, la problématique du revenu des indépendants. Les récentes littératures sur l'économie africaine pensent que les micro- entreprises sont incontournables dans le processus de croissance, du développement et la promotion de l'esprit d'entreprise. Outre la dynamique entrepreneuriale, plusieurs auteurs pensent que la création d'emploi devrait avoir pour objectif opérationnel et pratique la lutte contre la pauvreté. Par ailleurs BABISSAKANA28(*) pense que « toute stratégie de réduction de la pauvreté monétaire excluant l'emploi et le marché du travail est par nature vouée à l'échec » et, qu'au niveau macro économique, deux facteurs importants jouent directement sur la création d'emplois : l'employabilité et l'entrepreneuriabilité. Ces deux facteurs sont déterminés par la qualification qui elle dépend de la qualité et de l'adéquation de l'éducation et de la formation. C'est aussi l'avis du Bureau International du Travail (BIT)29(*) qui pense que de manière générale, tant l'emploi rémunéré que l'emploi indépendant contribue à assurer un revenu et à réduire ainsi la pauvreté s'ils permettent :

-de passer du chômage à l'emploi ;

-d'accroître l'ensemble des salaires et prestations versés aux travailleurs pauvres ;

-d'augmenter les revenus tirés de l'emploi indépendant ;

-de passer d'une façon plus générale et à plus long terme, dans une économie donnée, d'un emploi moins rémunéré dans le secteur informel à un emploi mieux rémunéré et mieux protégé dans le secteur formel.

Si de manière générale l'on considère la promotion de l'emploi indépendant comme moyen de réduire le chômage, l'efficacité des mesures d'incitation à la création d'activité s'apprécierait à travers la pérennité des activités créées.30(*) Le taux de survie des activités créées est un aspect fondamental à considérer. Il semble être très lié à la rigueur avec laquelle le projet d'entreprise est jugé. En Allemagne, par exemple, où l'on est particulièrement rigoureux dans l'évaluation du projet d'entreprise, une étude réalisée par l'Institut für Arbeitsmarkt und Berufsforschung portant sur un échantillon d'entreprises créées depuis 1994 par des chômeurs ayant bénéficié de l'allocation relais montre que, trois ans après avoir bénéficié du dispositif, 70 pour cent des bénéficiaires sont toujours travailleurs indépendants et, en moyenne, chaque bénéficiaire a embauché un salarié. Les résultats observés aux Pays-Bas sont très semblables (OCDE, 2000). Le taux de survie s'interprète comme la durée pendant laquelle la personne est occupée ou a un emploi effectif (qui est l'activité). Une autre interprétation du taux de survie, c'est la durée pendant laquelle la personne jouit de son autonomie financière, étant entendu que la raison d'être principale des programmes d'aide au travail indépendant destiné aux chômeurs est économique. Ces programmes veulent faire passer le participant d'un état de dépendance financière (à l'endroit de l'assurance- chômage ou de l'aide sociale) à un état d'autonomie financière. Avant d'arriver à ce problème qui constituera notre objet dans la partie pratique d'analyse d'activités créées par le Fonds national de l'Emploi au Cameroun, appréhendons d'abord la problématique de la lutte contre le chômage à travers « l'employabilité » (ou le salariat) et « l'entrepreneurabilité » (emploi indépendant ou autre). L'employabilité tant qu'il est un moyen de réduire le taux de chômage pose trois problèmes principaux à savoir :

-la rigidité du marché de l'emploi où la vitesse de rotation d'un poste à l'autre ou d'un emploi à l'autre est très réduite.

-L'employabilité fait aussi problème à travers la notion de travailleurs pauvres élaborée par le Bureau International de travail, ceux qui n'ont pas assez de revenu quel que soit leur emploi.

-L'employabilité touche aussi la difficulté de l'emploi décent, un autre concept usuel au Bureau International du Travail selon lequel, il ne suffirait pas de créer des emplois, mais encore faut-il que ces emplois soient décents et capables d'assurer un minimum de sécurité au personnel employé.

L'entrepreneurabilité quant à elle, n'est pas aussi évidente en Afrique (en générale) et au Cameroun (en particulier) où des réelles difficultés s'observent à travers la lourdeur administrative lorsqu'il faut créer une entreprise, la difficulté d'accès au crédit, malgré la surliquidité des banques commerciales (on peut aussi évoquer l'absence de marché financier), les contraintes fiscales, la culture ou l'esprit d'entreprise, etc.

Section 1 : L'employabilité et ses difficultés

I. Théorie du chômage et le fonctionnement marché du travail

Les néoclassiques considèrent le travail comme une marchandise homogène. On parle de marché de l'emploi lorsque d'un côté, un travailleur (les ménages en général) se présente sur le marché du travail pour offrir sa main d'oeuvre. Il se comporte donc comme un vendeur. Evidemment, plus le salaire offert pour un emploi donné est élevé, plus les candidats sont nombreux et inversement. De plus, un individu n'accepte que l'emploi qu'il estime le plus avantageux à ses yeux, c'est-à-dire, celui qui offre la rémunération la plus élevée au regard des attraits et difficultés du poste. A l'inverse, un employeur (les entreprises en général) se présente sur le marché du travail pour se procurer de la main-d'oeuvre, et se comporte donc comme un acheteur. Ainsi, l'employeur n'accepte d'embaucher un travailleur que s'il rapporte (tous apports confondus) plus qu'il ne coûte (tous coûts confondus). Selon la même logique, un employeur ne consent à des hausses de salaires ou des avantages sociaux supplémentaires qu'à condition que la productivité des travailleurs soit suffisante pour justifier des coûts additionnels. Sur ce marché se confrontent une offre et une demande de travail, qui sont une fonction respectivement croissante et décroissante du salaire réel. Le déséquilibre sur ce marché porte le nom de « chômage. »

De manière générale et de façon mécanique, le chômage indique le nombre d'individus (en âge de travailler) n'ayant pas d'emploi à un moment donné. Pour le Bureau International de Travail (BIT), un chômeur est une personne sans emploi n'ayant pas travaillé (ne serait-ce qu'une heure) lors de la semaine précédent l'enquête, n'ayant pas recherché un emploi au cours du mois précédant l'enquête, mais qui est disponible pour travailler. Les chômeurs au sens du BIT (« actifs inoccupés ») comprennent toutes les personnes ayant atteint l'âge de 15 ans, qui au cours de la période de référence étaient à la fois :

* « sans travail », c'est-à-dire, n'étaient pourvues ni d'un emploi salarié ni d'un emploi non-salarié, comme défini ci- avant ;

*« disponibles pour travailler » dans un emploi salarié ou non salarié durant la période de référence ;

*« à la recherche d'un emploi », c'est-à-dire, qui avaient pris des dispositions spécifiques au cours d'une période récente spécifiée pour chercher un emploi salarié ou un emploi non salarié.

Ces dispositions spécifiques peuvent inclure :

*l'inscription à un bureau de placement public ou privé ;

*la candidature auprès d'employeurs ;

*les démarches sur les lieux de travail, dans les fermes ou à la porte des usines, sur les marchés ou dans les autres endroits où sont traditionnellement recrutés les travailleurs ;

*l'insertion ou la réponse à des annonces dans les journaux ;

*les recherches par relations personnelles ;

*la recherche de terrain, d'immeubles, de machines ou d'équipement pour créer une entreprise personnelle ;

*les démarches pour obtenir des ressources financières, des permis et licences, etc.

Deux théories s'opposent quant à l'origine du chômage dans une économie : la théorie libérale estime que « le chômage est volontaire » et la théorie keynésienne selon laquelle « le chômage est involontaire. » Selon la théorie libérale, lorsque le marché fonctionne convenablement, le salaire est parfaitement flexible et permet d'égaliser l'offre à la demande de travail. Une offre supérieure à la demande conduit à une baisse du salaire, et une demande supérieure à l'offre à une augmentation, cela jusqu'à égalité entre les deux. Sauf un certain taux de chômage frictionnel ou chômage d'équilibre, mis en évidence par William H. Beveridge, résultant de la mobilité du travail et du laps de temps nécessaire pour retrouver un nouvel emploi après avoir quitté le précédent, ou un taux de chômage naturel résultant de l'inadaptation de certains individus (Friedman), le chômage, selon cette théorie est volontaire et s'explique par un refus individuel ou collectif d'accepter de travailler au salaire d'équilibre.

Par ailleurs, les prolongements néolibéraux conviennent que l'Etat serait à l'origine du chômage par ses interventions qui nuisent au fonctionnement du marché. Ainsi Friedman et Rueff pensent que l'allocation de chômage perturbe le calcul rationnel des individus. Chez les Keynésiens, par contre, le chômage n'est pas un phénomène « microéconomique » et « volontaire. » Selon Keynes, l'équilibre partiel existe, mais il n'y a aucune raison pour que les seules forces du marché y parviennent puisque offre et demande de travail résultent de variables différentes (salaire nominal pour l'offre de travail et salaire réel pour la demande de travail). Le niveau d'emploi n'est pas fixé sur le marché du travail, il résulte directement du niveau global de la production, qui lui-même résulte du niveau de la demande effective, c'est-à-dire, de la demande anticipée par les entreprises.

Quelle que soit la théorie sur l'origine du chômage, des spécialistes convergent aujourd'hui pour admettre qu'il faut rendre le marché du travail flexible (minimiser les conditions et les coûts d'entrée et de sortie). Pour que le marché de travail soit qualifié de flexible, il doit donc fonctionner librement et pouvoir s'adapter aux chocs conjoncturels et à un environnement économique en perpétuelle évolution. La flexibilité du marché du travail désigne la facilité avec laquelle les travailleurs et les employeurs peuvent négocier des contrats de travail mutuellement avantageux. Selon Joseph Stiglitz (1974), la rotation de la main-d'oeuvre (le turn-over) a en effet un coût non négligeable pour l'entreprise : un coût de licenciement (surtout si des primes de licenciement sont prévues), un coût d'embauche (par exemple l'utilisation d'un cabinet de recrutement), un coût de formation et un coût d'adaptation (les nouveaux embauchés sont moins productifs que les anciens). Ces nouveaux coûts peuvent inciter les entreprises à rémunérer leurs salariés au-dessus du salaire du marché (et donc du salaire d'équilibre) afin de fidéliser leur main-d'oeuvre.

La dynamique de l'emploi indépendant (auto -emploi) vient en quelque sorte révolutionner cette vision du marché de travail. Ce n'est plus le rapport traditionnel entre un employé et un employeur qui compte, mais plutôt la « dimension réflexive » où l'employé et l'employeur constituent une même personne physique. Il y a donc un passage d'une relation « commutative » où l'employeur est en relation avec son employé à travers le contrat de travail vers une relation « réflexive » où le travailleur indépendant est son propre employeur. C'est sans doute ce qui a fait dire à Diane- Gabrielle Trembaly, dans le contexte du Canada, en s'interrogeant sur « comment le chômage et la sécurité doivent être définis dans le nouveau contexte, puisque le taux de chômage ne mesure pas correctement l'offre de travail réelle, ni l'insécurité. Ceci est notamment visible lorsqu'on analyse le cas du travail autonome...les catégories d'employés, de chômeurs et d'inactifs sont trop simplistes pour analyser les réalités du travail autonome, comme la diversité des statuts d'emploi (occasionnel, temporaire, temps réduit, temps partiel, etc.). Ainsi, ajoute-elle, le concept même de la population active se trouve remis en question face à la diversité des formes de travail mises en évidence par ailleurs. En effet, diverses formes de travail se multiplient et certaines sont plus reconnues que d'autres. »31(*)

A la fin des années 80, le Cameroun s'est tourné vers les bailleurs de fonds internationaux qui lui ont imposé une politique d'ajustement structurel (PAS). Ces politiques, en visant une réduction importante des dépenses budgétaires publiques, ont entraîné l'arrêt progressif des projets d'investissement en cours, une forte rationalisation du personnel de la fonction publique et ont impulsé un mouvement de privatisation. Elle a profondément affecté l'emploi, forçant le pays à passer d'une organisation où l'Etat était le principal pourvoyeur d'emplois à une organisation où le secteur privé devait en assurer la relève. Les dernières enquêtes faites par l'Institut National de Statistiques au Cameroun montrent que l'Etat n'a pas encore repris sa fonction de premier employeur et l'informel prend de plus en plus de l'ampleur.

Tableau n°1 : Structure des emplois selon le secteur institutionnel et la catégorie socio- professionnelle par milieu de résidence au Cameroun

Secteur institutionnel Urbain Rural Cameroun

Public 10,5 2,6 4,9

Privé formel 11,8 2,0 4,7

Informel non agricole 67,4 22,5 35,2

Informel agricole 10,3 72,9 55,2

Total 100 100 100

Catégorie socio- professionnelle

Cadres 10,1 1,8 4,2

Travailleurs indépendants 45,5 55,9 53,0

Employés, ouvriers 20,3 3,2 8,0

Manoeuvres et autres 14,5 5,5 8,0

Aides familiaux 9,6 33,6 26,8

Total 100 100 100

Source : INS, enquête sur l'emploi et le secteur informel 2005, phase 1, p. 38.

Une approche plus fine de la réalité du secteur informel non agricole montre l'importance qu'y prennent les micro- entreprises (moins de six salariés) et l'auto -emplois. Ces deux catégories représentent à elle seules près de 90% des emplois informels, chacune d'elle en représentant à peu près la moitié. Les services regroupent 66% de ces emplois, dont 28% pour le commerce, 21,3% des actifs exercent par ailleurs dans un véritable local professionnel et 23% d'entre eux sont des travailleurs ambulants.32(*)

Structure général et principaux indicateurs de la population active

De manière générale, la population d'un pays est répartie en trois groupes tenant compte de l'âge : personne ayant moins de 15 ans (supposées non actives et entièrement dépendantes des personnes adultes, souvent un parent), les personnes ayant leurs âge entre 15 et 65 ans (considérées comme personne en âge de travailler ou personne active) et les personnes ayant dépassé les 65 ans (âge de la retraite). Les chercheurs d'emplois se trouvent dans la deuxième catégorie et le taux de chômage mesure souvent la part des personnes actives qui n'ont pas d'emplois. Par expérience et selon des études, la relation entre pauvreté et âge prend généralement la forme d'une courbe en « U » qui indique que la pauvreté a tendance à être plus élevée entre les deux bouts de l'espérance de vie (0 à 25 ans et à partir de 60-65 ans). La recherche de l'emploi quant à elle suit une courbe « U » renversée. Nous verrons par la suite la catégorie d'âge à laquelle appartiennent les promoteurs d'activité d'auto emploi du Fonds National de l'emploi. La structure générale de la population active se schématise de la manière suivante :

Figure n°6 : Structure générale et principaux indicateurs de la population active

Source : Auteur, au moyen des diverses littératures sur le marché de l'emploi.

II. Rigidité du marché de l'emploi et insuffisance d'emploi formel

En plus d'un marché de l'emploi tourné en majorité (plus de 90%) vers le secteur informel, la rigidité du marché de l'emploi constitue aussi un des dysfonctionnements du marché de l'emploi au Cameroun. Cette rigidité s'apprécie à travers des indicateurs comme le coût du recrutement, le coût du licenciement et l'indice de rigidité de l'emploi. Dans un document33(*) qu'ils publient chaque année, la Banque Mondiale et l'International Finance Corporation définissent ces indicateurs comme suit :

*le coût du recrutement : cet indicateur mesure toutes les prestations sociales notamment le fonds de pension, l'assurance maladie, l'assurance maternité, les accidents de travail, les allocations familiales et autres contributions obligatoires ainsi que les charges salariales liées à l'embauche d'un employé.

*le coût du licenciement : cet indicateur mesure le coût des exigences en matière de préavis au licenciement, des indemnités de licenciement et des amendes dues en cas de licenciement pour sureffectif. Ces charges peuvent conduire les entreprises à maintenir ses anciens effectifs. Les effets sont négatifs sur les jeunes qui doivent intégrer le milieu professionnel où la saturation des postes conduit au chômage de ces derniers. Les licenciements ont un coût, non seulement pour l'individu, mais aussi pour la société et, tant du point de vue de l'efficience économique que du bien-être social, il est important que chacune des parties concernées, et notamment les entreprises, ait conscience de ce coût. Ainsi, l'emploi qui est improductif aux yeux d'un employeur peut néanmoins avoir une valeur pour la société. Autrement dit, livrées à elles-mêmes, les forces du marché peuvent conduire à un excès de licenciements par rapport à ce qui serait souhaitable du point de vue du bien-être collectif.34(*)

* L'indice de rigidité de l'emploi est la moyenne de trois sous- indices : l'indice de difficulté à recruter, l'indice de rigidité des horaires et l'indice de difficulté à licencier. Chacun de ces sous- indices se compose de plusieurs éléments et est affecté d'une valeur entre 0 et 100 ; plus la valeur est élevée, plus la réglementation est rigide. Le tableau suivant présente la situation du Cameroun en 2006 comparativement aux pays de la CEMAC.

Tableau n°2 : Indicateurs du marché de travail dans la CEMAC.

Economie

Embauche des travailleurs

Classement sur 175 pays

Indice de difficulté d'embauche

Indice de rigidité

des horaires

Indice de difficulté de licenciement

Indice de rigidité

de l'emploi

Coût des avantages extra-

salariaux (% du salaire)

Coût de licenciement

(salaire hebdomadaire)

 

 

 

 

 

 

 

 

Cameroun

135

28

60

80

56

16,2

32,5

Gabon

159

17

80

80

59

20,1

43,3

Guinée équatoriale

172

67

60

70

66

23

132,9

République centrafricaine

160

89

80

50

73

17,8

21,7

Tchad

148

39

60

80

60

21,2

35,8

République du Congo

163

78

60

70

69

28,8

41,2

Source: Doing Business in 2006, Creating Jobs, The International Bank or Reconstruction and Development/ The World Bank, 2006, p.117.

Partant de ces indicateurs, on peut dire que le marché du travail au Cameroun est très rigide. Le coût de licenciement (32,5 semaines de salaire soit environ 8 mois de salaire) étant supérieur au coût d'embauche (16,3% du salaire), on peut percevoir les difficultés qu'éprouvent les entreprises au nouveau recrutement et au licenciement du personnel d'un certain âge. Cette rigidité est une des raisons qui limitent la chance des jeunes à intégrer le milieu professionnel immédiatement après leur carrière universitaire ou scolaire. De façon générale, le Cameroun partage cette rigidité avec l'ensemble des pays de la CEMAC qui selon ce classement de la Banque Mondiale occupe les dernières places sur 175 pays concernés par cette étude : Gabon (159), RCA (160), Tchad (148), République du Congo (163) et Guinée Equatoriale (172).

III. Travailleurs pauvres

En plus de la rigidité du marché de l'emploi où le taux de rotation de la main-d'oeuvre est faible pour les pays de la CEMAC en général et le Cameroun en particulier, on parle de plus en plus, des travailleurs pauvres. Ces derniers ont des rémunérations qui ne suffisent pas pour s'affranchir de la pauvreté. Le BIT35(*) a élaboré le concept de travailleurs pauvres pour désigner les personnes qui travaillent, mais ne gagnent pas assez pour vivre et faire vivre leur famille au-dessus du seuil de pauvreté de 1 ou 2 dollars par jour.36(*) Il est important, selon le rapport du BIT, de noter que, par définition, les personnes dans la catégorie des travailleurs pauvres sont uniquement celles qui ne peuvent se hisser, elles-mêmes et leur famille, au-dessus du seuil de pauvreté. Cela signifie qu'un travailleur gagnant 50 cents (la moitié du dollar) par jour ne serait pas considéré comme un travailleur pauvre si un membre de sa famille gagne suffisamment pour permettre à chaque membre de la famille de vivre avec plus d'un dollar par jour. Inversement, quelqu'un qui gagnerait par exemple 5 dollars par jour mais dont la famille se composerait de dix personnes (dont neuf sans travail) serait classé parmi les travailleurs pauvres puisque chaque membre de sa famille aurait moins de 1 dollar par jour pour vivre.

Selon l'enquête faite sur l'emploi et le secteur informel au Cameroun 2005, « dans l'ensemble, sept travailleurs camerounais sur dix tirent de l'exercice de leur activité principale moins du salaire minimum fixé à 23 500 FCF, 15% des travailleurs gagnent entre le salaire minimum et le double et 8,3% entre le double et le quadruple. Seulement 14,3% des travailleurs gagnent plus de 50 000 FCFA et 6% plus de 100 000 FCFA. »37(*) Une urgence s'impose pour les Etats d'améliorer le revenu de travailleur dans le cadre des objectifs du millénaire.

De toutes les deux options (celle d'un chercheur d'emploi ou celle d'un employeur), l'enjeu évident pour l'individu qui recherche un emploi c'est la lutte contre la pauvreté. L'emploi est l'outil principal de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale. « Ainsi, il apparaît clairement que le principal facteur, ou la porte centrale d'insertion sociale et de la réduction de la pauvreté est l'accès à l'emploi. L'emploi permet de disposer d'un revenu comme contrepartie de la participation à la création de richesse, lequel revenu ouvre les portes d'accès au logement, à l'éducation, aux soins de santé, au crédit, etc. Il est à noter que l'éducation orientée avec rigueur et pertinence joue un rôle déterminant pour l'accès à l'emploi.»38(*) 

IV. Travail décent

L'expression de travail décent reflète une aspiration universelle à savoir l'espoir de tout un chacun d'accéder à un travail productif dans des conditions de liberté, d'équité, de sécurité et de dignité humaine. L'expression découle des travaux du Bureau international du travail depuis son rapport à la 87ème session de la Conférence internationale du Travail en 1999.39(*) Dans des contextes d'insuffisances d'emploi formel, comme au Cameroun, la question du travail décent est d'actualité. Dans une perspective d'auto emploi, il serait nécessaire de se demander si les emplois créés sont décents, c'est- à -dire, pouvant permettre au promoteur de l'activité et de ses collaborateurs de renforcer la position des travailleurs à travers le dialogue social et une meilleure représentation des travailleurs devant les pouvoirs publics, d'accéder à la protection sociale à travers les caisses de prévoyance et l'assurance santé, d'avoir un salaire digne au dessus de la ligne de pauvreté. Bref, c'est la promotion des droits du travailleur, puisque laissés à eux-mêmes, les employeurs peuvent procéder aux abus (licenciement abusif et sous rémunération du personnel, etc.).

L'option pour un travail rémunéré a des avantages et des limites que nous avons énumérés précédemment. Certains avantages restent la socialisation avec d'autres travailleurs, la rémunération certaine d'une somme fixe et régulier, l'acquisition d'une expérience professionnelle. Ses limites sont des appels aux pouvoirs publics afin de limiter des abus potentiels. Dans un contexte, où plus de 90% d'emplois proviennent de l'informel, l'appel aux pouvoirs publics est de savoir comment rendre le travail informel décent ou comment permettre la formalisation du travail informel, mais surtout comment créer plus d'emplois formels ? Une autre voie pour réduire le chômage dans un pays est la promotion de l'entrepreneuriat. L'entrepreneuriat procure de l'emploi, d'abord au promoteur de l'entreprise, mais aussi au reste de ses collaborateurs. Toutefois, cette option possède aussi des limites en Afrique et particulièrement au Cameroun.

Section 2 : L'entrepreneurabilité et ses contraintes

L'entrepreneurabilité est l'autre moyen de réduire le chômage au niveau macro économique. Les contraintes relatives à la formation des sociétés et à la création d'entreprise de manière formelle sont des freins à la promotion de l'esprit d'entreprise et d'initiative. La création d'activités tout comme la création d'entreprises ne sont pas évidentes, car l'esprit d'entreprise repose toujours sur la conjonction d'un environnement institutionnel favorable, de programmes publics bien conçus et de facteurs culturels propices. Ces contraintes peuvent être de plusieurs ordres dont les principales s'expriment tel qu'il suit :

I. Les contraintes administratives

L'administration est un acteur important dans la création formelle d'une société. On estime que si des personnes se lancent dans l'activité d'auto emploi de façon informelle, c'est parce que l'administration ne leur allège pas la tâche. Dans un ouvrage co-édité par la Banque Mondiale et la « International Finance Corporation », on recense les procédures, le temps et les coûts associés à la création d'une société à responsabilité limitée dans 175 pays du monde. L'échantillon comprend 22 pays de l'OCDE, 28 pays d'Europe et d'Asie Centrale, 45 pays d'Afrique, 8 pays d'Asie du Sud, 31 pays d'Amérique Latine, 17 pays du Moyen Orient et d'Afrique du Nord, ainsi que 24 pays d'Asie de l'Est et du Pacifique.

Les indices examinent les coûts réglementaires liés à l'activité d'entreprise et peuvent être utilisés pour analyser des réglementations spécifiques, favorables ou non à l'activité commerciale, à l'investissement, à la productivité, et à la croissance. Ainsi, les pays sont classés selon qu'il y est facile ou pas d'y entreprendre une activité commerciale. Nous retiendrons comme indices d'appréciation de la rigidité ou de la flexibilité administrative : a) la procédure ; b) le délai ; c) le coût ; d) le versement obligatoire d'un montant minimum de capital.

1.1.1. Les procédures : Nous entendons par procédures toute interaction entre le fondateur de la société et les parties extérieures (organismes publics, avocats, commissaires aux comptes, notaires). Les interactions entre le fondateur ou un représentant de la société et le personnel ne sont pas considérées comme des procédures distinctes. Les procédures officielles requises avant et après la constitution pour un entrepreneur qui souhaite exploiter officiellement une entreprise sont enregistrées. Seules les procédures obligatoires pour toutes les entreprises sont concernées. Les procédures spécifiques à certains secteurs d'activité sont exclues.

1.1.2. Le délai : Les délais sont mesurés en jours calendaires. La mesure correspond à la durée médiane nécessaire pour accomplir une procédure, selon les juristes spécialisés dans la constitution de société. On suppose que la durée minimale requise pour chaque procédure est d'un jour. Les procédures peuvent être accomplies simultanément, mais elles ne peuvent pas être initiées le même jour. Une procédure est considérée accomplie une fois que l'entreprise a reçu le document final, à savoir le certificat d'enregistrement de l'entreprise ou le numéro fiscal. On suppose que l'entrepreneur connaît depuis le début tous les règlements d'entrée et l'ordre dans lequel ceux-ci doivent être observés, mais n'a eu de contact préalable avec aucun des représentants officiels.

1.1.3. Le coût : Le coût est exprimé en pourcentage du revenu par habitant du pays, Seuls les coûts officiels sont recensés. Le calcul des coûts est basé sur le droit des sociétés, le code de commerce, ainsi que des règlements et des barèmes tarifaires spécifiques. Le coût ne comporte aucun « pot-de-vin. »

1.1.4. Versement obligatoire d'un montant minimum de capital

L'obligation de verser un capital minimum correspond à la somme que l'entrepreneur doit déposer dans une banque avant d'entamer la procédure d'enregistrement de l'entreprise ; le montant est enregistré sous forme de pourcentage du revenu par habitant du pays. En général, ce montant est fixé par le code du commerce ou le droit des sociétés. Plusieurs pays requièrent un capital minimum mais permettent aux entreprises de n'en verser qu'une partie avant l'enregistrement, le reste devant d'être versé après la première année d'activité. Par exemple, en mars 2006 au Mozambique, le capital minimum requis pour les sociétés à responsabilité limitée était de 1 500 000 meticais (équivalent de 27 000 FCFA), dont la moitié était payable avant l'enregistrement de l'entreprise. Le montant minimum de capital enregistré pour le Mozambique est donc de 750 000 (équivalent de 13 000 FCFA), soit 10% du revenu par habitant.

Ces indices mis en place par la Banque Mondiale permettent d'apprécier les pays selon la facilité à y entreprendre une activité commerciale.

Tableau n°3 : Conditions de création d'entreprise dans la CEMAC.

Economie

Création d'entreprise

Classement

Procédures (nombres)

Durée (jours)

Coût (% du revenu par hab,)

Capital min, (% du revenue par hab,)

Cameroun

152

12

37

152,2

187,3

Gabon

142

10

60

162,8

36,1

Guinée équatoriale

162

20

136

100,7

13,1

République centrafricaine

132

10

14

209,3

554,6

Tchad

174

19

75

226,1

414,1

République du Congo

146

8

71

214,8

192,4

Source: The World Bank, Doing Business in 2006, Creating Jobs, p.117.

Tableau n°4: Conditions d'octroi de licences dans la CEMAC

Economie

Octroi de licences

Classement

Procédures (nombres)

Durée (jours)

Coût (% du revenu par hab,)

Cameroun

151

15

444

1 165,6

Gabon

54

13

268

45,3

Guinée équatoriale

96

19

156

364,9

République centrafricaine

148

21

245

301

Tchad

114

16

199

1 139,1

République du Congo

95

15

175

1 243,0

Source: The World Bank, Doing Business in 2006, Creating Jobs, p.117.

De manière générale, les pays de la CEMAC occupent les derniers rangs en terme de facilité de création d'entreprises. En terme de nombre moyen des procédures, ils représentent le double (14,2) de celui des pays de l'OCDE (avec seulement 6,2). Par rapport au cas idéal qui est le Canada dont les procédures ont été réduites à 2 en 2006. La création d'entreprise se caractérise donc par l'inadéquation en termes de temps de réponse entre l'urgence des besoins de l'entrepreneur et la longueur des délais d'obtention d'exécution des formalités administratives. Des reformes sont nécessaires dans ce sens afin de permettre un dynamisme économique et la liberté d'entreprendre. Avec l'avancé des nouvelles technologies de l'information et de communication (TIC), la Serbie et Montegro40(*), deuxième classement mondial en terme de réforme administrative en matière de création d'entreprise, permet aux entrepreneurs d'enregistrer leurs sociétés par Internet. Si aucune réponse n'est donnée au bout de 5 jours, le « silence est interprété comme approbation tacite.» Ce pays est allé jusqu'à réduire le capital minimum nécessaire de 5 000 Euros à 500. Tout compte fait, les procédures ont été réduites de 51 à 15 jours.

Les contraintes administratives ont pour effets négatifs de forcer les entrepreneurs à agir dans informel, c'est -à - dire, les conditions où les affaires ne paient aucune taxe et où la protection sociale n'est pas garantie. Par conséquent, les produits n'obéissent à aucune norme de qualité, les affaires ne peuvent pas obtenir de crédit bancaire ou recourir à la justice pour résoudre les contentieux.

Les chiffres des tableaux précédents sont établis ceteris paribus en supposant par exemple pour les procédures administratives qu'il n'y a pas des mesures spécifiques ou des avantages relatifs à la corruption. Selon NJAYA et NGONGANG41(*), on peut ajouter sur la liste des difficultés administratives, la complexité des circuits administratifs, la lenteur, les tracasseries et l'attitude bureaucratique. Au Cameroun, l'itinéraire à suivre en vue de la constitution d'une SARL se fait en 7 étapes identifiées par Monkam et Waladji (1990) :

1. Rédaction des statuts de la société ;

2. Authentification des statuts par le notaire ;

3. Enregistrement des statuts au bureau de l'enregistrement des timbres et de la curatelle ;

4. Immatriculation au registre de commerce au greffe du tribunal de première instance ;

5. Inscription de l'entreprise au service central d'immatriculation au fichier des entreprises ;

6. Déclaration de la société à l'inspection des impôts et adhésion à la CNPS ;

7. Publication dans le journal d'annonces légales.

Selon, le digramme suivant42(*), ce sont la première étape (certification chez un notaire), la sixième (enregistrement de la société) et la neuvième (obtention de carte de contribuable) qui prennent plus de temps.

Figure n°7 : Parcours de créateurs d'entreprise au Cameroun : procédures et durées

Source : Doing business in 2008, Cameroun, P. 15.

Ces blocages administratifs allongent les délais de démarrage des activités de l'entreprise, consomment l'énergie de l'entrepreneur au détriment de ce qui est nécessaire à la conduire du projet. Cette hostilité de l'environnement institutionnel engendre un double risque : l'abandon du projet et l'usure initiale de la volonté d'entreprendre.

II. Les contraintes financières

Les contraintes peuvent aussi être financières. En effet, les conditions des institutions financières ainsi que le montant important du capital minimum pour commencer légalement une activité sont des contraintes fortes. L'effort personnel du créateur lui-même dépend de sa propension à épargner. Or, des études43(*) montrent que le capital économisé par les salaires dépasse rarement quelques dizaines de milliers de francs. Il ressort que les fonds propres apparaissent comme une source de financement largement insuffisante.

Les contraintes financières constituent ainsi un frein à l'entreprenariat. La facilité d'accès au crédit autorise le financement des activités. Si des gens ne choisissent pas d'investir massivement, c'est en partie à cause des conditionnalités des banques qui ne sont pas à leur portée, mais aussi de l'environnement macroéconomique qui entoure les règles de crédit. Dans un environnement essentiellement informel et où la densité des banques est insuffisante, le faible taux de bancarisation constitue aussi un frein à l'accès au crédit sans omettre la culture même du crédit. Dans la CEMAC la relation entre les institutions financières et les PME à besoin de financement révèle une situation paradoxale : d'une part, il existe un secteur privé qui a un besoin de financement pour se développer et d'autre part le taux d'épargne est relativement élevé, ce qui se traduit par un secteur bancaire anormalement surliquide.

Au niveau national, après quinze années de restructuration, le système bancaire et financier est aujourd'hui constitué d'une trentaine de banques et établissements financiers auxquels on peut ajouter près de 900 établissements de micro finance (COBAC, 2003). Il présente plusieurs caractéristiques, dont la plus surprenante est sa surliquidité. En effet, la surliquidité bancaire désigne une situation de déséquilibre profond et permanent entre les ressources et les emplois d'une banque. Plus spécifiquement, elle traduit une situation où la trésorerie bancaire est en permanence largement excédentaire, en raison des facteurs autonomes (conjoncturels) et institutionnels. Cela peut provenir de l'utilisation de l'instrument de la politique monétaire qui impose aux banques commerciales la constitution des réserves obligatoires non rémunérées, ou bien des variations positives des opérations extérieures. Le tableau suivant donne pour cinq pays de la CEMAC le ratio de liquidité qui dispose que les disponibilités des établissements de crédit doivent être au moins égales à leurs exigibilités à moins d'un mois. Ainsi, toute banque dont le ratio de liquidité se situe au-dessus de 100%, peut être considérée comme étant en situation de surliquidité. Il apparaît ainsi que sur la période considérée, à l'exception du Cameroun en 1993 (46,0%) et de la RCA en 2002 (96,45%), tous les pays connaissent une situation de surliquidité.

Tableau n°5 : Ratio de liquidité des banques de la CEMAC en fin 2003 en moyenne par pays (en %)

Pays

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

Tchad

 

196,3

221,1

239,8

242,4

303,4

250,4

280,7

280,7

204,8

203,9

Guinée E.

 

249,7

265,6

283,4

229,9

186,1

212,8

143,8

272,9

262,5

284,1

Gabon

117,2

167,7

154,7

200,5

135,9

134,3

135,6

140,5

128,9

133,5

183,1

RCA

175,2

239,9

204,0

207,3

211,0

195,6

175,6

181,1

139,6

96,45

100,9

Camer.

46,0

116,4

110,9

107,9

141,5

122,0

136,7

152,7

178,8

206,2

204,0

Source : Commission Bancaire de l'Afrique Centrale, 2000. Voir aussi, CEA, Les économies de l'Afrique Centrale 2006, P, 176.

Le paradoxe est que cette surliquidité s'accompagne d'une situation de rationnement du crédit dans le financement des projets notamment en direction des PME. Le rationnement du crédit désignant la situation d'une banque qui refuse de prêter aux conditions de quantité et de taux demandés. Dans la CEMAC, ce phénomène s'est traduit par une tendance régulière à la baisse des crédits bancaires qui sont de 78% du total du bilan de l'ensemble des banques en 1993, à 58,90% en 2003. Alors qu'au cours de la même période, le solde de trésorerie des banques connaissait une forte augmentation passant de -6,18% à 21,83%, et celui des opérations avec la clientèle est lui passé de -8,70% à 22,12%.

Selon le dernier rapport44(*) de la Commission Economique pour l'Afrique, deux justifications fondamentales peuvent être avancées pour expliquer les sources de cette surliquidité. Premièrement, elle serait le résultat du rapatriement des capitaux spéculatifs qui avaient été placés hors de la zone BEAC pour se protéger contre la dévaluation, ainsi que des recettes d'exportation qui n'étaient plus domiciliées dans les banques locales. A titre d'exemple, cette fuite des capitaux avait atteint son sommet au premier semestre de l'année 1993, avec près 270 milliards de francs CFA, soit près de 15% de la masse monétaire totale de la zone. Deuxièmement, elle serait le fait de l'incertitude qui pèse sur l'environnement des affaires, qui n'est pas susceptible de réduire la perte de la banque en cas de défaillance de l'emprunteur. C'est ce qui explique que la plupart des projets ne soient pas éligibles au financement bancaire alors qu'ils présentent un potentiel économique important. Selon les offreurs de crédit, les difficultés de financement du secteur privé sont globalement liées soit au risque de réalisation de l'état défavorable de la nature (choc qui peut perturber le fonctionnement du secteur) ou bien celui du défaut de remboursement de l'emprunteur. Ces deux risques traduisent souvent l'une des formes suivantes (CEA, 2007): l'asymétrie de l'information qui apparaît dans la difficulté de déterminer le risque des projets proposés à partir des données comptables, l'insuffisance de sûretés réelles pour garantir les prêts et réduire la probabilité de défaut de l'emprunteur liée au risque d'aléa moral, des dysfonctionnements des procédures de recouvrement et la faiblesse des fonds propres qui ne sont pas en mesure de participer financièrement même à un faible niveau au financement de leurs propres projets.

III. Les contraintes fiscales 

Les contraintes sont aussi d'ordre fiscal. La fiscalité peut être incitative ou dissuasive de la promotion d'emploi indépendant. Laffer45(*) a établi une corrélation entre le taux d'imposition et les recettes fiscales, une relation à optimiser pour maximiser les recettes fiscales sans nuire à l'entreprise. Les analystes du secteur informel pensent que la rigidité fiscale contribue à la promotion du travail au noir. La propension à l'informel en Afrique ainsi que le phénomène des « faux indépendants » dans les pays de l'OCDE sont des illustrations de la propension à l'évasion fiscale : « Hormis l'Allemagne, le Canada et le Royaume-Uni, on a constaté à différents moments, dans plusieurs pays, un accroissement du nombre de travailleurs indépendants qui travaillent pour un seul donneur d'ouvrage, et pour lesquels le statut d'indépendant n'est peut-être guère plus qu'un moyen de réduire la fiscalité totale supportée par l'entreprise et par le travailleur.46(*)» La fiscalité, malgré le fait qu'il soit un outil de souveraineté de l'Etat, de l'amélioration de ses revenus et de la justice sociale, se conçoit souvent comme source de pauvreté et limite d'entreprenariat. Un conflit existe entre le pouvoir public et les redevables (contribuables) : l'opinion voudrait, collectivement, plus de services publics et moins de taxes, pourtant les premiers ne vont sans les secondes. Le souci est de trouver une fiscalisation optimale répondant à la fois aux aspirations de l'Etat, sans décourager les entrepreneurs, des petits comme des grands. Pour avoir une visibilité sur les conditions fiscales dans 175 pays du monde, la Banque Mondiale a établi certains indicateurs dont nous souhaitons montrer la situation du Cameroun aux côtés des pays de la CEMAC. Ces indicateurs prennent en compte l'indicateur de paiement des taxes et impôts qui reflètent le nombre total de taxes et d'impôts payés, la méthode de paiement et le nombre d'organismes concernés dans cette étude normalisée de cas au cours de la seconde année d'exercice. Il comprend les paiements de taxes à la consommation, telles que la taxe à la vente et la TVA, effectués par la société. Il s'agit de taxes habituellement prélevées pour le compte du consommateur.

Les délais : ils sont recensés en heures par exercice. L'indicateur évalue le temps nécessaire pour préparer, déclarer et payer (ou prélever) trois impôts ou taxes parmi les plus importants : l'impôt sur le revenu des sociétés, la taxe à la valeur ajoutée ou taxe à la vente, les charges patronales, dont la cotisation salariale, et les contributions sociales. Le temps de préparation comprend le temps nécessaire à la collecte de l'ensemble des informations indispensables au calcul des taxes ou impôts à payer. Le délai de l'impôt comprend le temps nécessaire pour remplir l'ensemble des déclarations fiscales et effectuer tous les calculs, Si les taxes ou impôts sont payés en personne, le délai comprend les temps d'attente.

Taux d'imposition total : le taux d'imposition total évalue le montant des taxes et impôts dont l'entreprise doit s'acquitter au cours de la seconde année d'exercice, exprimé sous forme de part des bénéfices d'activité. Le document Doing business in 2006 indique les taux d'imposition de l'exercice 2005. Le montant total des taxes et impôts à payer, déduction faite des exonérations et dégrèvements. Les taxes et impôts inclus sont divisés en cinq catégories : impôt sur les bénéfices ou sur le revenu des sociétés, cotisations sociales, et autres charges patronales payées par l'employeur, impôts fonciers, impôt sur le chiffre d'affaires et autres taxes limitées (telle que les redevances municipales et les taxes sur le carburant). Le terme « bénéfice commercial » désigne le chiffre d'affaires de la société moins le prix de revient des marchandises, les salaires bruts, les charges administratives, les autres charges déductibles, les réserves déductibles, plus les plus-values (de cession de biens fonciers), moins les charges d'intérêt, plus le revenu d'intérêt, et moins la dépréciation commerciale. Pour calculer la dépréciation commerciale, la méthode de la dépréciation linéaire est utilisée sur la base des taux suivants : 0% pour le terrain, 5% pour les bâtiments, 10% pour les machines, 33% pour le matériel informatique, 20% pour les équipements de bureau, 20% pour le camion et 10% pour les charges de développement de la société.

Tableau n°7 : Charges fiscales dans la CEMAC

Economie

Paiements des impôts

Classement

Payement

(nombre)

Dure

(Heure)

Impôt sur les profits (% profits)

Import et charges

sociales (% profit)

Autres Taxes

(% profit)

Taux d'imposition totale

(en pourcentage des bénéfices)

 

 

 

 

 

 

 

 

Cameroun

143

39

1 300

22,1

18,8

5,3

46,2

Gabon

94

27

272

25

23,3

0

48,3

Guinée équatoriale

137

48

212

17,5

26,1

18,8

62,4

République centrafricaine

171

54

504

181,7

8,3

19,4

209,5

Tchad

132

65

122

32,2

24,6

11,5

68,2

République du Congo

170

94

576

22,8

34,1

0,5

57,3

Source : Doing business in 2006.

D'après ce tableau, les pays de la CEMAC occupent les derniers rangs. La particularité du Cameroun est sa durée de paiement qui est au dessus des autres pays de la CEMAC (1300 heures soit 55 jours environs pour préparer, déclarer et payer l'impôt). Cette durée est la traduction de la lenteur administrative que nous avons déjà évoquée. Le nombre de taxes à payer et le taux d'imposition total sont aussi excessifs, respectivement 39 impôts et taxes et 46,2% d'impôt sur les bénéfices.

IV. Contraintes culturelles

La culture est un critère très déterminant quant à l'encouragement ou au découragement de l'esprit d'entreprise. Aujourd'hui, on évoque l'idée d'une certaine « culture d'entreprise. » Difficile à définir, la culture d'entreprise moderne peut se résumer à travers le souci de rechercher le bénéfice (maximisation de profit), l'accumulation du capital dans une perspective d'un investissement productif, la culture documentaire permettant la transparence et le compte rendu des états financiers en vue d'un meilleur suivi. Cette manière de définir la « culture d'entreprise » se heurte, en Afrique, aux considérations et pressions sociales limitant l'achèvement des objectifs de maximisation. Les notions de « pluralité de rationalité » et de «limite de rationalité » sont encore objets de recherche47(*), puisque le domaine de la rationalité des agents économiques possède des limites. Les deux limites importantes sont la pluralité des rationalités et la limite même de la rationalité. Le fait que la rationalité soit plurielle permet de valoriser la manière d'agir des cultures autres qu'occidentales, réputées d'être rationnelles. La limite de rationalité tient compte des limites physiques et du caractère fini de la condition humaine qui l'empêcherait d'avoir de l'emprise sur toute chose. En invoquant un des freins à l'esprit de l'entreprise en Afrique, Alioune Sall parle de la prédominance des systèmes lignagères comme mode de production ayant comme conséquences « un caractère commun : la minimisation du risque y est préférée à la maximisation du profit ou de la productivité. La recherche de la minimisation du risque inspire les décisions de migrer, elle conduit surtout à investir dans les liens sociaux, à les diversifier et à les privilégier par rapport à l'accumulation du capital...Ainsi l'investissement dans le lien social amène-t-il à donner aux solidarités intra et intergénérationnelles un rôle clé dans la société.48(*)» La conséquence de ce choix est que ces systèmes de production minimisent autant que faire se peut l'investissement physique et économique. La culture documentaire quant à elle évoque les notions de gestion où règne le souci de transparence et de communication des états financiers pertinents, parfois une des conditions pour bénéficier d'un crédit auprès des établissements de crédit.

Nous avons essayé de parcourir un certains nombres de contraintes auxquelles sont exposés les promoteurs d'entreprise dans notre environnement. Ces contraintes justifient les limites d'entreprendre et de promouvoir de manière générale l'esprit d'entreprise. Elles peuvent justifier aussi le refuge du dynamisme entrepreneurial dans l'informel et dans les micros entreprises.

Section 3 : L'impact d'auto emploi sur l'autonomie financière des promoteurs

I. Constat sur la sortie de la pauvreté par l'auto emploi

Selon une étude faite par la Banque Mondiale intitulée « la parole est aux pauvres » montre que (Creating Jobs : an overview, 2006), la vaste majorité de population qui échappe de la pauvreté y arrive soit en travaillant comme indépendant (start once own business), environ 60% (homme comme femme), soit en travaillant dans une activité existante (finding work in an existing firm), environ 50%. Cet aperçu est livré par diagramme suivant :

Figure n°8° : Commencer une activité est moyen principal de sortir de la pauvreté

Source: Doing business in 2006, P. 5. Voir aussi dans les débats économiques du Cameroun, P.58.

Cette enquête a été menée auprès de 60 000 hommes et femmes de 60 pays pauvres et a mis l'accent sur le renforcement des moyens d'action de ces gens (pour qu'ils puissent maîtriser les facteurs qui influent sur eux) et leur sécurité (c'est- à -dire leur capacité de subvenir durablement à leurs besoins). Nous l'avons déjà souligné que l'activité créée par un promoteur lui confère un statut d'employé. De la même manière le promoteur tire de son activité l'essentiel de son revenu. Il va s'en dire que la pérennité de l'activité est un moyen pour le promoteur de conserver ce statut d'employé, mais aussi tous les avantages qu'il retire de son activité. La pérennité se comprend alors comme la durée pendant laquelle le promoteur se maintient en tant que travailleur indépendant. Cette durée a un réel impact sur l'autonomie financière du promoteur lorsqu'il n'avait pas auparavant d'autres sources de revenu ou lorsqu'il dépendait de la solidarité familiale ou étatique.

Dans la partie pratique, nous essayons de faire un rapprochement entre la durée de vie des activités créées par le FNE et l'évolution de prélèvement des promoteurs (taux de variation annuelle du salaire). De façon générale, la pauvreté comme l'autonomie financière s'apprécie tant au niveau macro économique (relation entre la performance macroéconomique et la pauvreté) qu'au niveau micro économique (relation entre performance de l'entreprise et la création de richesse). Au niveau macro économique, la question est de savoir comment faire bénéficier les populations pauvres des fruits de la croissance. Sur le plan de la création d'activité, la réflexion est identique : comment faire passer le promoteur d'un étant de dépendance financière à un état d'autonomie financière. Ou alors comment assurer durablement cette autonomie.

II. Le concept de la pauvreté et sa mesure

La pauvreté a été le principal sujet qu'ont traité les gouvernements rassemblés en Septembre 2000 au Sommet du Millénaire.49(*) Ils se sont engagés en faveur de la Déclaration du Millénaire. Le premier objectif de développement pour le Millénaire est de réduire (de moitié) l'extrême pauvreté et la faim d'ici à 201550(*) avec comme principaux cibles la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour et la population qui souffre de la faim.

Le concept pauvreté est une notion multiforme. Il revêt un caractère social, anthropologique, économique et plus récemment Marie Thérèse MENGUE l'appréhendait au niveau du langage de la société et « des expressions qui décrivent la situation de pauvreté. »51(*) Face à l'indisponibilité des informations sur d'autres formes de pauvreté, des études économiques estiment que « la dimension monétaire capte la plus importante manifestation de la pauvreté52(*) » et se prête à une analyse plus rigoureuse. D'une manière générale, la pauvreté se mesure à travers l'évolution des indicateurs macroéconomiques notamment le taux de réduction de la pauvreté consécutifs à un taux de croissance économique (élasticité). En reconnaissant la relation entre la croissance économique et la réduction de la pauvreté, ceux qui ont préparé pour les Nations Unies les ODM estimaient que réduire de moitié la pauvreté en Afrique pour 2015 requérait que les pays parviennent à une croissance annuelle minimum moyenne de 7%.53(*)

La littérature distingue trois mesures différentes pour caractériser la pauvreté dans un pays, un groupe ou une société. Premièrement, l'incidence de la pauvreté donne la proportion des personne qui sont pauvres, c'est-à-dire ceux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, par rapport à la population totale. L'intensité ou profondeur de la pauvreté d'un groupe ou une population donnée. Cette mesure est la différence relative entre ligne de pauvreté et le revenu moyen du pauvre. La troisième mesure montre la gravité de la pauvreté. Elle est calculée en élevant au carré la distance entre le revenu effectif et la ligne de pauvreté pour chaque ménage, Cette mesure donne plus de poids aux ménages les plus pauvres. Ces trois mesures de la pauvreté s'ajoute une autre, la mesure d'inégalité représentée généralement par le coefficient de Gini. Ce coefficient mesure la concentration dans la distribution des revenus au sein d'une société. Une valeur proche de zéro signifie que les revenus sont relativement également distribués (peu d'inégalité). Les valeurs proches de 100 signifient une forte inégalité ou une situation où les revenus sont centrés entre les mains de quelques individus. Le coefficient de Gini montre donc le niveau d'équité dans la distribution des ressources au sein d'une société. Si une société bénéficie de ressources accrues -par exemple résultant de la croissance économique- cette mesure permet de prédire la part de ces ressources qui ira réellement aux pauvres pour réduire le niveau de pauvreté.

Pour bien comprendre la situation de la pauvreté dans un pays ou un groupe déterminé, les quatre mesures discutées ci- haut doivent être considérée ensemble. Ces indices de pauvreté développés par Foster, Greer et Thorbecke (1984)54(*) -FGT- ont la forme générale suivante :

, avec i= 1, ..., q

Z= ligne de pauvreté (Seuil de pauvreté) ;

Ri= revenu/dépense de la ième personne ou ménage pauvre

n= population totale

q= nombre de personne au-dessous de la ligne de pauvreté

Le paramètre reflète le degré d'aversion pour la pauvreté et peut prendre différentes valeurs

*Si =0,

P0= p/N : Ceci mesure l'incidence de la pauvreté qui est le pourcentage d'individus ou de ménages ayant un revenu inférieur au seuil de pauvreté (Incidence de la pauvreté).

*Si =1,

P1 évalue la profondeur de la pauvreté, c'est-à-dire l'éloignement par rapport au seuil de la pauvreté, Autrement dit, il s'agit de l'écart proportionnel moyen du revenu par rapport à la ligne de pauvreté, cet écart étant nul pour les non- pauvres.

Si =2,

P2 mesure la sévérité de la pauvreté. Cette mesure est sensible à l'inégalité parmi les pauvres.

III. Ligne de pauvreté ou Seuil de pauvreté

Références internationales :

La proportion de la population vivant avec moins de 1(2) dollar par jour est le pourcentage de la population qui dispose de moins de 1,08 (2,16) dollars par jour au cours international de 1993. Le seuil de pauvreté de 1 (2) dollar(s) par jour est défini en fonction de la consommation ou de revenu par personne, y compris l'autoconsommation et les revenus en nature. Il est calculé en parité de pourvoir d'achat (PPA), c'est-à-dire en supposant qu'une somme donnée achète la même quantité de biens dans tous les pays. En d'autres termes, la composition s'appuie sur un dollar standardisé dont le pouvoir d'achat est le même dans tous les pays.

La définition du seuil de pauvreté peut varier dans les cas où les informations disponibles ne portent que sur les lignes de pauvreté nationales basées notamment sur le critère de revenu minimum requis.

Références camerounaises

Sur la base des besoins énergétiques que doit couvrir par jour un adulte tel que recommandé par la FAO- 2400 Calories-, le seuil à atteindre pour quitter l'extrême pauvreté est calculé à partir de la consommation journalière minimale d'un repas constitué de la farine de maïs, des arachides et du poisson maquereau. Les critères ayant présidé au choix de ces denrées dépendent à la fois des habitudes de consommation, de la présence effective de ces produits sur l'ensemble du territoire et du rapport qualité -prix qui est l'un des meilleurs sur la base des informations disponibles. D'après les études du Centre National de Nutrition, en prenant en compte l'apport énergétique de chaque aliment et la contrainte de 2400 calories, on détermine les quantités requises par jour et par personne de 15 ans et plus : soit 516 g de farine de maïs, 129 g d'arachide et 129 g d'arachide et 129 g de maquereau.

L'expérience montre en général que les besoins sont satisfaits par ordre de priorité et que les ménages pauvres consacrent la quasi-totalité de leur revenu à l'achat des produits alimentaires. Pour cela, il est admis par ailleurs qu'un supplément de revenu destiné aux besoins non alimentaires et correspondant à ½ de la consommation alimentaire permet de se démarquer légèrement du spectre de la pauvreté. Ce qui signifie à peu près une répartition des coefficients budgétaires de 67% pour la consommation alimentaire et 33% pour la consommation non alimentaire. Ainsi le seuil de pauvreté est calculé par la formule :

Dm=3/2x1/1000 x (XPx+YPy+ZPz) x365

Où X, Y et Z désignent respectivement les quantités de farine de maïs, d'arachide et de maquereau : Px, Py, Pz respectivement leurs prix sur le marché de Yaoundé. On trouve un seuil de pauvreté de 148 000 FCFA (en 1996) par an pour un adulte, Ce seuil de pauvreté a été évalué à 232 547 FCFA en 200155(*), Pour les besoins de comparaison de la situation de pauvreté entre 1996 et 2001, un nouveau seuil a été estimé à 185 490 FCFA. Pour tenir compte des disparités régionales des prix au niveau national, et avoir ainsi à faire des comparaisons, une corrélation des revenus des ménages par des délateurs régionaux sont faits.

Partant de ce critère d'évaluation de la pauvreté aussi bien selon les références internationales que camerounaise, les programmes d'aide au travail indépendant destinés aux chômeurs doivent inclure les variables revenus des promoteurs. Ce revenu (ou prélèvement du promoteur) mensuel ou annuel doit être au dessus du seuil pour traduire la prise en compte du facteur pauvreté par les programmes d'aide (représenté ici par le FNE).

DEUXIEME PARTIE : ETUDE DE CAS

Si les pouvoirs publics peuvent contribuer à façonner le cadre général, défini par le « contexte » et les « compétences », pour élargir les opportunités, l' « état d'esprit », en revanche, relève de choix personnels, d'une vision, d'une détermination et de la volonté de prendre des risques.

OCDE, 2000, P. 188.

CHAPITRE III : LA DYNAMIQUE D'AUTO EMPLOI DANS LA PROVINCE DU CENTRE AU CAMEROUN

Section 1 : Présentation du Fonds National de l'Emploi

I. Historique et création du Fonds National de l'Emploi

La crise économique qui a frappé le Cameroun au début de l'année 1986 a occasionné deux ans après, en 1988, son entrée dans un Programme d'Ajustement Structurel (PAS).

Ce programme prescrit par la Banque Mondiale (BM) et le Fonds Monétaire International (FMI), tout en visant une réduction importante des dépenses budgétaires publiques, a entraîné l'arrêt progressif des projets d'investissement en cours, une forte réduction du personnel de la fonction publique et a impulsé un mouvement de privatisation. Il a profondément affecté l'emploi, forçant le Cameroun à passer d'une organisation où l'Etat était le principal pourvoyeur d'emplois à celle où le secteur privé devait en assurer la relève. Certains économistes56(*) parleront de la crise de « fonctionnariabilité » et de « salarisation. »

Le secteur privé étant trop peu développé pour prendre en charge l'afflux de main-d'oeuvre arrivant sur le marché du travail, l'on assiste au développement du secteur informel et à une plus grande précarisation de l'emploi. Selon un rapport du département de la Stratégie sur l'emploi de l'OIT à Genève57(*), les coupes réalisées dans les emplois de la fonction publique se seraient traduites par le licenciement de 60,000 fonctionnaires entre 1989 et 1997 et une chute drastique du taux de salarisation, qui est passé de 63, 2% à 22,1% entre 1983 et 1993 dans le secteur de l'industrie et de 29,6% à 12,6% dans le secteur du commerce.

C'est dans le but d'accompagner le PAS et dans une perspective d'anticiper sur les effets néfastes attendus sur le marché de l'emploi que le Gouvernement du Cameroun, en accord avec les bailleurs de fonds, avait mis sur pied un volet « Dimension sociale d'ajustement» dénommé DSA, avec une forte priorité accordée à l'emploi, en prévision des effets néfastes attendus sur le marché de l'emploi.

C'est dans cet environnement qu'est né, en 1990, le Fonds National de l'Emploi (FNE), établissement public doté de la personnalité juridique et de l'autonomie financière.

II. Base juridique et siège social du Fonds National de l'Emploi

Le FNE est régi par le décret n°90/805 du 27 avril 1990 qui le crée, fixe son organisation et son fonctionnement, et la loi n°90/050 du 19 décembre 1990 modifiant la loi n°77/10 du 13 juillet 1977 portant institution d'une contribution au Crédit foncier et fixant la part de cette contribution destinée au Fonds National de l'Emploi.

Dans son article 6 al, 2, la loi N°90/050 du 19 décembre 1990 prévoit un taux de prélèvement de la contribution patronale au FNE à 1% de salaires bruts faisant ainsi de cette contribution patronale le premier moyen de financement des activités du FNE. Sont assujettis à cette contribution au FNE, les employeurs des secteurs publics, para -publics et privés (article 3 al. 2).58(*)

Le Fonds National de l'Emploi a son siège social à Yaoundé, dans le quartier FOUDA. Deux services relevant de l'Agence du Centre (le Service Emploi Indépendant (SEI) et le Service Formation (SF)) et certaines activités dépendant de la direction générale (recherche informatique, programme spécial, études) ont leurs bureaux dans un nouveau bâtiment à proximité du Stade Omnisport.

III. Missions ou compétences du Fonds National de l'Emploi

La mission générale du Fonds National de l'Emploi est la promotion de l'emploi sur l'ensemble du territoire camerounais. L'opérationnalisation de cette mission générale se traduit par :

-l'accroissement des possibilités d'emploi à travers des programmes et outils de développement d'emplois (indépendants ou salariés) et l'intermédiation entre les chercheurs d'emploi et les entreprises ;

-l'appui à la création de micro -entreprises à travers la conception, le financement et le suivi des promoteurs des projets générateurs de revenus (auto- création d'emplois) ;

-la diffusion des informations sur les chercheurs d'emploi à travers diverses publications et documentations ;

-l'insertion des jeunes diplômés et la réinsertion des sans- emplois.

IV. Partenaires du Fonds National de l'Emploi

A travers certains programmes d'appui et d'insertion, à caractère social, le Fonds National de l'Emploi travaille en partenariat avec certains ministères et organisations sociales notamment :

*Le Ministère de l'Enseignement Supérieur (MINESUP) à travers le Programme d'Appui à l'Insertion des Diplômés de l'Enseignement Supérieur (PRAIDES) et visant l'insertion professionnelle des diplômés de l'enseignement supérieur.

*Le Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, de l'Economie Sociale et de l'Artisanat (MINPMEESA) à travers le programme visant la promotion d'auto emploi et de la micro- entreprise en faveur des jeunes.

*Le Ministère des Affaires Sociales à travers le Programme d'Appui à l'Insertion et à la Réinsertion des Personnes Vulnérables (PAIRPEV) visant la lutte contre l'exclusion et la pauvreté, par le biais de l'insertion professionnelle de ces groupes.

*Le Cercle des Amis du Cameroun (CERAC) à travers des programmes visant la promotion de très petits projets en faveur des couches défavorisées.

*Le World University Services (WUS) et le Zentralstelle Für Abeitsver Vittlung (ZAV) des organismes allemands ayant signés en octobre 1998 une convention avec le FNE élaborant le Programme d'Appui au Retour des Immigrés Camerounais (PARIC).59(*) Ce programme a pour but d'apporter une assistance à la réinsertion socioprofessionnelle des Camerounais ayant étudié ou travaillé à l'étranger.

*Les entreprises recevant des stagiaires recommandés par le FNE:

Au sens du FNE, les entreprises sont considérées comme les premiers offreurs d'emplois salariés. Conscient de ce qu'une embauche supplémentaire peut causer comme charges aux entreprises, le FNE a développé le Programme Emploi Diplômé (PED), un programme de stage pré- emploi, basé sur le partage des frais d'indemnité versés aux stagiaires par le FNE et l'entreprise. Ce programme a fait l'objet d'un protocole d'accord entre le groupement inter- patronal du Cameroun (GICAM) et le FNE dénommé « Programme FNE-GICAM pour l'emploi des jeunes.» L'objectif de ce programme est d'apporter aux jeunes diplômés sans expérience professionnelle, une qualification en même temps qu'une expérience pratique afin de faciliter leur insertion dans le circuit de production. Les modalités financières portent sur le partage des indemnités à concurrence de 50% entre le FNE et l'entreprise. D'autres avantages du programme en faveur des entreprises sont l'exonération des taxes sur les frais payés au stagiaire, l'évaluation de candidat pendant une longue période (12 mois) avant le recrutement effectif, la minimisation de coût d'embauche de l'employé potentiel.

Modalités financières du programme :

Indemnité forfaitaire (50% FNE - 50% Entreprise)

Titulaire d'une licence et plus 100 000 FCFA

Titulaire du BAC et plus 75 000 FCFA

Titulaire du BEPC, CAP et Probatoire 50 000 FCFA

Titulaire d'un diplôme inférieur au BEPC 25 000 FCFA

Indemnité de transport : 100% Entreprise

Titulaire d'une licence et BAC 25 000 FCFA

Titulaire du BEPC, CAP et Probatoire 15 000 FCFA

Titulaire d'un diplôme inférieur au BEPC 10 000 FCFA

Outre le PED, le PARIC est aussi incitatif au recrutement d'une main-d'oeuvre qualifiée en provenance de la diaspora à l'avantage des entreprises. Le recrutement d'un candidat PARIC fait bénéficier aux entreprises des équipements de travail et aussi d'une main d'oeuvre hautement qualifié.

Section 2 : Stratégies de développement de l'emploi par le FNE

I. Organigramme et fonctionnement du Fonds National de l'Emploi

A. Les organes de gestion

1. Le Conseil d'Administration (CA)

Le Conseil d'Administration est un organe délibérant du FNE. Il comprend :

- un président nommé par décret;

- 12 membres représentant :

* Le Ministère de l'économie et des finances60(*) (2) ;

* Le Ministère de l'emploi, du travail et de la prévoyance (1) ;

* Le Ministère du développement industriel et commercial (1) ;

* Le Ministère de la Condition Féminine (1) ;

* La Chambre de commerce, d'industrie et des mines (1) ;

* Le groupement des employeurs (3) ;

* Les organisations syndicales des travailleurs (3), 

Le conseil d'administration veille à l'accomplissement des missions assignées au Fonds et pour ce faire :

- il fixe les objectifs et approuve les activités et les programmes du Fonds ;

- il approuve les accords passés avec I'Etat ou tout autre partenaire ;

- il vote le budget et approuve les comptes et bilans prévisionnels ;

- il approuve et modifie, en cas de besoin, son organisation et sa gestion interne ;

- il examine et adopte son organigramme sur proposition du Directeur Général ;

- il examine et adopte le statut du personnel, ainsi que le régime de rémunération et des avantages de celui-ci ;

- il approuve le règlement intérieur du Fonds ;

- il commet les audits et approuve les états financiers annuels ;

- il nomme et démet de leurs fonctions sur proposition du directeur général, les chefs de division et les chefs des agences extérieures ;

- il examine et approuve les rapports d'activités et de contrôle,

-il accepte tous dons, legs et subventions.

Le Conseil peut déléguer certaines de ses attributions au Directeur Général.

2. La Direction Générale

La Direction Générale est assuré par un Directeur Général (DG). Il représente le FNE dans ses rapports avec les tiers. Le DG est également chargé de la mise en oeuvre de la politique générale du FNE telle que définie par le Conseil d'Administration.

En matière de création d'activités d'auto- emplois faisant objet de notre étude, le Directeur Général préside le comité de crédit qui détermine, en fin de compte, les projets à financer par le FNE. Le comité de crédit se réuni de façon irrégulière et dépend, le plus souvent de la disponibilité de fonds.

B. Structures opérationnelles

1. Les Agences

Afin de couvrir les besoins d'emplois exprimés sur tout le territoire national, le FNE est structurée en agences. Il existe aujourd'hui sept agences notamment :

Agence Centrale dont le siège est à Yaoundé

Agence du Littoral à Douala

Agence du Grand Nord à Maroua

Agence de l'Est à Bertoua

Agence du Sud à Ebolowa

Agence du Sud-Ouest à Limbé

Agence de l'Ouest à Bafousam

Chaque agence est dirigée par un directeur d'agence qui a la charge de mettre en oeuvre les objectifs définis par la Direction Générale. En matière d'activités à financer, le Directeur d'Agence préside le Comité de présélection qui détermine les projets à présenter au Comité de crédit. Contrairement au Comité de crédit, le comité de présélection se réunit de façon régulière (par trimestre).

Dans le cadre de cette étude nous nous limiterons à la présentation de l'agence centrale et spécialement de son Service Emploi Indépendant (SEI) où nous avons effectué notre stage académique du 1er juin au le 1er septembre 2007. Ainsi l'Agence Centrale est dirigée par le Directeur de l'Agence centrale et comprend des services qui à leur tour ont comme dirigeants des chefs services. Il existe des services d'ordre général (Service administratif et comptable, Service Contrôle et Audit de Gestion) et ceux ayant trait à la promotion de l'emploi (Service Intermédiation, Service Emploi Indépendant et Service Formation).61(*) Nous nous limiterons à la présentation des services ayant trait à la promotion de l'emploi qui est l'objet principal du Fonds National de l'Emploi.

II. Les services ayant trait à la promotion de l'emploi

A. Le Service Intermédiation (SIM) est la porte d'entrée du Fonds National de l'Emploi. Le SIM met à la disposition du chercheur d'emploi :

*Une section Accueil et Orientation chargée d'accueillir, d'enregistrer et d'orienter les chercheurs d'emplois vers des Conseillers emplois (CE/SIM) qui, lors des entretiens, permettent d'orienter les chercheurs d'emplois soit vers un emploi salarié (orientation vers un conseiller emploi pour le suivi), soit vers le service formation (si le candidat n'est pas suffisamment outillé pour affronter le marché de l'emploi), soit vers le service emploi indépendant (si le candidat révèle des aptitudes entreprenariales);

*Une section bureau cadre. Cette section est composée des Conseillers. Ceux-ci accueillent et orientes des chercheurs d'emplois salariés ;

*Une section Relation et traitement des offres d'emplois permettant de chercher et de saisir des opportunités d'emplois pour les chercheurs.

B. Le Service Formation (SF)  prend la relève du SIM et organise des formations pour les chercheurs d'emploi dans le but de rendre adéquat la formation et l'emploi. Les candidats orientés vers le SF sont généralement ceux n'ayant aucune formation ou ceux ayant eu une formation générale, mais qui ne réussissent à trouver un emploi. L'objectif ici est d'apporter un appui à la qualification et à la requalification des chercheurs d'emploi. La formation peut être sur le tas (formation d'un métier dans des ateliers) ou une formation formelle (dans un domaine scientifique).

C. Le Service Emploi Indépendant (SEI): De la même manière que le SF, le SEI prend la relève du SIM et accueille des promoteurs potentiels des projets (activités d'auto emploi). Le SEI met à la disposition des promoteurs :

*Un Agent administratif des projets (ADP), chargé de réceptionner, d'enregistrer et d'archiver les dossiers du promoteur recommandé par le SIM. En plus de l'ADP, le SEI met à la disposition des promoteurs ;

*Une section montage et évaluation des projets comprennent des Conseillers emploi (CE/SEI) aux qualifications variées (l'image de secteurs d'activités) chargés d'examiner l'idée de projet et d'assister le promoteur au montage du plan d'affaire et à la préparation des projets éligibles au Comité de présélection (projet rentable et finançable). Une fois qu'un projet obtient l'accord de financement (par le comité de crédit), le CE/SEI se charge de l'installation, du suivi, de l'encadrement et de l'évaluation de l'activité. Le suivi démarre avec les premiers décaissements de fonds du FNE. Les Conseillers chargés du suivi aident les promoteurs à mettre en place une bonne organisation commerciale, administrative, financière et comptable et à s'acquitter des contraintes fiscales et réglementaires.

L'emploi indépendant est un des types d'emplois possibles dont peut bénéficier un chercheur d'emploi. L'orientation au service intermédiation (SIM) a permis de distinguer des chercheurs d'emploi aptes aux emplois salariés et ceux qui, ayant des potentialités d'entrepreneurs, seraient aptes à s'auto -employer ou à se lancer à leur propre compte. Un test d'entrepreneuriat62(*) a été soumis à ces candidats lors de l'entretien avec leurs conseillers emploi au SIM. C'est cette catégorie qui portera le nom de promoteurs d'activité ou de projets, qui sera orientée vers le Service Emploi Indépendant (SEI). Le SEI prend la relève du SIM afin d'amener le promoteur « potentiel » à des études de faisabilité et au financement de son activité par le Fonds National de l'Emploi. Pour cela, il met à la disposition du promoteur des analystes et évaluateurs des projets qui comme pour le SIM ont qualité de Conseiller Emploi (CE). Le conseiller emploi63(*) examine l'idée de projet et organise avec les promoteurs des séances de montage du plan d'affaire.

Après le test d'entrepreneuriat qui révèle chez certains chercheurs d'emploi des aptitudes à entreprendre. Trois cas de figure sont possibles :

-le candidat peut avoir un projet à étude de faisabilité satisfaisante ;

-il peut avoir un projet à étude de faisabilité nécessitant une reconfiguration ;

-il peut être sans idée de projet précise.

C'est grâce aux séances d'entretien avec son nouveau Conseiller Emploi que le promoteur aboutit à un projet précis et à un plan d'affaire qui tient compte de la représentation du projet dans son environnement et des conditions de marché avant son financement et son lancement effectif.

Le FNE intervient tant en milieu urbain que rural dans:

-les activités de production ;

-les prestations de services ;

-Les activités de distribution.

Sont exclues des programmes du FNE:

-L'importation et vente directe des produits ;

-Les activités de transport ;

-Les activités culturelles.

Le FNE distingue deux types d'activités :

-l'auto- emploi : Activité ne donnant du travail qu'à son promoteur ;

-le micro- projet : Activité générant au moins deux emplois directs et stables.

III. Traitement des emplois indépendants au FNE

A. Conditions de financement des activités au FNE

Les conditions de financement des activités sont résumées dans le tableau suivant selon qu'il s'agisse d'activité ne générant que l'emploi de son promoteur ou de microprojets64(*) :

Tableau n°8° : Conditions de financement des activités d'auto- emploi au FNE

Conditions

Auto- emploi

Micro- projets

Coût maximum du projet

5 000 000 FCFA

20 000 000 FCFA

Apport personnel

(Numéraire ou Nature)

20%

20%

Durée maximum du crédit

3 ans

5 ans

Intérêt sur le crédit

8%

15%

Différé accordé suivant l'activité

3 à 6 mois

3 à 12 mois

Garanties demandées (obligatoires)

-Assurance vie du promoteur

-Assurance incendie (suivant l'activité)

-Nantissement des équipements

-Caution morale et solidaire

-Attestation de propriété (projet agricole)

-Assurance vie du promoteur

-Assurance incendie (suivant l'activité)

-Nantissement des équipements

-Hypothèque

Garanties demandées (facultatives)

-Titre foncier

-Hypothèque

-Compte à terme, etc.

-Compte à terme, etc.

-Aval

-Etc.

Source : site Internet du Fonds National de l'Emploi : www.fnecm.org

Le FNE finance les activités à hauteur de 80% du coût total du projet. L'apport personnel peut être en nature et ou en numéraire.

Le remboursement de l'emprunt se fait selon la logique des mathématiques financières et il se fait en mensualités constantes (les mensualités étant faites d'une partie du principal et de l'intérêt de la période).

Le différé est une période s'écoulant entre le financement et le premier remboursement. Il est variable selon l'activité et tient compte du moment où l'activité commence à générer des revenus (comme par exemple les activités agricoles tiennent compte des périodes des récoltes).

Les garanties constituent une éducation à la culture du crédit et a pour but de décourager des comportements opportunistes ou des détournements de projet par le promoteur. L'assurance vie du promoteur est délivrée par une des sociétés d'assurance à hauteur du montant du crédit. La caution morale et solidaire est au bénéficie du promoteur dont le salaire mensuel constitue le double des traites qu'aura à verser périodiquement un promoteur. Le nantissement des équipements permet au FNE de rester propriétaire des équipements jusqu'à l'extinction définitive du prêt.

B. Procédure de traitement des promoteurs de projet au FNE

Schéma de traitement des promoteurs de projet au FNE (au SEI)

Procédures Services SEI/ FNE

1. Accueil et enregistrement Agent administratif des projets

2. Affectation du Promoteur au Conseiller Emplois Chef Service SEI

3. Examen de l'idée de projet et assistance au

montage du plan d'affaire Conseiller Emploi/SEI

4. Présélection des projets Comité de présélection (ADAC)

Comité de crédit (DG)

5. Formation en gestion des petites unités Service formation

6. Financement Comptabilité

7. Installation, Suivi et encadrement Conseiller Emploi /SEI

8. Evaluation Conseiller Emploi/SEI

Toutes ces étapes interviendront, d'une manière ou d'une autre, dans l'interprétation des données de notre étude. Nous cherchons à percevoir les facteurs qui influenceraient un promoteur à se maintenir en tant que travailleur indépendant (auto employé). Ces facteurs relèvent du promoteur lui-même, d'autres du Fonds National de l'Emploi et d'autres encore de l'environnement économique dans lequel s'insère l'activité. Les facteurs qui influenceraient positivement la prospérité de l'activité d'auto emploi attireront l'attention du FNE. Son amélioration permettra un engagement en faveur d'auto emploi. Il en est de même pour les facteurs influençant négativement la prospérité de l'activité. Cette prospérité s'apprécie à travers l'existence de l'activité, la durée de vie et sa pérennité ou son taux de survie. Deux étapes de la procédure interviendront dans les données : l'étape de montage du plan d'affaire (montage de projet) et la durée entre la fin de montage de plan d'affaire et le premier remboursement65(*), l'installation effective du promoteur et le premier remboursement. Les deux durées sont déterminantes pour la pérennité de l'activité économique créée.

Les séances de montage et d'évaluation de projet sont une poursuite du test d'entrepreneuriat qu'a déjà connu le promoteur au sein du Service Intermédiation (SIM). Le conseil fait partie de ces séances de montage du plan d'affaire. Ce sont aussi des séances de formation aux stratégies d'implantation d'une activité dans un environnement parfois et très souvent concurrentiel. C'est également une étape d'évaluation du sérieux du promoteur. Nous déterminerons une variable « Ténacité du promoteur » pour apprécier la persévérance du promoteur aux rendez-vous fixés par son Conseiller- Emploi (CE/SEI). Nous ferons abstraction des méthodes de travail et de qualification des Conseillers66(*), à cause la difficulté que pose leur appréciation quantitative, bien que cela puisse aussi avoir un impact sur la qualité de montage du projet et partant de la pérennité de l'activité. La variable « Ténacité » prend pour valeur « la durée en nombre de mois du montage du plan d'affaire. » Plus longue serait cette durée, plus le promoteur aura le temps de prendre en compte et de s'approprier son projet, de saisir au préalable les tenants et les aboutissants de l'activité nouvellement créée, et de concevoir des stratégies d'adaptation à l'environnement (fixation d'un prix concurrentiel, fixation d'une prestation optimale, détermination de la demande, détermination des partenaires et détermination du niveau de rémunération de manière à ne pas nuire à l'activité et aussi à vivre décemment de cette même activité).

La durée entre la fin du montage de projet et le premier remboursement est aussi déterminante pour la réussite ou l'échec d'une activité. Les études économiques faites pendant le montage du projet évaluent dans l'espace et dans le temps. Le financement intervenant au moment opportun et l'activité s'installant dans un environnement considéré dans le plan d'affaire, les choses restant égales par ailleurs, concourent au succès de l'activité. Un retard dans le financement peut compromettre le succès du projet. Nous déterminerons une variable « Patience » ou « Attente » pour qualifier cette durée entre la fin du montage du plan d'affaire et la date effective du premier remboursement. L'attente peut être longue ou courte.

IV. Les autres outils de développement de l'emploi et autres programmes

I. Le Programme d'Appui au Développement des Emplois Ruraux (PADER)

En plus des programmes entrant dans le cadre de partenariat avec des organisations tant étatiques que privées, le Fonds National de l'Emploi a lancé en 1993 le PADER avec pour objectif principal la promotion de l'emploi rural et la lutte contre la pauvreté. Ce programme consiste à apporter aux bénéficiaires la formation aux méthodes modernes d'exploitation des moyens matériels et financiers ainsi qu'un appui à la gestion et à la vente des produits. Prenant comme cible les groupes organisés et les jeunes sans activités ou sous-employés de l'espace rural et péri- urbain, le PADER se propose d'aider les bénéficiaires à améliorer leur niveau de vie et à s'organiser en groupement reconnu, en identifiant et en sélectionnant un programme et un terrain d'activité adaptés aux habitudes des populations concernées, aux besoins du marché et aux orientations stratégiques de développement. Le Fonds National de l'Emploi finance le coût du projet à hauteur de 80% des besoins du paysan à un taux de 8%, ce dernier prenant en charge autant les travaux de préparation que ceux d'entretien et de récolte. Les résultats positifs du PADER sont nombreux. Le programme a ainsi permis :

-la relance de la culture du riz dans certaines régions ;

-la création et le renforcement des organisations de paysans (groupement d'initiative commune ou GIC et groupement d'intérêt économique ou GIE) ;

-le lancement d'un programme « haricot - sec », qui a nécessité un investissement de 27 millions de FCFA pour un chiffre d'affaires de 190 millions de FCFA ;

-la formation, selon des chiffres de 2003, de 8 286 femmes rurales, l'amélioration de leurs méthodes de production et l'obtention des financements demandés ;

-le financement de 8 714 unités de production pour un coût moyen par unité de 112 458 FCFA et un montant de financement par personne de 195 958 FCFA.

B. Les autres programmes et mesures spécifiques

*Orientation Professionnelle en Milieu Public (OPP). C'est un programme d'information sur la recherche d'emploi mis à la disposition du public, notamment des jeunes, à travers des espaces d'affichage dans les lieux publics (sous -préfectures, mairies, chefferies, etc.).

*Les Techniques de Recherche d'Emploi (TRE), organisées sous forme de séminaires. Ces séances ont pour objectif de permettre aux chercheurs d'emploi de prendre conscience du rôle central qu'ils doivent jouer quant à leur insertion, et d'adopter ainsi une démarche dynamique et rationnelle dans leur activité de recherche d'emploi.

*Le Pacte National pour l'Emploi des Jeunes (PANEJ) basé à la fois sur une approche économique (exigence de productivité) et sur une approche de cohésion et de solidarité nationales (l'esprit citoyen des entreprises) ; il vise à donner une chance aux jeunes d'acquérir un métier et d'accroître ainsi leur chance d'insertion professionnelle, tout en bénéficiant d'un revenu.

*L'Urban Special Employement Program (USEP). Ce programme vise la création des emplois de proximité dans les villes de Yaoundé et de Douala (et plus tard dans d'autres grande villes) tout en contribuant à l'assainissement et à l'amélioration du cadre de vie publique de ces villes.

*Le Programme Retraite Emploi Jeune (PREJ) vise l'insertion en entreprise de jeunes diplômés, en remplacement des personnels appelées à faire valoir leurs droits de retraite, ou des personnes qui directement ou indirectement doivent laisser leur poste pour remplacer ces retraités ; et ceci dans le respect de la politique de gestion des ressources humaines de l'entreprise.

*Les Mesures d'Appui à l'Insertion des Handicapés (MAIH) sont basées sur une approche de solidarité nationale et comptent sur l'esprit citoyen des entreprises, pour donner une chance à cette couche la population vulnérable que sont les handicapés, de s'insérer dans la vie professionnelle.

V. Bilan des réalisations

Selon le cumul des réalisations établi au 30 septembre 200667(*), le FNE porte à son actif

-le placement de 92 601 chercheurs d'emplois en emplois salariés sur 236 285 enregistrés ;

-La formation de plus de 50 000 personnes (soit 9 488 en formation formelle et 40 542 en formation sur le tas) ;

-la création de 26 828 micro- projets (2 881 en auto emploi individuel et 23 947 en auto emplois groupés) ayant généré plus de 40 000 emplois

Au total, on note une insertion de 139 197 chercheurs d'emplois.

*Résultat du PED:

Le programme Emploi Diplômés (PED) connaît un grand engouement de la part des entreprises, qui ont déjà recruté 1 128 stagiaires. On note un taux de satisfaction de 60 à 70% des jeunes placés en stage et qui sont embauchés par l'entreprise qui les a accueillis.

*Résultats du " PADER " au 31 mars 2006

Nombre de programmes

168

Nombre de candidats financés

23 235

Hommes

12 006

Femmes

11 229

Coût total des programmes

3 162 463 000 FCFA

Formation

1 422 094 000 FCFA

Installation en auto -emploi

1 740 369 000 FCFA

Coût moyen de formation par personne

61 205 FCFA

Coût moyen de financement par personne

74 903 FCFA

Revenus générés

17 267 154,000 FCFA

Nombre d'emplois créés

33 285

CHAPITRE VI : EVALUATION DE L'IMPACT DE L'AUTO EMPLOI

Section 1: Les données sur les promoteurs et leur analyse

I. Les hypothèses d'analyse sur les activités d'auto emploi

Partant de la préoccupation cherchant à savoir ce qui motiverait le promoteur à se maintenir en tant qu'indépendant, il y a lieu d'émettre des hypothèses. Il s'ensuit que la seule façon est les avantages que le promoteur retire de son activité, les conditions de vie et de survie de l'activité, sans lesquelles le statut d'emploi lui serait ôté. Nous émettons ainsi deux hypothèses.

Hypothèse 1 : La réussite d'une activité d'auto emploi que l'on exprime par la pérennité est la résultante des plusieurs facteurs. Elle est relative au promoteur, aux moyens financiers investis dans l'activité, aux stratégies de départ mises en place par le promoteur et son conseiller, à la localisation du projet et à l'occasion d'affaires saisie par le promoteur.

Hypothèse 2 :  Les activités pérennes ont un réel impact sur la pauvreté et l'insertion professionnelle de leur promoteur. En effet, étant donné la situation de départ des promoteurs caractérisée par le chômage et l'insuffisance des moyens d'entreprendre, la survie de l'activité se traduit par une occupation effective du promoteur et son autonomie financière.

Ces hypothèses peuvent être modélisées de la manière suivante :

Figure n°9 : Modélisation des hypothèses de recherche

Promoteur/créateur

PERFORMANCE

(PERENNITE)

Capacité et ressources

Stratégies

Occasion d'affaires

PAUVRETE

CHOMAGE

Localisation

Localisation

Source: Auteur, Adapté de G. Chandler et S. Hanks, « Market attractiveness, resource- based capabilities, venture strategies, and venture performance », Journal of Business Venturing, vol, 9, 1994, p. 331 - 349.

II. Fondement théorique des hypothèses sur la performance et l'impact d'activités

La performance est une condition nécessaire, un critère d'évaluation de la destinée des activités nouvellement créées. Quand une activité a existé pendant un certain temps, cela induit l'efficacité de la politique de la création d'activité, mais également le sérieux de son promoteur. Cependant, le succès d'une activité tout comme son échec sont la résultante de plusieurs facteurs. Certains facteurs sont exogènes et ont un réel impact sur l'activité créée, la branche ou le secteur d'activité. D'autres facteurs sont endogènes et sont très déterminants pour la viabilité du projet. Il s'agit des caractéristiques sociodémographiques de son promoteur, des moyens mis en oeuvre pour entreprendre, des décisions prises par ledit promoteur, etc.

Partant de ce constat, nous ne pouvons cerner l'impact de la création d'activité d'auto emploi sur la pauvreté monétaire et l'insertion professionnelle de son promoteur sans apprécier au préalable la pérennité de l'activité elle-même. Toutes choses égales par ailleurs, les activités n'ayant pas survécu n'ont pas d'impact sur le niveau de pauvreté ou d'enrichissement de son promoteur. L'aspect « durée » est aussi déterminant. L'objectif d'activité d'auto emploi est le statut d'emploi permanent qu'elle confère à son promoteur. Après un test statistique cherchant à vérifier la première hypothèse et à grouper les déterminants de la pérennité des activités créées par le FNE, il nous revient de vérifier également la deuxième hypothèse au moyen du même test statistique et des variables d'emplois et de la pauvreté.

Fondement théorique de l'hypothèse 1

La performance est un concept multiforme et est évoquée dès qu'une certaine période de temps s'est écoulée à partir de l'installation du promoteur. Alors que la performance commerciale prend en compte le chiffre d'affaires généré par l'activité ou la part de marché, la performance économique et financière tient plutôt compte du niveau d'autonomie financière de l'activité, de l'endettement, de la réalisation des objectifs, etc. La performance sociale quant à elle s'apprécie au moyen du taux de formation et du taux de mobilité du personnel issu d'une entreprise (ou activité). La performance technique quant à elle, vise le coût et la qualité du produit.

En création d'entreprise et pour le cas nous concernant, c'est- à -dire, la création d'activités, les deux dimensions les plus utilisées de la performance sont la pérennité et la croissance (Verstraete T. et Saporta B., 2003). L'idée sous-jacente à l'utilisation de la pérennité comme critère de performance est le constat qu'une entreprise (activité) nouvelle qui a survécu un certain temps a fait ses preuves, a montré qu'elle a été capable de surmonter les difficultés inhérentes à la période du démarrage ; ou, bien, si l'on s'inspire de la théorie des conventions, qu'elle a réussi à faire admettre à son environnement le registre qu'elle proposait.

Deux approches interviennent quant à la considération de la pérennité : l'approche française (selon le système statistique français) et l'approche américaine tirée des recherches statiques de Paul Raynolds68(*) et de son équipe sur le processus entrepreneurial américain. Le système statistique français opère une distinction entre les taux de pérennité (anciens taux de survie), relatifs à l'individu qui a créé l'activité (l'entreprise) et les taux de continuité, relatifs à l'entreprise qu'il dirige. Si l'entreprise est revendue ou cédée au cours de la période d'étude, cela sera considéré comme une cessation d'activité au niveau du calcul des taux de pérennité, mais il n'est sera pas de même s'agissant des taux de continuité. Dans les études américaines, c'est généralement le point de vue de l'entreprise qui est retenu, et une entreprise revendue ou cédée est considérée comme toujours en vie.

En ce qui concerne la croissance, deuxième dimension de la performance, on constate un consensus plus large sur la signification et la portée du concept.

Fondement de l'hypothèse 2 (Voir chapitre précédent)

Comme nous l'avons déjà écrit au chapitre deuxième, la pérennité permet de saisir le moment pendant lequel le promoteur maintien son statut d'emploi. D'après plusieurs littératures, la meilleure manière de réduire la pauvreté est la création de l'emploi. A travers l'emploi, le promoteur trouve des rémunérations lui permettant d'assurer le minimum pour vivre. C'est le constat qu'a fait la Banque Mondiale en redécouvrant que c'est par la création d'emplois que l'on lutte réellement et fondamentalement contre le chômage, la misère, l'exclusion sociale et la pauvreté. (Voir Figure n°6, au chapitre 2). Il s'agit ici de voir pour le cas du FNE comment la pérennité de l'activité est influencée par les emplois créés et comment elle est influencée par le taux de variation de salaire du promoteur. Puisqu'une prise de conscience de la dimension de pauvreté existe au FNE, c'est -à- dire, la fixation de montant de prélèvements du promoteur tient compte de la ligne de pauvreté au Cameroun, il y a lieu d'affirmer que, toutes choses égales par ailleurs, les activités pérennes permettent de conserver le statut d'employé du promoteur et lui procure un revenu de façon durable.

III. Evaluation de la performance des activités d'auto emploi

L'entreprise est une entité complexe. Ce qui suggère diverses manières d'évaluer sa performance. Ainsi, l'évaluation de la performance sera différente selon les points de vue adoptés et l'objectif visé, Saporta Bernard et Thierry Verstraete69(*) proposent différents scénarios permettant d'évaluer la performance d'une entreprise ou d'une activité. D'abord, il faut faire la part des choses. L'étude sur la performance doit-elle concerner les différentes parties prenantes à l'activité (côté partie prenante), c'est-à-dire, l'entrepreneur et/ou la société, ou alors l'activité elle-même (côté activité) ?

A. L'évaluation de la performance du côté des différentes parties prenantes à l'activité.

Dans ce cas, l'évaluation de la performance des activités existantes passe généralement par un examen de ses comptes, lesquels sont censées attester de la bonne santé ou de ses risques de défaillance. Cet examen suffit à rendre le verdict qu'une bonne appréciation à cet égard est un motif de satisfaction pour l'ensemble des parties prenantes. Deux catégories de parties prenantes, le promoteur et la société qui l'entoure, sont privilégiées tour à tour afin de montrer que la convergence de leurs intérêts avec ceux de l'activité peut parfois poser problème.

1. Du point de vue du promoteur, on fait l'hypothèse selon laquelle la satisfaction de l'entrepreneur augmente avec les résultats (survie, développement) de son affaire. Mais cette hypothèse n'est pas toujours vérifiée, lorsque les raisons premières de création d'activité ne sont pas monétaires. On fait valoir que l'expérience acquise pendant la période de travail indépendant rehaussera les compétences globales du particulier en plus d'accroître les possibilités qu'il mette en valeur ses compétences et de lui procurer une certaine faculté d'adaptation qui lui sera bénéfique lorsqu'il s'engagera dans d'autres avenues sur le marché du travail (Aronson, 1991). La documentation sur le marché du travail traite souvent de l'effet de «cicatrisation» ou du capital humain négatif. Lorsqu'un travailleur demeure sans emploi pendant de longues périodes (ou qu'il occupe des emplois sur le marché du travail secondaire), il arrive qu'il acquière un capital humain négatif qui se traduit par une mauvaise attitude et de piètres habitudes de travail ainsi que par l'érosion de ses compétences. Le fait d'occuper un emploi et le travail indépendant bénéficie aux travailleurs en maintenant leur statut au sein de la population active (Orser, 1994). « Le souci de créer son propre emploi, les besoins d'accomplissement personnel, d'autonomie, sont beaucoup plus souvent placés en tête des préoccupations des créateurs. Dans ces conditions, la réussite de l'entreprise ne coïncide pas automatiquement avec le projet de vie du promoteur, et on obtient une combinaison de la réussite ou de l'échec en fonction des points de vue de l'individu et de l'activité créée, » (Vestraete, T, et Saporta, 2006, P, 185).

2. Du point de vue de la société, il faut établir un bilan sur le plan social, surtout en ce moment où les questions sur l'environnement sont à l'ordre du jour. Il suffirait alors de chercher à savoir si une création d'activité réussie est toujours bénéfique sur le plan sociétal et en sens inverse, si les échecs sont automatiquement synonymes de dommages pour l'environnement plus ou moins immédiat du promoteur. P. Davidsson70(*) distingue à cet effet deux catégories des promoteurs : la catégorie « perdants » ou « héros », et la catégorie « catalyseur » ou « spoliateur » mesurant une réussite ou un échec sur le double plan économique et social. La première catégorie permet de relativiser la notion d'échec en création d'activité. Des activités nouvelles peuvent voir leur destin sanctionné par le marché (ou la concurrence), faire subir d'importantes pénalités à leur promoteurs, sans que pour tant leur contribution soit jugée comme négative du point de vue de l'intérêt général. Ainsi, les « perdants » peuvent jouer un rôle important dès lors qu'ils permettent l'émergence de nouvelles industries ou d'autres activités génératrices de bien-être, de sécurité et de santé pour une grande partie de la population. La deuxième catégorie considère l'entrepreneuriat comme « création -destruction » se basant sur les créations de simple reproduction, sans contenu réellement innovant, mais lancées avec d'importants moyens, souvent avec le soutien de grands groupes, comme c'est le cas dans la grande distribution. Le résultat de ces nouvelles implantations est une aggravation de la pression concurrentielle sur les entreprises existantes, qui se voient forcées de se retirer du marché, non sans provoquer au passage des coûts sociaux importants.

B. L'évaluation de la performance du côté de l'activité.

Cette évaluation peut se faire soit au cas par cas en prenant isolement une activité donnée, soit en tenant compte d'une population d'activité créée.

1. Dans le cas de l'évaluation d'une seule activité, l'opération se rapproche d'un diagnostic classique d'entreprises existantes, dans la mesure où l'examen des documents financiers nous renseigne sur l'essentiel, à savoir la dimension économique de la performance. Le compte de résultats, à la fin de la troisième année d'exercice, fournit le chiffre d'affaires et l'ensemble des soldes intermédiaires de gestion qui débouchent sur l'estimation du résultat net, réponse à un certain nombre d'interrogations fondamentales : la rentabilité obtenue, en valeur absolue ou rapportée à certaines valeurs du compte de résultante ou du bilan, est-elle satisfaisante ? Il s'agit de faire un examen du degré de conformité des résultats obtenus par rapport aux objectifs du business plan (plan d'affaires). Le plan d'affaire contient dans sa partie des comptes prévisionnels de l'entreprise future, l'expression chiffrée des ambitions du créateur et des moyens qu'il entend mettre en oeuvre pour les accomplir. Ces comptes étant normalement établis sur une période de trois ans, on dispose ainsi d'une base de référence pour juger de la performance accomplie à l'expiration de cette période.

2. Dans le cas de la considération d'une population d'activités créées, il s'agit d'évaluer la performance d'un ensemble d'activité à partir de sources statistiques ou de résultats d'enquêtes. Ce type d'étude est généralement à visée statistique, avec le souci de comparer les initiatives entre elles, de savoir quelles sont celles qui sont plus performantes que d'autres, et si possible pour quelles raisons elles le sont.

Notre étude portant sur une population d'activités et de promoteurs du Fonds National de l'Emploi (Agence Centrale) entre 1996 et 2005, nous envisageons la dernière conception de l'évaluation afin d'apprécier l'efficacité de la promotion d'emplois à travers la création d'activité et certains déterminants (indicateurs) qui conditionnent le succès ou l'échec des activités.

C. Mesure de la Pérennité des activités d'auto emploi

Saporta B, et Verstaete T, proposent deux manières de mesurer la pérennité avant de procéder aux analyses de régression :

-d'un point de vue statistique, la pérennité, sur un échantillon de créations d'activité, est mesurée sous la forme d'une variable nominale, c'est-à-dire, une variable d'état, qui ne prend alors que deux modalités (entreprises encore en vie ou non, codées 1 ou 0 si l'on souhaite effectuer des analyses de régression pour expliquer cette variable nominale) ;

-mais une autre possibilité est offerte, toujours à propos d'un échantillon d'activités créées à la même date. On peut, si les informations disponibles le permettent, comptabiliser pour chacune des créations leur durée de vie, et considérer cette durée comme un indicateur numérique de pérennité, sous la forme d'une variable mesurée à l'aide d'une échelle de proportion (une entreprise ayant survécu quatre ans a une pérennité deux fois plus élevée que celle qui n'a survécu que deux ans, etc.).

Les analyses de régression sont ensuite effectuées sur cette variable numérique. Nous déterminerons deux variables dont la combinaison nous permettra de déterminer la pérennité des activités créées par le FNE entre 1996 et 2005. La variable « Existence » (E) permettant de savoir si une activité créée est encore en vie. Cette variable est évaluée sur 5 points, La deuxième variable est la durée de vie (D) évaluée également sur 5 points. La combinaison de deux variables (E +D) donne l'expression de la pérennité (P) évaluée à son tour sur 10 points.

D. L'explication de la pérennité des activités d'auto emploi

Certaines pistes permettent d'expliquer la pérennité des activités. Ces pistes sont fondées sur le déterminisme, qui soutient que l'avenir de l'entreprise (activité) nouvelle est en grande partie tracée dès le départ de l'initiative, Saporta B. et Verstraete T. envisagent trois pistes : la piste « socio- démographique », la piste « stratégique », la piste « organisationnelle. » La piste « socio- démographique » prend en compte les caractéristiques du promoteur et permet de faire un rapprochement entre l'issue, constatée quelques années après le démarrage et ces caractéristiques de départ. Il s'agit de l'âge, du sexe, du niveau de formation, ...du promoteur. La piste « stratégique » repose sur les décisions prises lors de la création. Tout créateur d'activité, même s'il n'en est pas conscient, fait donc de la stratégie dès le départ de l'initiative, la configuration du plan d'affaire élaboré traduisant l'éventail des stratégies à utiliser lors du lancement. La piste « institutionnelle » quant à elle permet d'analyser le passage d'une idée initiale du créateur à une véritable entreprise. Pour le cas de cette étude, nous prendrons pour explication de la pérennité les caractéristiques du promoteur, les caractéristiques de financement de son activité, de son environnement et de l'occasion d'affaire pour expliquer la pérennité des activités créées par le FNE.

1. Caractéristique du promoteur (X)

Le promoteur est avant tout un chercheur d'emploi. Sa particularité avec d'autres chercheurs d'emploi est qu'il révèle des potentialités d'entreprenership. Les variables suivantes le caractérisent :

*Age du promoteur à la création de son activité. Il se mesure par l'année de création - l'année de naissance (en années).

*Sexe du promoteur : il comprend deux modalités, il est de 1 lorsqu'il s'agit d'un homme (promoteur) et de 2 lorsqu'il s'agit d'une femme (promotrice).

*Formation du promoteur : permet de savoir les qualifications du promoteur au moment de la création de son activité. La formation peut être mesurée par le dernier diplôme obtenu que nous tâchions de regrouper en « formation générale » et en « formation technique » et aussi en termes de nombre d'années d'étude.

*Ténacité ou persévérance du promoteur : c'est une des qualités entrepreneuriales. C'est une variable subjective, mais déterminante. Elle se mesure par la durée (en mois) de montage de projet ou d'entretien de travail entre le promoteur et son conseiller emploi.

*Patience ou Attente du financement : comme la ténacité, la patience est une variable subjective, mais également déterminante pour la pérennité du projet. L'idéal est qu'elle soit la plus courte possible (en mois) afin de permettre au promoteur de travailler une fois que des études économiques ont été faites. Elle se mesure par la durée (en mois) écoulée entre la fin du montage du projet et le premier remboursement (le premier remboursement intervient après financement du projet, installation du promoteur et quelques mois de différé).

2. Caractéristiques du financement (Y)

*Principal : C'est le montant d'emprunt du FNE contracté par le promoteur. Il se mesure en Franc CFA. Il est déterminant pour l'installation du promoteur et le début de son activité.

*Apport personnel (Fonds propres): C'est une valeur en numéraire ou en nature que possède préalablement un promoteur avant le lancement de son activité. Comme pour le principal (emprunt FNE), l'apport personnel est exprimé en Franc CFA.

*Taux d'intérêt : c'est une des conditions de remboursement du prêt. C'est la charge financière à supporter par l'activité du promoteur. On l'appelle aussi, dans le langage financier, le coût de la dette (de l'emprunt).

*Mensualité : Remboursement constant dont la périodicité est le mois. Les conditions de remboursement suivent les principes des mathématiques financières (remboursement par amortissement constant).

*Nombre de traites : c'est le nombre de paiements mensuels aboutissant à l'extinction du crédit.

*Structure financière : c'est est le ratio de la dette (fonds empruntés au FNE à un taux d'intérêt donné) rapporté aux capitaux propres (apport personnel du promoteur). Cette expression est supérieure à 1 lorsque la dette est plus importante que l'apport personnel.

3. Caractéristique de la localisation de l'activité (Z)

*Site du projet : C'est le lieu d'implantation de l'activité. Le concept « Centre71(*) » étant très vaste, nous avons souhaité estimer cette variable selon deux modalités : la localisation de l'activité à « Yaoundé » ou « en dehors de Yaoundé.»

4. Caractéristiques des variables stratégiques (T): Par stratégie, nous entendons les mesures de départ (prévisionnel) tenant compte de la concurrence et du lieu d'implantation. Ces mesures sont l'appréciation du prix de vente et de la quantité produite, la détermination du chiffre d'affaires préalable, la rémunération du promoteur, etc.

* Chiffre d'Affaires (CA) : c'est la résultante du prix et de la quantité ou de la prestation vendue. Il sera exprimé en mois, (Chiffre d'affaires mensuel).

*Taux de variation du CA : exprime la variation annuelle du chiffre d'affaires et est fixé selon le comportement du marché et aussi en fonction de la demande. Plus un secteur est porteur, plus ce taux est grand.

*Prélèvement du promoteur : C'est la rémunération mensuelle du promoteur. Ce prélèvement fait du promoteur l'employé de son activité (mis à part le fait qu'il soit propriétaire de l'activité).

*Taux de variation du salaire : exprime la variation du salaire du promoteur. Il tient compte de plusieurs variables et surtout de la création de la valeur par l'activité.

*Nombre d'emplois permanents : exprime le nombre d'emplois générés par une activité. Il dépend de l'importance du financement et de la grandeur de l'activité.

5. Caractéristique des secteurs d'activité

Le secteur d'activité peut être considéré comme une variable stratégique dès lors qu'il constitue une décision mûrement réfléchie du promoteur. Ce choix dépend de la connaissance du secteur par le promoteur, de ce qu'il sait faire de par sa formation et de l'opportunité du marché (occasion d'affaires). Ces indicateurs sont définis selon le portefeuille du FNE et sont, ensuite, regroupés partant de l'importance du secteur dans l'échantillon. En dehors des importations et de vente directe des produits, des activités de transport et des activités culturelles, le portefeuille du FNE est fait de 20 secteurs d'activité qui sont :

Agriculture, Agro-alimentaire, Bâtiment,

Coiffure/Esthétique, Confection, Distribution, Elevage,

Horticulture, Maintenance informatique, Maroquinerie,

Pisciculture, Restaurant, Service, Transformation de bois,

Transformation chimique, Vannerie, Santé,

Foresterie, Hébergement et Joaillerie.

Nous avons regroupé ces vingt secteurs en 7 groupes principaux :

*Agro-alimentaire (11% de l'échantillon), *Coiffure/ Esthétique (10%),

*Distribution (23%), *Restaurant (19%), *Service (6%),

*Santé (7%) et *Autres secteurs (24%) (Agriculture, Bâtiment, confection, élevage, horticulture, etc.).

Section 2 : La création d'activités d'auto emploi

I. Les activités créées entre 1996 et 2005 (Population mère)

La population mère est constituée des activités d'auto emploi financées par le FNE entre 1996 et 2005 (les périodes d'étude). Il en ressort que les promoteurs se sont lancés massivement dans la restauration, l'agro-alimentaire, la distribution, les services, la coiffure et l'esthétique ainsi que dans l'agriculture qui semble être des secteurs porteurs ou rentables.

Figure n°10° : Activités créées (1996 -2005)

Source : Auteur, à partir du portefeuille du Service Emploi Indépendant- FNE (Agence Centrale).

Représentativité de la population mère dans l'échantillon

Tableau n°9: Représentativité des activités créées dans l'échantillon d'étude

Secteurs d'activité

A (effectifs). Nombre d'activités créées par secteur.

B (en %)

Part du secteur dans les activités créées

C.

Effectifs de l'échantillon par secteur.

D (en %

Part du secteur dans l'échantillon

E (en « oui » et « non »)

Représentativité de l'échantillon

F (en %)

Part de l'échantillon dans la population mère

Agriculture

35

8,1

4

3,7

NON

11,4

Restaurant

108

25

20

18,5

NON

18,5

Service

52

12,0

7

6,4

NON

13,4

Agro-alimentaire

52

12,0

12

11,1

OUI

23,0

Bâtiment

5

1,15

2

1,8

OUI

40

Confection

18

4,1

4

3,7

OUI

22,2

Elevage

6

1,3

2

1,8

OUI

33,3

Maintenance

22

5,0

5

4,6

OUI

22,7

Maroquinerie

3

0,6

1

0,9

OUI

33,3

T/Bois

10

2,3

3

2,7

OUI

30

T/Chimique

6

1,3

1

0,9

OUI

16,6

Coiffure/Esthétique

31

7,1

11

10,1

OUI

35,4

Distribution

72

16,6

24

22,2

OUI

33,3

Horticulture

1

0,2

1

0,9

OUI

100

Pisciculture

1

0,2

1

0,9

OUI

100

Vannerie

2

0,4

2

1,8

OUI

100

Santé

8

1,8

8

7,4

OUI

100

Total

432

100

108

100

 

25

Source : Auteur, à partir du portefeuille du Service Emploi Indépendant FNE (Agence Centrale)

A : Nombre d'activité créée par secteur d'activité entre 1995 et 2006. Ce qui revient à une population mère équivalente à 432 activités.

B : Part de secteur d'activité dans la population mère (en pourcentage),

C : Effectif de l'échantillon caractéristique de notre étude. L'échantillon est composé d'une population de 108 promoteurs (activités).

D : Part d'activité dans l'échantillon (en pourcentage).

E : Degré de représentativité de la population mère dans l'échantillon. Pour que l'échantillon soit représentatif de la population mère, il faut que D soit proche de B (la proportion d'activité dans la population mère soit équivalente à celle des activités dans l'échantillon). Ce degré prend « Oui » lorsque l'échantillon est représentatif et « Non » dans le cas contraire. Nous avons ainsi, 3 secteurs (sur 17) qui reflètent faiblement les caractéristiques de la population mère (Agriculture, restaurant, services) et les 15 autres reflétant l'image de la population mère. Cette règle peut être contournée grâce à l'exhaustivité de l'échantillon. Ainsi, au-delà de 30 observations, le théorème dit « de la convergence vers la loi normale72(*) » montre que, plus l'échantillon est grand (effectif n>= 30) et plus la distribution se rapproche de la loi normale.

F : Part relative de l'échantillon par rapport à la population mère. Ainsi l'échantillon représente 25% des activités créés entre 1996 et 2005.

II. L'échantillonnage

L'échantillon est fait d'un prélèvement aléatoire de 10 promoteurs par année d'étude (1995-2006) de façon à ce que chaque année soit représentée. Les données ont deux sources complémentaires.

Les indicateurs de financement sont issus du bureau de l'Agent Administratif des Projets du service emploi indépendant (SEI) qui, grâce au tableau d'amortissement du crédit, permet de savoir les promoteurs qui sont solvables. Le tableau d'amortissement de l'emprunt nous a permis de combler des lacunes au sujet des activités créées, mais qui n'existent plus sur le marché et pour des raisons diverses notamment le décès de son promoteur, la disparition des promoteurs ou une fermeture de l'activité sans signaler au FNE. En effet, la durée de vie de l'activité pour cette catégorie de promoteurs était difficile à déterminer. Cette durée était déterminée par le remboursement effectif du promoteur.

Les donnés relatives à la stratégie de départ et au secteur d'activité auquel appartient l'activité sont issues des plans d'affaire (business planning). Ces fiches sont conservées chez l'Agent administratif des projets.

Les activités du FNE peuvent être classées en trois grandes périodes ou époques :

*La période de la création (1990 - 1995) : C'est la période d'installation, d'essai et de tâtonnement. C'est pendant cette période que le FNE met en place sa stratégie de promotion de l'emploi.

*La période allant de 1996- 2005 : C'est la période d'extension du FNE. Les nouvelles agences sont créées. On suppose que pendant cette période le personnel du FNE qui interviennent dans la création d'activités maîtrisent le processus d'accompagnement des promoteurs. Une étude rétrospective est possible.

*La période allant de 2006 à nos jours. Pendant cette période, certains projets ne sont pas encore achevés et la distance est trop courte pour un regard rétrospectif ou une étude analytique.

Le choix de prélèvement de notre échantillon est effectué en vue d'une large vision (10 ans) sur la dynamique d'auto -emploi et son financement par le Fonds National de l'emploi. Le choix de la deuxième période (1996-2005) est motivé par la maîtrise du processus d'accompagnement des promoteurs par le personnel du FNE impliqué dans la création d'activités. La pérennité comme d'ailleurs l'emploi et la pauvreté sont des paramètres dont l'efficacité est mieux appréciée lorsqu'ils sont inscrits dans une durée assez longue. L'échantillon a un effectif de 108 promoteurs (activités) soit environ 25% de la population mère. Ce qui permettra de mener une étude assez objective. Le nombre d'individus dépasse 30 (« grands échantillons »), un nombre nécessaire pour estimer normalement les observations.

Tableau n°10° : Quelques caractéristiques de l'échantillon

 
 

Modalités

Effectifs

%

Promoteurs

Sexe

Hommes

Femmes

56

52

52%

48%

 

Formation

Générale/ aucune

Technique

78

30

72%

28%

Secteurs d'activité

 

Agro-alimentaire

Coiffure/ Esthétique

Distribution

Restaurant

Services

Santé/ Médecine

Autres secteurs

12

11

24

20

7

8

26

11%

10%

23%

19%

6%

7%

24%

Site de l'activité

 

Yaoundé

Autres

77

31

71%

29%

Catégorie d'emploi indépendant

 

Auto emploi pur

Employeurs

17

91

16%

84%

Source : Auteur, à partir du portefeuille SEI- Agence Centrale,

Les activités de l'échantillon appartiennent aux autres secteurs (24%), à la distribution (23%) et à la restauration (19%), ce qui est conforme à la réalité observée dans la population mère et dans la ville de Yaoundé où sont implantés la plupart des promoteurs (71%). En termes de sexe, on peut dire qu'il y a autant de femmes que d'hommes (la différence n'étant que de 4 points, c'est-à-dire, négligeable). Pailleurs, la majorité des promoteurs (72%) ont suivi une formation générale ou n'ont aucune formation, ce qui indique que le promoteur était auparavant chômeur. Les individus ayant suivi une formation générale (ou aucune formation) ont plus du mal à s'insérer dans la profession que leurs collèges de formation technique qui constituent une main d'oeuvre directement opérationnelle.

III. Présentation des modèles et tests empiriques

Modèle général sur la pérennité

Après un survol des aspects théoriques de l'analyse des déterminants de la pérennité des activités d'auto -emploi, il reste à tester empiriquement, à partir de notre échantillon, un modèle qui permet d'identifier les variables explicatives de même que les facteurs incitatifs ou limitatifs de la pérennité des activités. En nous inspirant de certains modèles de référence, comme celui de l'APCE en France73(*) et l'étude de P. Reynolds74(*) et S. White aux Etats-Unis, notre modèle général prend la forme de

Pi = a + bXi + cYi + dTi + fSi

Pour chaque activité ou promoteur i, cette équation nous permet de relier la pérennité (désignée par P) aux variables du promoteur (X), aux variables financières (Y), aux variables de localisation (T) et aux variables stratégiques (S).

Section 2 : Résultats et évaluations

Tableau n°11 : Partie de la matrice de corrélation et paramètres de dispersion75(*)

Variables

Moyenne

Ecart- Type

CV76(*)

pérennité

T_ Salaire

Significativité au seuil de 5%77(*)

Ages

39,27

8,64

0,220015279

-0,02

-0,1

NON

Hommes

0,52

0,5

 

-0,44

-0,52

OUI

Femmes

0,48

0,5

 

0,36

0,58

OUI

Année_ formation

4,32

3,97

0,918981481

0,2

0,2

NON

Formation Générale

0,72

0,45

 

-0,16

-0,32

NON

Formation Technique

0,28

0,45

 

0,08

0,44

NON

Ténacité

4,96

5,64

0,137096774

0,06

-0,06

NON

Patience/Attente

14,53

9,25

0,636613902

-0,02

-0,18

NON

 

 

 

 

 

 

 

Principal

1671917

1305698,38

0,780958851

0,36

0,26

OUI

Apport personnel

1007706,88

1232449,88

0,223024179

0,32

0,14

OUI

Taux d'intérêt

10,62

3,37

0,3173258

-0,72

-0,38

OUI

Taux de remboursement

13,31

19,95

0,498873028

0,76

-0,04

OUI

Mensualité

56803,67

36041,44

0,634491398

0,42

0,26

OUI

Nombre de mensualité

31,48

8,04

0,255400254

0,28

0,36

NON

Ratio d'endettement

3,03

3,66

0,207920792

-0,02

-0,06

NON

 

 

 

 

 

 

 

Yaoundé

0,71

0,45

 

0,04

0,08

NON

Hors Yaoundé

0,29

0,45

 

-0,04

-0,08

NON

 

 

 

 

 

 

 

Chiffre d'affaire mensuel

1106852,75

1725025,38

0,558495816

0,48

0,16

OUI

Taux de variation CA

9,36

3,69

0,394230769

0,26

0,66

NON

Salaire promoteur

53842,59

40515,24

0,752475689

0,56

0,16

OUI

Taux de variation du salaire

5,09

3,39

0,666011788

0,26

1

NON

Nombre d'emplois

3,42

2,95

0,862573099

0,48

0,02

OUI

 

 

 

 

 

 

 

Agroalimentaire

0,11

 

Xxx

0,06

-0,3

NON

Coiffure/Esthétique

0,1

 

 Xxx

0,5

0,12

OUI

Distribution

0,22

 

 Xxx

0,02

0,22

NON

Restauration

0,19

 

 Xxx

-0,44

-1,6

NON

Services

0,06

 

 Xxx

0,06

0,2

NON

Santé

0,07

 

 Xxx

0,44

0,24

OUI

Autres secteurs

0,24

 

Xxx

-0,32

-0,2

OUI

 

 

 

 

 

 
 

Existence

0,37

0,48

xxx 

 

0,26

 

Durée de vie

1,64

2,44

Xxx

 

0,1

 

Taux de pérennité

26,71

34,6

xxx

 

0,22

 

Source : Selon la matrice des covariances et statistique descriptive obtenues par Spadn 4.0.

Les valeurs tests, en valeur absolue, sont des résultats qui nous ont permis de tester la significativité de relation entre la variable à expliquer (Pérennité) et les variables explicatives. Au seuil de 5% et 78 degré de liberté (108 promoteurs- 29 variables -1) la valeur donnée dans la table de Student est égale à 1,664. La relation entre la variable à expliquer et les variables explicatives lorsque la valeur test est supérieure à la valeur lue dans la table [lorsque la colonne (1)-(2) est négative]. La relation est significative dans le cas contraire [lorsque la colonne (1)-(2) est positive]. Ainsi après le test de Student sur les coefficients, lorsque la relation est significative, la colonne prend « oui » et « non » dans le cas contraire.

Figure n°11: Représentation des variables dans les deux axes factoriels

Source : Auteur, résultats obtenus par SPADEN 4.0.

I. Les variables qui participent faiblement à l'explication de la pérennité

Après analyse de la matrice de corrélation issue de l'analyse en composante principale (ACP) et la statistique descriptive, il ressort que seules 37% des activités créées entre 1996 et 2005 existent encore sur le marché. Leur durée de vie moyenne est de 19 mois et 20 jours (1,64 ans) et le taux moyen de survie est de 27% des activités créées. Certaines variables participent faiblement à l'explication de cette pérennité.

C'est le cas de l'âge, qui contribue faiblement et négativement à la pérennité de l'activité (soit -0,02), ce qui signifie que l'activité d'auto emploi n'opère pas une discrimination en termes d'âge. La moyenne d'âge étant de 39,27 ans et une dispersion autour de cette moyenne équivalente à l'écart- type, l'auto -emploi concerne la population active (d'âge compris 15 et 65 ans), toute personne pouvant travailler en son propre compte.

C'est aussi le cas de la formation qui participe faiblement à la pérennité de l'activité. Cette variable a été repartie en trois sous variables qui sont, le nombre d'années de formation, la formation générale et la formation technique. La durée moyenne de formation est de 4, 32 ans (avec un écart type de 3,97). Sa contribution à la pérennité est faible, mais positive (soit +0,20). Cette variable formation est à relativiser puisque tous les promoteurs du FNE reçoivent une formation en gestion des petites unités, ce qui a pour objectif de leur inculquer un esprit d'entreprise et de gestion. Toutefois, la formation générale bien qu'elle influence faiblement la pérennité, le fait négativement (soit -0,16), ce qui confirme l'idée selon laquelle les individus issus de la formation générale ne sont pas suffisamment outillés pour commencer une activité d'auto emploi qui correspond davantage à un métier ou une professionnalisation. Par ailleurs, la corrélation positive (+0,08) entre la formation technique et la pérennité montre la prédisposition de cette catégorie de promoteurs à l'emploi indépendant. Cette faible corrélation est à relativiser puisque les promoteurs à formation technique ne représentent que 28% de l'échantillon contre 72% de leurs collèges qui relèvent formation générale.

Les variables « Ténacité » et « Patience ou attente de financement » sont aussi confirmées. Bien qu'elles participent faiblement à l'explication de la pérennité, elles justifient différemment celle des activités. La « Ténacité » qui mesure les délais de la conception du plan d'affaire (plan stratégique) atteste une corrélation positive (soit +0,06), ce qui montre combien le temps de cette élaboration est une phase d'apprentissage et d'appropriation de l'activité par son promoteur. Ce résultat est à atténuer avec le large éventail de promoteurs. La durée moyenne est de 4,96 mois. Par ailleurs la variable « Patience » contribue négativement à l'explication de la pérennité (-0,02). Ceci confirme l'hypothèse selon laquelle plus le temps d'attente de financement est long, plus les études économiques perdent leur signification et par conséquent agissent négativement sur la pérennité des activités. La moyenne de ce temps de patience étant de 14,53 mois (écart type de 9,25), ceci montre combien le comité du crédit, qui décide des projets à financer, ne se réunit pas régulièrement. Cela découle des contraintes budgétaires auxquelles est soumis le FNE (difficulté de recouvrement de la totalité de la contribution patronale78(*) et insuffisance des partenaires non étatiques).

Les variables financières sont assez significatives, sauf le ratio d'endettement (structure financière) qui explique faiblement et négativement la pérennité (-0,02). Ce résultat confirme aussi l'indifférence de la structure de financement sur la performance de l'entreprise (Modigliani et Miller). Le FNE finance les activités à hauteur de 80% du coût total d'investissement. La relation négative témoignant de la tendance générale des promoteurs à vouloir se financer par des fonds publics qui, grâce à son caractère social (des contraintes79(*) incomparables à celle des banques commerciales) n'incitent pas suffisamment au travail. Certains voient dans l'emprunt public un don et non un engagement à respecter. Cela est d'autant plus vrai que le taux moyen de remboursement est faible à 13, 31%.

Les variables de localisation de l'activité expliquent aussi faiblement la pérennité des activités. Il y a une relation positive entre la pérennité et les activités implantées dans ville de Yaoundé (+0,04) et négative pour les activités dehors de Yaoundé (-0,04). Ceci laisse croire que les activités hors de Yaoundé bénéficient d'un marché plus étroit. Cette analyse peut être nuancée par la forte représentativité des promoteurs de la ville de Yaoundé dans l'échantillon (soit 71%). Cette forte représentativité relève du fait que le siège de l'agence centrale est situé à Yaoundé, ce qui confère un avantage informationnel aux populations de cette ville, mais également un coût de transport relativement faible comparativement à ceux qui viennent d'ailleurs. Un autre problème est celui de suivi des promoteurs implantés hors de Yaoundé. Les conseillers impliqués dans le suivi attestent que le temps consacrés au suivi est insuffisant par rapport à celui consacré au montage des projets et qu'aussi les promoteurs hors Yaoundé sont soit moins suivis (8 sur 10) soit délaissés (2/10) et sont visités de façon irrégulière.

Tableau n°12° : Extrait de grille de questionnaire.

Comparativement au temps consacré au "suivi", le "montage" a

Total sur 10 conseillers

Plus de temps

9

Temps égaux

0

Moins de temps

1

Comment conciliez-vous dans la semaine, "Montage" et "suivi"

 

Il y a des jours consacrés uniquement au "montage"

6

Il y a des jours consacrés aux deux à la fois

2

Tous les jours sont réservés au "montage"

2

En ce qui concerne le suivi, les promoteurs "hors Yaoundé" sont-ils

 

Privilégiés

0

Moins suivis

8

Délaissés

2

Les promoteurs "hors Yaoundé" sont-ils visités

 

Régulièrement

0

Irrégulièrement

10

Source : Auteur, extrait de réponses des conseillers SEI (grille de questionnaire).

Toutes les variables stratégiques ont participé à la deuxième analyse et expliquent significativement la pérennité des activités.

Certaines variables relatives aux secteurs d'activités expliquent faiblement la pérennité. C'est le cas du Secteur Agro-alimentaire (+0,06), du Secteur Distribution (+0,02) et du Secteur de Service (+0,06). Cette faiblesse s'explique du fait du caractère flexible de ces secteurs et son investissement dans les capitaux circulants (achat des biens et matières en vue d'une revente). Un promoteur investissant dans ces secteurs peut facilement se convertir vers d'autres secteurs si le marché se sature.

II. Les variables qui participent significativement à l'explication de la pérennité

Après la première analyse consistant à expliquer les variables qui participent faiblement à la pérennité, intéressons- nous aux variables significatives qui explique tant positivement que fortement (>20%)80(*) la pérennité des activités d'auto emploi. C'est le cas des variables comme :

*Le sexe du promoteur. Alors que les femmes (+0,36) ont une influence positive sur la pérennité de l'activité, les hommes par contre ont une influence négative sur la pérennité (-0,44), ce qui veut dire que les femmes seraient plus aptes à entreprendre pour leur propre compte. L'emploi indépendant permet aussi d'établir un équilibre entre la vie professionnelle et la vie familiale. La localisation de l'activité étant souvent la même que le lieu d'habitation, l'aptitude des femmes à l'auto emploi vient de ce souci d'assurer une permanence à domicile.

*Plusieurs variables financières expliquent la pérennité : Le montant de l'emprunt (soit +0,36), l'apport personnel du promoteur (+0,32), le taux de remboursement (+0,76), le montant de mensualité (+0,42), nombre de traites (+0,28) influence positivement la pérennité. Cette observation confirme le dosage entre l'apport personnel et le recours à l'emprunt. La légère faiblesse des paramètres explicatifs révèlent de la faible importance de coût de l'investissement. L'emprunt moyen revenant à 1 671 917 FCFA et l'apport personnel revenant à 1 007 707 FCFA, on en déduit le caractère micro financier du financement des activités du FNE et aussi de la faiblesse de l'épargne des promoteurs. Par ailleurs le taux d'intérêt influence négativement et fortement la pérennité (soit -0,72). Le taux d'intérêt étant un paramètre représentant le coût de l'emprunt, son importance peut aussi justifier le faible taux de remboursement (la moyenne est de 13,31%).

*La totalité des variables stratégiques expliquent fortement et positivement la pérennité. Ce qui montre que généralement, le plan stratégique (plan d'affaire) avant le lancement des activités est bien monté. L'ensemble de ces variables stratégiques étant déterminé de commun accord entre le promoteur et son conseiller emploi lors de l'élaboration du plan d'affaire, ceci démontre la compétence des conseillers emplois du FNE. Ces conseillers emploi sont le reflet des activités du portefeuille du FNE. Cette hypothèse est déjà confirmé à travers la variable « Ténacité » qui elle aussi influence positivement la pérennité et met en évidence la durée du travail entre le promoteur et son Conseiller emploi. Ces variables stratégiques sont le Chiffre d'affaires prévisionnelle (+0,48), le taux de croissance du chiffre d'affaires (+ 0,26), le Salaire (+0, 56), le taux variation du salaire (+0, 26), nombre d'emplois créés (+0, 48).

*Certains secteurs d'activité sont déterminants. C'est le cas des secteurs comme « Coiffure et Esthétique », «Santé et médecine » qui ont une influence positive sur la pérennité. Le cas du secteur « Coiffure et Esthétique » vient du fait que c'est secteur qui n'a que les femmes comme promotrices. Nous avons précédemment souligné l'influence positive du sexe féminin sur la pérennité. Le « secteur Santé » est justifié du fait que la majorité de ceux qui se lancent dans ce secteur ont une formation correspondante à leur activité. En effet, tous les médecins ou infirmières font partie de la catégorie « formation technique » qui déjà, influence positivement la pérennité. Par ailleurs, le « secteur restaurant » et « les autres secteurs » influencent négativement la pérennité. Le secteur restaurant se justifie par le fait qu'il a été abondamment financé par le FNE entre 1995-2006 (il représente à lui seul 25% des promoteurs), ce qui a saturé le secteur. Les autres secteurs représentant des activités dont le marché a été très vite saturé ou victimes d'instabilité du courant électrique notamment « la maintenance informatique » ; le grand nombre de cybercafés dans la ville de Yaoundé en a fait un secteur non porteur. S'agissant de la « Maroquinerie », de l'« Horticulture », de la « Pisciculture », de la « Vannerie », de la « Transformation/Bois », et de la « Transformation/Chimique», l'étroitesse des marchés fait que peu de promoteurs s'y intéressent.

III. Les variables mesurant l'impact d'auto emploi sur la pauvreté et le chômage.

L'analyse montre qu'il y a une corrélation positive entre le prélèvement du promoteur, le taux de variation de son salaire et la variable pérennité. Ces corrélations positives et significatives (après test de Student) attestent l'impact qu'il y a entre la création d'activité d'auto emploi et la pauvreté. La moyenne de prélèvement du promoteur étant de 53 842 (avec un écart type de 40 515) montre l'amélioration du revenu du promoteur partant qui travaille pour leur propre compte. Ce prélèvement du promoteur doit être interprété des différentes manières et comparé aux différents seuils de pauvreté et aux aspirations du FNE.

Comparé au salaire minimum au Cameroun étant de 23 500 FCFA, ce revenu moyen du promoteur revient au double du SMIG. Comparé au seuil de pauvreté au Cameroun (qui est de 148 000) par an, on peut dire que le prélèvement du promoteur bien que modeste, dépasse le seuil de pauvreté, pour une activité pérenne, la création d'activité permet d'améliorer le revenu du promoteur. Toutefois et partant de la valeur de l'écart -type, il y une forte disparité de revenu entre promoteurs et qui montre de secteur faiblement rémunéré (un minimum de 10 000 FCFA pour le secteur agricole) et d'autres qui sont bien rémunéré (Maximum de 250 000 FCFA pour le secteur santé).

La variable chômage peut s'apprécier à travers son indicateur positif qui est le « nombre d'emploi permanent créés.» Notre hypothèse de départ consistait à voir comment les activités pérennes ont un réel impact sur la création de l'emploi.

En termes de nombre d'emploi créé, la positive corrélation entre la pérennité et le nombre d'emplois créés (+0,48) montre l'efficacité du choix de promotion d'auto emploi comme moyen de résoudre le chômage au Cameroun. Une activité créée en moyenne 4 emplois. Un agrandissement d'activité, certes conduirait à un croissement du nombre d'emploi, car l'agrandissement de l'activité fait partie des investissements. En économie une relation positive existe entre l'investissement (taux d'investissement) et l'emploi.

La difficulté de déterminer la rémunération exacte des promoteurs limite également l'appréciation du niveau de vie que l'activité procure à son promoteur. Toute fois, lors d'élaboration de plan d'affaire, on voit bien que cette dimension est prise en compte afin que le promoteur puisse vivre de son activité sans toutefois limiter sa croissance. Ainsi, le Chef Service Emplois indépendant atteste, qu'en dehors de l'emploi, la dimension pauvreté des promoteurs fait partie des préoccupations du FNE.

Tableau n°13 : La prise en compte de la pauvreté dans la création d'activités au FNE

9

En dehors de l'emploi, est-ce que la survie de l'activité est une préoccupation du FNE

 

 

Oui

1

 

Non

 0

10

En dehors de l'emploi est-ce que la pauvreté des promoteurs est une préoccupation du FNE

 

 

Oui

1

 

Non

 0

Source : Extrait des réponses recueillies du Chef SEI.

Certains éléments des hypothèses sont confirmés et influencent soit dans le sens positif, soit significativement la pérennité des activités créées grâce (et par) le Fonds National de l'Emploi. Ces variables sont financières ou stratégiques. Un important financement se traduirait par une longue durée d'existence de l'activité et partant une durée suffisamment longue pour permettre au promoteur de conserver son statut d'employé indépendant et créer ainsi beaucoup d'emplois. Les variables relatives aux caractéristiques socio- démographiques et entrepreneuriales du promoteur n'influencent que faiblement la pérennité. La justification est double : d'abord, l'auto emploi n'opère pas de discrimination en terme d'âge ni de sexe. En suite, le potentiel entrepreneurial perçu chez des promoteurs avant leur orientation au SEI se confirme par le fait qu'il n'influence pas la pérennité. Le même raisonnement est possible pour la formation. Dans la mesure où tous les promoteurs sont formés à la gestion des petites unités atténue l'influence de la formation sur la pérennité. Des facteurs exogènes et difficiles à percevoir ont aussi joué sur la pérennité des activités créées au FNE. Ces facteurs relèvent soit de la macro économie soit du choix des promoteurs à arrêter l'activité lorsqu'il a trouvé une occupation plus intéressante.

Section 3 : Recommandations en vue de la promotion de l'auto emploi

I. Renforcement des capacités des femmes et encadrement des promoteurs ruraux

Des récentes études sur la pauvreté monétaire au Cameroun sont parvenues à tirer deux conclusions. D'abord, la pauvreté s'observe plus en milieu rural qu'en milieu urbain. Ensuite, la pauvreté affecte plus des femmes que des hommes. ABESSOLO81(*) justifie ce comportement, en indiquant qu'il existe plus des mesures de réduction de la pauvreté en ville que dans les villages. Notre étude empirique portant sur les promoteurs du FNE a montré une corrélation négative entre les activités créées en dehors de la ville de Yaoundé, qui sont en majorité rurales, et l'indicateur de pérennité. D'une part, la réalité économique et les études de rentabilité penchent pour le financement de seules activités situées à Yaoundé. Probablement la proximité de certains promoteurs du siège de l'Agence Centrale leur fait bénéficier de plus de suivi technique que leurs collègues de milieu rural. Les promoteurs habitant Yaoundé ont donc deux avantages évidents : la proximité qui facilite le suivi technique par les conseillers et aussi un avantage informationnel par rapport aux programmes et politiques du FNE.82(*) Une étude similaire sur le PADER, qui est essentiellement rural, permettrait de vérifier son impact et son efficacité pour améliorer la pérennité des activités créées en dehors de Yaoundé. Quelle que soit la corrélation négative entre les activités du milieu rural et la pérennité, un réel accompagnement des ruraux par le FNE s'avère urgent.

En outre cette étude a montré une corrélation négative entre la pérennité et le promoteur du sexe masculin. Des mesures doivent être prises quant au détournement de projet et pour ne pas sacrifier le projet à des objectifs personnels. Ce résultat est plutôt une bonne nouvelle pour les promotrices qu'il faut encourager à se lancer à leur propre compte, ce qui serait un pas vers l'atteinte d'un des objectifs du millénaire à savoir promotion de l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes (troisième objectif du millénaire).

II. Réduction du délai de financement

En dehors du sexe, les autres caractéristiques du promoteur ne participent que faiblement à l'explication de la pérennité. Par ailleurs, la variable « Patience ou attente de financement », qui, contribue négativement à l'explication de la pérennité est de la responsabilité du FNE. Plus le temps d'attente du financement est long, plus le projet est sacrifié. Les études économiques qui figurent dans le plan d'affaire n'ont plus la même signification si le financement intervient trois, quatre ou cinq mois après le montage du projet. Ce temps de patience dépend de plusieurs facteurs dont l'essentiel est la marge de manoeuvre du FNE afin de faire face à un chantier aussi vaste que la promotion de l'emploi. Les moyens du FNE proviennent essentiellement de l'Etat. Le comité de crédit qui choisit les projets à financer se réunit de façon irrégulière et sans une date fixe. Réduire le délai signifie rendre régulier le rythme de comité de crédit et financer les activités sitôt que le plan d'affaire est élaboré.

Tableau n°14 : Rythme de réunion du comité de présélection et de comité de crédit.

Les moyens dont dispose le FNE pour financer les activités sont-ils

 

Important?

 

Suffisant?

 

Insuffisant?

1

Le FNE a-t-il des sources de financement autre que la contribution patronale

 

Oui

1

Non

 

Si "oui" d'où proviennent-elles?

 

Des institutions étatiques

1

Des ONG

 

D'ailleurs

 

Le comité de présélection se réunit-il de façon

 

Régulière

1

Irrégulière

 

A quel rythme se réuni le comité de présélection

 

Mensuel

 

Trimestriel

1

Annuel

 

ça dépend

 

Le comité de crédit se réunit-il de façon

 

Régulière

 

Irrégulière

1

A quel rythme se réunit le comité de crédit

 

Mensuel

 

Trimestriel

 

Annuel

 

ça dépend

1

Source : Auteur, Extrait des réponses recueillies auprès du Chef SEI.

En outre, tous les indicateurs relatifs au montage du plan d'affaires (et du projet) montrent la compétence des Conseillers emploi/ SEI. La variable « ténacité », qui est le laps de temps que le promoteur a passé avec son Conseiller pour prendre des mesures stratégiques, atteste une forte corrélation par rapport à la survie des activités et aussi le cas des variables stratégiques qui n'ont que pour source le plan d'affaires. Ces conseillers méritent des encouragements et aussi l'amélioration de leurs conditions de travail. Lors de notre stage au FNE, nous avons laissé un projet de traitement des dossiers au moyen d'un système d'information NEFISYS (National Employment Funds Information Système). Ce système d'information aura pour impact positif d'écourter plusieurs phases de traitement des dossiers et permettra d'arrimer les conseillers à la Technologie de l'information.

III. Renforcement du service formation

L'étude empirique a également montré la faiblesse des variables de formation pour expliquer la survie des activités. Toutefois, la formation générale influence négativement la survie. Cet argument plaide en faveur de la formation professionnelle (qui exerce une influence positive sur la pérennité). Cette relativité des variables de formation montre l'efficacité de la formation en gestion des petites unités qui conditionne le blocage de fonds d'installation du promoteur. Il faut que le FNE renforce son service formation qui tend plus vers la formation à caractère professionnel afin d'ajuster la formation à l'emploi.

IV. Accroître le financement pour promouvoir plus d'emplois et refinancement des activités en perte de vitesse.

Un autre enjeu en Afrique, pour savoir quel est l'impact de la croissance économique sur la réduction de la pauvreté révèle un paradoxe : les taux positifs de croissance enregistrés ne font pas reculer la pauvreté. Une des raisons données par Janvier Nkurunziza (2005) est que les investissements n'ont pas concerné des secteurs industriels fort consommateurs de main d'oeuvre. Bien qu'il y ait une corrélation positive entre le nombre d'emplois créés et la survie de l'activité, les emplois restent quand même faibles (4 emplois en moyenne par activité). L'avantage du financement du FNE est d'avoir permis aux promoteurs des emplois sûrs et durables, puisque les promoteurs n'avaient pas d'emploi auparavant. Le nombre d'emplois créés est le reflet du caractère micro financier des activités. Une augmentation du montant de financement serait délicat d'autant plus que la contrainte budgétaire (voir variable « Patience ») est pesante, la demande de financement et la tendance à se financer par l'emprunt sont fortes (voir ratio d'endettement), mais le taux de remboursement est encore faible (en moyenne 13%). Mais la promotion des activités de taille plus grande serait une forte contribution à la promotion de l'emploi, ce qui est la mission générale du FNE. Une des causes de la faiblesse du taux de survie est le manque de refinancement des activités notamment de besoins en fonds de roulement. Le financement du FNE a permis seulement de lancer le promoteur, sans un suivi financier régulier. Certaines activités peuvent fermer, même si le marché reste porteur, par manque de refinancement en vue de l'innovation ou de l'extension et répondre ainsi à une hausse de la demande. Le refinancement des activités permettrait aux activités en perte de vitesse de se maintenir encore plus longtemps sur le marché.

V. Refinancement des activités en perte de vitesse

Si certaines activités ne poursuivent plus leurs courses, c'est en partie à cause de l'insuffisance de financement. Nous avons déjà souligné la difficulté de financement des activités par les banques. Jusque là le Fonds National de l'Emploi ne s'intéresse qu'au financement de lancement des activités. Après l'extinction du crédit, les activités ont besoin d'être refinancées afin de reprendre leur cycle d'exploitation. Plutôt que sans cesse financer des nouveaux entrants, le FNE peut aussi refinancer des activités en perte de vitesse. Ceci permettra aux promoteurs de se maintenir et conserver, pendant longtemps leur statut d'employé indépendant.

VI. Réduction du taux d'intérêt

Nous avons vu combien le taux d'intérêt influençait négativement la pérennité des activités créées. Le but poursuivi par le FNE n'est pas lucratif, même si le taux d'intérêt incite au travail, puisqu'un crédit doit, de toutes les manières être remboursé, le FNE peut baisser son taux d'intérêt83(*).

VII. Regroupement géographique des promoteurs

Une autre façon de permettre aux promoteurs de maintenir leur statut d'emploi, c'est de procéder à leur regroupement afin de stimuler l'efficacité collective. Certains projets sont de même nature et appartiennent à la même branche. On peut estimer que ce regroupement permettra d'accroître la compétitivité et atténuer l'instabilité de l'emploi notamment en améliorant la qualité et en réduisant les coûts des intrants. Lorsque des entreprises se regroupent, elles peuvent négocier les prix. Le regroupement des promoteurs, surtout ceux qui sont en dehors de Yaoundé, peut permettre un suivi collectif et faire bénéficier des conseils et des formations à un coût réduit.

VIII. Plaider pour des allégements fiscaux en faveur des promoteurs débutants

Certaines raisons de fermeture des activités et de non pérennité relèvent de la macro économie. Les conseillers -emploi interrogés attentent majoritairement (7 sur 10) que la plus grande difficulté que rencontrent leurs promoteurs une fois installés est la pression fiscale. Cette inquiétude vient de l'environnement fiscal camerounais en général. Que ce soit le Fonds National de l'Emploi ou l'administration fiscale, les deux relèvent des organes de l'Etat. De quelle manière ces deux institutions peuvent collaborer afin de permettre des allégements fiscaux ou des exonérations des activités pendant la première année de leur existence ?

Tableau n°15 : La difficulté que rencontrent souvent les promoteurs

8

Quelle est la difficulté que rencontrent souvent vos promoteurs une fois installés

Sur 10

 

Insuffisance de financement

1

 

Saturation de marché

1

 

Non maîtrise de l'activité

0

 

La pression fiscale

7

 

Indifférent

1

Source : Auteur, Extrait des réponses recueillies auprès des Conseillers -Emploi

CONCLUSION

Le taux moyen de survie, bien que faible (27%), ne doit pas inquiéter ni limiter les a priori positifs sur la dynamique d'auto emploi. Le lancement d'une activité (d'une entreprise) est une aventure passionnante, mais très risquée. La combinaison de plusieurs facteurs empêche de cerner le principal déterminant de la pérennité. Selon Papin84(*) le taux moyen d'échec est de 30% dès la première année, 50% pour la période des 2 premières années, 65% après les trois premières années et 75% après les quatre premières années. Toutefois selon, O'Leary85(*), des taux élevés de survie peuvent résulter d'un phénomène d'« écrémage », seuls les meilleurs projets étant acceptés.

D'autres facteurs, souvent inattendus, peuvent surgir lorsque l'on veut promouvoir l'auto emploi. Ces aspects ne sont ni de la responsabilité des organisations (FNE), ni celle des promoteurs. De manière générale, des spécialistes86(*) estiment que certains problèmes difficilement mesurables sont susceptibles d'apparaître lorsque l'on promet l'auto- emploi soit par aides publiques soit par des allégements fiscaux. Il y a des effets d'aubaine, de substitution et de déplacement liés à ces mesures d'encouragement. En matière de financement, on parle d'effet d'aubaine, par exemple, lorsqu'une personne qui avait l'intention de travailler comme salarié devient chômeur pendant un certain temps simplement pour bénéficier d'une aide dont elle n'avait pas absolument besoin. Il y a effet de substitution lorsqu'une possibilité d'emploi indépendant est saisie par une personne plutôt que par une autre, simplement parce que la première peut bénéficier d'une aide. Enfin, des effets de déplacement se produisent lorsque de nouvelles affaires exploitées par des indépendants, grâce à des aides, évincent du marché des affaires qui ne bénéficient pas des mêmes aides. Or, ces effets sont très difficiles à mesurer, à moins que la population d'entreprises susceptibles d'être affectées ne soit strictement définie. Un autre problème qui n'est pas proche de notre contexte est la question de « faux indépendants » souligné par le rapport de l'OCDE (2000), ceux qui deviennent indépendants afin d'échapper à la fiscalité.

Partant de ce qui précède, le taux de survie des activités créées est un aspect fondamental à considérer. Le taux de survie semble très lié à la rigueur avec laquelle le projet d'entreprise est jugé et les motivations de son promoteur. Les facteurs que nous avons utilisés dans notre modèle ne sont pas les seuls à expliquer la pérennité des activités. Certains facteurs n'ont pas été pris en compte. Ces facteurs relèvent de la macro économie notamment de la fiscalité, de l'inflation, des changements des comportements des consommateurs, des conjonctures (comme la grippe aviaire pour les secteurs Elevage), etc. Ces facteurs justifient également la survie des activités. La plupart des conseillers interrogés attestent que « la pression fiscale est la difficulté que rencontre souvent les promoteurs une fois installés.» Les autres difficultés relèvent de la saturation de marché, la rentabilité de certaines activités a attiré d'autres promoteurs dans le secteur. D'autres encore c'est l'insuffisance de financement de besoin en fonds de roulement. L'interrogation sur la manière dont ces difficultés influencent l'auto emploi constituerait une autre piste de recherche.

Cette étude porte sur une population d'activités créées, alors que l'accompagnement comme le traitement des dossiers s'est fait au cas par cas. Les promoteurs, bien que issus de la province du Centre du Cameroun, sont très différents et leurs motivations diffèrent également. La recherche portant sur le taux de survie au cas par cas serait l'idéal, mais cette manière de faire se butterait à la difficulté de rencontrer les promoteurs qui ne sont plus sur le marché, les seuls porteurs des vraies raisons d'abandon du projet ou de cessation d'activité. Une étude sur l'issu des promoteurs qui n'exercent plus leurs activités premières permettrait un meilleur jugement sur l'efficacité de la politique de la promotion d'auto emploi par le FNE. En effet, certains promoteurs peuvent avoir abandonné le projet pour une activité plus rentable ou pour un emploi plus rémunérateur que son activité. Une enquête sur le devenir des travailleurs indépendants, qui ne sont plus sur le marché, est une nouvelle piste de recherche que le taux de survie n'a pas suffisamment rendue compte.

Cette étude s'est limitée au cas des promoteurs du Fonds National de l'emploi en cherchant à cerner l'impact de la promotion d'auto emploi sur la pauvreté et le chômage. La détermination du taux de survie (pérennité) et les facteurs qui l'influencent, nous ont permis de proposer des mesures au Fonds National de l'emploi afin d'aider ses promoteurs à maintenir leur statut d'emploi et leur autonomie financière pendant une longue durée. L'insuffisance d'emploi au Cameroun demande beaucoup d'imagination et beaucoup d'initiative. Sans créer des emplois, en effet, il est difficile de réduire le taux de chômage. Sans emploi, il est également difficile de lutter contre la pauvreté. Ce travail a permis de mettre en évidence l'insuffisance de marge de manoeuvre du FNE afin de faire face à sa gigantesque mission de promouvoir l'emploi au Cameroun. Cette insuffisance de marge de manoeuvre retarde le début des activités des promoteurs et partant compromet la pérennité de leurs activités. Une question reste, comment améliorer le faible taux de survie des activités ? Comment allonger la durée de vie des activités afin d'agir efficacement et durablement sur la pauvreté et le chômage?

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59. UNIVERSITE DE TOUS LES SAVOIRS, L'économie, le travail, l'entreprise, volume 3, Paris, Odile Jacob, 2002.

60. US DEPARTMENT OF LABOR, Entrepreneurship Proceedings of a Joint United States and European Union Seminar, Washington D.C., 2000.

61. VARIAN, H. R., Introduction à la microéconomie, 5e édition, Bruxelles, De Broeck, 2003.

62. VERNIMMEN, P., Finance d'entreprise, 6e édition, Paris, Dalloz, 2005.

63. VERSTRAETE, T., SAPORTA, B., Création d'entreprise et entrepreneuriat, Editions de l'ADREG, Janvier 2006.

64. VIGEZZI, M., L'entreprise, Paris, Flammarion, 1997.

65. VILLIEU, P., Macroéconomie, l'investissement, Paris, La découverte, 2000.

66. WARNIER, J.-P., L'esprit d'entreprise au Cameroun, Paris, Karthala, 1993.

67. WEISS, P., La mobilité sociale, Paris, PUF, Que sais-je ?, 1986.

B. ARTICLES ET COMMUNICATIONS SCIENTIFIQUES

1. ABESSOLO, Y. -A., « Analyse de l'impact de la croissance économique et de la distribution des revenus sur la pauvreté au Cameroun », in Mondialisation, Exclusion et développement africain, Tome1, Saints- Geosmes, Maisonneuve & Larose, 2007, PP. 189 - 209.

2. AMBROSINI, M., « Travailler dans l'ombre, Les immigrés dans l'économie informelle », in Revue Européenne des Migrations Internationales, Volume 15, n°2, 1999, P, 95 -121,

3. AYYAGARI, M., et coll., « Small and medium enterprises across the globe: A new database» Banque mondiale, Policy Research, document de travail N° 3127, Washington DC, 2003.

4. BANQUE MONDIALE, Doing Business, Creating Jobs, A copublication of the World Bank and the International Finance Corporation, Washington, D,C., 2006.

5. BEBINE- ETOGA, M., « Que peut faire le comité des réformes fiscales ?, à la lumière du diagnostic de la `flat tax'» in Mutations N°1925, Jeudi 14 juin 2007.

6. BOTZUNG, M., « Dispositifs d'appui et financement de la petite entreprise » in Revue tiers monde, Paris, tome XXXVII, n° 145, Janvier- mars 1996.

7. BUREAU INTERNATIONAL DE TRAVAIL (BIT), « Emploi, productivité et pauvreté: tendances mondiales », Rapport sur l'emploi dans le monde 2004- 2005, Genève, 2007.

8. CAMEROUN, Charte des investissements, Loi n°2002 -004 du 19 avril 2002, in www.droit-afrique.com.

9. CARDEBAT, J-M., « Ouverture commerciale et marché du travail, Ouverture des économies et montée des inégalités : une coïncidence troublante ? ».

10. CEMAC, Charte des Investissements, in www.droit-afrique.com.

11. CHANDLER, G. et HANKS, S., « Market attractiveness, resource- based capabilities, venture strategies, and venture performance », Journal of Business Venturing, vol, 9, 1994, P, 331- 349.

12. CHENEAU- LOQUAY, A., « Comment les NTIC sont-elles compatibles avec l'économie informelle en Afrique », www.africanti.org.

13. COMMISSIN ECONOMIQUE POUR L'AFRIQUE, BUREAU AFRIQUE CENTRALE, Les économie de l'Afrique Centrale 2006, Paris, Maisonneuve& Larose, 2006.

14. COMMISSION BANCAIRE DE L'AFRIQUE CENTRALE, Bulletin N°5, Yaoundé, décembre 2003.

15. COMMISSION BANCAIRE DE L'AFRIQUE CENTRALE, L'activité et les résultats des établissements de crédit, Rapport d'activité 1999/2000.

16. COMMISSION MONDIALE SUR LA DIMENSION DE LA MONDIALISATION, Une mondialisation juste : créer des opportunités pour tous, Genève, Bureau International du Travail, 2004, en ligne à l'adresse : www.ilo.org/public/french/fairglobalization/report/index.htm.

17. CONSEIL D'ANALYSE ECONOMIQUE, Démographie et économie, Paris, La documentation française, 2002.

18. DJAOWE, J., et BITA, C.-A., « Le rôle des institutions de microfinance dans la création et le développement de la petite entreprise camerounaise », in Victor Tsapi (sous la direction), Création, développement, gestion de la petite entreprise africaine, Yaoundé, Editions CLE, 2007, PP.55-80.

19. DUBOIS, J.-L., MARNIESSE, S., « Mettre en valeur le lien entre pauvreté et formes d'emploi au Bangladesh, Un objectif pour une adaptation de l'enquête 1-2-3 », Document de Travail, Développement et insertion international, DT/2001/15.

20. ELGRABLY, N., « Le salaire minimum et la flexibilité du marché du travail », in Les notes économiques, Institut économique de Montréal, Décembre 2006.

21. FONROUGE, C., « L'entrepreneur et son entreprise : une relation dialogique », Revue Française de Gestion, Vol, 28, n° 138, 2002, p, 145 - 159.

22. GALBRAITH, J, K., « L'art d'ignorer les pauvres » in Le Monde diplomatique, Octobre 2006.

23. GAUTHIER, J.-F., RAKOTOMANANA, F., ROUBAUD, F., « L'impôt sur les facteurs de production est-il une solution pour fiscaliser les entreprises informelles ? », Développement et insertion internationale, DT/99/10.

24. GAUTHIER, J-F., « Taxation optimale de la consommation et biens informels », Développement et insertion internationale, DT/2001/15.

25. GEROSKI, P., GRECG, P, et VAN REENEN, J., « Imperfection des marchés de l'emploi », Revue économique de l'OCDE, n°26, 1996/ I, 1996.

26. INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE, Enquête sur l'emploi et le secteur informel au Cameroun en 2005, Phase1 : Enquête sur l'emploi, Rapport principal, Décembre 2005.

27. JULIEN, P.-A., « Entrepreneuriat, développement du territoire et appropriation de l'information », Revue internationale PME, 9, (3-4), 1996.

28. KANTE, S., « Le secteur informel en Afrique subsaharienne francophone : vers la promotion d'un travail décent », Document de travail sur l'économie informelle, Genève, Bureau international du Travail, 2002.

29. LEVRATTO, N., « Le financement des PME par les banques : contraintes des firmes et limites de la coopération », Revue international PME, vol, 3, n°2, p,199,

30. LORDON, F., « Quand la finance prend le monde en Otage », in Le Monde diplomatique, Septembre 2007, 54e année, N°642.

31. MANIERE DE VOIR, Les dossiers de la Mondialisation, Le Monde diplomatique, N°91, Janvier- février 2007.

32. MEAGER, N., « Self-employment Schemes for the Unemployed in the European Community », dans Schmid, G., (dir. Publ.), Labour Market Institutions in Europe, chapitre 6.

33. MENGUE, J, et NDJETCHEU, L., « La fiscalisation du secteur informel urbain au Cameroun : une étude menée auprès des communes d'arrondissement de la ville de Douala », Villes et économie informelle, Colloque international Bamako, 16 et 17 mars 2002.

34. MINISTERE DE L'EMPLOI ET DU TRAVAIL, « `Faux' indépendants sous vrai carcan», Revue du Travail, n°18, Bruxelles.

35. NETZER, J.-L., THEPOT, J., «Tarification au coût complet et structure de marché», Revue sciences de gestion, N°45, 2004, pp.49-81.

36. NJAYA, J.-B., NGONGANG, D., « Les obstacles à la création et à l'émergence des petites entreprises : une étude comparative Nord- Cameroun- Tchad », in Victor Tsapi (sous la direction), Création, développement, gestion de la petite entreprise africaine, Yaoundé, Editions CLE, 2007, PP.175- 198.

37. NKURUNZIZA, J., « La `bonne' croissance pour l'Afrique », Project Syndicate, 2005, Voire aussi www.project-syndicate.org.

38. ORGANISATION DE COOPERATION ET DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUES, « La protection de l'emploi : coûts et avantages d'une meilleure sécurité de l'emploi », L'observateur, Janvier 2005.

39. ORGANISATION DE COOPERATION ET DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUES, La renaissance partielle de l'emploi indépendant, Paris, Perspectives de l'emploi de l'OCDE, 2000.

40. ORGANISATION DE COOPERATION ET DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUES, Stimuler l'esprit d'entreprise, Paris, Perspectives de l'emploi de l'OCDE, 1998.

41. ORGANTISATION INTERNATIONALE DU TRAVAIL, Les statistiques sur l'emploi et le marché du travail au Cameroun, Décembre 2004.

42. ORSER, BARBARA et Mary FOSTER, « Home Enterprise, Canadians and Home-Based Work», Rédigé à l'intention du Home-Based Project Committee, 1992 -http://www.hrsdc.gc.ca.).

43. PAUGMAN, S., « Le revenu minimum d'insertion en France après six ans ; un bilan contrasté », Interventions économiques, n° 28, Montréal, P, 21- 45.

44. REPUBLIQUE DU CAMEROUN, Document de stratégie de réduction de la pauvreté, Avril 2003.

45. SCHNEIDER, F., Shadow economies around the world: what do we really know?,

46. SHANE, S., VENKATARAMAN, S., «The promise of entrepreneurship as a field of research», Academy of Management Review, 25 (1), 2000.

47. VILLEROY DE GALHAU, F., Justice et fiscalité, refonder un pacte de solidarité pour les réformes ?; Revue Etudes, Avril 2007, PP, 463 - 474.

48. WALTHER, R., « La formation professionnelle en secteur informel, Rapport sur l'enquête terrain au CAMEROUN », Agence Française de Développement, Mai 2006/17.

49. WANDA, R., « Distance culturelle, modes de financement et rationalité économique », in Victor Tsapi (sous la direction), Création, développement, gestion de la petite entreprise africaine, Yaoundé, Editions CLE, 2007, PP. 331-326.

50. WANDA, R., « Structure financière et performance des entreprises dans un contexte sans marché financier : le cas du Cameroun », Fichier électronique accessible sur Proquest via Internet, Octobre 2001.

C. MEMOIRES, THESES, RAPPORTS et AUTRES DOCUMENTS

1. FOTSO YUMGUE, C., «Contribution à la connaissance des spécificités et des pratiques de financement de l'entreprise familiale africaine: Une étude empirique sur un échantillon de P.M.I. familiales non cotées au Cameroun», Thèse pour le Doctorat ès Sciences de Gestion, Université Montesquieu- Bordeaux IV, 2004.

2. KAMANZI, M., « Impact économique et social de la pandémie sida au Rwanda, Mémoire en Economie du développement », Université pontificale grégorienne, 2003.

3. LUNDEMBA, E., « La problématique de l'asymétrie de l'information dans une structure du capital -risque aux micro- entreprises », cas de MITFUND, Mémoire de Maîtrise en Economie de gestion, Université Catholique d'Afrique Centrale, 2006.

4. MBUYI KULAYA, B., « Gestion de l'environnement pour la performance écologique », le cas de AES-SONEL, Mémoire de Maîtrise en Economie de Gestion, Université Catholique d'Afrique Centrale, 2006.

5. YOUMBI, P, A., « Les déterminants de l'épargne des ménages au Cameroun », Université de Douala, 2002.

D. SOURCES ELECTRONIQUES

www.adreg.net

www.africanti.org

www.droit-afrique.com

www.doingbusiness.org

www.ilo.org

www.project-syndicate.org

ANNEXES

1. Siège social du Fonds National de l'Emploi

Plan d'accès au Service Emploi Indépendant (SEI)

2. Organigramme de l'Agence Centrale -Fonds National de l'Emploi

3. Schéma de traitement des porteurs de projet au FNE

4. Caractéristiques de l'échantillon

Variables

Indicateurs

Unité de mesure

 
 

 

 
 
 

 

Promoteur (X)

 

 

 

 

Age

Année de naissance

 

 

 

Sexe

"Homme" ou "femme"

 

 

 

Formation

"Générale" ou "Technique"

 

 

 

Année Formation

Nbre d'année

 

 

 

Ténacité

Mois

 

 

 

Patience/ Attente de financement

Mois

 

 

Financement(Y)

 

 

 

 

 

Emprunt FNE

Franc CFA

 

 

 

Fonds propres (Apport pers.)

Franc CFA

 

 

 

Taux d'intérêt

Pourcentage

 

 

 

Mensualité

Franc CFA

 

 

 

Traites

en Nombre

 

 

 

Taux de remboursement

Pourcentage

 

 

 

Structure financière (Dette/FP)

 Sans unité

 

 

Localisation(Z)

 

 

 

 

 

Yaoundé

 
 

 

 

Hors Yaoundé

 
 

 

Stratégies (T)

 

 

 

 

 

Chiffre d'affaires mensuel (CA)

en FCFA

 

 

 

Taux de variation annuelle du CA

en pourcentage

 

 

 

Prélèvement du promoteur

en FCFA

 

 

 

Taux de variation annuel du salaire

en pourcentage

 

 

 

Nombre d'emplois permanents

en nombre

 

 

Secteur d'activité (S)

 

 

 

 

Agro-alimentaire

 

 

 

 

Coiffure/ Esthétique

 

 

 

 

Distribution

 

 

 

 

Restaurant

 

 

 

 

Services

 

 

 

 

Santé/ Médecine

 

 

 

 

Autres secteurs

 

 

 

 

Bâtiment

 

 

 

 

Confection

 

 

 

 

Elevage

 

 

 

 

Horticulture

 

 

 

 

Maintenance

 

 

 

 

Maroquinerie

 

 

 

 

Pisciculture

 

 

 

 

T/Bois

 

 

 

 

T/Chimique

 

 

 

 

Vannerie

 

 

 

Pérennité ou survie (P)= Existence + Durée de vie

 

 

 

 

Existence de l'activité

"oui" ou "non"

 

 

 

Durée de vie de l'activité

en année

 

 

 

Taux de pérennité 

En % 

 

 

5. Résultats de l'analyse des données : Matrice de corrélation, valeurs test et valeur propre

MATRICE DES CORRELATIONS

| C3 C4 C5 C6 C7 C8 C9 C10 C11 C12 C13 C14 C15 C16 C17 C18 C19

-----+-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

C3 | 1.00

C4 | -0.96 1.00

C5 | 0.13 -0.14 1.00

C6 | -0.03 0.03 0.35 1.00

C7 | 0.29 -0.29 -0.35 -0.23 1.00

C8 | -0.20 0.15 -0.07 -0.02 -0.06 1.00

C9 | 0.15 -0.17 0.95 0.27 -0.27 -0.02 1.00

C10 | 0.14 -0.14 0.20 -0.31 0.01 0.01 0.32 1.00

C11 | -0.12 0.12 0.08 0.17 -0.06 0.07 0.08 -0.11 1.00

C12 | 0.12 -0.12 -0.08 -0.17 0.06 -0.07 -0.08 0.11 -1.00 1.00

C13 | 0.13 -0.13 0.26 0.27 -0.07 0.09 0.32 -0.13 0.16 -0.16 1.00

C14 | -0.08 0.08 -0.01 0.06 -0.08 -0.01 0.00 0.00 0.20 -0.20 0.11 1.00

C15 | 0.11 -0.10 0.44 0.46 -0.29 0.01 0.39 -0.20 0.00 0.00 0.25 -0.03 1.00

C16 | -0.26 0.29 0.13 0.07 -0.19 -0.02 0.13 -0.03 0.04 -0.04 0.08 0.33 0.08 1.00

C17 | 0.14 -0.14 0.46 0.40 -0.29 0.00 0.45 0.05 0.11 -0.11 0.40 0.01 0.63 0.01 1.00

C18 | -0.35 0.35 -0.13 -0.09 -0.26 0.13 -0.11 -0.05 0.08 -0.08 -0.13 0.12 -0.08 0.06 -0.04 1.00

C19 | 0.03 -0.03 0.29 0.19 -0.20 -0.11 0.20 -0.06 0.17 -0.17 0.08 0.19 0.08 0.10 0.08 -0.09 1.00

C20 | 0.06 -0.06 0.21 0.25 0.00 0.15 0.20 -0.09 0.02 -0.02 0.15 0.03 0.44 0.12 0.42 -0.10 -0.07

C21 | 0.28 -0.28 0.14 -0.05 0.21 -0.17 0.16 0.24 -0.07 0.07 -0.14 -0.25 -0.02 -0.10 0.05 -0.19 -0.15

C22 | -0.22 0.18 0.18 0.16 -0.36 0.38 0.21 -0.01 0.02 -0.02 0.24 0.13 0.28 0.13 0.24 0.25 0.03

C23 | -0.23 0.17 0.05 0.02 -0.16 0.96 0.08 0.05 0.04 -0.04 0.06 0.01 0.08 0.03 0.02 0.11 -0.07

C24 | -0.20 0.16 0.09 0.02 -0.08 0.52 0.16 0.08 0.04 -0.04 0.22 0.08 0.05 0.05 0.10 0.21 -0.02

C25 | -0.22 0.19 0.15 0.12 -0.28 0.45 0.20 0.03 0.03 -0.03 0.25 0.12 0.22 0.11 0.20 0.25 0.02

-----+-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

| C3 C4 C5 C6 C7 C8 C9 C10 C11 C12 C13 C14 C15 C16 C17 C18 C19

| C20 C21 C22 C23 C24 C25

-----+------------------------------------------

C20 | 1.00

C21 | -0.16 1.00

C22 | 0.22 -0.16 1.00

C23 | 0.19 -0.16 0.43 1.00

C24 | 0.13 -0.03 0.79 0.49 1.00

C25 | 0.20 -0.12 0.98 0.47 0.90 1.00

-----+------------------------------------------

| C20 C21 C22 C23 C24 C25

MATRICE DES VALEURS-TESTS

| C3 C4 C5 C6 C7 C8 C9 C10 C11 C12 C13 C14 C15 C16 C17 C18 C19

-----+-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

C3 | 99.99

C4 | -20.62 99.99

C5 | 1.36 -1.43 99.99

C6 | -0.29 0.27 3.76 99.99

C7 | 3.07 -3.07 -3.78 -2.42 99.99

C8 | -2.10 1.58 -0.72 -0.18 -0.59 99.99

C9 | 1.59 -1.73 19.07 2.87 -2.87 -0.20 99.99

C10 | 1.50 -1.51 2.10 -3.29 0.12 0.13 3.44 99.99

C11 | -1.25 1.25 0.84 1.74 -0.62 0.73 0.81 -1.14 99.99

C12 | 1.25 -1.25 -0.84 -1.74 0.62 -0.73 -0.81 1.14 -81.68 99.99

C13 | 1.37 -1.38 2.82 2.89 -0.73 0.89 3.50 -1.32 1.70 -1.70 99.99

C14 | -0.80 0.80 -0.08 0.59 -0.78 -0.09 0.02 0.00 2.06 -2.06 1.16 99.99

C15 | 1.19 -1.05 4.92 5.21 -3.09 0.09 4.31 -2.10 0.00 0.00 2.70 -0.36 99.99

C16 | -2.81 3.11 1.39 0.71 -1.96 -0.16 1.39 -0.33 0.43 -0.43 0.86 3.57 0.80 99.99

C17 | 1.42 -1.49 5.18 4.42 -3.13 -0.02 5.05 0.53 1.15 -1.15 4.39 0.08 7.72 0.10 99.99

C18 | -3.79 3.79 -1.33 -0.98 -2.78 1.40 -1.15 -0.53 0.82 -0.82 -1.33 1.22 -0.84 0.66 -0.39 99.99

C19 | 0.29 -0.29 3.09 2.04 -2.16 -1.16 2.09 -0.60 1.75 -1.75 0.86 1.98 0.80 1.08 0.81 -0.92 99.99

C20 | 0.63 -0.63 2.20 2.62 0.00 1.61 2.11 -0.98 0.24 -0.24 1.60 0.31 4.91 1.23 4.60 -0.99 -0.78

C21 | 3.02 -3.02 1.46 -0.53 2.23 -1.73 1.73 2.55 -0.77 0.77 -1.47 -2.71 -0.19 -1.03 0.47 -1.99 -1.55

C22 | -2.33 1.91 1.87 1.69 -3.88 4.19 2.18 -0.06 0.21 -0.21 2.56 1.33 3.04 1.32 2.50 2.64 0.33

C23 | -2.39 1.77 0.49 0.25 -1.65 19.72 0.84 0.48 0.44 -0.44 0.64 0.07 0.82 0.26 0.25 1.19 -0.78

C24 | -2.05 1.73 0.89 0.21 -0.87 6.05 1.66 0.87 0.42 -0.42 2.37 0.80 0.56 0.54 1.04 2.19 -0.16

C25 | -2.35 1.95 1.62 1.25 -2.98 5.06 2.11 0.27 0.29 -0.29 2.63 1.21 2.30 1.11 2.11 2.62 0.17

-----+-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

| C3 C4 C5 C6 C7 C8 C9 C10 C11 C12 C13 C14 C15 C16 C17 C18 C19

| C20 C21 C22 C23 C24 C25

-----+------------------------------------------

C20 | 99.99

C21 | -1.67 99.99

C22 | 2.35 -1.71 99.99

C23 | 1.98 -1.71 4.80 99.99

C24 | 1.36 -0.30 11.13 5.61 99.99

C25 | 2.12 -1.29 22.99 5.37 15.51 99.99

-----+------------------------------------------

| C20 C21 C22 C23 C24 C25

VALEURS PROPRES

APERCU DE LA PRECISION DES CALCULS : TRACE AVANT DIAGONALISATION .. 23.0000

SOMME DES VALEURS PROPRES .... 23.0000

HISTOGRAMME DES 23 PREMIERES VALEURS PROPRES

+--------+------------+----------+----------+----------------------------------------------------------------------------------+

| NUMERO | VALEUR | POURCENT.| POURCENT.| |

| | PROPRE | | CUMULE | |

+--------+------------+----------+----------+----------------------------------------------------------------------------------+

| 1 | 4.6080 | 20.03 | 20.03 | ******************************************************************************** |

| 2 | 3.4765 | 15.12 | 35.15 | ************************************************************* |

| 3 | 2.4847 | 10.80 | 45.95 | ******************************************** |

| 4 | 1.8335 | 7.97 | 53.92 | ******************************** |

| 5 | 1.6660 | 7.24 | 61.17 | ***************************** |

| 6 | 1.3102 | 5.70 | 66.86 | *********************** |

| 7 | 1.1621 | 5.05 | 71.92 | ********************* |

| 8 | 1.0603 | 4.61 | 76.53 | ******************* |

| 9 | 0.9415 | 4.09 | 80.62 | ***************** |

| 10 | 0.7950 | 3.46 | 84.08 | ************** |

| 11 | 0.7191 | 3.13 | 87.20 | ************* |

| 12 | 0.5982 | 2.60 | 89.80 | *********** |

| 13 | 0.5810 | 2.53 | 92.33 | *********** |

| 14 | 0.5124 | 2.23 | 94.56 | ********* |

| 15 | 0.4299 | 1.87 | 96.43 | ******** |

| 16 | 0.3518 | 1.53 | 97.96 | ******* |

| 17 | 0.2435 | 1.06 | 99.02 | ***** |

| 18 | 0.1374 | 0.60 | 99.61 | *** |

| 19 | 0.0351 | 0.15 | 99.77 | * |

| 20 | 0.0305 | 0.13 | 99.90 | * |

| 21 | 0.0235 | 0.10 | 100.00 | * |

| 22 | 0.0000 | 0.00 | 100.00 | * |

| 23 | 0.0000 | 0.00 | 100.00 | *

6. Guide d'entretien

A. Entretien avec le Chef Service SEI/Chef Adjoint

 

Questionnaire au Chef Service SEI/ Chef Service Adjoint

 
 
 
 

1

Les moyens dont dispose le FNE pour financer les activités sont-ils

 

 

Important?

 

 

Suffisant?

 

 

Insuffisant?

1

2

Le FNE a-t-il des sources de financement autre que la contribution patronale

 

 

Oui

1

 

Non

 

3

Si "oui" d'où proviennent-elles?

 

 

Des institutions étatiques

1

 

Des ONG

 

 

D'ailleurs

 

4

Le comité de présélection se réunit-il de façon

 

 

Régulière

1

 

Irrégulière

 

5

A quel rythme se réuni le comité de présélection

 

 

Mensuel

 

 

Trimestriel

1

 

Annuel

 

 

ça dépend

 

6

Le comité de crédit se réunit-il de façon

 

 

Régulière

 

 

Irrégulière

1

7

A quel rythme se réunit le comité de crédit

 

 

Mensuel

 

 

Trimestriel

 

 

Annuel

 

 

ça dépend

1

8

L'affectation du promoteur à un conseillé Emploi suit-elle

 

 

La compétence du Conseiller

 

 

La disponibilité du Conseiller

1

 

Autres critères

 

 

 

 

9

En dehors de l'emploi, est-ce que la survie de l'activité est une préoccupation du FNE

 

 

Oui

1

 

Non

 

10

En dehors de l'emploi est-ce que la pauvreté des promoteurs est une préoccupation du FNE

 

 

Oui

1

 

Non

 

B. Entretien avec les Conseillers Emploi -SEI

 

Questionnaire aux Conseillés Emploi/ Service Emplois Indépendants

Total sur 10

1

Les projets réceptionnés relèvent-ils de votre qualification

 
 

Toujours

1

 

Souvent

9

 

Jamais

0

2

Combien de promoteurs recevez-vous par jour?

 
 

Moins de 3

0

 

Trois

0

 

Plus de trois

10

3

Comparativement au temps consacré au "suivi", le "montage" a

 
 

Plus de temps

9

 

Temps égaux

0

 

Moins de temps

1

4

Comment conciliez-vous dans la semaine, "Montage" et "suivi"

 
 

Il y a des jours consacrés uniquement au "montage"

6

 

Il y a des jours consacrés aux deux à la fois

2

 

Tous les jours sont réservé au "montage"

2

5

En ce qui concerne le suivi, les promoteurs "hors Yaoundé" sont-ils

 
 

Privilégiés

0

 

Moins suivis

8

 

Délaissés

2

6

Les promoteurs "hors Yaoundé" sont-ils visités

 
 

Régulièrement

0

 

Irrégulièrement

10

7

Si "irrégulière" pourquoi?

 
 

Faute de moyens

10

 

Faute de temps

0

 

Autres

0

8

Quelle est la difficulté que rencontrent souvent vos promoteurs une fois installés

 
 

Insuffisance de financement

1

 

Saturation de marché

1

 

Non maîtrise de l'activité

0

 

La pression fiscale

7

 

Indifférent

1

7. Secteurs et branches d'activité (Cent idées de projets d'emplois indépendants- FNE)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

1. 8. Grille d'analyse des déterminants de la pauvreté et de l'exclusion sociale au Cameroun

Domaines critiques

Exclusion sociale

Marché du travail

Marché du logement

Marché de l'éducation

Marché de la santé

Marché du crédit

Marché de l'eau et de l'énergie

Chômeurs

Sans abri

Analphabètes

Malades

Exclus monétaires

Exclus eau et énergie

 
 
 
 
 
 

Accès à l'emploi

Accès au logement

Accès à l'éducation

Accès aux soins de santé

Accès au crédit

Accès à l'eau et à l'énergie

Solidarités publique et privée

(Système de protection sociale avec des minima sociaux ou revenus minima d'insertion)

Pauvres

Non pauvres

Personnes disposant moins de 148 000 FCFA par an en 1996 soit 50,5% de la population

Personnes disposant d'au moins 148 000 FCFA par an en 1996 soit 49,5% de la population

Facteurs d'insertion sociale

Source : Babisakana, « Faisabilité du Projet de Pacte National Pour l'Emploi », in Les débats Economiques du Cameroun et d'Afrique, P.498.

TABLE DES FIGURES

Figure n°1 : Catégories de travail indépendant 13

Figure n°2 : Hypothèses de financement des activités 18

Figure n°3 : Forme extensive du jeu : ordre de décisions disponibles pour chaque 29

Figure n°4 : Forme stratégique du jeu : Matrice des gains ou matrice de paiement 29

Figure n°5: Formalisation de Miniti et Bygrave : L'entrepreneuriat naît de l'imitation 33

Figure n° 6 : Structure générale et principaux indicateurs de la population active 41

Figure n°7 : Parcours de créateurs d'entreprise au Cameroun : procédures et durées 49

Figure n°8° : Commencer une activité est moyen principal de sortir de la pauvreté 55

Figure n°9 : Modélisation des hypothèses de recherche 74

Figure n°10° : Activités créées (1996 -2005) 82

Figure n°11: Représentation des variables dans les deux axes factoriels 88

TABLE DES TABLEAUX

Tableau n°1 : Structure des emplois selon le secteur institutionnel au Cameroun 40

Tableau n°2 : Indicateurs du marché de travail dans la CEMAC. 43

Tableau n°3 : Conditions de création d'entreprise dans la CEMAC. 47

Tableau n°4: Conditions d'octroi de licences dans la CEMAC 47

Tableau n°5 : Ratio de liquidité des banques de la CEMAC en fin 2003 en moyenne par pays(en %) 50

Tableau n°7 : Charges fiscales dans la CEMAC 53

Tableau n°8° : Conditions de financement des activités d'auto- emploi au FNE 69

Tableau n°9: Représentativité des activités créées dans l'échantillon d'étude 83

Tableau n°10: Quelques caractéristiques de l'échantillon 85

Tableau n°11 : Partie de la matrice de corrélation et paramètre de dispersion 87

Tableau n°12: Extrait de grille de questionnaire. 90

Tableau n°13: La prise en compte de la pauvreté dans la création d'activités au FNE 93

Tableau n°14 : Rythme de réunion du comité de présélection et de comité de crédit. 95

Tableau n°15: La difficulté que rencontrent souvent les promoteurs 97

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE 2

I. CONTEXTE 2

II. OBJECTIFS 4

III. INTERETS 4

IV. QUESTIONS DE RECHERCHE 5

V. APPROCHES METHODOLOGIQUES 6

VI. DIFFICULTES RENCONTREES 8

VII. ORIENTATIONS POUR LA LECTURE DU TRAVAIL 9

PREMIERE PARTIE : APPROCHES CONCEPTUELLES ET THEORIQUES 10

CHAPITRE I. : AUTO EMPLOI : FONDEMENTS CONCEPTUELS ET THEMATIQUES CONNEXES 11

Section 1 : Définition du concept de l'auto emploi 11

Section 2 : Thématiques autour du travail indépendant 13

I. L'auto emploi et l'aspiration à l'indépendance 14

II. L'auto emploi et le financement 15

III. L'auto emploi et l'Etat 18

IV. L'auto emploi et les secteurs d'activité 22

V. L'auto emploi et l'entrepreneuriat 23

VI. L'auto emploi et les revenus des indépendants 25

Section 3 : Processus de modélisation et de rationalisation du choix de l'auto emploi. 25

I. La notion de rationalité et de rationalité limitée 25

II. Formalisation de l'auto emploi au moyen de théorie des jeux 27

III. Formalisation de Maria Miniti et William Bygrave 31

CHAPITRE II. : L'AUTO EMPLOI, LE CHOMAGE ET LA PAUVRETE 35

Section 1 : L'employabilité et ses difficultés 37

I. Théorie du chômage et le fonctionnement marché du travail 37

II. Rigidité du marché de l'emploi et insuffisance d'emploi formel 41

III. Travailleurs pauvres 43

IV. Travail décent 44

Section 2 : L'entrepreneurabilité et ses contraintes 45

I. Les contraintes administratives 45

II. Les contraintes financières 49

III. Les contraintes fiscales 51

IV. Contraintes culturelles 53

Section 3 : L'impact d'auto emploi sur l'autonomie financière des promoteurs 54

I. Constat sur la sortie de la pauvreté par l'auto emploi 54

II. Le concept de la pauvreté et sa mesure 56

III. Ligne de pauvreté ou Seuil de pauvreté 57

DEUXIEME PARTIE : ETUDE DE CAS 60

CHAPITRE III : LA DYNAMIQUE D'AUTO EMPLOI DANS LA PROVINCE DU CENTRE AU CAMEROUN 61

Section 1 : Présentation du Fonds National de l'Emploi 61

I. Historique et création du Fonds National de l'Emploi 61

II. Base juridique et siège social du Fonds National de l'Emploi 62

III. Missions ou compétences du Fonds National de l'Emploi 62

IV. Partenaires du Fonds National de l'Emploi 62

Section 2 : Stratégies de développement de l'Emploi par le FNE 64

I. Organigramme et fonctionnement du Fonds National de l'Emploi 64

II. Les services ayant trait à la promotion de l'emploi 66

III. Traitement des emplois indépendants au FNE 69

IV. Les autres outils de développement de l'emploi et autres programmes 71

V. Bilan des réalisations 73

CHAPITRE VI : EVALUATION DE L'IMPACT DE L'AUTO EMPLOI 74

Section 1: Les données sur les promoteurs et leur analyse 74

I. Les hypothèses d'analyse sur les activités d'auto emploi 74

II. Fondement théorique des hypothèses sur la performance et l'impact d'activités 75

III. Evaluation de la performance des activités d'auto emploi 76

Section 2 : La création d'activités d'auto emploi 82

I. Les activités créées entre 1996 et 2005 (Population mère) 82

Représentativité de la population mère dans l'échantillon 83

II. L'échantillonnage 84

III. Présentation des modèles et tests empiriques 86

Section 2 : Résultats et évaluations 87

I. Les variables qui participent faiblement à l'explication de la pérennité 88

II. Les variables qui participent significativement à l'explication de la pérennité 91

III. Les variables mesurant l'impact d'auto emploi sur la pauvreté et le chômage. 92

Section 3 : Recommandations en vue de la promotion de l'auto emploi 94

I. Renforcement des capacités des femmes et encadrement des promoteurs ruraux 94

II. Réduction du délai de financement 94

III. Renforcement du service formation 96

IV. Accroître le financement pour promouvoir plus d'emplois et refinancement des activités en perte de vitesse. 96

V. Refinancement des activités en perte de vitesse 96

VI. Réduction du taux d'intérêt 97

VII. Regroupement géographique des promoteurs 97

VIII. Plaider pour des allégements fiscaux en faveur des promoteurs débutants 97

CONCLUSION 98

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 100

ANNEXES 108

1. Siège social du Fonds National de l'Emploi 108

2. Organigramme de l'Agence Centrale -Fonds National de l'Emploi 109

3. Schéma de traitement des porteurs de projet au FNE 109

4. Caractéristiques de l'échantillon 111

5. Résultats de l'analyse des données : Matrice de corrélation, valeurs test et valeur propre 112

6. Guide d'entretien 114

7. Secteurs et branches d'activité (Cent idées de projets d'emplois indépendants- FNE) 115

8. Grille d'analyse des déterminants de la pauvreté et de l'exclusion sociale au Cameroun 120

TABLE DES FIGURES 121

TABLE DES TABLEAUX 121

Joueur B (Employeur)

Joueur A

(Demandeur d'emploi)

Embauche

N'Embauche pas

Salariat

Entreprenariat

(Auto Emploi)

x , y

i, j

p, n

* 1 Djaowe et Bita soulignent que le terme activité ou auto- emploi relève du fait que « la plupart du temps les personnes cherchent simplement à vivre de leur activité et à créer leur propre emploi» in Victor Tsapi, Création, développement, gestion de la petite entreprise africaine, Yaoundé, Editions CLE, P. 59.

* 2 Verstraete T., Saporta, B., Création d'entreprise et entrepreneuriat, Editions de l'ADREG, Janvier 2006, P. 243.

* 3 Diane-Gabrielle Tremblay, Ph. D., Chômage et transformations du marché du travail ; les enjeux sur le plan de la sécurité et de l'insécurité, Université du Québec, Note de recherche 2003-17, PP. 5-6.

* 4 OCDE (2000), La renaissance partielle de l'emploi indépendant. Voir aussi OCDE (1998), Stimuler l'esprit d'entreprise, Paris.

* 5 Soulèye Kanté, « Le secteur informel en Afrique subsaharienne francophone : vers la promotion d'un travail décent », Document de travail sur l'économie informelle, Genève, BIT, 2002, p.11.

* 6 République du Cameroun, Institut National de la Statistique, Enquête sur l'emploi et le secteur informel au Cameroun en 2005, Rapport principal, Décembre 2005, p.38.

* 7Diane-Gabrielle Tremblay, Le travail autonome comme illustration des nouvelles formes de travail, Université du Québec à Montréal, Juillet 2006, P.11

* 8 Joseph DJAOWE et Charles- Alain BITA, « Le rôle des institutions de microfinance dans la création et le développement de la petite entreprise camerounaise », in Victor TSAPI, op. cit.

* 9 OCDE, La renaissance partielle du travail indépendant, Paris, 2000, P.204.

* 10 OCDE, La renaissance partielle de l'emploi indépendant, Paris, 2000, P. 204.

* 11 Robert Wanda, « Structure financière et performance des entreprises dans un contexte sans marché financier : le cas du Cameroun », Source : Site Internet de recherche et publications scientifiques : Proquest, Octobre 2001.

* 12 Diane- Gabrielle Tremblay, idem, P.126.

* 13 Cette théorie a été définie par les auteurs Ross (1973 et 1974) et Jensen et Meckling (article de 1976). Chez Ross, une relation d'agence est créée lorsqu'une de deux parties, désignée comme agent, agit soit de la part, soit comme représentant de l'autre, désignée comme le principal, dans un domaine décisionnel. Chez Jensen et Meckling, la relation d'agence est un contrat dans le quel une personne (ou plusieurs) a recours aux services d'une autre personne pour accomplir en son nom une tâche quelconques.

* 14 Wanda, R., « Distance culturelle, modes de financement et rationalité économique », in Création, développement, gestion de la petite entreprise africaine (sous la direction de Victor Tsapi), Yaoundé, Edition CLE, 2007, P. 319

* 15 1.Epargne personnelle initiale ->2.Aide familiale ->3.Dette commerciale non tontinale -> 4.Epargne personnelle postérieure contenue dans les tontines -> 5.la dette tontinale -> 6.Capital de réputation sociale (crédits de gré à gré).

* 16 Modigliani, F., Miller, M., « The cost of capital, corporate finance and the theory of investiment », The American Economic Review 48 (June 1948), p. 261- 297.

* 17 Verstraete Thierry, Saporta Bernard, Création d'entreprise et entrepreneuriat, Edition de l'ADREG, janvier 2006 (http://www.adreg.net)

* 18 OCDE, La renaissance partielle de l'emploi indépendant, Paris, 2000, P. 188.

* 19 La notion fait son apparition en 1971 dans un discours de Nixon aux États-Unis. Dès cette date, elle symbolise un rejet des politiques traditionnelles d'assistance qui enfermeraient les pauvres dans le piège de la dépendance. L'idée de base de ce concept est que pour recevoir des secours publics il fallait en contrepartie, fournir un travail.
Dans cette perspective, les droits sociaux sont réinterprétés dans une optique contractualiste qui articule les droits et les obligations. L'Etat- providence doit porter son attention sur les individus particuliers et beaucoup moins sur les populations. Mais dans ce sens la notion de workfare possède un sens équivoque. D'une part elle signifie une nouvelle approche des droits sociaux et de l'insertion, d'autre part elle est une stratégie d'encadrement et de mise au pas des pauvres (et des chômeurs).

* 20 Il faudra attendre le début des années quatre-vingt pour que les Etats africains décident de privilégier le secteur privé. En effet, suite à la déclaration de Monrovia qui devrait donner naissance au plan d'action de Lagos (OUA, 1980), le rapport de la Banque mondiale de l'année suivante met notamment l'accent sur les ressources humaines et les secteurs productifs dans une perspective régionale (Berg, 1981). Le rapport insiste sur l'industrie, devenue le coeur des politiques de développement, et fait très brièvement allusion à l'esprit d'entreprise. Ce n'est que huit ans plus tard qu'une des études régionales de la banque (Banque mondiale, 1989) aborde la nécessité de promouvoir l'entrepreneuriat pour assurer une croissance durable à l'Afrique subsaharienne (Voir Donatien EZE EZE, « Déréglementation financière et financement des petites entreprises : quels choix institutionnels au Cameroun ? » in Tsapi V., Création, développement, gestion de la petite entreprise africaine, Yaoundé, Clé 2007, P.81).

* 21 BABISSAKANA ONANA, « L'économie camerounaise : Un espoir évanoui ? » in Les débats économiques du Cameroun & d'Afrique, Yaoundé, Prescriptor, 2005, P.40.

* 22 Soulèye Kanté, Le secteur informel en Afrique subsaharienne francophone : vers la promotion d'un travail décent, Bureau international du Travail, Genève, 2002, P. 4.

* 23 Pierre Cahuc, La nouvelle micro économie, P. 3.

* 24 CHIAPPORI, P.-A., Anticipations rationnelles et conventions, Analyse économique des conventions, Paris, PUF, 1994.

* 25 IRIBARNE (d'), P., AMADIEU, J.-F., « Homo economicus ou homo culturalis ? », Revue Gérer et Comprendre, n°18, pp. 57- 60, 1990.

* 26 Carine FOTSO YUMGUE, mémoire, P.145 (voir bibliographie)

* 27 Les relations familiales sont importants et parfois très déterminant pour de promotion sociale ou l'accès à l'emploi (Voir Organisation International du Travail, Les statistiques sur l'emploi et le marché du travail au Cameroun, Décembre 2004, P. 17)

* 28 « Faisabilité du projet de pacte national pour l'emploi », in Débats économiques du Cameroun & d'Afrique, Yaoundé, Prescriptor, 2003, P.501.

* 29 Bureau International du Travail, « Emploi, productivité et pauvreté : tendances mondiale », Rapport sur l'emploi dans le monde, Genève, 2007.

* 30 La pérennité dont il s'agira ici sera déterminée par deux variables complémentaires, l'existence d'activité et la durée de vie de l'activité, que nous développons dans la partie pratique.

* 31 Diane- Gabrielle Tremblay, « Chômage et transformations du marché du travail ; les enjeux sur le plan de la sécurité et de l'insécurité », Note de recherche 2003- 17, Télé- université, Université du Québec, PP. 5-6.

* 32 Source : INS, enquête sur l'emploi et le secteur informel 2005, phase 1, P.10.

* 33 World Bank and the International Finance Corporation, Doing Business in 2006, creating jobs, Washington, D. C., 2006.

* 34 OCDE, « La protection de l'emploi : coûts et avantages d'une meilleure sécurité de l'emploi », Synthèses, Janvier 2005, P. 5.

* 35 Bureau International du Travail, « Emploi, productivité, et pauvreté : tendances mondiales », Rapport sur l'emploi dans le monde, Genève, 2007, P. 26.

* 36 Le 1 dollar et le 2 dollars sont de références internationales (par manque des références nationales). Ainsi « extrême pauvreté des travailleurs » désignent le seuil d'extrême pauvreté de 1 dollar (USA) par jour et celle de « pauvreté modérée des travailleurs », le seuil de pauvreté de 2 dollars par jour.

* 37 République du Cameroun, Enquête sur l'emploi et le secteur informel au Cameroun en 2005, Phase 1, Rapport Principal, 2005, P. 45.

* 38 BABISSSAKANA, « Faisabilité du Projet de Pacte National Pour l'Emploi », Lettre Ouverte à M. Peter Mafany Musonge, Premier Ministre chef du Gouvernement, Note d'analyse Technique N° 16/01, in Les débats économiques du Cameroun et d'Afrique, Yaoundé, Prescriptor, 2003, P. 499. La même note a été publiée intégralement par le Journal Le Messager N°1214 du mercredi 16 et n°1215 du vendredi 18 mai 2001.

* 39 Voir les termes de cette conférence dans Kanté S., « Le secteur informel en Afrique subsaharienne francophone : vers la promotion d'un travail décent », BIT- 2002, P.25.

* 40 Doing Business in 2006, P. 10.

* 41 Joseph Bruno NJAYA et Dagobert NGONGANG, Les obstacles à la création et à l'émergence des petites entreprises : une étude comparative Nord Cameroun - Tchad, in Victor TSAPI (sous la direction de), Création, développement, gestion de la petite entreprise africaine, Yaoundé, Editions CLE, 2007, PP. 175-197.

* 42 Les recherches de la Banque mondiale ont identifié 13 étape notamment : 1. The notary issues certificate to open the bank account and verifies the company name 2. Deposit the initial capital in a bank, 3. Obtain an attestation of business premises ; 4. Sign company by-laws before a Notary ; 5. Register with stamp duty office ; 6. Register with Court ; 7. Publish the incorporation ; 8. Pay the business tax ; 9. Obtain a taxpayer card ; 10. Declare the existence before the industrial authorities ; 11. Register with labor department ; 12. Register with workers health administration ; 13. Declare the existence of the company.

* 43 Voir, Pierre Alain YOUMBI, « Le déterminant de l'épargne au Cameroun », Mémoire soutenu à Université de Douala, 2002.

* 44 Commission Economique pour l'Afrique, Bureau Afrique Centrale, Les économies de l'Afrique centrale 2006, Paris, Maisonneuve & Larose, 2006, P.177.

* 45 Michel Bebine Etoga, « Fiscalité et compétitivité, que peut faire le comité des réformes fiscales ? », in Mutations N°1925 du jeudi, 14 juin 2007. P. 15.

* 46 OCDE (2000), La renaissance partielle de l'emploi indépendant, P. 200.

* 47 Emmanuel Kamdem estime qu'il y a un lien symbolique qui uni la culture et le style de gestion des entreprises en Afrique, mais que ce champ n'est pas suffisamment exploré.

* 48 FUTURS AFRICAINS, Afrique 2025, quels futurs possibles pour l'Afrique au Sud du Sahara, Paris, Karthala,

2003, P.72.

* 49 Consulter les objectifs du millénaire au http://www.un.org/millenniumgoals/.

* 50 A coté de ce premier objectif du millénaire de 1. Réduire de l'extrême pauvreté et de la faim, se trouvent six autres notamment : 2. Assurer l'éducation primaire pour tous ; 3. Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes ; 4. Réduire la mortalité des enfants de moins de 5 ans ; 5. Améliorer la santé maternelle ; 6. Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies ; 7. Assurer un environnement durable.

* 51 MENGUE, M. -T., La pauvreté dans la recherche en sciences sociales, Yaoundé, PUCAC, 2004, P. 39. Ces expressions reprises par M. -T. MENGUE sont « c'est dur, on se bat, on va faire comment ?, C'est l'Afrique, c'est le Cameroun »

* 52 Commission économique pour l'Afrique, Les économies de l'Afrique Centrale 2006, Paris Maisonneuve & Larose, 2007, P. 75.

* 53 Janvier D. Nkurunziza, « La `bonne' croissance pour l'Afrique, Project Syndicate 2005, voir www.project-syndicate.org.

* 54 Lire à cet effet, l'article de Yves André ABESSOLO, « Analyse de l'impact de la croissance économique et de la distribution des revenus sur la pauvreté au Cameroun » in Mondialisation, Exclusion et Développement Africain : Stratégies des acteurs publics et privés, Tome 1, Langres, Collection Economies d'Afrique, 2006, P.193.

* 55 Document de stratégie de réduction de la pauvreté, P. 13.

* 56 BABISSAKANA, « L'économie camerounaise : Un espoir évanoui ? », in Les Débats Economiques du Cameroun et d'Afrique, Yaoundé, Prescriptor, 2005, P. 40.

* 57 NJIKAM, G.B.N., et al. R.M. LONTCHI TCHOFFO et V.F. MWAFFO, (2005), Caractéristiques et déterminants de l'emploi des jeunes au Cameroun, Cahiers de la stratégie de l'emploi, Département de la stratégie en matière d'emploi de l'unité des politiques de l'emploi, OIT Genève.

* 58 Pour plus des précisions sur les actes fondateurs du FNE, on peut consulter Thomas Guessogo Nkono, « Le dialogue social au Cameroun », Programme du BIT pour la promotion du dialogue social en Afrique francophone, Dakar, Sénégal, édition national, 2003, PP. 17-19.

* 59 Programme lancé en 1995 et dont le premier accord de coopération fut signé ave l'Agence National de Création de l'Emploi (ANCE) de France. En attendant la signature de coopération avec d'autre pays, seuls les candidats ressortissants de la République Fédérale d'Allemagne sont susceptibles de bénéficier des prestations du Programme notamment : le transport de personnel, de sa famille et de ses effets ; des subventions à la réinsertion, à l'équipement bureautique et l'abonnement à la documentation.

* 60 Lors du dernier réaménagement du gouvernement (le 7 septembre 2007), Ce ministère a changé de nom. Au lieu du « Ministère de l'économie et des finances », il faut lire « Ministère des Finances »

* 61 On peut consulter à cet effet l'organigramme de l'agence centrale se trouvant en annexe.

* 62 Un test essentiellement psychologique vérifie si le candidat a 1. Un esprit d'initiative ; 2. la capacité de persuasion ; 3. L'esprit d'indépendance ; 4. La ténacité ou persévérance ; 5. Le goût du risque ; 6. La maîtrise d'équipe.

* 63 Les conseillers -Emploi ont de compétences diverses et l'attribution d'un promoteur à un conseiller particulier tient compte de domaines de compétence du conseillé (Agriculture, marketing, finances, élevage, etc.)

* 64 Les micro -projets ont aussi le caractère « d'auto emploi » puisqu'il est constitué en amont par un promoteur. Le promoteur, en plus de l'emploi qu'il génère pour lui-même se comporte également comme « employeur ».

* 65 Cette durée prend en compte l'installation effective du promoteur et les différés accordés (en mois) avant son premier remboursement.

* 66Cette abstraction n'est que méthodologique, mais aussi réaliste. Notre échantillon étant composé de certains projets montés il y a dix ans, certains conseillers emplois ne sont plus au FNE ou ont été promus dans d'autres services. Il se pose la difficulté de faire une association entre la méthode travail du conseiller et la qualité de montage.

* 67 Consulter à cet effet le site Internet du FNE au www.fnecm.org

* 68 P. Reynolds et S. White, « The entrepreneurial process », Quorum Books, 1997.

* 69 Verstraete Thierry, Saporta Bernard, Création d'entreprise et entrepreneuriat, Editions de l'ADREG, janvier 2006 ( http://www.adreg.net), PP. 183-196.

* 70 P. Davidson, « A conceptual framework for the study of entrepreneurship and the competence to practice it », Papiers de recherche du PEG research team, 2003.

* 71 Le concept « Centre » est un territoire de 68950km² réparti en départements (dix) de : MFOUNDI (Yaoundé) ; NYONG ET KELLE (Eseka) ; NYONG ET MFOUMOU (Akonolinga) ; HAUTE SANAGA (Nanga Eboko) ; LEKIE (Monatele) ; NYONG ET SO'O (Mbalmayo) ; MEFOU ET AFAMBA (Mfou) ; MEFOU ET AKONO (Ngoumou) ; MBAM ET INOUBOU (Bafia) ; MBAM ET KIM (Ntui).

* 72 AMZALLAG, E., PICCIOLI, N., Introduction à la statistique, Paris, Collection Méthodes, 1978, P.220.

* 73 Agence Pour la Création d'Entreprise, Rapport annuel 1998, «Eléments de réflexion pour une politique de l'emploi par la création d'entreprise», APCE, 1998. Et aussi APCE : « Les taux de pérennité à trois ans des créations d'entreprises », Note d'Analyse, juillet 2003.

* 74 P. Reynolds et S. White, « The entrepreneurrial process », Quorum books, 1997.

* 75 La matrice de corrélation de l'ensemble des variables est reproduite en annexe.

* 76 CV : Coefficient de variation, c'est le rapport de l'écart type sur la moyenne. Le CV permet de voir la ressemblance (si CV est faible) ou la dissemblance (si CV est forte) entre les promoteurs et en fonction des variables choisies.

* 77 Cette colonne est rempli à partir de teste de significativité. Le « Oui » indique que la corrélation est significative entre la variable explicative et la variable à expliquer (Pérennité).

* 78Thomas Guessogo Nkono l'avait déjà souligné en disant « Le Fonds aurait pu faire mieux si les ressources auxquelles il a droit (cf. loi n°90/050 du 19 décembre 1990), lui étaient régulièrement et intégralement reversées par le Trésor Public », in « le dialogue social au Cameroun », Programme du BIT pour la promotion du dialogue social en Afrique francophone, Dakar, Sénégal, édition national, 2003, P. 19.

* 79 Faible taux d'intérêt, longue échéance de remboursement et des différés importants (3 à 6 mois).

* 80 Le choix de ce seuil vient de l'analyse du coefficient de variation. Les 108 promoteurs sont largement différents quant aux variables choisies. Ils ont par exemple des conditions de financement très différentes (certains étant plus financés que d'autres). L'autre raison c'est l'explication de la pérennité par des variables exogènes issus de la macro économie (fiscalité, saturation du marché, réglementation, l'inflation, changement de comportement des consommateurs, etc.) que nous n'avons pas considéré dans notre modèle. Une analyse au cas par cas peut permettre de lever certaines équivoques.

* 81 ABESSOLO, Y., « Analyse de l'impact de la croissance économique et de la distribution des revenus sur la pauvreté au Cameroun », in Mondialisation, exclusion et développement africain, tome1, Langres, Maisonneuve& Larose, 2006.

* 82 Un constat a été fait lors de « l'enquête sur l'emploi et le secteur informel au Cameroun » (INS -2005), que les chômeurs sont peu nombreux à faire une démarche auprès d'une agence de promotion de l'emploi ou de placement (FNE, BMO) pour trouver un emploi, ils sont relativement nombreux à s'inscrire dans les villes où le FNE est représenté. Les faibles taux d'inscription des chômeurs s'expliquent à 44% des non-inscrits n'en ont jamais entendu parlé, 32% pensent que ces agences ne peuvent leur apporter une quelconque aide et ne s'y rendent que lorsqu'ils sont épuisés de chercher ; 22% ne savent pas comment s'inscrire. (p. 35).

* 83 Cette recommandation ne vaut que pour notre échantillon. Depuis le début de cette année, le FNE a réduit son taux d'intérêt à 6%. Au début de ses activités ce taux était d'abord de 15%, ensuite de 8%.

* 84 Papin, R., Stratégie pour la création d'entreprise, création, reprise développement, 5è éd. Paris, Dunod, 1993.

* 85 O'Leary, « Promoting self-employment Among the Unemployed in Hungary and Poland », W. E. Upjohn Institute for employment Research, September, polycopié, 1998.

* 86 OCDE, « La renaissance partielle de l'emploi indépendant », Perspectives de l'emploi de l'OCDE, Paris, 2000, P.195.






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