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Internet : Une nouvelle dimension du Système International

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par Arnaud GARRIGUES
Université des Sciences Sociales - Toulouse 1 - Master 1 De Science Politique 2006
  

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Seconde Partie : Analyse des enjeux

Après avoir abondamment développé le fonctionnement de ce que l'on pourra dorénavant appeler le Système Internet, nous allons maintenant nous intéresser aux enjeux dont la présence a pu être dévoilée dans la première partie.

La partie « Prolégomènes » consacrée, dans l'Introduction, à la mise en place des différents outils méthodologiques de référence a mis en avant l'utilisation d'un outil plébiscité dans les théories de relations internationales et sur lequel a notamment travaillé Barry BUZAN. Le choix opéré de se consacrer uniquement à trois « points de vue » ne veut pas dire que les autres acteurs auront été oubliés. Seulement, certains acteurs comme les entreprises ne méritaient pas, au sens de l'auteur, une partie qui leur soit consacrée en raison du fait qu'elles s'intègrent dans un ensemble plus général que l'on pourrait qualifier « d'économie internationale ». Or, ce genre de thématique s'intègre bien mieux dans l'aspect systémique des enjeux d'Internet que dans une vue plus rigide qui aurait privilégié les acteurs. Par ailleurs, si l'Etat peut paraître complètement remis en cause par la croissance de la valeur de l'information et son aspect transnational41, son implication actuelle dans la « question » Internet et le grand nombre de problématiques qui ont dépendu ou dépendent encore à l'heure actuelle de l'Etat, justifient amplement une partie qui lui soit consacré. La dernière partie consacrée à une vision par l'Individu sera peut-être plus difficile à justifier a priori mais, au sens de l'auteur, Internet ne peut se comprendre sans accorder une valeur très importante à l'individu en ce que le Net lui apporte un pouvoir de nuisance démesuré ou une tribune, une audience et une écoute tout aussi démesurée au regard des moyens em p loyés.

Nous allons donc nous intéresser maintenant aux enjeux systémiques que l'on peut rencontrer à l'égard d'Internet. Il faut toutefois préciser que cet exposé aborde un certain nombre de thématiques ou de problématiques tout en étant certain de n'avoir pas tout relevé à leurs propos. Il n'est pas plus certain que toutes les thématiques envisageables ici aient été relevées. Cet exposé sera constitué des points saillants qu'il a été possible de relever au cours des entretiens ou bien des lectures de l'analyse bibliographique.

41 Pour plus d'information, se référer à l'article de Nye et Keohane cité en bibliographie : Power and Interdependance in the Information Age.

I- Système Internet et Système International

Dans ce développement, nous aborderons trois points. Le premier concernera l'égalité de l'accès à Internet au sens large du terme. Le second développement s'intéressera aux éléments de gouvernance et de contrôle liés à Internet. La dernière fera un rapide point sur l'aspect de la sécurité du système dans son ensemble.

A- Internet : une égale répartition de la Ressource ?

NON : Pour plusieurs raisons, on peut affirmer qu'Internet est assez inégalement réparti dans le monde. Pour certains auteurs, cela constitue même des enjeux géopolitiques. On peut voir dans les efforts financiers de la Banque Mondiale en faveur des pays africains, un élément de confortation de cette idée42. Dans cette partie, nous aborderons 4 points afin de démontrer des défauts de répartition dans le monde. Cependant, il est à noter que l'importance d'Internet est un présupposé obligatoire bien que non démontré formellement.

Le premier point que nous allons aborder concerne les adresses IP. Comme nous avons pu le développer dans la première partie, cette adressage machine et « physique » est obligatoire : une IP désigne toute machine désirant se connecter au réseau et être reconnu. Cependant, le nombre d'IP à disposition dans la version actuelle est limité et constitue une ressource rare. La gestion de cette ressource rare devient un élément de première importance que l'on peut relativiser toutefois avec l'apport de l'IPv6, dernière version plus complexe mais disponible de façon quasi-infinie. Cependant, il faut bien se rendre compte que l'IPv6 n'est pas encore complètement déployée et que cela ne résout pas tous les autres problèmes. D'après Mr POUZIN, 72% des IPv4 sont actuellement alloués43, c'est-à-dire qu'elles ne sont plus disponibles. Par ailleurs, le principe de distribution de ces IP est tel que l'on peut observer prés de 40% de ces IP alloués uniquement aux Etats-Unis. Cela signifie

42 123 Milliards d'Euros débloqués. Fait évoqué dans la Première Partie.

43 Les dernières vérifications (février 2007) sont: 72 % de l'espace IP a été alloué. Les USA détiennent 50 % de l'espace total, soit 70 % de l'espace alloué.

que tous les autres pays se partagent le reste et que le nombre d'IP disponible par personne dans certains pays est ridiculement bas. Cela constitue donc un premier enjeu d'importance stratégique. De plus, l'apparition d'une nouvelle tendance, l'Internet des objets qui consiste à mettre en place toute une informatique de réseaux à propos des objets, permettant de le situer, de connaître leur déplacement...porte un sérieux coup à l'idée de l'infinie disponibilité de l'IPv6. L'absence de véritable accord et les inégalités que l'on peut observer constitue à coup sûr un enjeu de premier ordre.

Cette constatation nous amène au second point, concernant lui les RIR. Ces structures, dépendantes de l'ICANN à un certain degré ont pour objectif de gérer de façon optimale la ressource IP. Cependant, la certitude quant à l'optimalité de l'organisation de ces « gestionnaires » n'est pas certaine. En effet, dans chaque région, les RIR ont formé des associations avec les opérateurs de télécommunication locaux et leur vendent des IP par le biais de tarifs d'adhésion, les RIR étant des entités à but non lucratif. Toujours selon Mr POUZIN, cette gestion s'apparente à celle d'un cartel et ne permet pas une gestion optimale des IP. En effet, cela conduit à la création de tables de routage44 énormes due en particulier à une répartition non géographiquement déterminée de ces IP. Or, non seulement ces tables de routage font approcher dangereusement la limite des possibilités en terme de serveurs mais aussi, cantonnent le choix des serveurs utilisés au plus performant du marché et offrent à certaines entreprises des marchés gigantesques et des quasi-monopoles.

Cette allusion aux routeurs et aux infrastructures nous amène à notre point suivant. Concernant ces mêmes infrastructures, il faut savoir que les grands noeuds et les grands points de contact entre les différents réseaux « continentaux » dépendent des accords passés entre les grands opérateurs de télécommunications. Cela a pour conséquence une gestion économique mais qui ne bénéficie pas à tous et l'observation de l'Annexe 5 montre bien cela. En effet, on peut bien voir que certaines zones sont particulièrement mal desservies et donc très dépendantes (Australie, Asie du Sud-est, Amérique du Sud, Afrique). Par ailleurs, lorsqu'on sait que tout le trafic Internet a été interrompu pour un grand nombre de pays d'Asie du Sud-est dernièrement, on comprend mieux les enjeux que cela peut représenter. En effet, une catastrophe naturelle ayant entrainé la rupture des câbles fibres optiques entre la Californie et l'Asie et étant donnée la dépendance de cette région à l'Etat Californien, il a fallu un temps important ne serait-ce même que pour rerouter les télécommunications par les serveurs européens. Cela montre donc bien à quel point cette

44 Pour le routage et son utilisation, reportez-vous à la première partie. La table de routage n'est que le mémoire des routes et des IP, en tant que départs et destination, qu'entretiennent les routeurs en question.

dépendance est dangereuse pour certains pays. L'absence a priori de plan de déploiement politiquement soutenu et beaucoup plus général a pour conséquence une inégalité dans l'accès à Internet de certains pays.

Cette inégalité se manifeste notamment au travers de ce que l'on a appelé la Fracture Numérique. Les Annexes 3 et 4 montrent bien que certains pays n'ont pas d'accès à Internet ou bien que les accès sont en très petit nombre. Effectivement, certains pays comme la Tunisie ou la Chine, en raison de leur attitude autoritaire vis-à-vis d'Internet ne doivent pas être pris en compte. Cependant, un certain nombre de pays d'Afrique, une bonne partie de la Russie et à une moindre échelle, l'Amérique du Sud, tout cela constitue des sortes « d'espaces vides » d'Internet. L'intervention de la Banque Mondiale prouve bien la prise en compte de ce phénomène qui a pu être abordé dans les SMSI. Quoi qu'il en soit, cela constitue un enjeu important et pourrait s'intégrer à certains agendas dans les années à venir.

Ainsi se termine ce premier exposé sur la répartition de l'accès à Internet. Cette ressource comme n'hésitent plus à l'appeler certains auteurs a donc des problèmes que l'on connaît déjà. En effet, l'incapacité de la logique commerciale non contrôlée politiquement à amener les ressources partout est bien connue. Aussi, cette situation met en jeu des acteurs bien connus et des situations que l'on pourrait qualifier de « déjà-vu ».

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon