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Réflexions sur la pertinence de l'espace d'étude en santé publique : L'observation de la santé à Toulouse et dans son aire d'influence

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par Florian BOURY
Université Paris-7 Denis Diderot - ENSP - DESS Santé Publique : Management des services et actions en santé publique 2004
  

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IV. Résultats

IV.1. L'aire urbaine toulousaine

Dans le cas de l'aire urbaine toulousaine, la coexistence des différentes extensions de la ville de Toulouse, décrite par P. ESTEBE, chercheur au sein du CIRUS et du bureau d'étude ACADIE, dans son rapport sur « Métropolisation et polycentrisme »15(*), à différentes échelles de regroupements intercommunaux et de territoires dont la nature et la légitimité sont très variables, pose la question du référentiel spatial dans l'observation de la santé ; et ce d'autant qu'il n'y a aucunes relations établies entre les divers types de découpages et de zonages qu'ils soient administratifs, de projets, de pratiques ou d'études.

Le zonage en aire urbaine est aujourd'hui utilisé par les organismes de gestion, d'études et de recherches tels que l'INSEE, le Centre de Recherches Urbaines et Sociologiques (CIRUS), l'Agence d'Urbanisme et d'Aménagement du Territoire (AUAT) Toulouse Aire Urbaine ou la Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales (DRASS). Ce zonage, en tant qu'outil statistique de description du territoire, semble donc être le cadre d'observation le plus à même de rendre compte des dynamiques territoriales à l'oeuvre à Toulouse et dans son espace d'influence.

L'aire urbaine toulousaine (Carte 1 page suivante) regroupe au total 342 communes appartenant aux départements de la Haute-Garonne (308 communes), du Tarn (14), du Gers (7), de l'Ariège (6), du Tarn & Garonne (5) et de l'Aude (2).

La carte 1 ci-après, comme les cartes des pages suivantes, sont issues de l'étude de l'AUAT remise à la DRE en avril 2002 : « La couronne périurbaine de l'agglomération toulousaine. Eléments pour un diagnostic territorial. » (AUAT, 2002)

L'étalement urbain caractérisant aujourd'hui l'évolution de l'aire urbaine traduit le développement du peuplement en dehors du pôle urbain. Ce processus, défini sous différents concepts (rurbanisation, périurbanisation ...), correspond en réalité à un phénomène de métropolisation : de nouvelles formes de vie résidentielle en périphérie du pôle urbain, affectant les genres de vie locaux, les activités économiques, l'attractivité des pôles de services généraux et les pratiques de vie : sociales, culturelles, économiques... ; et ayant des répercussions en termes de pratiques de santé publique.

Carte 1 : Le découpage communal de l'aire urbaine de Toulouse16(*)

1. La croissance démographique

La dynamique des territoires est illustrée, notamment par l'indicateur de croissance démographique. Cette croissance démographique dans l'aire urbaine toulousaine est principalement due à des flux migratoires interrégionaux, associée à des flux endogène à l'aire urbaine.

Le diagnostic territorial17(*) mené par l'AUAT de l'aire urbaine toulousaine met en évidence un accroissement démographique continu et régulier qui se traduit par un desserrement des populations et un étalement urbain, qui induisent un éloignement par rapport au pôle urbain, sans être attaché aux grands axes de circulation, et qui identifient le phénomène de métropolisation.

Entre 1970 et 1990, les espaces urbanisés sont passés de 14 % à 32 % de la superficie du pôle urbain ; la zone urbanisée a plus que doublé. Cette période est marquée par une forte production de maisons individuelles très consommatrices d'espace. Cette progression de l'urbanisation s'effectue en « tâche d'huile » le long des axes de circulation, selon des densités de plus en plus faibles.

Carte 2 : Démographie : localisation et diffusion de la croissance

Entre 1990 et 2000, la consommation de l'espace ralentit au sein du pôle urbain, mais le développement n'est pas pour autant freiner s'accompagnant d'une certaine densification des espaces urbanisés. Le pôle urbain s'urbanise au détriment des espaces agricoles en prolongement des espaces existants. Cependant, le mitage18(*) des zones agricoles est plus limité grâce à une protection réglementaire plus affirmée. La couronne périurbaine accueille une partie de la croissance urbaine, essentiellement sous la forme d'habitat individuel. Les surfaces bâties progressent très rapidement notamment dans les communes situées au pourtour du pôle urbain ou à proximité des grands axes routiers.

2. Des espaces vulnérables

Les deux prochaines cartes (Carte 3 et 4) illustrent les conséquences du phénomène de métropolisation dans la localisation des individus selon des indicateurs socio-démographiques et permet d'identifier des territoires plus ou moins vulnérables au regard de la santé publique, selon deux approches : d'une part, en termes de composition populationnelle : la précarité, la mobilité induite par les conditions économiques, sociales et démographiques fragilise et engendre des risques sanitaires ; d'autre part, en terme d'équipement sanitaires : l'accès et le recours à l'offre de soins n'est pas toujours possible ou assuré de manière optimale.

Sur la carte suivante (Carte 3), quatre types d'espaces de vie ont été identifiés en fonction de l'importance de catégories socioprofessionnelles, selon le recensement de population de 1990 ce qui explique que seul est concerné le périmètre de l'aire urbaine à cette date.

On constate :

* une sur-représentation d'ouvriers (en orange) en couronne périurbaine, voire en limite de l'aire urbaine. Les ouvriers résident dans les communes les plus éloignées par rapport à la ville centre en réponse à la pression et au coût foncier qui tendent à diminuer selon un gradient d'éloignement du centre vers la couronne périurbaine ;

* également que les employés et les professions intermédiaires (en jaune) sont surreprésentés dans la ville centre et l'ouest du pôle urbain, ainsi que dans l'est de la couronne périurbaine, en réponse à la concentration des administrations et des services dans l'hyper centre.

* encore une sur-représentation des cadres et des professions intermédiaires (en bleu) qui s'inscrit dans la continuité du pôle urbain (en proche banlieue orientale) vers le périurbain selon une logique sectorielle : plus de cadres vers l'est, le sud-est, l'ouest et au nord-ouest dans les espaces où se sont implantées les activités de pointe et de haute technologie.

* enfin que les populations jeunes (les espaces délimités par des pointillés verts) sont majoritairement localisées en limite du pôle urbain, sans que cela influence la localisation des populations plus âgées, présentes de manière homogène dans l'aire urbaine.

Carte 3 : Population : les différenciations sociales

Toulouse et sa proche banlieue présente une situation, relativement atypique en regard d'autres aires urbaines en France. La logique selon laquelle le coût du foncier favorise l'implantation des catégories supérieures dans la ville centre et qu'un gradient d'éloignement à ce centre intervient ensuite dans l'implantation des populations ayant des conditions économiques de vie plus faibles, ne s'applique pas à l'aire urbaine toulousaine. La pression foncière, le coût des terrains (Carte 4) et l'implantation des activités sont les principaux facteurs explicatifs de ces différenciations sociales. La présence de ces catégories professionnelles dans la ville centre peut-elle s'expliquer par un fort marché locatif qui permet à ces catégories de résider dans la ville centre ?

La lecture de cette carte (Carte 4) nous permet de constater une diminution du prix du sol selon un gradient d'éloignement par rapport au centre du pôle urbain : la graduation du clair au foncé des coloris traduit l'augmentation du prix moyen des parcelles en 1998. Les espaces couverts par le figuré hachuré sont des espaces où la pression foncière s'exerce le plus fortement. Ce sont des espaces en mutation où les terres agricoles se transforment en terrain à urbaniser favorisant l'étalement urbain et le processus de métropolisation.

Carte 4 : Prix du sol et pression foncière

Sont représentées sur la carte ci-dessous (Carte 5), deux types d'information illustrant le problème de la précarité dans l'aire urbaine : d'une part, les espaces où la part des personnes couvertes par le RMI est supérieure à 8 % de la population (en orange foncé) et ceux où cette proportion est inférieure à 8 % (en orange clair) ; d'autre part, les zones en hachuré où la part des chômeurs de longue durée est supérieure à 60 % de la population.

Carte 5 : Chômage : les personnes couvertes par le RMI et le chômage longue durée

On constate une sur-représentation des personnes rencontrant des difficultés sociales en couronne périurbaine, notamment du sud-est au sud-ouest, ainsi qu'à Toulouse et dans certains quartiers d'habitat social du pôle urbain.

La part des personnes en situation de chômage de longue durée tend à augmenter selon un gradient d'éloignement du pôle urbain correspondant à celui de la pression foncière.

Cette situation corrélée aux informations précédentes peut permettre d'identifier des espaces plus vulnérables en terme de santé précarité.

3. La mobilité au sein de l'aire urbaine

L'accroissement des déplacements domicile - travail est une autre conséquence du processus de métropolisation, qui induit le principe de la mobilité. Or les accidents de la circulation, les conditions de travail, les pollutions liées aux trafics sont autant de risques réels et vérifiés pour la santé des populations de l'aire urbaine, comme il est possible de le constater par les taux de décès par accident de la circulation (Carte 6).

Carte 6 : Taux comparatifs de mortalité par accidents de la circulation pour 100000 habitants période 1991-1999 (ORSMIP)

0 à 4 décès pour 10 000 habitants

4 à 14 décès

14 à 24 décès

24 à 34 décès

34 à 54 décès

Les espaces colorés en rouge et en rose présentent une mortalité supérieure à la moyenne arithmétique régionale, indice de discrétisation. Les espaces en jaune présentent des mortalités proches de la moyenne régionale, ceux en bleu clair et bleu foncé des mortalités inférieures à cette moyenne.

Carte 7 : Les déplacements domicile - travail internes à la couronne périurbaine

Si les déplacements quotidiens domicile - travail demeurent importants entre la couronne périurbaine et le pôle urbain, notamment suivant les grands axes de circulations, plus récemment, des déplacements internes à la couronne périurbaine sont apparus, définissant de nouveaux espaces de vie, associés au développement des pôles de services traditionnels et secondaires, notamment au nord et au sud de la couronne périurbaine. Ces déplacements se font par l'intermédiaire d'axes secondaires pouvant offrir moins de sécurité que les axes principaux.

4. L'organisation territoriale de l'aire urbaine toulousaine

L'étalement urbain a conduit certains pôles de services traditionnels à se développer en accroissant leur attractivité, et à l'apparition de pôles secondaires. Cette dynamique territoriale a renforcé le principe de proximité. Au sein de l'espace toulousain, des opérations de requalification des centres ont donc été menées dans la quasi-totalité des communes de la couronne périphérique. Pour les communes les plus importantes, en proche banlieue, il s'est agi de créer des centralités secondaires, représentées sur la Carte 8, ci-dessous. Dans le même temps, en diversifiant les fonctions de cette centralité économique et administrative, en lui donnant un caractère public, ce phénomène de différenciation révèlent un mouvement d'extension et de mutation de l'aire métropolitaine, contribuant à modifier les hiérarchies, et à recomposer des espaces de niveau intermédiaire. Cette requalification de l'espace toulousain a engendré le développement de pôles de services généraux de proximité et de bon niveau.

La Carte 8 (page suivante) localise de manière synthétique des espaces de vie en couronne périurbaine disposant d'une offre urbaine significative selon deux indicateurs :

- l'identification des pôles de service tels qu'ils ont été définis par l'INSEE dans l'inventaire communal,

- le niveau d'équipement des espaces de vie selon l'analyse du niveau d'offre des territoires effectuée par l'AUAT.

Les communes identifiées par des étoiles sur cette carte, disposent d'une gamme d'équipement et de services : administratifs, scolaires et commerciaux. Le nombre de branches et la taille des étoiles attribuées différencient les pôles de service principaux des pôles secondaires. Les espaces identifiés par des hachurés ont un niveau d'équipement moyen, le niveau d'offre élevé est délimité par un trait plein. Enfin les zones colorées en violet identifient des territoires comptant plus de 100 emplois salariés privés.

L'analyse qualitative de la Carte 8 permet, en tenant compte des trois critères : pôles de services, niveau d'offre et nombre d'emplois salariés supérieurs à 100, de distinguer des disparités socio-spatiales :

- des territoires bien équipés et disposant d'emploi, organisés autour de pôles de services principaux ou secondaires,

- des communes ayant une offre de services très réduite, voire nulle en situation de dépendance vis à vis de ces pôles de services ou du pôle urbain.

Carte 8 : Le niveau d'équipement et les pôles de services généraux

La dissémination des pôles secondaires favorise un accroissement de la mobilité et l'éclatement des espaces vécus : la vie d'un nombre croissant de personnes se déroule en des lieux différents, plus ou moins éloignés et variables selon les cas. Selon M.C. JAILLET19(*), les territorialités habitantes se fragmentent, ne s'organisent plus selon des principes de continuité et de circonscription spatiale, mais prennent des formes réticulaires. « L'éloignement et la dispersion sont compensés par une relation à distance, la connexion produisant la proximité autrefois liée à la seule contiguïté ». (ESTEBE & JAILLET, 1999)

Les travaux en cours de l'AUAT dressent une cartographie des services de santé au sein de l'aire urbaine, carte que nous n'avons pas pu introduire dans ce mémoire, et identifient des territoires faiblement ou non dotés de ces services.

Au regard de la Carte 7, les communes en situation de dépendance en termes de services en général constituant les territoires faiblement dotés sont-elles également dépendantes des communes disposant de l'essentiel de l'offre de soins de proximité et réparties le long des principaux axes de circulation ?

En synthèse, nos recherches nous ont permis de constater :

- un phénomène de métropolisation qui accroît l'étalement urbain et l'éloignement entre lieux de vie et lieux de travail,

- une organisation de l'aire urbaine reposant sur un principe : la mobilité,

- une métropolisation qui génère des disparités socio-spatiales,

- un processus de vieillissement qui n'épargne aucun espace de l'aire urbaine,

- des espaces en situation de dépendance et de vulnérabilité en terme d'équipements et d'offre de services en général.

* 15 P. ESTEBE. Métropolisation et polycentrisme : première réflexion sur l'agglomération toulousaine. (2001)

* 16 AUAT TOULOUSE AIRE URBAINE. La couronne périurbaine de l'agglomération toulousaine. Eléments pour un diagnostic territorial. (2002)

* 17 AUAT TOULOUSE AIRE URBAINE. La couronne périurbaine de l'agglomération toulousaine. Eléments pour un diagnostic territorial. (2002)

* 18 Voir Glossaire, Annexe III

* 19 ESTEBE, P. & M.-C. JAILLET. " L'agglomération toulousaine a-t-elle jamais été moderne ? Les formes du pouvoir local à l'épreuve des mutations urbaines " dans Bordeaux/Toulouse : approches métropolitaines (2). (1999)

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote