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Soutenabilité de la dette publique et croissance économique: Cas du Burkina Faso

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par Larba Issa KOBYAGDA
Université de Ouagadougou - DEA/PTCI en Macroéconomie Appliquée 2007
  

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Introduction Générale

Le fardeau de la dette publique, malgré les allègements récents, constitue une entrave au développement des pays pauvres avec la coexistence de plusieurs facteurs déterminants tels que la faiblesse du niveau de l'épargne, la situation critique de la balance des paiements ainsi que les faibles taux de croissance économique. L'émergence, dans ces pays de sérieux problèmes de service de la dette extérieure au cours des années 80, a mis en lumière les conséquences potentiellement catastrophiques d'un excès d'emprunts pour leurs économies. Ainsi l'inaptitude à appliquer une politique d'endettement compatible avec la capacité de service de la dette perturbe les mouvements des capitaux, ce qui peut nuire à la croissance et à la stabilité de l'économie, notamment dans un contexte d'une augmentation massive de la proportion des capitaux privés. Une gestion cohérente de la dette publique doit s'appuyer sur des politiques macroéconomiques appropriées et sur des emprunts extérieurs prudents.

Au Burkina Faso, le retournement des conjonctures économiques au début des années 80, dû à l'aggravation du déficit de la balance des paiements et l'accélération de la croissance de la dette, a entraîné une situation critique entre 1994 et 1996 essentiellement au niveau de la capacité réelle de l'économie à faire face à la demande du financement extérieur ainsi qu'au niveau de la soutenabilité de ses dettes. L'encours de la dette totale rapporté au PIB1(*), de 26,8% en 1990 est passé, sous l'impact de la dévaluation, à 72,6% en 1994 pour retomber à 38,4% en 2005. Cependant on remarquera qu'avec l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (IPPTE) ce ratio se situe en dessous de 50% depuis 2002. Quant au service de la dette rapporté aux exportations, il a connu sensiblement la même évolution que l'encours passant de 16,4% en 1990 à 30,1% en 1994, puis 20,7% en 2005. Ces données indiquent que les capacités d'investissements de l'Etat sont réduites et cette situation accroît sa dépendance à l'égard des financements extérieurs.

Dans la théorie de l'endettement, certains économistes comme J. Sachs (1988) et P. Krugman (1995) pensent que l'emprunt extérieur a un effet positif sur la croissance jusqu'à un certain seuil; au-delà de ce seuil, son effet devient négatif. Ce seuil est estimé à environ 50 % du PIB pour la valeur nominale de la dette extérieure et à 20-25 % du PIB pour le niveau estimé de sa valeur actuelle nette (VAN). Ainsi avant ce seuil, les emprunts supplémentaires accroissent la probabilité de remboursement de la dette; au-delà de ce seuil, les chances que les créanciers soient remboursés diminuent. En revanche, D. Cohen (1996) montre empiriquement que la dette (ainsi que le nombre de rééchelonnements) a pesé sur la croissance dans les pays en développement. Cependant, ce résultat général n'est pas obtenu pour tous les pays de l'échantillon, notamment en ce qui concerne les pays africains. L'impact de l'endettement sur la réduction de la croissance semble non significatif pour le Burkina Faso (objet du présent travail), négligeable pour le Kenya, l'île Maurice, le Rwanda, l'Afrique du Sud, le Zaïre, le Zimbabwe et le Mali. Dans deux autres cas, l'impact de la dette sur la croissance est même positif (Ghana et Tanzanie).

En définitive, les faits ne confirment pas entièrement la théorie du surendettement, mais la plupart des modélisations des facteurs déterminants de la croissance présupposent que le niveau de la dette influe sur la croissance à la fois directement (en dissuadant les gouvernants d'entreprendre des réformes structurelles) et indirectement (en décourageant l'investissement). Il faut noter que peu d'études économétriques ont évalué l'impact direct du stock de la dette sur l'investissement dans les pays à faible revenu.

Geske Dijkstra et Niels Hermes (2001), passent en revue un certain nombre de travaux sur l'hypothèse du surendettement et arrivent au constat que les analyses empiriques ne sont pas concluantes. Par ailleurs, peu d'études donnent une idée claire du niveau du ratio de la dette au PIB à partir duquel l'impact du surendettement se fait sentir. Par contre, Catherine Pattillo, Hélène Poirson et Luca Ricci (2002) étudient 93 pays en développement durant la période 1969-98, ils confirment solidement l'hypothèse d'une relation entre l'encours de la dette extérieure et la croissance. Les auteurs constatent que l'incidence de la dette extérieure sur la croissance du PIB par habitant commence à être négative à partir du moment où la valeur actuelle nette (VAN) de la dette dépasse 160-170 % des exportations et 35-40 % du PIB. Leurs simulations suggèrent que le doublement du niveau de la dette ralentit la croissance annuelle par habitant d'environ 1/2 à 1 point de pourcentage. Dans une étude complémentaire de 2004, Patillo et al. ont appliqué un modèle de comptabilisation de la croissance à un groupe de 61 pays en développement durant la période 1969-98 et ont constaté que le doublement du niveau moyen de la dette extérieure a pour effet de réduire de près d'un point la croissance tant du capital physique par habitant que de la productivité totale des facteurs de ces pays. En d'autres termes, si l'encours de la dette est élevé, il pèse sur la croissance en ralentissant aussi bien l'accumulation de capital que la progression de la productivité totale des facteurs. En théorie, le service de la dette extérieure (qui comprend les intérêts et le remboursement du principal) -- par opposition à l'encours de la dette -- peut en outre influer sur la croissance en évinçant les investissements privés ou en modifiant la composition des dépenses publiques. Enfin, selon Oxfam International (2001), la charge élevée du service de la dette est l'un des principaux obstacles à la satisfaction des besoins humains de base dans les pays en développement. Mais relativement peu d'études empiriques ont testé ces hypothèses en évaluant l'effet du service de la dette sur l'investissement privé ou sur la composition des dépenses publiques, et les données empiriques à cet égard ne sont pas concluantes.

A la suite de l'accumulation des créances extérieures d'un grand nombre de pays à faible revenu tout au long des années 70 et 80, la conjugaison de faibles niveaux de croissance, de prix des produits de base en baisse et d'autres chocs économiques ont abouti à ce que le fardeau de la dette atteigne, pour beaucoup de pays, des niveaux insoutenables. La mise en oeuvre d'une initiative de réduction de la dette des pays pauvres très endettés (IPPTE) par le Fonds Monétaire International (F.M.I) et la Banque mondiale induit à porter une attention particulière sur la question la dette de ces pays ainsi que la notion de la soutenabilité2(*) de la dette. Le programme de réduction de la dette des pays les plus pauvres adopté en 96 repose sur l'évaluation de la soutenabilité de la dette des pays et seuls les pays dont la dette est « insoutenable » pourront bénéficier des mesures prévues à cet effet. Cette initiative, en faveur des PPTE, fournit une assistance conditionnelle se rapportant à des politiques économiques d'ajustement et quelques critères de performance afin de permettre aux pays éligibles de bénéficier d'un allégement de l'ordre de 80% de la valeur actualisée nette (VAN) de la dette multilatérale, et ainsi rendre la dette à un niveau soutenable. Et avec les ressources qui devraient être remboursées au titre du service de la dette, les pays éligibles devront alors élaborer des stratégies dans un document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) pour éradiquer la pauvreté et relancer la croissance économique. On pourrait cependant dire que le lien entre endettement et croissance n'est pas univoque. Les revenus tirés de la croissance permettent le désendettement, mais peuvent susciter aussi de nouveaux emprunts. Ce cercle vertueux peut cependant devenir vicieux lorsque l'endettement est excessif.

La question fondamentale qui se pose dans cette recherche est aussi bien de savoir le lien qui existe entre l'endettement et la croissance économique du Burkina Faso.

La recherche va porter principalement sur la notion de soutenabilité de la dette extérieure ainsi que le seuil d'endettement compromettant les performances économiques. Il s'agira de déterminer le lien qui existe entre la dette publique et la croissance économique et dégager le seuil d'endettement optimal dans le cas du Burkina Faso.

L'étude se fixe comme objectif général d'arriver à une meilleure connaissance de la dette publique en répondant à cette question : Analyser le rôle de la dette publique sur la croissance économique du Burkina Faso. A cet objectif général se rattachent les objectifs spécifiques suivants :

Ø Etablir un effet non linéaire de la dette sur la croissance ;

Ø déterminer un seuil critique au-delà duquel la dette publique influe-t-elle négativement sur les performances économiques du Burkina Faso.

Dans cette étude le cadre temporel retenu pour l'analyse est la période 1970 à 2005 du fait qu'elle constitue la période au cours de laquelle a surgi le problème de la dette dans les économies africaines. Pour atteindre les objectifs de l'étude les hypothèses suivantes seront testées :

Ø La dette extérieure du Burkina Faso a une relation non linéaire avec le taux de croissance réelle du PIB ;

Ø Le service très important de la dette extérieure en évinçant les ressources destinées à l'investissement public, constitue un frein à la croissance économique.

Pour ce faire nous retenons certaines variables décisives de la croissance économique pour les pays africains auxquelles nous ajoutons des variables de contrôle que sont la dette extérieure en valeur nominale, le ratio du service de la dette sur les exportations. A cet effet nous utiliserons des données secondaires issues des statistiques de la Direction de la Dette Publique (DDP) du Burkina qui est la structure chargée de collecter et de traiter les données relatives à l'endettement du pays. En raison de l'absence de certaines variables surtout à long terme dans leurs statistiques un examen de la base des données de la Banque mondiale nous sera d'un apport certain.

Tout au long de ce travail nous allons tenter de répondre à notre problématique à savoir l'endettement public et ses implications sur les performances économiques notamment la croissance économique du Burkina Faso. Dans un premier chapitre, il s'agira de définir les concepts de base ainsi que les conditions financières et la soutenabilité de la dette extérieure. Dans un second chapitre nous allons passer en revue la théorie de l'endettement excessif et ses conséquences sur la croissance afin de pouvoir analyser le cas de la dette publique du Burkina Faso. Enfin dans le dernier chapitre, il sera question de faire une analyse empirique pour vérifier nos hypothèses et faire des propositions en termes de recommandations de politiques économiques en vue d'une meilleure gestion de la dette publique.

* 1 Données brutes de la Direction de la Dette Publique du Burkina Faso.

* 2 Pourtant, les travaux de nombreux auteurs parlent de soutenabilité de la dette (debt sustainability) alors qu'ils envisagent uniquement cette soutenabilité dans l'intérêt des créanciers, c'est-à-dire en mettant en évidence les cas pour lesquels une réduction de la dette extérieure est favorable aux créanciers ou en déterminant les conditions permettant aux créanciers d'être assurés d'un remboursement maximum. Raffinot [1998] envisage quant à lui la soutenabilité de la dette comme le fait qu'un ratio déterminé (type stock de la dette/PIB) tende vers une limite finie, ce qui permet à un pays, s'il paie régulièrement les intérêts de sa dette, de continuer à recevoir des financements extérieurs. Pour Loser [2004], la dette extérieure est soutenable lorsque le poids du service de la dette ne freine pas la croissance. Nous considérons pour notre part que tous ces travaux renvoient à une approche en termes de solvabilité, terme que nous utiliserons dans la suite de ce texte.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille