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La couverture médiatique d'une zone de conflit armé: Cas de la Radio Okapi en Ituri (RDC)

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par Jacques Yves MOLIMA
Institut facultaire des sciences de l'information et de la communication - Graduat 2007
  

Disponible en mode multipage

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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE

INSTITUT FACULTAIRE DES SCIENCES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION

« I.FA.S.I.C »

B.P. 14.988

KINSHASA GOMBE

DEPARTEMENT DU GRADUAT

=======================================================

LA COUVERTURE MEDIATIQUE D'UNE ZONE DE CONFLIT

ARME : Cas de la Radio Okapi en Ituri.

MOLIMA AUTA MISO MAPUMBA DUA Jacques Yves

Travail de fin de Cycle présenté et

défendu en vue de l'obtention du grade

de gradué en science de l'information

et de la communication

Directeur : Prof. Jean Claude MATUMWENI MAKWALA

Lecteur : Ass. François ATUBOLO ELIKA

Année académique 2006 - 2007

I N T R O D U C T I O N

I. P R O B L E M A T I Q U E

Il est admis que le conflit est une instance de rupture dans la vie de toute société. Trop souvent, les guerres se perpétuent naturellement : un conflit en suscite un autre, entraînant inévitablement dans son sillage la mort, la pauvreté et la destruction... Des médias indépendants et pluralistes peuvent contribuer de façon significative à rompre ce cercle vicieux en permettant au dialogue de remplacer le conflit armé.1(*)

Sous cet angle, l'implication des medias en terme de sensibilisation des acteurs ainsi que des populations concernés par le conflit devient une des recommandations même de la société étant donné que «  les journalistes sont souvent les premiers témoins des atrocités qui se déroulent dans un espace territorial donné, cela avant que ne viennent se présenter les autorités et autres délégations officielles2(*) ».

Le travail d'un média et plus précisément dans l'audiovisuel, en face d'un conflit armé, acquiert pour la plupart de cas, un caractère plus délicat d'autant plus que le conflit suppose une lutte d'intérêts divergents, un affrontement des valeurs, des actes, des procédures entre les protagonistes. Lors d'une guerre, la couverture médiatique, la recherche des faits susceptibles de fournir des éclaircissements sur des événements, le contact avec les sources d'informations officielles et non officielles dans une zone antagonique, exige une célérité, un professionnalisme avéré quand à la récolte et au traitement de l'information, ainsi que, comme le veut la déontologie et l'Ethique du métier, une responsabilité de la part du Journaliste et des médias.

Il est certes vrai que la recherche d'information par les chevaliers de la plume, présuppose le respect du droit à la liberté d'expression et du principe de la libre circulation des personnes et des idées. Cependant, le caractère même du conflit armé met le journaliste, partant son organe, devant un dilemme, celui de collecter, traiter et diffuser toute information, en rapport avec le conflit, en toute liberté et celui de sa responsabilité quant aux effets de sa plume sur l'évolution du conflit.

A ce titre, l'institut panos de l'Afrique de l'ouest souligne que «  le traitement partial et partisan de l'information, la désinformation et la propagande, dans une situation aussi délicate que celle de la guerre, contribue à empoisonner le climat social et à radicaliser les positions des différentes parties en conflit.3(*) » Cependant, Olivier Da Lage dans son travail sur la couverture des conflits et les risques militaires, le cas de la guerre d'Irak de 2003-2004 a fait remarquer que «  la guerre, à mesure de son déroulement doit être racontée, décrite, commentée à la fois aux populations des Etats belligérants et aux autres4(*) »

Ainsi, le journaliste devient implicitement un acteur secondaire et peut occuper, et cela malheureusement, une position de victime. Cette situation a donc poussé Jean Philippe Petit à confirmer que « La plume, la voix et la caméra, armes parfois plus dangereuses que l'épée, amènent le journaliste à devenir un acteur indirect du conflit. Certains auteurs n'hésitent d'ailleurs pas à parler de `'droit d'ingérence'' dans le domaine de l'information.5(*) »

Néanmoins, chaque média et par le fait même, le journaliste de par son travail, en tant que vecteur de l'actualité prétend exercer une liberté totale d'information en s'ingérant médiatiquement au conflit. Or cette « ingérence médiatique » conduit parfois les belligérants à porter atteinte à l'intégrité physique du journaliste, et même entraver le bon fonctionnement de médias dans le seul but d'empêcher la diffusion de certaines informations ou images susceptibles de révéler des exécutions sommaires, des massacres et autres scènes insoutenables.

Depuis la guerre dite de « libération » d'octobre 1996 en RDC, guerre menée par l'AFDL avec l'appui des Rwandais et des Ougandais, les tensions jusque là latentes entre certaines ethnies de l'Est du pays se sont ravivées. En Ituri, particulièrement, la cohabitation entre les ethnies Hema et Lendu se dégradait. Une crise de longue date, aggravée par un conflit foncier entre la population de deux ethnies précitées, débouchait sur des hostilités et des affrontements, allant des armes blanches jusqu'aux armes à feu. Des atrocités extrêmes ont été commises dans cette partie de la République Démocratique du Congo. Des actes de barbaries et de vandalisme se sont succédés au fil des années causant des dizaines des centaines des morts, des villages saccagés et brûlés ainsi que des milliers de personnes déplacées. Bref..., la personne humaine a été réduite à l'état primaire de son existence en Ituri.

Toute cette cruelle réalité ne peut et ne pouvait ne pas être mise à la lumière de tous. Il est certes vrai, de l'intérêt et du droit fondamental de la population d'être au courant de tout ce qui se passe dans son village, son district, sa province et son pays. Il est expressément reconnu dans la législation congolaise que toute personne a droit à la liberté d'informer et d'être informé. Cette liberté est garantie par la loi fixant les modalités de l'exercice de la liberté de la presse en son article 8 qui stipule, « Toute personne a droit à la liberté d'opinion et d'expression. Par liberté d'opinion et d'expression, il faut attendre le droit d'informer, d'être informé, d'avoir ses opinions, ses sentiments et de les communiquer sans aucune entrave, quel que soit le support utilisé sous réserve du respect de la loi, de l'ordre public, des droits d'autrui et de bonnes moeurs6(*) »

Ainsi, toutes les atrocités en Ituri ne pouvaient rester dans les oubliettes, sans être publiées par les medias dans le seul but de contribuer à la cessation des hostilités. Cependant, il s'avère que l'accès même à l'information où se déroulaient ces affrontements n'était pas du tout facile. Et cela, par le fait même de la nature du conflit à multiples facettes et par la multiplicité des protagonistes sur terrain.

Dans le champ immense de l'actualité, la presse ne retient qu'une part infime des événements qui surviennent dans la vie du monde ou des individus : de ceux qu'elle publie, elle en fait des nouvelles. Les critères de son choix varient au gré des circonstances et des journaux, notamment l'importance en soi des événements retenus et l'intérêt qu'ils peuvent avoir pour les lecteurs.7(*) A cet effet, la guerre, le conflit armé devient une source presque intarissable d'informations d'autant plus que le public, les lecteurs, les auditeurs ou les téléspectateurs sont plus attirés par des nouvelles à sensation et le conflit offre au public parfois des informations au delà de son entendement. C'est à cela que les médias s'impliquent.

Dans le cas spécifique de la militarisation des rapports socio-humains entre les hemas et les Lendus, les atrocités graves se sont succédés et ont bloqué toute perspective de pacification rapide de cette partie du pays. Le conflit entre ces communautés dispose d'une dimension identitaire et stratégique de sorte que la couverture médiatique de celui-ci parait bien délicate.

Ainsi, eu égard aux affrontements armés entres les communautés susdites, comment la Radio okapi, à travers ses journalistes sur le terrain, a-t-elle assuré la couverture médiatique de ces événements fortement sanglants à l'Est de la République Démocratique du Congo ?

En d'autres termes comment, face à la complexité de ce conflit, la Radio Okapi a-t-elle mobilisé des ressources humaines, matérielles dans le but d'assurer une bonne couverture médiatique du conflit en Ituri ?

Ces questions constituent les préoccupations auxquelles nous allons tenter de répondre dans ce travail.

II. HYPOTHESE

Dans une situation des conflits identitaires, les médias ont tendance, en vue d'assurer une couverture efficace des événements qui se produisent sur le terrain, de charger les journalistes les mieux informés sur la question et les enjeux dans la région.

A cet égard, ces médias mobilisent souvent des moyens logistiques susceptibles de favoriser la quête de l'excellence qu'ils recherchent à travers la diffusion d'une information de qualité, c'est-à-dire, vraie, objective et opportune.

Tout de même, les médias seraient conscients de reconnaître que le fait de garder dans la zone des conflits des reporters pendant longtemps pourraient éventuellement les exposer à des situations d'insécurité d'autant plus que la présence familière dans la zone de conflit peut amener certains protagonistes à nuire à leur vie sous prétexte qu'ils « espionneraient » ceux-ci pour ceux-là.

Sous cet angle, le principe d'objectivité recommande même que les journalistes originaires de l'une des ethnies en conflits ne soient pas chargés d'assumer une charge. Dans la nébuleuse situation de l'Ituri fortement médiatisée au niveau international et national, il s'est dégagé qu'un organe de presse s'est illustré et démarquer au niveau national, pour être au chevet de l'actualité en rapport avec le conflit. Les journalistes de cette chaîne ont permis à l'opinion et aux organismes tant nationaux qu'internationaux, aux organisations nationales et internationales de défense de droits humains, ainsi qu'au public de se rendre compte non seulement, de l'ampleur des atrocités qui se sont déroulés dans cette partie de la République Démocratique du Congo mais aussi, de tout ce qui a été mis en oeuvre pour la pacification de cette partie du pays.

Ainsi, pensons-nous que la mobilisation des moyens tant humains que matériels pour couvrir une situation conflictuelle, de même qu'une rotation permanente des journalistes constituent des préalables pour donner une information objective.

III. METHODOLOGIE

Eu égard à l'hypothèse émis, il s'avère important d'aborder ce travail en menant une enquête qui nous permettra de mettre en lumière les objectifs que s'était assigné la Radio Okapi en optant pour la couverture médiatique de la situation conflictuelle de l'Ituri. Il s'agira bien évidemment de partir des deux sortes d'activités rationnelles à savoir la rationalité par rapport aux fins et par rapport à des valeurs8(*). En d'autre terme, nous tenterons d'évaluer le niveau d'adéquation entre les moyens humains et matériels mis en disposition par la Radio Okapi et les objectifs attendus dans la couverture médiatique de la situation conflictuelle de l'Ituri.

IV. INTERET DU SUJET

Sur le plan théorique, cette étude nous permettra d'accumuler des connaissances en matière de l'exercice du métier de journaliste en temps de guerre et à cerner les exigences dont il faut tenir compte dans la couverture des conflits. Lesquels la complexité recommande un sens de professionnalisme élevé et des connaissances particulières.

Dans la pratique, nous bénéficierons de l'expérience sur terrain des journalistes qui ont couvert les événements de l'Ituri, expérience qui dans le futur nous permettra de nous armer pour toute éventualité en cas de couverture médiatique d'un conflit armé.

Sur le plan personnel, ce travail nous permettra de nous munir davantage des éléments susceptibles d'enrichir notre bagage en ce qui concerne la situation conflictuelle de cette partie de la province orientale en proie à de multiples conflits.

Par ailleurs, la situation de l'Ituri, vaut une étude minutieuse du comportement des journalistes dans leur pratique, le contact avec les sources d'information, certaines parfois hostiles. Le but final étant de démontrer l'importance que revêt le travail d'un média dans une zone de conflit. Et aussi de plaider en faveur des journalistes, face à leur situation déjà précaire, pour une prise en compte d'une protection à la hauteur de leur travail tant sur le plan national qu'international.

V. DELIMITATION DU SUJET

Notre étude couvre la prestation de la Radio Okapi dans le district de l'Ituri pendant la période allant du mois de mars 2004 au mois de décembre 2005. Le choix sur la période ce justifie par le fait que la Radio Okapi a bien sûr ouvert son antenne à Bunia au début de l'année 2003, mais seulement nous avons pu avoir accès à des archives de la Radio Okapi qu'à partir de l'année 2004, l'année où s'intensifiait les missions onusiennes à travers les localités internes de l'Ituri. Et nous la bouclons au mois de décembre 2005, période des affrontements entre les militaires de l'armée de la République Démocratique du Congo, les Fardc et les miliciens de FNI (Front des nationalistes et Intégrationnistes) de Peter Karim dans le territoire de Mahagi à l'extrême Est du district de l'Ituri au moment où se déroulait le referendum constitutionnel en République Démocratique du Congo.

VI. DIVISION DU TRAVAIL

La présente étude est structurée en trois chapitres. Dans le premier chapitre, nous présenterons le champ de notre recherche en établissant la cartographie de l'Ituri. Il s'agira de faire le point sur la situation géographique du district ainsi que sur sa démographie. Nous épinglerons la question de la migration des populations qui peuplent le district. Nous y tenterons également de déceler les causes lointaines et immédiates du conflit entre les ethnies.

Le second est consacré aux cadres conceptuels et théoriques. Il y sera essentiellement question de définir les concepts clés de notre travail ainsi que la théorie qui sous tend notre analyse.

Le troisième chapitre sera consacré à la couverture médiatique dans une zone de conflit armé. Il sera question, dans la première section, de la compétence et du profil des journalistes en mission dans une zone périlleuse ainsi que les objectifs de la Radio Okapi en Ituri.

Dans la deuxième section, nous allons cerner les compétences matérielles et financières qui ont été mobilisées en vue d'assurer une bonne couverture médiatique, dans la troisième section, nous nous attèlerons à analyser la pratique des journaliste dans la région de l'Ituri.

CHAPITRE PREMIER : LES DETERMINANTS DU CONFLIT EN ITURI

SECTION I : LA CARTOGRAPHIE DE L'ITURI

I.1 : LA PRESENTATION GEOGRAPHIQUE ET HISTORIQUE

I.1.1. SITUATION GEOGRAPHIQUE

Situé dans la province orientale, le district de l'Ituri longe la partie Nord-est de la République Démocratique du Congo. Il partage les frontières avec, au Nord, le district de haut Uélé et la République du Soudan, à l'Ouest avec le district de la tshopo, au sud avec la province du Nord Kivu et à l'Est, il partage une frontière de plus de 600 kilomètres avec la République de l'Ouganda.

Avec une superficie de 65 659 km2, le district de l'Ituri représente 2,79% du territoire national et 13% de la superficie de la Province Orientale. Il est subdivisé en cinq territoires administratifs qui sont Aru, Djugu, Irumu, Mahagi et Mambasa, 45 Collectivités-Chefferies et Secteurs, 331 Groupements coutumiers et 4.084 Localités.9(*)

I.1.2. BREF APERÇU DE CHAQUE TERRITOIRE.

Chacun des territoires de l'Ituri présente une particularité de par son histoire, sa population et ses divisions en collectivités, secteurs et chefferies. Cependant, à ce stade d'étude, nous ne ferons juste qu'un aperçu sommaire de la situation de chaque territoire. Le but étant de ressortir les caractéristiques majeures de chaque groupement humain y vivant, susceptibles de nous fournir des explications quand à leur implication dans le conflit objet de notre étude.

1) LE TERRITOIRE D'ARU

Situé au Nord-est du district, le territoire d'Aru a une superficie de 6. 740 km2. Il est limité au Nord par la République du soudan, à l'Ouest par le district de haut Uélé, au sud par le territoire de Mahagi et à l'Est par la République de l'Ouganda. Le territoire d'Aru compte huit collectivités, à savoir :

· Alur

· Kakwa

· Kaliko omi

· Lu

· Ndo-kebo

· Nio kamule

· Otso

· Zaki10(*)

Les peuples les plus représentatifs de ce territoire sont les aluru.

2) LE TERRITOIRE DE DJUGU

Un peu plus au centre du district, le territoire de Djugu a une superficie de 8,184 km2. Avec dix collectivités, ce territoire est caractérisé par l'enchevêtrement de la population Hema et Lendu et d'une cohabitation naturelle entre les deux peuples. Chaque collectivité se détermine par sa population. Ainsi donc nous distinguons :

· Bahema Nord

· Bahema Badjere

· Bahema Banwagi

· Banyari de kilo

· Mabendi

· Mambisa

· Ndo-okebo

· Walendu Djatshi

· Walendu Pitshi

· Walendu Tatshi11(*)

Le territoire de Djugu partage ses frontières avec le district de haut Uélé au Nord, celui de Mambasa à l'Ouest, Irumu et le Lac Albert au sud et le territoire de Mahagi à l'Est. Comme on peut le remarquer sans peine, les deux peuples Lendu et Hema occupent certaines collectivités et parlent la même langue le Kilendu. Les Hema ayant perdu leur langue pour besoin de communication.

3) LE TERRITOIRE D'IRUMU

Situé au Sud-est du district, le territoire d'Irumu est le plus important. Deuxième de par sa superficie qui est de 8, 730 km2 , le territoire d'Irumu a le privilège de porter en son sein la ville chef lieu du district de l'Ituri, la cité de Bunia. Il compte par ailleurs douze collectivités et se caractérise par la majorité des peuples hema. On distingue les collectivités de :

· Andisoma

· Babelebe

· Baboa-Bakoe

· Bahema boga

· Bahema d'Irumu

· Bahema mitego

· Bahema sud

· Banyari tchabi

· Basili basumu

· Mobala

· Walendu Bindi

· Walese vonkutu12(*)

4) LE TERRITOIRE DE MAHAGI

Le territoire de Mahagi est le plus petit de par sa superficie qui est de 5, 5221 km2, il partage la plus grande partie de son territoire avec l'Ouganda à l'Est. Au nord, il est limité par le territoire d'Aru et le district de haut Uélé. A l'Ouest et au sud limité par le territoire d'Irumu et le Sud-est donne sur le lac Albert. Ex aequo avec Aru, le territoire compte huit collectivités :

· Alur-Djuganda

· Anghal

· Djukoth

· Mokambo

· Pandoro

· Wagongo

· Walendu watshi

· War palara13(*)

Contrairement aux autres territoires, à l'instar de celui d'Irumu où les Hema sont majoritaire et celui de Djugu où la prédominance Lendu est visible, les deux peuples les plus influant de l'Ituri, le territoire de Mahagi reste cependant dominé par les Alur, lequel peuple venu de l'Ouganda est situé, nous en parlerons un peu plus tard, à cheval sur la frontière Congolo-Ougandaise.

5) LE TERRITOIRE DE MAMBASA

Le plus vaste territoire de l'Ituri, Mambasa a une superficie de 36. 783 km2, il partage la frontière avec le district de haut Uélé au Nord, Tshopo à l'Ouest et les territoires d'Irumu et Djugu à l'Est ainsi que la province du Nord Kivu au sud. Malgré sa superficie, le territoire de Mambasa ne compte que sept collectivités à savoir :

- Babombi

- Bakwanza

- Bandaka

- Bombo

- Mambasa

- Walese-dese

- Walese-karo.14(*)

Le territoire de Mambasa un peu plus éloignés de la frontière ne regorge d'aucune tribu hema et lendu. Sa caractéristique principale est d'être le bastion des pygmées, les peuples autochtones installés dans ce territoire il y aurait plus de 5 siècles.

*

* *

Il découle de cette présentation, combien succincte de la géographie de l'Ituri, que ce district est né des migrations des peuples de l'Est de l'Afrique qui ne se sont pas fortement éloignés de la frontière. Il est plus simple de remarquer que les quatre territoires où son bien représentés les hema et les lendu sont situés le long de la frontière avec l'Ouganda. Cette précision s'avère indispensable, car elle sera d'un apport majeur et considérable lorsque nous aborderons les différentes dimensions du conflit Iturien qui sont liés aux intérêts économiques, politiques et identitaires. Ce qui nous amène à parler de l'historique de la population du district de l'Ituri.

I.1.3. HISTORIQUE

L'histoire de l'Ituri est liée à sa population, on ne peut pas parler de l'Ituri si l'on n'évoque pas ses habitants. La formation du district de l'Ituri rime avec le mouvement des migrations constaté au 16e et 17e siècles dans la région Nil-Soudan-grands lacs. Un nombre important des groupes humains s'est éparpillés à travers la partie Est du continent africain, formant des sociétés segmentaires15(*)... A ce niveau d'étude, il nous sera très vaste, si nous nous mettions à retracer l'arrivée de chaque peuple de l'Ituri. Cependant, nous ne pouvons vous épargner de vous retracer en plus bref, les migrations Lendu, Hema et Alur. Trois tribus qui constituent la plus grande partie de la population de l'Ituri. Et dans la section qui suit se rapportant à la migration, nous ne parlerons que de ces trois tribus en raison du fait qu'elles constituent celles qui disposent d'un nombre important de populations dans le district.

I.1.3.1. LES MIGRATIONS DES TRIBUS DE L'ITURI

1) LA MIGRATION DES LENDU (BALE)

Autrement appelés Bale, les peuples dits Lendu sont d'origine soudanaise. Ils seraient arrivés dans le district de l'Ituri lors de grands mouvements migratoires qui s'effectuèrent au cours des 16e et 17e siècles. A leur arrivée sur l'actuel sol de l'Ituri, ils ont trouvé les Nyari et les pygmées qui seraient arrivés plusieurs siècles avant.

Ainsi, les Lendu chassèrent les Nyari qu'ils repoussèrent vers l'Ouest et s'installèrent dans la partie Est. Cependant ils durent lutter constamment contre les Alur arrivés un siècle plus tard pour conserver leur territoire conquis. De nos jours, un groupe de Lendu reste encore dans le territoire de Mahagi pourtant considéré comme le fief des Alur, et conservent leur culture d'origine. Ces derniers seront regroupés en collectivité par l'administration belge en 1947 sous le nom de Walendu Watsi. Un autre groupe de lendu parti du territoire de Mahagi, longea le Lac Albert et les monts bleus et s'installèrent à Geti dans le territoire d'Irumu. Ainsi, les Lendu occupent en Ituri, les territoires de Mahagi, Djugu et Irumu où ils sont majoritaires et parlent la langue Lendu.

2) LA MIGRATION DES ALUR

Les Alur sont les nilotiques situés à cheval sur la frontière Congolo-Ougandaise. En Ouganda, ils occupent le sud du West Nile dans le district de Nebbi, tandis qu'en RDC, ils occupent le district de l'Ituri plus précisément dans le territoire de Mahagi. Les Alur seraient arrivés en Ituri au milieu du 18e siècle.

3) LA MIGRATION DES HEMA

Arrivée entre 1750 et 1800, la migration des Hema a eu lieu sous forme d'infiltration. Les Hema sont des nilotiques reparti de part et d'autre du lac Albert. Ceux de la RDC sont appelés les hema et ceux de l'Ouganda les Hima. Ces peuples, exception faite à ceux qui habitent le territoire de Djugu, parlent le kihema ou le kinyoro. Ils sont éparpillés dans les territoires de djugu et Irumu.

I.1.4. LA DEMOGRAPHIE

La République Démocratique du Congo en crise de recensement depuis plus d'une décennie, il est difficile d'avancer des chiffres officiels de la population de l'Ituri. Cependant, si l'on prête foi aux écrits de Sematumba lorsqu'il parle de la guerre dans une guerre, qualifiant ainsi la situation conflictuelle de l'Ituri, il souligne qu'en 2001, Ituri comptait environ 4.605.403 personnes.

Ce chiffre s'apparente également à celui avancé par les agences humanitaires opérant pendant la guerre dans la région. Joseph Tshimanga écrit en citant les agences humanitaires que l'Ituri est peuplé d'environ 4,5 millions d'habitants.16(*)

Cette population est repartie entre les ethnies Lendu, Hema, Alur, Bira, Nyari, Mambisa, Ndo okebo, Logo, Lese et Ngiti. Et Joseph Tshimanga de préciser que les principaux groupes ethniques de la région sont composés de Alur 500.000 Hab., de hema 160.000 hab., de lendu 750.000 hab., de ngiti 100.000 hab., de bira 120.000 hab., de ndo okebo 100. 000 hab. Les Ngiti appelés également le lendu Bindi font parti de la grande famille lendu qui forme près de la majorité de la population de l'Ituri. Il ne faut cependant pas oubliés les mbutes ou les pygmées qui constituent également une population mais elle est minoritaire dans la région.

Toutefois, il importe de faire remarquer que les Lendu et les Hema rassemblés forment au moins 41 % de la population de l'Ituri.17(*) Voila pourquoi ils méritent plus d'attention que les autres groupes segmentaires.

SECTION II. LE CONFLIT EN ITURI

II.1. GENESE ET PROTAGONISTES DU CONFLIT

Au seuil du 21e siècle, l'humanité qui depuis des décennies tente de se dépouiller des tyrannies et des barbaries ayant caractérisé les quatre derniers siècles, ne pouvant en aucune manière imaginer une rétrogradation du genre de ce qui s'est passé en Ituri. Homo homine lupus, cet adage latin de l'antiquité où l'homme était considéré comme loup pour son semblable se serait vérifié dans le district de l'Ituri. Des massacres impensable partant inimaginable se sont perpétrés dans cette partie de la RDC faisant des dizaines des centaines de morts, des déplacés, des familles déchirées, des villages décimés et des tribus menacées d'extermination. D'aucun, cependant sous d'autre cieux ont droit de se poser de multiples questions. Qu'est ce qui a été le leitmotiv de cet acharnement entre des communautés pourtant condamnées par la nature à vivre ensemble ? Qu'est ce qui a été à la base de cette situation qui s'est enracinée dans les esprits des peuples qui ont vécu sur un même territoire depuis des siècles ? Il en sera question dans les lignes qui suivent.

II.1.1. LES CAUSES LOINTAINES

Les peuples de l'Ituri se sont par moment caractérisés par leurs activités économiques. Ainsi, les Lendu sont des agriculteurs et les Hema des éleveurs pour ne parler que de ces deux peuples qui méritent beaucoup trop d'attention. Cela démontre en effet, une opposition diamétrale des cultures entre les deux peuples. D'un côté des agriculteurs attachés à leur terre. Une propriété qui fait d'eux des sédentaires pour s'occuper de leurs cultures, question de survie au niveau local. De l'autre côté, les Hema des pasteurs en quêtent perpétuelle d'espace vitale pour leur bétail. Un besoin de propension qui s'est traduit par des migrations le long du lac Albert, région riche et indispensable pour les troupeaux. Quand bien même le besoin inhérent ; d'une part de préserver leurs terres et de l'autre d'acquérir plus d'espace pour paître les bétails, la cohabitation entre les deux ethnies n'aurait pas poser problèmes aux premières heures de leurs arrivées dans la région de kibali Ituri.

Les migrations qui auraient eu lieu au 16e et 17e siècles dans les régions sub-sahariennes auraient permis l'occupation de l'Ituri où vivait déjà avant les Nyari et les mbutes considérés comme les autochtones de la région. Ces derniers, les pygmées ont vu émigré à cet effet sur leur territoire les Lendu. A ce titre, les Lendu se considèrent comme les premiers propriétaires de la terre acquise de droit après avoir chassé les Nyari et les mbutes.

Les Hema auraient débarqué un siècle après les Lendu avec leur cargaison de bétail en quête du pâturage et s'installèrent à la frontière le long du Lac Albert. Contrairement aux alurs qui sont aussi des nilotiques et qui se sont appropriés les terres dans l'actuel territoire de Mahagi en repoussant les Lendu, les Hema préférèrent de s'entremêler avec les Lendu dans les territoires de Djugu et d'Irumu. Si dans la partie sud, les Hema conservèrent leur culture et leur langue ceux du nord s'adaptèrent aux us et coutume des Lendu jusqu'à perdre leur langue au profit de kilendu et devirent plus commerçant qu'éleveurs de nature. Ces deux tribus connus des moments de cohabitation pacifique au courant de leur histoire commune jusqu'à l'arrivée de l'homme blanc.

Cette région se fera remarquer par la richesse du sol mais surtout du sous-sol et cela jusqu'à ce jour. Nous en parlerons un peu plus loin lorsque nous évoquerons la dimension économique du conflit en Ituri. Il faut cependant souligner que l'arrivée des hema en Ituri aurait eu lieu sous forme d'infiltration vers entre 1880 et 1889 avec les invasions des troupes venues de l'Uganda sous la direction du commandant Kabalega un des lieutenants de la couronne britannique. Il mourut pendant les affrontements Hema-Lendu et fut remplacé par un autre lieutenant Kasegama, ce dernier mourra également lors d'une expédition en 1891. Le chef hema Bomera succédera à Kasegama la même année.

Les tueries, les massacres, les vols, les viols et les pillages se succédaient au cours de l'expédition de Bomera ce qui poussa les Lendu à conspirer la fin physique de ce chef Hema Bomera. Il sera assassiné en 1911 par les Lendu Bindi dans l'actuel territoire d'Irumu. Les affrontements qui se suivinrent se propagèrent jusque dans l'actuel territoire de djugu.18(*)

Lors de la colonisation, dans la région de l'Ituri, les Lendu se montrèrent hostile au pouvoir colonial. Une attitude qui fut à la base de diverses confrontations avec l'administration, l'église et les colons. Conséquence directe de cette situation, les Lendu connurent la discrimination et la ségrégation tribale entretenue par les colons. Ainsi, l'on remarqua plus tard que les autorités politico administratives ont fait bon ménage avec les Hema. Certains auteurs ont fait allusion à la politique coloniale celle de semer la division. « La vieille technique de l'administration coloniale consistant à favoriser certains groupes au détriment d'autres en faisant répandre des mythes d'infériorité et de supériorité pour mieux diviser les peuples colonisés, a bien marché dans l'Ituri en l'occurrence, ce sont les Hema, peuple pasteur qualifié de supérieur qui a bénéficié des largesses coloniales au détriment des agriculteurs Lendu marqués d'un label d'infériorité.19(*) » Les Hema ont également été favorisés par les colons belges qui les recrutaient pour gérer leurs fermes et superviser les travailleurs qui étaient généralement des Lendu.20(*)

Une situation également relayée par Tshungu qui déclare en effet « Durant la période coloniale, le concept de conflit a plutôt occupé une place prépondérante, la tribu apparaissant, du point de vue de l'idéologie coloniale, comme une réalité socio-culturelle marquée par l'exclusivisme. La colonisation a, ainsi créé des mythes sur la supériorité de certaines ethnies et tribus et instrumentalisé certaines d'entre elles. Ce qui a favorisé les sentiments de frustration de celles considérées comme inférieures.21(*) »

La situation ainsi créée par les colonisateurs s'étendra jusqu'après l'indépendance. En effet, en 1966 une répression menée contre le peuple Lendu suite à leur insoumission par l'administration locale fera de nombreuses victimes civiles parmi les Lendu. Ce qui constitue d'ailleurs à nos yeux une des causes récentes de ce conflit.

II.1.2. LES CAUSES IMMEDIATES

Si depuis les migrations les peuples habitant la région de l'Ituri cohabitaient dans la paix et la quiétude, l'arrivée de l'homme blanc a changé la donne. La qualité de supériorité octroyée aux Hema créa un climat malsain dans les relations entre les deux peuples. Cette situation bien entretenue par les colons a suscité les frustrations qui ont donné lieu à la haine qui s'est engrangée au fil des ans dans la communauté Lendu. Cependant, il a fallu attendre l'annexion en 1966 de deux villages Lendu dans la chefferie Bandyango sous l'autorité Hema pour voir éclater la confrontation qui pourtant, devenait de plus en plus imminente. Avant le 08 mai 1959 les chefferies Hema des babiasa, des Bundikasa et des Bandyango ne pouvant s'ériger en chefferie autonome sollicitèrent l'indulgence des autorités coloniales à cet effet. Ainsi, afin de permettre aux Hema de Bandyango de s'ériger en chefferie, le commissaire de district, Monsieur Demeur par sa décision n° 227 du 19 novembre 1940 a incorporé les villages Lendu de Nombe et de Lakwa dans la chefferie Bandyango.

N'ayant toujours pas répondu aux critères fixés par le pouvoir colonial pour se faire ériger chacune en collectivité chefferie autonome, le commissaire de district de l'Ituri, Monsieur A. HUYS, par sa décision N° 21/40/1959 du 8 mai 1959 créa le secteur des Bahema-Sud, en réunissant administrativement les trois chefferies, à savoir celle des Babiasa, des Bundikasa et des Bandyango y compris les deux villages Lendu, pour constituer le secteur des Bahema-Sud.22(*) Toutefois, ces deux décisions ne seront pas mises en application par les chefs coutumiers de ces chefferies.

Ces deux décisions seront mises en application après l'indépendance en 1964 avec l'arrivée au pouvoir du gouvernement de Kibali Ituri dirigé par Jean Fauster Manzikala. Celui-ci nommera par cette occasion Salathiel Kahwa Mugisa amoti muzora chef de collectivité secteur des Bahema sud en guise de récompense suite aux multiples services rendus dans l'opération de ratissage contre les rebelles dans la région. En plus de ces deux villages, le nouveau chef Kahwa annexera plusieurs autres villages Lendu dans la plaine de Semiliki sous la domination Hema. Une situation qui avait suscité des protestations au sein de la population Lendu. Des réactions qui avaient abouti à des affrontements sanglants en 1966, 1971, 1979, 1981 et 1992. 23(*)

D'autre part, l'attitude d'une riche famille Hema paraissait insupportable pour les Lendu. La riche famille Gegere Savo s'attribuait des terres grâce à sa fortune mais aussi à la largesse des autorités locales à majorité Hema. Celle-ci achetait des terres même celles litigieuses.

Les deux situations présentaient donc une mixture qui donna lieu à la détérioration des relations entre les deux peuples Hema et Lendu et occasionna comme nous l'avons signalé, des scènes d'affrontements causant des morts, des déplacés, des violées et des destructions massives des villages entiers. A ceci, s'ajoute la conclusion de Tshungu Bamesa, « il y a lieu de retenir comme principales causes des conflits ethniques dans le territoire de Djugu, l'explosion démographique, les contentieux fonciers, la désorganisation de l'administration aggravée par la situation de non Etat dans le district de l'Ituri, le rôle négatif des intellectuels, la partialité de l'église, la militarisation ethnique, la tentative de l'ethnicisation du pouvoir politique, la tentation de la création d'un Hema land dans le territoire de Djugu, le pillage de l'économie, les velléités de partition de la RDC ...»24(*)  Ce qui a poussé Suliman Ali Baldo de penser que ce qui a rendu ces attaques si dangereuses c'est la façon dont les deux groupes s'identifiaient aux catégories hutu et tutsi au coeur du génocide rwandais. Les Lendu se perçoivent désormais comme des parents des Hutu alors que les Hema s'identifient aux Tutsi. Les deux groupes se sont pendant longtemps livrés à une compétition pour le contrôle de la terre mais les identifications récentes et le lien qu'elles ont avec le génocide menacent de transformer cette lutte en un phénomène beaucoup plus dévastateur.25(*)

Nous disséquerons chaque aspect de cette assertion lorsque nous parlerons des différentes dimensions du conflit « Iturien ».

II.1.3. LES PROTAGONISTES

Il est certes connu de tous que la situation conflictuelle de l'Ituri a mis au prise les ethnies Hema et Lendu. Plusieurs témoignages ont, par ailleurs, fait état de la participation des éléments Ougandais aux côtés de certains groupes armés soit sous l'obédience Hema, soit Lendu. Cette assistance de l'armée ougandaise ravivait la tension. Seulement, ces Hema et Lendu se sont organisés en multiples milices au gré des dirigeants, chacun avec son agenda. C'est ce qui a donné naissance aux groupes armés très actifs disséminés à travers tout le district de l'Ituri. Il est de notre devoir de situer chaque groupe armé dans son contexte.

Avant d'en arriver là, nous signalons que le conflit qui a opposé les Hema et Lendu dans les territoires de Djugu et d'Irumu avait pour cause commune le conflit foncier alimenté par des antécédents eu égard à la suprématie constatée des Hema, une trouvaille coloniale pour s'imposer dans cette partie de la République Démocratique du Congo.

A ce stade, nous parlons d'une manière aussi succincte que possible des groupes armés qui se sont illustrés dans les affrontements en Ituri. Nous nous appesantirons avec un peu plus des détails sur ce dossier lorsque nous aborderons le volet dimension politique du conflit.

