WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Du Bestiaire au Mythe: Analyse d'un aspect de l'imaginaire baudelairien dans Les Fleurs Du Mal

( Télécharger le fichier original )
par Amina Benelhadj
Université Mentouri de Constantine - Magister 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

__________ CONCLUSION GENERALE __________

Dans ce travail qui traite du bestiaire baudelairien de Les Fleurs du Mal, l'analyse se fait en deux étapes. La première consiste à présenter les différentes images animales employées dans le recueil ainsi que les différents thèmes qui s'y attachent. La deuxième étape se charge, quant à elle, de l'étude de l'emploi de ces mêmes images animales dans leurs contextes thématiques et imaginaires.

La première étape du travail présente un bestiaire baudelairien porteur de différentes significations. Ce bestiaire est, d'abord, celui de l'identification de l'homme et de la femme à plusieurs animaux. Il reflète à la fois amour et sensualité, savoir et ignorance, ou encore, attirance et répulsion. Les images animales de Les Fleurs du Mal sont également celles d'un bestiaire de la peur devant la fuite du temps : Face à la mort, le poète exprime son angoisse et sa terreur par un grouillement d'insectes, par des gueules lancinantes ainsi que par des cris de carnassiers. Le bestiaire baudelairien est, enfin, celui de la fuite. Celle-ci, qu'elle soit ascensionnelle ou mythique reflète le besoin et l'envie qu'éprouve le poète de fuir dans l'espace et dans le temps.

La deuxième étape du travail prend en charge l'analyse, en trois temps, des images animales de Les Fleurs du Mal. Le premier temps montre bien qu'une même image animale, par son dynamisme, peut avoir, selon son emploi, différentes significations. L'image de l'oiseau, par exemple, renvoit à plusieurs thèmes à la fois : Pour incarner la sensualité de la femme dans le bestiaire de l'identification, l'oiseau devient cygne. Il se fait également albatros pour incarner la souffrance et l'exil du poète. Dans le bestiaire de la mort, la phobie d'Anubis s'incarne dans le lugubre corbeau de L'Irréparable et de Voyage à Cythère. La fuite ascensionnelle, enfin, de part son nom et son vocabulaire ornithologique, se fait entre autres à travers l'image de l'alouette.

Les images animales de Les Fleurs du Mal sont donc celles d'un bestiaire dynamique dont la multiplicité de sens a pour origine un trajet anthropologique. En effet, l'analyse montre que l'imaginaire baudelairien, comme tout imaginaire humain, puise ses images animales dans un bestiaire dont la signification renvoit à un trajet anthropologique. Ce dernier est, dans le cas de Baudelaire, essentiellement biblique et mythique. Le cygne, par exemple, reflète la sensualité à travers l'un des avatars du Dieu Zeus qui s'est transformé en cygne pour séduire la belle Léda. Par ailleurs, le corbeau, symbole de la mort, est celui qui a montré, dans l'histoire biblique d'Abel et Caïn que les morts doivent être enterrés.

Ainsi, une grande part des animaux employés dans Les Fleurs du Mal, trouve racine dans un trajet anthropologique. Ce dernier, à l'origine du rapport dynamique entre les images animales, est également l'indice d'une grande présence mythique. Qu'elle soit antique, biblique ou littéraire, la présence du mythe se fait ressentir tout au long de Les Fleurs du Mal.

La classification des animaux mythiques proposée par Siganos et appliquée au bestiaire de Les Fleurs du Mal, montre bien que la grande majorité des images animales employées dans le bestiaire baudelairien, sont celles d'animaux mythiques, soulignant ainsi l'importance du trajet anthropologique dans l'inspiration baudelairienne.

Le bestiaire baudelairien connaît par ailleurs, l'emploi de quelques animaux comme l'aspic, la frégate, le colibri, le cafard ou l'helminthe, qui ne connaissent pas un grand destin mythologique ou littéraire. Ces mêmes animaux sont employés dans Les Fleurs du Mal pour renvoyer à une sorte de mythologie personnelle que l'on peut voir, par exemple, à travers l'image du colibri, oiseau qui permet au poète de vivre pleinement son mythe de l'envol.

Les images animales employées dans Les Fleurs du Mal sont l'expression la plus subtile et intime de l'esprit poétique baudelairien qui s'oppose à la modernité tout en cherchant une nouvelle conception de la beauté. Ainsi, le bestiaire baudelairien, reflet à la fois d'un grand dynamisme, d'un trajet anthropologique et d'une grande présence mythique, est, avant tout, le reflet d'une philosophie personnelle du poète.

En plus des trois thèmes qu'évoquent les images animales relevées dans Les Fleurs du Mal, nous pourrions ajouter, en élargissant la recherche au deuxième recueil de Baudelaire intitulé Spleen de Paris (Les Petits Poèmes en Prose)(1), celui de l'humour, de la satire voire celui de la moralisation. En effet, cette deuxième oeuvre, posthume, de Baudelaire présente un nombre important de recours à la fois à l'image animale (chien, cheval, chat etc.), et aux figures mythiques (Vénus, Eros, etc.).

Une nouvelle perspective d'analyse permettrait, ainsi, d'avoir une vision plus globale de l'utilisation du bestiaire dans la poésie baudelairienne, qui présente des images animales récurrentes. Selon la psychocritique de Charles Mauron, cette répétition est significative, elle est l'expression de ce qu'il appelle le mythe personnel. Notion qui désigne, selon Mauron, que l'oeuvre d'un auteur, constitue un fantasme à la fois persistant et dynamique. Il l'interprète comme « l'expression de la personnalité inconsciente et de son évolution »(2)

Par ailleurs, le développement de la mythocritique a donné naissance à une nouvelle perspective qui traite de cette nouvelle dimension du mythe. Cette critique spécialisée du mythe

______________________________________________________________________________

(1) Charles Baudelaire, Spleen de Paris (Les Petits Poèmes en Prose), Paris, Hetzel, 1863.

(2) Charles Mauron, Des métaphores obsédantes au mythe personnel, Introduction à la psychocritique, José Corti, 1962, p. 212.

« prend pour postulat de base qu'une `image obsédante', un symbole moyen, peut être non seulement intégré à une oeuvre, mais encore pour être intégrant, moteur d'intégration de l'ensemble de l'oeuvre d'un auteur, doit s'ancrer dans un fond anthropologique plus profond que l'aventure personnelle enregistrée dans les strates de l'inconscient biographique. »(1).

Ainsi, un élargissement du champ d'analyse de l'image animale dans Les Fleurs du Mal et dans Spleen de Paris, permettrait d'identifier les mythes personnels ou les images obsédantes de la poésie baudelairienne. Celles-ci permettront de mieux cerner la philosophie personnelle et complexe de Baudelaire.

______________________________________________________________________________

(1) Gilbert Durand, « Le voyage et la chambre dans l'oeuvre de Xavier de Maistre », in. Romantisme n°4, 1972, p.84.

Annexes

Annexe1

Classification des animaux du bestiaire de Les Fleurs du Mal

Pour faciliter la lecture du bestiaire de Les Fleurs du Mal, nous proposons, ci-dessous, la classification (en deux grandes catégories) que nous avons fait des animaux du bestiaire baudelairien en situant à chaque fois leurs places dans le recueil:

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand