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Un champ scientifique à l'épreuve de la Seconde guerre mondiale les revues de géographie françaises de 1936 à 1945

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par Laurent Beauguitte
Université Paris 7 - Master 1 2007
  

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Outils théoriques et choix méthodologiques

Il serait naïf d'imaginer que, du jour au lendemain, sous l'effet des circonstances extérieures, aussi dramatiques soient-elles, le contenu de revues scientifiques change du tout au tout. Le concept de champ élaboré par Pierre Bourdieu nous paraît pertinent pour cette recherche. « Un champ est un univers dans lequel les caractéristiques des producteurs sont définies par leur position dans des rapports de production, par la place qu'ils occupent dans un certain espace de relations objectives » (Bourdieu, 1984, p.82). Il suppose que « les contraintes externes, de quelque nature qu'elles soient, ne s'exerçant que par l'intermédiaire du champ, sont médiatisées par la logique du champ. Une des manifestations les plus visibles de l'autonomie du champ, c'est sa capacité de réfracter, en les retraduisant sous une forme spécifique, les contraintes ou les demandes externes »1(*) (Bourdieu, 1997, p.15). C'est pour cette raison que la chronologie de la période ne sera pas évoquée ici, exceptée pour les décisions ayant un impact sur le contenu même des revues, et plus particulièrement sur le recrutement des collaborateurs.

Toujours en accord avec Pierre Bourdieu, nous pensons que les approches internalistes (se limiter aux textes) conduisent, au même titre que les approches externalistes (se limiter au contexte), à une impasse (Bourdieu, 1997, p.13). Pourtant, le travail accompli par l'historien Olivier Dumoulin prouve que l'étude attentive de ce qui disent - et de ce que taisent - les textes publiés à l'époque, si elle n'épuise pas la question, permet d'en éclairer certains aspects.

L'approche choisie est essentiellement comparative : que publient les revues avant 1940 ? que publient-elles entre 1940 et 1944 ?

Il me paraît important de préciser que le choix du sujet n'a obéi à aucune intention polémique et / ou politique. La vigueur des affrontements des années 70 entre une « nouvelle géographie » autoproclamée et une prétendue science « normale », ruraliste et conservatrice me procure toujours un grand plaisir de lecteur. Ce n'est pourtant pas l'histoire de la géographie à laquelle j'ai envie de contribuer. Mon intention est au contraire toute poppérienne : ne rien affirmer qui ne puisse être réfuté et fuir toute appréciation personnelle. Coller des étiquettes et distribuer des jugements de valeur me paraît d'un intérêt relatif. J'avoue également que les généralisations me paraissent toujours légèrement abusives : la géographie que j'ai fréquentée ces derniers mois est plurielle, et souvent ambivalente, voire contradictoire. La géographie de l'époque ne se limite pas aux lamentations rituelles concernant l'exode rural. Elle comporte également les articles enthousiastes d'urbanophiles comme Léon Aufrère ou Jean Soulas, met en avant les questions touristiques, étudie avec attention les changements et les mutations en cours. Il me faut enfin ajouter que je comprends mal les précautions stylistiques utilisées par certains auteurs pour aborder l'histoire de la géographie sous l'Occupation. L'un des indices les plus flagrants de cette gêne est ainsi le découpage chronologique adopté par Paul Claval (1998) : le chapitre 7 étudie la géographie de 1919 à 1939 ; le chapitre suivant la géographie de 1945 à 1965. André Meynier (1969) n'éludait pas la question et faisait débuter en 1939 « le temps des craquements ».

* 1 Cette citation, comme toutes celles contenues dans ce mémoire, respecte la typographie du texte original.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon