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Impact de la "propriété foncière" des migrants sur la gestions des ressources naturelles : cas de Dibien dans la Province du Tuy

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par Bôbakebé Florent SOME
Université de Ouagadougou; UFR/Sciences Humaines; Département de Sociologie - Maîtrise option Sociologie Rurale et du développement 2002
  

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CONCLUSION

L'histoire du Burkina Faso a de tout temps été marquée par une grande mobilité des populations. L'accès à la terre, qui se situe souvent au centre des relations entre les différents groupes sociaux, s'opère à travers leur ordre d'arrivée. Ces caractérisations par l'ordre d'arrivée - autochtones, premiers arrivants, maîtres de la terre... d'un côté, nouveaux arrivants, conquérants, étrangers... de l'autre - attribuées à chaque groupe par lui-même ou par les autres, constituent des enjeux politiques, économiques et symboliques essentiels pour non seulement la construction des identités mais surtout des enjeux déterminants dans la gestion des ressources naturelles.

Zone agropastorale par excellence, le village de Dibien, à l'instar des autres villages est en pleines mutations socio-économiques et foncières. Cette réalité est caractérisée par un ensemble de phénomènes enchevêtrés et enclenchés par l'arrivée et l'installation massive des migrants, l'insertion de l'économie paysanne dans le marché avec le développement des cultures de rentre, notamment le coton. Egalement, l'émergence de nouvelles générations aussi bien du côté des autochtones que des anciens migrants, entraîne une complexification de l'espace rural. Toutefois, cette étude montre que cette dynamique, qui, selon les avis des immigrants surtout, devrait modifier la structure des instances de régulations et de gestions communautaires de la terre n'a pas eu d'effet notable, même si l'on assiste à la disparition progressive du rôle et du pouvoir réel du chef de terre. Les immigrants au regard de leur installation dominante influencent énormément les décisions de ces instances de régulation foncière.

La prééminence du droit légitime (coutumier) d'accès à la terre sur celui dit législatif (moderne) dénote d'une part que les institutions foncières coutumières apparaissent aux yeux des populations comme incontournables, même si elles suscitent des réserves de la part des acteurs locaux du fait de leur gestion souvent inéquitable et non démocratiques des ressources foncières et d'autre part elle se justifie par l'échec de toutes les réformes agraires et foncières que le Burkina Faso a entreprises dans la deuxième moitié des années 80. Il s'agit de l'ineffectivité de la RAF dont les lectures successives en 1991 et 1996 n'ont pas permis d'aboutir sur des réponses appropriées à la question de la sécurisation foncière rurale.

L'aspect incontournable du droit légitime se trouve alors conforter et renforcer par le système de représentation du sacré qui est le fond d'action des institutions coutumières. C'est ce caractère sacré dont s'entoure la gestion foncière au niveau de Dibien, qui fait la résignation des immigrants à se proclamer propriétaires terriens, pour ne se réclamer plutôt propriétaires de champs. En tout état de cause, on peut soutenir avec FAURE A. (1990) que les immigrants de Dibien, ont acquis `'un droit de mise en valeur'' presqu'immuable sur les terres qu'ils exploitent aujourd'hui et ce, au regard des informations, des observations et les analyses que nous en avons faites. C'est en la croyance à la valeur sacrée de la terre, difficile à transcender, que l'expression de la propriété foncière des immigrants et de leurs descendances se trouve entachée. Cela confirme notre première et deuxième hypothèse secondaire.

En rapprochant le système de gestion foncière à travers ses mécanismes d'accès à la terre, à gestion des autres ressources naturelles, nous avons voulu appréhender l'impact du premier aspect sur le second. Dans beaucoup de cas, notamment dans la grande majorité de la littérature sur cette question de la sécurité foncière et de la gestion des ressources naturelles, les auteurs soutiennent que la faiblesse des investissements dans les aires d'exploitation agricoles et même pastorales est stricto sensu liée au manque de garantie de sécurité foncière. La possession ou l'absence d'un titre de propriété n'influence pas de manière déterminante le niveau d'investissement dans le monde rural africain et burkinabé en particulier.

En effet, au regard des informations obtenues sur la question et de l'analyse qui en ressort, nous arrivons à la conclusion, que le système foncier de Dibien, bien que coutumier, est suffisamment flexible, adaptatif et ne constitue aucunement pas un obstacle majeur à l'adoption des techniques GRN. D'ailleurs la majorité des producteurs, au regard de la dégradation progressive et perceptible de l'environnement, de leur vécu antérieur et leur trajectoire migratoire, sont conscients que la seule alternative c'est d'adopter tout moyen technique qui permettra de contrer la dégradation constatée des ressources naturelles. Cela confirme également notre quatrième hypothèse spécifique. L'adoption des techniques de gestion des ressources naturelles est alors perçue comme une innovation majeure dans le processus de cette gestion. Ce sont les conditions et les moyens d'accès à celles-ci qui limitent leur adoption ou leur rejet. Ces conditions sont d'ordre économique, social, culturel et institutionnel.

C'est pourquoi dans l'optique de promouvoir une agriculture et un élevage plus productifs, plus rémunérateurs pour les producteurs et de mettre en place des systèmes de production durable et reproductible, il appartiendra à l'Etat de prendre l'initiative, de créer un contexte législatif, administratif, économique et politique favorables aux initiatives locales. Il doit également se charger de la mise au point d'innovations techniques et économiques de leur diffusion, de la sécurité foncière et de la gestion des ressources naturelles. Nous pensons, au regard de l'ineffectivité des différents textes de régulation foncière qui faisait de l'Etat, le seul propriétaire du domaine foncier, alors que la réalité est tout autre, qu'un accent particulier devrait être mis sur la sécurisation foncière rurale. Cela passera d'abord par la reconnaissance des droits légitimes et ses instances de régulation, par l'installation des instances consensuelles locales de gestions de la question foncière. De ce point de vue, l'Etat ne sera efficace et viable dans ces domaines que s'il agit en concertation avec les acteurs locaux et s'il les associe effectivement. Et le processus de décentralisation à travers la mise en place des collectivités territoriales (communes rurales) pourrait, à notre avis, constituée une alternative à la résolution concrète de ces question. Encore faut-il que l'Etat accepte transférer à ces collectivités tous les pouvoirs et les moyens nécessaires à leur exercice.

Nous pouvons, sur la base de nos analyses, dire que les objectifs visés à travers cette étude ont été atteints dans l'ensemble et nos hypothèses vérifiées. Aussi, en tant que travail sociologique l'apport théorique de notre étude est la connaissance multidimensionnelle des effets migratoires sur la question de la sécurisation foncière facteur déterminant dans l'adoption des techniques modernes de gestion des ressources naturelles par les producteurs. Mais, l'impact de la précarité économique des ménages en milieu rural sur la gestion des ressources naturelles à une échelle plus grande reste une perspective de recherche aussi intéressante et importante pour un pays comme Burkina Faso.

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