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Le parquet général de Rouen sous la monarchie de Juillet (1830-1848)

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par Julien Vinuesa
Université de Rouen - Maîtrise d'histoire 2004
  

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B-Une protestation générale.

Après la nouvelle des destitutions, l'émotion est vive dans le monde judiciaire rouennais. Le Journal de Rouen retranscrit l'indignation ambiante : « Le sentiment général hier [...] a été celui de la surprise et de l'indignation [...]. Cette fois, la réprobation était unanime et venait de tous les partis »70(*). Le journal est convaincu que la raison des destitutions est effectivement le refus de la messe. La cause est entendue : « leur révocation coïncide avec leur refus à cette égard ; c'est un fait trop palpable pour que le rapprochement échappe aux esprits les plus obtus »71(*). Le Journal de Rouen, attaché aux idées libérales de gauche, craint le retour de l'obscurantisme religieux et la remise en cause des libertés individuelles : « Car il ne faut pas s'y méprendre : les destitutions des deux magistrats du parquet ne sont autre chose que le triomphe du bigotisme et de l'hypocrisie sur l'indépendance d'opinion et la liberté de conscience »72(*). Néanmoins, le Journal de Rouen reprend un article du National confirmant pourtant l'hypothèse d'une deuxième vague épurative : « M. Aroux est député, et il a compté à la dernière session dans l'opposition la plus modérée. Le voilà destitué, sans qu'il y ait à cette destitution aucun prétexte connu. Ainsi le système des épurations se continue et s'étend »73(*).

Autour d'Aroux et Tranchard s'organise un élan de solidarité et de mobilisation. Le matin, un grand nombre de magistrats dont les membres du tribunal de première instance, des fonctionnaires et même de simples citoyens viennent rendre visite au deux révoqués. Dans l'après-midi, les avocats présents dans le palais et leur bâtonnier font de même. « Le soir, une sérénade leur a été donnée, près de mille citoyens, appartenant à la magistrature, au barreau, au commerce, à l'industrie, se sont réunis et ont été, avec un orchestre improvisé, composé de musiciens du théâtre et de la garde nationale, protester contre la mesure brutale que tout Rouen blâme avec tant de raison »74(*). Les morceaux joués sont significatifs : La Marseillaise et Veillons au salut de l'Empire, l'un est l'hymne des républicains, l'autre celui des bonapartistes. La tendance politique des révoqués se situent, à l'évidence, dans ces airs. On exalte l'indépendance et le courage des deux parquetiers, en criant « Vivent les magistrats indépendants ! Vive la liberté de conscience ! ». À la fin de la manifestation concertante, certains envisagent de rendre une visite impromptue au procureur général Moyne « et de le saluer d'une très discordante musique »75(*). Finalement, les proches des révoqués les en dissuadent. En cette fin de soirée, une rumeur grandit : on parle d'une possible démission du premier avocat général Alfred Daviel : « chacun témoignait l'intention, si cette nouvelle se confirmait aujourd'hui, de renouveler pour M. Daviel l'ovation à laquelle on venait de prendre part »76(*).

* 70 Journal de Rouen, numéro 220, du jeudi 8 août 1833.

* 71 Ibid.

* 72 Ibid.

* 73 Ibid.

* 74 Ibid.

* 75 Ibid.

* 76 Ibid.

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