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Sélection adverse dans la consommations des microcrédits par les groupes de prêts

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par Abadajyé Nicole A TCHOKPON
Université d'Abomey Calavi - Maîtrise es Economie 2003
  

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LES FIGURES

FIGURE 1 : Composition du marché par type de groupe et

par année. 42

FIGURE 2-A : Définition de la zone de satisfaction de l'institution

avec et . 43

FIGURE 2-B : Définition de la zone de satisfaction de l'institution

avecet . 44

FIGURE 3 : Composition du marché par type de groupe

et par année selon la condition de satisfaction de l'institution 45

FIGURE 4 : Définition de la zone de risque de sélection adverse

pour l'institution. 46

INTRODUCTION

L'un des objectifs des pouvoirs publics est d'assurer la croissance économique à travers le recours à l'investissement comme l'un de ses principaux moteurs. L'investissement est à son tour déterminé par le dynamisme des entreprises. Aussi les actions gouvernementales visent-elles souvent à encourager le développement desdites entreprises en leur facilitant l'accès au crédit donc à l'investissement. En effet, le financement de l'économie constitue un aspect important de la stratégie de développement, et il est assuré entre autres, par la mise en place de crédits qui jouent un rôle prépondérant à ce niveau.

Au Bénin, une telle volonté de financement de l'économie a toujours été affirmée, et s'est traduite, au cours des trois décennies qui ont suivi les indépendances par la création des banques classiques (BCB, BBD, etc.). Malheureusement, l'expérience n'a pas fait long feu. Le non respect des normes de prudence applicables à un tel mode de financement a tôt fait de conduire ces établissements à la banqueroute1(*). Une réforme du système financier s'est donc avérée nécessaire.

Mais, malgré la libéralisation du système bancaire et sa re-dynamisation suite à la crise, le financement de l'économie par les banques classiques reste insuffisant. Le réseau bancaire est étroit et offre une intermédiation limitée. De même, les conditions d'octroi du crédit sont inadéquates. Leurs services sont, en effet, orientés vers une clientèle soumise aux contraintes des garanties matérielles exigées par lesdites banques et que la grande majorité des demandeurs de crédit ne peut fournir.

Toutes ces conditions réunies ont provoqué l'émergence d'un système financier intermédiaire. Ce dernier est constitué d'institutions de micro-finance (ou système de financement décentralisé) plus ou moins bien structurées. Ces institutions offrent leurs services à une clientèle variée évoluant aussi bien dans les zones urbaines que rurales. Elles accordent des crédits selon plusieurs modalités dont notamment le crédit individuel et le crédit de groupe. C'est ce dernier qui fera l'objet de notre étude.

Inspiré de l'initiative de la Grameen Bank de M. YUNUS ainsi que de toutes les autres formes d'institutions de microfinance qui l'ont suivie, le crédit de groupe est caractérisé par l'octroi de crédit à plusieurs micro-entrepreneurs réunis en groupe, dont la taille varie entre trois et sept personnes, et qui n'ont comme garantie à présenter que la caution solidaire. Le succès rencontré par cette modalité d'octroi de crédit le fit exporter au-delà des frontières du Bangladesh2(*).

Ce succès a aussi inspiré une littérature abondante sur les avantages potentiels de ce type de crédit. Cette attention particulière portée au crédit de groupe réside dans l'avantage différentiel qu'il offre, relativement au crédit individuel, notamment en matière de résolution des problèmes d'asymétrie d'information (en particulier celui du problème de la sélection adverse).

L'intérêt ainsi porté au rôle joué par l'information en microfinance résulte du développement des recherches en sciences économiques et qui consacre la remise en cause des hypothèses de la microéconomie classique par l'ensemble des nouvelles théories regroupées sous l'appellation de nouvelle microéconomie. Cette dernière met en exergue l'importance de l'information. Celle-ci, supposée parfaite dans la théorie classique, est désormais vue comme un bien qu'un agent économique peut détenir, totalement ou partiellement, au détriment d'un autre agent. Il en découle une asymétrie d'information qui provoque un déséquilibre faisant courir un risque parfois élevé à l'une ou l'autre des parties en présence.

C'est à cette situation que sont confrontées les institutions de micro-finance sur le marché du crédit, marché sur lequel, elles n'ont pas suffisamment d'information sur les comportements en matière de remboursement des emprunteurs. Elles ne peuvent en effet pas distinguer les emprunteurs sans risque des emprunteurs à risque. Ce manque d'information peut entraîner une sélection des emprunteurs à risque et des défaillants au détriment des emprunteurs sans risque. Une telle mauvaise sélection peut s'avérer nuisible pour elles, et ce d'autant plus que toute sélection de la première catégorie peut hypothéquer la nécessaire pérennisation des activités de microfinance. En tout cas, il est évident que les institutions de microfinance ne peuvent pas observer parfaitement le comportement de toute leur clientèle, même si elles disposent d'organes de contrôle.

Mais, pour de nombreux auteurs, le crédit de groupe semble apporter une solution à ce problème sur le marché du crédit. Le groupe de prêt peut, en effet, se substituer aux institutions de microfinance dans la collecte de l'information, même en milieu urbain où les flux migratoires et le renouvellement d'emploi sont importants et, où, l'information sur la solvabilité du client potentiel est peu abondante. Or, les emprunteurs savent mieux que les institutions de micro-finance le niveau de risque qu'ils représentent et qu'ils font courir à l'institution. D'où le groupe de prêt constituerait un atout pour les institutions de microfinance en ce sens qu'elle leur permettrait d'avoir un marché de crédit avec un faible risque de sélection adverse. Le groupe se charge lui-même, en effet, d'éliminer autant que possible, de son propre sein, les emprunteurs à risque élevé. Ce qui se répercute sur la composition du marché, et par conséquent diminue le risque de sélection adverse.

C'est au regard de cette qualité du crédit de groupe à réduire le risque de sélection adverse sur le marché, que nous avons porté notre choix sur ce type de crédit. Avec cette particularité, peut-il y avoir sélection adverse sur le marché ? Telle est l'interrogation qui justifie le choix de notre thème à savoir:

"Sélection adverse dans la consommation des micro-crédits

par les groupes de prêt."

Nous nous efforcerons, tout au long de notre travail, de répondre à cette interrogation. Pour y parvenir, la démarche suivante est proposée :

q dans le premier chapitre, il sera présenté le cadre méthodologique du travail ;

q dans le deuxième chapitre, nous présenterons le marché des micro-crédits au Bénin et ses différents acteurs ;

q et dans le troisième et dernier chapitre, nous présenterons les résultats empiriques, l'analyse des résultats, la vérification de nos hypothèses de travail et ferons pour finir quelques recommandations .

1ER   CHAPITRE

CADRE MÉTHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE.

Dans le présent chapitre, nous poserons d'abord la problématique et les questions de recherche, nous exposerons ensuite les objectifs ainsi que les hypothèses de notre travail et enfin, nous présenterons la revue de littérature, et la méthodologie de recherche.

1.1 PROBLÉMATIQUE

Au Bénin, comme dans la plupart des pays en développement, le système bancaire classique est difficilement accessible à un grand nombre de micro-entrepreneurs. Cette mise à l'écart de ceux-ci par les banques est due, entre autres raisons, aux exigences drastiques de sûretés réelles demandées par lesdites banques.

Confrontés à ces problèmes, les micro-entrepreneurs, désireux d'avoir des crédits pour financer leurs activités, se tournent vers d'autres structures : les prêteurs du secteur informel. Ces derniers, proches de leurs clients, fournissent des services financiers à des taux d'intérêt élevés, voire à des taux d'usure (de 10% à plus de 100% par mois)3(*).

A ces taux prohibitifs, les prêteurs réalisent certes des bénéfices, mais les comportements de remboursement des emprunteurs sont aléatoires. En effet, à des niveaux de taux d'intérêt pareils, la grande majorité de la demande de crédit risque de provenir de micro-entrepreneurs hasardeux, les autres micro-entrepreneurs préfèrent s'abstenir. Ces micro-entrepreneurs déjà exclus du marché bancaire, se retrouvent à nouveau hors du marché de la finance informelle.

Cet état de chose provoqua chez l'économiste M. YUNUS, père de la microfinance, l'idée de prêter de sa poche des crédits de petits montants appelés micro-crédits à ces micro-entrepreneurs. Ce mode d'octroi du prêt exigeait que les demandeurs de crédit soient constitués en groupes avec pour contrainte fondamentale que les membres d'un groupe donné soient solidairement responsables du prêt contracté, en ce sens que le comportement de l'un des bénéficiaires du groupe conditionnerait l'accès au crédit des autres.

Cette initiative, connue sous le nom de Grameen Bank, donna naissance à la modalité du crédit de groupe adoptée aujourd'hui par la plupart des institutions de microfinance4(*). Cette modalité de prêt consiste à accorder des crédits de montants divers ou égaux, simultanément ou successivement, à un nombre variable de personnes ayant des activités génératrices de revenu. Le crédit de groupe, grâce à sa forme particulière de garantie, la caution solidaire, permet d'optimiser les remboursements. Cette modalité d'octroi de crédit donne ainsi l'opportunité à tous les types de micro-entrepreneurs d'accéder aux crédits. Bien plus, le crédit de groupe semble apporter des solutions à certains problèmes informationnels, notamment la sélection adverse, rencontrés par les institutions de micro-finance sur le marché du crédit.

Les études de plusieurs auteurs [LAFFONT et N'GUESSAN (1999); AGHION et GOLLIER (1999); GHATAK et GUINNANCE (1999); I. GUÉRIN (2001); etc.] prouvent, en effet, que le système de crédit de groupe minimiserait le risque de sélection adverse pour les institutions de micro-finance. Pour certains auteurs, cet avantage s'explique par le fait qu'il revient aux membres du groupe eux-mêmes de se sélectionner et qu'ils sont supposés mieux se connaître que les institutions ne le peuvent. Pour d'autres, cet avantage s'expliquerait par l'effet de la caution solidaire qui crée un contrat moral entre les membres et également par le fait qu'il y ait transfert de risque des institutions vers les groupes bénéficiaires du crédit. Dans le même ordre d'idées, AGHION et GOLLIER (2000) ; N. OSVALDO et L. ANDERSEN (2000) ont été plus loin en montrant que cette modalité de crédit a l'avantage de faire baisser le niveau du taux d'intérêt tout en accroissant les taux de remboursement.

Mais ces différentes analyses semblent se limiter à une approche théorique, car on se pose la question de savoir si, une fois cette formule adoptée, les institutions de microfinance sont à l'abri d'une sélection adverse. Jusqu'à présent, aucun travail empirique n'a été produit pour tester la robustesse des conclusions théoriques établies à ce niveau.

Une telle vérification est nécessaire, et ce d'autant plus qu'il arrive dans certains groupes, qu'une seule personne s'entoure de proches parents ou des personnes choisies pour constituer le groupe dans le seul but de solliciter le prêt de groupe. Il s'agit de groupes "artificiels" créés de toutes pièces par une seule personne dans le seul but d'obtenir des fonds et de les utiliser de manière personnelle. Dans ces conditions, l'intéressé ploie sous une dette importante qu'elle se trouve parfois incapable de rembourser. Dans d'autres groupes, par contre, il peut se glisser des "free-riders5(*)" dont le comportement opportuniste bouleverse le bon fonctionnement du groupe. Ils profitent du caractère solidaire du groupe pour bénéficier juste d'un crédit qu'ils ne sont pas en mesure de rembourser à l'échéance. Dans ces cas, certains membres peuvent s'opposer à tout remboursement de la dette du défaillant allant jusqu'à mettre à exécution leurs menaces de se retirer du groupe. Cette défaillance d'un partenaire (anticipée par un membre ou non), peut entraîner par le phénomène de défaillances en chaînes (les autres membres restants se voient dans l'incapacité de supporter la charge du crédit à rembourser), un défaut de remboursement collectif allant jusqu'à la dissolution du groupe.

Par conséquent, les groupes accusent des retards de paiement ou ne remboursent que partiellement ou, parfois, pas du tout le crédit. Ce qui induit, pour les institutions de microfinance, une opération de "mauvais crédit" et elles se retrouvent ainsi confrontées à un problème de sélection de mauvais groupes.

La présence de tels comportements, venant de la part de groupes de prêt sur le marché, nous amènent à nous poser les questions suivantes :

- existe-t-il des groupes ayant de mauvais comportements de remboursement sur le marché ?

- quelle est l'importance relative de ces groupes à mauvais comportements de remboursement sur le marché ?

- quel est l'impact de la présence de ces groupes sur la nature du marché ? Y a-t-il sélection adverse ou non sur le marché ?

1.2 LES OBJECTIFS ET HYPOTHÈSES DE RECHERCHE

1.2.1 Objectif principal

L'objectif principal de notre étude sera de tester la sélection adverse dans la consommation des micro-crédits par les groupes.

Autrement dit, il s'agira pour nous de procéder à un test d'hypothèses nous permettant d'accepter ou de rejeter l'existence de sélection adverse sur le marché des micro-crédits consommés par les groupes de prêt.

1.2.2 Objectifs spécifiques

Pour atteindre notre objectif principal, nous avons formulé les objectifs spécifiques suivants :

- montrer que les IMF sont confrontées à deux types de groupes de prêt sur le marché, les uns ayant un bon comportement de remboursement et les autres non ;

- déterminer les proportions respectives de chacun de ces deux types de groupes présents sur le marché ;

- établir l'existence ou non de sélection adverse sur le marché.

1.2.3 Hypothèses de recherche

Des objectifs spécifiques définis ci-dessus, nous tirons les hypothèses ci-après:

Hypothèse n°1 : Tous les groupes n'ont pas les bons comportements de remboursement recherchés par les IMF.

Hypothèse n°2 : La proportion des groupes ayant les bons comportements recherchés par les IMF est dominante sur le marché.

Hypothèse n°3 : Les prêts de groupe réduisent le risque de sélection adverse sur le marché du microcrédit.

1.3 REVUE DE LITTÉRATURE

La sélection adverse est un phénomène lié à l'asymétrie d'information dans le rapport offre-demande conduisant à des effets pervers tels que la sélection des mauvais clients6(*).

Elle a trait à des situations où le type des agents n'est pas observable de sorte qu'un côté du marché doit estimer le type ou la qualité d'un produit sur la base du comportement de l'autre côté du marché [H. VARIAN, 1994]. Elle montre que l'agent victime du manque d'information risque de sélectionner uniquement les mauvais produits [M. MONTOUSSE, 1999].

Déjà, dans les années soixante-dix, les problèmes liés à l'asymétrie d'information ont été connus grâce aux travaux de l'économiste AKERLOF, G. Il a montré comment l'asymétrie d'information peut faire apparaître la sélection adverse sur les marchés. Son étude analyse un marché où les vendeurs sont mieux informés que les acheteurs sur la qualité du bien que ceux-ci choisissent. L'exemple retenu par AKERLOF (1970) est celui du marché des voitures d'occasion, les fameux " lemons7(*)". Il décrivit les circonstances du problème de ce marché où les voitures de mauvaise qualité peuvent "chasser" les voitures de bonne qualité du marché.

J. STIGLITZ et A. WEISS (1981) ont été les premiers à détecter ce phénomène sur le marché du crédit. J. STIGLITZ et A. WEISS (1981) ont montré, à leur tour, comment l'asymétrie d'information peut empêcher la transparence sur le marché du crédit et conduire au rationnement du crédit. En effet, pour J. STIGLITZ et A. WEISS (1981), les banques ne sont pas suffisamment informées sur le risque des projets des emprunteurs et par conséquent ne peuvent pas faire la distinction entre les emprunteurs à risque faible et les emprunteurs à risque élevé. Les banques, pour couvrir les risques, augmentent les taux d'intérêt. Les taux deviennent alors inefficacement élevés et les emprunteurs à faible risque sont "chassés" du marché (effet sélection adverse).

Ainsi, comme sur tous les autres marchés, celui de la microfinance est aussi confronté aux problèmes liés à l'asymétrie de l'information. Cette dernière fait référence à une situation dans laquelle l'une des parties en transaction détient plus d'informations que l'autre partie à propos de ladite transaction8(*). Elle débouche sur les problèmes de sélection adverse et de risque moral. Sur le marché du crédit, les bénéficiaires sont les plus informés et les institutions les moins informées. La Grameen Bank puis le réseau ACCION International9(*) ont apporté les solutions à ce problème en regroupant un nombre restreint de personnes bénéficiant d'un crédit avec comme garantie la caution solidaire. Le succès rencontré par ces deux modèles a poussé de nombreux économistes [LEDGERWOOD (1999) ; J-J. LAFFONT et T. N'GUESSAN (1999); B. Armendáriz de AGHION et C. GOLLIER (2000), et bien d'autres] à s'intéresser à la modalité du crédit de groupe. Aussi ces dix dernières années, une littérature abondante s'est-elle développée sur les micro-crédits, notamment les crédits de groupe. J. LEDGERWOOD (1999), B. Armendáriz de AGHION, C. GOLLIER (2000) et bien d'autres auteurs s'accordent à montrer les avantages liés à la pratique de ce type de crédit très répandu surtout dans les milieux ruraux.

L'un des avantages de cette modalité est le recours à la pression sociale (caution solidaire) qui sert de substitut aux garanties matérielles [J. LEDGERWOOD, 1999]. Cette pression crée un certain dynamisme au sein du groupe qui tend à améliorer ses taux de remboursement. En effet, cette pression exercée par les autres membres du groupe incite au bon remboursement collectif des prêts, chaque membre évitant de pénaliser les autres (remboursement solidaire, épuisement de l'épargne minimum) et ne souhaitant pas subir la sanction sociale (menace d'exclusion du "fautif" du groupe lors de la prochaine demande de crédit). Le risque d'une mauvaise utilisation du crédit productif par le bénéficiaire est donc atténué.

La caution solidaire réduit le risque du "free-riding" (phénomène du passager clandestin). La réduction du risque de "free-riding" associée à la garantie solidaire peut être comprise comme une combinaison d'une garantie ex ante et d'une garantie ex post [E. WILLIAMSON, 1994]10(*). La première s'expliquant par le fait que ce sont les membres qui se choisissent mutuellement, et la seconde par le fait que les membres sont solidaires en cas de non-remboursement. Il apparaît pour les prêteurs, d'une part, que les comportements opportunistes des bénéficiaires du crédit sont évités et, d'autre part, que, en procédant par incitation (promesse d'un crédit futur plus important à condition que les remboursements précédents soient bien effectués) lesdits prêteurs peuvent obtenir des taux de remboursement croissants sans qu'on ait eu recours aux garanties matérielles.

La caution solidaire réduit également le risque par un simple processus de diversification au sein de chaque groupe [BERENBACH et GUZMAN, 1994]11(*). Ainsi, le fait que les emprunteurs aient des activités différentes serait considéré comme un facteur positif [ALBERT, 1997]12(*) en ce sens que, lorsque des membres appartenant à des secteurs d'activité en crise connaîtront des difficultés conjoncturelles liées au secteur lui-même, et risquant d'hypothéquer le respect des échéances de remboursement, les autres interviendront pour assurer le remboursement effectif à bonne date. Par contre, les auteurs s'opposent parfois lorsqu'il s'agit de traiter de la taille (petite ou grande) des groupes. Si certains estiment qu'un groupe plus grand est théoriquement préférable puisqu'il permet une plus grande diversification du risque [HUPPI et FEDER, 1990], d'autres, plus nombreux, estiment au contraire que c'est la petite taille d'un groupe qui en assure l'homogénéité dans la mesure où elle facilite la pression directe et le contrôle de la bonne utilisation des fonds obtenus [WENNER, 1995]13(*). Dans tous les cas, seule une meilleure utilisation des crédits permet un bon remboursement du crédit. Et de ce point de vue, on peut dire que plus la taille du groupe est grande, difficile est le contrôle qui peut s'y exercer, ce qui n'est pas sans affecter la performance de l'ensemble du groupe.

L'autre avantage du crédit de groupe réside dans la réduction des coûts de transaction pour les prêteurs [G. VAQUERO, 1992 ; BERENBACH et GUZMAN, 1993]. Le crédit solidaire permet aux prêteurs de transférer aux membres du groupe une partie importante des coûts liés à la sélection et au contrôle. Grâce, en effet, à la caution solidaire, les prêteurs délèguent aux clients la responsabilité de choisir eux-mêmes les personnes avec lesquelles ils partageront des intérêts communs [LEDGERWOOD, 1999]. Ce transfert permet aux institutions de microfinance de réaliser des économies d'échelle (atteindre une clientèle plus importante avec une augmentation minimale des coûts d'exploitation), même en situation d'information asymétrique.

L'auto-sélection implique une rigueur sévère qui minimise le risque de sélection adverse. En effet, les membres sont plus à même d'identifier lequel d'entre eux présente un risque élevé d'insolvabilité de celui qui a un risque faible. Le regroupement financier et social crée un certain dynamisme de groupe (la présence d'un bon chef de groupe, la bonne composition du groupe et la solidarité en son sein...) qui peut contribuer à améliorer les taux de remboursement.

Ce principe d'auto-sélection ajouté au droit de regard du groupe sur l'utilisation du crédit évitent à l'institution la recherche d'information sur la qualité des emprunteurs [I. GUERIN, 2001]. Toute défaillance anticipée est jugée par le groupe et combattue par la pression sociale de telle sorte qu'elle joue un rôle incitatif en faveur des remboursements. Cette modalité d'octroi de crédit aurait un double avantage : pour les emprunteurs "insolvables", c'est le seul moyen d'accéder au crédit et, pour l'institution prêteuse, c'est le moyen de limiter les risques liés à l'asymétrie d'information et, donc de réduire les coûts. Le crédit de groupe doit permettre d'internaliser le coût de gestion de l'information. A travers le groupe, l'institution prêteuse délègue la gestion de l'information à la fois ex ante (sélection des emprunteurs solvables) et ex post (surveillance et contrôle des comportements de remboursement) [I. GUERIN, 2001] .

La plupart des recherches de ces auteurs ont été effectuées dans les institutions des pays en développement, mais qui ne se trouvent pas nécessairement dans les mêmes conditions que ceux du Bénin.

En ce qui concerne particulièrement le cas du Bénin, AGNIKPE (1998) fait remarquer que les regroupements en petits groupes dans les zones rurales semblent donner de bons résultats, notamment dans le sud du pays. Ce qui fait que le crédit solidaire a de bonne chance de réussir. Poussant plus loin leur appréciation et se basant sur les résultats de leur étude, ACLASSATO D. et al (2001) ont montré que les groupes solidaires comme système de garantie peuvent être très efficaces, même dans un contexte africain tel que celui du Bénin où les coûts d'acquisition de l'information continuent d'être une barrière à l'octroi des crédits. Ils affirment que les taux de remboursement élevés, constatés dans la plupart des systèmes de financement décentralisés étudiés, ne sont pas fonction des garanties matérielles. Ces dernières peuvent, d'ailleurs, s'avérer des fois nuisibles car, au moment de la réalisation desdites garanties en cas de défaut du bénéficiaire, les institutions peuvent se heurter à des problèmes de valeur marchande en baisse, à la mauvaise volonté des garants et, parfois plus grave, à la non-disponibilité des biens [PADME, 2001].

Même si D. ACCLASATO et al (2001) ont ressorti les avantages de la caution solidaire, en ce qui concerne les taux de remboursements dans les SFD, ils n'ont pas fait une distinction entre les taux de remboursement du crédit de groupe et celui du crédit individuel. Cette distinction aurait pourtant permis de comparer les performances de chaque type de crédit. Elle permettrait ainsi de déterminer lequel des deux types de crédit réduit, le plus, le risque de sélection adverse aux institutions. Les auteurs ajoutent cependant, en citant Armendáriz de AGHION et GOLLIER (1997), que le principal avantage du crédit solidaire se trouve dans sa capacité à baisser, grâce à la mise en jeu du principe de la caution solidaire, le niveau du taux d'intérêt.

Cette capacité du crédit de groupe à faire baisser le niveau du taux d'intérêt s'explique par le fait que, lorsque la distribution maximale du revenu des emprunteurs à risque est plus élevée que la distribution maximale du revenu des emprunteurs sans risque, le crédit de groupe réduit l'écart par lequel les premiers peuvent prendre l'avantage - via l'équilibre du taux d'intérêt - de la participation des seconds sur le marché. Par rapport au contrat des prêts individuels standards, le système du crédit de groupe en situation d'information imparfaite pourrait ainsi aboutir à un taux d'intérêt plus bas, et par là, encourager - ou permettre - la participation des emprunteurs sans risque au marché des crédits [B. Armendáriz de AGHION et C. GOLLIER, 2000]. Mais, dans le cadre de leur étude, B. Armendáriz de AGHION et C. GOLLIER (2000) ont utilisé une approche ex post qui ignore le processus ex ante de la formation du groupe, alors que cette approche est incapable d'identifier les différentes caractéristiques des emprunteurs participants, lesquelles caractéristiques sont importantes pour faciliter le succès du système de prêt de groupe. Egalement, les auteurs ont limité leur analyse à deux (2) emprunteurs, ce qui ne correspond pas à la réalité dans laquelle les groupes sont constitués au minimum de trois membres (3 au moins).

B. Armendáriz de AGHION et C. GOLLIER ; L. E. ANDERSEN et O. NINA (2000) font ressortir clairement, à travers leurs modèles, que le crédit de groupe grâce à son mécanisme de caution solidaire permet de baisser le taux d'accroissement de ressources ou coût d'emprunt14(*) des IMF. Ce taux étant fonction positive de taux d'intérêt qu'elles font payer, s'il baisse, il entraîne à son tour une baisse du taux d'intérêt. Les deux modèles ont montré que ce taux baisse dans le cas du crédit de groupe. Par conséquent, le taux d'intérêt baisse. A un taux d'intérêt bas, en effet, tous les types d'emprunteurs participeront à la demande de crédit sur le marché, en l'occurrence les emprunteurs à faible risque. La participation de ces derniers conjointement avec celle des emprunteurs à risque réduit le risque global des IMF, notamment le risque de sélection adverse [L. E. ANDERSEN et O. NINA, 2000]. Même si ces derniers illustrent leur conclusion par une application numérique, le constat reste que des valeurs ont été proposées pour les différents paramètres du modèle. Il est en effet difficile, voire impossible d'obtenir des valeurs exactes pour des paramètres tels que le rendement de l'emprunteur à risque ou sans risque, la probabilité de succès dans l'activité économique de chaque type d'emprunteur, etc .

Comme B. Armendáriz de AGHION et C. GOLLIER ; ANDERSEN et O. NINA (2000), d'autres auteurs J-J. LAFFONT et T. N'GUESSAN (1999) ; GHATAK et GUINNANCE (1999) ; L. E.; Yeon-Koo CHE (2002) ; Xinhua. GU (2002) ont montré, à travers leurs modèles, que le crédit de groupe présente l'avantage de résoudre le problème de la sélection adverse via la caution solidaire et le niveau du taux d'intérêt qu'il permet de maintenir bas. Ainsi tous les types de micro-entrepreneurs peuvent accéder au marché et ensemble avec les mauvais clients, ils permettent aux institutions de microfinance d'espérer un taux de remboursement plus important qu'autrement.

1.4 Méthodologie de recherche

1.4.1 Recherche documentaire

Elle nous a permis de consulter des documents traitant notamment des crédits de groupe, des modèles de sélection adverse relatifs aux crédits de groupe. Elle a été déterminante dans la phase théorique de notre travail et a permis de trouver un modèle adéquat pour tester l'existence ou non de sélection adverse dans la consommation des micro-crédits par les groupes de prêt sur le marché. Notre documentation a été majoritairement constituée à partir des informations disponibles sur l'internet. A elle s'ajoute celle disponible dans la plupart des centres documentaires locaux (ENEAM, PNUD, World Bank, CAPE).

1.4.2 La collecte des données

1.4.2.1 Echantillonnage

Dans le cadre de notre étude, nous avons retenu une institution de crédit direct : PADME . Cette IMF pratique la modalité de crédit de groupe en zone urbaine. La population-mère est constituée de l'ensemble des groupes de crédit, ayant bénéficié des prêts de l'institution au cours des quatre années (1998 à 2001) retenues dans le cadre de cette étude. Le nombre total de groupes ayant reçu des crédits dans la période de 1998 à 2001 est environ de 3898 selon nos investigations.

Pour atteindre nos objectifs, nous avons choisi un échantillon constitué de trois cents (300) crédits soit 300 groupes de prêt. Cet échantillon représente environ 7,7% de l'effectif total. Chaque groupe est constitué de trois (3) membres. Les groupes ont été choisis par échantillonnage aléatoire simple dans la population-mère.

1.4.2.2 Les données

Les données quantitatives ont été recueillies à partir des prêts accordés par l'institution aux groupes sélectionnés dans notre échantillon sur la période d'étude. Ces données, pour un groupe i15(*) de prêt donné, concernent :

- le montant total du prêt accordé au groupe (Yi ),

- le nombre d'échéances du crédit (ni ),

- le montant remboursé par le groupe (Xi ),

- et le nombre de retards accusés par le groupe noté i ).

1.4.3 Revue de méthode

CHIAPPORI et SALANIÉ (2000) décrivent un test pour asymétrie d'information, qui ne tient pas compte de la forme fonctionnelle spécifique du contrat, des suppositions de préférence ou de la nature de l'équilibre. Ce test utilisé par les auteurs pour le marché des assurances a été appliqué par Wendy EDELBERG sur le marché du crédit à la consommation. Le test statistique est défini comme suit :

Avec les résidus du modèle du retard de paiement (probit)16(*), les résidus du modèle du taux d'intérêt, i le type d'emprunteur et n le nombre de type d'emprunteurs classés par ordre croissant de risque.

W suit une loi de admettant pour hypothèse nulle, l'absence d'asymétrie d'information (W = 0). Si W = 0 est rejeté, c'est-à-dire si W ? 0 est accepté, il y a asymétrie d'information sur le marché.

Mais, ce test ne peut pas être utilisé dans le carde de notre travail, car il est incapable de déterminer si l'asymétrie d'information est une sélection adverse ou un hasard moral, alors que celle-ci peut prendre l'une ou l'autre forme.

Nous utiliserons donc dans le cadre de cette étude, le test des moyennes dont les modalités ont été définies par nous.

1.4.4 Méthode d'analyse des données

Dans le carde de cette étude, les difficultés internes aux groupes sont ignorées. Seules, et uniquement, les performances externes des groupes sont considérées et prises en compte. Ainsi, définissons-nous comme un mauvais groupe, tout groupe qui ne rembourse pas totalement sa dette, ou tout groupe qui rembourse entièrement mais qui accuse au moins un retard dans le remboursement car ce sont des comportements de remboursements non désirés par les institutions.

Il en ressort donc, deux critères qui permettent de distinguer les groupes après consommation des crédits prêtés: le taux de remboursement rbi et le nombre de retard (s) çi, accusé (s) par chaque groupe i.

Concernant le taux de remboursement qui est le premier critère, à partir de certaines données, ci-dessus mentionnées qui ont été collectées, il a été procédé au calcul dudit taux avec la formule suivante :

rbi =

Avec :

Xi le montant remboursé par le groupe i;

Yi le montant total du prêt accordé au groupe i.

Et pour ce qui concerne le second critère, le nombre de retard (s) accusé (s) çi par chaque groupe i, il s'agit d'une donnée déjà existante, donc directement recueillie auprès de PADME. En utilisant ces deux critères, chaque groupe a été classé dans la catégorie bon ou mauvais groupe.

 

Type du groupe

Critères de catégorisation

Bon

rb = 100% et ç = 0

Mauvais

rb < 100% ou rb = 100% et ç ? 0

Soient :

N, le nombre total des groupes de l'échantillon,

NB, le nombre total des groupes du type bon, et

NM, le nombre total des groupes du type mauvais.

On a : N = NB + NM

Méthode de vérification de l'hypothèse n°1

Chaque groupe est désormais classé dans une catégorie donnée. On peut alors affecter à chaque groupe selon sa catégorie, une note indicatrice qui indique la présence ou non du phénomène des mauvais comportements de remboursement. Soit I cette note qui prend deux valeurs, 1 et 0. Si le groupe est du type bon, I prend la valeur un (I = 1), et si le groupe est du type mauvais, I prend la valeur nulle (I = 0). Soit la moyenne des notes, avec 0 1.

Nous testerons l'hypothèse H0 contre l'hypothèse H1 :

H0 : = 1 la proportion des mauvais groupes est nulle, NM = 0.

H1 : 1 la proportion des mauvais groupes n'est pas nulle, NM 0.

Si H0 est vraie, c'est-à-dire = 1, alors I N (1, ) et la variable

| t | = suit une loi normale centrée réduite.

L'écart type étant inconnu, nous utilisons l'écart type estimé dont l'expression est donnée par :

=

t suit une loi de probabilité dite de Student - Fisher à (n - 1) degrés de liberté (d.d.l) .

Le test compare la valeur calculée de | t | à la valeur de lue dans la table du t de Student-Fisher, en fonction du seuil de signification et à (n - 1) d.d.l.

La règle de décision est la suivante :

- tcal on accepte l'hypothèse H0

- t cal on rejette l'hypothèse H0 et on accepte H1

1er cas : Si NM = 0, c'est-à-dire si H0 est vraie, alors N = NB.

Dans ce cas, la déduction est simple : il n'existe aucun groupe ayant des comportements de remboursement non recherchés par l'institution sur le marché. Il n'y a uniquement que de groupes du type bon. Donc, il n'y a pas sélection adverse sur le marché. Et par conséquent, l'analyse s'arrête à ce point.

2ème cas : Si, par contre, NM ? 0, c'est-à-dire si H0 est fausse, alors N ? NB.

Alors, il existe sur le marché des groupes ayant des mauvais comportements de remboursement, comportements non recherchés par l'institution.

Méthode de vérification de l'hypothèse n°2

Si NM ? 0, l'analyse se poursuit. Le marché étant composé des deux types de groupes, il est impossible de donner la moindre conclusion. Seul un autre test permettra d'établir l'existence ou non de sélection adverse sur ce marché.

Considérons ce marché, où il y a proportion de groupes du type bon et (1 - ) proportion de groupes du type mauvais, avec :

= et (1 - ) =

Ces deux proportions seront comparées entre elles pour déterminer lequel des deux types de groupes domine le marché. Deux cas de figures peuvent se présenter :

- NB > NM, le marché est alors dominé par les groupes du type bon ou,

- NB < NM, le marché est alors dominé par les groupes du type mauvais.

Méthode de vérification de l'hypothèse n°3

Soient et les moyennes respectives de notre échantillon, avec la moyenne des taux de remboursements rbi,, et la moyenne des nombres de retards accusés çi.

Le test d'hypothèses consiste à tester H0 contre H1, soit :

H0 : = ? et = ë (il n'y a pas de sélection adverse)

H1 : ? et ë (il y a sélection adverse)

? est le taux de remboursement minimal que l'institution espère avoir de chaque groupe i et, ë le nombre de retards maximal qu'elle espère qu'un groupe puisse accuser. A partir de la condition de satisfaction de l'institution (elle est satisfaite chaque fois qu'un groupe rembourse au moins 99% de sa dette, et accuse au plus un (1) retard de paiement), nous fixons la règle de décision suivante :

Si ? 99% et ë 1 on accepte H0

Si ? < 99% et ë > 1 on rejette H0

Nous calculerons les probabilités :

- de rejeter H0 si H0 est vraie,

- d'accepter H0 si H0 est vraie,

- d'accepter H0 si H0 est fausse.

Par hypothèse, rb et ç suivent une loi normale. Donc, respectivement,

N (m1, ) et N (m2, ) avec m1 la moyenne des taux de remboursement de la population-mère et m2 celle des retards de paiements de la même population. m1 et m2 sont toutes deux inconnues.

Si H0 est vraie, les variables de décision que sont :

, associée à la distribution de rb et associée à la distribution de ç suivent une loi normale centrée réduite N (0, 1). Avec 1 et 2 les écarts-types estimés respectifs de rb et ç dont les expressions sont les suivantes :

et

q La probabilité de rejeter H0 si H0 est vraie.

Dans ce cas, la condition de rejet de H0 si H0 est vraie est la suivante :

? < 99% et ë > 1.

Soient A et B deux évènements:

A est l'évènement "avoir un taux de remboursement moyen inférieur à 99%", et ' la probabilité associée à l'évènement A.

B est l'évènement "avoir un nombre de retards moyen supérieur à 1", et ' la probabilité associée à l'évènement B.

Les deux évènements A et B étant indépendants, la probabilité p' pour que les deux évènements se réalisent est :

p' = ' '

p' est la probabilité de rejeter l'hypothèse H0 si elle est vraie avec :

' = prob (? < 99%) = prob ( U1 > )

et ' = prob (ë > 1) = prob (U2 < )

q La probabilité d'accepter H0 si H0 est vraie.

La condition d'acceptation de H0 si H0 vraie est: ? 99% et ë 1.

H0 étant vraie, nous avons les mêmes variables U1 et U2 définies ci-dessus qui suivent une loi normale centrée et réduite.

Soit '' la probabilité d'obtenir un taux de remboursement moyen supérieur ou égal à 99%: '' = prob (? 99% ) = prob (U1 )

Soit '' la probabilité d'obtenir un nombre de retard moyen inférieur ou égal à l'unité (1) : '' = prob (ë 1) = prob (U2 )

Si p'' est la probabilité d'accepter H0 si elle vraie, alors :

p'' = '' ''

q La probabilité d'accepter H0 si H0 est fausse.

La condition d'acceptation de H0 si elle est fausse est : 99% et 1.

Si H0 est fausse (ce qui est équivalent à : H1 est vraie), alors et > , c'est-à-dire [0, [ et ], n] avec n le nombre maximum d'échéances

(de notre échantillon, il ressort que n = 12)

Soit la probabilité d'obtenir un taux de remboursement moyen supérieur ou égal à 99% : = prob ( 99% ) = prob (U1 )

Soit la probabilité d'obtenir un nombre de retard moyen inférieur ou égal à l'unité (1) : = prob ( 1) = prob (U2 )

La probabilité d'accepter H0 si H0 est fausse est p, telle que

p =

Les valeurs respectives des probabilités , ', ''et celles des probabilités , ', '' se lisent directement dans la table dite loi de probabilité de la variable normale centrée réduite .

Nous fixons le seuil à 5%.

Le traitement des données se fera avec le logiciel EXCEL 2000.

2ÈME CHAPITRE 

LE MARCHÉ DES MICRO-CRÉDITS AU BÉNIN.

La dualité qui caractérise les économies des pays sous-développés, en particulier celle du Bénin, se fait ressentir aussi dans le secteur bancaire et financier. Cette dualité est marquée par la coexistence d'un système financier formel et d'un système financier informel. Mais, après la crise économique des années 80, qui a vu la faillite des banques classiques, un système financier intermédiaire a pris place et accorde ses services à une population hétérogène composée essentiellement des personnes n'ayant pas accès au système bancaire classique (généralement des pauvres). Ce système est composé des systèmes de financement décentralisé (SFD) encore appelés les institutions de microfinance (IMF).

Depuis plus d'une décennie, ces institutions se sont installées progressivement et constituent aujourd'hui une part non moins négligeable dans l'octroi des crédits au Bénin (7% des crédits à l'économie). Elles sont aussi aujourd'hui un vaste marché où se confrontent une offre et une demande importantes de micro-crédits tant par des groupes que par des individus.

Nous présenterons, dans ce chapitre, le marché du micro-crédit et les différents acteurs du marché.

2.1 L'OFFRE DE MICROCRÉDIT

Au Bénin, les différentes institutions intervenant dans le domaine du microcrédit sont caractérisées par la pluralité et la diversité. Les offreurs sont constitués de l'ensemble des institutions de microfinance quels que soient la taille, la structuration, les groupes cibles, le statut juridique, l'expérience, etc.

* 1 La crise économique des années quatre-vingts a vu en effet tout le système financier s'écrouler, affectant profondément par la même occasion, la confiance qui caractérise l'octroi de crédit aux clients du système financier classique.

* 2 Pays où M. YUNUS, fondateur du crédit de groupe, fit son premier essai.

* 3 Il s'agit des taux nominaux effectifs. M. Robinson , The micro-finance Revolution, Banque Mondiale, 1999.

* 4 H. Varian, Introduction à la microéconomie, Nouveaux Horizons, 1994, chapitre 34.

* 5 Mot anglais signifiant un passager clandestin.

* 6 Lexique d'économie, Dalloz, 6ème édition, 1999, pp 551.

* 7 Lemon, mot anglais qui désigne une voiture de mauvaise qualité.

* 8 M. ROBINSON, The microfinance revolution, Banque mondiale, 2001.

* 9 Une initiative identique à la Grameen Bank développée en Amérique Latine.

* 10 Williamson O. E., "Les institutions de l'économie", InterEditions, Paris, 1994.

* 11 Berenbach S., Guzman D., "The Solidarity Group Experience Worldwide", in Rhyne, Otero (eds), "The New World of Microenterprise Finance", Kumarian Press, West Hartford, 1994.

* 12 Albert L., Les mécanismes collectifs de crédit : une nouvelle solution- miracle ?", Cahiers de la Faculté des Sciences Economiques, Sociales et de Gestion, 195, FNDP, Namur, 1997.

* 13 Wenner M. D., "Group Credit : A mean To Improve Information Transfert and Loan Repayment Performance", The Journal of Development Studies, vol.32, 2, December, 263-281, 1995.

* 14 Coût d'emprunt = 1 + taux d'intérêt.

* 15 i représente le numéro de sélection aléatoire du groupe.

* 16 Modèle probit donnant l'indicateur du retard de payement. Basé sur les travaux de Fay et al (1998), il utilise plusieurs caractéristiques comme l'âge, le revenu, l'emploi, la situation matrimonial, le sexe, etc.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry