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Problématique de la pauvreté et bidonvillisation en Haiti, le cas de Shada au Cap-Haitien

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par Banet JEAN
Université d'Etat d'Haiti - Licence sciences économiques 1999
  

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SECTION 3. CAUSES SOCIO-POLITIQUES ET INSTITUTIONNELLES

Il est plus facile de trouver des idées communes autour des caractéristiques de la pauvreté que d'en trouver sur ces causes, toutefois nos recherches nous ont permis d'identifier les causes suivantes :

3.1 - Instabilité politique et Institutionnelles

Selon Kern, « l'un des traits fondamentaux de la société haïtienne réside dans le fait que la majorité de la population est soumise à des effets de domination, d'exploitation et de discrimination qui conduisent à de très fortes disparités entre les différentes classes sociales et entre les différentes régions du pays. Au sein de société inégalitaire par excellence, une majorité asservie est écrasée par une minorité dominante »70. L'insatisfaction des besoins fondamentaux engendre des flambées de violence. Cette situation laisse l'avenir de la Première République Noire hypothéqué. Haïti est en train de marquer des pas sur place, au dire de plus d'un. Force est de constater que de 1804 à nos jours, ce pays a toujours connu une série de dictatures plus ou moins sanglantes qui alternant avec des périodes d'anarchies, généralement courtes (L.F. Hoffmann, 1995:196).

69 Rapport National 2004 sur les objectifs du millénaire, pp. 11-12

70 kern, p.260

De l'observation de Fred Doura, depuis 1986, ce pays a connu douze gouvernements et un coup d'Etat sanglant causant la mort de milliers de personnes, induisant un embargo commercial partiel qui a détérioré complètement son économie71. « Neuf présidents et plus d'une quinzaine de gouvernements se sont succédés au pouvoir en Haïti. L'Etat haïtien est caractérisé par une instabilité politique et économique quasiment permanente, et une gestion économique et financière catastrophique. Aucun des régimes qui se sont succédés en Haïti n'a eu la chance de bénéficier du temps de la stabilité pour instaurer de manière durable une politique de développement. Manifestations, graffitis et barricades enflammées, d'un côté, gigantesques murs de maisons aisées, vitres fumés et autres barbelées, de l'autre, témoignent tous d'une situation d'antagonisme important »72.

La quasi inexistante de l'Etat a favorisé pendant deux siècles la succession de régimes autoritaires. En effet, de Jean-Jacques Dessalines à Jean-Bertrand Aristide, respectivement premier et dernier dirigeant en date d'Haïti (2004), les hommes politiques haïtiens se sont souvent proclamés dirigeants à vie ou ont manifesté des velléités allant dans ce sens. Pour y parvenir, ils se transformèrent en despote ayant à leur solde des bandes armées : « Zenglens » sous le Président Soulouque, les macoutes sous Duvalier ou les chimères sous J.-B. Aristide. En outre, le vide institutionnel chronique a permis à l'opposition de fomenter des coups d'Etat, émeutes, soulèvements armés et assassinats qui garantissaient la victoire aux détenteurs des armes. En témoigne ce dicton populaire haïtien : « La constitution, c'est du papier et les baïonnettes, c'est du fer ». Cette conception du pouvoir s'est traduite par la succession de gouvernements éphémères (15 dirigeants sur 47, soit plus d'un tiers, sont restés moins d'un an au pouvoir). En outre, la primauté des armes se manifeste par l'écrasante majorité de gouvernements militaires dans l'histoire d'Haïti (au moins 27 soit près de 60 %), alors que seulement 5 présidents ont été élus au suffrage universel direct73.

Cette situation chaotique que connaissait le pays a découragé les entrepreneurs à investir faute de l'instabilité et l'incertitude. Ce qui a provoqué une forte recrudescence de la violence, la misère, ...

« En raison de la faiblesse des Institutions Politiques, les dirigeants haïtiens ont souvent pillé les caisses de l'Etat. Par des stratagèmes variés, ils ont amassé des fortunes considérables

71 Fred Doura, p34

72 Didier Dominique, p.9

73 M@ppemonde, p.6

en détournant l'aide internationale, en prélevant un pourcentage élevé des taxes et des impôts et en se livrant à des trafics de tout genre. La fortune de J.-C Duvalier (1971-1986) a été évaluée à 120 millions de dollars et celle de J.-B Aristide (1994-1996 et 2000-2004) s'échelonnerait entre 200 et 800 millions de dollars »74. N'est-ce pas dans cette lignée que LUNDAHL, dans ses réflexions sur les causes de la pauvreté en Haïti, avance à penser que « se sont surtout les forces politiques combinées à des facteurs structurels, comme la croissance démographique et l'érosion, qui sont responsables de l'appauvrissement rural en Haïti et non les imperfections du marché »75. Ces derniers temps, on a pu constater une forte migration interne, où les paysans laissent la campagne pour venir s'installer dans les grandes villes notamment au Cap-Haïtien en vue de trouver une amélioration dans leur vie quotidienne. Les causes de cette migration sont multiples notamment le manque d'infrastructures de bases, telles: Routes, Education, Santé, Loisirs. Ils sont en quête d'une vie meilleure.

L'agriculture a connu une diminution de 32% de sa valeur ajoutée de 1990/91 à 1993/94 ...Durant cette même période, le produit national brut (PNB) a baissé de plus de 17% en 1992/93, puis encore de 10% en 1994 (BM, 1998, vol.II, 1).Cet échec a une incidence majeure sur l'économie avec:

- Une croissance économique négative et faible du PIB (4 millions $ en 2002 contre -3,5 millions en 2004

- Déséquilibre budgétaire permanent

- Investissement public insuffisant

- Chômage très élevé

- Augmentation élevée de la pauvreté.

- Pillage systématique au niveau des administrations publiques76.

74 Ibidem

75 LUNDAHL, pp. 243-263

76 www.radiocanada.ca, Haiti : Entre la dictature et la pauvreté

Tableau 2.9- Des Gouvernements D'Haïti, 1956@ 2004

Nemours Pierre-Louis

12 décembre 1956 - 3 février 1957

Franck Sylvain

7 février 1957 - 2 avril 1957

 

Daniel Fignolé

25 mai 1957 - 14 juin 1957

 

François Duvalier

22 octobre 1957 - 21 avril 1971

 

Jean-Claude Duvalier

22 avril 1971 - 7 février 1986

Leslie F. Manigat

7 février 1988 - 20 juin 1988

 

Henri Namphy

20 juin 1988 - 18 septembre 1988

 

Prosper Avril

18 septembre 1988 - 10 mars 1990

 

Ertha Pascal-Trouillot

18 mars 1990 - 7 février 1991

 

Jean-Bertrand Aristide

7 février 1991 - 7 février 1996

 
 

René Gracia Préval

7 février 1996 - 7 février 2001

 

Jean-Bertrand Aristide

7 février 2001 - 29 février 2004

 
 

Boniface Alexandre

29 février 2004 -

 

SOURCE: http://www.infolimone.it/l/li/liste_des_presidents_d_haiti.html

« Cette instabilité politique a eu pour conséquence le retrait de certains investisseurs nationaux et internationaux, compte tenu du risque très élevé qu'on court en Haïti. Cette situation augmente d'avantage la pauvreté à Shada et encourage souvent des émeutes. L'intensité des conflits portant sur la conquête du pouvoir et la répartition des richesses ne permet pas aux gouvernements d'acquérir la cohésion et la force internes nécessaires à l'accomplissement des taches impératives à l'Etat. La nation ne peut accéder à une phase de développement, qui postule les changements structurels et des réformes drastiques. Les dirigeants restent

incapables d'assurer la capacité d'adaptation du pays aux défies du dedans comme du dehors »77.

Pour sa part, Alex Dupuy, dans son analyse voit l'appauvrissement d'Haïti comme « le produit du sous-développement structurel de l'économie haïtienne, comme l'a souligné tantôt Kern. Le système d'exploitation agricole ayant une répercution vraiment négative sur la taille des exploitations agricoles et d'une part les relations entre les différentes catégories des couches paysannes, telles : les grands dons et les petits paysans victimes du système de deux moitiés, et d'autre part, l'inefficacité du système traditionnel ou archaque pratiqué dans le quotidien du paysan haïtien, caractérisé par la faiblesse du soutien ou le manque d'encadrement de l'Etat haïtien à ce dernier »78.

3-2 Situation socio-économique et Développement Humain

Durant ces dernières années les conditions de vie de l'haïtien s'aggrave, notamment du point de vue socio-économique. Les derniers rapports de la CNUCED en sont des révélations. Ils révèlent tout, la généralisation de la pauvreté, c'est-à-dire le développement d'une situation où la plus grande partie de la population dispose d'un niveau de revenu à peine suffisant ou insuffisant pour satisfaire ses besoins primaires. La pauvreté empointe une voie à un point tel, les différentes ressources disponibles de l'économie, même équitablement reparties, ne pourraient pas tenir longuement pour assurer la survie de la population dans sa quête de satisfaire ses besoins les plus essentiels.

Les faits montrent bien que :

- L'espérance de vie à la naissance passe de 53.7 ans en moyenne en 1997 contre 52.4 en 2001 ;

- La persistance de la sous-alimentation et de la malnutrition ;

- Faible investissement en capital humain ;

- Mauvaises conditions hygiéniques, faible accès aux services de santé et à l'eau potable, mortalité infantile élevée, prévalence de maladie infectieuses, ...79.

Les éléments essentiels du bien-être dans un Etat-nation sont le niveau du revenu réel

par habitant, le niveau d'éducation, la santé et l'espérance de vie de la population. Le PNUD (1998 : 16), fait référence à un indicateur composite construit.

77 Kern, p.258

78 Alex Dupuy, p.100

79 CNUCED, p. 75

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo