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La théorie des cycles dans la controverse entre Keynes et Hayek

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par Ousmane Thiané DIOP
Paul Cezanne Aix en Provence - Master II Philosophie Economique 2007
  

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CONCLUSION

Pour Hayek, il existe une portion de la production totale à consommer tandis que l'autre est à investir. Tant que ce rapport est respecté, il n'y aura jamais de crise. Cependant dés qu'on y déroge, grâce au concours du crédit, l'économie devient perturbée et les fluctuations doivent être perçues comme des efforts en vue de rétablir l'équilibre. Hayek prône un certain fatalisme devant la crise : « Nous pouvons peut être prévenir une crise en contrôlant l'expansion à temps , mais,une fois déclarée, nous ne pouvons rien faire pour en sortir avant son terme naturel. » p.171 P-P

Ce qui importe, c'est de rétablir le mécanisme des prix. L'unique façon pour remédier aux crises consiste à laisser la parole au mécanisme naturel des prix afin d'assurer l'autoreproduction et une croissance aux pas à pas et non une croissance aux pas de course telle que le voudrait Keynes. Plus tard Hayek proposera une solution radicale qui consisterait à déposséder de l'Etat du monopole monétaire78(*). Cette théorie que certain qualifie de « marotte un peu bizarre » est un véritable procès à l'encontre de la politique de l'argent facile et de l'intervention à outrance de la puissance publique.

Mieux vaut, à son avis, prendre le temps qu'il faut pour mettre en place un tissu économique à base de secteurs productifs viables et rentables quelque soient les sacrifices que cela nécessite que de provoquer une profusion de secteurs parasites non rentables qui ne trouvent plus rien à offrir dés que la réalité reprend le dessus sur les artifices. L'excès de liquidités bancaires finit par noyer le mécanisme des prix qui seule parvient à faire bénéficier l'économie d'une forme de coordination parfaite. Il n'est donc pas erroné de dire que durant le cycle, le système des prix est écarté du jeu économique tandis que la régulation se fait de façon irrationnelle. Keynes soutiendrait l'exacte inverse. Durant le cycle, l'absence de liquidités bancaires pour suivre les cadences de l'expansion finit par coincer le mécanisme des prix et céder la place aux esprits animaux. Ainsi, il faudrait l'intervention des autorités monétaires pour rétablir la confiance et créer pour le système des prix les conditions d'un fonctionnement adéquat. Il ne considère pas que le cycle en soi soit néfaste pour l'économie. C'est uniquement lors de la phase de déflation qu'il constate des pertes d'emploi et de richesse. » There is one general conclusion which legitimately emerges from this discussion, namely that the principal evils of a credit cycle are due to its deflation phase and no to its inflation phase ». p267 vol I

Les fluctuations relèvent de la différence entre le volume du crédit octroyé par le système bancaire et le volume optimal qui assurerait le plein emploi tandis que Hayek considère, partant d'une position d'équilibre, qu'elles sont dues à une injection monétaire sans rapport avec la croissance de la production. Cette analyse, il la partage avec Friedman. Au sens de ce dernier, la crise demeure évitable à partir du moment où la croissance monétaire est calquée sur la croissance de l'économie. Il semblerait que l'objectif de Keynes soit le plein emploi tandis que celui de Hayek demeure l'équilibre.

La compréhension de l'analyse économique d'un auteur passe par sa perception de la nature et du rôle de la monnaie dans les cycles économiques. C'est valable aussi bien pour Hayek que pour Keynes. Tous deux l'appréhendent en tant que réponse à l'incertitude et à la temporalité intrinsèques à l'échange indirect. En d'autres termes, il l'envisage en tant qu'instrument au service des anticipations des agents. Cependant, alors que Keynes se réjouit de sa gestion par l'Etat et la présente comme un élément qui se fond dans l'économie avec de possibles vertus de dynamisation selon la posologie, Hayek lui reconnaît des caractéristiques assimilables à celles du dopage et se félicite des capacités du système économique à corriger les abus étatiques avant de rétablir l'équilibre. Keynes lui attribue des vertus messianiques tandis que Hayek la considère source des maux dont souffre l'économie.

La source de leurs divergences est comme l'auront notée Steele et Dostaler purement normative. Elle relève souvent d'hypothèses arbitraires et de convictions purement personnelles. Hayek conçoit que les crédits s'estompent alors que rien n'empêche leur poursuite.Il reconnaît d'ailleurs l'aspect fondamental de l'analyse de Keynes à savoir qu'une politique monétaire expansionniste puisse engendré un progrès bien qu'instable.  Il est opportun de se demander pourquoi Hayek n'a pas analysé ce qui devrait être fait comme politique, une fois arrivé à une expansion rapide grâce au crédit facile, pour maintenir les emplois et la richesse qu'ils auront permis d'accumuler car cette situation bien artificiellement provoquée et instable est plus avantageuse qu'une situation certes équilibrée mais associée à un chômage et à un potentiel de croissance inexploitée. Par ailleurs, Hayek reproche à Keynes de faire usage des agrégats pour établir des relations qui ne traduisent en rien la réalité économique et au même moment, il fait usage du taux naturel et le compare au taux monétaire alors que celui ne peut constituer qu'une moyenne de l'ensemble des taux de profit existant au sein de l'économie.

Si pour Hayek,il existe une proportion entre secteur des biens de consommation et celui des biens d'équipement telle que l'économie soit en équilibre, cela voudrait dire que ce rapport pourrait être atteint à des niveaux de production différente. Peut être qu'il devait indiquer à quoi tient ce rapport afin que dés les premiers moments du cycle que l'on puisse éviter la dépression en adaptant le niveau de consommation par une hausse des salaires, des crédits ou des dépenses publiques en vue de l'instauration d'une telle proportion vu que c'est les biens de production qui sont en excès.

Apres avoir expliqué la crise (origine, manifestation.. .), Hayek devait nous dire comment s'effectue la reprise et dans quelle mesure une politique économique permettrait l'amélioration de la situation. A mon humble avis, sous réserve d'avoir compris ses analyses, il aurait pu trouver la proportion grâce à laquelle entre les deux secteurs de l'économie il n'y aurait pas de distorsions majeures. Par exemple si la proportion était de 2/3, c'est-à-dire pour deux unités de bien de consommation, il faudrait trois unités de biens de production, en produisant 1000 unités, on pourrait affecter 600 à la production et 400 à la consommation et si la production est de 5000, on affecterait 3000 à la production et 2000 à la consommation et l'on resterait toujours en équilibre cependant il s'agirait d'un équilibre quantitativement supérieur puisqu'il sera associé à plus de richesse et sûrement moins de chômage. Peut être que c'est dans cette logique que se trouve Keynes. Il propose dans le Treatise une intervention neutre qui consiste à mettre à la disposition de qui veut des ressources pour financer ses activités. Le planificateur peut être est aussi dans la même logique à la différence qu'il n'a pas du tout confiance au marché contrairement à Keynes qui semble être à mi chemin entre ces deux systèmes entre lesquels l'opposition de procédure est sans appel même si l'objectif final reste le même pour tous : plus de richesse, moins de chômage dans les plus brefs délais et de façon durable.

Tentons une petite comparaison :

Hayek 

Cause du déséquilibre : L'Etat par le biais de son incarnation financière, la Banque Centrale.

Remède au déséquilibre : le marché grâce à la vigueur de son mécanisme des prix

Keynes

Cause du déséquilibre : en partie le marché du fait qu'à partir d'un certain seuil ses mécanismes deviennent défaillants

Remède au déséquilibre : l'Etat grâce à l'injection de liquidités au moment opportun.

Le planificateur

Cause du déséquilibre : le marché pour son incapacité à coordonner correctement

Remède au déséquilibre : le tout Etat

Toutefois devant ce qui semble être à première vue une opposition radicale, nous allons essayer de dégager des affinités analytiques qui témoignent d'un socle de vision commune.

Hayek, bien que considérant les crédits issus d'une création monétaire comme responsables des crises reconnaît que leur poursuite permettrait de générer un surplus en termes de richesse et d'emplois, exactement comme Keynes. Etant en accord sur le rôle du crédit (inflation, emploi et richesse à court terme) et sur les conséquences de son arrêt (dimunition du capital dans l'économie, perte d'emploi et de richesse) et de sa reprise (regain d'inflation accompagné de plus d'emplois et de richesse...) leur divergence semble plutôt normative ;l'un préfère, me semble t'il, l'arrêt du crédit et donner à l'économie le temps de purger les interventions à l'origine des fluctuations afin de générer un nouvel équilibre tandis que l'autre juge urgent de continuer les crédits afin de pérenniser la phase d'ascension de l'économie sans guère donner une importance capitale à la notion d'équilibre que le premier trouve sacré.

Derrière ce qui semble être une divergence totale, un examen plus approfondi devrait permettre de déceler un socle conceptuel et analytique commun. Bien que n'ayant pas eu l'intelligence de lire Schakle, nous sommes déjà bien préparés à accepter ses conclusions ou tout au moins en partie.

* 78 La monnaie est née libre et elle doit le demeurer dans un système monétaire sans monopole où chaque agent aura l'entière responsabilité de sa propre monnaie. Ainsi, il n'y aurait pas de crise. Telle est la prescription contenue dans son petit opuscule des années 70 intitulé Dénationalisation de la monnaie.

La valeur de chaque monnaie serait garantie par un taux de change et un pouvoir d'achat flexibles alors que sa défense incombera à ses promoteurs. L'essentiel, c'est de retirer le monopole d'émission à la Banque Centrale et de promouvoir une micro régulation par les banques de second rang.

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