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Du role de la société civile pour une consolidation de la démocratie participative au Sénégal

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par Mamadou Hady DEME
Université Gaston Berger de Saint-Louis - Maitrise 2008
  

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Paragraphe 2 : De l'éveil d'une conscience citoyenne

La démocratie reste largement tributaire d'une prise de conscience citoyenne des populations. Cette prise de conscience suppose que chaque individu soit conscient de son rôle dans l'élaboration d'une démocratie viable. Elle reflète la participation active de toutes les composantes de la société. Les OSC doivent beaucoup apporter à l'élaboration de cette conscience qui par ailleurs stimule la participation citoyenne.

Le citoyen est une personne qui a, vis-à-vis de la collectivité dans laquelle il vit, à la fois des devoirs et des droits. Il doit respecter les règles d'utilités communes, mais il participe à l'élaboration de ces règles. Cette combinaison des droits et des devoirs vaut aussi en matière de démocratie. Agir en citoyen pour le respect de la démocratie c'est agir ensemble. La conscience collective peut et doit exiger une bonne gouvernance. En effet, dans un régime de démocratie, les citoyens pour défendre eux-mêmes leurs libertés et leurs vigilances à la gestion publique, disposent de l'auto proclamation, au-delà de la résistance à l'oppression et du droit de pétition. Il y a auto proclamation des libertés lorsqu'une liberté est utilisée pour défendre une autre. Ainsi la liberté d'expression a joué un rôle majeur, plus discret certes mais plus efficace sur le long terme dans la sensibilisation de l'opinion publique et dans l'émergence d'une conscience citoyenne forte.

Ainsi les gouvernants ne doivent plus être les seuls responsables de la mise sur pied du processus démocratique et de sa pérennisation. Les Etats africains souffrent de ce déficit d'engagement collectif. Le peuple, souverain, tend à observer le plus souvent une attitude passive et spectatrice par rapport à la vie de la nation. On note une forte extension du champ d'action des tenants du pouvoir qui ne rencontrent d'opposition que quelques partis politiques anéantis par la faiblesse de leurs moyens, et sont incapables d'arrêter les dérives.

La prise de conscience doit pousser le peuple à savoir qu'il est détenteur de la souveraineté, qu'il délègue à ses représentants qui l'exercent à son nom. Par l'entremise de la SC, le peuple doit veiller à la garantie des processus électoraux, point de départ de la démocratie.

Dans le contexte de système représentatif défaillant où sont plongés les pays africains, le contrôle des populations et leur totale adhésion au processus démocratique est plus que nécessaire. Le parlement qui est censé défendre les intérêts des populations est largement fragilisé par une forte mainmise de l'exécutif. Au Sénégal cette main mise s'explique par l'impressionnant nombre des projets de lois (émanant du gouvernement) comparé aux propositions de lois (venant des parlementaires).

La détérioration du tissu socio-économique au Sénégal ces vingt dernières années a plongé le pays dans une situation dramatique, qui connaîtra son apogée avec la dévaluation du franc CFA. Elle aura intensément aggravé le sort des populations, en devenant un facteur d'exacerbation des difficultés et des tensions, rendant ainsi la société plus vulnérable à la corruption politique et économique.

On note de plus en plus avec l'émergence de la société civile un sursaut de prise de conscience citoyenne. Les difficultés de la vie quotidienne ont induit des stratégies de survie, dont la saturation articulée aux multiples dysfonctionnements aura largement contribué à la maturation de certains segments de la population. Cette ont pris conscience des limites objectives des institutions sociales, des pouvoirs politiques et syndicaux et des structures associatives, à prendre convenablement en charge ses aspirations et ses préoccupations.

Les limites objectives des rapports d'assistance et des liens qu'avait instaurés l'Etat avec les populations ont généré en leur sein un sursaut citoyen à travers une plus grande implication d'une bonne partie d'entre elles dans une mobilisation populaire et dans des initiatives individuelles et collectives. C'est dans ce contexte : 

Les femmes et les jeunes -des entités sociales qui ont toujours été, bien qu'à des degrés différents, présentes et impliquées dans toutes les luttes au Sénégal -ont fait preuve d'une grande détermination et ont ainsi été, à l'intérieur comme à l'extérieur des partis politique, parmi les principaux acteurs des transformations en cours notamment l'alternance de Mars 2000.  18(*)

Aujourd'hui cet électorat doit rester serein et vigilant et veiller plus que jamais, avec la même détermination, à ce que les nouvelles autorités respectent la démocratie qu'il a contribué à instaurer dans un pays marqué par 40 ans de règne du PS.

Les populations ont mis dans cette dynamique des circuits informels et des logiques de survie et ont fini par comprendre avec le temps, qu'elles pouvaient infléchir le cours des choses par une plus grande détermination et par une implication citoyenne. Elles ont décidé grâce à la mobilisation de la société civile, des syndicats, de divers mouvements sociaux et de leaders d'opinion, relayés par les médias.

Cette prise de conscience collective et républicaine a permis de mettre en 2000 un processus électoral transparent, et une participation massive qui a conduit le Sénégal vers une alternance pacifique et historique. Ainsi, selon Mamadou Mbodj :

 L'alternance politique et le départ du président Abdou Diouf dans des conditions démocratique traduisent le fait que le pays a atteint l'âge de la maturité républicaine et devra faire ses preuves pour asseoir, développer cette maturité. 19(*)

L'émergence de la conscience citoyenne apparaît aussi dans le rapport entre le citoyen et le pouvoir politique d'une part, et entre ce même citoyen et certains cercles religieux. Dans la période de campagne pour l'élection présidentielle de Février -Mars 2000, une bonne partie du peuple sénégalais semblait avoir rompu avec la vision obscurantiste qui concevait le pouvoir politique comme une affaire des dieux, et dès lors, le pouvoir spirituel n'avait plus à interférer dans ses rapports avec ce même pouvoir politique. Celui-ci est désormais considéré sinon perçu comme comptable de son action et de sa gestion, tandis que le pouvoir religieux est de plus en plus invité à se cantonner à la vie religieuse et à la spiritualité. Les connexions et interaction politico-religieuses sont de plus en plus décriées.

Cette invitation est perçue au Sénégal, lors des élections de 2000, par le refus des citoyens des consignes de vote qui étaient largement en faveur du candidat Diouf battu au second tour. En outre les velléités d'émancipation des femmes de la tutelle des hommes, et celle des jeunes du carcan du groupe familial sont vécus comme de véritables obstacles à la liberté d'initiatives et d'éveil de conscience.

La plupart des groupes et associations produits par cette trajectoire, sont négligés dans les grandes constructions épistémologiques et idéologiques sur les transitions démocratiques. On privilégie plutôt (comme dans l'utilisation africaniste du concept de société civile) les acteurs qui affrontent l'État au détriment des groupes et associations qui se cantonnent au niveau local et qui ont un impact considérable sur la vie et la survie des communautés, sans prendre part aux luttes pour le contrôle du pouvoir et des moyens d'enrichissement.

La nouvelle conjoncture économique a provoqué, selon plusieurs observateurs, l'entrée fracassante sur la scène politique et économique africaine de nouveaux acteurs, exclus du jeu politique pendant au moins trois décennies : les jeunes et surtout les femmes qui réinventent, en marge de la scène politique ou au coeur des dispositifs partisans, des affiliations contraires au sectarisme des organisations ethnico-religieuses des élites politiques, afin de recréer un tissu social solidaire face aux logiques de fragmentation. Les jeunes, tout comme les femmes, du fait même de leur exclusion, durant la période nationaliste élaborent désormais des activités communautaires construites sur des dynamiques d'inclusion, de contrôle et de responsabilités , qui jurent avec les idiomes et du nationalisme et des nouveaux discours sur la gouvernance et la démocratie.

* 18 Mbodj (M), « Le Sénégal entre ruptures et mutation citoyennes en construction » in

Diop (MC) Le Sénégal contemporain, Paris Kartala, 2002

* 19 Mbodj (M), op-cit

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