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Les troubles du comportement à bord des navires

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par Frédéric Travers
Ecole nationale de la marine marchande - Diplôme d'étude supérieur de la marine marchande 2008
  

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Partie 2 : Sémiologie des troubles du comportement.

En médecine, le terme « sémiologie » correspond à l'étude des signes et symptômes des maladies, et à la pratique de leur recueil par l'examen clinique.

1) Les troubles du comportement dit « négatifs »

Ces troubles du comportement dit « négatifs » se manifestent sous la forme d'un retrait, d'une démotivation globale, de tristesse ou d'insomnie.

Ces troubles passent souvent inaperçus et peuvent être relativement bien tolérés car ils ont le mérite de ne pas déranger l'entourage.

a) « L'état dépressif »

L'expression « état dépressif » s'est banalisée et désigne souvent un état passager.

« L'état dépressif » est une affection très répandue qui affecte indifféremment des personnes de tous les âges, de tous les milieux et de tous les styles de vie.

Lorsque ces symptômes persistent durant des semaines ou des mois et empêchent un retour à une vie "normale", ils peuvent être les prémices d'une réelle dépression.

Il n'y a pas de symptômes caractéristiques, mais on retrouve en général une réduction de l'activité psychologique et physique :

? réduction de l'activité psychologique

Une profonde tristesse et une absence de goût à la vie peuvent apparaître. Certains sujets peuvent devenir tendus ou irritables. La personne a une difficulté à communiquer avec l'équipage du navire, elle s'isole souvent dans sa cabine. Cette souffrance n'est pas souvent exprimée par la personne, c'est l'entourage qui s'en rend compte.

Le marin atteint de dépression se sent impuissant.

? La dépression peut affecter le corps en plus de l'esprit.

On peut observer des changements d'appétit ou de poids, une altération du sommeil. Ainsi, certaines personnes pourront souffrir d'un manque d'appétit alors que d'autres compenseront en prenant du poids.

De la meme manière, certaines personnes auront du mal à s'endormir pour se réveiller au milieu de la nuit alors que d'autres auront tendance à dormir de manière excessive.

. L'humeur est changeante.

En plus de l'état déprimé, la personne peut etre l'objet d'autres changements émotionnels :

un sentiment injustifié de culpabilité, un manque de confiance en soi et d'incapacité. Certaines personnes fuiront les situations nécessitant de leur part une prise de responsabilité, de peur de mal faire.

Au travail, on retrouve aussi une difficulté à se concentrer, une difficulté à prendre des décisions, une production moindre, des erreurs plus fréquentes ainsi qu'un manque d'enthousiasme.

Ces symptômes empêchent les personnes de travailler de manière efficace. Dans des cas extrêmes, des tâches anodines deviennent insurmontables.

Cette dépression peut se joindre à une consommation élevée de drogues, d'alcool ou de médicaments, « pour oublier la souffrance».

Lorsque cette souffrance n'est pas médicalisée, la nervosité excessive et le sentiment d'inutilité s'accompagnent d'idées noires qui peuvent aller jusqu'à des pulsions suicidaires.

b) L'anxiété

L'anxiété est un trouble émotionnel qui se manifeste par un sentiment d'insécurité, un sentiment d'appréhension, de tension, de malaise, face à un péril de nature indéterminée. Elle est souvent exprimée par la personne sous les termes de nervosité ou de soucis.

Les troubles anxieux sont fréquents, ils affecteraient chaque année environ 2 à 8 % de la population adulte.

L'anxiété peut être normale voire nécessaire : dans ce cas elle est bien tolérée par le sujet qui peut la contrôler et qui ne la perçoit pas comme une souffrance (elle n'a pas de retentissement sur sa vie quotidienne).

L'anxiété normale est l'expérience que chacun de nous a vécue :

la peur avant un examen, l'inquiétude pour la santé d'un de ses proches, ou des réactions anxieuses face aux accidents et aux catastrophes.

Dans ce cas, c'est une émotion utile, une motivation dans certains évènements de la vie, car c'est une réaction adaptative psychologique au stress.

L'anxiété est anormale lorsqu'elle :

- survient sans raison,

- lorsqu'elle devient permanente,

- et qu'elle créé une perte d'adaptation aux changements de la vie.

A ce stade d'anxiété, on parle alors d'angoisse.

Cette souffrance est ressentie comme un sentiment pénible, de dangers imprécis et imminents et s'accompagne très souvent de troubles somatiques (c'est-à-dire qu'ils s'expriment par le corps).

Elle peut alors se manifester par des symptômes respiratoires, des symptômes cardiaques, des symptômes digestifs ou urinaires.

L'angoisse se manifeste aussi par des phobies, la peur des espaces clos.

Elle peut se manifester par des troubles obsessionnels-compulsifs, le fait de répéter des mouvements identiques.

L'addiction d'alcool ou de drogues, comme dans la dépression, est souvent une tentative pour réduire l'angoisse. L'action, à court terme est positive pour le patient, il n'a plus de souffrance mentale mais, par contre, le contrecoup peut être dur et donc encore plus accentuer cette angoisse.

c) Le trouble du sommeil

Les troubles du sommeil sont tous les éléments qui empêchent de dormir correctement la nuit et qui ont des effets néfastes sur la santé.

Le trouble du sommeil le plus fréquent est l'insomnie. Elle touche actuellement plus d'un quart de la population adulte.

L'insomnie se définit comme un défaut de sommeil (difficulté à dormir ou sommeil non récupérateur) dont le sujet se plaint.

Il est bien évident que chacun peut etre un jour ou un autre, sujet à l'insomnie : le véritable problème surgit lorsqu'elle devient quotidienne.

Il existe plusieurs signes dominants dans le trouble du sommeil :

- la personne est irritable,

- elle a des troubles de la mémoire,

- elle a des coups de fatigue.

Pour contrer les petites insomnies, il est conseillé d'avoir une activité sportive dans la journée.

Par contre pour des insomnies chroniques, il est nécessaire de prendre un avis médical.

En effet, chez le personnel naviguant, une insomnie chronique peut engendrer des somnolences diurnes importantes et fréquentes.

Cette baisse de la vigilance peut représenter un danger pour la sécurité du navire, lorsque le marin travaille à un poste de conduite passerelle ou machine.

d) Le trouble de l'estime de soi

Le terme « estimer » signifie « déterminer une valeur » et « avoir une opinion favorable sur ».

Pour GERMAIN DUCLOS (psycho éducateur et orthopédagogue) l'expression « estime de soi » implique de « juger de sa valeur personnelle. » [4]

«L'estime de soi est faite de quatre composantes : le sentiment de confiance, la connaissance de soi, le sentiment d'appartenance à un groupe et le sentiment de compétence. Le sentiment de confiance est préalable à l'estime de soi. En effet, il faut d'abord le ressentir et le vivre afin d'être disponible pour réaliser des apprentissages qui vont nourrir l'estime de soi. Il en va autrement des trois autres composantes. On peut stimuler la connaissance de soi, le sentiment d'appartenance et le sentiment de compétence, à chaque stade du développement, à chaque période de la vie, par des attitudes éducatives adéquates et des moyens concrets. »

Le trouble de l'estime de soi apparaît lorsqu' une personne recherche le parfait dans tous ses faits.

Ce trouble survient toujours après un gros échec.

Ces personnes culpabilisent souvent.

Elles ont une vision négative d'elles-mêmes, elles se trouvent incompétentes.

Cette perte de l'estime de soi continue peut engendrer une dépression avec des pensées suicidaires.

Cas concret n°1 : situation à bord d'un navire (source du C.C.M.M) :

Le 17/10/2xxx, à 14h20, appel du Commandant du navire FXXX, pétrolier de pavillon français entre les Antilles et la côte US pour un patient français, officier de 43 ans :

- le motif de consultation semble banal : présence d'une asthénie (sensation de fatigue permanente exprimée par le patient), avec insomnie.

L'interrogatoire du Commandant permet de préciser que ce patient, à bord depuis quelques jours, lui semble particulièrement triste, se plaignant de troubles du sommeil et d'angoisse. Par ailleurs il a noté une perte de l'appétit.

Il n'est pas retrouvé d'antécédents médicaux notoires.

Afin de préciser au mieux les symptômes et le vécu du patient, le médecin demande au commandant son accord pour un entretien direct avec le patient et en l'absence du responsable des soins.

Le 17/10/2xxx, à 14h46, deuxième appel du navire :

- le patient est en ligne, il pleure au téléphone. Il se dit très anxieux par rapport à de nouvelles responsabilités qui doivent lui être confiées dans quelques jours. Le dialogue avec le médecin permet de recueillir des symptômes de dévalorisation, d'autodépréciation, avec une perte de confiance en soi et la sensation d' avoir des difficultés à résoudre les conflits, les problèmes. Il n'existe pas d'idées suicidaires. Il n'y a aucune composante délirante. L'interrogatoire retrouve

quelques manifestations du même type mais moins intenses lors d'un embarquement précédent ; tout était rentré dans l'ordre à la fin du voyage . Le patient n'exprime pas de soucis familiaux ni conjugaux. Il n'existe aucun traitement en cours.

Au terme de l'entretien le patient est d'accord pour un débarquement dés la prochaine escale et une prise en charge médicale à terre à son retour au domicile. Il doit en informer lui-même le commandant .

Le 17/102xxx, à 15h58 : rappel du commandant pour refaire un point et prendre une décision conjointe avec le patient et le médecin du CCMM : le patient sera débarqué lors de la prochaine escale (4 jours plus tard) dans un port étranger. Aucun traitement n'est prescrit, le patient se disant déjà soulagé de la décision prise.

Dans ce cas clinique, apparaît le caractère insidieux d'un trouble anxio-dépressif qui aurait pu s'aggraver rapidement en l'absence de prise en charge. Celle-ci a consisté en un dialogue entre responsable des soins et patient, suivi d'un entretien direct entre patient et médecin du CCMM qui a permis, dans un climat de confiance et de confidentialité, de mettre en évidence la sévérité du cas et de poser l'indication de débarquement du patient.

2) Les troubles du comportement dit « positifs »

Ces troubles sont qualifiés de « positifs » lorsqu'ils deviennent dérangeants pour l'environnement humain et matériel.

Ils se caractérisent par une agitation, de l'agressivité, ou des comportements inappropriés.

L'agitation se définit comme une perturbation du comportement moteur, psychique et relationnel.

Elle se traduit par :

· des manifestations extérieures physiques et motrices,

· un état d'excitation psychique aboutissant à la perte de contrôle des pensées, des paroles, des actes.

Cette conduite pathologique est habituellement exagérée dans sa forme et dans sa force, inadaptée, hostile, incohérente créant pour l'entourage une gene ou une menace.

Cette agitation peut présenter un danger pour les autres ou pour le malade lui-même.

L'agitation peut se diviser en quatre types : l'agitation confuse, l'agitation anxieuse, l'agitation maniaque et l'agitation délirante.

a) L'agitation confuse

L'agitation s'accompagne d'une confusion qui est un amoindrissement de la vigilance allant de l'absence de réactions à l'indifférence aux émotions.

Le malade est désorienté dans le temps et dans l'espace. Son discours est incohérent.

Ce trouble peut créer chez la personne une activité cérébrale soit ralentie, soit exagérée.

Chez ses personnes nous remarquons une baisse de l'efficience intellectuelle, ainsi qu'un trouble de la mémoire.

La personne est rarement violente ou agressive.

Toutes ces agitations s'installent en quelques jours voire chez certaines personnes quelques heures.

Il faut considérer a priori que la cause de cet état confusionnel n'est pas psychiatrique mais médicale.

b) L'agitation anxieuse C'est une crise d'angoisse, ou attaque de panique.

Cet accès brutal d'angoisse entraîne une agitation motrice. Ces crises expriment la peur du malade.

Ces crises sont imprévisibles et accompagnées de symptômes physiques. (On retrouve comme dans l'anxiété dite « négative » des signes respiratoires, cardiaques, digestifs et urinaires).

La personne ressent un malaise intense, un sentiment de danger imminent et la peur de commettre un acte incontrôlé.

La personne a l'impression de ne plus etre elle-meme et ne reconnaît plus ce qu'il l'entoure.

Le risque est que la crise devienne impulsive et auto-agressive.

c) L'agitation maniaque

C'est un trouble de l'humeur.

Le début est progressif, en général marqué par une insomnie et une hyperactivité croissante. La personne est de contact facile voire familière.

Elle parle sans arrêt et a une activité incessante.

Il existe une perte du sens moral, la personne est désinhibée.

L'agitation est extrême, la personne ne reste pas en place, ses gestes sont rapides et inadaptés.

« Cette opposition entre un état troublé et l'optimisme du sujet est évocatrice de l'accès maniaque » : Extrait du magazine Santé Mentale [5].

d) L'agitation délirante

C'est une agitation de début brutal. Le sujet n'est plus dans la réalité. L'agitation est directement liée au délire.

Les hallucinations sont fréquentes :

· le sujet entend des voix intérieures qui lui dictent ses actes.

· les hallucinations peuvent être également visuelles olfactives, sensitives.

La personne adhère totalement à son délire (elle ne remet pas en cause son délire) et ne se reconnaît en rien comme malade : le patient refuse et ne peut pas reconnaître sa maladie.

Le délire peut avoir des thèmes variés qui peuvent être regroupés en grandes catégories : La persécution : conviction délirante d'être victime de préjudices, d'agressions.

La jalousie.

La mégalomanie : c'est une surestimation de soi qui n'est pas conforme à la réalité. Une telle thématique délirante donne lieu à des troubles du comportement : projets pharaoniques, entreprises grandioses et contacts inappropriés...

L'auto-accusation : ce thème délirant traduit un jugement très défavorable que tient le sujet sur luimême, hors de toute réalité. Elle se trouve en général associée à une auto dévalorisation, un sentiment de ruine et de culpabilité.

L'hypocondrie : préoccupations corporelles, hors de toute réalité, centrées sur la maladie, la transformation corporelle, centrées souvent sur les modifications d'un organe particulier.

La négation d'organes : conviction délirante de mort d'un organe voire du corps tout entier.

Le mystique et ésotérique : délire en rapport avec les Ecritures saintes, la parole divine, une mission ésotérique et divine à accomplir, des forces obscures, du Mal ou du Bien.

Le fantastique : discours visionnaire, conviction d'une relation avec une vie extra-terrestre par exemple.

L'influence : sentiment d'être guidé par une force surnaturelle.

L'agitation délirante peut se révéler très dangereuse pour l'entourage de la personne. L'agressivité est souvent présente dans ce cas.

Au terme de ce chapitre descriptif de sémiologie il apparaît de manière évidente que les troubles du comportement se manifestent de manière très diverse, parfois trompeuse ou insidieuse.

Il est nécessaire d'avoir une parfaite connaissance de ces différents symptômes afin de les recueillir le plus précisément possible au cours d'un examen attentif, souvent réalisé dans des conditions difficiles mais indispensable à une prise en charge médicale appropriée.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand