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La couverture médiatique d'une zone de conflit armé: Cas de la Radio Okapi en Ituri (RDC)

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par Jacques Yves MOLIMA
Institut facultaire des sciences de l'information et de la communication - Graduat 2007
  

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I N T R O D U C T I O N

I. P R O B L E M A T I Q U E

Il est admis que le conflit est une instance de rupture dans la vie de toute société. Trop souvent, les guerres se perpétuent naturellement : un conflit en suscite un autre, entraînant inévitablement dans son sillage la mort, la pauvreté et la destruction... Des médias indépendants et pluralistes peuvent contribuer de façon significative à rompre ce cercle vicieux en permettant au dialogue de remplacer le conflit armé.1(*)

Sous cet angle, l'implication des medias en terme de sensibilisation des acteurs ainsi que des populations concernés par le conflit devient une des recommandations même de la société étant donné que «  les journalistes sont souvent les premiers témoins des atrocités qui se déroulent dans un espace territorial donné, cela avant que ne viennent se présenter les autorités et autres délégations officielles2(*) ».

Le travail d'un média et plus précisément dans l'audiovisuel, en face d'un conflit armé, acquiert pour la plupart de cas, un caractère plus délicat d'autant plus que le conflit suppose une lutte d'intérêts divergents, un affrontement des valeurs, des actes, des procédures entre les protagonistes. Lors d'une guerre, la couverture médiatique, la recherche des faits susceptibles de fournir des éclaircissements sur des événements, le contact avec les sources d'informations officielles et non officielles dans une zone antagonique, exige une célérité, un professionnalisme avéré quand à la récolte et au traitement de l'information, ainsi que, comme le veut la déontologie et l'Ethique du métier, une responsabilité de la part du Journaliste et des médias.

Il est certes vrai que la recherche d'information par les chevaliers de la plume, présuppose le respect du droit à la liberté d'expression et du principe de la libre circulation des personnes et des idées. Cependant, le caractère même du conflit armé met le journaliste, partant son organe, devant un dilemme, celui de collecter, traiter et diffuser toute information, en rapport avec le conflit, en toute liberté et celui de sa responsabilité quant aux effets de sa plume sur l'évolution du conflit.

A ce titre, l'institut panos de l'Afrique de l'ouest souligne que «  le traitement partial et partisan de l'information, la désinformation et la propagande, dans une situation aussi délicate que celle de la guerre, contribue à empoisonner le climat social et à radicaliser les positions des différentes parties en conflit.3(*) » Cependant, Olivier Da Lage dans son travail sur la couverture des conflits et les risques militaires, le cas de la guerre d'Irak de 2003-2004 a fait remarquer que «  la guerre, à mesure de son déroulement doit être racontée, décrite, commentée à la fois aux populations des Etats belligérants et aux autres4(*) »

Ainsi, le journaliste devient implicitement un acteur secondaire et peut occuper, et cela malheureusement, une position de victime. Cette situation a donc poussé Jean Philippe Petit à confirmer que « La plume, la voix et la caméra, armes parfois plus dangereuses que l'épée, amènent le journaliste à devenir un acteur indirect du conflit. Certains auteurs n'hésitent d'ailleurs pas à parler de `'droit d'ingérence'' dans le domaine de l'information.5(*) »

Néanmoins, chaque média et par le fait même, le journaliste de par son travail, en tant que vecteur de l'actualité prétend exercer une liberté totale d'information en s'ingérant médiatiquement au conflit. Or cette « ingérence médiatique » conduit parfois les belligérants à porter atteinte à l'intégrité physique du journaliste, et même entraver le bon fonctionnement de médias dans le seul but d'empêcher la diffusion de certaines informations ou images susceptibles de révéler des exécutions sommaires, des massacres et autres scènes insoutenables.

Depuis la guerre dite de « libération » d'octobre 1996 en RDC, guerre menée par l'AFDL avec l'appui des Rwandais et des Ougandais, les tensions jusque là latentes entre certaines ethnies de l'Est du pays se sont ravivées. En Ituri, particulièrement, la cohabitation entre les ethnies Hema et Lendu se dégradait. Une crise de longue date, aggravée par un conflit foncier entre la population de deux ethnies précitées, débouchait sur des hostilités et des affrontements, allant des armes blanches jusqu'aux armes à feu. Des atrocités extrêmes ont été commises dans cette partie de la République Démocratique du Congo. Des actes de barbaries et de vandalisme se sont succédés au fil des années causant des dizaines des centaines des morts, des villages saccagés et brûlés ainsi que des milliers de personnes déplacées. Bref..., la personne humaine a été réduite à l'état primaire de son existence en Ituri.

Toute cette cruelle réalité ne peut et ne pouvait ne pas être mise à la lumière de tous. Il est certes vrai, de l'intérêt et du droit fondamental de la population d'être au courant de tout ce qui se passe dans son village, son district, sa province et son pays. Il est expressément reconnu dans la législation congolaise que toute personne a droit à la liberté d'informer et d'être informé. Cette liberté est garantie par la loi fixant les modalités de l'exercice de la liberté de la presse en son article 8 qui stipule, « Toute personne a droit à la liberté d'opinion et d'expression. Par liberté d'opinion et d'expression, il faut attendre le droit d'informer, d'être informé, d'avoir ses opinions, ses sentiments et de les communiquer sans aucune entrave, quel que soit le support utilisé sous réserve du respect de la loi, de l'ordre public, des droits d'autrui et de bonnes moeurs6(*) »

Ainsi, toutes les atrocités en Ituri ne pouvaient rester dans les oubliettes, sans être publiées par les medias dans le seul but de contribuer à la cessation des hostilités. Cependant, il s'avère que l'accès même à l'information où se déroulaient ces affrontements n'était pas du tout facile. Et cela, par le fait même de la nature du conflit à multiples facettes et par la multiplicité des protagonistes sur terrain.

Dans le champ immense de l'actualité, la presse ne retient qu'une part infime des événements qui surviennent dans la vie du monde ou des individus : de ceux qu'elle publie, elle en fait des nouvelles. Les critères de son choix varient au gré des circonstances et des journaux, notamment l'importance en soi des événements retenus et l'intérêt qu'ils peuvent avoir pour les lecteurs.7(*) A cet effet, la guerre, le conflit armé devient une source presque intarissable d'informations d'autant plus que le public, les lecteurs, les auditeurs ou les téléspectateurs sont plus attirés par des nouvelles à sensation et le conflit offre au public parfois des informations au delà de son entendement. C'est à cela que les médias s'impliquent.

Dans le cas spécifique de la militarisation des rapports socio-humains entre les hemas et les Lendus, les atrocités graves se sont succédés et ont bloqué toute perspective de pacification rapide de cette partie du pays. Le conflit entre ces communautés dispose d'une dimension identitaire et stratégique de sorte que la couverture médiatique de celui-ci parait bien délicate.

Ainsi, eu égard aux affrontements armés entres les communautés susdites, comment la Radio okapi, à travers ses journalistes sur le terrain, a-t-elle assuré la couverture médiatique de ces événements fortement sanglants à l'Est de la République Démocratique du Congo ?

En d'autres termes comment, face à la complexité de ce conflit, la Radio Okapi a-t-elle mobilisé des ressources humaines, matérielles dans le but d'assurer une bonne couverture médiatique du conflit en Ituri ?

Ces questions constituent les préoccupations auxquelles nous allons tenter de répondre dans ce travail.

II. HYPOTHESE

Dans une situation des conflits identitaires, les médias ont tendance, en vue d'assurer une couverture efficace des événements qui se produisent sur le terrain, de charger les journalistes les mieux informés sur la question et les enjeux dans la région.

A cet égard, ces médias mobilisent souvent des moyens logistiques susceptibles de favoriser la quête de l'excellence qu'ils recherchent à travers la diffusion d'une information de qualité, c'est-à-dire, vraie, objective et opportune.

Tout de même, les médias seraient conscients de reconnaître que le fait de garder dans la zone des conflits des reporters pendant longtemps pourraient éventuellement les exposer à des situations d'insécurité d'autant plus que la présence familière dans la zone de conflit peut amener certains protagonistes à nuire à leur vie sous prétexte qu'ils « espionneraient » ceux-ci pour ceux-là.

Sous cet angle, le principe d'objectivité recommande même que les journalistes originaires de l'une des ethnies en conflits ne soient pas chargés d'assumer une charge. Dans la nébuleuse situation de l'Ituri fortement médiatisée au niveau international et national, il s'est dégagé qu'un organe de presse s'est illustré et démarquer au niveau national, pour être au chevet de l'actualité en rapport avec le conflit. Les journalistes de cette chaîne ont permis à l'opinion et aux organismes tant nationaux qu'internationaux, aux organisations nationales et internationales de défense de droits humains, ainsi qu'au public de se rendre compte non seulement, de l'ampleur des atrocités qui se sont déroulés dans cette partie de la République Démocratique du Congo mais aussi, de tout ce qui a été mis en oeuvre pour la pacification de cette partie du pays.

Ainsi, pensons-nous que la mobilisation des moyens tant humains que matériels pour couvrir une situation conflictuelle, de même qu'une rotation permanente des journalistes constituent des préalables pour donner une information objective.

III. METHODOLOGIE

Eu égard à l'hypothèse émis, il s'avère important d'aborder ce travail en menant une enquête qui nous permettra de mettre en lumière les objectifs que s'était assigné la Radio Okapi en optant pour la couverture médiatique de la situation conflictuelle de l'Ituri. Il s'agira bien évidemment de partir des deux sortes d'activités rationnelles à savoir la rationalité par rapport aux fins et par rapport à des valeurs8(*). En d'autre terme, nous tenterons d'évaluer le niveau d'adéquation entre les moyens humains et matériels mis en disposition par la Radio Okapi et les objectifs attendus dans la couverture médiatique de la situation conflictuelle de l'Ituri.

IV. INTERET DU SUJET

Sur le plan théorique, cette étude nous permettra d'accumuler des connaissances en matière de l'exercice du métier de journaliste en temps de guerre et à cerner les exigences dont il faut tenir compte dans la couverture des conflits. Lesquels la complexité recommande un sens de professionnalisme élevé et des connaissances particulières.

Dans la pratique, nous bénéficierons de l'expérience sur terrain des journalistes qui ont couvert les événements de l'Ituri, expérience qui dans le futur nous permettra de nous armer pour toute éventualité en cas de couverture médiatique d'un conflit armé.

Sur le plan personnel, ce travail nous permettra de nous munir davantage des éléments susceptibles d'enrichir notre bagage en ce qui concerne la situation conflictuelle de cette partie de la province orientale en proie à de multiples conflits.

Par ailleurs, la situation de l'Ituri, vaut une étude minutieuse du comportement des journalistes dans leur pratique, le contact avec les sources d'information, certaines parfois hostiles. Le but final étant de démontrer l'importance que revêt le travail d'un média dans une zone de conflit. Et aussi de plaider en faveur des journalistes, face à leur situation déjà précaire, pour une prise en compte d'une protection à la hauteur de leur travail tant sur le plan national qu'international.

V. DELIMITATION DU SUJET

Notre étude couvre la prestation de la Radio Okapi dans le district de l'Ituri pendant la période allant du mois de mars 2004 au mois de décembre 2005. Le choix sur la période ce justifie par le fait que la Radio Okapi a bien sûr ouvert son antenne à Bunia au début de l'année 2003, mais seulement nous avons pu avoir accès à des archives de la Radio Okapi qu'à partir de l'année 2004, l'année où s'intensifiait les missions onusiennes à travers les localités internes de l'Ituri. Et nous la bouclons au mois de décembre 2005, période des affrontements entre les militaires de l'armée de la République Démocratique du Congo, les Fardc et les miliciens de FNI (Front des nationalistes et Intégrationnistes) de Peter Karim dans le territoire de Mahagi à l'extrême Est du district de l'Ituri au moment où se déroulait le referendum constitutionnel en République Démocratique du Congo.

VI. DIVISION DU TRAVAIL

La présente étude est structurée en trois chapitres. Dans le premier chapitre, nous présenterons le champ de notre recherche en établissant la cartographie de l'Ituri. Il s'agira de faire le point sur la situation géographique du district ainsi que sur sa démographie. Nous épinglerons la question de la migration des populations qui peuplent le district. Nous y tenterons également de déceler les causes lointaines et immédiates du conflit entre les ethnies.

Le second est consacré aux cadres conceptuels et théoriques. Il y sera essentiellement question de définir les concepts clés de notre travail ainsi que la théorie qui sous tend notre analyse.

Le troisième chapitre sera consacré à la couverture médiatique dans une zone de conflit armé. Il sera question, dans la première section, de la compétence et du profil des journalistes en mission dans une zone périlleuse ainsi que les objectifs de la Radio Okapi en Ituri.

Dans la deuxième section, nous allons cerner les compétences matérielles et financières qui ont été mobilisées en vue d'assurer une bonne couverture médiatique, dans la troisième section, nous nous attèlerons à analyser la pratique des journaliste dans la région de l'Ituri.

* 1 Koïchiro Matsuura, L'UNESCO à Belgrade : Le rôle positif potentiel de la presse dans des situations d'après conflit, www.unesco.org

* 2 Colas, D. La sociologie des conflits identitaires et culturels, Ed. Presses des Trois rivières, Montréal, 2001, p 45.

* 3 Médi@ction N°35, Journalistes face aux conflits en Afrique : l'information prise au piège, Internet www.panos-ao.org/article.php3?id_article=2516

* 4 Da Lage. O., La couverture des conflits et les risques militaires Le cas de la guerre d'Irak de 2003-2004, http://mapage.noos.fr/odalage/autres/conflits.html

* 5 Petit, J P., Actualisation de la protection des journalistes en mission périlleuse dans les zones de conflit armé, p 1 www.uparis2.fr/crdh/pub/200105petit.htm

* 6 Art 8, Loi n 96-002 du 22 juin 1996 fixant les modalités de l'exercice de la liberté de la presse.

* 7 ALBERT, P. La presse et la guerre, remarque d'un historien, in l'information dans les conflits armés, harmattan, 2001, p 63.

* 8 Sodaigui, Le processus de rationalisation chez Weber, http://www.chez.com/msodaiguises/theme1.htm

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon