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Etude des représentations socioculturelles liées à la moustiquaire imprégnée en milieu rural au Bénin : cas de l'arrondissement de Ouèdo à Abomey-Calavi

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par Aurélien A. AHOLOUKPE
Université d'Abomey-Calavi - Maîtrise es-lettres 2003
  

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Université d'Abomey-Calavi

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Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Département de Philosophie et Sociologie - Anthropologie

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Filière : Sociologie - Anthropologie

Mémoire de maîtrise

THEME

Etude des représentations socioculturelles liées à la moustiquaire imprégnée en milieu rural au Bénin : cas de l'arrondissement de Ouèdo à Abomey-Calavi .

Présenté par : Sous la direction de :

AHOLOUKPE Aurélien A. Jean-Claude HOUNMENOU

Professeur assistant FLASH / UAC

Juin 2003

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE ---------------------------------------------------------------------1

Première Partie : CADRE GENERALE DE L'ETUDE ------------------------------------3

I- CADRE THEORIQUE --------------------------------------------------------------------------------4

II- CADRE GEOGRAPHIQUE ET METHODOLOGIQUE ----------------------------------16

III- GENERALITES SUR LE PALUDISME ET LA MOUSTIQUAIRE IMPREGNEE D'INSECTICIDE ----------------------------------------------------------------------------------------24

Deuxième partie : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS -----------32

I- APERCU SUR LES REPRESENTATIONS LIEES AU PALUDISME ET SA PRISE EN CHARGE --------------------------------------------------------------------------------------------33

II- CONNAISSANCES LIEES A LA MOUSTIQUAIRE IMPREGNEE D'INSECTICIDE ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------39

III- OPINIONS SUR L'UTILISATION DE LA MOUSTIQUAIRE

IMPREGNEE ---------------------------------------------------------------------------------------------44

IV- PRATIQUES DE LA MOUSTIQUAIRE IMPREGNEE D'INSECTICIDE -----------52

V- RAISONS DE LA NON ADOPTION DE LA MOUSTIQUAIRE IMPREGNEE D'INSECTICIDE ----------------------------------------------------------------------------------------55

SYNTHESE GENERALE----------------------------------------------------------------------60

VI- PERSPECTIVES -----------------------------------------------------------------------------------61

CONCLUSION GENERALE -----------------------------------------------------------------63

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ---------------------------------------------------65

ANNEXES-----------------------------------------------------------------------------------------67

SIGLES

CRDI : Centre de Recherche pour le Développement International

FLASH : Faculté des Lettres Arts et Sciences Humaines

FSS : Faculté des Sciences de la Santé

INFOSEC : Institut de Formation Sociale Economique et Civique

IRSP : Institut Régionale de Santé Publique

MEHU : Ministère de l'Environnement de l'Habitat et de l'Urbanisme

ONG : Organisation Non Gouvernemental

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

PNLP : Programme National de Lutte contre le Paludisme

PSI : Population Service International

DEDICACE

A notre chère mère Elisabeth AHOLOUKPE et à notre cher père Roger AHOLOUKPE pour tous les sacrifices qu'ils ont consentis à notre égard.

REMERCIEMENTS

A notre maître de mémoire, Monsieur Jean-Claude HOUNMENOU, qui malgré ses sollicitations, nous a assisté très tôt dans la réalisation de ce travail par ses conseils et ses orientations pédagogiques pour lesquels il n'a ménagé aucun effort. Merci de nous avoir fait bénéficier de vos fructueuses expériences.

A tous les professeurs du Département de Philosophie et Sociologie-Anthropologie, qui n'ont jamais hésité à mettre le meilleur d'eux-mêmes au service de notre formation universitaire.

A tous nos frères et soeurs pour leurs soutiens inconditionnels et particulièrement à notre frère et ami Michel SEZONLIN qui nous a prêté main-forte dans ce travail.

A nos devanciers et particulièrement les sieurs HOUNGNIHIN Rock du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP), et AHIGBAN Rodrigue de Population Services International (PSI) qui nous ont beaucoup encouragé dans l'accomplissement de cette oeuvre.

Enfin, notre gratitude va à tous ceux qui nous ont aidé dans la collecte des données sur le terrain. Nous n'oublierons point tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à la concrétisation de ce travail. A tous, nous disons infiniment merci.

INTRODUCTION GENERALE

Le souci majeur des hommes dans toutes les sociétés humaines est la sauvegarde et l'amélioration de leur santé. La maladie, un accident qui intervient dans la vie de l'homme est craint aussi bien au niveau individuel que sociétal. Elle est un fait social qui influence non seulement l'épanouissement et le développement individuels mais aussi ceux de la société. Dans la majorité des cas, la maladie joue un rôle inhibitif de bien-être physique, mental, social et économique de chaque individu. Pourtant, les comportements reliés à la santé et à la maladie reflètent très peu une prise de conscience effective de la réalité par les différents groupes sociaux.

En effet, au Bénin, le paludisme est l'une des graves maladies qui fait des centaines voire milliers de victimes quotidiennement. Au-delà des conditions climatiques favorables à l'émergence de l'épidémie, la pauvreté constitue aussi un déterminant clé à cette affection. Les populations et surtout celles des zones rurales frappées par la pauvreté et la précarité vivent dans des conditions propices à la reproduction excessive des moustiques, agent vecteur principal de la propagation du paludisme. Paradoxalement, elles ne disposent pas de moyens adéquats pour se protéger. Elles n'ont ni l'éducation, ni les ressources leur permettant d'avoir accès à des soins appropriés. Dans la perspective d'une stratégie de lutte préventive, la médecine orthodoxe préconise l'utilisation de la moustiquaire imprégnée d'insecticide (MII) dans les ménages. Cette politique vise une protection individuelle efficace contre les moustiques et, par conséquent, contre le paludisme. Cependant, cet outil n'a pas reçu l'adhésion des populations surtout celles des campagnes. "Or, toute résistance à une innovation a ses raisons et sa cohérence, qu'elle soit d'ordre stratégique ou représentationnel. Il ne s'agit pas de mythifier les comportements populaires, ni de prétendre que ces résistances sont toujours inévitables ou ont toujours des effets positifs, loin de là. Mais, elles sont  normales c'est-à-dire qu'elles peuvent

s'expliquer, se comprendre. Seule cette explication de « l'intérieur », cette compréhension de « l'intérieur » c'est-à-dire du point de vue des utilisateurs, peut fournir le moyen de surmonter ces résistances"1(*).

Ainsi, pour mieux clarifier la situation de non-utilisation de la MII, il nous faut aller d'abord évaluer les connaissances attitudes et pratiques relatives à ce moyen proposé aux populations d'endémie palustre afin d'analyser les représentations qui y sont liées. Pour ce faire, nous avons focalisé notre recherche sur le cas d'un arrondissement rural béninois, il s'agit de Ouèdo dans la commune d'Abomey-Calavi située dans le département de l'Atlantique. Il serait opportun d'aborder le problème en orientant notre réflexion sur les représentations socioculturelles liées à la moustiquaire imprégnée d'insecticide en zone rurale.

Dans le souci de mieux rendre compte de cette étude, son développement dans ce document s'articulera autour de deux grands axes. Ainsi, dans la première partie, après une présentation des cadres théorique et pratique dans lesquels elle s'inscrit, il a été question de tenter d'explorer les généralités sur le paludisme et la MII. A ce niveau, le premier point est consacré aux données générales sur le paludisme tandis que le second aborde la présentation de la MII sur quelques-uns de ses aspects. La deuxième partie comportant la présentation et l'analyse des résultats est subdivisée en cinq grands points. Elle commence par un bref aperçu sur les représentations liées au paludisme et sa prise en charge suivi du compte rendu des connaissances attitudes et pratiques liées à la MII. Le dernier point porte sur les fondements de la non-adoption de la MII. Il nous a permis de mieux comprendre les représentations et autres difficultés qui font obstacles à l'usage régulier et généralisé de la MII en campagne. Enfin, au vu de tous ces résultats, nous avons pu formuler des perspectives pour une amélioration de la situation.

Première partie 

CADRE GENERAL DE L'ETUDE

INTRODUCTION

Le paludisme est une maladie qui n'épargne aucune couche de la société. Face à ce fléau, la médecine propose aussi bien des moyens curatifs que préventifs pour limiter ses dégâts. L'outil préconisé de nos jours pour la prévention contre cette endémie est la moustiquaire imprégnée d'insecticide. Mais, les populations restent sceptiques à son adoption et la maladie continue de faire des victimes. Cette étude qui vise les représentations socioculturelles liées à la MII est faite dans un cadre général qui mérite d'être précisé. Sa présentation sera articulée autour de trois grandes sections. La première aborde le cadre théorique alors que la seconde traitera des cadres géographique et méthodologique dans lesquels les recherches sont faites. Enfin, la dernière section sera consacrée aux généralités sur le paludisme et la MII.

I- CADRE THEORIQUE

Dans ce chapitre, il sera présenté la problématique du sujet qui sera appuyée d'une revue de littérature qui permettra d'aboutir à la formulation des hypothèses et objectifs de recherche. La justification du thème va suivre et, le dernier point sera la clarification de certains concepts indispensable pour la compréhension de ce sujet.

1.1-Problématique

Au Bénin, le paludisme est l'une des principales maladies qui sévissent au sein de la population. Le vecteur responsable de sa transmission est le moustique, qui se retrouve partout dans le pays compte tenu de sa situation géographique et des climats qui y règnent. Il faut souligner au prime abord que le germe responsable de cette épidémie est un protozoaire.

En effet, les conditions climatiques et hydrographiques prévalant sur toute l'étendue du territoire national sont favorables au développement de l'endémie palustre. L'absence d'hygiène et d'un programme rigoureux d'assainissement des villes et campagnes permet aussi la multiplication des moustiques. Le Bénin est donc un pays d'endémie palustre. Les catégories constituées des enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes sont particulièrement très vulnérables à cette affection. Les cas de décès dans les couches sociales sont dans la plupart des cas la résultante de ses complications et touchent principalement ces couches de la société.

En ce qui concerne la population en général, le paludisme contribue à l'affaiblissement de l'organisme, et par conséquent, réduit la force de travail des personnes actives. Cette situation est singulièrement inquiétante en milieu rural où les comportements vis-à-vis de cette maladie ne révèlent que très peu une prise de conscience effective de ses dimensions.

Face à cet état de choses, le gouvernement béninois qui a le devoir de garantir la santé des populations a pris des mesures. En effet, dans sa politique de couverture sanitaire et par rapport à la déclaration d'Abuja en Avril 2000, l'Etat a adhéré à l'initiative « Faire Reculer le Paludisme». Dans cette optique, un plan est élaboré et porte sur les politiques et stratégies de lutte contre cette maladie. La priorité est accordée à la lutte préventive fondée sur l'utilisation massive de la MII. Cette dernière, comparativement aux autres moyens de lutte anti-vectorielle -tels que les serpentins, les bombes insecticides...etc - est considérée apparemment comme sans inconvénients sur la santé humaine. Ceci amène l'Etat par le biais du Programme National de lutte contre le Paludisme (PNLP) et des formations sanitaires à faire la promotion de la moustiquaire imprégnée d'insecticide à travers tout le pays. De même, des Organisations Non Gouvernementales (ONG) pilotent, auprès des populations, des activités de plaidoyer et de marketing social pour l'utilisation de la MII.

Nonobstant toutes ces dispositions pour une mobilisation sociale et un changement de comportement favorable à l'emploi de la moustiquaire

imprégnée d'insecticide, le paludisme persiste toujours. En termes clairs, la MII est peu utilisée en campagne. C'est dire que l'adoption de cet instrument comme moyen de prévention du paludisme n'est pas encore dans les habitudes des ménages ruraux. Elle se trouverait donc confrontée à des barrières de divers ordres. Alors, nous nous posons la question suivante en considérant l'exemple de Ouèdo dans la commune d'Abomey-Calavi : la non-adoption de la moustiquaire imprégnée par les populations serait-elle liée aux représentations qu'elles se font de cet outil ?

Afin de mieux cerner cette question, nous avons procédé d'abord à une revue documentaire. En matière d'ouvrage, nous avons le livre intitulé Un mur contre la malaria : du nouveau dans la prévention des décès dus au paludisme de Christian Lengeler et al, publié conjointement par le Centre de Recherche pour le Développement International (CRDI) et l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en 1997. Cet ouvrage fait d'abord un bref rappel des composantes fondamentales de la stratégie mondiale de lutte antipaludique. Ensuite, il consacre la grande partie de sa substance à la composante portant sur la mise en oeuvre des mesures préventives sélectives et durables y compris la lutte anti-vectorielle. Il rapporte que les moustiquaires imprégnées d'insecticide sont l'une des mesures préventives adaptées de nos jours à la promotion d'une approche fondée sur les soins de santé primaire. Ainsi, le document rend compte des différentes initiatives de recherches appliquées, des essais et programmes de MII, dans les régions d'endémie palustre, particulièrement en Afrique. En matière de moustiquaire, l'ouvrage regroupe les MII et les rideaux imprégnés d'insecticide. Les premières études sur les MII ont prouvé l'innocuité des pyréthrinoïdes et leur impact sur divers paramètres entomologiques en particulier, le nombre de fois où le vecteur réussit à s'alimenter, la capacité vectorielle et le nombre de piqûres infligés aux humains. Ces études ont aussi permis de rendre compte du mécanisme actif de répulsion et de suppression des moustiques ainsi que des doses optimales pour diverses combinaisons de moustiquaire et

d'insecticides. Le même livre révèle que divers travaux ont été menés pour mesurer l'impact des MII sur la morbidité palustre. Ainsi, plus de 20 études ont été effectuées dans des zones d'endémie palustre dont plus de 12 en Afrique. La plupart de ces études confirment une réduction de 20 à 63 %, soit une valeur médiane de 45 % des taux de paludisme après l'introduction des MII. Dans l'ensemble, ces recherches ont montré l'efficacité des MII dans la réduction du nombre d'épisodes palustres dans les collectivités d'endémie stable. Parallèlement, en ce qui concerne l'incidence des MII sur la mortalité due au paludisme, des essais d'envergure ont été menés. A la fin du premier essai, Alonso et al.,(1991) ont fait état d'une réduction de 63 % de l'ensemble de la mortalité des enfants ayant entre 1 et 4 ans. Par ailleurs, des essais menés à des fins de recherche à des interventions communautaires efficaces suscitent des interrogations en Afrique. En effet, ils soulèvent les questions de la faisabilité et de l'efficacité par rapport aux coûts d'une mise en oeuvre complète de programme de MII ainsi que du caractère durable et équitable de leurs effets à long terme sur la collectivité. En prélude aux recherches opérationnelles sur les MII, des études sur l'efficacité réelle et l'efficacité idéale ont été faites. Ainsi vers le milieu des années1980, des entomologistes et paludologues ont entrepris des recherches sur l'efficacité idéale des MII comme moyen de réduire la mortalité infantile depuis 1989. Au milieu des années 1990, des résultats probants ont établi l'efficacité des MII. En outre, l'essai sur le taux de mortalité mené en Gambie (Alessandro et Al.,1995) qui a porté davantage sur l'efficacité réelle qu'idéale, a produit des données convaincantes sur l'efficacité par rapport aux coûts - à savoir le coût des décès évités était de 600 dollars américains (Aikins,1995). Dans cette même logique, Evans et al., en 1997, à travers une publication ont déterminé que le rapport coût - efficacité des MII était comparable à celui d'interventions unanimement acceptées telles que la vaccination infantile.

