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Le projet de zone monétaire unique en afrique de l'ouest: fondements, état des lieux et analyse prospective

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par Souleymane DABONE
Institut Diplomatique des Relations Internationales (IDRI) - Diplôme d'Etudes Superieures en Diplomatie et Relations Internationales 2007
  

Disponible en mode multipage

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MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES
ET DE LA COOPERATION REGIONALE

 

BURKINA FASO

Unité- Progrès -Justice

SECRETARIAT GENERAL

 
 
 

INSTITUT DIPLOMATIQUE ET DES
RELATIONS INTERNATIONALES
(IDRI)

MEMOIRE DE DESDRI

Le projet de zone monétaire unique en

Afrique de l'ouest : fondements, état

des lieux et analyse prospective

THEME :

Pour l'obtention du Diplôme d'Etudes Supérieures en Diplomatie et en Relations Internationales (DESDRI)

Option : Economie et Finances Internationales

Présenté et soutenu par : DABONE Souleymane

Directeur de Mémoire :

WETTA Claude

Docteur ès sciences économiques

Directeur de l'UFR/SEG Septembre 2007

AVERTISSEMENT

L'IDRI n'entend donner aucune approbation, ni improbation aux opinions émises dans les
mémoires qui doivent être considérées comme propre à leurs auteurs.

DEDICACE

...A la mémoire de mon père DABONE Sayouba, de ma mère KERE Nongma Assétou, et de ma mère adoptive BALIMA Bakédo dit Awa. Que leurs âmes reposent en paix !

A ma fille Tuba Yasmine, et à IMA Aminata ma compagne pour sa patience et son appui durant ma formation.

REMERCIEMENTS

Nos remerciements vont à l'endroit de tous ceux qui d'une manière ou une autre ont contribué à faire de ce Mémoire une réalité. Plus particulièrement, nous tenons à remercier :

o notre Directeur de Mémoire le Dr. Claude WETTA, pour sa constante disponibilité et la sagesse de ses conseils ;

o les directions respectives de l'Institut Diplomatique et des Relations Internationales (IDRI) et de l'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature (ENAM) ;

o le corps professoral de l'IDRI et de l'ENAM pour la qualité de leurs enseignements;

o tout le personnel de la Cellule nationale de la CEDEAO, pour leurs contribution et disponibilité ;

o toute la famille DABONE pour son appui ;

o messieurs Léonard OUEDRAOGO et Drissa DABONE, pour leurs conseils et leurs soutiens matériel et moral ;

o mes grands amis Ibrahima BAMOUNI et Mamandou OUATTARA pour la manifestation constante de leur amitié ;

o la deuxième promotion de l'IDRI pour son esprit de solidarité et d'entraide.

LISTE DES SIGLES

ALENA : Accord de Libre-Echange Nord-Américain AMAO : Agence Monétaire de l'Afrique de l'Ouest ASEAN : Association des Nations de l'Asie du Sud-Est BCAO : Banque Centrale de l'Afrique de l'Ouest

BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest CCAO : Chambre de Compensation de l'Afrique de l'Ouest CCG : Conseil de Coopération du Golf

CEDEAO : Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest FSC : Fonds de Stabilisation et de Coopération

IMAO : Institut Monétaire de l'Afrique de l'Ouest MERCOSUR : Marché Commun du Sud

PCMC : Programme de Coopération Monétaire de la CEDEAO UA : Union Africaine

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine UMOA : Union Monétaire Ouest Africaine

UEM : Union Economique et Monétaire

ZMAO : Zone Monétaire de l'Afrique de l'Ouest

ZMO : Zone Monétaire Optimale

ZMU : Zone Monétaire Unique

INTRODUCTION

L'interrogation sur la possibilité pour des Etats de constituer des zones monétaires viables est ancienne. Du point de vue de la théorie économique, Robert Mundell est considéré comme le pionnier en la matière à travers un article, désormais célèbre publié en 1961, « A Theory of Optimum Currency Areas ». Ses travaux avec ceux de McKinnon (1963) et Kenen (1969), constituent l'approche dite « traditionnelle » de la théorie des zones monétaires optimales (ZMO). Leurs travaux ont essentiellement consisté à déterminer les caractéristiques d'une économie que pourraient rendre inutiles ou sans effet les variations du taux de change par rapport aux autres monnaies.

Dans les années 1970, la problématique de la constitution d'espace monétaire connaîtra un renouveau avec Corden (1972), Ishiyama (1975) et Tower-Willet (1976), qui vont plutôt essayer de tracer les frontières d'une ZMO sur la base d'une analyse coûtsbénéfices de l'intégration monétaire.

Plus tard, observant que l'Europe ne constitue pas une ZMO, des auteurs comme Mintz (1970) et Willms (1994)1 en sont arrivés à la conclusion que les critères économiques d'optimalité d'une zone monétaire ne suffisent pas à eux seuls comme facteurs d'explication de l'existence d'une zone monétaire. Ces auteurs considèrent plutôt la volonté politique comme constituant la plus importante et peut-être unique condition pour l'adoption d'une monnaie unique.

Les résultats des différents travaux sur la théorie des ZMO vont servir de cadre d'analyse aux nombreux débats sur le bien fondé de la création d'une monnaie européenne depuis les années 1970. A l'instar de l'Union européenne (UE), la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) , depuis sa volonté express exprimée en 1983 de se doter d'une monnaie unique, va aussi faire l'objet de nombreuses études sur la base de la théorie des zones monétaires optimales.

De façon sommaire, la CEDEAO est une organisation d'intégration économique régionale ouest africaine créée en 1975 par le Traité de Lagos (révisé en 1993). Elle compte quinze (15) pays que l'on peut regrouper en deux groupes. Le premier groupe comprend huit (8) Etats, regroupés au sein de l'UEMOA. Ces Etats ont en partage le franc CFA qui est rattaché à l'euro depuis le 1er janvier 1999 par une parité fixe. Le franc CFA bénéficie d'une

1 Le lancement en janvier 1999 de l'euro est venu confirmer qu'avec une réelle volonté politique l'intégration monétaire est possible.

convertibilité limitée depuis 1993, garantie par le Trésor français contre versement de 65% des avoirs extérieurs nets des huit pays dans un compte d'opérations ouvert dans ses livres. Les Etats qui composent l'UEMOA sont : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Le second groupe rassemble les sept (7) autres Etats. Ces Etats (avec leur monnaie) sont : la Gambie (le Dalasi), le Libéria (le Dollar), la Sierra Leone (le Leone), la Guinée (le franc Guinéen), le Ghana (le Cédi), le Nigeria (la Naira) et le Cap Vert (l'Escudo). Dans ce groupe, chaque Etat a sa propre monnaie qui est «inconvertible» et à régime dit de «flottement indépendant». Economiquement, ce groupe représente 75% du PIB régional et 70% de la population.

Les premières études menées sur la CEDEAO en rapport avec la théorie des ZMO, ont cherché à répondre à la question de savoir si l'Afrique de l'Ouest constituait une ZMO. Des conclusions des différents travaux, il ressort que ni l'UEMOA, ni la CEDEAO ne constitue une zone monétaire optimale (Diallo, 1996; Ouédraogo, 1999; et Dedehouanou, 2002). Pour certains auteurs les raisons sont économiques ; pour d'autres, comme Koulibaly (1992) et Almeida (1999), le régime monétaire de l'UMOA en est le principal responsable. Ainsi, selon Koulibaly (1992) : « le régime monétaire de la zone franc est un frein à l'intégration des pays africains ». Pour lui, le dit régime favoriserait, « une intégration verticale (intégration entre les pays africains et la France), au détriment d'une intégration horizontale (intégration entre les pays africains) ». Pour Almeida (1999), qui mena son analyse sur l'histoire du système monétaire international, le régime de change du franc CFA n'a plus sa raison d'être depuis la Conférence de Bretton Woods de 1944 qui consacra une rupture définitive avec le système rigide de change-or.

En ce qui concerne le niveau des échanges dans la zone franc, des études ont montré que malgré l'existence d'arrangement monétaire entre les Etats membres de la zone franc2, le commerce entre les pays africains de cette zone n'a pas connu un véritable essor (Michalopoulos, 1973). Plus encore, les échanges commerciaux entre les pays africains de cette zone d'une part, et entre ces derniers et la France d'autre part, ont favorisé un développement asymétrique du courant d'échange en faveur de la France et un faible commerce intra zonal (Wago, 1995). Bayoumi et Ostry (1997) observent que la part du commerce intra africain dans le total de leur commerce extérieur est très faible (12%) contre 70% pour les pays de l'Union européenne (UE) depuis 1970.

2 La zone franc comprend : la France, les Comores, et les pays africains réunis au sein de l'UEMOA et de la CEMAC.

En 1983, mus par la volonté de solutionner les problèmes de paiement qui minent la CEDEAO et qui résultent de la divergence des zones monétaires dans la région, les Chefs d'Etat et de gouvernement de la Communauté vont entreprendre de nombreuses initiatives dans le but de créer une zone monétaire unique en Afrique de l'Ouest. D'initiative en initiative, la CEDEAO en est arrivée à formuler une stratégie dite «approche accélérée de l'intégration»3 au vingt deuxième sommet de la Conférence des Chefs d'état et de gouvernement de la CEDEAO, tenu les 9 et 10 décembre 1999 à Lomé, au Togo. Cette stratégie vise la construction rapide d'une zone monétaire unique en Afrique de l'Ouest sur une base plus large et en remplacement de l'actuelle UEMOA.

La stratégie en question entend, dans une première phase, créer une seconde zone monétaire au sein de la CEDEAO, dénommée Zone Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (ZMAO) avec une monnaie baptisée Eco; puis dans une seconde phase, procéder à la fusion des deux zones (UEMOA et ZMAO) en une seule dans l'espace CEDEAO. Avec cette stratégie, le projet de zone monétaire unique CEDEAO est devenu un espoir pour tout le continent africain, car elle pourrait servir d'exemple à suivre à toutes les Communautés Economiques Régionales (CER) que compte le continent, afin que l'Union africaine (UA) puisse réussir à créer la zone monétaire unique du continent en 2021.

Mais le report de la date de lancement de la monnaie Eco est venu alimenter le pessimisme quant à la volonté des Etats de la ZMAO d'aller vers une union monétaire véritable avec ceux de l'UEMOA. L'écart entre les objectifs initiaux en matière de respect des critères de convergence, indispensables au lancement de l'Eco, et les performances réalisées par les Etats pose le problème de la bonne définition de la stratégie, de la réalité de la volonté politique et de la nécessité de la création d'une zone monétaire unique CEDEAO. En d'autres termes : quels peuvent être les éléments qui ont soutenus la mauvaise performance des Etats? Le scénario adopté à Bamako est il pertinent au regard de ce que suggère la théorie économique? Le projet est-il réalisable dans le temps qui lui est imparti ? Peut on, avec juste raison, douter de la bonne volonté des Etats de la ZMAO ? L'Afrique de l'Ouest gagnerait elle vraiment à aller vers une Union monétaire ?

Pour répondre à ces questions, il est nécessaire de situer, d'une part, le bien fondé de l'intégration monétaire ; et d'autre part, de mener une réflexion sur l'environnement économique et monétaire de la communauté. L'intérêt d'une telle problématique est à

3 La stratégie a été adoptée le 15 décembre 2000 à Bamako, lors du deuxième sommet de la Conférence des Chefs d'Etat et de gouvernement de la ZMAO.

rechercher dans les implications que l'intégration monétaire en l'Afrique de l'Ouest (sur une base plus large que l'actuelle zone UEMOA), peut générer dans les politiques économiques des Etats participants ; mais aussi, dans l'actualité de la réalisation de l'Union monétaire du continent en 2021 et du débat récurrent sur le choix d'un régime de change idéal (rigide ou flexible) au niveau des théoriciens de l'économie.

En nous penchant sur cette problématique de l'intégration monétaire en Afrique de l'Ouest, notre objectif est de montrer que la création de la ZMAO est une étape de trop dans la stratégie dite «approche accélérée de l'intégration» en Afrique de l'Ouest. Dans cette optique, il s'agira pour nous de montrer le bien fondé de l'intégration monétaire en Afrique de l'Ouest ; d'analyser la stratégie telle qu'adoptée à Bamako ; de faire un bilan à mi-parcours des efforts déployés par les Etats de la ZMAO; et enfin, d'esquisser une analyse prospective.

Pour cela, nous chercherons à vérifier les hypothèses suivantes :

- Les spécificités des économies ouest africaines militent en faveur de leur constitution en Union monétaire selon la théorie des zones monétaires optimales ;

- La phase de création d'une seconde zone monétaire en Afrique de l'Ouest ne poursuit pas la réalisation des avantages que doit générer une zone monétaire ;

- La crédibilité de la ZMAO ne peut pas intervenir dans le moyen terme.

Pour vérifier les hypothèses sus citées, nous avons optés pour une collecte de données portant sur le commerce intra et extra de la CEDEAO entre 1997 et 2005, et sur l'état de la convergence des économies des Etats membres de la ZMAO entre 2000 et 2006. A défaut d'avoir des données complètes sur le commerce des différents Etats de la CEDEAO sur toute la période d'étude, nous avons opté pour la non prise en compte des données du Libéria et de la Guinée-Bissau. Ce choix a été fait en raison de l'inexistence de certaines données sur ces pays, sur toute la période d'étude, d'une part 4 ; mais aussi, en raison du poids peu significatif de ceux-ci dans le total du commerce de la CEDEAO. En ce qui concerne les données sur l'état de la convergence des économies des pays membres de la ZMAO, nous nous sommes focalisés uniquement sur leurs performances par rapport aux critères de convergence macroéconomiques5.

4 L'inexistence de certaines données sur le Libéria s'explique par la guerre civile qui l'a minée 14 ans durant, entre 1989 et 2003 ; et ce, malgré l'assassinat de Samuel Doé le 2 septembre 1990 et l'élection de Charles Taylor le 19 juillet 1997.

5 Ces données sont accessibles sur le site anglais de l'IMAO au www.wami-imao.org.

Quant à la méthodologie d'analyse, elle a été fondée sur les rapports finaux des réunions du Comité technique de la ZMAO et sur les différentes décisions des Chefs d'Etat et de gouvernement de la CEDEAO relatives à l'Union monétaire, d'une part ; et sur la littérature économique, en ce qui concerne les expériences de différents pays dans le domaine monétaire, d'autre part. Ces consultations se sont effectuées dans les salles de documentation de certaines institutions (Cellule nationale de la CEDEAO, BCEAO, UEMOA et IRD), et dans les bibliothèques de l'IDRI et de l'Université de Ouagadougou. Nous avons aussi, pour la cause, collecté des informations sur internet.

L'analyse proprement dite, dans un premier temps, a consisté à confronter l'environnement économique ouest africain à l'environnement économique de la théorie des ZMO nécessaire pour créer une Union monétaire; ensuite, à s'appuyer sur les expériences monétaires et autres avis, parfois divergents, formulés par des experts de la question monétaire, dans un second temps. Dans l'analyse, les indicateurs suivant ont été utilisés: la théorie des zones monétaires optimales, le taux d'ouverture, le taux de couverture, la nature des biens faisant l'objet de commerce entre la CEDEAO et le reste du monde, et les différents critères de convergence macroéconomiques adoptés par les Etats membres de la ZMAO.

Les difficultés que nous avons eu à rencontrer sont entre autres : le nombre très limité de documents traitant de la stratégie dite «approche accélérée de l'intégration» en Afrique de l'Ouest; l'accès difficile à certaines informations, notamment celles concernant le programme d'harmonisation des politiques du processus d'union monétaire que détient l'IMAO (basé à Accra, au Ghana) ; et le fait que la plupart des documents et sites Web consultés étaient en anglais. Notre grande difficulté a été surtout de rédiger notre mémoire de fin de formation tout en suivant les conférences et cours organisés par l'IDRI qui sont étalés sur toute l'année académique.

Le travail qui va suivre comprend deux (2) grandes parties, comportant chacune deux chapitres. Dans la première partie, nous aborderons les fondements de l'intégration monétaire en Afrique de l'Ouest ; puis dans une seconde partie, nous ferons l'analyse de la stratégie dite «approche accélérée de l'intégration» élaborée par la CEDEAO en 1999 à Lomé, et qui est toujours en vigueur.

IRE PARTIE : LES FONDEMENTS DE L'INTEGRATION MONETAIRE
EN AFRIQUE DE L'OUEST

L'adoption le 1er janvier 1999 par onze pays membres de l'Union européenne (UE) d'une monnaie commune- Euro - se substituant à leurs monnaies nationales, suscite auprès d'autres groupements régionaux, un regain d'intérêt pour l'intégration monétaire.

En effet, l'Accord de Libre-échange Nord-Américain (ALENA), le Marché Commun du Sud (MERCOSUR), le Conseil de Coopération du Golf (CCG), l'Association des Nations de l'Asie du Sud-est (ASEAN) et la CEDEAO sont le lieu où des Etats s'organisent pour se constituer en Union monétaire. Pour ce qui concerne la CEDEAO, les efforts déployés s'inscrivent dans le plan global de l'Union Africaine (UA), qui consiste à doter le continent africain d'une monnaie unique d'ici 2021.

Même si de nombreux auteurs admettent que l'intégration monétaire est une initiative hautement politique, on peut soutenir avec Yves CROZET (2003) que certes « la politique a ses raisons que la raison économique ne peut sans doute épuiser, mais qu'elle (la raison économique) ne méconnaît pas ». Ainsi, en ne visant que l'aspect économique de l'intégration monétaire, nous tenterons de répondre aux questions suivantes : quelles peuvent être les raisons économiques de la formation des Unions monétaires ? Ces raisons sont elles valables pour la CEDEAO qui s'est déjà dotée d'une stratégie ? Si non, quels sont les atouts que possède la CEDEAO pour se constituer en Union monétaire ?

Dans un premier temps, nous ferons le tour de la théorie économique en matière d'intégration monétaire (Chapitre 1) ; puis, dans un second temps, nous aborderons le bien fondé de l'intégration monétaire en Afrique de l'Ouest à l'aune de la théorie mise précédemment en exergue (Chapitre 2).

Chapitre I : Les fondements théoriques de l'intégration monétaire

La théorie économique, depuis plus d'une quarantaine d'années, s'efforce de répondre à la question de savoir : à partir de quels critères, peut-on considérer que, des espaces monétaires nationaux ont intérêt à se rassembler et à ne former qu'une seule zone monétaire marquée par l'existence, soit d'une monnaie unique, soit d'une structure de parité fixe et irrévocable. Jusqu'à ce jour, seulement deux séries de critères sont susceptibles d'être utilisées pour définir une zone monétaire optimale. Si les plus traditionnels sont formulés par Mundell R. (1961), McKinnon R. (1963) et Kenen Peter B. (1969) (section I), il a paru utile après eux, de les compléter par un nouveau type d'analyse dit analyse coûts - bénéfices par d'autres économistes (section II).

Section I : La théorie des zones monétaires optimales

I.1. L'approche « traditionnelle » de la théorie des ZMO

La théorie des ZMO est basée sur l'idée qu'une caractéristique particulière détermine la taille idéale d'une ZMO. Plus précisement, la théorie cherche à identifier le critère qui permettrait de réduire les coûts de l'autonomie de l'abandon monétaire. Mundell identifie la mobilité des facteurs de production comme substitut à la fonction d'équilibre du système de change; tandis que, McKinnon et Kenen analysent des situations où l'outil de change serait inefficace (c'est-à-dire des situations où l'abandon du système de change flexible n'engendrera pas de coût supplémentaire).

I.1.1 La mobilité des facteurs de production (Mundell R.)

Mundell R. (1961) a été le premier à fournir l'un des critères les plus intéressants de la zone monétaire optimale. Selon lui, deux pays A et B (ou n pays) auront intérêt à former une zone monétaire unique (avec change fixe), si et seulement si, la mobilité des facteurs à l'intérieur de la zone qu'ils constituent en se réunissant est plus forte que celle qui apparaît vis-à-vis de l'extérieur. A l'inverse, si la mobilité des facteurs est plus faible à l'intérieur de la zone constituée par A et B que vis-à-vis de l'extérieur, la formule des changes flexibles sera plus avantageuse.

Pour le justifier, Mundell va considérer deux économies, A et B, liées par un processus d'intégration. Si un choc exogène (par exemple : augmentation du prix de l'énergie) déplace

la demande du pays A vers les produits du pays B, il en résultera, si les facteurs ne se déplacent pas entre A et B :

· Pour le pays A : une sous-utilisation de son potentiel de production (donc une baisse de la production), entraînant une hausse du chômage et probablement un déficit de sa balance commerciale ;

· Pour le pays B : une surcharge, au contraire, de ses capacités (donc une hausse de la production), des tensions inflationnistes et un excédent commercial.

Pour corriger ce déséquilibre, un système de change flexible y est recommandable. En effet, en dévaluant la monnaie de A et en réévaluant celle de B, toute choses étant égales, l'économie de A réduirait le prix de ses exportations, malgré des effets pervers (inflation, perte de crédibilité de la monnaie), et rééquilibrerait sa balance.

Par contre, si les facteurs sont susceptibles de se déplacer aisément entre A et B, il y aura transfert de facteurs (main d'oeuvre, épargne de A vers B, capacités productives, diminution des tensions inflationnistes et de la sur utilisation des capacités). S'en suivra, en A, une diminution du sous-emploi et de l'inflation sans recours au taux de change. Ainsi, des Etats auront intérêt à former une Union monétaire, lorsque la mobilité de leurs facteurs est avérée.

I.1.2 Le degré d'ouverture des économies (McKinnon)

En 1963, McKinnon va proposer le degré d'ouverture des économies comme critère à l'établissement d'une zone monétaire. Autrement dit, les coûts liés à l'abandon du taux de change comme instrument de politique économique diminuent en fonction du degré d'ouverture des économies et de l'importance de leurs échanges réciproques. Ce degré d'ouverture des économies, il le définira par le ratio des biens échangeables au niveau international sur le PNB (Produit national brut).

Plus le degré d'ouverture d'un pays est élevé, plus ce pays est vulnérable au changement des prix mondiaux. Ainsi, plus les pays sont « ouverts », plus ils ont selon McKinnon intérêt à avoir des changes fixes. Et plus, ils seront « clos », plus ils auront intérêt à avoir des changes flexibles. Deux types de justification vont être apportées par l'auteur.

Soit un pays relativement « ouvert » où les biens non échangeables représentent

seulement 40% du PIB, et les biens échangeables 60%. S'il intervient une chute de

10% de la demande de biens échangeables causée par l'appréciation du change, il

faudra pour la compenser, 15% (6/40*100) d'augmentation de la demande de biens non échangeables pour que le niveau de revenu reste inchangé. Par contre, si l'on prend un pays relativement « clos » pour lequel les biens non échangeables comptent pour 90% et les biens échangeables pour 10% seulement, il faudra, au cas où la demande de biens échangeables diminuera de 10%, seulement 1,1% (1/90*100) d'augmentation de la production de biens non échangeables pour compenser cette baisse de demande de biens et maintenir le niveau de revenu national réel. Il en résulte que pour les pays très ouverts, les changes fixes (zone monétaire) paraissent plus indiqués tandis que pour ceux qui sont les plus « fermés », les changes flexibles paraissent moins perturbateurs.

Les variations de change auraient un fort impact sur les prix relatifs des biens échangeables/biens non échangeables, exprimés en monnaie locale pour les pays relativement ouverts. En effet, si l'ouverture est forte, toute dépréciation du change qui interviendrait en cas de changes flexibles aura un impact significatif sur le rapport demande locale/demande externe. L'affectation des ressources sera ainsi fortement perturbée et l'impact des variations de change par la modification des prix relatifs sera très sensible. Par contre, si l'ouverture est faible, le secteur des biens non échangeables dominera ; ce qui aura pour effet d'atténuer le rôle perturbateur des variations de prix relatifs dues au change. Dans ce cas, le choix des changes flexibles sera opportun.

I.1.3 La nature de la spécialisation (Kenen)

Dans sa réplique à Mundell et McKinnon, Kenen (1969) va se focaliser sur la spécialisation des économies au sens de la diversification de la production et de la consommation. Il va aussi compléter l'analyse de Mundell en élargissant les échanges internationaux aux mouvements de capitaux et considérer la zone monétaire optimale non pas comme une zone mono productrice, mais plutôt, comme un ensemble de régions économiques.

Pour lui, les économies diversifiées peuvent plus facilement adopter des changes fixes et s'intégrer à une zone monétaire que celles qui se caractérisent par une diversification modeste. Aussi, une forte diversification de la production ou de la consommation ainsi que la similitude de la production diluent l'impact possible d'un choc dans un secteur ou pour un

bien spécifique. Dans ce cas, un choc n'aura que peu de conséquences sur l'agrégat et affectera les pays de manière similaire. Par conséquent, plus la structure industrielle des pays est diversifiée, moins il est vraisemblable que des chocs frappant un secteur d'activité se transforment en chocs d'envergure nationale. La diversification et la similarité de la production réduisent le besoin de politique de change et donc des coûts de son abandon.

Dans le sillage des avancées de l'intégration monétaire en Europe, d'autres critères de convergences vont être formulés (notamment à partir de la fin des années 1960). Pour la plupart, ces critères sont des avatars de ceux formulés par Mundell et McKinnon. Il s'agit de la similarité des taux d'inflation, du degré d'intégration des marchés financiers, de la flexibilité des prix et de l'homogénéité des préférences.

I.2. Le renouveau de la théorie des ZMO

I.2.1. La flexibilité des prix

Lorsque la flexibilité des prix et celle des salaires sont effectives d'une région à l'autre, l'ajustement par les taux de change devient presque inutile, dans la mesure où chômage et inflation ne peuvent pas être régulés en faisant recours au taux de change.

I.2.2.Le degré d'intégration des marchés financiers

Dans la période de détermination du change liée surtout aux capitaux, les candidats à l'Union monétaire en plus d'être attentifs à leurs relations commerciales, doivent l'être pour leurs relations financières. La raison en est que la zone monétaire optimale impliquera presque nécessairement des transferts compensateurs permettant de rééquilibrer les balances des paiements des nations concernées. L'intégration financière pour cela devra donc être suffisante entre les espaces concernés. C'est la conclusion à laquelle aboutit Ingram (1969) en faisant le lien entre zone monétaire optimale et intégration financière. Pour lui, plus l'intégration financière entre les pays candidats est forte, plus les déficits pourront être financés aisément et sans variations perturbatrices significatives du change ou des taux d'intérêt. Le choix des changes flexibles serait légitime pour ces pays, dans la mesure où les cours de change seraient stables ou « prédictibles ». Il note par contre que lorsque l'intégration financière est faible, les autorités auront intérêt à choisir des changes fixes pour éviter l'instabilité des cours de change.

I.2.3. La similarité des taux d'inflation (Fleming)

En 1971, Fleming constate que la similarité des taux d'inflation sur une certaine période de temps entre différents pays induit des conditions d'échange stables et par conséquent réduit le besoin d'ajustement du taux de change. Pour lui, des taux d'inflation sensiblement différents selon les pays, pourraient être source de pouvoirs d'achats divergents et entraîner le recours à l'instrument taux de change pour corriger les écarts.

Contrairement aux critères précédents, celui-ci suggère non pas un changement microéconomique, mais plutôt un changement macroéconomique parce que les différences de taux d'inflation résultent de différents facteurs comme les disparités dans le développement structurel entre pays, la diversité d'institutions du marché du travail, les différences dans les politiques économiques ou la diversité de préférences sociales comme l'aversion à l'inflation.

D'autres critères tels que la notion de bien public qu'est l'espace intégré (Kindleberger, 1986) ; le rôle des stratégies et des biens finals respectifs des autorités en présence (Hammada, Canzoneri et Gray, 1980) ; l'identité dans les préférences de structures qui expliquerait que même sans structures économiques identiques, les préférences communes en vues de les construire suffisent à justifier la perspective d'intégration (Bourguinat, 1973) et enfin la symétrie dans l'absorption des chocs sont identifiés comme pouvant expliquer la construction de zones monétaires. Ce listing des nouveaux critères n'est pas exhaustif du fait que ces critères ne font pas l'unanimité parmi les économistes. Par exemple, en ce qui concerne la symétrie dans l'absorption des chocs, Ouédraogo (2003) estime qu' avec la centralisation des réserves de change, qui permet de faire face à des difficultés ponctuelles que rencontreraient certains pays, la convergence économique comme critère des zones monétaires optimales n'apparaît pas pertinente. En effet, « placé dans le contexte d'une union monétaire, la centralisation des devises permet à chacun des membres de l'Union , le cas échéant d'un choc asymétrique défavorable, une stabilisation en douceur, réduisant ainsi l'ampleur des fluctuations qu'engendrerait une politique de « stop and go » sur les marchés externes » (Ouédraogo, 2003).

I.3. Les insuffisances de la théorie des ZMO

La théorie des ZMO, si elle offre un tremplin valable pour apprécier une zone monétaire, n'en constitue cependant pas un cadre opérationnel pour la construction de zones monétaires. C'est à ce constat qu'est parvenu Tavlas (1994), pour qui la théorie des zones

monétaires optimales n'offrait pas un cadre unifiant. Avec la combinaison des critères de la théorie, les frontières de la zone monétaire changent radicalement.

En effet, si une région très ouverte peut favoriser l'intégration monétaire selon McKinnon, cette région peut connaître une faible mobilité des facteurs de production, qui selon Mundell n'est pas en faveur de la constitution d'une union monétaire. De plus, Tavlas note un problème d'inconsistance dans la théorie traditionnelle qui se traduit par le fait que si un petit pays « plus ouvert » économiquement, a intérêt à opter pour une zone monétaire, selon la théorie de McKinnon ; ce même pays s'il connaît une production peu différenciée, aura intérêt à conserver l'instrument de change, selon Kenen.

Ces limites de la théorie renforcent l'option de certains auteurs comme Ishiyama (1975) qui a suggéré une analyse coût-bénéfice pour chaque pays du point de vue de son propre auto-intérêt et bénéfice, avant toute entreprise d'unification monétaire.

Section II : Avantages et contraintes dans une union monétaire

Fondamentalement, la décision de créer une union monétaire devrait en principe se baser sur les caractéristiques structurelles des économies des Etats concernés, au regard de ce que cette Union peut leur offrir comme avantages, d'une part ; mais aussi, comme inconvénients d'autre part. Cela dit, les avantages et inconvénients de la participation d'un pays à une Union monétaire sont, ci-dessous, répertoriés.

II.1 Les avantages de la participation à une union monétaire

Dire qu'une zone monétaire est optimale revient à admettre que les pays qui la composent n'ont pas besoin d'avoir recours aux modifications de leurs taux de change dans le cadre de leurs relations commerciales et financières réciproques. Au nombre des avantages qui résultent de la participation d'un Etat à une Union monétaire, on a : les avantages qui découlent de la stabilité des changes et la discipline financière, essentiellement.

II.1.1. Les avantages de la stabilité des changes

Dans une Union monétaire, la fixité irrévocable des parités entre les monnaies, permet de développer les échanges, en minimisant les pertes de change et en favorisant la levée des barrières non tarifaires telles que le contrôle des changes. La monnaie unique élimine les risques de changes qui grèvent le coût des transactions ; elle réduit les risques liés à

l'incertitude des prix et élimine les flux de capitaux spéculatifs liés au différentiel des taux de change.

En effet, avec la stabilité des changes qu'induit une monnaie unique dans une Union monétaire, les transactions entre Etats membres ne sont plus sujettes à des risques de change de conversion, ni plus qu'elles n'offrent une incertitude face aux prix futurs des biens et des services. Etant donné que les agents économiques basent leurs décisions de production, de consommation et d'investissement sur l'information des prix, une grande incertitude concernant le taux de change futur réduit la fiabilité du système de prix comme mécanisme d'allocation des ressources. L'incertitude des prix engendre la hausse du taux d'intérêt réel dans la mesure où les investisseurs dans un tel environnement auront tendance à réclamer une prime de change supérieure afin de se protéger contre l'échec potentiel de l'investissement. Aussi, la création d'une zone monétaire augmente l'étendu et la profondeur du marché et réduit par conséquent la volatilité des prix ainsi que la possibilité des spéculateurs d'influencer les prix et donc de perturber la politique monétaire menée.

II.1.2. La discipline financière

C'est aussi l'un des grands avantages que l'on reconnaît à l'intégration monétaire. La définition d'une politique monétaire à un échelon supra national est donc de nature à limiter les pressions politiques de tout ordre sur le Gouverneur de la Banque centrale d'un pays particulier. Ce faisant, la maîtrise de l'inflation devient un objectif à portée de main et la monnaie gagne en réputation, voire en crédibilité (Giavazzi F. et Giovannini A. (1989)). Aussi, vu que la politique monétaire échappe aux autorités politiques des Etats, une plus grande coordination des politiques économiques aura tendance à s'imposer à eux faisant ainsi de l'Union monétaire, un élément catalyseur de la coordination, voire de l'harmonisation des politiques économiques. Mais la coopération monétaire dans le cadre d'une Union monétaire comporte aussi des coûts non négligeables pour les Etats.

II.2. Les inconvénients de la participation d'un pays à une Union monétaire

Parmi les inconvénients liés à la participation d'un Etat à une Union monétaire, on compte la perte de l'instrument taux de change, la perte de l'autonomie monétaire, les coûts de transition et d'autres coûts liés aux effets externes négatifs.

II.2.1. La perte de l'instrument taux de change

Le taux de change a souvent été un élément correcteur des perturbations de la demande, des coûts et des prix.

En effet, à court terme une dévaluation du taux de change occasionne une hausse des prix des importations qui entraîne à long terme une hausse des prix et des coûts internes. Pour les classiques, l'effet produit à court terme par la dévaluation s'annihile à long terme en ramenant la compétitivité de l'économie à son niveau national d'antan. Avec De Grawve (2000), le taux de change, en variant, a des effets temporaires sur les variables économiques.

On peut ainsi dire que dans le court terme, la politique de change agit avec plus de célérité sur les salaires et prix réels (ceux-ci n'étant pas totalement flexibles), qu'une politique de réduction de dépenses publiques. Si donc un pays opte pour une politique de change, c'est pour se protéger des effets déflationnistes sur sa production nationale. Ce faisant, la perte de l'instrument taux de change constitue un coût pour un pays lors de son adhésion à une Union monétaire.

II.2.2. La perte de l'autonomie monétaire

Avec l'Union monétaire, la politique monétaire d'un pays se décide au niveau supra. L'expérience de l'UEM (Union Economique et Monétaire) et la période de Bretton Woods ont révélés que cette politique se définissait désormais au niveau de l'Union par le pays pôle du système6. Le coût de la perte de cette politique se traduit par une fluctuation cyclique plus forte et s'aggrave avec l'asymétrie des chocs par rapport aux autres pays membres. Par ailleurs, un chômage frictionnel supérieur peut affecter un pays confronté à des prix nominaux ainsi qu'à des rigidités salariales supérieures à celles des autres membres de l'Union et ce , à partir du moment où la zone monétaire connaîtrait un taux d'inflation bas. L'absence d'autonomie monétaire conduit donc ce pays à connaître une inflation élevée par suite de son incapacité à réduire ses dettes. C'est donc la possibilité d'agir sur la stabilisation des cycles conjoncturels qui est retiré à chaque Etat membre dans une Union monétaire.

II.2.3. Les coûts de transition

L'intégration monétaire comporte des coûts de transition qui sont entre autres les coûts de l'impression et de la fonte d'une nouvelle monnaie (« coinage costs »), les coûts de

6 Dans l'UEM, la politique monétaire était alignée sur celle de l'Allemagne ; et pendant la période de Bretton Woods, le système monétaire international dépendait du dollar américain (Etat Unis).

création d'une nouvelle autorité supranationale bancaire et les coûts d'ajustements nécessaires par les entreprises et marchés. La mauvaise définition de la parité de taux de change peut nuire à un pays membre d'une union monétaire si celle-ci le rend moins compétitif par rapport aux autres membres.

II.2.4. Les coûts liés aux effets externes négatifs

Comme coûts liés aux effets externes négatifs pour un pays, on a par exemple, le cas où un pays ayant subi des déficits budgétaires considérables doit voir sa dette monétisée. Dans ce cas, la zone assisterait à une hausse du taux d'intérêt et une perte de confiance internationale dans la monnaie unique. Si le pays bénéficiait d'une stabilité monétaire avant l'intégration monétaire, ces coûts vont s'avérer particulièrement élevés.

A la lumière de ce qui précède, on est en droit de se demander si la CEDEAO est une zone monétaire optimale ; sinon quels sont les arguments en faveur de la création d'une Union monétaire pour toute la CEDEAO.

Chapitre II : La CEDEAO à l'aune de la théorie des ZMO

Ce chapitre a pour objectif de mettre en évidence la non optimalité de la région ouest africaine (section I), mais aussi de montrer que les obstacles à son optimalité monétaire peuvent être levés dans le cadre d'une harmonisation plus étroite des politiques économiques et monétaires et non à travers un usage du taux de change (section II).

Section I : La CEDEAO à l'aune de la théorie « traditionnelle »

I.1. La mobilité des facteurs en Afrique de l'Ouest

En Afrique de l'Ouest, la mobilité des facteurs de production connaît de nombreux obstacles qui l'empêchent de jouer dans le sens voulu par la théorie des ZMO. En effet, l'Afrique de l'Ouest est caractérisée par un flux migratoire important de main d'oeuvre depuis la colonisation. Depuis l'époque coloniale (1890-1960), il s'exprime sous la forme d'une migration saisonnière dans un sens univoque. La plupart des déplacements se font de l'hinterland vers les zones côtières et sont liés à des opportunités relatives d'emplois non qualifiés7.

Si la mobilité de bras valides a amélioré les performances économiques des pays d'accueil et réduit la pression dans les zones de départ, elle a aussi occasionné la chasse aux « sorcières » dans les pays d'accueil8 (Seck A., 1970) ; Barry B. et Harding L., 1992; et Diakité M., 1997). Les raisons de tels traitements, à l'endroit des ressortissants ouest africains dans les pays côtiers, sont liées aux diverses limitations dans le domaine agraire qui sont le plus souvent régis par un mode de propriété clanique ou familiale (Ouédraogo O., 2003).

Fondamentalement, le caractère que revêt cette mobilité en Afrique de l'Ouest est contraire à l'esprit du critère soutenu par Mundell (1961), qui l'évoque comme un mouvement devant s'effectuer dans les deux sens (zone de départ et zone d'accueil) et devant être le fait de main d'oeuvre qualifiée pour ce qui concerne les facteurs de production.

Quant à la flexibilité des salaires nominaux, elle est entravée par le fonctionnement du marché du travail ; marché qui, face à un excès d'offre de travail par rapport à la demande, ne permet pas une baisse automatique des salaires (les syndicats des travailleurs y veillent). Elle

7 La main d'oeuvre était acheminée dans les plantations de café et cacao, les mines et carrières...

8 Dans les années 1970, des étrangers furent expulsés du Ghana (Alien Compliance Order, 1969) ; ils furent aussi expulsés du Nigeria dans les années 1980 ; et des rapatriements de burkinabè, de malien et de sénégalais durent être entrepris en côte d'Ivoire, avec la crise identitaire actuelle dite « ivoirité », qui a atteint son point critique avec les incidents de Tabou en 1999.

présente, plutôt une tendance à la fixation du volume de la quantité échangée au volume de la demande de travail. Un tel rationnement provoque inévitablement le chômage comme ce fut le cas depuis l'adoption des programmes d'ajustement structurels (PAS)9 par la plupart des Etats en Afrique de l'Ouest.

I.2. L'Afrique de l'Ouest10, une zone extravertie

Selon les statistiques de 2006 du Fonds monétaire international (FMI), les économies ouest africaines sont extraverties avec une part des échanges intra communautaires très modeste. Le degré d'ouverture11 moyen annuel des pays membres de la Communauté entre 1997 et 2006 est de 70,88%. Comme le montre le graphique 1, celui-ci augmente d'année en année à un rythme moyen de 5,87%. Ainsi, la CEDEAO est une zone fortement intégrée au commerce mondial et si rien n'est fait, elle risque de l'être d'avantage, notamment si les Accords de Partenariat Economiques (APE) avec l'UE venaient à être signés en 2008 : ces accords exigent encore plus d'ouverture. Pour Karim DAHOU (2003) du groupe GOP (Groupe d'Orientation des Politiques), la CEDEAO est «l'économie la plus extravertie de la scène internationale ». En référence au critère de McKinnon, la CEDEAO gagnerait à adopter des taux flexibles si elle veut se constituer en Union monétaire.

Aussi, durant la même période, la Communauté (sans le Libéria et la Guinée-Bissau) a affiché un taux de couverture12 moyen annuel de ses importations par ses exportations par pays membre égal à 74,17%. Ce qui signifie que la CEDEAO traîne structurellement un déficit commercial.

9 La privatisation des sociétés d'Etat s'inscrit dans le cadre des programmes d'ajustement structurels auxquels a adhéré l'ensemble des pays de la Communauté.

10 Pour toute la période 1997-2006, les données sur le Libéria et la Guinée-Bissau ne sont pas prises en compte.

11 Le degré d'ouverture d'un pays est égal ici au rapport de son commerce extérieur sur son PIB.

12 Le taux de couverture d'un pays est égal au rapport de ses Exportations sur ses Importations.

Graphique 1: Evolution de deux mesures dintégration de la CEDEAO au commerce international

1997-2001 2002 2003 2004 2005 2006

Pourcentages

40

20

90

80

70

60

50

30

10

0

Années

Degré d'ouverture =(X+M)/PIB Taux de couverture

Sources : FMI, Perspectives Economiques Régionales : Afrique Subsaharienne,
avril 2007, pp.105-106.

La part du commerce intra CEDEAO (sans la Guinée Bissau et le Libéria) sur la total des exportations extra communautaires (voir graphique 2) est demeurée en dessous de 15 % entre 1997 et 2005, comparée à celle de l'Union européenne qui est de l'ordre de 70 %. Cette faiblesse du commerce intra régional, à l'image du commerce intra africain, est liée à la faiblesse des infrastructures de communication, à l'existence des structures productives concurrentes plutôt que complémentaires, au poids des produits primaires dans les exportations et à la vigueur des liens historiques entre ces pays et leur ancienne puissance colonisatrice.

Graphique 2: Commerce intra CEDEAO sur le Total des Exportations extra

Pourcentages

14

12

10

4

2

8

6

0

1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

Années

Source: http://www.ecostat.org/en/TradeECOWAS/12.ImportIntraECOWAS.pdf

I.3. La structure du commerce extérieur

Le tableau 1 (sur la page qui suit) montre la part importante qu'occupent les biens primaires dans les exportations des pays membres de la CEDEAO.

Au Sénégal par exemple, les produits halieutiques représentent le tiers des exportations. Et bien que cela puisse faire l'objet d'une transformation sur place et générer de la valeur ajoutée, la proportion de poissons entiers frais ou congelés dépasse 85 %. Au Burkina Faso, Mali, Bénin et Togo, le coton atteint ou dépasse 50% du montant des exportations. Sur les millions de tonnes produites par la région, 95 % sont exportées sous forme de coton fibre, sans faire l'objet d'aucune transformation. La proportion est identique en ce qui concerne les grains, qui ne sont pas plus utilisées dans les chaînes agro-alimentaires régionales que ne le sont les tourteaux. La Côte d'Ivoire, quant à elle, dépend toujours fortement de la demande de cacao et de café malgré la crise interne qui la secoue depuis 2003. Les exportations nigérianes d'hydrocarbures représentent de leur coté 94 % des recettes d'exportations du pays. Le tiers de ce total est ensuite réimporté après avoir été raffiné à l'étranger.

Pour certains auteurs, la prédominance des hydrocarbures dans les exportations du Nigeria, fait que cette dernière sera un poids pour les autres Etats membres de la CEDEAO

dans le cadre d'une Union monétaire, en référence au critère de la symétrie des chocs ; même si la réserve commune de devises peut être utilisée en cas de chocs externes.

Tableau 1 : Principaux produits exportés de 13 Etats membres de la CEDEAO en 2003

Pays

 

Produits dont la part dans les exportations extra-CEDEAO est d'au moins 10%

Bénin

 

Coton (59%) ; noix de cajou, de coco, du Brésil (11%)

Burkina Faso

 

Coton (64%)

Côte d'Ivoire

 

Cacao (61%)

Guinée-Bissau

 

noix de cajou, de coco, du Brésil (85%)

Mali

 

Coton (85%)

Niger

 

Uranium (54%) ; animaux vivants (20%)

Sénégal

 

Pétrole raffiné (16%) ; dérivés du phosphore (12%)

Togo

 

Ciment (29%) ; coton (13%)

Gambie

 

Arachide (17%)

Guinée

 

Aluminium (60%)

Ghana

 

Cacao (52%)

Nigeria

 

Hydrocarbures (94%)

Sierra Leone

 

Diamants (58%) ; café (22%)

 

Source : Nations Unies, base contrade, www.intracen.org

 

Si on peut affirmer avec Diallo (1996), Ouédraogo (1999), et Dedehouanou (2002) que la CEDEAO ne constitue pas une zone monétaire optimale (ZMO), on peut aussi soutenir qu'avec ses caractéristiques propres, elle offre un argument pour construire une Union monétaire. En effet, les obstacles à la mobilité des facteurs de production, le mauvais fonctionnement du marché du travail, les causes de l'extrême extraversion de la zone, notamment le poids des produits primaires et la faiblesse du commerce intra régional, peuvent être levés dans le cadre d'une plus grande intégration des économies en Afrique de l'Ouest. Même si, pour ces auteurs la chose n'est pas explicitement exprimée, elle transparaît cependant à travers ces notes de Ouédraogo (2003) pour qui : «à la notable exception du Nigeria, (...) l'extension de l'UEMOA à tout autre Etat de l'Afrique de l'Ouest se traduira par

un relèvement du critère (importance des échanges réciproques) et donc un progrès vers l'optimalité de la zone monétaire».

Vu que la théorie est orientée sur le non recours à l'instrument taux de change, quels avantages la CEDEAO peut elle avoir à abandonner le taux de change comme instrument de stabilisation face aux chocs externes ?

Section II: Le taux de change comme instrument de stabilisation

La théorie des zones monétaires optimales étant axée sur le non recours au taux de change comme instrument de politique monétaire, on peut se demander, dans le cadre d'une Union monétaire de la CEDEAO, quelle peut en être son utilité. Cette approche a le mérite, non seulement, de mettre en lumière l'inefficacité des dévaluations compétitives dans la sousrégion, mais aussi de révéler la portée réelle du recours au taux de change pour améliorer la compétitivité des économies de la zone.

II.1. Considérations générales sur l'inefficacité du taux de change

Selon la théorie économique, qu'elle soit d'inspiration néo-keynésienne ou monétariste, le taux de change constitue un instrument de stabilisation de l'économie. Ce faisant, la dévaluation est devenue une composante importante des programmes d'ajustement structurel.

II.1.1 Le mécanisme vertueux de la dévaluation

Le mécanisme vertueux de la dévaluation repose essentiellement sur une modification de la demande globale qu'engendre une modification des prix relatifs en faveur des biens échangeables. Ainsi, la dévaluation exerce un transfert de demande vers les biens domestiques de la part tant des résidents que des étrangers ; à l'intérieur, elle réoriente également les facteurs de production vers les biens échangeables. La condition pour observer un tel effet positif est que la dévaluation intervienne dans une conjoncture de sous-emploi, de sorte que s'en suivent un accroissement de la demande globale, un accroissement de la production et une amélioration de la balance commerciale dans le pays où la monnaie a été dévaluée13. Même si le contexte de l'économie ouest africaine renforce l'hypothèse de sous-emploi, il

13 Cet aspect de l'inefficacité des dévaluations a été longuement développé par les structuralistes.

reste que la sous région connaît de nombreux obstacles tant au niveau de la demande globale que de l'offre globale qui rendent négatifs les effets de la dévaluation.

II.1.2. Les obstacles à la réalisation des effets positifs de la dévaluation en
Afrique de l'Ouest

Les économies ouest africaines connaissent de nombreuses difficultés qui empêchent la dévaluation de produire des effets bénéfiques. Du coté de la demande, la dévaluation peut avoir les effets ci après :

· Un effet d'encaisses réelles qui se traduit par une baisse de la demande de biens et services ;

· Une détérioration de la balance commerciale lorsque les importations se révèlent inélastiques au prix, selon l'enseignement du théorème Marshall-Lerner-Robinson dit des élasticités critiques.

En effet, le renchérissement des produits étrangers, engendré par la dévaluation, va nécessairement provoquer un ajustement à la hausse des encaisses monétaires nominales des agents économiques, qui pour la plupart dans la sous région ont un revenu moins élevé. Ajouté à cela, le faible niveau de développement de la sous région qui fait de la détention de la monnaie - en l'absence d'actifs financiers (tels que les actions de sociétés ou les obligations) - l'une des formes privilégiées de richesse. L'ajustement des encaisses monétaires étant essentiellement dus aux motifs de précaution et de spéculation, cela peut se traduire par une diminution de la demande des biens de consommation ou d'équipement par les agents nationaux. De la sorte, si l'accroissement de la demande étrangère de produits nationaux n'arrive pas à contrebalancer l'effet d'encaisses réelles, la dévaluation provoquera des effets négatifs.

Quand à la détérioration de la balance commerciale que rend possible la dévaluation, elle peut être appréhendée non seulement, à travers la détérioration des termes de l'échange qu'engendrerait l'augmentation des exportations de biens primaires14 ; mais aussi, en présence de l'inélasticité des importations et des exportations. En effet, dans le cas où la dévaluation entraînerait une hausse de la demande étrangère de biens nationaux essentiellement primaires, l'incitation à exporter davantage ces biens, même si elle améliore les performances à l'exportation de la région, pourrait alimenter la baisse du prix de ces biens au niveau mondial (détérioration des termes de l'échange), réduisant ainsi les recettes d'exportations. La

14 La région possède un avantage comparatif dans l'exportation des biens primaires.

situation de la balance commerciale s'aggraverait aussi, si à la fois les importations et/ou les exportations ne s'avéraient pas élastiques au prix - c'est-à-dire si aucune incitation à exporter plus et à importer moins ne résulte de la dévaluation. Cette dernière hypothèse fera l'objet de nombreuses études empiriques en Afrique de l'Ouest. Nous nous proposons ci dessous de faire la synthèse de quelques investigations.

II.2. L'inefficacité du taux de change en Afrique de l'Ouest

Les différentes élasticités prix des importations et des exportations fournies par les modèles ECOMAC15, PROMES16, et les fonctions d'importation et d'exportation17 de neuf (9) pays ouest africains et six (6) pays industrialisés ont fait l'objet d'analyse par Ouédraogo (2003). Selon l'analyse: « les fonctions d'importations et d'exportations estimées pour des pays d'Afrique de l'Ouest confirment la faible élasticité de ses échanges par rapport aux prix, et suggèrent que le taux de change ne pourrait avoir qu'une faible efficacité comme instrument de stabilisation ».

L'histoire monétaire des Etats ouest africains a montré que la modification de la parité a été souvent utilisée pour corriger les déséquilibres macroéconomiques dont la source se trouve dans les finances publiques. Ainsi, en gonflant artificiellement ces revenus d'exportations en monnaie nationale, la dévaluation permet d'opérer des prélèvements fiscaux et parafiscaux. Elle apparaît de ce fait comme un moyen de financement de la dette intérieure de l'Etat. Cependant, s'il est un fait que la dévaluation produit des effets positifs qu'une fois opérée par surprise et de manière exceptionnelle, elle a pour effets contraire d'alourdir non seulement le poids de la dette extérieure qui est libellée en dollar, mais aussi de pérenniser des structures d'exportations, qui dans le cas des Etats ouest africains, sont essentiellement dominées par un ou deux produits primaires.

A la lumière de ce qui précède, on peut en faisant référence à la théorie des ZMO et plus particulièrement aux avantages d'une monnaie commune à plusieurs Etats, soutenir qu'une monnaie unique pour tous les Etats membres de la CEDEAO va contribuer à améliorer

15 Il s'agit des travaux de N'cho et Charlier (1997) et de Egwaikhide (1999).

16 Il s'agit des travaux de Diop (2001), Koné (2000), Samba (1998), Kossi (2001), Kossi et Doe Lubin (2001) et Soguié (2001).

17 Ce sont celles établies par Senhadji (1998), et Senhadji et Montenegro (1999).

le niveau des échanges intra régionaux. Certes, il ne suffit pas d'avoir une monnaie commune pour voir se réaliser comme par enchantement un boom commercial intra régional.

L'avantage donc de la monnaie commune est qu'elle offre un terreau fertile pour l'adoption de mesures économiques ayant trait à la libéralisation des échanges intra régionaux comme la levée des barrières tarifaires, le bon fonctionnement des mécanismes de compensation, la surveillance multilatérale accrue et la mise en place de dispositifs institutionnels consensuels18. Aussi, l'adoption d'une monnaie unique à coté de l'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) déjà en vigueur, va consolider dans l'esprit des entrepreneurs et investisseurs l'idée selon laquelle, le marché ouest africain est un marché unique ; ce qui permettra à la zone d'offrir des opportunités d'économies d'échelles importantes. Ceci permettra aussi de booster la production de produits manufacturés, qui font le plus objet d'échange19.

Dans le sens où la zone monétaire, selon la théorie des zones monétaires optimales, est caractérisée par la rigidité des taux de change entre les pays et/ou la flexibilité du taux par rapport à l'extérieur et le fait que la zone ouest africaine est peu sensible aux variations de prix des importations et dans une moindre mesure par ceux des exportations, la CEDEAO offre un cadre idéal pour aller vers la consolidation des taux de change de ses membres. Ces deux traits caractéristiques majeurs des économies ouest africaines, ajoutés à leur extrême extraversion, militent plus que tout à la prise de mesures pour faciliter l'envolée des échanges intra régionaux. L'une des solutions serait par exemple, de résoudre, pour ce qui concerne le commerce intra régional de l'Afrique de l'ouest, le problème récurrent des systèmes de paiements dans la zone (intégration financière). Et le moyen le plus adéquat est l'adoption d'une monnaie unique par tous les Etats ouest africains. Cette option est d'ailleurs envisagée par la CEDEAO, qui en la formulant en 1983, s'est lancée dans la détermination d'une stratégie en vue de donner corps à cette monnaie communautaire.

18 On peut observer cette dynamique d'adoption de mesures économiques au niveau communautaire, à travers le fonctionnement actuel de l'UEMOA, qui a comme institution spécialisée la BCEAO.

19 Dans un article célèbre mais controversé, A.K. Rose estime que l'Union monétaire multiplie par trois les échanges commerciaux (One Money, One Market : Estimative the Effect of Common Currency on Trade, Economy Policy, avril 2000, vol. 15, no30.).

IIEME PARTIE : LE PROJET DE CREATION D'UNE ZONE
MONETAIRE UNIQUE EN AFRIQUE DE L'OUEST

Caractérisé avant les indépendances par des systèmes coloniaux largement constitués sur des bases régionales, l'Afrique sera marquée par une décomposition en zones monétaires multiples et par l'échec des tentatives de regroupements nationaux (exemple de la Fédération du Mali) au lendemain des indépendances. Dès 1960, il est apparu que la «balkanisation» du continent constituait un facteur de vulnérabilité externe qui limitait les possibilités de croissance interne et réduisait le poids du continent dans les négociations internationales. L'exiguïté des marchés nationaux dans chaque région africaine, y amoindrit le jeu des économies d'échelle, et l'existence de zones monétaires divergentes y rend cruciaux les problèmes de paiements intra régionaux.

Une première solution va consister, pour la région ouest africaine, en la mise en place d'une Chambre de compensation (CCAO), à laquelle va succéder le PCMC. Mesurant la gravité des problèmes de paiements, l'idée de créer une monnaie unique pour toute la CEDEAO va être émise et un plan d'action va être élaboré à cet effet à Lomé en 1999.

Dans un premier chapitre, nous examinerons l'efficacité et la rationalité économique qui sous-tend ce plan ; puis, dans un second chapitre, nous analyserons les chances de succès du projet, en passant au peigne fin les enjeux et les perspectives du processus d'intégration monétaire.

Chapitre I: Aperçu général des initiatives en matière de coopération

monétaire dans la CEDEAO

Ce chapitre fait un rappel historique des premières tentatives en matière de coopération monétaire initiées par la CEDEAO (section I), avant d'examiner la stratégie dite «approche accélérée de l'intégration», qui a été adoptée à Bamako en 2000, pour assurer l'Union monétaire de la CEDEAO (section II).

Section I : De la Chambre de compensation (CCAO) au Programme (PCMC) I.1 La CCAO : première initiative de coopération monétaire de la CEDEAO I.1.1 Aperçu historique

L'origine de la coopération monétaire en Afrique de l'Ouest remonte à l'époque coloniale. A cette époque, il existait deux grands ensembles en Afrique de l'Ouest : le bloc des Etats francophones et celui des Etats anglophones.

Par décret du 16 juin 1895, le premier groupe sera administré par un gouvernement général dit «Gouvernement général de l'Afrique occidentale française», avec une unité administrative et politique, une solidarité financière et une coordination sur le plan économique. Il va regrouper à l'origine huit pays : Bénin- Burkina Faso- Côte d'Ivoire- Guinée- Mali- Mauritanie- Niger et Sénégal. En 1962, il deviendra Union monétaire de l'Afrique de l'Ouest (UMOA)20 avec pour monnaie le franc CFA (Communauté Financière Africaine créé en 1945) et une Banque Centrale (BCEAO). Cette Union va intégrer en 1994, date de la dévaluation du franc CFA de 50% par rapport au franc français, un objectif de stabilité économique, devenant depuis lors Union Economique et Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (UEMOA). Contrairement à d'autres aménagements français, notamment la CEMAC21, l'UEMOA a réussi dans la réalisation de ses objectifs de stabilité économique.

Quant au second bloc, composé de territoires anglophones, il va connaître d'abord un Institut d'émission dénommé «Currency board», qui avait le pouvoir exclusif d'émettre et de gérer la monnaie en Gambie, au Ghana, au Nigeria et en Sierra Leone22. Puis, avec l'accession à l'indépendance de ces pays, va s'en suivre la dissolution de ce système d'intégration

20 L'histoire de l'UMOA est émaillée de retraits de pays (Mali en 1962 et Mauritanie en 1973) et d'adhésions de pays (Togo en 1936 ; Mali en 1984 et Guinée-Bissau en 1997). Plus d'information à l'adresse Internet : http://www.bceao.int/internet/bcweb.nsf/files/chronologie3062004.pdf/$FILE/chronologie3062004.pdf.

21 La monnaie de la CEMAC est aussi dénommée franc CFA (Coopération Financière en Afrique centrale)

22 Ni le Libéria, ni la Guinée Bissau n'appartenait à un bloc.

monétaire ; les différents pays ayant opté pour la création de leur propre monnaie. Les dispositions de change des monnaies de la région sont résumées dans le tableau 2 ci dessous.

Tableau 2 : Dispositions de change et cadre de référence de la politique monétaire des Etats
Ouest- africains (31 mars 2001)

 

Cadre général de la politique monétaire

Régime de changes

Pays n'ayant pas de
monnaie officielle
distincte (1)

Ancrage de taux
de change

Objectifs
d'agrégats
monétaires

Programme
soutenu par le FMI
ou autre
programme
monétaire

Autres dispositions

UEMOA :

 
 
 

Bénin; Burkina
Faso; Côte
d'Ivoire; Guinée-
Bissau ; Mali ;
Niger ; Sénégal ;
Togo.

Flottement dirigé
(2)

 
 

Nigeria

 

Flottement
indépendant (3)

 

Gambie; Ghana;
Guinée; Sierra
Leone

Gambie; Ghana;
Guinée; Sierra
Leone

Libéria

(1) Le pays est membre d'une union monétaire.

(2) L'autorité monétaire suit les mouvements du taux de change par des interventions actives sur le marché des changes, sans spécifier ni s'engager à annoncer au préalable quelle sera la trajectoire du taux de change

(3) La valeur de change est déterminée par le marché, toute intervention sur le marché des changes étant plus destinée à modérer le taux de change et à en éviter les fluctuations indésirables qu'à le situer à un niveau particulier.

Source : FMI, Statistiques Financière Internationales, août 2001.

Ce faisant l'Afrique de l'ouest va au lendemain des indépendances, enregistrer un grand nombre d'espaces monétaires, à l'image d'ailleurs de tout le continent africain. Cette situation va amener les Chefs d'Etats du continent à prendre l'initiative d'intégrer le continent sur le plan monétaire. Dès 1962, avant la création de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA), une mission sera confiée au professeur Robert Triffin, et va consister à préparer un rapport sur les possibilités de mettre sur pieds une union de paiements en Afrique, dans une perspective d'unification monétaire du continent.

Le rapport Triffin va conduire à la création de l'Association des Banques centrales africaines en mai 1968, et à une organisation monétaire structurée autour de cinq régions (Afrique du nord, de l'est, de l'ouest, du centre et l'Afrique australe). Ces différentes

composantes de l'Association seront appelées chacune à instaurer un mécanisme multilatéral de paiements. C'est ainsi qu'en 1975 sera créée en Afrique de l'ouest la Chambre de Compensation de l'Afrique de l'Ouest (CCAO).

I.1.2 Les difficultés rencontrées par la CCAO

Nonobstant la recommandation faite à l'Association des Banques centrales de l'Afrique de l'Ouest, la nécessité de la mise en place d'une Chambre de Compensation s'expliquait par les multiples restrictions en matière de change et de paiements imposées aux transactions que connaissait le commerce intra-communautaire. Ces différentes mesures qui s'expliquent par la crainte d'une pénurie de devises à long terme au niveau des Etats nouvellement constitués vont toucher les importations, les invisibles, les recettes d'exportations et les transferts de capitaux.

L'existence et la persistance des contraintes aggravées par la balkanisation monétaire de la région vont conduire la CCAO à avoir pour objectif principal, la résolution des problèmes liés à la diversité des systèmes de change. Par conséquent, elle se devait de servir de cadre de promotion des échanges au sein de la communauté ouest africaine en permettant une facilité multilatérale de paiements.

Trois ans après sa création, elle va connaître des difficultés qui malheureusement vont s'accentuer au fil des ans et conduire à sa transformation en Agence Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (AMAO) en 1993. Les difficultés auxquelles ont été confrontées la CCAO peuvent se résumer en trois points.

D'abord les volumes des produits, objet de compensation seront faibles et décroissants ; ce qui signifie que les échanges entre les pays membres n'étaient pas équilibrés de telle sorte que le règlement de très importantes sommes devait se faire avec des monnaies étrangères convertibles (non régionales).

Ensuite, il y aura apparition de positions débitrices importantes et sans cesse croissantes. Entre 1982 et 1985, les dettes totales accumulées vont passer de 10 millions de dollars US à 55,1 millions de dollars US.

Enfin, les conceptions de règlement étaient fondamentalement différentes selon les systèmes de régime des changes. Pour les banques dans les régimes convertibles, les règlements sont automatiques en vertu de la convertibilité de leur monnaie, alors que tel n'est

pas le cas dans les autres régimes moins convertibles. Les accumulations sans cesse croissantes de dette s'effectuaient aussi au détriment des monnaies convertibles.

L'automaticité des règlements ne sera donc pas réaliser par la CCAO et par décision A/DEC 4/7/92, les Autorités politiques de la CEDEAO vont décider de la transformation et du changement de dénomination de celle-ci. La CCAO deviendra ainsi Agence Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (AMAO)23. Le protocole A/P1/7/93 relatif à l'Agence monétaire de l'Afrique de l'Ouest (AMAO) va consacrer la succession de celle-ci à la CCAO en 1993. La création de l'AMAO interviendra cependant en 1996.

Mais bien avant la transformation de la CCAO, les Chefs d'Etats et de gouvernement de la région ouest africaine vont, dans le soucis de pallier les insuffisances de la CCAO, adopter en 1987 le Programme de Coopération Monétaire de la CEDEAO (PCMC) dont l'objectif ultime est la création d'une monnaie commune.

I.2 Le Programme de Coopération Monétaire de la CEDEAO (PCMC)

I.2.1 De la décision de la création d'une ZMU à la création du PCMC

C'est en 1983 à Conakry que les Dirigeants ouest africains vont exprimer leur volonté de doter la CEDEAO d'une monnaie unique partagée par tous les Etats membres, en demandant la réalisation d'études à cet effet.

Cette décision sera motivée par une prise de conscience au niveau des dirigeants de la nécessité d'aller à l'intégration monétaire afin d'espérer résoudre les problèmes de paiements intra communautaires dus à une multiplicité de zones monétaires divergentes au sein de la région. L'étude sera confiée à un groupe d'experts.

Suite aux recommandations formulées dans le rapport des experts à l'intension de la Conférence des Chefs d'Etats et de gouvernement de la CEDEAO, le PCMC sera adopté en juillet 1987 à Abuja lors de la 10ème session de la Conférence des Chefs d'Etat et de gouvernement.

I.2.2 Le PCMC : Objectifs et cadre de mise en oeuvre

A. Les objectifs du PCMC

L'objectif principal du PCMC est l'adoption de mesures collectives en vue d'une harmonisation monétaire et d'une gestion commune des institutions.

23 Le protocole a été signé le 24 juillet 1993. Il est entré en vigueur le 1er août 1995.

A cet objectif principal, le PCMC connaît des objectifs spécifiques qui sont :

· Faciliter les transactions commerciales intra régionales en renforçant les paiements régionaux multilatéraux et le système de la Chambre de Compensation de l'Afrique de l'Ouest (CCAO) dans le court terme ;

· Réaliser, à moyen terme, la convertibilité monétaire régionale à travers l'utilisation plus libérale des monnaies nationales dans les transactions commerciales intra régionales, aux taux de change en vigueur sur les marchés ;

· Et créer à long terme une zone monétaire unique comprenant tous les pays membres de la CEDEAO. Cette zone devra être caractérisée par l'utilisation d'une monnaie commune convertible gérée par une Banque centrale commune et soutenue auprès d'un organe extérieur par un arrangement de garantie de convertibilité.

Pour réaliser ces objectifs spécifiques, un certain nombre de politiques ont été identifiées et regroupées en mesures de court, moyen et long termes24, pour être mises en oeuvre au cours d'une période transitoire de 10 ans allant de 1990 à l'an 2000.

A court terme, ces mesures comprennent le règlement des arriérés de la CCAO ; la transformation de cette dernière en Agence spécialisée de la CEDEAO et la suppression des barrières non tarifaires à caractère monétaire. A moyen et long termes, les mesures couvrent l'ajustement du taux de change des monnaies à des taux d'équilibre ; la réalisation des transactions courantes et des capitaux dans la région ; l'adoption d'un système de taux de change CEDEAO axé sur le marché ; l'adoption d'une approche axée sur le marché dans l'utilisation des politiques monétaires et la réalisation d'un taux d'inflation à un chiffre.

En bref, le PCMC doit oeuvrer à la réalisation de la convertibilité limitée des monnaies et à la création d'une zone monétaire unique avec à sa tête une autorité monétaire, chargée de la mise en oeuvre de la politique monétaire et de la gestion d'une monnaie commune convertible au sein de l'Union.

B. Les organes de coordination et de suivi du PCMC

En 1996, prérogative sera accordée à l'Agence Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (AMAO) pour suivre les progrès réalisés dans la mise en oeuvre du PCMC. Tout comme sa devancière, l'AMAO sera aussi chargée des questions de coopération monétaire et de paiements. Mais plus que la CCAO, l'AMAO devra surtout contribuer à la mise en place de la

24 La période transitoire antérieure à savoir 1987-1994 a été modifiée en 1990.

monnaie unique de la CEDEAO dont l'horizon fixée pour 2000 va être reporté pour 2005. Pendant la période transitoire, l'AMAO devra promouvoir l'utilisation des monnaies nationales des Etats membres dans le cadre du commerce régional et d'autres transactions ; réaliser des économies dans l'utilisation des réserves extérieures des Etats membres ; aider les Etats membres à harmoniser et coordonner leurs politiques monétaires et fiscales ainsi que leurs programmes d'ajustement structurel ; encourager l'application par les Etats membres des politiques macro-économiques permettant d'avoir des taux de change et des taux d'intérêt déterminés par le marché dans le cadre du commerce intra régional.

Pour atteindre ses objectifs, comme le stipule l'article 5 du Protocole relatif à l'AMAO, l'AMAO est dotée d'organes administratifs que sont : le Comité des Gouverneurs, la Direction Générale et deux Comités consultatifs chargés l'un des questions économiques et monétaires, et l'autre des opérations et de l'administration.

· Le Comité des Gouverneurs est composé des Gouverneurs de toutes les banques centrales des Etats membres ou de leurs représentants. Ce Comité est chargé de : formuler des avis et faire des recommandations au Conseil des ministres et à la Conférence, et leur présenter des rapports sur les questions liées à l'intégration économique et monétaire ; déterminer les modalités et les procédures relatives au fonctionnement du mécanisme des paiements et des règlements; élaborer les règles et le règlement régissant l'accès au mécanisme du Fonds de crédit et de garantie ; autoriser l'émission des chèques de voyage CEDEAO.

· Le Comité des questions économiques et monétaires est composé des directeurs des études de toutes les banques centrales des Etats membres et des cadres appropriés des ministères des finances. Il est chargé : d'examiner et évaluer les études et les rapports élaborés par la Direction générale et faire des recommandations approprié au Comité des Gouverneurs ; de suivre et évaluer les progrès accomplis dans la mise en oeuvre du programme de coopération monétaire et faire des recommandations appropriées au Comité des Gouverneurs.

· Le Comité des opérations et de l'administration est composé des directeurs des opérations extérieures de toutes les banques centrales des Etats membres ou leurs représentants. Ce Comité est chargé : de contrôler les performances du système de compensation et de paiement de l'AMAO pour les banques centrales ; d'examiner toutes les questions liées au personnel de l'Agence ; d'assumer toute autre fonction que pourrait lui confier le Comité des Gouverneurs.

· La Direction Générale de l'AMAO comprend le Directeur Général et une équipe de cadres

qui gèrent les affaires de l'Agence sous la supervision des deux Comités techniques précités et du Comité des Gouverneurs.

Section II : L'approche accélérée de l'intégration entreprise par la CEDEAO

Dans les pages qui suivent, des réponses seront donner aux questions suivantes : quelle est la substance de la stratégie ? Quel dispositif institutionnel prévoit elle ? Nonobstant, le dispositif, quelles peuvent être les insuffisances de la stratégie ?

II.1 Présentation de l'«approche accélérée de l'intégration»

II.1.1 Le scénario adopté et les objectifs recherchés

L'approche accélérée de l'intégration de la CEDEAO prévoit, outre la création d'une seconde zone monétaire en Afrique de l'Ouest (première phase), la fusion de cette dernière avec l'UEMOA pour former une zone monétaire unique en Afrique de l'Ouest (deuxième phase). La seconde zone monétaire, prévue par la stratégie a été dénommée Zone Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (ZMAO) au deuxième mini sommet de la Conférence des Chefs d'Etat et de gouvernement de la ZMAO tenu le 15 décembre 2000 à Bamako.

Pour la construction de cette deuxième zone monétaire, il a été formulé un certain nombre de critères de convergence macroéconomiques, regroupé en critères dit de premier rang et en critères de second rang. Le respect des premiers critères devrait permettre le lancement de la monnaie Eco, monnaie commune aux pays de la ZMAO en remplacement des monnaies nationales.

La ZMAO devra aussi oeuvrer à réunir toutes les conditions requises pour le lancement effectif de l'Eco. Ces conditions comprennent le programme d'harmonisation des politiques et la définition des activités de la BCAO25, future Banque centrale de la ZMAO, dont les statuts ont été adoptés au deuxième sommet de la Conférence des Chef d'Etat et de gouvernement de la ZMAO à Bamako, le 15 décembre 2000.

Si le chemin à parcourir pour réaliser l'Union monétaire entre les Etats de la ZMAO est mieux spécifié, celui menant à la fusion de l'UEMOA avec la ZMAO l'est moins.

Concrètement, en plus de l'observation des critères de convergence pour la première phase, un certain nombre d'activités doivent être effectuées. Il s'agit entre autres de la fixation irrévocable des taux de change des différentes monnaies nationales de la ZMAO vis-à-vis de

25 Banque centrale de l'Afrique de l'Afrique de l'Ouest.

la monnaie Eco, du rattachement de l'Eco par rapport au dollar US, de la préparation du cadre institutionnel de la future Banque Centrale de la ZMAO, et du débloquement à temps des moyens financiers nécessaires pour l'installation et le démarrage des activités de la Banque centrale commune (BCAO).

Quant à la seconde phase du projet, les discussions en vue de la mise en place d'un calendrier pour la fusion des deux zones (UEMOA et ZMAO) devraient intervenir une fois que les activités de la BCAO seront jugées satisfaisantes.

En adoptant une telle stratégie, la CEDEAO recherche à travers la mise en place de la seconde zone monétaire26 les objectifs suivants :

· Assurer la stabilité des prix, des conditions budgétaires et monétaires performantes et la viabilité de la balance des paiements des Etats membres. Pour ce faire, la ZMAO doit garantir une bonne coordination des politiques économiques des Etats membres et conduire la politique économique régionale dans un environnement économique libéral. Plus précisément, il lui reviendra de concevoir et d'exécuter une politique monétaire et une politique de taux de change pour toute la zone ;

· Guider les Etats membres dans la formulation et la conduite de leurs politiques économiques. Dans cette optique, les institutions clés de la ZMAO, à savoir le Conseil de convergence, le Comité technique, l'IMAO/BCAO doivent formuler les grandes lignes directrices dans la conception des politiques économiques des Etats membres;

· Mettre sur pied un système de surveillance multilatérale pour assurer une coordination étroite des politiques économiques des Etats membres et une convergence durable des indicateurs macroéconomiques des Etats membres. Pour assurer un bon fonctionnement de ce système, les Etats membres doivent fournir régulièrement des informations sur l'évolution de leur situation macroéconomique à l'Institut Monétaire de Afrique de l'Ouest et à la Banque Centrale de l'Afrique de l'Ouest.

II.1.2 Les institutions de la ZMAO

Dans le souci de mener à bien le projet dans sa première phase, surtout atteindre les objectifs ci-dessus cités, la ZMAO s'est dotée d'un certain nombre d'institutions :

· La Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement : organe politique et suprême de la ZMAO, elle est dotée de la responsabilité générale de réaliser tous les objectifs de la ZMAO

26 La ZMAO a vu le jour en 2000 à Bamako.

et surtout de trancher tous les contentieux qui lui seront adressés par le Conseil de Convergence.

· Le Conseil de Convergence : c'est l'Autorité ministérielle qui contrôle la ZMAO et ses institutions. Il comprend les Ministres des Affaires Etrangères, des Finances, du Commerce, du Plan et de l'Intégration, et des Gouverneurs des Banques Centrales des Etats membres. Avec la création de la BCAO, le conseil de convergence sera transformé en Conseil de direction.

· Le Comité Technique : celui-ci comprend outre les cadres techniques des Etats membres, ceux de la Commission de la CEDEAO et de la BCAO lorsque cette dernière sera créée. Il est chargé d'assister le conseil de convergence et de contrôler en particulier la cohérence des politiques économiques des Etats membres, d'examiner leurs performances économiques à l'aune des critères de convergence et de collaborer avec l'IMAO/BCAO afin de faciliter le processus d'intégration de la ZMAO.

· L'Institut Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (IMAO)27 : en temps que précurseur de la Banque Centrale de l'Afrique de l'Ouest (BCAO), il a pour fonction : le contrôle et l'évaluation du programme de convergence des politiques économiques et monétaires ; la finalisation des activités opérationnelles, notamment les mécanismes de change , les modalités de désignation des responsables principaux de la BCAO; la mise en place de stratégies visant à renforcer la coopération entre les banques centrales nationales; le renforcement de la coordination des politiques et pratiques monétaires des pays membres; la publicité et la sensibilisation du public et des autres parties intéressées par la monnaie commune; la mise en place d'une base de données macro-économiques; la mise en place de règles harmonisées de recueil, de composition et de distribution de données statistiques des Etats membres relatives au contrôle du fonctionnement d'une politique monétaire commune et le contrôle de tous les aspects du programme de la ZMAO.

· La Banque Centrale de l'Afrique de l'Ouest (BCAO) : elle devrait succéder à l'IMAO en temps que Banque centrale commune de la ZMAO. En conséquence, les Banques centrales nationales conduiront leurs opérations selon la politique monétaire qu'elle édictera. Ces opérations font référence à la gestion monétaire, la distribution et le retrait, la gestion des systèmes de paiements et des systèmes de règlements, les prestations de services bancaires aux institutions financières et la conduite des opérations de change. Sa mission principale

27 L'IMAO a été crée en 2000 à Accra et c'est dans cette ville qu'il a son siège.

sera le maintien de la stabilité des prix. En vue de réaliser ces objectifs primaires, elle devra émettre une monnaie unique convertible (Eco), élaborer et diriger la mise en oeuvre de la politique monétaire, procéder aux opérations de change, détenir et gérer les réserves en devises étrangères, et collaborer avec les Banques Centrales Nationales afin de promouvoir le développement des systèmes de paiements et réaliser un contrôle efficace des autres Institutions Financières. Elle sera administrée par un Conseil d'Administration qui sera son organe de décision.

Afin de soutenir les Etats qui rencontreraient des déséquilibres susceptibles de retarder le processus d'intégration, le Fonds de Stabilisation et de Coopération (FSC) a été créé pour offrir une assistance aux Etats membres qui connaîtraient des déséquilibres temporaires de leur balance des paiements. Le montant du Fonds est de l'ordre de 100 millions de dollars US (la moitié du fonds devra provenir de la contribution des Etats membres et l'autre moitié d'autres donateurs). Le Fonds sera déboursé soit comme un prêt de stabilisation à court terme pour pallier les distorsions temporaires relatives à la position des paiements externes, soit sous forme de prêt de stabilisation à moyen terme pour pallier les distorsions de balance de paiements causées par des situations extraordinaires et inattendues. Ainsi pour bénéficier desdits prêts de stabilisation, les candidats devront adopter des programmes et politiques destinées à corriger leurs déséquilibres économiques.

II.2 Les insuffisances de la stratégie

Si la stratégie de la CEDEAO a l'avantage de donner plus de lisibilité aux étapes à franchir pour arriver à l'union monétaire de toute l'Afrique de l'Ouest, on peut cependant rester critique sur un certain nombre de points ayant trait à l'étape de l'émission de la monnaie Eco pour les Etats membres de la ZMAO, la soutenabilité financière du projet, et l'effective fonctionnement du mécanisme de solidarité dans le contexte actuel des économies de la ZMAO.

II.2.1 L'inopportunité de la création de la monnaie Eco

Du point de vue de la théorie économique, les Etats qui entendent se constituer en union monétaire devront être rassurés d'une manière ou une autre de tirer profit de celle-ci.

Si l'objectif visé est de se doter d'une monnaie crédible, aucun autre avantage n'est cependant envisageable au titre du renforcement des échanges commerciaux et de

l'intégration financière de la ZMAO.

Au regard de la théorie économique et considérant l'éloignement géographique des Etats de la ZMAO28, l'introduction de Eco dans la ZMAO ne produira que des effets mineurs que se soit au niveau de la mobilité des facteurs, de la diversification de la production ou de l'augmentation des échanges intra-communautaires. En clair, étant donné que ces pays sont éloignés géographiquement les uns des autres dans leur ensemble, et qu'ils ne commercent pratiquement pas entre eux (seuls les échanges entre le Ghana et le Nigeria sont significatifs), la monnaie Eco n'entraînera pas une plus grande optimalité de la ZMAO en temps que zone monétaire. Cela étant, ni l'intégration financière ni les critères de convergence qui induisent des conditions d'échange stables, ne pourront être utilisé au bénéfice des Etats membres de la ZMAO. L'éloignement géographique des Etats les uns des autres rend donc difficile la maîtrise des canaux de transmission des effets d'une économie (d'un pays) à une autre dans cette zone. En temps qu'étape transitoire, la ZMAO ne devrait donc pas s'éterniser en temps qu'union monétaire. L'attraction qu'exerce le Nigeria sur le Niger, le Togo et le Bénin d'une part, l'intensification des échanges entre le Ghana et le Burkina Faso depuis la crise ivoirienne, et la dépendance économique de la Gambie par rapport au Sénégal montrent que les critères de convergence édictés pour la ZMAO qui sont similaires à ceux de l'UEMOA tendent plutôt à une intégration de la zone à l'UEMOA.

Aussi, selon les statistiques du commerce ouest africain la Côte d'Ivoire constitue l'un des premiers partenaires commerciaux du Nigeria en Afrique, en général, et de l'Afrique de l'ouest en particulier. En effet, selon une étude réalisée en 2001 par le Club du Sahel avec la collaboration de l'OCDE29, le Nigeria est depuis 1996 le premier « client » du Port Autonome d'Abidjan (plus de 20% du volume des produits traités par le Port Autonome d'Abidjan (PAA), viennent du Nigeria). Le niveau atteint par les relations commerciales entre la Côte d'Ivoire (chef de file de l'UEMOA) et le Nigeria (pays le plus puissant dans la ZMAO) rend donc caduques les clivages pays francophones/anglophones et les différences de politiques monétaires que l'on avance pour justifier l'émission de l'Eco en temps que critère d'appréciation de la bonne foi de la ZMAO. Selon la même étude, le Ghana se positionne comme deuxième partenaire commercial du Nigeria après la Côte d'Ivoire dans la sous région

28 On pourra se référer à la carte de la CEDEAO en annexe pour mieux apprécier l'éloignement géographique des Etats membres de la ZMAO, les uns des autres.

29 Club du Sahel, 2001, Les perspectives des échanges entre le Nigeria et ses voisins, Développement urbain, rural et régional, vol. 2001, no.4, pp.1-4.

ouest africaine.

A travers le décryptage de l'environnement économique de la ZMAO, la création de la monnaie Eco ne répond pas à un impératif économique. Les motifs qui vaillent la peine d'être mentionnés sont : l'expression par les Etats membres de la ZMAO de leur volonté politique et de leur désir de se doter d'une monnaie crédible.

Ainsi donc, l'étape qui consiste pour elle (ZMAO) de se doter d'une monnaie (l'Eco) avant le lancement de la monnaie unique sous régionale peut être levée (pour des raisons économiques) et faire place en cas d'un respect des critères de convergence par tous les Etats membres de la seconde zone monétaire à la seconde étape du projet. Ceci permettra à la zone d'éviter le spectre de son éclatement dans l'attente de sa fusion avec l'UEMOA, tant l'expérience de l'Union économique et monétaire (UEM) est éloquent en ce qui concerne le temps à mettre et les efforts financiers à consentir pour émettre une monnaie commune.

II.2.2 La soutenabilité financière du projet de création de la zone monétaire de l'Afrique de l'Ouest (ZMAO)

Le coût global pour financer les activités clé de la ZMAO au commencement de l'union monétaire avait été estimé dans la perspective du lancement de la monnaie Eco en 2005 à 466,1 millions de dollars US. Ce montant se répartissait comme suit : 259,2 millions de dollars US comme coût préliminaire pour l'impression et l'introduction de la monnaie Eco, sur la base de la monnaie en circulation prévisionnelle dans la ZMAO en 2005. Chaque Etat devait supporter le coût de sa demande de monnaie, même si ces coûts pouvaient être réduits en introduisant la monnaie commune par étape. Les coûts de fonctionnement de chacun des cinq institutions de la ZMAO étaient de : 3,3 millions de dollars US par an pour l'IMAO ; 100 millions de dollars US comme capital initial pour la Banque Centrale de l'Afrique de l'Ouest (BCAO)30 ; 4,0 millions de dollar US par an comme coût opérationnel initial pour l'Autorité de Supervision Financière de l'Afrique de l'Ouest (ASFAO) , chargée de la comptabilité de la zone ; 2,9 millions de dollar US par an pour le Secrétariat de la ZMAO ; et 50 millions de dollar US comme capital initial du Fonds de Stabilisation et de Coopération (FCS).

Aussi, le programme d'harmonisation des politiques implique plusieurs composantes qui ont également toutes des implications en matière de coût pour les Etats membres. En effet, à titre d'exemple, la mise en oeuvre d'un système harmonisé de paiements était estimée en

30 Le Nigeria s'est dit prêt à financer le capital de la BCAO.

2005 à 50 millions pour le projet d'harmonisation statistique et de développement de la base de données.

Tableau 3 : Arriérés sur les contributions financières au 30 Avril 2005 (en millions de dollars
US)

 

FSC

Capital de la BCAO

Pays

1re

tranche

2ème

tranche

Sous
total

1re

tranche

2ème

tranche

3ème

tranche

4ème

tranche

Sous
total

Gambie

0,00

1,75

1,75

0,00

0,00

0,00

1,75

1,75

Ghana

0,00

0,00

0,00

0,00

4,25

4,25

4,25

12,75

Guinée

2,75

2,75

5,50

2,75

2,75

2,75

2,75

11,00

Nigeria

0,00

14,90

14,90

0,00

15,00

15,00

15,00

45,00

Sierra
Leone

0,05

0,65

0,70

1,25

1,25

1,25

1,25

5,00

Total

2,8

20,05

23,45

4,00

23,25

23,25

25,00

75,5

FSC : Fonds de Stabilisation et de Coopération BCAO : Banque Centrale de l'Afrique de l'Ouest

Source : Rapport final de la Réunion des Chefs d'Etat et de gouvernement de la ZMAO tenue du 02 au 06 mai 2005 à Banjul, Gambie.

 

Une constance, malheureusement en Afrique est que de nombreux projets n'arrivent pas à voir le jour du fait de la contribution financière défaillante des Etats. Les retards dans le versement des contributions relatives à la création de la BCAO et de la mise en place du Fonds de Stabilisation et de Coopération (FSC) comme en témoigne le tableau 3 ci dessus, montrent qu'il est légitime d'émettre des réserves quant à la capacité des Etats candidats à l'Union de réaliser les objectifs arrêtés, compte tenu des difficultés financières et économiques que connaissent bon nombre d'entre eux dans le contexte actuel.

Cette difficulté peut cependant être levée, si les autorités de la ZMAO recourent à des modes de financement, autres que les ponctions sur leur budgets nationaux. Ainsi, en plus des contributions sur les fonds publics, la ZMAO peut envisager la mobilisation des ressources, via la taxation des transferts financiers à l'extérieur de la zone (ce mécanisme a servi à financer la BOAD) et l'instauration d'une taxe sur les voyages à destination de l'Afrique de l'Ouest. La ZMAO pourrait aussi envisager des mécanismes tels que des allocations spéciales calculées en fonction du produit intérieur brut (PIB) et des taxes d'aéroport. Un autre moyen serait aussi la mobilisation des ressources financières par des voies populaires prenant la forme d'édition et de vente de divers objets au logo de la ZMAO, ainsi que l'organisation sur une base annuelle et dans tous les Etats, d'une «Semaine Spéciale» ou d'une «Journée Spéciale» en faveur de la zone. Ce procédé est déjà utilisé pour mobiliser des fonds au

bénéfice de grandes causes comme la lutte contre la malnutrition (cas de la FAO) ou contre certaines pandémies (cas du VIH/Sida).

II.2.3 La mise en oeuvre des mécanismes de solidaritéDu fait des différences de taille, des niveaux de développement et d'industrialisation

qui caractérisent les Etats membres de la ZMAO, l'union monétaire entraînera des coûts plus élevés pour les uns, tout en étant bénéfique pour les autres. Pour éviter que ces coûts ne soient trop lourds à supporter pour certains pays, il a été mis en place un mécanisme correcteur ou compensateur (FSC) de manière à assurer à tous les Etats membres, les chances d'une participation bénéfique à l'espace monétaire et éviter l'éclatement de l'Union. Dans le Système monétaire européen (SME) un tel mécanisme de soutien financier a marqué la «solidarité» des pays membres au système31.

Avec la rigueur budgétaire qu'impose l'observation des critères de convergence, les déficits de balance de paiements dans la région qui sont plus structurels que ponctuels et les problèmes financiers que connaissent la ZMAO, le renflouement des caisses de ce Fonds risque d'être problématique et la situation insoutenable. Même si le Nigeria totalise à lui seul 82% du PIB de la ZMAO, il ne saurait à lui tout seul supporter à la fois le financement de ce Fonds et les arriérés de financement de certains pays pour la construction de la BCAO. Donc l'incitation des pays qui connaissent des problèmes de paiements, à soutenir les autres pays se trouvent réduite dans le cadre de la ZMAO et pourrait conduire à un éclatement de celle-ci. La raison étant qu'à l'exception du Nigeria, l'abandon de l'instrument taux de change sera un coût trop élevé pour les autres (Bénassy (Q), 2005).

L'analyse du scénario adopté par la stratégie révèle que non seulement des problèmes de financement existent, mais aussi que la réalisation de la première étape de la stratégie n'augure pas de retombées positives en termes d'intensification des échanges et d'une intégration financière poussée entre les Etats membres de la ZMAO.

Maintenant, quel jugement donné quant à la faisabilité du projet d'Union monétaire de la CEDEAO à travers sa stratégie ? La réalisation de la seconde étape de cette stratégie soulève t-elle aussi des problèmes ? Si oui, que faire pour y remédier ?

31 Malgré l'existence de cette solidarité au sein du SME, des pays comme l'Irlande et la Grande Bretagne (en 1972), la France (en 1974 et en 1976) et l'Italie (en 1992) ont dus, étant confrontés à des difficultés, retirer leur monnaie du mécanisme.

Chapitre II : Bilan, enjeux et perspectives

Dans l'optique de procéder au lancement de la monnaie commune des Etats membres de la ZMAO, la CEDEAO dans sa stratégie va édicter un certain nombre de critères de convergence macroéconomiques pour ses Etats.

Cette stratégie renferme aussi un programme d'harmonisation des politiques économiques pour la ZMAO et une référence au cadre qui doit servir à réaliser la fusion des zones UEMOA et ZMAO.

Ce chapitre a pour objectif, dans une première section, de faire le bilan des performances des Etats membres de la ZMAO par rapport aux critères de convergence macroéconomiques entre 2000 et 2006 ; puis, dans une seconde section, de mener la réflexion sur les chances de succès rapide du projet de zone monétaire unique CEDEAO, sur la base de certains aspects techniques de la gestion monétaire et des défis qui attendent la ZMU CEDEAO.

Section I : Les performances de la ZMAO entre 2000 et 2006

L'analyse de la performance de chacun des Etats de la ZMAO se fera sur deux périodes inégales : la première période couvre cinq années (2000 à 2004) ; quant à la seconde période, elle comprend deux années (2005 et 2006). Etant donné que le report du lancement de la monnaie Eco est intervenu en mai 2005, l'analyse comparative des performances sur les deux périodes permettra de mieux appréhender les efforts des différents Etats dans le respect des critères de convergence macroéconomiques.

I.1 Evolution de la convergence macroéconomique

I.1.1 Les critères de convergence

Les premiers critères de convergence macroéconomiques retenus par le PCMC ont été établis en 1996 dans un contexte où la plupart des Etats de la Communauté avaient adopté les Programmes d'Ajustement Structurels (PAS) pour améliorer leur environnement macroéconomique et renforcer la croissance et le développement économique au niveau national. L'idée sous-jacente de cette option est d'assurer d'abord la convergence des différentes économies avant une quelconque unification monétaire.

Les premiers critères au nombre de quatre (4) concernent : le taux de change dont la variabilité ne devait pas excéder 10% en fin 1998 et 5% par la suite ; le taux d'inflation,

devait être maintenu à un chiffre ; le déficit budgétaire plafonné à 5% du PIB ; et le financement du déficit budgétaire par la Banque Centrale plafonné à 10%. Ces critères devaient être respectés avant l'an 2000. Mais avant cette date, un Comité ad hoc de suivi de la création d'une zone monétaire unique à l'horizon 2000, sera mis sur pieds en 1997, soit un an après l'adoption des premiers critères de convergence. Des travaux du Comité ; s'en suivra une remise en cause des premiers critères jugés insuffisants au regard de ce que requiert une Union économique et monétaire crédible en 1999. A cette date, une nouvelle gamme de critères de convergence macroéconomique va être adoptée.

Elle comprend quatre critères dits primaires ou de premiers rangs dont la réalisation est sensée répondre à l'objectif de convergence des économies et six critères secondaires devant favoriser la réalisation des premiers. Les critères dits de premiers rangs sont :

· Maintenir un taux d'inflation maximum de 5% ;

· Réduire le ratio du déficit budgétaire de l'Etat (hors dons) par rapport au PIB à au plus 4% ;

· Respecter la limite maximale de 10% des recettes fiscales de l'année précédente pour le financement du déficit budgétaire par la Banque centrale ;

· Maintenir un niveau de réserves de change couvrant au moins trois mois d'importation. Quand aux critères secondaires, ce sont:

· Maintenir le taux d'intérêt réel positif ;

· Ne pas accumuler de nouveaux arriérés de paiement intérieur et apurer les anciens ;

· Atteindre une pression fiscale32 d'au moins 20% ;

· Maintenir le ratio masse salariale sur recettes fiscales à au plus 35% ;

· Elever les investissements publics financés sur ressources intérieures à au moins 20% des recettes fiscales ;

· S'assurer que le taux de change évolue dans la bande de fluctuation de plus ou moins 15% par rapport au dollar US33.

I.1.2 La performance de la ZMAO par rapport aux critères entre 2000 et 2004 La situation en matière de respect des critères de convergence macro économique tant de premier que de second rang diffère d'un pays à l'autre. Pour le lancement de l'Union

32 Pression fiscale = Recettes fiscales / PIB.

33 L'ancrage au dollar US et le choix du mécanisme de change ont été décidés à Dakar en décembre 2001.

monétaire, les Etats membres de la ZMAO devraient remplir les quatre critères de premier rang.

Le non respect des critères de premier rang a empêché les Etats membres de se constituer en Union monétaire le 1er juillet 2005 (voir les tableaux 6 à 10, en annexes). En effet, en 2004, seuls le Nigeria et la Gambie avaient rempli trois des quatre critères de premier rang. Après ce premier groupe, suivent le Ghana et la Sierra Leone, qui avaient rempli deux critères de premier rang chacune et enfin la Guinée qui n'en n'a rempli aucun à cette date. En Gambie, la situation de la convergence qui s'est nettement détériorée durant la période 2001- 2003 s'est beaucoup améliorée en 2004 car elle est parvenue à remplir trois critères primaires et trois critères secondaires. Le Ghana a bien amélioré la situation de sa convergence durant la période alors que durant la période 2000-2002 sa conformité a été faible ; il est parvenu à remplir deux critères primaires et deux critères secondaires en 2003 et 2004. La performance de la Guinée, en ce qui concerne les critères de convergence, s'est détériorée durant la période 2000-2004. Ayant rempli deux critères primaires en 2001, elle n'en a rempli qu'un en 2002, aucun en 2003 et en 2004.

La performance sur les critères secondaires a été également non satisfaisante. Le respect des critères par le Nigeria s'est pour sa part beaucoup amélioré en 2004 lorsqu'il a rempli trois critères primaires et trois critères secondaires. Par rapport à son niveau de 2000, sa performance s'était détériorée durant la période 2001-2003. Celle de la Sierra Leone s'est également beaucoup améliorée; elle a rempli deux critères en 2004 contre aucun en 2003. Toutefois, sa performance sur les critères de second rang était moins satisfaisante, n'ayant rempli qu'un seul.

Pour des raisons donc de mauvaises performances au regard des critères de convergence macroéconomiques, le lancement de la monnaie Eco prévu pour 2005 a été reporté pour décembre 2009. Le report du lancement de la monnaie Eco pour 2009 remet aussi à plus tard celui de la ZMU-CEDEAO dont le nom de la monnaie reste à définir.

I.2 La Déclaration de Banjul et la prorogation du Programme de la ZMAO

Le 6 mai 2005, les Chefs d'Etat et de gouvernement de la Zone Monétaire de l'Afrique de l'Ouest se sont réunis à Banjul, en Gambie, pour le report au 1er Décembre 2009 du lancement de l'Eco. Cette déclaration a été faite sur la base des recommandations du Conseil de convergence de la ZMAO qui s'est réuni à Banjul les 5 et 6 mai 2005 pour examiner les

résultats de l'étude sur l'état de préparation de l'union monétaire. Ces résultats ont indiqué que la date du 1er juillet 2005 prévue pour le lancement de l'union monétaire n'était pas réaliste. A l'occasion, un plan d'action qui décrit le programme des activités à entreprendre jusqu'en 2009, a été préparé. Les principaux éléments de ce plan d'action sont:

· La réaffirmation par les Etats membres de leur engagement au programme de la ZMAO et à mettre en oeuvre le plan d'action et le programme des activités à entreprendre pour l'avènement de l'Union monétaire au 1er décembre 2009.

· L'engagement des Etats à mettre en place un espace économique unique à travers la levée de toutes les barrières entravant la libre circulation des personnes, des biens et des services au sein de la ZMAO en assurant notamment:

- La convertibilité et les paiements dans les monnaies de la Zone avant décembre 2006 ; - La libéralisation complète des comptes de capitaux au plus tard en décembre 2007 ;

- La cotation des entreprises dans les différentes bourses des valeurs de la ZMAO avant décembre 2006 ;

- La mise en place du Tarif Extérieur Commun (TEC) de la CEDEAO au plus tard en décembre 2007 ;

- la réalisation d'une union douanière avant décembre 2008 ;

· La restructuration de l'Institut Monétaire de l'Afrique de l'Ouest en le dotant de l'autorité et des ressources lui permettant de jouer efficacement son rôle dans le processus de convergence.

Bien que le plan d'action constitue la feuille de route pour la ZMAO, c'est surtout au regard de la performance de la zone par rapport aux critères de convergence d'ici 2009, que le lancement de la monnaie Eco pourra être admis. Conscient de cela, les Etats membres de la seconde zone monétaire ne tarderont pas à annoncer les couleurs en relevant le niveau de leur performance macroéconomique. En effet, les performances enregistrées en 2005 et 2006 par la zone sont largement prometteuses comparées à celles de 2004 (voir tableaux 6 à 10 en annexes). Par exemple, le Nigeria est parvenu en fin 2006 à respecter tous les critères de premiers rangs tandis que la Gambie, le Ghana et la Sierra Leone ont respecté 3 critères sur 4. La Guinée a été seule à respecter 2 critères de premier rang en 2005 et 2006 contre aucun critère respecté en 2004 : c'est donc un réel progrès enregistré par la ZMAO.

Au niveau des critères de second rang, à part la Sierra Leone qui a régressé en 2006, tous les Etats ont maintenu le cap et même amélioré leurs performances. Le Nigeria par

exemple a respecté 5 critères sur 6 en 2006 contre 3 en 2005 et 2004. Il est suivi par la Gambie, le Ghana et la Guinée qui se sont maintenus respectivement au respect de 3 critères, 2 critères et un critère sur les six de second rang de 2004 à 2006.

En suivant le programme de travail de la ZMAO, les Etats membres pourraient remplir le minimum nécessaire pour l'introduction de la monnaie Eco en 2009. Une fois que cette monnaie sera mise en circulation dans la ZMAO, des négociations seront menées entre cette Zone et l'UEMOA afin de déterminer une période convenable pour leur fusion.

Section II : Enjeux et perspectives

La grande inconnue dans le projet Ouest africain, comme celle qui a prévalu dans le projet européen, c'est le temps qui pourrait être nécessaire pour enfin voir tous les Etats utiliser la même monnaie.

A défaut d'être précis sur le temps nécessaire pour créer l'Union monétaire de la CEDEAO, on peut, cependant, noter que dans la perspective de l'observation intégrale des critères de convergence par la ZMAO, un certain nombre d'enjeux voire de défis resteront à être relevés. En effet, des réponses aux questions suivantes devront être trouvées: quel régime de change peut être adopté pour l'Eco et la monnaie unique-CEDEAO ? Etant donné que la monnaie d'ancrage de l'Eco est le dollar, quelle peut être celle de la monnaie uniqueCEDEAO ?

II.1 Le régime de change de l'Eco

Pour que la ZMAO soit une zone monétaire effective et durable, il faut qu'elle arrive à adopter un régime de change adéquat, qui lui permettra d'afficher plus de crédibilité. La nécessité d'être crédible est un objectif certain que la ZMAO se devra d'atteindre afin qu'intervienne l'étape de la négociation entre elle et l'UEMOA pour la création de la ZMU.

L'arrimage de l'Eco au dollar US fournit l'information selon laquelle le régime de change de Eco risque d'être fixe. Et selon de nombreuses analyses portées sur les régimes de change, le Conseil d'émission ou Currency board est de loin la meilleure technique de gestion à observer. Cette technique a permis à de nombreux pays qui l'ont adoptée d'obtenir des résultats spectaculaires en matière d'inflation (3,3% en Argentine en 1995 contre 272% en 1991 ; 36 % en Bulgarie en 1998 contre 572% en 1997). Elle est aussi présentée comme une solution adaptée aux petits pays (Pays baltes, Hong Kong,...), pour lesquels la perte du contrôle du taux de change nominal comme variable d'ajustement ne pose pas de problème

majeur, et à ceux qui connaissent l'hyperinflation (Hanke S. et Walters A. (1992) ; Sgard J., (1998); Dupuy M. (1998). En quoi consiste donc le Currency board ou Conseil d'émission ? Le Currency board est régi par trois principes fondamentaux :

· Le rattachement à une monnaie internationale de réserve. Pour les Etats membres de la zone franc, leur monnaie- franc CFA- est rattachée à l'euro. Dans la plupart des cas, la monnaie de rattachement est le dollar (Argentine, Hong Kong, Lituanie) en raison du fait qu'il intervient dans la facturation des importations et exportations (instrument des échanges).

· Une base monétaire (réserves des banques + monnaie fiduciaire) gagée sur les réserves de change. Le plus souvent, la base monétaire est gagée à 100% (Argentine, Estonie, Lituanie), parfois entre 110 et 120% pour éviter les attaques spéculatives (Hong Kong). Actuellement, la base monétaire du franc CFA est gagée à environ 115% pour une norme fixée à 20%.

· Une politique monétaire à caractère subordonné du fait que l'augmentation de la base monétaire et, par suite, de la masse monétaire ne peut provenir que de la hausse des réserves en devises. Il n'y a pas de création de monnaie autonome et aucune possibilité de financer le déficit budgétaire par la création de monnaie. L'ajustement s'effectue par les taux d'intérêt et les opérations d'open-market.

Le grand avantage de cette technique est qu'elle permet de stabiliser les taux de change en période de crise économique et financière et ainsi de créer des conditions macroéconomiques plus stables. Par ricochet, le Conseil d'émission renforce la crédibilité de la politique monétaire et fiscale des pays qui l'adoptent. Cependant, les coûts de cette technique sont la perte des avantages liés à une politique de taux de change flexible qui permet de maintenir la compétitivité des économies (dévaluations compétitives). Aussi, elle a pour inconvénient de provoquer des crises bancaires souvent profondes comme ce fut le cas en Estonie en 1992 et en Argentine en 1995. Ces crises ont été provoquées par le fait que le Currency Board ne permet pas, en principe, de fournir des liquidités aux banques en difficulté. Son incidence déflationniste retentit fréquemment sur l'économie réelle (Argentine) et se heurte à la non flexibilité des salaires et des prix. Et il en découle souvent une appréciation du taux de change réel.

En somme, c'est un régime extrêmement rigoureux qui verrouille des marges de manoeuvre aux Etats en matière de politique monétaire. Pour parvenir à adopter cette technique avec succès, il est nécessaire d'entretenir une réserve en devises assez importante.

« A l'exception du Nigeria, les autres pays de la ZMAO connaissent une insuffisance de réserves en devises liée à la forte dépendance de leur économie aux prix des matières premières » Sow (2004). On peut donc rester dubitatif sur la capacité de la ZMAO à observer le Currency board avec succès dans le court terme. Notons que la stratégie Ouest africaine de monnaie unique s'inscrit dans la stratégie de l'Union Africaine (UA) de doter le continent d'une monnaie unique en 2021.

II.2 La problématique de la monnaie unique-CEDEAO

Pour qu'intervienne la fusion de la zone UEMOA et de la zone ZMAO, outre les performances de la ZMAO qui devront être satisfaisantes, des points sensibles liés notamment au régime de change de la monnaie de la future ZMU et de la devise de rattachement devront être clarifiés.

II.2.1 La question du régime de change de la monnaie unique

L'idée même de la création d'une monnaie autre que le franc CFA en Afrique de l'Ouest traduit le désaveu des autres pays de la région de participer à l'UEMOA sous sa forme actuelle.

Pour que la définition de la monnaie communautaire ne soit une étape qui fasse obstacle à la création de la zone monétaire unique, il est essentiel de faire un tour des différentes critiques faites à l'UEMOA (ou à la zone CFA). Ces critiques portent essentiellement sur la dépendance de cette monnaie vis-à-vis d'une monnaie étrangère et de la rigidité de son ancrage au franc français et à l'euro.

Selon la théorie économique, la monnaie d'ancrage d'une zone monétaire doit être celle de l'économie la plus forte. Dans le cas d'espèce, le Naira devrait jouer le rôle pivot dans la construction monétaire ouest africaine si toutefois il était crédible. Mais les mauvaises performances de cette monnaie ne permettent pas une telle option (Masson P. et Patillo C., 2005). De plus, la faiblesse du niveau du commerce intra communautaire de la CEDEAO, qui est de l'ordre de 10% des échanges extra communautaire, traduit un niveau des revenus faibles et l'exiguïté des économies. En revanche, l'UEMOA qui a opté pour un ancrage à l'euro est parvenue à l'objectif de stabilité monétaire34. Elle a su éviter les problèmes qui

34 La stabilité monétaire résulte du fait que le taux de change indexé réduit les risques liés aux unités monétaires faibles.

assaillent habituellement les pays du tiers monde tels que l'existence de marchés parallèles pour les devises étrangères, le contrôle des changes ou les infractions à la réglementation des changes. L'UEMOA est aussi parvenue à maîtriser l'inflation. Dans un tel contexte, bien que les critiques ne manquent pas sur la zone CFA, l'indépendance monétaire en Afrique de l'Ouest serait dès le lancement de la monnaie unique une option peu envisageable, en raison de la non crédibilité des monnaies dites «indépendantes», présentes dans la zone. Par contre, l'arrimage à une monnaie internationale est l'option réaliste à envisager en raison de l'expérience réussie de l'UEMOA.

L'inexistence des conditions nécessaires pour aborder avec sérénité la gestion d'une monnaie totalement «indépendante», fait que l'inconvénient de la rigidité des taux de change dans le Currency board avec son corollaire de contraintes en matière de politiques économiques (gestion monétaire, équilibres budgétaire et extérieur), ne milite pas a priori pour l'adoption d'un régime de change fixe rigide pour la monnaie unique CEDEAO. Toutefois l'objectif recherché, à savoir une monnaie crédible pour les Etats membres de la ZMAO, renforce l'option d'un régime de change à parité fixe par rapport à une monnaie forte, ou à un panier de monnaies fortes. Cette parité, outre la discipline monétaire qu'elle exige, nécessite que le rythme des crédits intérieurs et du taux d'inflation n'excède pas ceux du pays, ou de la zone d'ancrage.

II.2.2 Le problème de la monnaie d'ancrage

Une fois la monnaie Eco émise, il ne restera dans la zone CEDEAO que deux monnaies convertibles rattachées chacune à une monnaie internationale, si l'on s'en tient à ce que prévoit la stratégie. A partir de ce moment, la Communauté n'aura que deux choix possibles à faire : soit la monnaie communautaire sera rattachée à un panier de monnaies comprenant l'euro et le dollar, soit elle sera ancrée à une monnaie composite comme le DTS. Ces deux options offrent l'avantage de réduire l'ampleur des fluctuations de la monnaie régionale par rapport à chacune des grandes devises internationales, qui parfois, enregistrent entre elles de fortes variations.

Une analyse de l'opportunité d'un ancrage de la future monnaie commune de la CEDEAO à une devise composite comme le DTS conduit à douter de la nécessité d'opter pour un tel choix. En effet, les problèmes récurrents de collectes et de traitement de données dans la Zone montrent que l'entreprise sera plus ardue pour la Communauté de gérer

efficacement un ancrage au DTS. De plus, l'histoire du système monétaire international enseigne que très peu de pays optent pour un ancrage de leur monnaie au DTS. Si en 1982, 15 monnaies étaient rattachées au DTS, en 1996 il ne restait seulement que deux pays ayant rattachés leur monnaie à cette devise35. Par contre, le rattachement à un panier de monnaies est fort probable en raison de la flexibilité qu'il comporte dans l'affectation des différents quotas aux devises internationales qui entrent dans la composition du panier. En Pologne par exemple, le zloty (la monnaie polonaise) est rattaché à l'euro (55%) et au dollar (45%) depuis 1999 ; avant cette date, le panier comprenait le mark et le dollar.

Une meilleure évaluation des parts de chaque monnaie dans le panier de devises permettra de réduire au mieux les fluctuations de la valeur des transactions internationales exprimée en monnaie régionale. La CEDEAO réalise 40% des échanges internationaux avec l'Union européenne, une pondération de l'euro à un pourcentage équivalent pourrait garantir la stabilité du taux de change pour environ 50% des échanges internationaux de la zone. Du fait du poids du dollar et de l'euro dans la facturation internationale des exportations, des importations et de l'évaluation de la dette des pays membres de la CEDEAO, Berthélémy et Chauvin (1998) proposent un ancrage à un panier constitué uniquement de l'euro et du dollar comme en Pologne. Mais, en raison de la percée actuelle de la Chine continentale sur le marché africain et mondial, l'on peut aussi envisager la prise en compte du yuan dans le panier. Cependant, avant toute décision allant dans le sens de déterminer la part de chaque monnaie dans le panier de devises, une analyse de l'orientation géographique des paiements internationaux de l'ensemble CEDEAO avec une prise en compte du poids des monnaies dans la facturation des échanges internationaux et opérations relatives à la dette devra être effectuée.

Il apparaît au terme de ce chapitre, qu'il n'y a pas lieu de douter de la volonté politique des Etats membres de la ZMAO, en raison de l'amélioration de leurs performances macroéconomiques après 2004. On peut retenir, aussi, que non seulement la monnaie Eco ne pourra pas être crédible dans le court terme ; mais aussi, que l'avènement de la ZMU demeurera problématique tant des réponses définitives ne seront pas trouvées aux questions ayant trait au régime de change et à la (les) devise(s) d'ancrage de la monnaie unique.

35 Ces données proviennent de BOURGUINAT Henri, Finance internationale, Paris, Presses Universitaires de France, 1997, 4è édition, p528-529.

CONCLUSION

A l'instar d'autres blocs régionaux dans le monde, la CEDEAO a initié sa propre stratégie d'intégration monétaire, non pour se prémunir des effets dévastateurs de sa grande «ouverture» au commerce mondial, mais pour faire face au problème de paiements intra communautaires.

L'analyse des entraves à l'optimalité de la CEDEAO en tant que zone monétaire révèle que la nature des obstacles à l'intégration de la région nécessite la mise en oeuvre de politique régionale en matière d'infrastructures, de commerce, et d'industrie. Ainsi, avec l'exécution du Programme Economique Régional 2006-2010 de l'UEMOA (PER), du NEPAD, et du plan d'action de la ZMAO adopté en Gambie, l'on pourrait observer une augmentation du trafic, du jeu des économies d'échelle et des échanges commerciaux intra communautaires. La contribution de la monnaie unique sera donc d'annihiler les problèmes de paiements interétatiques et d'amplifier les vertus de l'intégration économique.

A contrario, l'examen de la stratégie de la CEDEAO montre que la construction d'une seconde zone monétaire en Afrique de l'Ouest (ZMAO) sera loin de produire des effets économiques permettant à la zone de se consolider en tant qu'Union monétaire. Aussi, l'absence de vertus économiques consécutives à l'émission de l'Eco rendra difficile l'atteinte de l'objectif de crédibilité monétaire dans le moyen terme par la ZMAO. Et, en considérant les coûts prohibitifs de la construction de la ZMAO, les perspectives sont que la ZMAO risque d'éclater en tant qu'Union monétaire si sa fusion avec l'UEMOA n'intervenait pas dans le court terme, voire le moyen terme. L'émission de l'Eco parait donc une étape de trop dans la stratégie.

Pour atteindre ainsi l'objectif ultime qui est de doter la région d'une monnaie unique, il serait salutaire que les points qui entravent l'élargissement de l'UEMOA à toute la CEDEAO soient abordés et résolus dans l'optique de surseoir à l'émission de l'Eco, de sorte à rendre la fusion des deux zones peu problématique. Ces points concernent notamment le régime de change de la monnaie unique, les accords de coopération monétaire entre la BCEAO et le Trésor français et la monnaie d'ancrage de la future monnaie régionale. En clair, la CEDEAO devrait chercher dans un premier temps à trouver les solutions aux points de divergence entre les zones monétaires en son sein ; puis dans un seconde temps, à subordonner l'émission de la monnaie unique au respect des critères de convergence par les Etats non membres de l'UEMOA.

Pour ce qui concerne le régime de change de la future monnaie commune, vu la spécificité des économies de la CEDEAO, la technique du Currency board gagnerait à être entreprise et la monnaie rattachée à un panier de devises qui comprendrait l'euro, le dollar voire le yuan afin de stabiliser davantage le taux de change de la dite monnaie.

Dans la mesure où la technique du Currency board est jugée salvatrice pour des économies en quête de crédibilité monétaire, l'expérience et l'expertise de la BCEAO dans le domaine de la gestion d'une monnaie communautaire seront des atouts certains pour une meilleure gestion de la monnaie unique ; monnaie unique, que la population ouest africaine appelle de tous ces voeux.

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Protocole A/P.1/ 7/93 relatif à l'Agence Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (AMAO) signé à Cotonou le 24 juillet 1993.

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Statuts de la Banque Centrale de l'Afrique de l'Ouest (BCAO) adoptés à Bamako le 15 décembre 2000.

Traité révisé de la CEDEAO signé à Cotonou le 24 juillet 1993.

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CEDEAO: www.ecowas.org; www.ecostat.org

Commission Économique pour l'Afrique (CEA) : www.uneca.org Fond Monétaire International : www.imf.org

IMAO: www.wami-imao.org

OCDE: www.oecd.org

UEMOA: www.uemoa.int

TABLE DES MATIERES :

AVERTISSEMENT II

DEDICACE III

LISTE DES SIGLES V

INTRODUCTION 1

IRE PARTIE : LES FONDEMENTS DE L'INTEGRATION MONETAIRE EN AFRIQUE DE L'OUEST 6

Chapitre I : Les fondements théoriques de l'intégration monétaire 7

Section I : La théorie des zones monétaires optimales 7

I.1. L'approche « traditionnelle » de la théorie des ZMO 7

I.1.1 La mobilité des facteurs de production (Mundell R.) 7

I.1.2 Le degré d'ouverture des économies (McKinnon) 8

I.1.3 La nature de la spécialisation (Kenen) 9

I.2. Le renouveau de la théorie des ZMO 10

I.2.1. La flexibilité des prix 10

I.2.2.Le degré d'intégration des marchés financiers 10

I.2.3. La similarité des taux d'inflation (Fleming) 11

I.3. Les insuffisances de la théorie des ZMO 11

Section II : Avantages et contraintes dans une union monétaire 12

II.1 Les avantages de la participation à une union monétaire 12

II.1.1. Les avantages de la stabilité des changes 12

II.1.2. La discipline financière 13

II.2. Les inconvénients de la participation d'un pays à une Union monétaire 13

II.2.1. La perte de l'instrument taux de change 14

II.2.2. La perte de l'autonomie monétaire 14

II.2.3. Les coûts de transition 14

II.2.4. Les coûts liés aux effets externes négatifs 15

Chapitre II : La CEDEAO à l'aune de la théorie des ZMO 16

Section I : La CEDEAO à l'aune de la théorie « traditionnelle » 16

I.1. La mobilité des facteurs en Afrique de l'Ouest 16

I.2. L'Afrique de l'Ouest, une zone extravertie 17

I.3. La structure du commerce extérieur 19

Section II: Le taux de change comme instrument de stabilisation 21

II.1. Considérations générales sur l'inefficacité du taux de change 21

II.1.1 Le mécanisme vertueux de la dévaluation 21

II.1.2. Les obstacles à la réalisation des effets positifs de la dévaluation en Afrique

de l'Ouest 22

II.2. L'inefficacité du taux de change en Afrique de l'Ouest 23

IIEME PARTIE : LE PROJET DE CREATION D'UNE ZONE MONETAIRE UNIQUE EN AFRIQUE DE L'OUEST 25
Chapitre I: Aperçu général des initiatives en matière de coopération monétaire dans la

CEDEAO 26

Section I : De la Chambre de compensation (CCAO) au Programme (PCMC) 26

I.1 La CCAO : première initiative de coopération monétaire de la CEDEAO 26

I.1.1 Aperçu historique 26

I.1.2 Les difficultés rencontrées par la CCAO 28

I.2 Le Programme de Coopération Monétaire de la CEDEAO (PCMC) 29

I.2.1 De la décision de la création d'une ZMU à la création du PCMC 29

I.2.2 Le PCMC : Objectifs et cadre de mise en oeuvre 29

Section II : L'approche accélérée de l'intégration entreprise par la CEDEAO 32

II.1 Présentation de l'«approche accélérée de l'intégration» 32

II.1.1 Le scénario adopté et les objectifs recherchés 32

II.1.2 Les institutions de la ZMAO 33

II.2 Les insuffisances de la stratégie 35

II.2.1 L'inopportunité de la création de la monnaie Eco 35

II.2.2 La soutenabilité financière du projet de création de la zone monétaire de

l'Afrique de l'Ouest (ZMAO) 37

II.2.3 La mise en oeuvre des mécanismes de solidarité 39

Chapitre II : Bilan, enjeux et perspectives 40

Section I : Les performances de la ZMAO entre 2000 et 2006 40

I.1 Evolution de la convergence macroéconomique 40

I.1.1 Les critères de convergence 40

I.1.2 La performance de la ZMAO par rapport aux critères entre 2000 et 2004 41

I.2 La Déclaration de Banjul et la prorogation du Programme de la ZMAO 42

Section II : Enjeux et perspectives 44

II.1 Le régime de change de l'Eco 44

II.2 La problématique de la monnaie unique-CEDEAO 46

II.2.1 La question du régime de change de la monnaie unique 46

II.2.2 Le problème de la monnaie d'ancrage 47

CONCLUSION 49

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES : 51

ANNEXES VI

ANNEXES

Tableau 4 : Exportations et Importations de biens et de services des Etats membres
de la CEDEAO entre 1997 et 2006
(En pourcentage du PIB.)

Exportions de biens et services par pays (en pourcentage du PIB.)

Pays

1997-2001 2002 2003

2004

2005

2006

Bénin

15,1 13,5 13,7

14,3

13,0

10,8

Burkina Faso

10,3 8,9 8,6

10,6

10,1

12,4

Cap-Vert

25,3 32,5 31,4

32,0

36,8

42,9

Côte d'Ivoire 52,0

40,7 50,0 45,8

48,6

49,7

52,2

Gambie

45,1 46,1 47,3

44,4

38,6

45,0

Ghana

38,5 42,4 40,7

39,3

36,1

38,2

Guinée

22,5 24,5 22,3

20,9

27,8

32,4

Guinée-Bissau

24,1 29,8 30,0

30,9

37,4

30,4

Libéria

n.d 38,4 33,9

29,6

27,3

29,9

Mali

24,3 31,9 26,0

24,6

25,1

28,6

Niger

17,1 15,2 15,7

18,4

18,2

17,3

Nigéria

43,1 40,1 49,8

57,6

72,1

65,2

Sénégal

28,2 28,5 26,8

27,4

26,2

23,6

Sierra Leone

15,2 16,4 21,4

21,7

22,1

23,3

Togo

30,3 34,9 41,4

38,3

36,6

37,8

Importations de biens et de services par pays (en pourcentage du PIB)

 

Pays 1997- 2002 2003 2004 2005

2006

Bénin

26,9 27,5 26,5

26,6

23,1

21,28

Burkina Faso

24,9 22,1 21,7

24,3

25,1

26,0

Cap-Vert

59,7 68,5 67,4

69,5

64,8

70,3

Côte d'Ivoire

33,2 33,4 34,9

39,4

42,4

43,2

Gambie

53,0 54,4 56,5

70,4

66,9

67,2

Ghana

56,3 54,8 52,7

60,4

61,7

62,3

Guinée

26,3 28,4 24,6

24,8

30,4

35,1

Guinée-Bissau

47,3 51,2 44,1

47,1

50,7

52,6

Libéria

.... 31,3 42,0

66,4

66,4

73,8

Mali

33,9 32,0 33,2

32,9

33,8

34 ,6

Niger

24,9 24,1 25,0

29,4

31,5

29,6

Nigeria

36,4 41,0 41,5

39,9

40,3

44,1

Sénégal

35,6 39,0 39,0

40,2

41,9

43,4

Sierra Leone

27,2 35,9 40,8

34,1

40,1

36,5

Togo

44,9 49,1 57,3

56,2

57,6

60,5

Sources : FMI, Perspectives Economiques Régionales de l'Afrique Subsaharienne,
avril 2007, pp.105-106
.

Tableau 5 : Total du commerce intra communautaire et extra communautaire de la

CEDEAO de 1996 à 2005 (en milliers de dollars US)

Années

1996

1997

1998

1999

2000

Total
Importations Intra
communautaire

1 629 680,35

1 766
865,26

2 639
654,13

1 684
020,52

2 324 414,42

Total
Importations
Extra
communautaire

25 858 990,26

26 828
092,12

30 539
813,38

14 407
654,12

13 662
406,56

Total
Exportations Intra
communautaire

3 667 011,20

3 863
518,35

3 165
357,33

2 584
064,26

2 788 277,45

Total
Exportations
Extra
communautaire

42 391 795,39

40 557
229,87

28 051

502,74

22 412
452,69

32 257
853,08

Années

2001

2002

2003

2004

2005

Total
Importations Intra
communautaire

2 631 925,37

2 415
755,65

3 447
196,75

4 306
341,54

5 316 754,49

Total
Importations
Extra
communautaire

16 241 270,63

18 668

085,11

26 577
934,75

24 016
486,60

27 726
317,21

Total
Exportations Intra
communautaire

2 306 192,87

3 148
212,03

3 037
738,86

3 985
911,47

5 388 961,82

Total
Exportations
Extra
communautaire

23 974 948,17

25 087
224,67

32 194
568,57

46 978
595,54

57 948
764,30

Source : http://www.ecostat.org/en/TradeECOWAS/12.ImportIntraECOWAS.pdf

Tableau 6: - Etat de la convergence de la Gambie

Critères primaires

Norme

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

Taux d'Inflation (fin de période)

Taux<10% avant 2003 et après 2003, taux< 5%

0,2

8,1

13

17,6

8

1,8

3

Déficit budgétaire global hors dons (en % du PIB)

5% à partir de 2000, et 4% après 2002

3,6

-9,8

-9,1

-7,6

-8,6

-7,4

-5,8

Avance de la Banque centrale en % des recettes

fiscales de l'an n-1

< 10%

0

80,7

22

63

0

0

0

Réserves brutes extérieure (en mois d'importations) (*)

= 3 mois

5,9

7,2

2,9

4,6

4,3

4,4

4,7

Nombre de critères respectés

 
 

1

0

1

3

3

3

Critères secondaires

Norme

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

Arriérés de paiements

= 0

 

-25

-9,3

n.a

n.a

n.a.

n.a.

Recettes fiscales/PIB

> 20%

18,5

13,9

14,1

13,8

18,1

17,8

17,7

Masse salariale/Recettes fiscales

= 35%

30,6

40

38

33,4

28,8

24,3

21,2

Investissements publics / Recettes fiscales

> 20%

6,1

7,1

5,6

3,2

4

6

2,2

Taux d'intérêt réel

> 0

8,8

-0,1

-5

-9,6

2

3,2

2

Taux de change (+:dépréciation/ -: appréciation)

+/- 15%

12,7

13,7

38,2

32,3

-4,1

-5,2

-0,5

Nombre de critères respectés 2 1 1 3 3 3

Source : www.wami-imao.org

Tableau 7: - Etat de la convergence du Ghana

Critères primaires

Norme

2000

2001

2002

2003

2004

2005

déc. 2006

Taux d'Inflation (fin de période)

De 0 à 9 %

40,5

21,3

15,2

23,6

11,8

14,8

9,9

Déficit budgétaire global hors dons (en % du PIB)

= 4%

10,1

13,2

8,3

7,5

8,1

7,5

9

Avance de la Banque centrale en % des recettes fiscales de l'an n-1

< 10%

57,9

0

12,1

0

0

0

0

Réserves brutes extérieure (en mois d'importations) (*)

= 3 mois

0,8

1,4

2,6

4,9

4,5

4

3

Nombre de critères respectés

 
 

1

0

2

2

2

3

Critères secondaires

Norme

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Déc. 2006

Arriérés de paiements

= 0

 

0

0

0

0

0

n.a.

Recettes fiscales/PIB

> 20%

16,3

17,2

17,5

20,2

22,4

23,9

20,5

Masse salariale/Recettes fiscales

= 35%

51,1

0

0

0

0

0

49,7

Investissements publics / Recettes fiscales

> 20%

23,5

0

0

0

0

0

17,8

Taux d'intérêt réel

> 0

-22,5

-6,8

-2,2

-13,9

-2,3

-8,4

-3,5

Taux de change (+:dépréciation/ -: appréciation)

+/- 15%

49,2

5

13,1

5,2

2,2

2

0,4

Nombre de critères respectés

 
 

1

1

2

2

2

2

(*)En mois des importations CAF

Source : www.wami-imao.org

Tableau 8: Etat de la convergence de la Guinée -

Critères primaires

Norme

2000

2001

2002

2003

2004

2005

déc. 2006

Taux d'Inflation (fin de période)

De 0 à 9 %

7,2

1,1

6,1

14,8

27,6

29,7

30

Déficit budgétaire global hors dons (en % du PIB)

= 4%

5,2

-5,2

-8

-9,2

-5,9

-0,8

0,2

Avance de la Banque centrale en % des recettes fiscales de l'an n-1

< 10%

17,6

0

27,1

16,1

23,1

0

0

Réserves brutes extérieure (en mois d'importations) (*)

= 3

2,2

4,4

3,4

2,8

2

2

2,3

Nombre de critères respectés

 
 

3

2

0

0

2

2

Critères secondaires

Norme

2000

2001

2002

2003

2004

2005

déc. 2006

Arriérés de paiements

= 0

 

n.a.

n.a.

n.a.

n.a.

n.a.

n.a.

Recettes fiscales/PIB

> 20%

10,2

10,3

10,9

9,8

9,8

12,1

13,5

Masse salariale/Recettes fiscales

= 35%

38,2

35,3

34,2

36,7

31,5

23,2

25

Investissements publics / Recettes fiscales

> 20%

7,7

4,8

10,2

12,1

19

11,3

11

Taux d'intérêt réel

> 0

0,7

7,1

1,3

-8,3

-19,2

-15

-15,3

Taux de change (+:dépréciation/ -: appréciation)

+/- 15%

14,6

2,8

0,08

1,25

21,6

55,6

66

Nombre de critères respectés

 
 

1

2

1

1

1

1

(*)En mois des importations CAF

 
 
 
 
 
 
 
 

Source : www.wami-imao.org

Tableau 9: - Etat de la convergence du Nigeria

Critères primaires

Norme

2000

2001

2002

2003

2004

2005

déc. 2006

Taux d'Inflation (fin de période)

De 0 à 9 %

14,6

16,5

12,2

23,8

10

11,6

8

Déficit budgétaire global hors dons (en % du PIB)

= 4%

1,5

3,2

3,9

2

1,2

1,1

1,7

Avance de la Banque centrale en % des recettes fiscales de l'an n-1

< 10%

0

0

0

0

0

0

0

Réserves brutes extérieures (en mois d'importations)

= 3 mois

13,6

11,3

7,3

5,6

13,6

19,7

27,5

Nombre de critères respectés

 

3

3

3

2

3

3

4

Critères secondaires

Norme

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

Arriérés de paiements (*)

= 0

0

0

0

0

0

0

n.a.

Recettes fiscales/PIB

> 20%

11,5

14,7

10

11,4

14,8

17

15,9

Masse salariale/Recettes fiscales

= 35%

36,2

28

47,2

26,9

21,9

17,9

21,5

Investissements publics / Recettes fiscales

> 20%

59,6

71,1

83,2

55,9

30,6

41,8

35,9

Taux d'intérêt réel

> 0

-14,3

-13,1

-8,5

-20,6

-5,6

-8,3

-5

Taux de change (+:dépréciation/ -: appréciation)

+/- 15%

10,6

3

10,6

7,7

-3,1

-3

-0,3

Nombre de critères respectés

 

2

3

2

3

3

3

5

(*)Le Nigeria n'a aucun arriéré externe

Source : www.wami-imao.org

Tableau 10: - Etat de la convergence de la Sierra Leone

Critères primaires

Norme

2000

2001

2002

2003

2004

2005

déc. 2006

Taux d'Inflation (fin de période)

De 0 à 9 %

-2,8

3,4

-3,1

11,3

14,4

12

9

Déficit budgétaire global hors dons (en % du PIB)

= 4%

17,3

-16,5

-16,5

-14,4

-11,4

-12,3

11,4

Avance de la Banque centrale en % des recettes fiscales de l'an n-1

=10%

32,7

8,9

0

22

0

0

0

Réserves brutes extérieures (en mois d'importations)

= 3 mois

2,8

3,3

-0,6

2,3

4,2

3,5

4

Nombre de critères respectés

 
 

3

2

0

2

2

3

Critères secondaires

Norme

2000

2001

2002

2003

2004

2005

déc. 2006

Arriérés de paiements (*)

= 0

 

Na

Na

Na

Na

Na

Na

Recettes fiscales/PIB

>20%

10,8

14,5

14

11,5

11

10,4

22,6

Masse salariale/Recettes fiscales

<35%

 

58,1

63,9

59,7

56

65,5

58,1

Investissements publics / Recettes fiscales

>20%

18,9

7

8,6

10,6

7,3

6,6

8,1

Taux d'intérêt réel

>0

7,5

11,3

17,81

8,9

12,9

8,4

-1,5

Taux de change (+:dépréciation/ -: appréciation)

#177;15%

15,4

Na

Na

Na

11,6

14,5

17,6

Nombre de critères respectés

 
 

1

1

1

2

2

1

(*)En mois des importations FOB

Source : www.wami-imao.org

CARTE DES PAYS MEMBRES DE L'UEMAO ET DE LA ZMAO

Cap Vert

Togo Bénin Etats membres de l'UEMOA Etats membres de la ZMAO

Guinée-Bissau Burkina Faso

Gambie Mali

Sénégal Niger

Sierra Leone Nigeria

Côte d'Ivoire Ghana

Guinée

Libéria

Nb : Le Cap Vert n'est pas membre de la ZMAO, parce qu'ayant opté pour le statut d'observateur.






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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams