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La question des l'universalite des droits de l'homme dans les manuels relatifs aux droits et libertés

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par Mohamed Hedi SEHILI
Université Montpellier 1 - Master recherche Droit constitutionnel et théorie du droit 2007
  

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A-les philosophies antiques

La doctrine affirme que la reconnaissance de l'identité de l'individu était peu évidente dans la pensée du monde antique « ce qui importe c'est l'indépendance de l'Etat et non celle de l'individu »27(*). La liberté antique était une liberté participation, le citoyen était apte a exercer toutes les fonctions, a participer a la formation de la loi « elle consistait pour lui a pouvoir être tour a tout sujet et gouvernant »28(*). Mais les grecs ne reconnaissent pas un espace privé aux individus qui est protégé de l'intervention des entreprises du pouvoir.

En témoigne les pratiques inhumaines exercées dans la Grèce tel que l'esclavage, l'ostracisme de même que l'élimination des nouveaux nés débiles. Le professeur Michel Levinet, en exposant l'apport de la philosophie de l'age antique, affirme que l'étude de cet apport ne doit pas conduire à des «anachronismes»29(*) malgré le fait que les sophistes avaient tenté de dissocier la personnalité individuelle des caractères qui étaient ceux des citoyens en mettant en cause l'ordre social. En effet, les sophistes ont rompu avec le monde unitaire qui caractérisait la Grèce Antique « en laissant entendre que les comportements humains sont indifférents aux dieux, dans la mesure ou ceux-ci existent »30(*). Mais les sophistes ne vont pas jusqu'à fonder sur l'essence même de l'être humain des droits inaliénables.

La mort de Socrate explique clairement cette difficulté d'affirmer une liberté autonomie au sens moderne du terme dans la Grèce Antique. Ce qu'il faut signaler c'est que l'individualisme marquant la modernité n'est pas encore conçu dans l'antiquité, la société étant, au contraire, marquée par une idéologie holiste. Mais la primauté de la personne humaine ne trouve son plein effet que lorsqu'on lui reconnaît une dignité qui doit être  inhérente à toute personne humaineLe concept dignité parait indissociable de l'idée de l'universalité des doits de l'homme. Ce rapport étroit entre dignité et universalité était souligné par le professeur Louis Favoreu en disant qu'« en premier lieu, il a fallu qu'émerge et s'enracine la prise en considération de la dignité et de l'universalité de chaque être humain »31(*), et l'auteur de citer nombreux courants de la philosophie qui ont contribué à l'émergence de la dignité de l'être humain notamment le stoïcisme se présentant comme une philosophie rationaliste qui se rattache à Héraclite (idée d'un logos universel), au cynisme (Zénon de Kition fut élève d'un philosophe cynique), et qui reprend certains aspects de la pensée d'Aristote. Le stoïcisme « insiste sur l'essence divine de l'homme et conçoit l'univers organisé selon des principes d'harmonie universels, immuables auxquels les hommes doivent se soumettre »32(*). L'idée fondamentale du stoïcisme, bien développée par Zénon, Chrysippe et Cléanthe, c'est l'idée d'une justice naturelle, d'un droit naturel qui a son fondement dans l'essence même de l'homme et dans sa parenté avec la divinité33(*). «La loi, disait Chrysippe, est la reine de toutes les choses divines et humaines, l'arbitre du bien et du mal, du juste et de l'injuste, la souveraine maîtresse des animaux sociables par nature. Elle commande ce qui doit être fait et défend le contraire». Les doctrines du stoïcisme sur la loi naturelle trouvèrent à Rome, avec Cicéron qui « développe l'idée d'un droit issu de la nature des choses, présentant un caractère universel correspondant à la société qui réunit les hommes entre eux »34(*) mais aussi avec Sénèque Marc Aurèle et Epictète et Arrien.

L'unité de la raison étant le point de départ des stoïciens puisque « le fait que les Dieux aient mis en l'homme la raison -qui les rapproche - leur permet de s'élever par leurs propres moyens (la recherche, la philosophie, la vertu) jusqu'à la connaissance des lois naturelles donc de la justice »35(*). Mais le stoïcisme n'a pas abouti à une reconnaissance de droits individuels « innées » comme l'avait expliqué Michel Villey en affirmant que « le stoïcisme joue en dehors de la cité en dehors du Droit dans une autre sphère de la vie »36(*).

Un autre courant de pensée avait développé l'idée de l'universalité de l'être humain c'est celui des nominalistes. L'apport de ce courant « tient à ce qu'il conduit à envisager l'individu de manière singulière, en considération seulement de lui-même et pour lui-même, indépendamment notamment de toute référence à un statut ou toute appartenance à un groupe »37(*). La doctrine avait bien développé l'apport de ce courant dans la réflexion sur l'existence d'un individu libre par conséquent « du nominalisme naîtra une conception du droit naturel qui entend se libérer de l'emprise théologique alors même que destinée paradoxale de la démarche franciscaine - pour Guillaume D'ockham comme pour John Duns Scot, le droit divin positif (la loi divine) demeure la norme suprême »38(*)

L'apport de la philosophie antique était nécessaire mais il n'a pas aboutit à une véritable reconnaissance de la primauté de l'individu, qui reste surtout la marque de la modernité.

* 27 Levinet (M), Théorie générale des droits et libertés Bruxelles : Bruylant, 2006, p. 166

* 28 Robert (J) et Duffar (J). Droits de l'homme et libertés fondamentales, Montchrestien, 7ème éd., 1999, p 39

* 29 Levinet (M), Théorie générale des droits et libertés Bruxelles : Bruylant, 2006, p. 166

* 30 Leclercq (C.), Libertés publiques, Litec, 2003, p. 13

* 31 Favoreu (L) et alii Droit des libertés fondamentales -3ème éd. 2005 -Dalloz, p.14

* 32 LEVINET (M.). Théorie générale des droits et libertés. - Bruxelles : Bruylant, 2006, p. 178

* 33 Ibid

* 34 Ibid, pp.178-179

* 35 Ibid, p.179

* 36 Ibid

* 37 Ibid

* 38 Ibid

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