L'ouvrage a, par ailleurs, abordé des questions d'ordre technique sur les MII notamment l'action de l'insecticide, les modèles de moustiquaire, les

acteurs et les organismes. S'agissant de l'action de l'insecticide, des essais dans des cases expérimentales vaporisées aux pyréthrinoïdes ont été menés. Ils ont établi que l'insecticide exerce un pouvoir dissuasif et une activité anti-appétante. Il occasionne la mortalité des insectes et possède une capacité répulsive. Il a été effectué des essais pour démontrer les effets de masse des insecticides. En effet, leur utilisation de façon constante dans une zone assez étendue indique que les moustiques femelles risquent la mort chaque fois qu'elles essaient de se gorger du sang. Il suit que la densité de la population locale des moustiques peut diminuer tout comme le taux de femelles pares et l'indice sporozoïdique. Il a été noté qu'en Tanzanie, les effets sur la densité et l'indice sporozoïdique ont réduit de plus de 90 % le taux de piqûres infectantes sur des personnes non protégées. Par ailleurs, l'effet de détournement a été établi grâce à plusieurs recherches. Ainsi d'après les études de Lindsay et al., 1992, les moustiques détournés ne se concentrent pas dans les maisons voisines et cela n'exclut pas la possibilité qu'ils se dispersent et qu'ils recommencent à chercher un repas. C'est ainsi que des études faites à l'échelle de village en Papouasie-Nouvelle Guinée (Charlwood et Graves, 1987) ont montré que les MII peuvent détourner les moustiques des hommes vers les animaux.

Pour ce qui concerne les obstacles à l'utilisation des MII, diverses enquêtes auprès des ménages ont été menées. Une étude de Louis et al., 1992 conclut que dans les zones rurales de Cameroun, 47 % des répondants qui ont utilisé des MII pendant un an ont mentionné que la chaleur était un inconvénient. A Dar es-salaam, les ménages à revenu élevé dépensent 3,1 % de leur revenu déclaré sur des articles de lutte contre les moustiques tandis que les ménages à faible revenu en dépensent 7,4 % ( Evans, 1994). Il continue en discutant de certains aspects du pouvoir d'achat des répondants à Dar es-salaam et en déclarant que bien que 77 % d'entre eux n'aient jamais emprunté d'argent, 76 % ont déclaré qu'ils emprunteraient pour acheter une moustiquaire. En outre, l'essai mené à Kilifi à établi que les gens n'aiment

pas utiliser une moustiquaire si elle occupe plus de 40 % du volume de la pièce.

Abordant l'utilisation des moustiquaires en Afrique Subsaharienne, l'ouvrage révèle que ces dernières semblent davantage utilisées en Afrique de l'Ouest spécialement en Gambie, qu'en Afrique de l'Est, et plus dans les villes que dans les zones rurales. Cette assertion se trouve illustrée par les résultats d'enquêtes menées dans différents pays africains. Par exemple, en Gambie, une enquête réalisée à l'échelle du pays auprès de 360 groupements dans les zones rurales durant la saison de pointe des moustiques, a indiqué que 58 % des 3867 habitants comptés avaient une moustiquaire (Alessandro et al., 1994 ). Dans la zone urbaine de Brazzaville, au Congo, 73 % des ménages possédaient au moins une moustiquaire (Carme et al.,1992). Une autre étude révèle que dans la zone périurbaine de Bandim, en Guinée-Bissau, ce taux est de 69 % (Aikins et al., 1994). A Douala au Cameroun, ce taux est de 48 % des 420 ménages interrogés (Desfontaine et al., 1990). Une étude similaire faite à Savalou au Bénin atteste que 41 % des 181 ménages se servaient de moustiquaire ( Rashed et al., 1997 ). Un autre constat est que le taux d'utilisation est plus élevé chez les adultes que chez les enfants. A Yaoundé au Caméroun, 14,5 % seulement des 420 ménages enquêtés utilisent de moustiquaire ( Desfontaine et al., 1989 ). Selon des renseignements obtenus, moins de 10 % des personnes utilisent de moustiquaire dans les villages près de Bo en Sierra Leone (Aikins et al., 1994), au Nord de Ouagadougou au Burkina (A. Habluetzel, communication personnelle ) ainsi que dans la région de Navrongo dans le Nord du Ghana (F. N. Binka, communication personnelle).

Le même ouvrage nous informe qu'en Afrique de l'Est on enregistre des taux d'utilisation très bas, notamment à Uriri, au Kenya et au Malawi.

Ces différentes études montrent que le faible taux d'utilisation des moustiquaires est probablement représentatif de vastes zones rurales en Afrique.

Abordant le problème de plus près, le rapport préliminaire d'évaluation du Programme National de Lutte contre le Paludisme du Bénin, plan quinquennal 1994-1999, apporte davantage de précisions. En effet, ce travail aborde entre autres l'évaluation des stratégies de prévention du paludisme. Ainsi, dans ce rapport, on note une faible adhésion de l'utilisation de la MII chez le groupe à haut risque que constituent les femmes enceinte. La preuve, c'est que sur 76 interrogées parmi elles, il n'y a que 12 soit 18 % qui dorment sous moustiquaire dont 7 seulement sont imprégnées. Par ailleurs, la situation au niveau de la communauté en général n'est pas pour autant reluisante. En effet, d'après une étude menée auprès de 86 ménages, seulement 56 % disposent d'au moins une moustiquaire.

Un autre rapport d'étude sur l'analyse de la situation du paludisme et des autres maladies de l'enfant au Bénin dans le cadre de l'initiative « faire reculer le paludisme » donnera des résultats plus nuancés en différenciant les proportions d'utilisation de moustiquaires simples (MS) et de moustiquaires imprégnées d'insecticide (MII). On note que 27,58 % dorment sous MS et 1,72 % seulement utilisent les MII. Face à ces faibles taux d'utilisation, l'étude a recommandé l'intensification des IEC (Information, Education et Communication) sur le paludisme et les MII avec une réduction du prix de cession de ces dernières.

Enfin, un rapport d'enquête sur les connaissances attitudes et pratiques (CAP) relatives au Sida, à la Diarrhée, au Paludisme et à la planification familiale rend compte de la situation en tenant compte des milieux rural et urbain. L'enquête réalisée à l'échelle nationale mentionne que 72,8 % des personnes enquêtées en milieu urbain contre 26,6 % pour le milieu rural connaissent le mode de transmission correct de la maladie. Ces résultats témoignent déjà de la disparité dans les représentations liées à la maladie du paludisme selon que l'acteur social est un citadin ou un paysan. Cette différence s'explique en partie par le déficit d'information concernant les aspects biomédicaux des affections comme le paludisme. Il s'ensuit que les

mesures de prévention sont aussi mal connues. Cela se trouve confirmé car 11 % seulement des enquêtés ruraux ont déclaré dormir sous moustiquaire pour éviter le paludisme contre 38 % des enquêtés en milieu urbain. Ces résultats placent l'Atlantique rural en avant dernière position avec 5,6 %. L'enquête a aussi révélé qu'à la question de savoir si tous les lits du ménage ont de moustiquaire, 34,1 % ont répondu oui en milieu urbain contre 21,9 % en milieu rural. Cette proportion ne fait que confirmer les tendances observées ci-dessus. Les précisions vont plus loin quand l'enquête a révélé que 57,1 % des enquêtés en campagne contre 35,3 % en ville ont déclaré qu'aucun lit du ménage n'a de moustiquaire.

Somme toute, ces différentes études faites en milieu réel confirment l'idée selon laquelle la situation de l'utilisation de la MII reste très préoccupante en zone rurale. En effet, une synthèse de ces enquêtes rend compte que la pratique de la MII reste très faible au village. En conséquence, il serait intéressant d'aller rechercher dans les comportements reliés à la MII en milieu rural pour connaître davantage les déterminants de cet état de chose. Il s'agira pour une originalité de cette étude, d'aller dans les habitudes socioculturelles pour lire les fondements de cette attitude d'indifférence vis-à-vis de la MII en campagne.

Hypothèses

· Les acteurs sociaux vivant en zone rurale méconnaissent la moustiquaire imprégnée d'insecticide, et donc l'emploient peu dans la prévention du paludisme.

· L'utilisation de la moustiquaire imprégnée d'insecticide préconisée par la médecine moderne se trouve confrontée à des difficultés d'ordre sociologique, anthropologique et économique, ce qui explique les attitudes de refus ou d'indifférence vis-à-vis de ce produit.

Objectif général

Etudier les représentations socioculturelles liées à la moustiquaire imprégnée d'insecticide dans la population rurale à Ouèdo.

Objectifs spécifiques

· Evaluer le degré de connaissance, d'attitude et de pratique des populations rurales vis-à-vis de la MII.

· Identifier les fondements socio-anthropologiques et économiques de la réticence des acteurs sociaux ruraux face à l'emploi de la MII en vue de proposer des mesures d'amélioration et de faire d'éventuelles suggestions.

1.2- Justification

La santé est un capital qu'il faut chercher à préserver à tout prix. La maladie affecte cruellement le corps ainsi que d'autres aspects de la vie. De ce fait, il serait judicieux d'étudier les voies et moyens de la prévenir. Au Bénin, on ne saurait parler de maladie sans se pencher sur le paludisme qui est un fléau très important. En effet, cette affection est classée comme la première maladie et la première cause d'hospitalisation dans les proportions de 36 % pour la population en général, et de 40 % pour les enfants de moins de cinq ans. Il occasionne le décès de milliers de personnes. Une telle maladie est menaçante pour le développement de notre pays. Cette assertion est d'autant plus vraie que les périodes d'invalidités et les décès prématurés dont il est à l'origine diminuent fortement la force de travail du pays. Il devient alors impérieux d'envisager les moyens actuellement utilisés pour

combattre ce fléau. Ainsi, dans le cadre de la lutte contre cette maladie, il y a la possibilité d'un traitement curatif qui peut donner des résultats concluants. Mais, compte-tenu de son caractère répétitif, de sa cherté et du niveau actuel de la résistance du germe aux produits chimiques, la lutte préventive serait la meilleure solution. La seule méthode immédiate s'avère la protection physique contre le moustique. Pour cela, la possibilité est donnée d'utiliser toute une gamme de produits. Mais, le seul qui reste prometteur et vraisemblablement sans inconvénient sur la santé humaine est la MII. Elle chasse et tue les moustiques tout en protégeant l'individu. Elle est, pour le moment, la méthode la plus efficace et la plus pratique. Il serait alors judicieux de voir le degré de connaissance d'attitude et de pratique vis-à-vis de ce produit afin de comprendre les difficultés liées à son adoption.

Les paysans, compte-tenu de leur situation sociale, ont un déficit d'information par rapport aux citadins. En outre, certaines pesanteurs socioculturelles associées à leur pauvreté pourraient expliquer leur attitude défavorable à l'usage de la MII. C'est justement dans l'optique de mieux appréhender ce fait que nous avons entrepris l'analyse de l'adoption de la MII en milieu rural.

L'aire d'étude privilégiée dans le cadre de cette investigation est la commune de Ouèdo, et ceci, pour plusieurs raisons. D'abord, elle couvre une zone rurale et comprend plusieurs villages. Ensuite, notre formation de base en agriculture (obtention du Diplôme d'Etude Agricole Tropicale en Production Végétale) nous a permis de nous familiariser avec le monde rural et de vivre certaines de ses réalités. Enfin, ce terrain est un lieu qui est proche de notre résidence et, de ce fait, il nous offre une certaine facilité dans les contacts pour la collecte des données empiriques.

1.3- Clarifications conceptuelles

* Représentation socioculturelle

L'expression présente une ressemblance avec celle de représentation collective utilisée par E. Durkheim. C'est en reprenant ce concept de Durkheim que Jean Maisonneuve le considère « comme un univers d'opinions dont la double vocation est de permettre un repérage dans l'environnement matériel et social et d'assurer une communication entre les membres de diverses communautés ». Cette explication peut être plus simplifiée. En fait, le concept de « représentation socioculturelle » désigne l'ensemble des idées, croyances et valeurs qui se rencontrent dans un groupe social partageant la même culture.

Nous dirons aussi que c'est un groupe de mots qui désigne l'ensemble des idées vérifiables scientifiquement ou non et qui justifie un comportement dans un groupe d'acteurs appartenant à une société et à une culture donnée.

* Milieu rural

Ce concept regroupe l'ensemble de la population, du territoire et des autres ressources des campagnes. Autrement dit, il désigne les zones situées en dehors des grands centres urbanisés.

Le terme « rural » s'oppose à « urbain », comme si les deux phénomènes sont distincts. Cette opposition est plus théorique, académique, rhétorique que réelle et relève de faits historiques conjoncturels. Cette opposition semble s'appuyer plus sur une conception spatiale, un découpage géographique que sur une vision analytique d'ensemble1(*).

Le milieu rural englobe les groupes sociaux qu'on appelle généralement paysans. Ceux-ci ont leur logique qui se trouve caractéristique de leur comportement propre à eux. En effet, la spécificité du milieu rural se situe dans une diversité d'attitudes, de traditions socioculturelles, de liens avec la nature et de caractéristiques économiques et environnementales dont l'origine est principalement basée sur l'agriculture et la sylviculture. Cette spécificité lui procure une attractivité et doit donc être préservée. Car de nos jours, le milieu rural est en voie de transformation et assure de plus en plus des fonctions de détente, de loisirs, de dépaysement et de vie alternative, notamment pour les habitants des grands centres urbains.

II- CADRE GEOGRAPHIQUE ET METHODOLOGIQUE

Au niveau de cette section, il sera question de faire la délimitation du terrain d'investigation par la présentation de l'arrondissement de Ouèdo et les limites thématiques du sujet que nous avons traité. L'approche méthodologique qui a été utilisée sera aussi présentée et, les difficultés auxquelles nous étions confronté seront exposées en dernière position.

2.1-Délimitation du champ d'investigation

Dans le souci de mieux situer ce travail, nous allons faire sous ce titre, en première partie, la présentation de notre terrain d'étude et dans une deuxième partie, les limites thématiques.

2.1.1-Présentation du terrain d'étude

L'aire d'étude choisie pour faire nos recherches dans le cadre de ce thème est l'arrondissement de Ouèdo dans la commune d'Abomey-calavi.

Limité à l'Est par l'arrondissement de Togba, à l'Ouest par l'arrondissement de Hêvié, au Nord par Glodjigbé et au Sud par Godomey, l'arrondissement de Ouèdo compte au total six villages. Il s'agit de Ouèdo centre, Adjagbo, Kpossidja, Dansèkomey, Allansankomey et Ahouato.

Les langues dominantes et qui sont parlées sur ce terrain sont le aïzogbé et le fongbé. D'après l'histoire de cette zone, les aïzo seraient les premiers à s'installer et seraient venus d'Adja Tado en transitant par Zogbodota qui serait l'actuel Zogbodomey. Par la suite les fon y viennent de Ouidah et environs. Il faut signaler que présentement, beaucoup viennent s'installer notamment au centre de Ouèdo compte-tenu de la crise de logement qui prévaut à Cotonou et Abomey-Calavi.

Du point de vue de la religion, c'est l'animisme qui est majoritairement pratiqué par les populations de Ouèdo à travers le culte vodun. On y trouve notamment le vodun hunvê, le thron et le attingali. Le christianisme est la seconde religion qui se rencontre dans ces groupes socioculturels qui comprennent aussi bien les catholiques que les chrétiens des autres sectes comme le christianisme céleste, le témoin de Jéhovah,...etc. Enfin, l'islam se pratique aussi dans cet arrondissement.

Sur le plan démographique1(*), l'arrondissement compte 1449 ménages avec une population totale de 7595 habitants dont 3645 hommes et 3950 femmes.

Les infrastructures socio-communautaires disponibles sont concentrées au niveau du centre. Il s'agit du centre de santé, de la caisse villageoise d'épargne et de crédit, d'un bureau de la caisse locale de crédit agricole mutuel, du Collège d'Enseignement Général "La Verdure", des écoles de base du centre qui compte deux groupes A et B, d'Adjagbo, de Dodja, et d'Alassankomey. L'arrondissement possède aussi un terrain de sport pour la distraction des jeunes. Par ailleurs, il existe au centre un marché qui s'anime tous les cinq jours.

Les activités économiques qui occupent les populations se résument essentiellement à l'agriculture dont les cultures dominantes sont le maïs et le manioc qui sont d'ailleurs la base de leur alimentation. On y rencontre également l'arachide, la patate douce, le haricot, le palmier à huile,...etc.

Dans le domaine de la prise en charge de la maladie, les acteurs sociaux de cette localité adoptent le plus souvent un itinéraire thérapeutique qui associe le guérisseur traditionnel et le soignant de la médecine moderne. Les soins à domicile sont fréquents et impliquent le recours à la phytothérapie populaire accompagnée de l'automédication. C'est d'ailleurs la première étape de cet itinéraire. Au cas où la satisfaction souhaitée ne serait pas obtenue c'est le tradi-praticien qui sera sollicité dans la plupart des complications. Le recours au centre de santé ne se fait qu'en dernier ressort pour bon nombre des habitants de Ouèdo.

2.1.2- Limites thématiques

Cette étude concerne la moustiquaire imprégnée d'insecticide. Elle se penchera sur les représentations sociales et culturelles que les acteurs sociaux du milieu rural de Ouèdo se font de ce moyen reconnu efficace dans la prévention du paludisme. Dans cette perspective, nous allons nous pencher sur les connaissances, attitudes et pratiques liées à la moustiquaire imprégnée d'insecticide au sein de cette population. Cette première partie nous aidera à déboucher sur les déterminants économiques, sociologiques et anthropologiques qui expliquent le rejet ou la non-utilisation de cet outil.

Il ne s'agira pas ici d'examiner les conditions d'utilisation correcte de la moustiquaire imprégnée d'insecticide dans les ménages. En termes clairs, cette étude ne porte pas sur les opinions relatives à la pose correcte ou à la réimprégnation de la moustiquaire imprégnée d'insecticide.

2.2- Approche méthodologique

2.2.1-Recherche et critique documentaire

Une fois que l'objet de cette étude est devenu clair à notre niveau, nous avons entrepris la recherche documentaire associée aux entretiens avec des personnes ressources. Cette étape a couvert la période du 7 août au 04 septembre 2002. Elle nous a conduit dans des centres de documentation de la place et sur des sites Internet. Au centre de documentation de la FLASH, nous avons consulté certains mémoires qui, du point de vue méthodologique, donnent des orientations. Parallèlement, dans les bibliothèques de la FSS, de l'OMS, de PSI à Cotonou, nous avons eu à fouiller certains rapports sur les études menées dans le domaine au Bénin. Signalons que ce sont ces rapports qui nous ont permis de faire l'état de la question afin de situer l'originalité de notre sujet. Dans la bibliothèque de l'INFOSEC, nous avons eu l'opportunité d'exploiter des ouvrages anthropologiques généraux. Ces derniers nous ont permis de mieux cerner certains concepts sur lesquels repose cette étude. Aussi avions-nous utilisé des livres au centre de documentation du MEHU. Le site Internet www. rbm.who.int et le moteur de recherche, Google nous ont permis d'avoir accès à des données générales sur le paludisme produit par le centre de recherche pour le développement international en avril 1996. Ces informations nous ont aidé à peaufiner la partie généralité de notre document. Mais nous ne sommes pas arrêtés seulement aux consultations livresques et Internet. En effet, nous avons eu des entretiens exploratoires avec des personnes ressources pour recevoir des conseils et orientations. Dans le même ordre d'idée, nous avons eu des entretiens au Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) à Cotonou et à Population Service International (PSI) du Bénin. Certains de nos devanciers ont été également consultés dans le cadre de cette étude.

Toujours dans la perspective de disposer d'une base de données fiables sur notre thème, nous avons assisté aux premières journées scientifiques sur le paludisme qui ont eu lieu à l'IRSP de Ouidah du 29 au 31 octobre 2002. Les différentes recherches exploratoires ainsi décrites nous ont permis de mieux appréhender notre problématique et d'élaborer les outils d'investigations pour les entretiens de terrain. Ils ont porté sur un échantillon bien précis de la population.

2.2.2 -Echantillonnage

Dans l'optique de recueillir des éléments empiriques fiables sur le terrain, nous avons travaillé sur un échantillon de la population. Sa constitution a pris en compte des critères bien déterminés que ce soit pour le recueil des données quantitatives que qualitatives. Ces critères se présentent ainsi :

· la résidence : L'enquêté devait être un habitant de l'arrondissement de Ouèdo. En particulier, il devait être des villages de Ouèdo centre, de Kpossidja, de Dansèkomey et de Allansankomey pour recevoir le questionnaire destiné à la collecte des données quantitatives.

Par contre pour les données qualitatives, ce sont les villages de Adjagbo et de Ahouato.

· L'âge : Pour une certaine fiabilité des informations, les enquêtés devaient être d'un certain âge. Il fallait que les hommes questionnés aient au moins 18 ans. Les femmes, quant à elles, devaient avoir au moins 16 ans. Ces limites d'âge ne dépendent pas des statuts familiaux visés dans le cadre de cette étude

· La profession : Compte tenu de la localisation de cette étude en zone rurale, les personnes à interroger devaient être des paysans, notamment des agricultures, des artisans, des manoeuvres, des petits commerçants, des ménagères. Les fonctionnaires d'Etat et des Organisations Non Gouvernementales (ONG) n'étaient pas touchés.

· Taille : Dans le cadre de la recherche des données quantitatives, un échantillon de 168 personnes a été retenu et se répartit comme suit en fonction des statuts familiaux.

o Mères de famille : 67

o Pères de famille : 53

o Célibataires sans enfant : 48 (tous sexes confondus)

S'agissant des données qualitatives, un échantillon de 23 personnes a été retenu et se présente de la façon suivante :

Hommes : 10

Femmes : 13

Au total, l'étude a portée sur un échantillon de 191 personnes et nous a permis de faire les investigations de terrain.

2.2.3- Entretiens

Malgré la nature du sujet liée aux représentations, nous avons jugé bon d'associer à l'enquête qualitative qui relève de ce domaine une enquête quantitative. Cette dernière a sous-tendu l'enquête CAP (Connaissance Attitude et Pratique) sur la moustiquaire imprégnée en milieu rural. Cette étape était nécessaire pour que nous nous rendions mieux compte de ce qui fait obstacle à l'acceptation de la MII. Ces déterminants ont été ensuite approfondis par des enquêtes qualitatives. Et les entretiens sur le terrain ont eu lieu en deux phases et ont couvert au total 72 jours dans la période allant du 08 septembre 2002 au 02 janvier 2003.

1ère phase : Déroulement d'un questionnaire à l'adresse d'un groupe cible composé de pères, de mères de famille et de célibataires sans enfant dans les quatre villages qui sont Ouédo centre, Kpossidja, Dansèkomey et Allansankomey. Il convient de signaler que mis à part quelques rares instruits qui ont pu remplir le questionnaire eux-mêmes après notre introduction, il revenait à nous-même de le faire après avoir transcrit, les questions en langue locale de ce groupe ethnique.

Au total, 168 personnes ont été interrogées à cette phase d'entretien individuel.

2ème phase : Elle a été consacrée à une étude approfondie à l'aide d'un guide d'entretien destiné à collecter les mentalités, opinions et autres déterminants explicatifs du faible taux d'utilisation de la MII. C'est à ce niveau qui nous avons pu dégager les représentations liées à la MII et son utilisation. La technique de recherche que nous avons empruntée est le focus group.

Trois (03) focus ont été réalisés et se répartissent comme suit :

- A Adjagbo, deux (02) focus ont été faits avec des effectifs respectifs de sept (07) et huit (08) personnes ;

- A Ahouato, un (01) focus group fut tenu avec un effectif de huit (08) personnes.

En somme, vingt-trois (23) personnes ont été touchées dans le cadre de ces entretiens de groupe.

2.2.4 -Dépouillement, mise en forme et traitement des données

Les enquêtes sur le terrain donnaient quotidiennement des résultats dont les transcriptions se faisaient au fur et à mesure que la collecte des données évolue. Dès la fin de chaque étape d'entretien, des corrections se faisaient après la lecture et la confrontation des informations. Cette opération nous permettait de faire la description des données recueillies par groupe cible et par sous-thème.

Enfin, le croisement de ces données nous a aidé à aboutir à la synthèse des résultats qui a permis d'apprécier celles-ci par rapport à nos hypothèses et objectifs de départ. Nous avons alors pu concevoir et meubler les différents titres et sous titres de ce travail et déboucher sur des analyses par endroits dans les textes. Au terme de cette recherche, nous ne saurons dire que nous avons effectué le travail sans difficulté.

2.3- Difficultés

La période de déroulement des enquêtes de terrain qui coïncidait avec la campagne des élections communales a été un obstacle pour notre travail. En effet, certaines personnes déçues par les discours et promesses électoralistes, nous ont pris pour un politicien et par conséquent ont refusé de se prêter à notre questionnaire. D'autres ont accepté d'avoir l'entretien avec nous mais exigeaient avant toute réponse une gratification pécuniaire ou matérielle. Dans cette situation, nous étions obligé de présenter aux acteurs notre carte d'étudiant avec tous les documents justifiant de notre statut d'étudiant en fin de maîtrise.

Il est à noter l'indisponibilité des mémoires récents au centre de documentation de la FLASH et l'accès très difficile à ce dernier qui nous a beaucoup retardé. Il faut aussi souligner que le manque de moyens adéquats comme l'enregistreur ne nous a pas permis de prendre la totalité des discours, ce qui aurait pu mieux enrichir ce travail. C'est grâce à une habilité soutenue que nous avons pu noter l'essentiel. Notre ténacité nous a permis de surmonter ces divers obstacles.

III - GENERALITES SUR LE PALUDISME ET LA MOUSTIQUAIRE IMPREGNEE D'INSECTICIDE

Nous ne pouvons traiter de la MII sans aborder au préalable le paludisme. C'est pour cette raison que, la première section de cette partie du document sera réservée pour la restitution de quelques données générales sur l'endémie palustre à travers sa description et quelques statistiques qui rendent compte de son ampleur. Le second point à aborder portera sur la MII où elle sera présentée sur quelques aspects après l'historique de son utilisation.

3.1- Le paludisme : quelques données générales

3.1.1- Description de la pathologie du paludisme

Le paludisme est une maladie caractérisée par des accès de fièvre périodiques s'accompagnant de courbatures, de frissons et de sueurs. Il est causé par un minuscule parasite, du genre Plasmodium, transmis par un moustique femelle du genre Anophèles qui a besoin de sang pour se reproduire. Ainsi, presque tous les vertébrés peuvent être infectés par le Plasmodium. Mais, les différentes espèces animales ne peuvent être infectées que par certaines espèces spécifiques du germe. En effet, l'être humain est infecté par quatre espèces de parasites. Il s'agit de Plasmodium falciparum, Plasmodium vivax, Plasmodium ovale et Plasmodium malaria. Le premier peut occasionner des complications les plus graves s'attaquant même au cerveau. Cette forme de paludisme est la plus redoutable et peut entraîner la mort.

Le moustique de l'espèce Anophèles gambiae choisit de petites mares d'eau ensoleillées pour pondre ses oeufs. La forêt vierge ne comporte que peu de gîtes de pontes et donc peu de moustiques vecteurs du paludisme. La transformation des forêts tropicales en terres cultivées et la proximité des humains, hôtes potentiels du parasite fournissent aux moustiques les conditions favorables à leur multiplication.

La transmission du paludisme aux humains est faite par un moustique femelle infecté, les seringues souillées et les transfusions de sang infecté. Seuls les moustiques anophèles transmettent le paludisme aux humaines. Le parasite se loge dans les glandes salivaires du moustique qui l'injecte avec sa salive en piquant l'hôte. L'anophèle ne pique que le soir. Une fois transmis à l'hôte, le parasite subit certaines transformations. En suivant les vaisseaux, il gagne le foie où il envahit les cellules hépatiques et se multiplie. Ce faisant, les parasites forment dans le foie un schizonte, ou corps bleu, qui éclate, gagne les vaisseaux sanguins, s'attaquent aux globules rouges et les détruit à la faveur d'une autre transformation ; de nouveaux globules sont alors envahis.

Les différentes étapes du développement du parasite occasionnent des accès de fièvre caractéristiques chez le sujet infecté, accès qui correspond au moment où il y a éclatement et invasion de nouveaux globules rouges. Notons que les accès de fièvre varient selon les espèces de parasites. Quarante-huit heures peuvent s'écouler entre les accès de fièvre dans le cas du Plasmodium falciparum, et ces accès reviennent jusqu'à ce que l'immunité naturelle ou acquise, ou un traitement antipaludique ou la mort viennent y mettre fin.

Lorsque le moustique pique une personne infectée, le parasite pénètre dans le moustique avec le sang et subit toutes sortes de transformations complexes pendant une période de 14 à 21 jours avant d'être prêt à réinfecter une autre personne. Il a alors gagné les glandes salivaires du moustique. Le cycle est ainsi bouclé. Les accès répétés de fièvre paludique chez les jeunes enfants réduisent leur immunité et nuisent à leur alimentation en augmentant ainsi leur vulnérabilité aux autres maladies et les risques de mortalité. Les femmes durant leur grossesse sont particulièrement vulnérables à cause des

modifications qui se produisent dans leur système immunitaire. Le paludisme peut entraîner une anémie et par conséquent, accroître leur vulnérabilité à

d'autres maladies. Les statistiques sur cette maladie témoignent de l'ampleur de cette endémie en Afrique et dans le monde entier.

3.1.2- Quelques données statistiques sur le paludisme

Dans les pays en développement, le paludisme est l'une des maladies qui causent le plus de décès. Selon l'OMS, le nombre de cas dénombré chaque année est estimé entre 300 à 500 millions. Il cause la mort de 1,5 à 2,7 millions de personnes par an. Les enfants de un à quatre ans sont plus exposés à la contracter et d'en mourir. Environ 50 % des décès chez les enfants de moins de cinq ans en Afrique sont causés par le paludisme. Il tue plus d'un million d'enfants chaque année soit 2800 enfants par jour sur ce continent seulement. Dans les zones où la transmission est élevée, 40 % des nourrissons peuvent mourir des formes graves.

Près de deux milliards d'individus vivant dans 90 pays sont à risque. Entre 80 et 90 % des décès attribuables au paludisme surviennent en Afrique subsaharienne. Il faut remarquer que c'est la région où le taux d'infection est le plus élevé. En effet, on y enregistre la mort d'au moins un million de personnes chaque année. D'autres estimations nous informent que dans cette zone, 275 millions de personnes sont porteuses du parasite mais, ne présentent pas nécessairement de symptômes.

Le Plasmodium falciparum est l'espèce la plus répandue. Elle est mortelle. La preuve est qu'elle est à la base de 95 % des décès causés par le paludisme dans le monde. Son taux de mortalité est de 1 à 3 %. Le paludisme se répand maintenant dans les zones où cette maladie était absente. En effet, au début des années 1960, seulement 10 % de la population mondiale risquaient de

contracter le paludisme. Actuellement, en raison de la résistance des moustiques aux pesticides et des parasites aux médicaments, ce pourcentage a atteint 40 %. Parallèlement, l'impact économique ne cesse de s'alourdir. Nous citerons l'exemple de l'Afrique où les coûts directs et indirects du paludisme s'élevaient seulement 800 millions de dollars US en 1987. On estimait qu'ils atteindraient en 1995, le chiffre de 1,8 milliard de dollars US par an.

Au regard de ce qui précède, la situation du paludisme n'a fait qu'empirer dans le monde et particulièrement en Afrique au cours des dernières années. Plusieurs facteurs sociaux et environnementaux ont permis à un nombre grandissant de personnes d'être en contact avec le moustique. Par ailleurs, l'utilisation répandue des médicaments telle que la chloroquine a entraîné l'apparition de souches résistantes du Plasmodium falciparum. De plus, les moustiques résistent davantage aux insecticides chimiques. La moustiquaire imprégnée d'insecticide apparaît alors comme le moyen le plus efficace pour atténuer la charge de paludisme.

3.2- Présentation de la moustiquaire imprégnée

3.2.1- Historique de l'utilisation des moustiquaires imprégnées d'insecticides

Les moustiquaires imprégnées d'insecticides s'utilisaient depuis longtemps pour prévenir les maladies à transmission vectorielle. En effet, les forces armées soviétiques, allemandes et américaines, au cours de la deuxième guerre mondiale, ont utilisé des moustiquaires et vêtements imprégnés d'insecticide dans le dessein de se protéger contre le paludisme et la leishmaniose.

L'efficacité de ce outil a permis de relancer à la fin des années 70, des recherches qui ont révélé le rôle prépondérant des insecticides dans la lutte contre les moustiques et qui sont moins toxiques sur les mammifères. Des dosages optimaux pour diverses combinaisons de moustiquaires et d'insecticides ont été mis au point. Ainsi, la disponibilité de moustiquaires imprégnées d'insecticides était une réalité dans la médecine moderne vers les années 80.

C'est également au début de ces années que l'OMS a commencé par s'intéresser aux moustiquaires. Il est à noter qu'une impulsion spéciale a été donnée pour la première fois à l'utilisation des moustiquaires imprégnées d'insecticides avec la conférence ministérielle sur le paludisme à Amsterdam en 1992. Au cours de cette réunion consacrée à la définition des quatre stratégies mondiales de lutte antipaludique l'accent a été mis entre autre sur la mis en oeuvre de mesures de prévention sélectives et durables y compris a lutte anti-vectorielle. Ensuite, la volonté politique de lutter contre le paludisme a été réaffirmée avec le Sommet Africain des chefs d'Etat sur l'initiative « faire reculer le paludisme » (Roll Back Malaria RBM) en avril 2000 à Abuja, au Nigeria. Les gouvernements intéressés ont accepté de mettre en oeuvre la stratégie mondiale de lutte contre le paludisme, conçue à Amsterdam (1992). C'est alors que l'exécution de la composante lutte anti-vectorielle comprenant l'utilisation sélective de méthodes basées sur la protection personnelle qui implique l'usage des moustiquaires imprégnées d'insecticides est rentrée dans sa phase active. En effet, l'UNICEF, partenaire de RBM a mis en place au niveau des pays des systèmes d'appui basés sur les moustiquaires imprégnées. C'est alors qu'un partenariat entre le secteur public et le secteur privé est né dans la plupart des pays africains pour développer une véritable culture de la moustiquaire imprégnée. A l'heure actuelle, les moustiquaires imprégnées sont vendues et distribuées par l'intermédiaire du secteur public (gouvernements) et du secteur privé (organisations non gouvernementales, associations et autres). Au Bénin les moustiquaires imprégnées d'insecticides sont intégrées à la stratégie de lutte contre le paludisme et aux programmes des soins de santé primaire. Elle est distribuée notamment par l'ONG PSI, les Centres de Santé, les pharmacies, les commerçants, etc à travers toute l'étendue du territoire national et se présente en matériels plus élaborés.

3.2.2- Matériels utilisés

3.2.2.1- Tissus

Divers types de tissus sont utilisés dans la fabrication des moustiquaires. Les plus courants sont : le coton, le nylon, le polyester, le polyéthylène, le polypropylène, et les mélanges de coton et de fibres synthétiques. Ces tissus sont soit tricotés, soit tissés pour fabriquer le filet qui sert à faire des moustiquaires. Il est à signaler que les qualités d'aptitude à l'imprégnation et à l'emploi de la moustiquaire dépendent de la nature du tissu ayant servi à la confession. Les moustiquaires en polyester et en nylon sont légères et souples. Elles peuvent donc être bien essorées après le trempage. Si ceci permet d'éviter le gaspillage de l'émulsion lorsqu'on les fait sécher par contre avec le coton le cas est différent, car même si le tissu a été fortement essoré, la solution d'insecticide coule. Il faut remarquer aussi que les moustiquaires en polyéthylène et celles en polypropylène qui ont des fibres épaisses et raides sont difficiles à essorer.

D'une manière générale, la préférence est donnée aux tissus synthétiques multifilaments comme le nylon et le polyester. Ils sont plus faciles à imprégner, absorbent moins d'insecticide et sont plus durables tout en offrant une meilleure aération aux utilisateurs.

3.2.2.2- Modèles de moustiquaires

Divers modèles de moustiquaires sont disponibles. Les formes assez répandues sont le modèle rectangulaire et le modèle conique.

3.2.2.2.1- La moustiquaire rectangulaire

Elle peut être accrochée au lit grâce à des ficelles ou des cadres. Elle est plus spacieuse et offre plus de chance pour que le dormeur ne la touche surtout

quand ils sont plusieurs à l'intérieur. Les moustiquaires rectangulaires sont plus rencontrées que les autres formes.

3.2.2.2.2- La moustiquaire conique

La moustiquaire de forme conique est plus facile à suspendre et à replier. Elle semble plus adaptée et est utile dans les petites pièces où les lits peuvent servir de sièges ou de tables dans la journée.

Il convient de signaler qu'à l'intention des voyageurs, des moustiquaires coniques de marques Spider, Traker en forme de pyramide et solo en forme de coin sont disponibles.

3.2.2.3- Couleur

  Les moustiquaires couramment rencontrées sont de couleur rose, verte, bleue et blanche. Les gens ont une préférence pour les moustiquaires blanches le plus souvent même si elles sont plus salissantes que celles qui sont colorées.

3.2.2.4- Insecticides

Les insecticides utilisés pour l'imprégnation doivent répondre aux spécifications de l'OMS. En outre, ils doivent être enregistrés et acceptés par le pays. Le choix d'un type d'insecticide dépend de la sensibilité du vecteur, de l'efficacité, de la disponibilité, du coût et des ressources.

S'agissant des types de produits, nous pouvons retenir que ceux qui conviennent le mieux au traitement des moustiquaires sont les pyréthrinoïdes synthétiques et le pseudi-pyréthrinoïde etofenprox. Ils présentent l'avantage d'être facilement absorbables par les tissus et ont une action rapide. Nous pouvons citer les exemples suivants : permétrine, deltamethrine, lambdacyhabothrine, etofenprox ... etc.

Deuxième partie

PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS

Introduction

Les représentations sociales des uns et des autres dans un groupe sont des données de base pour comprendre les stratégies de chacun. De la même manière, pour appréhender les représentations liées à la MII, il serait judicieux de chercher à voir d'abord celles liées au paludisme. Dans ce souci, la première section de cette partie va rendre compte des représentations liées au paludisme à travers ses causes et ses méthodes de lutte selon les villageois. Les sections suivantes montreront les résultats, sous forme de tableaux, sur les connaissances, attitudes et pratiques liées à la MII dans l'arrondissement de Ouèdo avec des analyses à chaque niveau. Enfin, il sera abordé les raisons de la non adoption de la MII au village avant la formulation des perspectives.

I - APERCU SUR LES REPRESENTATIONS LIEES AU PALUDISME ET SA PRISE EN CHARGE

1.1- Les causes de la maladie

Le paludisme est une maladie qui à plusieurs déterminants selon les paysans. La cause la plus évoquée est le « fait de travailler au soleil » ( 90 % des personnes interrogées). Ensuite, 60 % estiment que le paludisme est dû aux piqûres des moustiques. La consommation excessive d'huile est aussi évoquée par 30 % des enquêtés. Enfin, 10 % seulement rattachent le paludisme aux procédés occultes comme l'envoûtement et la sorcellerie.

De l'étude de ces résultats, il ressort que le paludisme ou « hwéssivozon » en langue locale "fongbé", ce qui est traduit littéralement « maladie du soleil », trouve ses causes dans l'exposition de l'individu au soleil, selon la compréhension des populations rurales de notre aire d'étude. En majorité, producteurs agricoles, ces habitants estiment que la maladie est liée à leurs

conditions de vie et de travail et au climat tropical sous lequel ils vivent. Il n'est pas à exclure que cette compréhension des origines de la maladie par les paysans soit déterminée par leur niveau d'instruction très bas. Cependant, une proportion non négligeable a trouvé que le paludisme est causé par les moustiques. C'est là la vraie cause de la maladie. Mais, aux moustiques sont associées diverses représentations. En effet, dans l'entendement des paysans, « ces insectes sont à craindre sur trois plans : ils perturbent la tranquillité des gens par leurs nuisances physiques ; ils sont responsables des accès palustres qui rendent malades les hommes ou les tuent à la longue ; certains d'entre eux seraient capables, par leurs piqûres de tuer directement l'homme : en effet, les croyances populaires distinguent les moustiques naturels des moustiques issus de la métamorphose de sorciers ou de sorcières » 1(*). Ce qui est à noter, c'est qu'en même temps, ces personnes évoquent encore d'autres causes comme l'envoûtement, l'excès d'effort physique ou l'exposition au soleil. En termes clairs, le paludisme, dans les mentalités paysannes, n'est pas uniquement dû aux moustiques. D'autres facteurs culturels et sociologiques sont reliés à l'origine de ce mal. On comprend alors que dans le milieu rural, à la maladie, il est attribué d'autres origines que celles pathologiques. En effet, outre les origines occultes, l'hygiène alimentaire et corporelle sont aussi indexées. Les paysans parlent également d'un manque de soins et de médicaments à portée de main dans leur milieu de vie.

En résumé, le paludisme, tel que perçu par les paysans, a une étiologie beaucoup plus large que celle que lui confèrent les connaissances de la médecine moderne. Il lui est associé des déterminants climatiques, nutritionnels, hygiéniques et occultes. Il est donc clair que la maladie, dans les communautés rurales, est comprise sur plusieurs plans. En conséquence, les paysans adoptent diverses pratiques pour la prévention et la lutte contre cette affection.

1.2- La lutte contre le paludisme au village

Il sera abordé à ce niveau, les moyens de prévention du paludisme et les méthodes ou moyens de lutte contre les moustiques en milieu rural.

1.2.1- Prévention du paludisme

La grande partie soit 93 % des enquêtés ont répondu qu'il existe des moyens pour se protéger contre le paludisme. Les mesures de prévention utilisées à la campagne et avouées par les personnes qui ont répondu à notre questionnaire, portent essentiellement sur l'exploitation des savoirs locaux en matière de médecine par les plantes. Il faut commencer par prendre quotidiennement (matin, midi et soir) les tisanes de feuilles ou racines. Il s'agit, des tisanes pour faciliter l'élimination des urines ou « adomasin » et celles favorisant l'élimination des vers ou « vonmassin ». Pour certains, il faudrait prendre des mesures d'hygiène corporelle et alimentaire tandis que pour d'autres, il faut éviter de s'exposer au soleil pour travailler. Quelques-uns seulement ont évoqué dans leur discours qu'il faut éviter de se faire piquer par les moustiques. Enfin, certains estiment que pour se donner des soins préventifs, il faut associer à la tisane, des comprimés de nivaquine, paracétamol et du fer ou aller simplement à la consultation à l'hôpital. Certains sages et dignitaires ont déclaré que le paludisme est normal pour l'homme. Ils avouent que c'est une maladie indispensable pour « changer l'année ». Par conséquent, il est inutile de chercher à le prévenir au risque d'attirer sur soi d'autres malheurs au cours de l'année.

De l'examen de ces discours, il se dégage que c'est la perception des causes d'une maladie qui détermine sa prévention ou sa prise en charge. Ainsi, « la médecine traditionnelle considère que certaines maladies peuvent être simplement prévenues par l'hygiène comme par exemple le fait de nettoyer les alentours de sa demeure chaque matin. Mais en plus des sacrifices réguliers sont faits comme mesures préventives contre la colère des dieux, qui d'après la croyance provoquent des épidémies périodiques... »1(*). Les paysans ignorant en grande partie les vraies raisons de contraction du paludisme, méconnaissent aussi les méthodes appropriées et recommandées pour le prévenir. En témoigne que personne parmi nos enquêtés n'a évoqué l'utilisation de la moustiquaire imprégnée d'insecticide par exemple dans la prévention du paludisme. Ce qui nous amènera à nous intéresser à leurs méthodes de lutte contre les moustiques.

1.2.2- Méthodes de lutte contre les moustiques en milieu rural

Il importe, avant d'aborder le vif de cette partie, de faire un rapide survol des données favorables à la reproduction des moustiques en campagne. En effet, les petits points et plans d'eau sont beaucoup plus propices à la reproduction des moustiques. Citons l'exemple des puits, jarres et citernes qui sont des réservoirs à petite échelle de moustiques. Les forêts sauvages réservées aux couvents et les lavabos traditionnels sont également des nids de ces insectes nuisibles. Les récipients hors d'usage, les vieux tessons, les coquilles d'escargot, les empreintes de pas laissées sur un sol mouillé retiennent l'eau et créent des conditions favorables pour les moustiques. Il y a aussi les canaris de décoctions qui séjournent pendant plusieurs mois et qui servent au bain mais qui constituent des gîtes aux moustiques.

En réalité, les moustiques, sont des insectes qui sévissent beaucoup plus durant la période des pluies en campagne. La plupart des personnes interrogées affirment détenir des moyens pour se protéger contre les moustiques. Les méthodes sont variées et vont du naturel à l'artificiel en passant par le religieux.

1.2.2.1 - Méthodes naturelles

Durant la saison humide, les paysans font usage des moyens naturels qui les entourent pour lutter contre les moustiques. Il s'agit de la fumée et de l'habitation.

* La fumée : Elle s'obtient en brûlant les feuilles (comme celles du neem, du citronnier, de la citronnelle) et l'inflorescence mâle du palmier au sein de la concession ou dans la chambre. C'est la méthode la plus utilisée car citée parle la majorité de nos enquêtés. Ils en font usage surtout en période d'abondance des moustiques et ceci chaque soir avant d'aller se coucher.

* L'habitation : Ici, on opte pour la construction des cases rondes en terre de barre et couvertes de pailles et non de tôles. Selon certains enquêtés, si vous ne laissez pas la porte ouverte, les moustiques ne pénètrent pas dans ces types de cases. En outre, ces constructions conservent mieux la fumée de la cuisine qui, en même temps, aide à empêcher l'intrusion des moustiques.

1.2.2.2- Méthodes religieuses

Pour mieux rendre compte de la pertinence de cette méthode, il faut que nous parlions du mythe d'origine des moustiques selon les populations de cette aire socioculturelle aïzo. D'après les hommes de cette localité, les moustiques sont une donnée naturelle de leur environnement. Ils estiment cependant qu'ils ont été confiés à la nature par la divinité qui porte le nom « Mu » par lequel le moustique est désigné dans le aïzogbé. Pour les dignitaires et sages, « mu » c'est-à-dire « moustique » est la mouche de « Mu » qui est une divinité mâle sise dans une forêt sacrée. S'il n'existe que quelques moustiques, les acteurs sociaux n'y voient pas d'inconvénients. Mais, leur pullulation saisonnière considérée comme une anomalie et une sorte de mauvaise augure est perçue comme un

châtiment de la divinité Mu qui serait mécontent à la suite d'un sacrilège ou de l'oubli dont elle a été l'objet de la part des habitants.

Ainsi, lorsque les moustiques envahissent la zone, le roi en présence de ses dignitaires fait consulter l'oracle "fa" par le meilleur devin de son royaume. Le plus souvent, le prêtre en chef de la divinité Mu est toujours présent lors de la séance de consultation au palais. Au cas où c'est « Mu » qui est à la base de cette sortie massive des moustiques, le roi demande au prêtre de procéder à des offrandes expiatoires et propiatoires à la divinité dont il est le serviteur pour apaiser son mécontentement. Tous les habitants du village apportent leur contribution en espèce ou en nature pour la constitution des ingrédients nécessaires pour les sacrifices. Cependant, lorsque les habitants considèrent que les moustiques ne proviennent pas d'une divinité, ils ont recours à des méthodes artificielles recommandées par la science.

1.2.2.3- Méthodes artificielles

Comme méthodes dites artificielles nous avons l'utilisation des serpentins et des bombes. Compte tenu de la cherté et de la disponibilité de ces produits, les paysans affirment qu'ils les utilisent par moments et quand ils disposent de moyens financiers. Par ailleurs, quelques rares enquêtés soit environ 5 % ont déclaré qu'ils utilisent la moustiquaire simple pour empêcher les moustiques de les piquer. Au vu de ces résultats par rapport au moyen de lutte contre les moustiques, une remarque s'impose : la moustiquaire et particulièrement celle imprégnée n'est pas encore perçue comme le moyen le plus efficace et le moins coûteux dans la lutte contre les moustiques. Dans la culture des communautés paysannes, des moyens existent certes pour chasser les moustiques. Le paysan a toujours tendance à trouver les solutions à ses problèmes dans son environnement immédiat. Cette assertion illustre bien leur comportement lié à la lutte contre les moustiques et par ricochet la prise en charge du paludisme. Cependant, la politique sanitaire du Bénin a défini diverses stratégies préventives pour le paludisme. L'une d'entre elles porte sur la promotion de l'utilisation de moustiquaire imprégnée. Celle-ci est-elle soutenue par une politique de vulgarisation en milieu rural pour permettre de prendre connaissance de cet instrument ?

II - CONNAISSANCES LIEES A LA MOUSTIQUAIRE IMPREGNEE D'INSECTICIDE

Dans l'appréciation des représentations socioculturelles liées à l'utilisation de la moustiquaire imprégnée d'insecticide en zones rurales, il importe d'explorer le degré de connaissance des acteurs liées à cet outil. Dans le cas spécifique de l'arrondissement de Ouèdo, le degré de connaissance de la moustiquaire imprégnée d'insecticide est abordé dans le tableau récapitulatif ci-dessous issu de nos entretiens de terrain. L'analyse de ce tableau se fera en deux phases.

Tableau 1 : Répartition des enquêtés selon leur statut familial en fonction de leur connaissance de la MII

Statut familial

Connaissance

Mère

Père

Célibataire sans enfant

Total

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%


· A entendu parler au moins 1 fois de la MII

Oui

Non

64

03

95,52

04,48

51

02

96,23

03,77

46

02

95,83

04,17

161

07

95,83

04,17


· A vu au moins 1 fois la MII

Oui

Non

5

62

07,46

92,54

07

46

13,21

86,79

12

36

25,00

75,00

24

144

14,29

85,71


· Connaît un point de vente de la MII

Oui

Non

04

63

05,97

94,03

05

48

09,43

90,57

10

38

20,83

79,17

19

149

11 ,31

88,69


· Connaît le prix de vente actuel de la MII

Oui

Non

02

65

02,99

97 ,01

04

49

07,55

92,45

06

42

12,50

87,50

12

156

07,14

92,86


· Connaît au moins une raison correcte d'utilisation de la MII

Oui

Non

64

03

95,52

04,48

51

02

96,23

03,77

46

02

95,83

4,17

161

07

95,83

4,17

Source : enquête de terrain

2.1- Connaissance de la moustiquaire imprégnée

De ce tableau, il ressort que 95,83 % des personnes enquêtées ont entendu parler au moins une fois de la moustiquaire imprégnée. Cette proportion ne montre pas une grande variation en fonction de la situation familiale des acteurs ruraux. La radio est leur principale source d'information et cela témoigne que les messages publicitaires lancés sur les ondes radiophoniques par les structures chargées de la promotion de la moustiquaire imprégnée d'insecticide parviennent aux populations. Certaines mères ont affirmé l'avoir appris à la maternité lors des séances de sensibilisation. Seulement 4,17 % des enquêtés ont affirmé n'avoir jamais entendu parlé de ce moyen efficace préconisé par la bio médecine dans la prévention du paludisme. Mais seulement 14,29 % des personnes interrogées ont déclaré avoir vu au moins une fois la moustiquaire imprégnée d'insecticide. En examinant de près les résultats selon la situation familiale, on remarque que 7,46 % de mères ont vu une fois la moustiquaire imprégnée d'insecticide contre respectivement 13,21 % chez les pères et 25 % les célibataires. Ceux-ci désignent majoritairement la ville comme le lieu où ils l'ont vu. C'est la mobilité des jeunes et des pères de famille qui expliquent l'écart entre ces proportions ci-dessus notées. Ceci est d'ailleurs justifié par le fait que dans le foyer rural, la femme est appelée à rester à la maison. L'épanouissement de la femme rurale pose toujours problème et risque de porter atteinte à la santé de toute la famille.

2.2- Connaissance du circuit d'approvisionnement de la moustiquaire imprégnée d'insecticide

Le même constat se poursuit par rapport à la connaissance d'un point de vente de la moustiquaire imprégnée d'insecticide. D'une manière globale, seuls

11,31 % ont répondu par l'affirmative à la question qui leur est posée dans ce sens. Mais en réalité, c'est un résultat de 5,97 % qui est noté chez les mères contre 09,43 % et 20,83 % respectivement chez les pères et les célibataires. Il faut signaler que le point de vente se situe selon certain au centre de l'arrondissement à Ouèdo. Pour bon nombre d'entre eux, c'est en ville, à Abomey-Calavi , Cotonou, au marché Dantokpa et dans le pharmacies. Ce sont les acteurs fréquentant les grands centres urbains qui arrivent à donner ces réponses.

En ce qui concerne la question sur la connaissance du prix actuel de cession de la moustiquaire imprégnée d'insecticide, seulement 07,14 % ont répondu oui. Un examen de ces résultats en détail, montre qu'environ 3 % des femmes connaissent le prix contre 7,55 % des pères et 12,5 % des célibataires.

2.3 - Connaissance de l'utilité de la moustiquaire imprégnée d'insecticide

Contre toute attente logique, 95,52 % des mères contre 96,23 % des pères et 95,83 % des célibataires ont évoqué au moins une raison correcte d'utilisation de la moustiquaire imprégnée d'insecticide. Ceci est paradoxal et s'explique par le fait que la désignation de la moustiquaire imprégnée d'insecticide en fon indique ne serait-ce que partiellement l'utilité de celle-ci. En outre, la moustiquaire simple était connue et utilisée par quelques-uns aux villages. Dès lors, il serait alors évident que les acteurs ruraux citent au moins une raison correcte d'utilisation de la moustiquaire imprégnée d'insecticide. De plus, les messages publicitaires à la radio les renseignent aussi sur les avantages que procure la moustiquaire imprégnée d'insecticide.

On peut simplement retenir que dans l'arrondissement de Ouèdo, les paysans, grâce à la radio, à la transmission des informations de bouches à oreilles et aux sensibilisations des agents de santé sont informés de l'existence de la moustiquaire imprégnée d'insecticide et de son utilité. Cependant, ils sont nombreux à ne jamais l'avoir vu et par conséquent ignorent les points de vente ou son prix actuel de cession. Ceux qui font exception sont en majorité des habitués des centres urbains où la télévision existe et les activités de promotion de l'utilisation de la moustiquaire imprégnée sont plus intenses. Le marketing social pour la promotion de la moustiquaire imprégnée est jusqu'à présent resté loin des centres ruraux. De ce fait, on ne saurait dire que la moustiquaire imprégnée d'insecticide est bien connue en milieu rural dans notre pays. Dans cette situation, l'attitude du paysan va refléter très peu une prise de conscience sur le rôle qu'à la moustiquaire imprégnée d'insecticide dans la prévention contre le paludisme.

III - OPINIONS SUR L'UTILISATION DE LA MOUSTIQUAIRE IMPREGNEE D'INSECTICIDE

Les opinions sur l'utilisation de la moustiquaire imprégnée d'insecticide sont présentées dans le tableau 2. Il comporte quatre niveaux dont les analyses se feront de manière séparée. Nous ferons une synthèse de ceux-ci avant d'aborder le chapitre suivant.

Tableau 2 : Répartition des enquêtés selon leur statut familial en fonction de leur attitude vis-à-vis de la MII.

Statut familial

Attitudes

Mère

Père

Célibataire sans enfant

Total

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

L'utilisation de la MII est perçue comme :

- moyen de prévention du paludisme

- facteur d'intoxication

- moyen d'exhibition de la richesse

- signe d'homme civilisé

- contraire aux us et coutumes locales

48

36

06

09

-

71,64

53,73

08,96

13,43

-

34

31

07

06

-

64,15

58,49

13,21

11,32

-

35

19

04

10

-

72,92

39,58

08,33

20,83

-

117

86

17

25

-

69,64

51,19

10,12

14,88

-

Attitude personnelle

- favorable

- défavorable

26

41

38,81

61,19

21

32

39,62

60,38

18

30

37,50

62,50

65

103

38,69

61,31

Qualificatifs défavorables à la MII

- elle n'est pas efficace

- elle gêne la respiration

- elle est source de chaleur

- elle se présente comme un cercueil

13

32

46

17

19,40

47,76

68,66

25,37

09

28

29

08

16,98

52,83

54,72

15,09

07

20

21

03

14,58

41,67

43,75

06,25

29

80

96

28

17,26

47,62

57,14

16,67

Qualificatifs attribués aux campagnes de sensibilisations

- Educatrice des populations

- Publicitaire pour les structures et ONG vendeuses

58

18

86,56

26,87

40

15

75,47

28,30

37

10

77,08

20,83

135

43

80,36

25,60

Source : Enquête de terrain

3.1- Perceptions liées à l'utilisation de la moustiquaire imprégnée d'insecticide

L'usage de la moustiquaire imprégnée d'insecticide est généralement perçue comme un moyen de prévention contre le paludisme. Les données d'enquête recueillies sur l'aire d'étude de l'arrondissement de Ouèdo révèlent que 69,64 % des répondants reconnaissent la moustiquaire imprégnée d'insecticide comme tel. La disparité entre les mères et les célibataires est très faible (71,64 % pour les premières et 72,92 % chez les seconds). Par contre celle-ci est plus grande entre ces deux groupes et celui des pères où l'on obtient 64,14 %.

Plus de la moitié des personnes enquêtées soit 51,19 % se représentent la moustiquaire imprégnée d'insecticide comme un facteur d'intoxication surtout pour les enfants. Les proportions en détail donnent 58,49 % des pères suivi des mères à 53,73 % ; viennent très loin derrière les célibataires à 39,58 %. Ces derniers marquent une différence significative par rapport aux premiers parce que dans leur groupe, il y a beaucoup plus d'instruits d'une part, et d'autre part, la mobilité qui est observée dans ce groupe leur confère une certaine ouverture d'esprit qui explique plus ce pas qu'il prend sur les autres restés en milieu rural.

L'emploi de la moustiquaire imprégnée d'insecticide serait un moyen d'exhibition de la richesse en milieu rural. Celui qui possède une moustiquaire imprégnée d'insecticide est considéré comme une personne nantie de moyens financiers au regard de l'investissement à faire avant de s'en procurer. C'est 10,12 % de nos enquêtes qui ont cette représentation de l'utilisation de la moustiquaire imprégnée d'insecticide. Les pères viennent en tête avec 13,21 % suivi des mères avec 8,96 % et enfin, on note les célibataires à 8,33 %.

Par ailleurs, certains paysans pensent que l'utilisation de la moustiquaire imprégnée d'insecticide est un signe d'homme civilisé. Les enquêtes révèlent dans l'ensemble que 14,88 % de personnes ont cette représentation. Dans les détails, le tableau montre que ce sont les célibataires sans enfant qui se font plus cette idée dans une proportion de 20,83 %. Pour les autres groupes, les résultats donnent 13,43 % et 11,32 % respectivement pour les mères et pour les pères. La différence entre le groupe des célibataires et ceux des pères et mères s'explique par le fait que les premiers en majorité jeunes associent toute nouveauté à la modernité et c'est l'adoption de celle-ci qui exprime la civilisation. En d'autres termes, la moustiquaire imprégnée est un nouveau produit qui s'utilise en ville selon les mentalités des paysans : il se dégage alors clairement que le villageois qui l'utilise est civilisé.

Enfin, contre toute attente, aucun enquêté n'a déclaré que l'utilisation de la moustiquaire imprégnée d'insecticide est contraire aux us et coutumes locales. La tradition en milieu rural n'est pas toujours exclusive. Elle admet aussi certaines nouveautés et surtout si celles-ci sont bénéfiques pour l'individu et voire la société tout entière. S'il est vrai que dans l'ensemble, les traditions de la société ne font pas obstacle à l'usage de la moustiquaire imprégnée d'insecticide, les attitudes personnelles ne favorisent pas toujours l'enracinement de l'utilisation de celle-ci dans les habitudes de couchage en zone rurale.

3.2- Attitude personnelle

Malgré les programmes de marketing social et de communication pour la santé en vigueur dans notre pays, les acteurs sociaux demeurent réticents vis-à-vis de la moustiquaire imprégnée d'insecticide. En effet, à la question de savoir

leur attitude personnelle face à cet outil de prévention contre le paludisme, 38,69 % seulement des répondants ont déclaré qu'ils sont favorables à son usage. Dans le même temps, 61,31 % restent défavorables à l'emploi de la moustiquaire imprégnée d'insecticide. Il faut distinguer dans le premier groupe, ceux qui subordonnent leur avis favorable à la condition de distribution gratuite de la MII.

Une analyse des données du tableau à ce niveau signale très peu de disparités entre les différentes situations matrimoniales. Les résultats dénotent que dans la perspective de se protéger pour limiter les accès palustres, les paysans n'ont pas encore perçu l'efficacité de la moustiquaire imprégnée d'insecticide. Plus particulièrement, les mères qui ont à charge leur propre santé (en cas de grossesse) et celle de leur enfant (surtout ceux de 1 à 4 ans) ne perçoivent pas le risque qu'elles courent en dormant sans moustiquaire imprégnée. Au regard de l'ampleur des dégâts dont le paludisme est à l'origine, on ne saurait dire qu'avec ces proportions d'attitude des acteurs ruraux face à la moustiquaire imprégnée d'insecticide que cette dernière est acceptée. D'ailleurs, dans les motifs évoqués, plusieurs qualificatifs défavorables sont attribués à la moustiquaire imprégnée d'insecticide et qui sans doute constituent le véritable frein à l'utilisation de celle-ci au village.

3.3- Qualificatifs défavorables à la moustiquaire imprégnée d'insecticide

En milieu paysan, diverses appréciations sont faites de la moustiquaire imprégnée, non pas seulement parce qu'elle est imbibée d'insecticide pouvant " servir à nuire à l'homme"1(*) mais aussi parce qu'on voit à travers elle les anciennes formes de moustiquaires. En fait, ces dernières étaient confectionnées avec des toiles en popeline sans trou donc sans aération. Pour beaucoup d'entre eux, la moustiquaire imprégnée d'insecticide fait penser à la moustiquaire en pagne blanc communément appelé « ala » en "fongbé" qui non seulement procure la chaleur mais aussi fait penser au linceul. Ainsi, pour 57,14 % des enquêtés, la moustiquaire imprégnée d'insecticide est source de chaleur. La proportion des mères est plus élevée soit 68,66 % contre 54,72 % chez les pères et 43,75 % chez les célibataires.

De même, 47,62 % des répondants estiment que la moustiquaire imprégnée d'insecticide gêne la respiration. Dans ce cas, on note la plus grande proportion chez les pères avec 52,83 % suivie de celle des mères à 47,76 % contre 41,67 % chez les célibataires sans enfant.

Par rapport à ces deux paramètres à savoir la gêne de la respiration et la source de la chaleur, on constate les plus faibles proportions chez les célibataires. Cette situation s'explique par le fait que les moustiquaires en popeline ne sont presque pas de leur temps et par conséquent, ils n'en ont pas fait l'expérience.

Dans le même sens, seulement 14,58 % des célibataires trouvent que la moustiquaire imprégnée d'insecticide n'est pas efficace contre 16,98 % pour les pères et 19,40 % pour les mères. Il faut signaler qu'il ne s'agit pas dans tous ces cas d'efficacité expérimentée mais supposée compte tenu des idées préconçues relatives à la moustiquaire imprégnée d'insecticide dont les mailles laisseraient passer les moustiques.

En outre, certains pensent que la moustiquaire imprégnée d'insecticide ressemble à un cercueil. Pour ces derniers, se coucher dans la moustiquaire imprégnée d'insecticide la nuit, c'est se mettre dans un cercueil. L'idée de la « mort » apparaît et induit la peur de se coucher sous moustiquaire. Ici, la disparité est très significative. En fait, dans l'ensemble nous avons 16,67 % des personnes enquêtées qui assimilent la moustiquaire imprégnée d'insecticide au cercueil. Cette proportion est plus élevée chez les mères soit 25,37 % contre 15,09 % chez les pères. Elle ne dépasse guère les 6,25 % chez les célibataires. Avec ces mauvaises représentations que les paysans se font de la moustiquaire imprégnée d'insecticide, comment perçoivent-ils les campagnes de sensibilisation pour la promotion de l'utilisation de cet outil ?

3.4 - Qualificatifs attribuées aux campagnes de sensibilisation

Les séances de sensibilisation organisées au centre de santé et les messages publicitaires pour la promotion de l'utilisation de la moustiquaire imprégnée d'insecticide sont différemment perçus au sein des populations rurales. Si pour la majorité c'est-à-dire 80,36 % de nos répondants pensent que ces campagnes de sensibilisation sont éducatrices, il existe un groupe d'individus (25,60 %) qui estiment qu'il s'agit des campagnes à but publicitaire par les ONG et les sociétés chargées de la vente de la moustiquaire imprégnée d'insecticide.

3.5 - Synthèse des analyses du tableau 2

D'une manière générale, les populations rurales, notamment celles de notre aire d'étude, perçoivent majoritairement que la moustiquaire imprégnée d'insecticide est un outil de prévention contre le paludisme. Cependant, elles gardent tout de même une attitude défavorable à son utilisation. Cette situation trouve sa justification sur plusieurs plans. D'abord, il y a les nombreuses fausses représentations que les individus se font de la moustiquaire imprégnée d'insecticide qui, en fait, se trouvent étroitement liée à leur mauvaise connaissance du produit. Il est à constater que même si le rôle de la moustiquaire imprégnée d'insecticide est bien évoqué par la plupart, ceux qui ont eu l'opportunité de la voir concrètement ne sont pas nombreux. Dès lors, toutes sortes de spéculations se font au sein de ces populations et entraînent une faible adhésion à l'utilisation de cet outil.

Il faut aussi souligner que le paramètre économique n'est pas à écarter c'est-à-dire l'investissement à faire sur le champ pèse lourdement sur les ressources financières de la majorité. De ce fait, certains préfèrent utiliser d'autres moyens comme les serpentins pour lutter contre les moustiques.

Enfin, le cadre d'habitation et le mode de vie seront aussi à la base des comportements défavorables enregistrés jusqu'ici dans l'utilisation de la moustiquaire imprégnée d'insecticide en milieu rural. En attendant de revenir en détail sur les difficultés liées à l'adoption de la moustiquaire imprégnée d'insecticide, nous aborderons d'abord les degrés de la pratique de la moustiquaire imprégnée d'insecticide.

IV - PRATIQUE DE LA MOUSTIQUAIRE IMPREGNEE

D'INSECTICIDE

4.1 - Pratiques effectives

Les éléments d'appréciation des pratiques effectives de la moustiquaire imprégnée d'insecticide, dans l'arrondissement de Ouèdo, issus de nos enquêtes de terrain sont consignés dans le tableau 3.

Tableau n°3 : Pratique de la MII et appréciation du coût en fonction du Statut familial.

Statut familial

Pratiques

Mère

Père

Célibataire

Total

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

- Possession de la MII

Oui

Non

02

65

02,99

97,01

01

52

1,89

98,11

02

46

04,17

95,83

05

163

02,98

97,02

- Période d'utilisation de la MII


· Saison sèche


· Saison des pluies


· Toute l'année

05

56

06

07,46

83,58

08,96

02

48

03

03,77

90,57

05,66

02

40

06

04,17

83,33

12,50

09

144

15

05,36

85,71

08,93

- Habitude de récomprégnation

Oui

Non

00

67

00

100

00

53

00

100

01

47

2,08

97,92

01

167

00,60

99,40

- La MII coûte cher

Oui

Non

59

08

88,06

11,94

42

11

79,25

20,75

36

12

75,00

25,00

137

31

81,55

18,45

Source : enquête de terrain

La moustiquaire imprégnée d'insecticide est un moyen de protection individuel contre le paludisme qui sévit tous les jours. Malgré les efforts de promotion accomplis depuis plusieurs années sur les mass média et dans les communautés à la base, le taux de possession de cet outil reste très faible en milieu rural. Selon les résultats de nos enquêtes consignés dans le tableau 3, seuls 02,98 % des répondants ont déclaré qu'ils possèdent une moustiquaire imprégnée. En examinant de près ces résultats, on remarque que le plus faible des taux est observé chez les pères avec 01,89 % tandis que le plus fort taux est celui des célibataires avec 04,17 %. Enfin, le taux moyen est celui des mères avec 02,99 %. Ces résultats stipulent que l'innovation est mieux suivie chez les jeunes que chez les mères et pères de famille. En outre, les jeunes étant de nos jours partagés entre la tradition et la modernisation, ont plus tendance à comprendre et à adopter les nouveautés plus que celles de nos parents. Il faut cependant signaler que c'est à Ouèdo centre seulement que certains individus possèdent la moustiquaire imprégnée d'insecticide. Dans les autres villages périphériques du centre, aucun enquêté n'a déclaré avoir la moustiquaire imprégnée d'insecticide. De ce constat, il ressort que plus les communautés sont éloignées des centres urbains, plus les pratiques des mesures préventives modernes en matière de santé font défaut et ne les préoccupent guère. Ces dernières près de la nature et de leur culture, trouvent autour d'eux les solutions à leurs problèmes sur tous les plans et restent de ce fait sceptique à ce qui vient d'ailleurs. Nous y reviendrons plus amplement dans les motifs de non-utilisation de la moustiquaire imprégnée d'insecticide.

En ce qui concerne la période d'utilisation de la moustiquaire imprégnée d'insecticide, les paysans estiment à 85,71 % que c'est durant la saison des pluies. Seuls 05,36 % pensent qu'il faut l'utiliser en saison sèche. La bonne réponse est venue de 08,93 % qui déclarent qu'elle doit être utilisée toute l'année. En fait, pour les paysans, la seule période de l'année où les moustiques sévissent est la saison des pluies. De plus, durant cette période, il fait moins chaud donc ils peuvent dormir sous moustiquaire sans trop craindre d'être suffoqués. D'ailleurs durant la saison sèche, il n'y a plus de moustiques et nous dormons tous à l'extérieur au clair de la lune. Les résultats s'expliquent par l'absence ou la faiblesse de niveau d'instruction qui s'observe dans les villages et qui justifie leur compréhension des phénomènes.

Pour ce qui est de l'habitude de réimprégnation, on constate que seuls ceux qui ont la moustiquaire imprégnée d'insecticide peuvent répondre à cette question, mais, les résultats ont montré que ni les mères, ni les pères n'ont pas cette habitude. Seul un célibataire a déclaré avoir cette habitude. Ce résultat montre que les acteurs n'ayant pas l'habitude de l'utilisation de la moustiquaire imprégnée d'insecticide, il en découle que la réimprégnation ne serait pas aussi une pratique qu'ils observent.

Enfin, les résultats concernant l'appréciation du prix d'achat de la moustiquaire imprégnée d'insecticide révèlent que 81,55 % des enquêtés trouvent qu'elle coûte cher. Ce résultat présente une disparité en fonction de la situation matrimoniale. En effet, le taux est plus fort chez les mères soit 88,06 % suivi des pères à 79,25 % tandis que celui le plus faible est observé chez les célibataires (soit 75 %). D'une manière générale seuls 18,45 % ont estimé que la moustiquaire imprégnée d'insecticide ne coûte pas chère. Ces résultats s'expliquent par le faible niveau de revenu des paysans. Cette pauvreté économique sévit plus au sein des mères donc des femmes. Par contre les célibataires ou jeunes étant plus actifs disposent relativement plus de moyens financiers avec moins de charge.

Au terme de l'étude des connaissances, attitudes et pratiques relatives à la moustiquaire imprégnée d'insecticide, nous allons aborder dans la suite, les raisons de non-utilisation de la celle-ci en milieu rural.

V - RAISONS DE LA NON ADOPTION DE LA

MOUSTIQUAIRE IMPREGNEE D'INSECTICIDE

Les programmes de soins de santé primaire dans la plupart des pays où sévit le paludisme ont adopté des stratégies de lutte contre cette maladie. Ainsi, l'efficacité de l'utilisation de la moustiquaire imprégnée d'insecticide est particulièrement établie dans ce domaine par la médecine moderne. C'est pour cela que l'Etat béninois à travers le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) et les Organisations Non Gouvernementales ont entrepris depuis plusieurs années des actions de sensibilisation et de promotion dans le but de susciter une adhésion à l'utilisation massive de la moustiquaire imprégnée d'insecticide au sein des populations. Nonobstant ces efforts, la moustiquaire imprégnée d'insecticide n'est pas encore suffisamment connues par les habitants des zones reculées de notre pays. Elle n'existe que dans quelques rares ménages. Le taux de possession est très faible comme nous l'avions montré plus haut. Dès lors nous pouvons affirmer clairement que la moustiquaire imprégnée n'est pas encore adoptée en milieu rural. Des pesanteurs d'ordre sociologique, anthropologique et économique sont à l'origine de cette attitude relevée de manière plus frappante chez les paysans.

5.1 - Pesanteurs sociologiques

Elles se retrouvent à plusieurs niveaux :

* Le niveau d'instruction : L'analphabétisme et le niveau d'instruction très bas des paysans expliquent leur degré de compréhension des messages de promotion de la moustiquaire imprégnée d'insecticide. En effet, sur les 168 personnes que nous avons questionnées, seuls 62 soit 36,90 % ont été à l'école. Les niveaux varient entre le CP ( Cours préparatoire) du primaire et la classe de 4ème du collège. Il est à remarquer que la majorité n'a pas pu franchir le seuil de CEP (Certificat d'Etudes Primaires). L'analphabétisme pur est élevé (soit 63,10 % dans cette population).

* Les types de logement 

Dans les villages de Ouèdo, on rencontre les cases rondes en terre de barre couverte de paille et les cases rectangulaires en dur ou en terre couverte de tôles. Etant donnée que c'est dans la même case que l'on fait le feu pour la cuisine, les paysans estiment qu'ils sont à l'abri des moustiques à cause de la fumée que génère le foyer surtout dans les cases rondes couvertes de paille.

* Mode de vie et loisirs

En milieu rural, l'alcool et le tabac notamment la cigarette rentrent dans le mode de vie et les loisirs. Ainsi, certains hommes estiment que l'alcoolique et le fumeur de cigarette ne peuvent pas utiliser la moustiquaire imprégnée d'insecticide au risque de provoquer d'incendie involontaire. Outre cela, l'absence d'électricité fait que les paysans sont obligés de laisser le lampion la nuit. Ils évoquent ainsi les mouvements imprudents lors du sommeil la nuit, qui peuvent être à l'origine d'incendie. De ce fait, certains ont déclaré qu'ils préfèrent aller dépenser à l'hôpital pour traiter le paludisme plutôt que de chercher à le prévenir avec le risque de perdre des vies humaines et toute leur fortune.

5.2 - Pesanteurs anthropologiques

Elles se résument en plusieurs points. 

* Les représentations de la santé et de la maladie

Certaines personnes pensent que la maladie est indispensable pour « renouveler l'année ». La maladie n'est pas que pathologique pour les paysans. Elle est, à des circonstances données, considérée comme bénéfique.

Par ailleurs, beaucoup ignorent encore que le paludisme est causé par la piqûre des moustiques et lui associent d'autres origines comme le soleil, l'huile, la sorcellerie ou l'envoûtement. Cette situation s'explique aussi en partie par le taux élevé d'analphabétisme des individus.

* La croyance à des rites particuliers

Des rites spécifiques se pratiquent au village et ont pour objectif de rassurer les individus qu'ils sont à l'abri des maladies et des infections. L'exemple qui nous a été cité est la cérémonie « Tokplo ». Certains paysans ont déclaré qu'en cas de pullulation de moustiques ou d'épidémie généralisée du paludisme, il suffit que les dignitaires du village organisent cette cérémonie pour que la paix revienne chez tous. Se fondant sur ces vraisemblables atouts culturels, les paysans ne voient pas la nécessité d'utiliser la moustiquaire imprégnée d'insecticide pour une prévention.

* La présence des médecines traditionnelles

Dans les différents villages de notre aire d'étude comme dans la plupart des campagnes, il existe des guérisseurs traditionnels. Ces derniers interviennent aussi bien dans le traitement curatif que préventif du paludisme et ceci à un coût plus réduit. Il faut remarquer qu'il existe la thérapie par les plantes que des phytothérapeutes ou «amawato» dispensent. Il existe une thérapie par le « fa » que le charlatan ou « bokonon » en fon donne. Enfin, il y a la thérapie par le vodun que le chef féticheur ou le « vodunon » procure. A Ouèdo, cohabitent, plusieurs cultes vodun réputés dans la prévention et la guérison des maladies. Il s'agit du « thron » et du « Atingali ».

5.3 - Pesanteurs économiques

Elles se ramènent au niveau très bas du revenu de la plupart des paysans. En effet, la capacité financière des populations rurales ne leur permet pas d'acheter au comptant la moustiquaire imprégnée d'insecticide. C'est pour cette raison que certains préfèrent employer les serpentins qui nécessitent peu d'investissements sur le champ, mais à long terme, reviennent plus chers.

Les activités paysannes rapportent quelques revenus qui sont relativement substantiels après les récoltes donc en saison sèche. Or durant cette période, les paysans estiment que les moustiques ne sévissent plus. En outre, c'est dans cette période qu'ils organisent les cérémonies funéraires auxquelles la priorité est donnée en matière de dépenses financières.

5.4 - Pesanteurs liées au système de soins

* Accessibilité et équipement des centres de santé

Dans la plupart des arrondissements à l'exception de l'hôpital du centre, il n'y a quasiment pas d'unités villageoises de santé opérationnelles. L'enclavement et l'éloignement des villages du centre font qu'il est difficile aux paysans de se rendre à l'hôpital pour acheter la moustiquaire imprégnée d'insecticide. Par ailleurs, ces centres ne sont pas suffisamment approvisionnés en moustiquaire imprégnée d'insecticide ce qui par moment engendre des ruptures de stocks de longue durée ou l'indisponibilité totale de celle-ci. C'est le cas de notre aire d'étude. Cette situation fait dire aux paysans que la moustiquaire imprégnée d'insecticide est pour les villes donc destinée aux citadins.

* Les activités de promotion de la moustiquaire imprégnée d'insecticide

Elles se font dans les centres urbains au détriment des centres ruraux. La priorité est donnée à Cotonou et ses environs pour les séances de sensibilisation

populaire, les ventes promotionnelles et les dons de moustiquaire imprégnée d'insecticide. Le marketing social n'est pas encore descendu dans les milieux ruraux pour susciter l'adhésion à l'utilisation de la moustiquaire imprégnée d'insecticide. Cependant, ces séances de promotion devront descendre au niveau des paysans pour les convaincre de la qualité de la moustiquaire imprégnée d'insecticide et les dissuader des "fausses" représentations qu'ils se font de ce produit. Il s'agit de leur faire comprendre d'une part que la moustiquaire imprégnée d'insecticide est suffisamment aérée avec ses mailles impénétrables aux moustiques, et d'autre part, elle n'est pas toxique pour l'organisme humain. Elle ne serait donc pas un instrument que l'ennemi saurait utiliser pour empoisonner comme les paysans l'ont exprimé.

SYNTHESE GENERALE

De l'analyse de ces résultats, nous pouvons déduire que grâce à la radio, les habitants de Ouèdo sont informés qu'il existe la moustiquaire imprégnée d'insecticide pour prévenir le paludisme. Il reste cependant que ce produit est très peu connu physiquement jusqu'à ce jour dans les villages compte tenu de son indisponibilité sur place. Ensuite, les séances de sensibilisation devant s'accompagner des démonstrations ne se tiennent pas dans les villages et celles qui se font à la télévision ne sont pas accessibles aux masses paysannes qui vivent sans électricité.

La résultante de cette situation est une attitude peu favorable à la moustiquaire imprégnée chez les habitants de Ouèdo qui ne l'utilisent quasiment pas. Les mauvaises opinions reliées à ce moyen constituent aussi des déterminants défavorables à l'adoption de son utilisation. En effet, les logiques ne sont pas les mêmes entre les promoteurs de la MII et les utilisateurs notamment les paysans des campagnes. De plus, les différences entre les localités et les logiques de compréhension des acteurs sociaux ne sont pas prises en compte par les programmes de promotion et de marketing social que mènent les structures et ONG s'occupant de la vulgarisation de la MII. Il serait donc judicieux que la présente étude débouche sur des perspectives pour une amélioration de la situation.

VI- PERSPECTIVES

A l'issue de l'analyse de la situation de non-utilisation de la MII au village et des représentations qui sont faites de cet outil, quelques propositions méritent d'être formulées.

· Il est nécessaire d'élaborer des théories de communication de masse adaptées à un changement de comportement individuel des paysans. Pour réaliser ce projet, il faut partir d'une analyse approfondie du public villageois en tenant compte des diverses représentations socioculturelles liées à la MII ;

· La stratégie de marketing ou le plan de promotion devra reposer sur une analyse préalable de la situation en considérant par exemple le problème de non utilisation de la MII, son contexte et les changements de comportement qui pourront aider à modifier la tendance. Cet examen permettra de déboucher sur des choix concernant le public, les messages et les moyens de communication à utiliser ;

· La vulgarisation du message doit viser principalement les besoins d'information du public villageois tout en l'aidant à acquérir des compétences ou renforcer ses attitudes positives. Ce message doit être pertinent, intelligible et facile à mémoriser. Sa formulation doit tenir compte des dialectes du public cible et les mots utilisés doivent être ceux dont les gens se servent. Les radios communautaires peuvent être d'une grande utilité dans ce sens ;

· On devrait organiser dans les villages des séances de communication pour un changement de comportement en ciblant plus les femmes âgées et les maris compte tenu de l'influence qu'ils ont sur la décision des jeunes mères ;

· La promotion des micro crédits et autres prêts pouvant permettre au personnes démunies qui n'ont pas la possibilité d'acheter d'un trait une MII constitue également une piste à explorer ;

· Enfin il convient d'adopter des moyens de communication locaux tels que les troupes de théâtre, les crieurs public, les griots, les chanteurs populaires, les annonces publiques faites par les leaders religieux et politiques dans les assemblées. Ces canaux seront beaucoup plus favorables pour aider à départir les paysans des préjugés qu'ils ont de la MII tout en prônant son utilisation régulière.

CONCLUSION GENERALE

Les comportements et attitudes vis-à-vis de la maladie, de sa prise en charge ou de sa prévention restent pour une grande part tributaire des représentations individuelles ou collectives qui y sont associées. Il apparaît donc clairement au terme de cette étude en milieu rural, que beaucoup reste à faire pour aboutir à une adoption réelle de la MII. En fait, les représentations sociales des uns et des autres sont des données de base qui nous ont permis de comprendre qu'à l'étape actuelle, dans les campagnes, il y a de sérieux handicaps à la promotion et à l'usage de la MII pour prévenir le paludisme.

Les résultats de cette étude soulignent aussi que la grande partie des paysans n'est pas ignorante de l'existence de la MII en tant que moyen de protection individuelle contre les moustiques et de prévention contre le paludisme. Seulement, les mentalités et les habitudes des paysans ne sont pas encore prêtes pour intégrer la MII dans leur couchage. En effet, les connaissances, attitudes et pratiques relatives à la MII que nous avons évaluées sur le terrain révèlent non seulement des pesanteurs sociologiques, anthropologiques et économiques mais aussi des difficultés sanitaires liées au système de soins. Bon nombre de ces pesanteurs précitées sont inhérentes aux mauvaises idées ou représentations que les acteurs ruraux ont de cet instrument que la médecine moderne leur propose.

Il apparaît au terme de cette étude qu'une autre stratégie de sensibilisation accrue et décentralisée doit être mise en oeuvre dans les villages par le Programme National de Lutte contre le Paludisme et les organisations non gouvernementales promotrices de la MII. Les messages qui seront véhiculés devront tenir compte des opinions et logiques paysannes. Ils prendront en compte les spécificités de chaque aire socioculturelle. En outre, une politique mise en place dans le sens d'un changement de comportement pourra s'appuyer sur les chefs traditionnels et religieux qui sont des "faiseurs d'idées" dans les villages. Tous les canaux de communication autochtones sont bons à emprunter pour atteindre effectivement une proportion non négligeable de façon efficiente. La promotion des structures de financement peut aussi jouer un rôle important dans le processus. Mais au-delà de tout ce qui précède, la réticence face aux innovations qui est un attribut de la masse paysanne n'explique-t-elle pas aussi le comportement défavorable qu'on observe à propos de la MII en campagne ?

Références bibliographiques
Ouvrages

· Durand, J.P et al., Sociologie contemporaine, 2e édition revue et augm., Paris, Vigot, 1997, 775p.

· Harriet, F., La lutte contre les moustiques nuisants et vecteurs de maladies, Paris, Karthala, ORSTOM, 1998, 111p.

· Iroko, F.A., Une histoire des hommes et des moustiques en Afrique, France, l'Harmattan, 1994, 169p.

· Legenler, C. et al.,  Un mur contre la malaria :Du nouveau dans la prévention des décès dus au paludisme, Canada, OMS / CRDI, 1997, 219p.

· Olivier de Sardan, J.P., Anthropologie et développement :Essai en socio-anthropologie du changement social, Paris, APAD, Karthala, 1995, 202p.

· OMS , Lignes directrices concernant l'utilisation des moustiquaires imprégnées d'insecticide, AFRO, HARARE, édition provisoire, 1997, 90p.

· Rozendaal, J.A., La lutte anti-vectorielle : Méthode à usage individuel et communautaire, Genève, OMS, 1999, 435p.

· Sofowora, A., Plantes médicinales et médecine traditionnelle d'Afrique, Paris, Karthala, 1996, 375p.

Thèses, mémoires et rapports

· Abdou, G.H., Connaissances, Attitudes et Pratiques de la planification familiale dans la communauté urbaine de Niamey, mémoire de maîtrise, UNB, FLASH, 1996, 96p.

· Dadjo, K.A., Impact de l'utilisation de la moustiquaire imprégnée sur la morbidité palustre des enfants de moins de cinq ans dans la commune d'Agbado, Sous-préfecture de Savalou, UNB, FSS, 2000, 91p.

· MSP, OMS, L'analyse de la situation du paludisme et es autres maladies de l'enfant au Bénin dans le cadre de l'initiative « Faire Reculer le Paludisme », rapport d'étude, Cotonou, juillet 2000, 171p.

· PNLP, Evaluation du Programme National de Lutte contre le Paludisme du Bénin : Plan quinquennal 1994-1999, rapport préliminaire, Cotonou, 2000.

· PSI/ABMS, Enquête sur les Connaissances, Attitudes et Pratiques (CAP) relatives au Sida, à la diarrhée, au paludisme et à la planification familiale, rapport final, Cotonou, Avril 2000, 126p.

· OMS, Spécifications pour les tulles moustiquaires, rapport d'une réunion informelle, Genève, juin 2000, 24p.

· Soumaïla, Y., Opinions et attitudes des cadres de santé nigériens face à la médecine traditionnelle : cas de la commune de Dosso, mémoire de maîtrise, UNB -FLASH, 1993 -1994, 108p.

ANNEXES

QUESTIONNAIRE

I- Identification/ Caractéristiques socio-économiques de l'enquêté

1.01- Village :

1.02- Statut de l'enquêté : chef de famille FORMCHECKBOX femme enceinte FORMCHECKBOX autre (à spécifier)

1.03- Sexe : masculin FORMCHECKBOX féminin FORMCHECKBOX

1.04- Age :

1.05- Profession : agriculteur FORMCHECKBOX artisan FORMCHECKBOX élève FORMCHECKBOX apprenti FORMCHECKBOX fonctionnaire FORMCHECKBOX commerçant FORMCHECKBOX autre (à spécifier) FORMCHECKBOX ...................

1.06- Religion : christianisme FORMCHECKBOX islam FORMCHECKBOX animisme FORMCHECKBOX

1.07- Avez-vous suivi des études ? oui FORMCHECKBOX non FORMCHECKBOX si oui quel est votre niveau final ?

1.08- Pouvons nous connaître la taille de votre ménage ? oui FORMCHECKBOX non FORMCHECKBOX si oui, donnez nous nous les effectifs comme suit :

- nombre d'épouses :

- nombre de femmes enceinte :

- nombre de toits :

- nombre d'enfants de moins de 5 ans :

- nombre total d'enfants :

1.09- Avez-vous un poste radio ? oui FORMCHECKBOX non FORMCHECKBOX

1.10- Quelle est votre fréquence d'écoute de la radio ?

tous les jours FORMCHECKBOX quelquefois FORMCHECKBOX jamais FORMCHECKBOX

II- Généralité sur les représentations liées au paludisme et sa prise en charge

2.01- Comment peut-on attraper le paludisme ?

En travaillant au soleil FORMCHECKBOX en prenant beaucoup d'huile FORMCHECKBOX

En se laissant piquer par les moustiques FORMCHECKBOX par suite d'un envoûtement FORMCHECKBOX

Autre (à spécifier) FORMCHECKBOX .............

2.02- Existe t-il des moyens pour se protéger contre le paludisme ? oui FORMCHECKBOX

non FORMCHECKBOX NSP FORMCHECKBOX si oui, les citer........

2.03- Que faite-vous personnellement pour vous protéger contre le paludisme ?

2.04- Est-ce que vous vous protéger contre les moustiques ? oui FORMCHECKBOX non FORMCHECKBOX

si oui comment ?

III- Evaluation des connaissances liées à la MII

3.01- Avez-vous entendu parler de la moustiquaire ? oui FORMCHECKBOX non FORMCHECKBOX

3.02- Avez-vous entendu parler au moins une fois de la MII (super moustiquaire) ?

oui FORMCHECKBOX non FORMCHECKBOX si oui a quelle occasion ?

- Agent communautaire FORMCHECKBOX

- Agent de santé FORMCHECKBOX - Radio FORMCHECKBOX - Bouche à oreille FORMCHECKBOX - Autres FORMCHECKBOX

3.03- Avez-vous vu au moins une fois la MII ? oui FORMCHECKBOX non FORMCHECKBOX si oui, où l'avez-vous vu ?

Dans votre village FORMCHECKBOX En ville FORMCHECKBOX Autre village FORMCHECKBOX Autres FORMCHECKBOX

3.04- Quelle est selon vous l'utilité de la MII ?

- chasse et tu les moustiques FORMCHECKBOX

- protège contre le paludisme FORMCHECKBOX

- protège contre le fraîcheur FORMCHECKBOX

- embellir la chambre FORMCHECKBOX

- protège cotre le rat et les autres insectes FORMCHECKBOX

- protège l'intimité FORMCHECKBOX

- NSP FORMCHECKBOX

- Autre (à spécifier) FORMCHECKBOX ...............

3.05- A quelle période doit-on utiliser la MII ?

- le jour FORMCHECKBOX

- la nuit FORMCHECKBOX

3.06- Connaissez vous un point de vente de la MII ? oui FORMCHECKBOX non FORMCHECKBOX

Si oui, où est-ce que ce point se trouve ?

Dans le village FORMCHECKBOX dans la commune FORMCHECKBOX autre (à spécifier) FORMCHECKBOX ............

3.07- en gros à quoi la moustiquaire imprégnée vous fait-elle penser ?

IV- Evaluation des attitudes vis-vis de la MII

4.01- Comment percevez-vous l'utilisation la de la MII ?

- moyen de prévention du paludisme FORMCHECKBOX

- facteur d'intoxication réduisant la durée de vie de l'homme FORMCHECKBOX

- moyen d'exhibition de richesse FORMCHECKBOX

- signe d'homme civilisé FORMCHECKBOX

- contraire aux us et coutumes des ancêtres FORMCHECKBOX

- autres (à spécifier) FORMCHECKBOX .................

4.02- Quelle est votre attitude personnelle face l'usage de la MII ?

favorable FORMCHECKBOX défavorable FORMCHECKBOX

4.03- Pourquoi êtes-vous défavorable à l'emploi de la MII ?

- elle n'est pas efficace FORMCHECKBOX

- elle empêche de respirer FORMCHECKBOX

- elle est source de chaleur FORMCHECKBOX

- elle gêne le sommeil FORMCHECKBOX

- elle fait peur la nuit FORMCHECKBOX

- elle se présente comme un cercueil FORMCHECKBOX

- autres (à spécifier) FORMCHECKBOX ..................

4.04- Quelle est l'attitude de votre épouse ou époux face à l'usage de la MII ? favorable FORMCHECKBOX défavorable FORMCHECKBOX

4.05- Quelle est l'attitude de vos enfants face à la MII ?

Favorable FORMCHECKBOX défavorable FORMCHECKBOX

4.06- Comment qualifiez-vous les campagnes de sensibilisation sur la MII ?

- éducation pour les populations FORMCHECKBOX

- publicitaires pour les sociétés ou ONG vendeuses FORMCHECKBOX

autres (à spécifier) FORMCHECKBOX .................

4.07- Selon vous, à quelle(s) couche(s) est destinée la MII ?

- enfants de moins de 5 ans FORMCHECKBOX

- femme enceinte FORMCHECKBOX

- tout le monde FORMCHECKBOX

V- Evaluation des pratiques de la MII

5.01- Avez-vous des moustiquaires imprégnées dans votre case ?

oui FORMCHECKBOX non FORMCHECKBOX

si oui, combien en avez-vous ?

5.02- Sous quelle moustiquaire dormez-vous ?

Imprégnée FORMCHECKBOX simple FORMCHECKBOX

5.03- A qu'elle période de l'année utilisez-vous la MII ?

saison sèche FORMCHECKBOX saison des pluies FORMCHECKBOX toute l'année FORMCHECKBOX

5.04- L'usage de la MII enfreint-il certains de vos coutumes ?

oui FORMCHECKBOX non FORMCHECKBOX si oui les expliquer.................

5.05- Avez-vous l'habitude de réimprégner votre moustiquaire ? oui FORMCHECKBOX non FORMCHECKBOX

5.06- La MII est-elle toujours disponible au point de vente ? oui FORMCHECKBOX non FORMCHECKBOX

5.07- connaissez-vous le prix actuel de la MII ? oui FORMCHECKBOX non FORMCHECKBOX

5.08- En gros, quels sont les facteurs limitant de la population de votre village dans l'utilisation de la MII ?
5.10- Degré de coopération : bon FORMCHECKBOX moyen FORMCHECKBOX mauvais FORMCHECKBOX

GUIDE D'ENTRETIEN

1- Représentions sociales liées au paludisme et sa prise en charge

- causes du paludisme 

- perceptions liées au moustique

- mythes, contes et croyances liées au paludisme et à

la maladie du paludisme chez vous

2- Connaissances de la MII

- informations sur la moustiquaire et particulièrement sur la MII 

- appréciations de la MII comme moyen de prévention du paludisme 

3- Attitudes liées à la MII

- Perceptions liées à l'utilisation de la MII 

- raisons de votre attitude défavorable à l'utilisation de la MII 

- perceptions de la MII

4- Pratiques relatives à la MII

- Catégories de personnes utilisatrices de la MII 

- idées sur l'usage de la MII et son incidence sur la vie humaine 

- difficultés ou barrières limitant l'adoption de l'emploi de la MII au village 

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE ---------------------------------------------------------1

Première Partie : CADRE GENERALE DE L'ETUDE ----------------------------------------3

Introduction --------------------------------------------------------------------------------4

I- CADRE THEORIQUE ---------------------------------------------------------------------------4

1.1 - Problématique--------------------------------------------------------------------------4

hypothèses----------------------------------------------------------------------------11

objectif général ----------------------------------------------------------------------12

objectif spécifiques ------------------------------------------------------------------12

1.2- Justification ------------------------------------------------------------------------------12

1.3- classification conceptuelle -------------------------------------------------------------14

II- CADRE GEOGRAPHIQUE ET METHODOLOGIQUE ---------------------------------16

2.1- Délimitation du champ d'investigation ----------------------------------------------16

2.1.1- Présentation du terrain d'étude --------------------------------------------16

2.1.2- Limites thématiques ---------------------------------------------------------18

2.2- Approche méthodologique -------------------------------------------------------------18

2.2.1- Recherche et critique documentaire ---------------------------------------18

2.2.2- Echantillonnage --------------------------------------------------------------20

2.2.3- Entretiens ---------------------------------------------------------------------21

2.2.4- Dépouillement, mise en forme et traitement des données --------------22

2.3- Difficultés ------------------------------------------------------------------------------23

III- GENERALITES SUR LE PALUDISME ET LA MOUSTIQUAIREIMPREGNEE D'INSECTICIDE --------------------------------------------------------------------------------------24

3.1- Le paludisme : Quelques données générales -----------------------------------------24

3.1.1- Description de la pathologie du paludisme --------------------------------24

3.1.2- Quelques données statistiques sur le paludisme --------------------------26

3.2- Présentation de la moustiquaire imprégnée ------------------------------------------27

3.2.1- Historique de l'utilisation des moustiquaires imprégnées d'insecticide-27

3.2.2 - Matériels utilisés -------------------------------------------------------------29

3.2.2.1- Tissus ----------------------------------------------------------------29

3.2.2.2- Modèles de moustiquaires ----------------------------------------30

3.2.2.2.1- La moustiquaire rectangulaire ------------------------30

3.2.2.2.2- La moustiquaire conique -------------------------------30

3.2.2.3- Couleur --------------------------------------------------------------30

3.2.2.4- Insecticides ---------------------------------------------------------30

Deuxième partie : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS -----------------32

Introduction ------------------------------------------------------------------------------------33

I- APERCU SUR LES REPRESENTATIONS LIEES AU PALUDISME ET SA PRISE EN CHARGE ------------------------------------------------------------------------------------------33

1.1- Les causes de la maladie ----------------------------------------------------------------33

1.2- La lutte contre le paludisme au village -----------------------------------------------35

1.2.1- Prévention du paludisme -----------------------------------------------------35

1.2.2- Méthodes de lutte contre les moustiques en milieu rural -----------------36

1.2.2.1- Méthodes naturelles ------------------------------------------------37

1.2.2.2- Méthodes religieuses -----------------------------------------------37

1.2.2.3- Méthodes artificielles ----------------------------------------------39

II- CONNAISSANCES LIEES A LA MOUSTIQUAIRE IMPREGNEE D'INSECTICIDE --------------------------------------------------------------------------------------39

2.1- Connaissance de la moustiquaire imprégnée ------------------------------------------41

2.2- Connaissance du circuit d'approvisionnement ---------------------------------------42

2.3- connaissance de l'utilité -----------------------------------------------------------------42

III- OPINIONS SUR L'UTILISATION DE LA MOUSTIQUAIRE IMPREGNEE-----44

3.1- Perceptions liées à l'utilisation de la moustiquaire imprégnée ---------------------46

3.2- Attitude personnelle ----------------------------------------------------------------------47

3.3- Qualificatifs défavorables à la moustiquaire imprégnée d'insecticide ------------48

3.4- Qualificatifs attribués aux campagnes de sensibilisation ----------------------------50

3.5- Synthèse des analyses du tableau 2 ----------------------------------------------------50

IV- PRATIQUES DE LA MOUSTIQUAIRE IMPREGNEE D'INSECTICIDE ---------52

4.1- Pratiques effectives -----------------------------------------------------------------------52

V- RAISONS DE LA NON ADOPTION DE LA MOUSTIQUAIRE IMPREGNEE D'INSECTICIDE --------------------------------------------------------------------------------------55

5.1- Pesanteurs sociologiques ----------------------------------------------------------------55

5.2- Pesanteurs anthropologiques ------------------------------------------------------------57

5.3- Pesanteurs économiques -----------------------------------------------------------------58

5.4- Pesanteurs liées au systèmes de soins -------------------------------------------------58

SYNTHESE GENERALE----------------------------------------------------------------------------60

VI- PERSPECTIVES ---------------------------------------------------------------------------------61

CONCLUSION GENERALE -----------------------------------------------------------------------63

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ---------------------------------------------------------65

ANNEXES------------------------------------------------------------------------------------------------67

* 1 J.P. Olivier de Sardan, Anthropologie et développement : Essai en socio-anthropologie du changement social, Paris, éd APAD - KARTHALA, 1995, p139.

* 1 Note tiré du cours intitulé « Logiques de développement en milieu rural », dispensé par Monsieur Christian AGOSSOU en troisième année de sociologie à l'UNB, année universitaire 2000-2001.

* 1 selon les résultats du RGPH de 1992.

* 1 A. Félix IROKO, Une histoire des hommes et des moustiques en Afrique, p 69. Ce texte est utilisé pour bien rendre compte des représentations que les communautés paysannes se font des moustiques et de leurs méfaits.

* 1 Abayomi, Sofowora, Plantes médicinales et médecine traditionnelle d'Afrique, p 82

* 1 Selon certains enquêtés, la MII peut être utilisée par l'ennemi pour vous empoisonner la boisson par exemple lors des cérémonies. Il suffit que ce dernier prélève un bout de ce tissu imprégné d'insecticide qu'il garde sur lui et qu'il trempe dans votre boisson discrètement.






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