Sachant que la délimitation de notre travail s'étale entre les années 2004 et 2005, nous mettrons à votre disposition juste un brin d'information en rapport avec les groupes armés de l'Ituri.

Il s'agit notamment de l'UPC-L, UPC-K, MLC, RCD/ML, FNI, FRPI, PUSIC, FAPC, et de FIPI. Tous ces groupes armés sont constitués, pour la plupart, sur des bases ethniques. Et les ethnies les plus représentatives sont les Hema et les Lendu.

II.1.3.1 D'UN GROUPE A UN AUTRE.

1. L'Union des Patriotes Congolais, (UPC) :

Ce groupe à majorité Hema a été crée en 2002 à Bunia par l'Ouganda avec à sa tête Thomas Lubanga. Ce dernier, dissident du RCD ML de Mbusa Nyamwisi se ralliera en janvier 2003 avec le Rwanda par l'entremise du Rassemblement Congolais pour la Démocratie, RCD basé à Goma. L'Upc de Thomas Lubanga fut maître de Bunia et la quitta avant l'arrivée des Casques Bleus de la MONUC qui ont pris la relève de la force internationale Artémis.

2. Le Mouvement de Libération du Congo,(MLC) :

Mouvement politico militaire, le MLC a été crée le 30 septembre 1998 par un groupe des congolais sous la direction de Jean Pierre Bemba. De 1998 à 2003, ce mouvement politico-militaire contrôlait la grande partie de la province de l'Equateur et une partie de la province orientale, notamment le district de l'Ituri grâce à son alliance avec le RCD/ML de Mbusa Nyamwisi et le RCD National de Roger Lumbala en juillet 2001. Alliance qui avait donné naissance au Front pour la Libération du Congo. Ce mouvement politico militaire se muera en parti politique le 5 avril 2003, un jour après la promulgation de la constitution de la transition par le Président Joseph KABILA.

3. Le Rassemblement Congolais pour la Démocratie-Mouvement de Libération. RCD/ML

Né en décembre 1999 d'une scission avec le RCD Goma, ce mouvement s'est implanté à l'est et au sud de l'Ituri notamment à Kisangani et à Beni au Nord Kivu. Bien qu'ayant son quartier général à Beni, le RCD ML de Mbusa Nyamwisi a été très virulent dans les affrontements qui se sont déroulés en Ituri. Soutenu par l'Ouganda, le RCD/ML contrôla pendant un certain temps la ville de Bunia avant de s'affronter avec l'UPC de Thomas Lubanga et de quitter Bunia pour se retrancher à Beni au Nord Kivu.

4. L'Union des Patriotes Congolais- Kisembo

Floribert Kisembo ancien bras droit de Thomas Lubanga se retranchera suite à des querelles internes au sein de l'Upc de Thomas Lubanga pour fonder son aile UPC K à la différence de l'UPC L de Lubanga et toujours avec l'appui Ougandais.

5. Le front des Nationalistes et Intégrationnistes (FNI)

Ce groupe armé à majorité Lendu fut l'oeuvre de Floribert Ndjabu sous l'instigation des officiers Ougandais en janvier 2003. Il participa ardemment à l'éviction de UPC de Thomas Lubanga de la ville de Bunia. Floribert Ndjabu avec son FNI s'est toujours présenter en défenseur de la communauté Lendu. Il s'est par ailleurs allié à d'autres communautés considérées plus proche des Lendu à l'instar des ngiti. Floribert Ndjabu fut promu général dans le FARDC avant d'être arrêté le 11 mars 2005.

6. Forces de Résistance Patriotique en Ituri, FRPI.

Nous le disions tantôt que le FNI bénéficia de l'apport de la communauté Ngiti. En effet, cet apport donna naissance à une milice dirigée par Germain Katanga. Il fut crée en novembre 2002 et bénéficia lui aussi secrètement de l'appui ougandais et aussi du gouvernement de Kinshasa lors des hostilités en 2003. Germain Katanga sera consacré général au sein des FARDC, il sera lui aussi mis aux arrêts à kinshasa.

7. Le parti pour la Sauvegarde de l'Intégrité du Congo (PUSIC)

Les dissidences se sont poursuivies au sein de l'UPC de Thomas Lubanga de tel enseigne que presque tous les lieutenants se sont retirés pour former leur milice. Cette situation fut la rusée des officiers Ougandais. Nous en parlerons lors que nous aborderons la dimension politique du conflit. De ces dissidences, naquit également le PUSIC avec Kahwa Mandro en Février 2003 après le rapprochement de l'UPC avec le Rwanda la même année. Par ailleurs, le PUSIC, se divisera en deux branches, l'une dirigée par Kahwa Mandro et l'autre par Kisembo Bitamara. Ce dernier installera son quartier général à Kansenyi au bord du Lac Albert. Tandis que Kahwa resté à Bunia se convertira plutard à l'Islam et s'alliera avec la Libye.

8. Front de l'Intégration pour la Pacification de l'Ituri (FIPI)

A partir de l'Ouganda, un groupe armé sera crée en Février 2003. Cette nouvelle milice sera présidée par un chef traditionnel de l'Ethnie Hema Kahwa Mandro qui lui avait déjà à partir de Bunia formé le Pusic avec Kisembo Bitamara. Ce nouveau groupe sera plus ouvert aux communautés Lendu, Ngiti et Hema. FIPI avec Kahwa Mandro prendra le contrôle de Tcheyi à quelques 12 kilomètres de Bunia le 27 février 2003.

9. Les Forces Armées du Peuple Congolais (FAPC)

Toujours dans la foulée des dissidents de l'UPC, Jérôme KAKWAVU l'un des lieutenants de l'UPC qui contrôlait la partie nord-est de l'Ituri dans le territoire d'Aru et une partie du territoire de Mahagi, proclamera l'indépendance du territoire où il contrôlait et formera son parti le FAPC en février 2003. Ce fut l'unique groupe à caractère mixte qui regroupa en son sein presque toutes les ethnies de l'Ituri. Il reçu le soutient d'une haute personnalité ougandaise selon le magazine de la MONUC citant des sources de l'Agence France Presse.26(*) Jérôme Kakwavu installa son quartier général dans le territoire de Aru et contrôla une bonne partie du territoire de Mahagi y compris la cité minière de Mongwalu. Il sera promu général au sein des FARDC avant d'être incarcéré à Kinshasa la capitale congolaise.

II. 2. LES DIMENSIONS DU CONFLIT DE L'ITURI.

Le conflit pris comme un désaccord entre les individus, suppose une opposition des idées, des considérations et des valeurs. Ainsi, en ce qui concerne le district de l'Ituri, les ethnies culturellement différentes se sont opposées comme nous l'avions déjà signalés. Et en résumant la réflexion de Tshungu Bamesa nous avons fait remarquer que les causes du conflit fut entre autre : L'explosion démographique, les contentieux fonciers et la désorganisation de l'administration aggravée par la situation de non Etat dans cette partie du Pays.

Cette façon de circonscrire la situation de l'Ituri, nous pousse à classifier ce conflit en trois dimensions. La première cadre avec la démographie de l'Ituri, il s'agit bien entendu de la question Identitaire des peuples de la région. La seconde s'étale sur l'occupation territoriale de chaque peuple avec sous bassement l'activité économique eu égard à leur position sur terrain. Enfin, la troisième dimension fait allusion à la situation politique dans le district. Ainsi, nous aborderons dans les lignes qui suivent les trois dimension du conflit à savoir : La dimension Identitaire, la dimension économique et la dimension politique.

II.2.1. LA DIMENSION IDENTITAIRE.

Les identités se trouvent à la base de tous les conflits et une culture de la paix ne peut se construire sans une articulation correcte des différentes identités qui se partagent l'espace social.27(*) Une preuve suffisante de l'importance que revêt la considération Identitaire de chaque ethnie.

Les différentes ethnies peuvent pourtant vivre ensemble et partager le même sol, le même territoire séparer justement par des délimitations conventionnelles traditionnelles. Il est certes vrai que chaque peuple trouve une fierté en s'identifiant à telle ou telle autre ethnie. Cependant, la dérive proviendrait du fait que les membres d'une ethnie considèrent comme étranger ou ennemis les ressortissants d'une autre ethnie partageant le même sol.

En ce qui concerne le district de l'Ituri, l'appartenance à une ethnie est majeure et par conséquent définie le sort même qu'on réserverait à l'individu qui pourrait par moment se trouver dans une situation d'isolement, considérer à tort ou à raison dangereuse même pour son intégrité physique.

L'identité est souvent d'ordre culturel où chaque individu adhère à un certain nombre de perceptions et de valeurs qui distinguent les ethnies. François Elika dans son ouvrage sur la géopolitique mondiale, considère l'identité à l'échelle psychologique. Selon lui, cette considération implique l'indissociabilité du moi et de l'alter. Elle est une manière d'avoir un sentiment d'unité structurelle de sa personnalité, une recherche de l'estime des uns et une ouverture à l'égard des autres.28(*) Cette perception voudrait à ce que chaque individu tienne compte non seulement de sa personne mais aussi de son semblable quelle que soit sa culture, ses valeurs morales et intellectuelles. Ainsi considérer, l'identité de chacun étant préservée et garantie, cela empêche toute dégradation des relations entre les peuples d'une région donnée.

Le conflit identitaire pourrait alors surgir, comme l'a souligné François Thual cité par François Elika, lorsqu'un groupe social se persuade à tort ou à raison qu'il est menacé de disparaître, soit sur le plan physique, soit sur le plan politique. Quand celui-ci se sent dépossédé de son droit de vivre, de son identité et de sa spécificité.29(*)

En Ituri, il s'est avéré à un moment de l'histoire que les ethnies partageant le même sol se sont laissées emporter par des considérations néfastes qui ont endeuillé la région. Chaque peuple voulant s'affirmer et s'approprier de l'espace, parfois de force, sans considération des aspirations des autres. S'il est souvent évoqué comme l'élément déclencheur des hostilités, le conflit foncier, il se dégage que cela fut agrémenté par un mépris d'un groupe humain par un autre. Toutes les bonnes consciences du monde ne peuvent que se poser des questions de savoir, pourquoi tant des haines pour son semblable avec qui on est condamné par le destin de vivre ensemble ? Cette question ne valait pourtant pas la peine d'être posée. Mais en considérant les événements qui se sont succédés dans cette partie du pays on ne peut penser autrement.

Les Lendu d'un côté, se considérant comme des premiers habitants à débarquer dans la région avant tous les autres immigrés, se sont pris pour des autochtones et par ricochet, ils se sont hissés au rang des premiers propriétaires terriens tout en affirmant que toutes les terres, du moins des endroits où ils étaient implantés, leur revenaient de droit eu égard à la tradition et aux lois coutumières.

De l'autre côté, les Hema, mettant en exergue leur puissant monétaire avec l'appui des colons belges, se sont considérés comme des acquéreurs vertébrés autorisés à tout faire. Aider en cela par une autosuffisance et un complexe de supériorité. Dans leur mémorandum, les délégués Hema sous la direction du docteur Djejju Mariska ont affirmé que « Le pouvoir colonial fi appel aux chefs coutumiers Hema pour constituer et organiser les Walendu en chefferies, ce qui n'a jamais été désavoué, jusqu'à ce jour par les chefs ou sujets Balendu. Au contraire, les chefs coutumiers Balendu crées par le chef Hema estimèrent cette collaboration comme signe d'expérience fructueuse à mettre en application pour une meilleure administration de la population dont ils avaient été faits responsables... ceci montre à suffisance que les Bahema n'ont pas envahi les terrains des Walendu. Administrativement, ces derniers proviennent de bahema (pouvoir et territoriale) dans la mesure où toute la région était sous la juridiction de Mukama, chef suprême des bahema et des Walendu.30(*) » Cette façon de considérer son ethnicité par les Hema nous démontre comment l'identité de chaque peuple occupe une place de choix.

Ainsi donc, le conflit en Ituri a pris corps à l`image de chaque groupe ethnique les uns comme les autres emballer par un amour propre, amour traduit par l'autodéfense. La forte concentration de la population de chaque ethnie a par ailleurs aménagé le souci des uns et des autres à penser à l'expansion de son territoire.

Cette réalité se vérifia au sein de la communauté Hema à caractère agropastoral, en quête de l'espace vital pour leurs troupeaux. Mais aussi dans les milieux Lendu où l'arrivée de tout autre peuple aux environs de leur territoire était considérée comme un affront et une menace à l'intégrité territoriale. Seulement au delà de cette perception il est important d'évoquer que la guéguerre entre les ethnies Lendu et Hema est tout aussi une affaire des élites et non de la population qui pourtant elle est instrumentalisée et victime. Sematumba dans sa réflexion sur la guerre en Ituri souligne que plusieurs analystes qui ont abordé, ce qu'on qualifie de drame de l'Ituri, l'ont pour la plupart de cas abordé sous l'angle culturel, en mettant en exergue les conflits séculaires entre les cultivateurs Lendu et les éleveurs Hema, les autres communautés locales pouvant se classer selon le côté où elles penchent sur cette balance de la haine. Une telle lecture est dangereusement réductrice car elle occulte la donne politique de ce drame dans cette région où se joue coup à coup de massacres, le positionnement sur le futur échiquier national de la transition et la dimension économique qui attise toutes les convoitises.31(*) Cela étant, il s'avère donc indispensable d'aborder le conflit en Ituri sur le plan économique et politique.

II.2.2. LA DIMENSION POLITIQUE

L'antagonisme entre les ethnies du district de l'Ituri caractérisé par des affrontements, des violences et des tueries est d'une part justifié, comme nous l'avons déjà mentionné, par des disputes des portions des terres entre les ethnies, des questions Identitaires, des dignités et surtout de la question primordiale celle de la gestion du district.

En Afrique, l'ethnicité joue un rôle majeur dans la dialectique entre l'homme et la société.32(*) Ainsi donc, il est difficile de séparer le phénomène politique d'avec le phénomène ethnique. Jok Oga Ukelo affirme que l'ethnicité est une arme et une stratégie politique. Il poussa sa réflexion en considérant le déroulement des campagnes électorales en Afrique Sub saharienne. Certains candidats argumentent leur propos sur des fonds tribaux. Votez pour votre frère de tribu, disent-ils.33(*)

Ces derniers en quête du pouvoir, tant soit, au niveau local que national, ont tiré des ficelles du conflit en instrumentalisant leurs frères. Ces élites politiques et intellectuelles n'ont fait qu'aggraver la situation pour des appétits démesurés du leadership et de positionnement sur la scène politique. Ils ont été pour beaucoup dans le blocage de l'engrainage de la pacification de la région. Jok Oga Ukelo a fait observé que « Des églises, les élites, les personnalités politiques et hommes de science, a qui l'on reconnaît les compétences de délibération, de l'écriture et de la décision, n'ont pas toujours eu un discours conciliateur. C'est au travers de la manipulation de l'ethnicité qu'ils ont essayé de couvrir leurs vrais agendas politiques et économiques.34(*)

Il est certes vrai que parti des conflits entre les ethnies sur des considérations culturelles et identitaires, la situation de l'Ituri a bénéficié cependant d'une immixtion des forces extérieures de la région mais surtout de l'ingérence des forces armées étrangères. Les accointances entre les Hema du Congo et les Hima de l'Ouganda ont joué en faveur des milices à l'obédience Hema qui, tout au long du conflit ont reçu le soutient des hautes personnalités de la scène politique et militaire de l'Ouganda. Dans son rapport du 1er février 2001, monsieur Garreton souligne que le conflit actuel en Ituri s'explique en grande partie non seulement par les conséquences de la présence des Ougandais, dans la gestion de la population, mais surtout par leur partialité. L'exemple le plus manifeste de cette partialité a été la nomination, en juin 1999, au poste de gouverneur du district nouvellement crée par les Ougandais, et contre la volonté de la population, de Madame Adèle Lotsove, une Hema, qui a clairement pris parti pour son ethnie dans l'exercice de ses fonctions, exacerbant ainsi les tensions résultant des affrontements précédents.35(*)

La région de l'Ituri a mis en opposition plusieurs milices rivales qui cependant voulaient faire entendre leur voix sur le plan national. Le rapport des experts des Nations unies du 21 octobre 2002 indique que le conflit armé qui a opposé les membres de clans de Hema et des Lendu, découle en partie des tentatives des politiciens et d'hommes d'affaires influents visant à accroître les avantages qu'ils tirent des activités commerciales.36(*)

A cet effet, des alliances se sont nouées de part et d'autre. La plus spectaculaire fut celle de Front de Libération du Congo, FLC, alliance conclut entre le MLC de Jean Pierre Bemba, le RCD/ML de Mbusa Nyamwisi et le RCD/National de Roger Lumbala en juillet 2001. Et celle de l'UPC de Thomas Lubanga avec le RCD/Goma un mouvement Rebelle d'Obédience Rwandaise.

Ces alliances ont eu pour conséquence d'une part, la reconnaissance des leaders sur le plan national et international. D'autre part, la main mise de ces groupes armés sur les ressources et les richesses du sol et du sous sol de l'Ituri au détriment même de la population qui a renforcé par moment certaines de leurs positions. Nous en parlerons en long et en large lorsque nous aborderons la dimension économique du conflit.

Comme nous pouvons le remarquer, ce jeu des alliances changeait au gré des intérêts immédiats. Ainsi Mbusa Nyamwisi profitera de l'accord cadre issu du dialogue inter congolais signé entre le MLC et le gouvernement de Kinshasa le 19 avril 2002 qui par malheur ne sera jamais mis en application, pour ouvrir son espace au gouvernement de kinshasa. Cette ouverture fut mal digérée par l'Ouganda qui décida d'en finir avec Mbusa Nyamwisi. L'Ouganda chargera le MLC et le RCD/N de réaliser la besogne et contraindre le RCD/ML de quitter l'Ituri. Groupe Lotus basé à Kisangani dans son rapport de Mars 2003 sur la situation sécuritaire de l'Ituri, signale que pour se débarrasser de Mbusa Nyamwisi un allié jugé corrompu et ingrat, les ougandais ont confié à l'Alliance MLC et RCD N, la mission de lui faire la guerre. C'est dans cette optique que l'Alliance Bemba et Lumbala avait ouvert le front Isiro-Niania avec le seul objectif avoué de récupérer tout l'espace sous contrôle du RCD/ML de Mbusa Nyamwisi.37(*) Entre temps, le même Ouganda arrivera à convaincre Thomas Lubanga l'un des bras droit de Mbusa Nyamwisi originaire de l'Ituri de se désolidariser de ce dernier et de le chasser de Bunia avec une nouvelle milice qu'il organisa avec un bon nombre des Hema.

Cette prise de position Ougandaise s'explique par le fait que le président Museveni craignait fortement que Mbusa ne lui échappe totalement après la réunification du Pays souligne Groupe Lotus.38(*) A la longue, L'UPC de thomas Lubanga qui contrôlait Bunia fut chassé le 06 mars par le FIPI, Front pour l'Intégration et la Paix en Ituri, une autre fraction créée par l'Ouganda sous le commandement du chef Kahwa Mandro ancien ministre de l'UPC.39(*) A la base son alliance le 06 janvier 2003 avec le RCD/Goma d'obédience rwandaise. Les officiels et officiers Ougandais en poste à l'Est de la RDC, conclut groupe Lotus, sont plus intéressés par l'argent que par la politique. Ce qui les amène à fabriquer des rebelles congolais qui doivent servir pour leur enrichissement.40(*)

La situation de l'Ituri n'a pourtant pas évoluée avec la mise en place du gouvernement de transition issu de la rencontre de Sun City en Afrique du Sud. Le déploiement de la force multinationale sous le commandement français, la descente des casques bleus de la Monuc, l'envoi de la première Brigade brassée n'a pourtant pas poussé les miliciens à déposer les armes. A maintes reprises les patrouilles mixtes Fardc-Casques Bleus de la Monuc ont été victime des attaques des milices de FNI de Peter Karim dans le territoire de Mahagi pour ne citer que cela.

D'ailleurs l'avènement du gouvernement de transition à radicaliser la position des certains extrémistes des groupes armés n'ayant pas trouvé leur compte au sein de la nouvelle configuration politique du pays. Les leaders des certaines fractions ont multipliés des attaques contre les positions des FARDC et de la MONUC. Une façon pour eux de faire entendre leurs voix. Cette manière de faire a donné l'occasion à certains d'entre eux d'être auréolé au sein de l'armée régulière de la RDC le 11 décembre 2004. Toutefois le dernier en date fut Peter Karim, chef milicien qui s'est illustré dans des attaques contre les patrouilles Bangladeshi de la Monuc dans les périphéries de Kodikoka à 8 kilomètres de Mahagi territoire situé à plus de 200 kilomètres au Nord Est de Bunia vers la frontière Ougandaise. Peter Karin a été promu colonel dans l'armée. Ainsi donc, la situation de l'Ituri a pris une autre tournure, une sorte de chantage pour les uns et un tremplin pour les autres afin d'accéder à un échelon supérieur sur l'échiquier nationale, sans pour autant se soucier de la population. La compétition entre les hommes forts a conduit à la fragmentation politique et militaire en Ituri.

Tout compte fait, il se dégage que presque toutes les forces belligérantes en RDC s'étaient positionnés en Ituri : L'armée gouvernementale alliée à celle du RCD/ML, l'armée du MLC et du RCD/N, les armées Ougandaises et Rwandaise. Sans compter tous les combattants organisés en milice, sous contrôle, soit des Lendu, soit des Hema.

A cet effet, on a droit de se poser la question de savoir qu'est ce qui attirait toutes ces armées dans cette partie du pays ? Qu'est ce qui occasionnait ces affrontements sanglants entre les fils d'un même pays mais divisé par les étrangers et les appétits divergents ? La dimension économique du conflit nous livrera quelques pistes de réponse à nos questions.

II.2.3 DIMENSION ECONOMIQUE.

Le district de l'Ituri est l'une des régions les plus riches de la République Démocratique du Congo. Elle regorge en elle seule presque toute les richesses du sol et du sous sol Congolais. En commençant par les bois, en passant par les minerais tel que le diamant, l'or et le coltant jusqu'à l'or noir ou le pétrole. Sematumba souligne que cette richesse qui tue la région de l'Ituri est restée plus au moins fermée sur elle-même jusqu'aux années 1930... la date où le colonisateur déchira la foret en traçant un tronçon routier de plus de 600 kilomètres qui draina plutard une masse importante des humains en quête des terres arables.41(*)

Toute cette potentialité suscita la convoitise de ceux qui se considèrent comme leader des communautés instrumentalisées par les puissances étrangères. L'archevêque de Bukavu Emmanuel Kataliko décédé en 1999, avait déclaré de son vivant : « Le conflit ethnique de l'ituri devient de plus en plus un conflit des ressources naturelles. Les milices ethniques soutenues par des pays voisins se battent pour le contrôle de cette région riche en minerais. Des pays étrangers, en collaboration avec leurs amis congolais organisent des luttes pour les ressources naturelles. »42(*)

Cela se vérifia par des différents affrontements qui se sont succédés dans cette partie du Pays. Comme nous l'avons souligné précédemment. Dans le rapport des experts de Nations unies sur le pillage des ressources naturelles congolaises en octobre 2002, plusieurs personnalités Ougandaises sont cités notamment le général de corps d'armée à la retraite Salim Saleh, demi frère de Museveni, le général de division James Kazini, les colonels Noble Mayombo et Kahinda otafiire. Parmi les personnalités congolaises on cite nommément Mbusa Nyamwisi, Wamba dia Wamba, John Tibasima, Roger Lumbala, Thomas Lubanga, Peter Karim etc. Dans le lot on signale que ces personnalités opèrent sous couvert des entreprises des sociétés écrans dont les plus cités sont le groupe victoria, Trinity Investiment, la Conmet et Sagricof.43(*) Sematumba souligne que ce réseau collabore étroitement avec le groupe de criminalité internationale Victor Bout. Bout est propriétaire d'une compagnie aérienne basée à Kampala nommée Odessa, ex Okapi Air qui partage les temps de vol et les destinations avec Planet Air, la compagnie de l'épouse du général Salim Saleh.44(*) Et Colette Braeckman journaliste belge de conclure : « Il n'y a pas de tabous dans cette province. Le monde entier est intéressé par ses richesses. Des firmes multinationales s'installent pour la recherche de leurs profits.45(*) »

II.3. CONCLUSION.

La situation en Ituri est très particulière tant sur le plan interne qu'externe. D'abord les ethnies se sont opposées pour des disputes des terres. Ces affrontements ont été exploités d'une manière et d'une autre par des leaders ethniques, intellectuels et politiques de chaque peuple. Ensuite, présentant une figure d'enfant orphelin, le district de l'Ituri a été envahi par des forces étrangères soutenues cependant par quelques fils de la région. Ce qui a occasion un pillage à grande échelle de ses richesses. D'autre, par ailleurs, ont trouvé en ce conflit une voie d'émergence sur le plan politique à l'échelle nationale et même sur le plan militaire, ils ont tiré les ficelles d'une manière ou d'une autre en guise de satisfaire leurs appétits gloutons. Mais, ces affrontements ont coûté la vie à des centaines des milliers de personnes. Ils ont également occasionné des milliers de déplacés et des dizaines de sans abri qui jusqu'à ce jours ont encore du mal à retourner dans leurs milieux d'origines.

CHAPITRE DEUXIEME : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE

Tout travail scientifique mérite une définition des concepts essentiels qui constituent son ossature. A cet effet, dans les lignes qui suivent nous tiendrons à définir les concepts suivants : couverture médiatique, conflit identitaire et conflit armé. De même la science étant fondée sur les théories, il sera question d'attester le cadre d'idées et principes sous-tendant l'argumentaire de notre étude.

SECTION I : CADRE CONCEPTUEL

I.1 LES MEDIAS ET SES FONCTIONS

I.1.1. Les médias

Le grand dictionnaire encyclopédique Larousse définit le média comme étant une abréviation de mass média. Il désigne toute technique de distribution, de diffusion des oeuvres de l'esprit, écrites, sonores ou visuelles. C'est aussi, un moyen naturel ou artificiel permettant l'expression et la communication de la pensée.46(*) Un média, dans le domaine qui nous concerne, est donc un moyen de diffusion, de transmission et de communication d'une information. Francis balle, cité par YAV, définit un média comme un équipement technique permettant aux hommes de communiquer l'expression de leurs pensées, quelles que soient la forme et la finalité de cette expression.47(*)

Selon Leonardo et Annick Bureaud, le mot media désigne aujourd'hui deux choses; les médias de masse et les médias numériques ainsi que électroniques.48(*) Les médias de masse font allusion à la Radio, la télévision et la presse tandis que les médias numériques et électroniques reposent sur l'ordinateur et l'informatique, ainsi que les "nouvelles technologies de l'information et de la communication". A la lumière de la considération que ces deux derniers auteurs font de média, ce terme recouvre donc aussi bien des canaux de communication utilisables individuellement (Internet, portables) que des médias de masse produits de manière centrale et largement diffusés (presse, radio, télévision).

Par ailleurs, pour Claude Jean Bertrand, le média est un terme issu de l'anglais medium (moyen) qui est donc d'une manière générale définis comme des supports techniques servant au travail de transmission des messages à un ensemble d'individus épars.49(*) Ces médias peuvent être repartis en 3 catégories à savoir :

- Les médias imprimés (Livres, journaux, magazines, affiches...)

- Les médias films (Photographies, cinématographies...)

- Les médias électroniques (Radio, télévision, téléphone, Internet...)

En répartissant les médias en différentes catégories, Claude Jean Bertrand a mis en exergue l'assujettissement du monde par le développement de la technologie en matière de la communication où rien n'échappe à son emprise. Le monde, en effet, est devenu un grand village, de tel enseigne que d'un point du globe à un autre, la jonction n'est plus devenue qu'une mince affaire grâce à la communication qui met en contribution, la Radio, la télévision, le téléphone et maintenant l'Internet.

Emmanuel Dumont cité par Claude Buse dans son mémoire avise que, les médias, comme leurs noms l'indiquent, sont des moyens. On les utilise pour concrétiser un projet de communication, pour atteindre un objectif. Ils ne sont que des façons possibles de mettre en oeuvre une stratégie.50(*) Ainsi, les moyens d'informations ne sont en fait que des moyens de transmission qui varient par rapport au contexte en fonction de la manière dont on les transmet. Ce qui met un accent particulier sur les différentes fonctions que remplissent les médias dans la vie humaine.

I.1.2. Ses fonctions

Le sociologue Jean Stoetzel cité par Francis Balle dans son ouvrage Médias et société renseigne qu'il est impossible de comprendre la presse sans envisager les fonctions qu'elle exerce auprès de son public.51(*) Les médias jouent différentes fonctions dans la vie sociale et cela selon les auteurs. Pour Derville, les médias ne remplissent pas toujours les mêmes fonctions, selon les besoins et les circonstances dans lesquels ils sont utilisés.52(*) Il s'avère que chaque fonction des médias correspond un besoin social. Ainsi pour Derville les médias :

· Fournissent des nouvelles au public ;

· Analysent ces nouvelles ;

· Distraient les consommateurs ;

· Diffusent des connaissances ;

· Ils le font dans un cadre de référence ;

Eu égard à ce qui précède, nous pouvons déduire que les médias remplissent quatre fonctions 53(*) à savoir :

1. La fonction Informative

2. La fonction Délibérative

3. La fonction Distractive

4. La fonction Educative.

I.1.2.1. La fonction Informative

La première fonction des médias est de véhiculer les informations que le public reçoit comme des certitudes. Bernard Munsoko souligne à cet effet que l'information sécurise l'individu face aux multiples agressions dont il est victime. Elle l'aide à vivre en harmonie avec ses voisins, ses semblables, son environnement, sa société et à assumer son histoire et sa civilisation.54(*)

Il se dégage que, de par l'évolution de la communication à travers le monde, les nouvelles diffusées par les journalistes acquièrent une importance auprès du public auquel elles sont destinées. Quand bien même la presse ne serait toujours pas en mesure de rendre compte de tous les événements qui se produisent à travers le monde, elle a pourtant une considération prépondérante dans la vie communautaire de telle sorte que Mermet qualifie notre époque de l'ère médiatique. Pour lui, la plupart des attitudes et comportements des hommes sont influencés, modifiés, voire provoqués par l'accumulation des informations de toutes sortes.55(*)

Sous cet angle, Roland Cayrol atteste que malgré le fait que nous disposons de multiples sources d'informations, ce sont les médias qui constituent indubitablement le canal principal dans le monde par lequel nous parvient l'essentiel des nouvelles politiques.56(*)

Somme toute, les nouvelles de quelques natures que ce soit, jouent toujours un rôle social très important selon les entendements de chaque individu. Si pour les uns, l'information renseigne sur les différentes situations, pour les autres elle sécurise, elle les avise à prendre des précautions sur certains faits.

Enfin, l'information façonne les attitudes comportementales des populations de telle sorte que pour résoudre les conflits entre les hommes, les medias doivent jouer un rôle déterminant.

I.1.2.2. La fonction Délibérative

La fonction délibérative des médias fait allusion à l'opinion ou au jugement que peut émettre le communicateur dans son message. C'est donc un atout pour les hommes de presse. De par leurs dires ou écrits sur certains événements, les journalistes peuvent d'une manière ou d'une autre orienter ou réorienter le débat au sein de l'opinion publique. Munkeni Lapess a à cet effet, souligné que dans notre cher métier des journalistes, « Les faits sont sacrés et l'opinion libre » c'est-à-dire que les faits qui se sont produits sont comme tels, véridiques et vérifiables, mais chacun a la latitude de les interprétés, à porter un jugement à sa manière.57(*)

Nous pouvons ainsi substituer, de ce qui précède, que les organes de presse n'interviennent pas seulement selon leurs premières fonctions celle d'informer mais ouvrent parfois des brèches en permettant aux uns et aux autres à émettre des opinions. Cette considération ne donne cependant pas à l'opinion le monopole de la véracité quand bien même certaines d'entre elles sont parfois près de refléter la vérité des faits.

I.1.2.3. La fonction Distractive

La société moderne exhale de plus en plus l'air d'une nouvelle culture basée sur les médias. Autant les médias prolifèrent, autant la communauté trouve en eux une source indéniable, non seulement d'information et de formation, mais aussi de distraction. Il se dégage que dans la société moderne, lire les journaux, écouter la Radio ou regarder la télévision font parti des loisirs au même pied d'égalité que les sites touristiques, les salles de spectacles, les salles d'exposition ou les musées. Jean Stoetzel cité par Muntu Maladi, signale que les moments choisis pour la lecture de la presse sont souvent les intervalles de repos, la détente qui suit le déjeuner, l'attente du dîner ou du coucher chez l'homme. Bien plus, la lecture du journal est la distraction consciemment recherchée pendant les temps morts, dans les transports, dans les salons d'attentes, les jours de fête quand il se peut.58(*)

I.1.2.4. La fonction Educative

Nous avons précédemment mentionné que les médias sont sources d'information et de formation faisant ainsi allusion à la valeur que revêtent les canaux de communication dans la formation de l'individu. Cet atout offre aux consommateurs des médias un plus dans leurs formations éducatives.

Quand bien, pour beaucoup la fonction éducative des médias est discutable, il s'avère cependant qu'en se penchant sur les effets des médias, on pourrait alors se rendre compte de sa portée sur l'éducation acquise grâce aux médias. Carl Hovland définit la communication comme étant le processus par lequel un individu transmet le stimulus afin de modifier le comportement d'autres individus.59(*) Ceci démontre comment la consommation des médias peut aussi avoir des effets sur l'éducation d'un individu. Cette fonction, dépend également de la manière dont un individu peut recevoir une information.

I.1.2.5. Conclusion

Nous ne pouvons pas à ce stade conclure que ses fonctions sont exhaustives, car nous l'avons souligné que les fonctions des médias dépendent d'un auteur à un autre. Quand en ce qui concerne notre étude, Jean Stoetzel a fait savoir que la presse est comme un instrument de « reliance » sociale. Pour lui, entant que pourvoyeurs privilégiés de nouvelles, les médias favorisent l'insertion de l'individu dans son groupe...les nouvelles fournissent en effet les matériaux privilégiées de la conversation mondaine. A ce titre, elles sont des alliées sûres pour cette forme superficielle de sociabilité que favorise la société de masse.60(*)

Par ailleurs, les médias exercent aussi la fonction cathartique. Selon Francis Balle, le terme cathartique désigne la réaction de libération provoquée chez un individu par le rappel d'une émotion refoulée ou d'un conflit non résolu qui perturbait sa vie psychique. A ce titre en dénonçant les scandales, en désignant les coupables... la presse donne une satisfaction, au moins imaginative et verbale, à notre violence, à nos revendications, à notre besoin de protester.61(*) Nous pouvons ainsi, par rapport à notre sujet, à savoir la couverture médiatique d'une zone de conflit armé, chuter que les médias lors d'un conflit aide l'individu à satisfaire un besoin presque emprisonné en lui celui d'être informé sur presque tout événement qui se déroulerait dans sa communauté. Jean Cazeneuve conclu en considérant que les médias contribueraient à combler le fossé toujours plus profond entre la multiplication des besoins et la possibilité de les satisfaire.62(*)

I.2  COUVERTURE MEDIATIQUE

Toute la cohorte des communicologues modernes est tombée d'accord, à l'instar de Munkeni Lapess, qui a défini l'information comme étant un fait socialement significatif que le journaliste diffuse après l'avoir traité.63(*) Ce travail de journaliste ne se réalise pas sur des faits irréels mais sur des concrets. Qualifiés de socialement significatif ces faits se déroulent à travers le temps et l'espace. Ce qui ne permet pas à toutes personnes d'être au courant de tout ce qui se passe à travers le monde et en même temps. Sans pour autant ignorer que ce n'est pas tout événement qui intéresse le public.

A cet effet, des événements dignes d'intérêt humain exigent la présence d'un journaliste capable d'en rendre compte. Son travail peut se réaliser en direct ou en différé selon le support emprunter. Cela peut être un journal, une radio, une télévision ou même de l'Internet.

En ce qui nous concerne dans notre recherche, nous nous sommes intéressés à la retransmission à travers la radio de tout événement susceptible de capturer l'attention du public. C'est à ce niveau qu'intervient le terme couverture médiatique. La couverture vient du verbe couvrir et en journalisme, c'est le fait de rendre compte, par des moyens appropriés, le déroulement d'un événement. Selon le petit Larousse, couvrir un événement pour un journaliste, c'est assurer une information complète et directe sur cet événement.64(*) En d'autre terme, nous nous permettons de souligner que la narration de tout événement qui se déroule à n'importe quel point du globe, mérite la présence d'une personne qualifiée avec des moyens ou des supports bien déterminés.

I.2.1. Application

Toute couverture médiatique s'effectue suivant certaines conditions tout en exigeant différentes techniques journalistiques entre autre, le reportage.

Si pour Bernard Munsoko, le reportage consiste à rapporter, à décrire un fait ou un événement dont le journaliste a été un témoin oculaire65(*), pour Munkeni Lapess le reportage est une description abondante des faits, des événements qui ont un caractère de spectacle. Il s'agit pour le journaliste d'aller au-delà de l'événement pour dire comment cela s'est-il passé.66(*)

Ces définitions font du reportage un travail par excellence d'un journaliste censé fournir des informations au public. C'est un devoir pour le journaliste de rapporter au public l'événement tel qu'il l'a vécu lui-même, à cet effet, Munkeni Lapess conclu en considérant le journaliste comme étant un porte voix.67(*)

I.3. LE CONFLIT IDENTITAIRE

Le conflit identitaire est un conflit qui met dans une position antagonique des groupements humains. Il s'agit au fait, d'une situation conflictuelle laquelle pousse l'une des parties à se considérer comme une victime devant la hargne de ses voisins. Le conflit identitaire est un conflit passionnel qui fait appel à une violence qui peut être sans limites, une violence dans laquelle l'animal humain retrouve volontiers ses instincts les plus sauvages.

Le conflit identitaire est également un conflit qui mobilise par les medias, les journaux, les radios et surtout les télévisions, qui montrent, démontent et remontent, les actes d'agression que le groupe supporte et contre lesquels il doit réagir pour sa défense légitime, donc par tous les moyens.68(*)

I.4. CONFLIT ARME.

Avant de parler de conflit armé, il vaut mieux définir d'abord le terme conflit. Selon le Larousse, le substantif conflit vient du latin confligere, c'est-à-dire heurter. En effet, le conflit c'est donc un antagonisme, une opposition de sentiment, d'opinion entre des personnes ou des groupes.69(*) Au sens strict, un conflit est un contentieux sur un ou des points de droit. On entend par conflit, au sens profond ou authentique du terme, l'affrontement de deux ou plusieurs volontés individuelles ou collectives qui manifestent les unes à l'égard des autres une intention hostile et une volonté d'agression, à cause d'un droit à retrouver ou à maintenir.70(*) Dans son ouvrage sur l'actualisation de la protection des journalistes en mission dans une zone de conflit, Jean Philippe Petit précise que la Chambre d'appel du Tribunal Pénal International sur l'ex-Yougoslavie dans son arrêt TADIC du 2 octobre 1995 indique que « le droit international humanitaire continue de s'appliquer sur l'ensemble du territoire des Etats belligérants ou, dans les cas de conflits internes, sur l'ensemble du territoire sous le contrôle d'une Partie, que des combats effectifs s'y déroulent ou non71(*) » Ceci explique le fait que toute hostilité ou violence qui touche un journaliste lors d'un conflit dans une zone, la zone est ainsi considérée comme une zone de conflit armé.

I.4.1. Conflit comme hostilité

Dans une société, le conflit est un affrontement entre des intérêts, des valeurs, des actes ou des procédures. C'est aussi un désaccord entre les personnes. Cette opposition pourrait aller jusqu'à la lutte armée entre deux ou plusieurs états.

A cet effet, en journalisme, le conflit figure parmi les critères de choix dans la hiérarchisation des informations. Bernard Munsoko atteste que la paix ne constitue pas l'état naturel de notre existence. C'est probablement, le conflit qui constitue l'ordre habituel des choses.72(*) Ceci cadre aussi bien avec l'intérêt qu'on pourrait accordé à un événement. Aldo Falconi suggère que l'intérêt couvre plusieurs domaines notamment le drame, l'insolite, le conflit...toute l'histoire humaine est tissée de drame et des conflits, la popularité des sports est à cet égard un signe révélateur, car ils ne sont que des conflits ritualisés.73(*)

Les conflits armés ou les guerres soulèvent d'importants et cruciaux enjeux environnementaux, ce qui ne laisse pas indifférent la curiosité du public celle de savoir ce qui s'y déroule au jour le jour.

SECTION II : CADRE THEORIQUE

La théorie de rationalité par rapport à des fins et des valeurs, chère à Max Weber et Jürgen Habermas constitue le fondement de notre travail.

Les organisations modernes sont des structures en quête de performance entendue ici comme le résultat atteint lorsque les moyens humains et matériels ont été adéquatement mobilisés. A cet égard, la performance devient la conséquence d'un choix optimal que fait une organisation.

Mushi Mugomo74(*) pense que le concept même de la performance est impensable sans son substrat essentiel à savoir le concept de rationalité. Il atteste que les organisations ne vivent et se comportent que par rapport aux objectifs qu'ils se sont fixés.

Sous cet angle, la rationalité devient le fondement de l'action aussi bien individuelle que collective étant donné que les hommes se déployant dans une organisation autant que l'organisation elle-même, mobilisent leurs énergies dans l'unique but de réaliser ce qui fonde leur existence au sein de l'organisation.

Dans la perspective de Max Weber, la rationalité transparaît comme la démarche que construit une organisation en mobilisant ses ressources globales dans le but d'atteindre dans un environnement d'incertitude des objectifs qui justifient le but existentiel de l'organisation75(*)

Comme on peut le constater, la rationalité est une stratégie de gestion et d'adaptation à la complexité de faits qui concernent la vie des organisations. Or en face d'un conflit aussi complexe que celui de l'Ituri, le déploiement des ressources en vue d'assurer une bonne couverture postulait que les responsables de la Radio Okapi réalisent que la guerre est, comme Michel Crozier l'affirme «  un changement, une rupture calculée. », c'est-à-dire que dans une guerre, il y a plusieurs enjeux, car la guerre n'est pas un fait hasardeux moins encore innocent. Elle implique de la part de ceux qu'ils l'initient « une motivation dont il faut déceler les contours et cerner les variabilités » de sorte que les journalistes qui sont sur le terrain en vue de couvrir les événements y afférant se comportent en conséquence. C'est la raison pour laquelle, le profil de ces reporters doit être à la hauteur des enjeux de la guerre et des contours de la configuration des intérêts immédiats, apparents et lointains. La rationalité postule la prise en compte des dimensions suivantes :

* La rationalité substantielle : Celle-ci, aux dires de Henry Mintzberg, recommande à l'organisation la mise en place d'une « intelligence de l'environnement intra et extra sociétal dans le but de permettre à ses membres de se comporter dans le processus difficile de la quête des finalités, sur la base du principe de conséquence de causes »

* La rationalité procédurale, atteste que les acteurs doivent se comporter en connaissance des conséquences. Dans tous les cas, selon Mintzberg, les organisations ne doivent pas ignorer que leur capacité à être performante requiert un comportement finalisé qu'elles savent elles-mêmes initier et contrôler.

Cependant, en suivant les considérations sur la rationalité, l'on serait tenté de croire que la programmation et la volonté suffisent pour une organisation de réaliser ses finalités. La notion de rationalité limitée empruntée à Herbert Simon76(*) révèle que les acteurs entendus soit comme organisations soit comme individus sont en réalité limités dans leur volonté par plusieurs choses telles que le flottement de l'environnement, la fluidité de la structure sociale, le contrôle déficitaire des flux informationnels, les pesanteurs organisationnelles dues aux structures, aux hommes, à leur faible intelligence et sens d'adaptabilité, aux aléas politiques de sorte que tout en voulant mieux faire on peut constater que l'on n'a pas bien fait ou pas du tout.

II.1. OPERATIONNALISATION DU CONCEPT DE LA RATIONALITE CHEZ HABERMAS

Opérationnaliser le concept rationalité revient à intégrer des principes entre les dimensions et les indicateurs. Ainsi, selon Habermas, la « rationalité » par rapport à une finalité, peut être appréhendé à partir de la dimension Instrumentale ainsi que les stratégies.

II.1.1 LA DIMENSION INSTRUMENTALE

Cette dimension fait allusion à la technique, ainsi Habermas établie une distinction entre les moyens techniques et les règles techniques. Par moyens techniques, il désigne des moyens permettant la réalisation effective des objectifs en recourant aux instruments, machines et autres automates. Tandis que par règles techniques, Habermas, révèle un système de stratégie, les règles du choix rationnel.77(*)

Cette cogitation de Jürgen Habermas, nous instigue à intégrer dans notre recherche certaines composantes avec multiples indicateurs notamment :

- Composante « savoir faire » et « qualification » ce qui implique comme indicateur le niveau de la compétence du personnel, son statut eu égard aux attentes. On distingue ainsi, les compétences conceptuelles [Analyser, comprendre, agir de manière systémique] et les compétences techniques [Méthodes, processus, procédure, techniques d'une spécialité]

- Composante « force productrice » renvoi aux indicateurs ressources humaines et matérielles en se referant à la collecte, au traitement et à la diffusion d'information.

II.1.2. LES STRATEGIES

La stratégie selon le petit Larousse illustré, est l'art de coordonner des actions, de manoeuvrer habilement pour atteindre un objectif.78(*) Pour Habermas la stratégie est l'ensemble des règles qui président au choix rationnel79(*). Ce choix pourrait se réaliser en conformité avec la théorie de la compétence.

Selon Sandra Bélier la compétence permet d'agir et/ou de résoudre des problèmes professionnels de manière satisfaisante dans un contexte particulier, en mobilisant diverses capacités de manière intégrée80(*). Et Guy le Boterf d'ajouter que la compétence est la mobilisation ou l'activation de plusieurs savoirs, dans une situation et un contexte donné81(*). Ainsi, il distingue plusieurs types de compétence entre autre :

- savoirs théoriques [savoir comprendre et interpréter]

- savoir-faire procéduraux [savoir comment procéder]

- savoir-faire cognitifs [savoir traiter de l'information, savoir raisonner]

Ceci répond de façon circonstanciée aux questions :

- Qu'est ce qu'on poursuit ?

- Par quel moyen peut-on l'atteindre ?

- Comment le traiter ?

Nous soustrayons à cet effet, deux composantes de la dimension « stratégie », par rapport à notre recherche, à savoir :

- Composante « objectif » et « qualificatif » qui permet d'une part à guider le travail et la mise au point des moyens et d'autre part de mesurer l'efficacité finale de l'action. L'indicateur ici c'est la définition claire de la mission que s'octroie une chaîne dans une zone donnée.

- Composante « moyens » en plus des ressources humaines et matérielles, il s'avère indispensable d'évoquer ici les moyens financiers disponibilisés pour atteindre les objectifs.

La notion du concept de la rationalité basée sur des indicateurs tels que débobiner ci-dessus nous permet de dresser cette grille d'investigation :

Tableau n°1 : Opérationnalisation du concept de la rationalité

CONCEPT

DIMENSIONS

COMPOSANTES

INDICATEURS

Rationalité par rapport à une finalité

Instrumentale

Stratégie

Savoir faire

Forces productives

Objectifs

Moyens

Compétences conceptuelles et techniques

Ressources Humaines et matérielles

Mission de la chaîne dans une zone donnée

Investissement financier

CHAPITRE TROISIEME : LA COUVERTURE MEDIATIQUE DU CONFLIT DE L'ITURI.

Couvrir médiatiquement un événement pour un journaliste c'est assurer la transmission des informations sur cet événement. Nous l'avions signalé dans notre introduction que toute situation conflictuelle devient une source presque intarissable d'information. Le public, les lecteurs, les auditeurs ou les téléspectateurs sont plus attirés par des nouvelles à sensation. Ainsi le conflit offre au public parfois des informations au delà de son entendement.

Le journaliste a donc pour mission dans des situations pareilles de fournir des informations qui, dans la mesure du possible, pourraient offrir une vision claire de l'événement. Ainsi, nous nous consacrons dans ce chapitre à la vérification de notre hypothèse. Nous nous préoccupions de démontrer l'adéquation de l'objectif poursuivi par la Radio Okapi dans sa couverture médiatique du conflit en Ituri et les compétences humaines, matérielles et financières disponibilisées pour y parvenir. Pour se faire, nous avons été entreprendre une enquête scientifique sur le terrain.

SECTION I : LA COMPETENCE ET LE PROFIL DES REPORTERS DANS LA COUVERTURE DU CONFLIT DE L'ITURI.

I.1. LA COMPETENCE IDEALE

Un journaliste a pour fonction de porter la bonne information, au bon moment, à son lecteur, auditeur ou spectateur. Qu'il travaille en agence, dans un organe de presse quotidien d'information générale ou spécialisée, le journaliste doit être en quête de l'actualité. Ainsi, la pratique du journalisme, sur le plan de la forme, repose sur certains principes fondamentaux et universels, qui ne doivent jamais être transgressés, à savoir :

- L'exactitude

- L'équilibre

- La clarté

- La distinction entre les faits et les commentaires

- Le respect des personnes et la protection des sources.82(*)

1° L'exactitude

Il s'agit ici pour le journaliste reporter de vérifier les faits qu'il rapporte. L'idéal serait pour lui de procéder à la double vérification, c'est-à-dire tenter de revoir la même information auprès d'une deuxième source. Cela dans le but de ne rapporter qu'une information exacte exempt de toute rumeur et imbu de trop de précision.

2° L'équilibre

Le journaliste dans sa quête d'une bonne information surtout dans une zone de conflit doit avoir en esprit comme maître mot, l'équilibre. Il s'agit en effet, de donner les différents points de vue sur un événement, notamment dans le cas d'une question controversée, sociale, politique ou économique. Le journaliste s'efforcera à cet effet de donner la parole à toutes les parties impliquées.

3° La clarté 

Le journaliste se donne pour maître mot la vulgarisation. C'est-à-dire utiliser des mots simples qui peuvent lui permettre d'avoir un auditoire plus large auprès des consommateurs des informations. En d'autre terme, comme l'a toujours soutenu Bernard Munsoko, le journaliste ne remplirait pas sa mission s'il ne se fait pas comprendre par son public qui du reste est diverse. Il doit en même temps s'adresser aux professeurs d'universités et aux paysans. Ainsi, il est obligé d'avoir un langage clair.

4° La distinction entre les faits et les commentaires

Le journaliste est censé rendre compte des faits. Il peut dans la mesure du possible émettre un avis ou un jugement sur un événement. C'est à ce niveau qu'il doit faire la part des choses. Le reportage porte, nous le savons, sur des faits réels et non sur des fictions. Faire la différence entre les faits et les commentaires revient à se démarquer des ses opinions lors qu'il faut rendre les faits.

Tout bon journaliste dans sa relation doit souligner cette ligne de démarcation. En cas d'une couverture médiatique d'une zone de conflit armé, le mieux serait de ne rapporter que les faits et à toute occasion donner la source de toute information.

5° Le respect des personnes et la protection des sources

La recherche de l'information résulte du droit du public d'être informé, de connaître la vérité sur des faits. Cela cependant ne sous tend pas la négligence du droit des individus à leur honneur, à leur vie privée et leur intégrité physique. Tout journaliste doit en principe, dans son travail, mettre à l'esprit que le droit fondamental à l'information n'exclu pas le droit fondamental à l'honneur et à la vie privée.

L'information publique passe par la recherche de la vérité, cette démarche pourrait dans certaines mesures ne pas plaire à certaines personnes qui tenteront de nuire et au journaliste et à sa source. A cet effet, le journaliste est censé protéger sa source.

A ces principes journalistiques s'ajoutent les qualités requises pour un bon journaliste que nous citons :

- La rigueur

- L'honnêteté

- La précision

- La curiosité,

- La rapidité,

- L'audace.

Ces qualités riment bien entendu avec le travail des journalistes dans une zone de conflit armé. L'idéal serait que le journaliste s'arme de la rigueur, de l'honnêteté et de la précision dans le traitement de l'information, ce qui implique le professionnalisme dans son action. Reporter sans frontière souligne à cet effet que la crédibilité d'un journal, d'un organe de presse, repose sur sa capacité à diffuser une information avérée et précise. Aussi, la publication d'une information vérifiée est la garantie du sérieux, de la rigueur et de la bonne foi du journal ou de l'organe de presse.83(*)

Seulement dans un milieu en conflit identitaire il s'avère que les journalistes en plus du respect de tous les principes fondamentaux liés à son métier, il doit être en mesure sur le plan du fond, de cerner certaines réalités du terrain et du dossier liées au conflit. Il s'agit ici de la maîtrise et de la connaissance du dossier traiter. D'une manière générale, toute descente sur terrain d'un journaliste en reportage exige une préparation au préalable. Cette préparation est à la fois technique et intellectuelle. Cela suppose que le reporter en plus de la préparation des matériels de reportage, il doit aussi se documenter sur le sujet et le milieu dans le quel il sera en reportage.

Pour le cas échéant, le journaliste est censé, en tout état de cause :

- Avoir une connaissance appréciable sur les réalités sociologiques de chaque peuple existant dans son champ d'action, c'est-à-dire, l'historique de ce peuple, ses racines et ses origines. Ce qui implique à l'extrême, certains indicateurs notamment la connaissance de la langue la plus usuelle de la région. En préfaçant le guide pour communicateur un ouvrage de Jean Ngoma de la Radio Okapi, Georges Serre alors ambassadeur Français en RDC a souligné que la précision des mots en journalisme et plus qu'une nécessité, c'est un devoir...des déclarations mal rapportées ou d'approximation de langage dans le compte rendu d'un événement ont eu des conséquences dramatiques...c'est pourquoi le mot juste doit être votre souci.84(*) Et cela malgré le fait que par moment le journaliste peut s'accompagner d'un interprète.

- Connaître les acteurs majeurs et principaux du conflit sur le plan local, national et sous régional. Il s'agit au faite d'identifier les meneurs des groupes armés constitués sur base d'appartenance ethnique ou tribale.

- Avoir une maîtrise des ramifications sociopolitiques engendrées par des acteurs en conflit sur base de leurs réalités sociologiques.

- Avoir la connaissance des enjeux politiques, économico-financière. Il s'agira d'arriver à déceler ceux qui dans l'ombre tirent le ficelle, ceux qui exploitent pour d'autres fins, le conflit existant entre les ethnies. Et cela sur le plan local, national et sous régional.

Nous pouvons nous résumer en ce terme, plusieurs rédactions sont confrontées à la problématique du profil du journaliste qui devrait être envoyé sur terrain lorsqu'il s'agit d'une situation liée au conflit armé.

La question principale est celle de savoir faut-il envoyer un journaliste spécialiste de la région ou un journaliste tout terrain. Il est préférable dans des tels cas de disposer des journalistes qui tout en étant des journalistes tout terrain, qu'ils soient également des spécialistes de la région. Un journaliste tout terrain, sous entend un journaliste qui a accumulé des expériences de différentes zones de conflit, qui a un sens solide dans la pratique et qui du reste a un savoir-faire technique indiscutable. Tandis que les journalistes spécialistes de la région n'ont peut-être pas tous les atouts techniques des reporters tout terrain, mais leur connaissance généralement approfondie du terrain leur permet des mises en perspective et leur donne accès à des sources que n'ont pas les autres.

I.2. LA COMPETENCE EFFECTIVE

Il se dégage que les qualités telles que détaillées ci-dessus constituent à certains égards, le socle du professionnalisme dans le métier du journaliste. Dans une zone en conflit armé, il importe de souligner que en plus de l'exactitude, de la précision, de l'honnêteté dans la relation des faits, de la rigueur et de la clarté dans le traitement de l'information, le journaliste sur terrain devrait être non seulement un spécialiste de la région mais également un reporter tout terrain, habitué dans la couverture des zones à risque.

A cet effet, certains indicateurs entrent en compte selon Jürgen Habermas, notamment le savoir faire et la qualification qui impliquent, la compétence conceptuelle d'un côté basé sur l'analyse et la compréhension dans l'action et la compétence technique de l'autre côté, notamment en ce qui concerne les méthodes appliquées ainsi que la procédure empruntée pour une couverture médiatique.

Ainsi, posons nous la question de savoir si les journalistes de Radio okapi en mission dans le district de l'ituri dans la province orientale ont-ils répondu à ces exigences ? Nous avons été mener une enquête sur terrain afin de vérifier l'adéquation entre l'idéal de la profession en matière de compétence et du profil du journaliste et ce que la Radio Okapi a disposé en terme de ressource humaine pour cette couverture.

A cet égard, notre enquête est partie de la notion de rationalité comme le souligne Max Weber en faisant allusion à la mobilisation globale des ressources dans le but d'atteindre des objectifs et celle de Henry Mintzberg qui recommande une intelligence intra et extra sociétal afin de réguler le comportement des membres en quête de la finalité en connaissance des causes.

Selon le rédacteur en chef de la Radio Okapi, une rotation permanente des journalistes a été organisée pour la couverture de la situation en Ituri. C'est-à-dire que toutes les trois semaines les journalistes, station par station se relayaient à Bunia. Ainsi nous soulignons que la Radio Okapi en plus de la station de Kinshasa compte neuf stations régionales à savoir une station à Mbandaka, à Kisangani, à Bunia, à Goma, à Bukavu, à Kindu, à Lubumbashi, à Mbuji mayi et à Kananga. Elle regorge par ailleurs en son sein d'au moins 199 journalistes dont en moyenne 7 journalistes et 1 technicien par station régionale et au moins 89 journalistes et 22 techniciens à Kinshasa.

En ce qui concerne la couverture de Bunia, Etienne Rougerie a précisé que les premiers journalistes envoyés à Bunia étaient des seniors c'est-à-dire selon lui c'était des journalistes ayant acquis une certaine expérience dans la profession du journalisme. Cette sélection se faisait non seulement sur base des compétences mais aussi de la connaissance de la langue du milieu. Mais au fur et à mesure que le conflit se propageait et gagnait du terrain, le travail à Bunia devenait pour Radio Okapi une sorte de terrain de formation pour les journalistes dans la couverture des zones en conflit armé. « Des journalistes qui arrivaient sur place avaient la particularité souvent de ne pas connaître le terrain, c'était très intéressant de les voir travailler un peu comme nous internationaux qui travaillent sans connaître le terrain... » a souligné Etienne Rougerie.85(*)

Ainsi, Radio okapi est partie sur base du professionnalisme des journalistes pour couvrir la situation de l'ituri. Bien que n'ayant pas au départ des journalistes spécialistes de la Région de l'ituri, Radio Okapi s'est constituée une banque des données sur la situation de l'Ituri avec l'expérience des uns et des autres accumulée sur terrain lors des rotations organisées. Il faut ici signaler que par rapport à la délimitation de notre travail, entre Mars 2004 au décembre 2005, certains journalistes de Radio Okapi ont eu à effectuer 3 à 5 rotations sur Bunia. Et par ce fait, ils sont censés avoir une maîtrise de la situation par expérience.

Mais, aussi savoir qu'à chaque début, toute descente sur terrain était au préalable précédée d'une conférence de rédaction au courant de laquelle le journaliste reporter bénéficiait des certaines indications eu égard à la politique éditoriale de Okapi, aux enjeux socio politiques sur terrain, aux motivations des parties engagées dans le conflit et surtout à sa sécurité. Des éléments sur les différentes figures de proue du conflit armé de l'Ituri étaient disponibilisés dans la rédaction, des photos, des numéros de contact téléphonique, des cartes géographiques, des archives des reportages réalisés dans les différentes localités...bref une documentation assez abondante des expériences des journalistes sur terrain.

I.3. OBJECTIFS

La mission principale de la Radio Okapi en République Démocratique du Congo est d'accompagner le processus de paix et de démocratisation de la RDC en donnant l'information sur la situation humanitaire et sur la transition. Cet objectif s'inscrit dans le cadre même de sa création, c'est-à-dire du partenariat qui existe entre la Mission des Nations Unies au Congo (MONUC) et l'ONG suisse Fondation Hirondelle spécialisée dans l'information en zone de crise.86(*)

A cet effet, l'intervention de Radio Okapi en Ituri pour une médiatisation du conflit qui a éclaté dans cette partie de la République Démocratique du Congo s'inscrit dans le respect des valeurs qu'elle incarne tout en étant une Radio publique au service du public. La Radio Okapi, incarne et défend les valeurs humaines notamment :

- L'altérité : c'est-à-dire le respect des différences entre cultures et la tolérance.

- La dignité de chacun, mise à mal par les situations de violence, de guerre et de crise.

La Radio Okapi est une Radio de paix qui cherche à favoriser les conditions de vie pacifique et la résolution des conflits. En ouvrant une antenne en Ituri, eu égard à sa mission première d'accompagner le processus de pacification en RDC, la fondation Hirondelle à travers la Radio Okapi, avait pour mission de donner une information vérifiée et équilibrée de la situation conflictuelle de l'Ituri. D'entrer en contact avec les différentes sources d'information avec neutralité pour donner une information objective qui au final contribuerait à la cessation des hostilités et à la sécurisation de la population.

Etienne Rougérie actuel rédacteur en chef de la Radio Okapi, et ancien chef d'antenne de Bunia entre 2003 et 2004, souligne que les combats en Ituri étaient basés, au-delà de contrôle des terres riches par les uns comme les autres, sur les réponses à des attaques précédentes entre ethnies. Allant de riposte en riposte la situation s'empirait et tous cela étaient parfois basé sur des rumeurs. Ainsi, l'idée pour Radio Okapi, était d'essayer de donner des faits vérifiés qui permettent d'apaiser la rumeur et de ne plus donner à riposter.87(*)

Ainsi, l'objectif de la Radio Okapi, se dégage clairement ici comme une conjugaison d'effort dans la diffusion avec objectivité des informations vraies dans le seul but d'arriver à susciter, dans la population en conflit, le besoin, le souci du retour de la paix.

A cet effet, poussé par le souci de donner une information vérifiée et équilibrée, Radio Okapi s'est octroyée la discipline d'être à deux doigts de presque tous les événements de l'Ituri. Plusieurs localités du district de l'Ituri seront en effet couvertes par les journalistes de Radio Okapi.

Nous nous sommes intéressés, à cet effet, à savoir comment s'organisait le déplacement des journalistes dans les différentes localités de l'Ituri. La finalité est de jauger le travail des journalistes eu égard au conflit qui a touché une grande partie du district.

Il se dégagé de l'enquête que nous avons mené que la MONUC dans sa mission de paix en Ituri organisait des missions de prospection à travers plusieurs localités du district. Il s'agissait plus souvent des missions conjointes intersection à savoir la section de droit de l'homme, les affaires politiques, la section gender, section protection de l'enfance, ainsi que d'autres agences humanitaires de système des nations unies oeuvrant en Ituri, tous sous une bonne escorte des casques bleus de la MONUC.

Radio Okapi adjoignait un journaliste dans ce convoi avec mission de collecter toute information susceptible d'être diffusé sur l'antenne nationale. Ainsi, plusieurs localités ont été couvertes par Okapi tel que détaillé dans le tableau ci-après.

TABLEAU N°2 : Les localités couvertes par les journalistes

TERRITOIRE DE ARU

TERRITOIRE DE DJUGU

TERRITOIRE DE IRUMU

TERRITOIRE DE MAHAGI

TERRITOIRE DE MAMBASA

Aru centre

Ariwara

Bambou

Blukwa

Drodro,

Fataki

Kafe

Kasenyi

Kobu

Kpandroma

Loga

Marabo

Ninzi

Tchomia

Tsey

Aveba

Boga

Bogoro

Bunia

Geti

Kagaba

Marabo

Mongwalu

Nyamavi

Nyankunde

Songolo

Mahagi

Mahagi port

Mambasa

2 localités

13 localités

11 localités

2 localités

1 localité

En interprétant le tableau ci-dessus, il y ressort que les journalistes de Radio Okapi dans leur travail de couverture médiatique du conflit entre mars 2004 et décembre 2005 ont été dans 29 localités. Les localités de deux territoires de Djugu et Irumu sont les plus couvertes par les journalistes que les autres territoires. Cela s'explique par le fait que le conflit en Ituri qui mettait aux prises les ethnies Hemas et Lendu s'était plus concentré dans ces deux territoires comme nous l'avions évoqué dans notre premier chapitre. C'est ainsi que les journalistes de Radio Okapi ont plus été présents dans ces deux territoires.

SECTION II : LA COMPETENCE MATERIELLE ET FINANCIERE

II.1. COMPETENCE MATERIELLE.

L'actualisation du schéma de la communication par Harold Lasswell part d'une série de question qui marque le processus de communication à savoir ; Qui a dit quoi ? À qui ? Par quel canal ? Et avec quel effet ? Partant de ce schéma notre préoccupation est basée sur la question par quel canal le message passe. En son sens strict du terme, le canal réfère aux moyens techniques de diffusion. Abordant ici la question de la compétence matérielle et logistique, nous faisons allusion aux moyens techniques qui pour Habermas permettent la réalisation effective des objectifs. En cela on recourt, souvent aux instruments, machines et autres engins.

A cet effet, nous avons été obligé de chercher à savoir quels ont été les moyens techniques disponibilisés par Radio Okapi pour la couverture et la transmission des informations en rapport avec le conflit en Ituri.

Si la fondation hirondelle avec la Radio Okapi a mobilisé une forte ressource humaine, il en est de même des matériels. L'antenne de Bunia dispose d'un émetteur FM amplifier Db Electronica de 1 kW et d'un FM Exciter Db Electronica KE 20 ainsi qu'un décodeur Multichoise DSTV. Ces matériels permettent de recevoir le signale de Kinshasa et de l'émettre sur l'ensemble de la cité de Bunia et une bonne partie du territoire de Irumu. L'émetteur de Bunia a une couverture de plus de 60 kilomètres à vol d'oiseau. Les journalistes quand a eux disposent des portables MD (minidisque) recorder MZ-B 100 et des micros pour des reportages.

Sur place à Bunia un studio a été monté pour permettre aux journalistes qui recueillent des informations, de les traiter sur cool édit pro, un programme de traitement de son qui les permet ensuite d'envoyer ces sons à Kinshasa via FTP. Celui-ci est un système d'envoie de son par Internet à la chaîne nationale.

Cette ressource matérielle peut se résumer dans le tableau suivant :

TABLEAU N° 2 : Description des matériels de l'antenne de Bunia

DESCRIPTION

MODELE

NUMERO SERIE

QUANTITE

Fm Amplifier Db Electronica 1 kw

 

67306005

1

Fm Exciter Db electronica KE 20

 
 

1

Décodeur Multichoise DSTV

 
 

1

Portable MD recorder

MZ-B 100

 

6

MD Tascam MD-350

MD-350

180496

1

MD Tascam MD-350

MD-350

18455

1

CD Player PMD331

PMD 331

NZ03030720026

1

MD Tascam MD 801R MKII

MD-801R MKII

390068

1

Double K7 Deck Marantz

PUD 51C

MZ030302180031

1

Tuner Marantz

ST 4000

MZ000304002806

1

Telos One

95811

 

1

Console Dateq

BCS 25 SERIE

760128

1

Stereo Source Selector

SP X 20

SPX 202113

1

Microphone Sony

 
 

6

Antenne parabolique

 
 

2

L'interprétation de ce tableau nous donne une idée générale sur la compétence matérielle de la Radio Okapi dans son travail de couverture. En effet, tous ces matériels ont été disposés pour le travail en Ituri. Les journalistes disposaient de la possibilité de transmettre par Internet leur reportage qui ensuite était diffusé sur l'Antenne mère de Kinshasa.

II.2 LA COMPETENCE FINANCIERE.

Le travail de Radio Okapi en Ituri reposait sur le partenariat qui existe entre la fondation hirondelle et la MONUC. Ainsi, les moyens financiers important ont été disponibilisés. Si pour la première année en 2002 le budget global de la Radio Okapi était de 4 millions de dollars, ce budget a été doublé en 2006 soit près de 8 millions de dollars américains. Ainsi, selon le responsable des finances de la MONUC la couverture de la situation de l'Ituri entre 2004 et 2005 à bénéficier d'une cagnotte de près de deux millions de dollars. Quand on sait que tous les journalistes en déplacement bénéficiaient d'un frais de mission d'au moins 50 dollars par jour à chaque rotation sur Bunia.

Tous les déplacements des journalistes étaient assurés par le charroi automobile de la MONUC. Des avions de la MONUC assuraient la rotation des journalistes. Sur place en Ituri, des déplacements s'organisaient à véhicule sous escortes des blindés de la MONUC pour atteindre certaines localités non loin de la ville de Bunia. Quand aux endroits les plus éloignés, ou enclavés, le déplacement s'effectuait en hélicoptères convoyés par des militaires casques bleus.

Ainsi, nous signalons en passant que la période entre juillet 2003 et juin 2004 le budget de la MONUC était de 677 312 300 dollars. Tandis que la période entre le 1e juillet 2004 au 30 juin 2005 le budget global de la MONUC était de 1 milliard de dollars américain selon un communiqué de presse à l'issu de la réunion de la cinquième commission des Nations Unies.88(*)

Nous pouvons nous résumer en ce sens, la Radio Okapi en soi n'a pas mobilisé un financement pour la couverture de la situation en Ituri, mais elle s'est basée sur son partenariat avec la MONUC pour être en mesure d'assurer avec beaucoup trop de facilité la couverture médiatique du conflit en Ituri. Ainsi, le financement global de la MONUC a par ailleurs soutenu l'action des journalistes de Radio Okapi dans cette zone.

SECTION 3 : LA COMPETENCE ANALYTIQUE

Nous l'avons souligné dans notre introduction que la militarisation des rapports socio-humains entre les ethnies de l'Ituri, notamment les Hemas et les Lendus, a ouvert la voie à des atrocités graves, lesquelles se sont succédés au fil du temps et ont bloqué toute perspective de pacification rapide de cette partie du pays.

Et retenons que ce conflit entre communauté vivant en Ituri portait une dimension identitaire et stratégique de sorte que la couverture médiatique de celui-ci parait bien délicate. Dans cette perspective, la présente section traitera du travail des journalistes de Radio Okapi en Ituri. Eu égard à la délimitation de notre travail à savoir entre Mars 2004 et Décembre 2005 et par rapport à notre enquête au sein de la Radio Okapi nous avons répertorié dans les archives des reportages réalisés par les journalistes de Radio Okapi en Ituri ce qui suit :

TABLEAU N° 3 : Tableau des reportages réalisés en 2004

MOIS

REPORTAGES

Mars

14

Avril

12

Mai

11

Juin

17

Juillet

14

Août

12

Septembre

11

Octobre

8

Novembre

7

Décembre

14

TOTAL

120

TABLEAU N° 4 : Tableau des reportages réalisés en 2005

MOIS

REPORTAGES

Janvier

9

Février

8

Mars

11

Avril

10

Mai

6

Juin

12

Juillet

7

Août

10

Septembre

13

Octobre

6

Novembre

9

Décembre

12

TOTAL

113

De ce qui précède il se dégage qu'au moins 120 reportages ont été réalisés par les journalistes d'Okapi en 2004 tandis qu'en 2005 au moins 113 reportages ont été réalisés. A cet effet, on s'aperçoit qu'en 2004 il y avait plus de reportages juste pour dix mois alors que pendant toute l'année en 2005 le nombre de reportage est de 113 reportages d'où une chute d'au moins 7 reportages. Ceci s'explique par le fait que la situation était plus tendue en 2004 qu'en 2005.

A cet effet, toujours en considérant notre délimitation, nous avons retenus trois reportages des ces années.

Il s'agira d'analyser les compétences par rapport au traitement de l'information, quel a été l'angle pris par le journaliste ? Le pourquoi de cette prise de position ? Quels sont les mérites et les failles dans ces reportages par rapport aux objectifs ? Quelle analyse faire sur le plan de la forme et du fond de ce reportage.

Reportage N°1.

Bunia 7h 12/03/04

Situation déplorable a Songolo dans la province orientale. Constat d' une première mission conjointe humanitaire et militaire de la Monuc qui s' est rendue dans ce village situé a 30 Km de Bunia. Des affrontements avaient opposé des éléments du FNI a ceux de l' UPC dans ce secteur.

Explication Sophie Baderha

A l'arrivée des blindés de la MONUC les habitants de Songolo sortent sur les pas de leurs portes. Il y a surtout des vieillards et des enfants, une bonne partie des adultes se cache toujours en brousse. A la sortie du village les miliciens lendu du FNI armés d'arc et de flèches, des lances des quelques kalachnikov redoutes encore une attaque des hema de l'Upc. Mais les combats se font beaucoup plus rare et les déplacés commencent à rentrer. Le village a beaucoup souffert des combats et de pillages mais une centaine de maison est toujours en cours de rénovation. Les habitants de songolo sourient à la délégation mais ils ont une mauvaise mine. Les routes qui mènent à Bunia sont toujours coupées, l'approvisionnement ne vient pas, les étales du marché sont vides, les cultures ont été dévastées et la réserve des semences a disparus.

La vie cachée en brousse par peur des combats et de pillages a laissé des traces, surtout des maladies de peau. Le nouvel ennemi principal, n'est peut être plus la milice d'en face mais la faim et la maladie. A songolo comme ailleurs en Ituri, il faut toujours lutter pour vivre.

De Bunia Sophie Baderha Radio Okapi.

L'analyse

Ce reportage est une description de la situation humanitaire d'une cité en Ituri après des affrontements entres les Hemas de l'UPC et les Lendus de FNI.

Du point de vue interne de l'information, le journaliste décrit l'aspect de la cité après les combats. Il souligne dans son reportage, les conséquences socio-économiques mais aussi psychologiques de la guerre. Il décrit les armes utilisées par les combattants Lendu à savoir des flèches, des lances et des quelques kalachnikov.

Le journaliste souligne par ailleurs, l'enclavement de la cité de Songolo. Les routes qui mènent vers la cité sont coupées et le ravitaillement n'est plus assuré, les cultures sont dévastées. Non seulement qu'on pourrait déplorer le fait que la situation humanitaire est beaucoup trop dégradante, mais aussi la vie sociale est instable.

Débarqué dans la zone quelques temps après les affrontements, le journaliste a pris soin de prendre pour angle ici l'intérêt public. C'est-à-dire, mettre à la lumière du public les conséquences sociales d'une guerre interethnique. Le but final étant de susciter le souci dans les uns et les autres de mettre un terme aux combats fratricides.

Cependant, le lancement même de ce reportage affiche quelques manquement eu égard aux questions de référence. Nulle part, le journaliste précise le temps. Quand est ce que le convoi s'est rendu dans cette cité. Ensuite, parlant des affrontements entre Lendu et Hema dans la cité de songolo, le reporter ne précise pas à quand remonte le dernier combat entre les deux factions.

Seulement, la descente sur terrain du reporter a été rendue possible grâce aux casques bleus de la MONUC. Ce qui met en exergue la question de la sécurité des journalistes. Une sécurité que le journaliste doit en principe être la première à se la garantir et cela par la rigueur dans le traitement de l'information.

A cet effet, le journaliste a décrit dans son reportage la position des combattants Lendu à la sortir de la cité prêt à toute attaque Hema. Ce qui ne nous paraît pas prudent. Il transparaît ici une mise en garde à l'autre partie c'est-à-dire aux combattants Hema de ne plus s'aventurer à revenir vers la cité Songolo de peur de tomber entre les mains de Lendu qui veille sur leur cité, surtout qu'il souligne à la fin de son reportage que le nouvel ennemi principal n'est peut être plus la milice d'en face... cela pourrait dans la mesure du possible n'être qu'une figure de style mais il laisse entrevoir en effet l'antagonisme qui existe entre les parties. En stipulant ainsi, le journaliste n'a pas donné la source de son information. Qu'est ce qui a dit que les Lendu redoutaient une attaque des Hema ? De qui tient-il ce sentiment des Lendu ? Peut-être que c'est juste son imagination eu égard à la tension qu'il présentait dans une cité presque déserte ?

Par ailleurs, ce que le reportage n'a pas bien développé c'est l'aspect maladie dans la population, en épinglant les maladies de peau le journaliste n'a pas donné des détails à ce sujet.

Quand bien même le reportage est basé sur l'intérêt public, le reporter a laissé ressortir de son reportage une contradiction dans ses dires. Il souligne que le village a beaucoup souffert des combats et de pillages mais une centaine de maison est toujours en cours de rénovation. C'est qui voudrait dire que ces combats n'ont pas eu d'impact profond.

Toutefois, le reportage retrace une situation réelle de condition de vie des habitants de l'ituri se trouvant dans les zones en proie aux combats.

Reportage N° 2

Bunia 7h 27/07/04

La cité Ndrele dans un état lamentable. Un mois après les combats entre FAPC et FNI deux groupes armé de l'Ituri. Ndrele cette cité commerciale du territoire de Mahagi donne le spectacle d'apocalypse ; absence de vies humaines, magasins pillés, habitations détruites. Des précisions avec Charles Ntiricha qui a fait le déplacement de Ndrele cette cité commerciale.

Reportage

Personne ne passe la nuit à Ndrele, quand on y entre c'est la désolation, plusieurs magasins et boutiques ont été systématiquement pillés de même que certaines maisons. Seuls des miliciens de FAPC en tenue civile circulent dans quelques artères. Certains habitants ont fui les villages environnants. D'autres se sont réfugiés en Ouganda. Quelques habitants courageux viennent tout de même la journée voir si leurs maisons n'ont pas encore été pillées.

Difficile, on vient seulement passé de fois la journée voir l'état de la maison parce qu'il y a toujours d'infiltration de ces gens là, il est difficile de passer la nuit. Il faut qu'on puisse se retirer de à une ou deux kilomètres. Si on vient il faut arriver vers huit, neuf heure, comme ça 13 h 14 h on commence à vider aussi la cité.

Ndrele qui était habité par près de dix mil personnes est aujourd'hui une cité fantôme. Sa population déplacée ne sait à qui se vouer.

Maintenant on ne compte même pas sur ces membres de FNI FAPC on pense si peut être la MONUC arriverait ici, ça allait attirer ces gens là qui sont aux frontières

Il y a quelques la MONUC a exigé une démilitarisation de cette cité afin que la population soit sécurisée. Le FAPC et le FNI ont promis de se rencontrer très prochainement pour discuter de la question, mais reste que les deux factions accepter de céder la gestion des taxes dont elles se disputent les revenues.

Bunia Charles Ntirica Radio Okapi

L'analyse

Le reportage ici se base sur la destruction du tissu économique d'une cité commerciale par la guerre entre les groupes armés FAPC et FNI. Nous l'avions souligné que le FNI est d'obédience Lendu, tandis que le FAPC regroupait en son sein des combattants de différentes ethnies confondues. Seulement, au fur et à mesure que le conflit s'aggravait, les finalités divergeaient eu égard au profit que tirait l'une ou l'autre faction. La chute du reportage en témoigne lors que le journaliste souligne en disant que reste à savoir si les deux factions accepteront de céder la gestion des taxes dont elles disputent les revenues.

Le journaliste décrit une scène désolante d'une cité commerciale détruite. Il a tenu à préciser que son arrivée à Ndrele intervient un mois après les combats entre les deux groupes armés le FNI et le FAPC. La cité est vidée de sa population ; cette information le reporter la tire des témoignages de quelques hommes courageux qui reviennent au village pour vérifier leurs habitations. En leur donnant la parole, le journaliste se dédouane des critiques des uns et des autres sur sa source d'information.

Respectant les objectifs de la Radio Okapi en ituri, le journaliste se fait le porte parole d'une population en situation déplorable. En leur accordant la parole, la population a trouvé en Radio Okapi un canal pouvant lui permettre d'implorer une assistance internationale pour les sortir de cette situation.

Et le journaliste de chuter sur l'implication de la MONUC dans la pacification de cette partie du pays.

Bon reportage qui donne des éclaircissements sur les conséquences et les enjeux du conflit. Le journaliste semble maîtriser en amont les enjeux des combats entre les groupes armés. Il souligne que ces miliciens ont même prévu une rencontre entre eux pour discuter de la question de la gestion des taxes. Cela donne une impression que le reporter est mieux informé sur les deux factions et les motivations de leur lutte.

Reportage N°3

Bunia 7h 7/10/05

CHAPO

En Ituri, le tribunal militaire de garnison de Bunia a condamné ce vendredi un ex-commandant de bataillon de la milice des Forces armées du peuple congolais, FAPC, à sept ans de prison. Il est également renvoyé des forces armées de la république démocratique du congo.

José des chartes Menga a suivi ce procès.

Reportage

Le major Ricky Mutakama ancien commandant de bataillon de FAPC à Aru était poursuivi par la justice militaire pour violation des consignes. Cet officier qui avait déjà intégré les FARDC à Kinshasa, avait évité de rejoindre le centre de brassage de Mushaki dans le nord Kivu pour se retrouver de nouveau à Aru en passant l'Ouganda. Selon le ministère public cet officier avait rejoint des ex chefs miliciens en Ouganda pour infiltrer les FARDC afin de déstabiliser l'Ituri à partir de Aru.

Le jugement a été prononcé dans une audience publique à la place dite la tribune. Major Innocent Mayembe président du tribunal de garnison///

Le tribunal militaire de garnison d'Isiro Bunia dit établi en fait comme en droit l'infraction mise à charge de Ricky Mutakama et le condamne par conséquent comme suit à sept ans de servitude pénale principale pour violation des consignes.

Prononce contre lui la destitution de FARDC. Voila, détachement bolongola ye tenue na bottine.

Le condamné estime que le jugement n'a pas été juste, bien qu'il ait été assisté par deux avocats. Ricky Mutakama entre les mains de soldats de la justice militaires qui l'amène en prison rejette la peine.

- On dit que dans cinq jours on peut toujours faire recours,

- alors qu'elle est votre point de vue, vous allez faire appel ?

- C'est la dernière chance.

- Vous allez donc faire recours,

- Oui !

- Vous n'acceptez pas ce jugement ?

- Non !

Quand bien même qu'il rejette la peine prononcé ce vendredi, Ricky Mutakama avait admis les griefs portés à sa charge par le ministère public lors de l'instruction du dossier.

Le condamné de ce jour avait même demandé pardon au tribunal lors de l'audition des parties.

Bunia José des chartes Menga Radio Okapi.

L'analyse

Il s'agit ici d'un procès contre un ancien commandant bataillon de FAPC basé à Aru qui pourtant avait intégré les FARDC se retranche encore en ouganda. Il faut signaler en passant que la force armée du peuple congolais est un groupe armé dissident de l'UPC. Il contrôlait la partie est de l'Ituri à la frontière avec l'Ouganda. Ce groupe regorgeait en son sein des combattants de différentes ethnies avec le soutien de l'Ouganda.

Le journaliste dans son traitement du point de vue interne de l'information a ressorti le fait que le passage de ce major en Ouganda était mal perçu par les autorités. Il est ainsi accusé d'être en connivence avec des chefs miliciens à l'étranger. Fallait-il que le journaliste souligne cet aspect dans son reportage ? En effet, cela est important car en 2005, la situation en Ituri devenait telle qu'il paraissant aussi flagrant l'implication des certaines puissances étrangères dans le conflit en Ituri. Elles tiraient profit de l'instabilité de la situation par des groupes armés interposés et déstabilisaient tout processus de pacification.

Le journaliste a, par ailleurs, indiqué que cette accusation est du ministère public et cela cadre bien entendu avec la politique éditoriale de Radio Okapi, celle de ne jamais prendre position mais de donner la paternité de l'information à qui de droit.

Le journaliste a également cherché à donner la parole au condamné quand bien même il était entre les mains des soldats en partance vers son lieu de détention. A ce point, nous soulignons l'équilibre qui se dégage dans ce reportage. La parole est accordée à toutes les deux parties.

Du point de vue externe de l'information, il se dégage des non dit qui d'ailleurs constituent la toile de fond quand à la compréhension de l'information. La condamnation sous entend qu'il y avait d'abord une décision d'un côté de FAPC d'intégrer les FARDC, chose qui ne figure pas dans ce reportage. Cela pourrait peut être se trouver dans un corpus de l'information et qu'il serait déjà traité dans un autre reportage. De l'autre côté, la décision prise par le gouvernement, de mettre un point final aux actions des ex-miliciens intégrés au sein de l'armée régulière n'est perçus ici qu'implicitement lorsque le journaliste souligne qu'il y a violation des consignes.

Le journaliste termine son reportage d'une manière fermée, c'est à dire que sa chute laisse entrevoir certains questionnements sans réponse. Le commandant arrêté était-il le seul à être arrêté ? Y avait-il d'autre éléments arrêtés avant lui ? Est-ce qu'il y aura d'autres qui seront arrêtés ? Cet aspect n'est pas perçu. Le journaliste dans ce cas pouvait, soit énumérer que celui qui venait d'être condamné était le premier ou le dernier d'une liste, soit laisser une ouverture pour d'autre procès qui pourrait surgir.

En guise d'une conclusion partielle en rapport avec la réalisation des reportages des journalistes, Il faut souligner que la Radio okapi avait mis en place une chaîne de production dans le seul but de procéder à chaque niveau à la vérification de l'information. Ainsi, toute descente du journaliste sur terrain a été préalablement cordonnée par le chef d'antenne Bunia et la rédaction centrale de kinshasa. De tel enseigne que en commençant par le reporter en passant par le chef d'antenne Bunia, le secrétaire de rédaction à Kinshasa et le rédacteur en chef jusqu'au présentateur du journal, l'information est peaufinée et vérifiée avant de passer à l'antenne.

CONCLUSION GENERALE

La recherche d'une bonne compréhension sur la couverture médiatique d'une zone en conflit armé a été le leitmotiv de ce travail. Nous sommes partis de l'idée que la situation conflictuelle de l'Ituri a laissé des empruntes dans l'histoire récente de la République Démocratique du Congo. Aussi, aujourd'hui il importe que toutes les péripéties liées à la guerre en Ituri soient mises à la disposition du publique. Ce travail de la communication de masse est bien évidemment le travail des journalistes.

A cet effet, pour mieux mener cette étude nous l'avons subdivisé en trois chapitres. Nous nous sommes basés, dans le premier chapitre à ressortir les déterminants de ce conflit. Il a été essentiellement question de tenter de mettre en lumière premièrement les causes lointaines et immédiates de ce conflit entre les peuples du district de l'ituri tout en remontant à leurs migrations dans la région. Secondement, donner plus des détails sur les enjeux et les dimensions de ce conflit. Dans le deuxième, nous nous sommes investis primo à définir certains concepts qui ont constitué l'ossature de notre travail et secundo à circonscrire les théories qui nous ont permis d'établir des lignes de conduites sur lesquelles notre travail a trouvé des réponses scientifiques y afférentes.

Et enfin dans le troisième, nous nous sommes attelés à analyser de prime abord les compétences humaines, matérielles et financières disponibilisées et certains reportages réalisés par les journalistes de la Radio Okapi dans leur couverture de la situation en Ituri.

Une question a motivé notre recherche à savoir comment la Radio Okapi a-t-elle assuré la couverture médiatique des événements fortement sanglants de l'Ituri ? Ce qui a donné la voie à une sous question celle de savoir comment, face à la complexité de ce conflit, la Radio Okapi a-t-elle mobilisé des ressources humaines, matérielles et financières dans le but d'assurer une bonne couverture médiatique de ce conflit ?

En émettant l'hypothèse selon laquelle la mobilisation des moyens tant humains, matériels que financiers pour la couverture et la rotation permanente des journalistes en Ituri, ont constitué des préalables pour donner une information objective.

A cet effet, nous nous sommes basés sur la théorie de la rationalité par rapport à des fins et des valeurs défendue par Max Weber et Jürgen Habermas.

Ce concept de rationalité donne lieu à deux dimensions dans son opérationnalisation, à savoir la dimension instrumentale et les stratégies. Dans sa dimension instrumentale, il existe deux composantes :

- La composante « savoir faire » qui implique comme indicateur les compétences conceptuelles et les compétences techniques.

- la composante force productrice avec comme indicateurs les ressources humaines et matérielles.

Dans sa dimension stratégique deux composantes entre en compte également, notamment :

- La composante « objectif » où il s'agit de définir clairement des objectifs que s'assigne une organisation dans la recherche d'une finalité, ainsi que

- La composante « moyens » ce qui implique les moyens financiers conséquemment à l'objectif.

En guise de ce qui précède, nous sommes descendu sur terrain en menant une enquête au sein de la Radio Okapi pour vérifier notre hypothèse. Ce qui nous amener à comprendre que la Radio Okapi s'était assigné comme objectif de donner une information vérifiée et équilibrée de la situation conflictuelle de l'Ituri. De contacter dans la neutralité toutes les sources disponibles pour donner une information de qualité, c'est-à-dire, vraie, objective et opportune qui au final contribuerait à la cessation des hostilités et à la sécurisation de la population.

Ainsi dans leurs réalisations, les reporters de la Radio Okapi ont mis en valeur les principes déontologiques de l'équilibre journalistique dans le traitement de l'information, le sens profond de la vérification de l'information avant toute diffusion. Quand bien même certaines failles ont été constatées en ce qui concerne la forme dans leurs réalisations, dans le fond, la ligne éditoriale eu égard aux objectifs a été strictement respecté et suivi à la loupe dans la chaîne de production mise en place par la Radio Okapi.

BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES

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COURS ET DOCUMENTS

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Groupe Lotus, Ituri et Kisangani, situation sécuritaire extrêmement inquiétante, mars 2003.

Jok Oga Ukelo, les conflits interethnique en RDC et dans la région des grands lacs Africains : Le cas de l'ituri. Essai.

Kayembe, A. Théories des organisations, Cours de première licence, communication des organisations, IFASIC, Kinshasa, 2007.

Le petit Larousse illustré 2001.

Loi n°96-002 du 22 juin 1996 fixant les modalités de l'exercice de la liberté de la presse.1996.

Monuc Magazine n°22.

Monuc Magazine n°23.

Munkeni Lapess, J. Méthodologie de l'information : Presse Ecrite, Cours inédit 3e graduat IFASIC

Munsoko, B. Méthodologie de l'information : Radio télévision cours inédit 1e et 3e graduat IFASIC.

Rapport des experts des nations unies octobre 2002.

Roberto Garreton, rapport du 1er février 2001.

Yav Samutela, Histoire générale de l'information cours inédit 2e graduat IFASIC.

MEMOIRE ET TFC

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Kusema, K. La télévision congolaise et ses choix technologiques, mémoire, IFASIC, septembre 2006.

Muntu Maladi, La couverture médiatique du DIC : Regard critique sur les conditions de travail des journalistes de la presse écrite à Sun City à Sun City. Travail de fin de cycle 2002.

WEBOGRAPHIE

Asadho, rapport sur le conflit inter-ethnique Hema-Lendu en territoire de djugu dans la province orientale, www.icc-cpi.int

Bélier, S. Traité des sciences et des techniques de la Formation, coordonné par Philippe Carré et Pierre Caspar. www.educnet.education.fr/bd/competice/superieur

Bha-Avira Mbiya Michel-Casimir, En Ituri, quelle est l'ethnie la plus minoritaire par rapport aux autres ? www.societecivile.cd

Da Lage, O. La couverture des conflits et les risques militaires : Le cas de la guerre d'Irak de 2003-2004, www.mapage.noos.fr/odalage/autres/conflits.html

Dictionnaire en ligne sur le site Internet www.wikipedia.org

Derville, G. Le pouvoir des médias, www.mauditsfrancais.com

Koïchiro Matsuura, L'UNESCO à Belgrade : Le rôle positif potentiel de la presse dans des situations d'après conflit, www.unesco.org

Le Boterf, G. De la compétence essai sur un attracteur étrange, Paris, Editions d'organisations, 1995. www.educnet.education.fr

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Les fonctions sociales de la presse www.playmentdroit.com

Médi@ction N°35, Journalistes face aux conflits en Afrique : l'information prise au piège, www.panos-ao.org/article.php3?id_article=2516

Petit, J P., Actualisation de la protection des journalistes en mission périlleuse dans les zones de conflit armé, p 1 www.uparis2.fr/crdh/pub/200105petit.htm

Philippe Carré et Pierre Caspar, www.educnet.education.fr

Sematumba, O. la guerre dans la guerre, www.pole-institute.org

Sodaigui, Le processus de rationalisation chez Weber, www.chez.com/msodaiguises/

Suliman Ali Baldo, chercheur à la Division Afrique de Human Rights Watch, www.hrw.org/french/press/2001/hemalendu.htm

Thual, F. Les conflits identitaires, Paris, IRIS-Ellipses Ed., 1995, 192 p,

www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=204

Tshungu Bamesa, Guerre inter-communautaire dans le territoire d'Irumu in Table ronde pour la résolution du conflit communautaire Hema-Lendu, www.panosparis.org

www.rsf.org

www.radiookapi.net

TABLE DES MATIERES

EPIGRAPHE..............................................................................

DEDICACE................................................................................I

REMERCIEMENT.......................................................................II

INTRODUCTION.........................................................................1

I. PROBLEMATIQUE...................................................................1

II.HYPOTHESE...........................................................................5

III.METHODOLOGIE....................................................................6

IV. INTERET DU SUJET...............................................................7

V. DELIMITATION DU SUJET........................................................8

VI. DIVISION DU TRAVAIL...........................................................8

CHAPITRE PREMIER : LES DETERMINANTS DU CONFLIT EN ITURI.......................................................................................10

SECTION I : LA CARTOGRAPHIE DE L'ITURI.................................10

I.1 : LA PRESENTATION GEOGRAPHIQUE ET HISTORIQUE...........10

I.1.1. SITUATION GEOGRAPHIQUE...............................................10

I.1.2. BREF APERÇU DE CHAQUE TERRITOIRE.............................10

1. Le territoire d'Aru....................................................................11

2. Le territoire de Djugu..............................................................11

3. Le territoire d'Irumu.................................................................12

4. Le territoire de Mahagi............................................................13

5. Le territoire de Mambasa.........................................................14

I.1.3.HISTORIQUE......................................................................15

I.1.3.1. LES MIGRATIONS DES TRIBUS DE L'ITURI.........................16

1. La migration des Lendu (bale).................................................. 16

2. La migration des Alur.............................................................. 11

3. La migration des Hema........................................................... 12

I.1.4. LA DEMOGRAPHIE............................................................12

SECTION II. LE CONFLIT EN ITURI.............................................13

II.1. GENESE ET PROTAGONISTES DU CONFLIT...........................13

II.1.1. LES CAUSES LOINTAINES...............................................13

II.1.2. LES CAUSES IMMEDIATES................................................15

II.1.3. LES PROTAGONISTES.....................................................17

II.1.3.1 D'UN GROUPE A UN AUTRE...........................................18

1. L'Union des Patriotes Congolais, (UPC).....................................18

2. Le Mouvement de Libération du Congo, (MLC)............................18 

3. Le Rassemblement Congolais pour la Démocratie-Mouvement de Libération. (RCD/ML).............................................................18

4. L'Union des Patriotes Congolais- Kisembo.................................18

5. Le front des Nationalistes et Intégrationnistes (FNI)......................19

6. Forces de Résistance Patriotique en Ituri, FRPI...........................19

7. Le parti pour la Sauvegarde de l'intégrité du Congo (PUSIC)..........19

8. Front de l'Intégration pour la pacification de l'Ituri (FIPI).................19

9. Les forces armées du Peuple Congolais (FAPC)...........................20

II. 2. LES DIMENSIONS DU CONFLIT DE L'ITURI..........................20

II.2.1. LA DIMENSION IDENTITAIRE.............................................20

II.2.2. LA DIMENSION POLITIQUE...............................................23

II.2.3 LA DIMENSION ECONOMIQUE.............................................26

II.3. CONCLUSION....................................................................27

CHAPITRE DEUXIEME : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE............................................................................28

SECTION I : CADRE CONCEPTUEL............................................28

I.1 LES MEDIAS ET SES FONCTIONS..........................................28

I.1.1. Les médias.......................................................................28

I.1.2. Ses fonctions....................................................................29

I.1.2.1. La fonction Informative.....................................................30

I.1.2.2. La fonction Délibérative....................................................31

I.1.2.3. La fonction Distractive......................................................31

I.1.2.4. La fonction Educative.......................................................32

I.1.2.5. Conclusion.....................................................................32

I.2.  COUVERTURE MEDIATIQUE................................................33

I.2.1. Application........................................................................33

I.3. LE CONFLIT IDENTITAIRE....................................................34

I.4. CONFLIT ARME..................................................................34

I.4.1. Conflit comme hostilité........................................................35

SECTION II : CADRE THEORIQUE..............................................35

II.1. OPERATIONNALISATION DU CONCEPT DE LA RATIONALITE CHEZ HABERMAS....................................................................37

II.1.1 LA DIMENSION INSTRUMENTALE.......................................37

II.1.2. LES STRATEGIES..........................................................38

CHAPITRE TROISIEME : LA COUVERTURE MEDIATIQUE DU CONFLIT DE L'ITURI.................................................................40

SECTION I : LA COMPETENCE ET LE PROFIL DES REPORTERS DANS LA COUVERTURE DU CONFLIT DE L'ITURI.......................40

I.1. LA COMPETENCE IDEALE...................................................40

1° L'exactitude.........................................................................41

2° L'équilibre...........................................................................41

3° La clarté.............................................................................41 

4° La distinction entre les faits et les commentaires.......................41

5° Le respect des personnes et la protection des sources...............41

I.2. LA COMPETENCE EFFECTIVE..........................................43

I.3. OBJECTIFS.....................................................................45

SECTION II : LA COMPETENCE MATERIELLE ET FINANCIERE...48

II.1.Compétence matérielle......................................................48

II.2 Compétence financière.......................................................50

SECTION 3 : LA COMPETENCE ANALYTIQUE...........................51

CONCLUSION GENERALE......................................................60

BIBLIOGRAPHIE....................................................................62

TABLE DES MATIERES..........................................................65

INSTITUT FACULTAIRE DES SCIENCES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION

« I.FA.S.I.C »

====================================================================

Monsieur : ................................................................................................

Dans le cadre de notre travail sur la couverture d'une zone de conflit et plus précisément sur le travail qu'a abattu Radio Okapi en Ituri, nous vous prions de bien répondre à cette série des questions.

Merci d'avance pour votre compréhension.

Jacques Yves MOLIMA

QUESTIONNAIRE D'ENQUETE

1. Combien de personnes Radio Okapi compte-t-elle en son sein ?

a) Kinshasa................b) Provinces................c) Total.........

2.Comment se repartissent-elles : Journalistes ... Administration..........

Techniciens.....................Autres................

3. Quel est le profil des journalistes de Radio Okapi ? Licenciés..............

Gradués..................diplômés d'Etat.......................

4. Quelle est leur formation de base : Diplômés en journalisme ................ Autres............

5. De quels équipements dispose Radio Okapi ? (Liste complète si possible)...........................................................................

6. De combien de station dispose Radio Okapi en province ?....................................

a) citez les et donnez le nombre de journaliste en leur sein.........................

b) donnez le nombre de techniciens. .......................................

7. Combien de reportage la chaîne a-t-elle réalisés sur le conflit en Ituri de 2004 à 2005..........................................

8. A quelle proportion peut-on évaluer : a) Les reportages réalisés par les journalistes locaux en Ituri ?........................b) Ceux réalisés par les journalistes venus d'ailleurs ?......................

9. Selon quels critères désignez-vous les reporters pour couvrir les événements sur les théâtres de conflit ? - Compétence (Formation).............expérience (avoir déjà couvert un conflit) ...............ancienneté dans la maison......................résidence dans la zone à couvrir.................un ou plusieurs critères parmi ceux-là (citer)

10. Quel était le profil de ces journalistes pour l'Ituri ?.......................................................

11. Quels moyens financiers la chaîne a-t-elle engagés ?

* 1 Koïchiro Matsuura, L'UNESCO à Belgrade : Le rôle positif potentiel de la presse dans des situations d'après conflit, www.unesco.org

* 2 Colas, D. La sociologie des conflits identitaires et culturels, Ed. Presses des Trois rivières, Montréal, 2001, p 45.

* 3 Médi@ction N°35, Journalistes face aux conflits en Afrique : l'information prise au piège, Internet www.panos-ao.org/article.php3?id_article=2516

* 4 Da Lage. O., La couverture des conflits et les risques militaires Le cas de la guerre d'Irak de 2003-2004, http://mapage.noos.fr/odalage/autres/conflits.html

* 5 Petit, J P., Actualisation de la protection des journalistes en mission périlleuse dans les zones de conflit armé, p 1 www.uparis2.fr/crdh/pub/200105petit.htm

* 6 Art 8, Loi n 96-002 du 22 juin 1996 fixant les modalités de l'exercice de la liberté de la presse.

* 7 ALBERT, P. La presse et la guerre, remarque d'un historien, in l'information dans les conflits armés, harmattan, 2001, p 63.

* 8 Sodaigui, Le processus de rationalisation chez Weber, http://www.chez.com/msodaiguises/theme1.htm

* 9 Bha-Avira Mbiya Michel-Casimir, En Ituri, quelle est l'ethnie la plus minoritaire par rapport aux autres ? www.societecivile.cd

* 10 Saint Moulin,L. Atlas de l'organisation administrative de la République Démocratique du Congo, Cepas-Kinshasa, 2006 ;p106.

* 11 Idem, p 102

* 12 Saint Moulin,L. op cit. p 104

* 13 Idem p 107

* 14 Saint Moulin,L. op cit. p 105

* 15 Information tirée du mémorandum de l'élite hema dénonçant l'agression des lendu contre leur peuple, mémorandum adressé aux médiateur du conflit entre Lendu et Hema lors de la rencontre du juillet 1999 à bunia.

* 16 Magazine Monuc N 22, p 16.

* 17 Op cit. p 16.

* 18 Asadho, rapport sur le conflit inter-ethnique Hema-Lendu en territoire de djugu dans la province orientale, www.icc-cpi.int

* 19 Asadho, op cit.

* 20 Travail forcé pour l'or tiré du site www.cobelco.org

* 21 TShungu Bamesa, Guerre inter-communautaire dans le territoire d'Irumu in Table ronde pour la résolution du conflit communautaire Hema-Lendu, www.panosparis.org

* 22TShungu Bamesa, op. cit.

* 23 TShungu Bamesa, op. cit.

* 24 Idem

* 25 Suliman Ali Baldo, chercheur à la Division Afrique de Human Rights Watch, http://www.hrw.org/french/press/2001/hemalendu.htm

* 26 Monuc Magazine n°23, p. 20.

* 27 Elika, F. Géopolitique mondiale de l'ennemi et survie de la RDC, Ed. Sciences et libertés, 2006, p.147

* 28 Elika, F. op. cit.

* 29 Elika, F. op cit.

* 30 Djejju Mariska, agression des Bahema par les balendu en territoire de Djugu. Memoradum des Hema

* 31 Sematumba, O. la guerre dans la guerre, www.pole-institute.org

* 32 Jok Oga Ukelo, les conflits interethnique en RDC et dans la région des grands lacs Africains : Le cas de l'ituri. Essai. p 3.

* 33 Idem. p 4

* 34 Jok Oga Ukelo, op cit.

* 35 Roberton Garreton, rapport du 1er février 2001, p 11.

* 36 Monuc magazine N°23, p 14

* 37 Groupe Lotus, Ituri et Kisangani, situation sécuritaire extrêmement inquiétante, mars 2003, p 9

* 38 idem

* 39 Sematumba, O. la guerre dans la guerre, www.pole-institute.org

* 40 Groupe Lotus, op cit. p 10

* 41 Sematumba, O, op cit.

* 42 Monuc magazine N°23, p 18

* 43 Rapport des experts des nations unies octobre 2002.

* 44 Sematumba,O. op cit

* 45 Monuc magazine N°23, p 18

* 46 Grand dictionnaire encyclopédique Larousse, Paris. 1984

* 47 Yav Samutela, Histoire générale de l'information cours inédit 2e graduat

* 48 Leonardo et Bureaud, qu'est ce qu'un média, www.olats.org

* 49 Bertrand, CJ. Médias:Introduction à la presse, la Radio et la télévision 2e éd, édition ellipse, 1999, p 14

* 50 Buse, C. De la décroissance de l'Union sacrée de l'opposition. Critique de la communication d'une structure de conquête de pouvoir au Zaïre. Mémoire de licence, 1996, p 13

* 51 Balle, F. Médias et société : presse audiovisuel, télécommunication 6e éd. Montchrestien, 1992, p 605.

* 52 Derville, G. Le pouvoir des médias, http://www.mauditsfrancais.com

* 53 Les fonctions sociales de la presse www.playmentdroit.com

* 54 Munsoko, B. Méthodologie de l'information : Radio Télévision. Cours inédit 1e graduat Ifasic

* 55 Buse, C. op. cit.

* 56 Cayrol, R. Les médias, presse écrite, radio-télévision, PUF, Paris 1973, p 75.

* 57 Munkeni Lappess, J. Méthodologie de l'information : Presse Ecrite, Cours inédit 3e graduat Ifasic

* 58 Muntu Maladi, La couverture médiatique du DIC : Regard critique sur les conditions de travail des journalistes de la presse écrite à Sun City à Sun City. Travail de fin de cycle 2002, p 16.

* 59 Ekambo, JC. Théorie de la communication, Cours inédit 3e graduat Ifasic.

* 60 Stoetzel, J cite par Balle, F dans Médias et société : presse audiovisuel, telecommunication 6e éd. Montchrestien, 1992, p 606.

* 61 Balle, F. op. cit. p 607

* 62 Jean Cazeneuve cité par Balle, F. op. cit. p 607

* 63 Munkeni Lappess, J. op cit.

* 64 Grand dictionnaire encyclopédique Larousse, Paris. 1984.

* 65 Munsoko, B. Méthodologie de l'information : Radio télévision cours inédit 3e graduat IFASIC.

* 66 Munkeni lapess, J. op cit.

* 67 Idem.

* 68 Thual, F. Les conflits identitaires, Paris, IRIS-Ellipses Ed., 1995, 192 p, www.esprit-et-vie.com/article

* 69 Le petit Larousse illustré 2001.

* 70 Définition puisée dans le dictionnaire en ligne sur le site internet www.wikipedia.org

* 71 Petit, JP. op. cit

* 72 Munsoko, B. Méthodologie de l'information : Radio télévision cours inédit 1e graduat IFASIC.

* 73 Falconi, A. Le journal à la loupe, Médiaspaul, Kinshasa 1995, p 23.

* 74 Mushi M. ; Les organisations, Ed Médiaspaul, Kinshasa, p45

* 75 Kayembe, A. ; Théories des organisations, Cours de première licence, communication des organisations, IFASIC, Kinshasa, 2007.

* 76 Herbert, S. La rationalité dans les organisations, Ed. Nouveaux Horizons, Paris, 1986.

* 77 Habermas, J. Théorie et pratique 2, collection critique du politique, paris, Payol, 1975, p 116 in Kusema, K. la télévision congolaise et ses choix technologiques, mémoire, IFASIC, septembre 2006, p. 50.

* 78 Le petit Larousse illustré, 2001.

* 79 Habermas, J. op. cit. p116.

* 80 Bélier, S. Traité des sciences et des techniques de la Formation, coordonné par Philippe Carré et Pierre Caspar. www.educnet.education.fr/bd/competice/superieur/competice/boite/pdf/t1.pdf.

* 81 Le Boterf, G. De la compétence essai sur un attracteur étrange, Paris, Editions d'organisations, 1995. www.educnet.education.fr

* 82 Renard, Y. La pratique du journalisme en zone de conflit, condensé inédit de formation des journalistes de la Radio Okapi2003.

* 83 Reporter sans frontière, guide pratique du journaliste, 2004, p14. www.rsf.org

* 84 Ngoma, J. Guide pour communicateur, Médiaspaul, Kinshasa 2006. 302 p.

* 85 Extrait de l'interview que nous a accordé le rédacteur en chef de la radio okapi Etienne Rougerie, juillet 2007.

* 86 Information tirée du site web de la radio okapi, www.radiookapi.net.

* 87 Extrait de l'Interview que nous a accordé le rédacteur en chef de la Radio okapi Etienne Rougérie, août 2007.

* 88 Communiqué de presse sur la cinquième commission. www.un.org






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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon