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Le parquet général de Rouen sous la monarchie de Juillet (1830-1848)

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par Julien Vinuesa
Université de Rouen - Maîtrise d'histoire 2004
  

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Annexe 5 : Date d'installation des premiers avocats généraux :1830-1848395(*).

3 septembre 1830

M. Daviel

4 novembre 1833

M. Gesbert

3 novembre 1840

M. Rouland

4 Juin 1843

M. Chassan

Annexe 6 : Philosophie et histoire vues par le premier avocat général Gustave Rouland.

« Le discours d'usage a été prononcé par M. Rouland, maintenant premier avocat général. L'honorable magistrat avait pris pour thèse la nécessité, pour la magistrature, d'adjoindre à ses études professionnelles des études générales puisées aux diverses branches des connaissances humaines, afin qu'elle conquière sur la société cette autorité morale et cette influence prépondérante qui lui manquent aujourd'hui M. Rouland n'est point de ces orateurs auxquels on pourrait faire honneur ou reproche d'une parole vide et brillamment sonore ; chez lui, au contraire, la pensée, toujours substantielle, réfléchie, souvent profonde, forte, pressée et juste, manquerait plutôt de coloris et de vibration. Il enchaîne les idées avec une grande puissance de logique, mais l'abondance même de ses idées nuit à leur ordre de génération et à leur clarté ; elles gagneraient à être plus élémentaires et plus à la portée du vulgaire. Le discours d'hier n'a donc pas produit autant d'effet qu'en aurait peut être excité une oeuvre plus faible de pensée, mais plus palpitante et plus limpide par l'expression. Il pourra être médité avec fruit dans le cabinet ; il a paru un peu trop métaphysique pour être prononcé dans une réunion publique »

« Tout en s'écartant de l'abus des abstractions métaphysiques, [le XIXe siècle] a, pourtant pris dans la philosophie le point de départ de ses opinions et de ses recherches. Cette philosophie, qui ne s'appelle ni Condillac, ni Kant, ni Schelling, qui procède simultanément de la droiture du coeur et de l'indépendance de la réflexion, répudie les écoles exclusives, et armée des méthodes de la logique pure, elle demande au raisonnement, non des théories, mais la vérité. Elle n'a d'autre orgueil que celui de la perfectibilité humaine, et elle se plaît à avouer qu'elle doit à la spontanéité de la conscience le dogme fondamental de l'existence de Dieu, de la matière et de l'âme immortelle [...]. L'histoire a cessé d'être une chronologie stérile, un tissu de récits infidèles. La lumière a brillé dans ce chaos où les hommes, les événements et les époques n'avaient ni leur explication ni leur physionomie. Un spectacle imposant s'est alors offert à notre admiration. Le monde secoue la poussière des temps passés ; le voici devant nous, s'avançant à travers les révolutions, dans les routes que la Providence lui a frayées ! Ses destinées ne sont plus un mystère : industrie, art, moeurs, religion, gouvernement, tout est interrogé, tout raconte son origine et ses oscillations, tout concourt, en vertu de lois éternelles, à l'amélioration progressive des sociétés [...]. C'est à la science historique et à ses résultats que nous devons cette élévation de vues, cet esprit de généralisation, cette critique rationnelle sans laquelle le monde intelligible et vivant au jour le jour ne nous apparaîtrait plus que comme le produit du hasard et le jouet de la fatalité [...]. Messieurs, nous venons de définir les hautes études qui initieront la magistrature à la vie sociale, accroîtront ses talents et sa raison, et lui obtiendront l'influence qu'elle n'a pas. Douterait-on de la nécessité des rapports à créer entre la philosophie, l'histoire et le droit ? L'évidence, nous le croyons, viendrait bientôt jaillir à tous les yeux [...]. Or, essayez de séparer la philosophie de l'étude du droit, qu'arrivera-t-il ? Le magistrat qui doit confondre le sophisme n'aura pas même les premiers rudiments de la logique [...]. Il n'y avait pas moins d'inconvénient à isoler la magistrature des études historiques. L'histoire est le plus riche commentaire du droit [...]. L'histoire et ses méthodes d'observation doivent s'allier à nos travaux [...]. Vous ne jugez bien les faits contemporains qu'avec la science des précédents, et, sous l'impression des graves leçons de l'histoire, quand il faut faire tête aux systèmes qui tourbillonnent à la surface du pays, votre raison grandit , votre coeur s'échauffe, et la mission de la magistrature s'accomplit avec autant d'intelligence que de fermeté [...]. La philosophie et l'histoire sont l'expression la plus élevée du mouvement intellectuel, et que c'est par l'intelligence générale qu'il convient de vérifier la science du droit [...]. Que la magistrature se lève donc, au nom du devoir, au nom de l'amour de la patrie, au nom de la religion du serment ! Que, dans ses fonctions, elle cherche la force qui sort de la sincérité des opinions et de l'exercice viril de la pensée ! »

« M. Rouland est du petit nombre de ces hommes de qui l'on peut dire qu'ils prêchent d'exemple. L'orateur n'a donné là que des conseils qu'il a mis en pratique depuis longtemps, et dont il a pu personnellement éprouver toute l'efficacité. La collaboration de M. Rouland à la Revue de Rouen a prouvé qu'il est fort versé dans les études historiques et philosophiques ; la puissance d'argumentation, la solidité de jugement, la gravité et l'autorité de la parole, qu'il en a retirées et portées dans les débats judiciaires, soit au criminel, soit au civil, sont choses connues à Rouen »396(*).

* 395 Installations, nominations, prestations de serment des magistrats, An XIII-1865, 2U 134.

* 396 Journal de Rouen, le mercredi 4 novembre 1840.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams