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La maltraitance des enfants et ses conséquences dans la mort du petit cheval d'Hervé Bazin

( Télécharger le fichier original )
par Erick MASHAKO Manishimwe
Université de Lubumbashi (UNILU) - Gradué en Lettres et Civilisation françaises 2008
  

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UNIVERSITE DE LUBUMBASHI

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT DES LETTRES ET CIVILISATIONS FRANCAISES ET LATINES

 

 

 

 

 

« LA MALTRAITANCE DES ENFANTS ET SES CONSEQUENCES »

DANS LA MORT DU PETIT CHEVAL D'HERVE BAZIN

 

 

 

Par MASHAKO MANISHIMWE Erick

Travail présenté en vue de

l'obtention du grade de

Gradué en Lettres et civilisation françaises

 Dirigé par le C.T. Floribert SAKWA Lufwatula

 

Juillet 2009

Juillet 2009

I

EPIGRAPHE

« Génies éteints dans les larmes, coeurs méconnus, saintes Clarisse Harlowe ignorées, enfants désavoués, proscrits innocents, vous tous qui êtes entrés dans la vie par ses déserts, vous qui partout avez trouvé les visages froids, les coeurs fermés, les oreilles closes, ne vous plaignez jamais ! Vous seuls pouvez connaître l'infini de la joie au moment où pour vous un coeur s'ouvre, une oreille vous écoute, un regard vous répond. Un seul jour efface les mauvais jours. »

Honoré de BALZAC, Le Lys dans la vallée, [Paris], Livre de poche, [1984], p. 107

II

DEDICACE

A mon père et ma mère pour le don de la vie,

A tous les hommes et femmes de bonne volonté, épris de justice et de paix,

Aux parents et éducateurs qui se dévouent au service de la jeunesse,

nous dédions ce travail.

III

REMERCIEMENTS

C'est par ces lignes que nous venons déposer dans vos coeurs la charge la plus vive de reconnaissance. Il n'est de plus agréable devoir que de remercier. Aussi est-ce un plaisir de rendre ici un vibrant hommage au Chef de Travaux SAKWA Lufwatula pour la direction de ce travail.

Nous ne saurons coudre nos lèvres devant tous ces hommes et femmes qui dans l'ombre ont peiné et peinent encore pour que nous portions demain le nom de critique littéraire. Nous citons avec gratitude tout le corps académique et scientifique de la Faculté des Lettres et Sciences humaines.

Au soir de notre premier cycle en Lettres et civilisation françaises, nos pensées, tel l'oiseau de Minerve, s'envolent vers toutes ces personnes, parents, amis et connaissances, qui ont toujours manifestées un vif intérêt à ce que nous faisions et qui de près ou de loin nous ont toujours soutenus. Nous pensons à nos chers parents, MASHAKO Mamba Sebi et BANDUSHA Banga ; Pr MASHAKO Mamba Nyenya et TAMBU Sudila; Dr Yves MASHAKO; Dr Many MASHAKO; Me Rheim's MASHAKO; Nathan MASHAKO ; Dr Teto FONDACARO et Dr Dadah MASHAKO; Dr Didier LUKEME et Nicole MASHAKO; notre bien-aimée petite soeur Yvette MASHAKO; les familles Jean et Thomas MATEMANE, ainsi que toute la famille BANSOBA.

Que nos remerciements s'adressent également et d'une manière spéciale à tous nos compagnons jésuites et à tous nos condisciples pour leur sollicitude.

Puissent toutes ces personnes, ainsi que celles que nous ne saurons nommer ici, recueillir en ces lignes nos sentiments les plus affectueux !

Erick MASHAKO M.

INTRODUCTION GENERALE

0.1. CHOIX ET INTERET DU SUJET

Le monde est en crise. Une crise multidimensionnelle. Elle affecte tous les secteurs de la planète et de la vie humaine : du climat aux espèces animales, tant aquatiques que terrestres ; des finances à l'éducation, en passant par l'économie et la morale. Tout est en crise et en appelle à la restructuration et à la refondation.

Du grec « crisis », la crise est une période de l'existence, un moment douloureux d'une remise en question en profondeur. C'est un temps de discernement pour une solide refondation.

Dans le présent travail, La Maltraitance des enfants et ses conséquences dans La Mort du petit cheval d'Hervé Bazin, il est plus question de la crise éducationnelle. Plusieurs sont les mauvais traitements dont sont victimes les enfants en milieu familial. Cela entraîne des conséquences fâcheuses sur leur croissance et leur vie d'adulte. Nombreuses sont les personnes révoltées, frustrées, aigries, inaptes à l'amour et à la joie suite à des blessures subies durant leur enfance.

La famille, il est vrai, est la cellule de base de tout individu. Chaque homme est ainsi censé être le miroir de sa famille. Aussi celle-ci est-elle un des droits fondamentaux de toute personne humaine. En cela, elle joue un rôle irremplaçable dans la vie de tout individu. C'est le lieu, par excellence, de l'apprentissage de l'amour, de la justice, de la liberté et du bonheur, ou, à l'inverse, de toute valeur négative.

Cependant, l'institution familiale au XXIè siècle traverse aussi une profonde crise et en appelle à une refondation. Outre le problème de l'autorité parentale, il se pose le problème du divorce, de la monoparentalité, de la chaleur affective, quand tous les deux parents sont absorbés par leur travail... Nous ne nous attarderons pas là-dessus, l'objet de notre étude étant autre.

0.2. PROBLEMATIQUE

Dans un contexte mondial des guerres interétatiques et internes, avec toute la caravane de misères qu'elles entraînent, dans ce contexte mondial où la crise économico-financière bat son plein, jetant au chômage une multitude des personnes et entraînant des conditions de vie très précaires dans moult familles, il nous a paru impérieux de collaborer à l'avènement des hommes nouveaux. Des hommes rompus aux valeurs d'amour, de paix et de réconciliation. Des hommes libérés de la pesanteur de leur affreux passé familial.

« La plus belle fille du monde ne donne que ce qu'elle a », dit-on. Est-il possible d'engendrer l'amour, la paix et la joie autour de soi quand toute son enfance n'a été que haine, méchanceté et tristesse ? Est-il possible de connaître le bonheur et l'épanouissement quand toute sa vie n'a été que brimades, injustices et malheurs ? Comment s'y prendre ? Comment se libérer des conséquences de la maltraitance subie ? Ce questionnement mérite qu'on s'y penche et qu'une réponse adéquate y soit donnée.

Mais auparavant, un diagnostic sévère s'impose. Quelles sont les causes de la maltraitance des enfants ? En quoi consiste cette maltraitance ? Quelles en sont les conséquences ? Là est la problématique du présent travail.

0.3. ETAT DE LA QUESTION

Nos recherches en bibliothèque nous ont renseignés sur les travaux de nos prédécesseurs. Toutefois, il sied de signaler qu'il s'agit en fait des travaux encore présents à l'appel. Car il y a eu un vent de pillages qui a soufflé sur la ville de Lubumbashi, en général, et notre bibliothèque, en particulier.

Ainsi, un seul des travaux qui se trouvent présentement dans la bibliothèque de la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l'UNILU partage notre passion pour Hervé BAZIN. Il s'agit du travail de fin de cycle de DJONGE Colette. Celui-ci porte sur Vipère au poing. Mais aucun de ces travaux n'a abordé ni la thématique ni l'ouvrage qui sont nôtres.

Vipère au poing, La Mort du petit cheval et Cri d'une chouette forment une trilogie où l'auteur aborde respectivement les questions de l'enfance, de l'adolescence et de la vie adulte.

Dans Vipère au poing, Hervé Bazin traite de la famille Rezeau. L'histoire se passe en France. Jacques Rezeau et Paule Pluvignec décide de s'unir pour le meilleur et pour le pire. De leur union naissent Ferdinand et Jean Rezeau. Mais une mutation oblige le couple Rezeau de partir de la France pour la Chine. Jacques et Paule Rezeau trouve mieux de laisser leurs deux fils, écoliers, aux bons soins de leur grand-mère paternelle. Chez leur grand-mère paternelle, Ferdinand et Jean Rezeau passeront quelques années d'enfance heureuses tandis que leurs parents et leur plus jeune frère, né en Chine, y séjournaient. Jacques enseignait le droit international dans une université chinoise.

Cependant, lorsque Jean a huit ans, sa grand-mère meurt d'une maladie des reins. Le couple Rezeau est alors obligé de retourner en France. Les deux frères ont hâte de revoir leurs parents et de découvrir ce petit frère, Marcel, qu'ils ne connaissent pas.

Malheureusement, la vie avec leurs parents ne sera pas un paradis. Très vite, Ferdinand et Jean regretteront le temps passé aux côtés de la grand-mère. De retour à La Belle Angerie, leur domicile familial, Ferdinand est maltraité par leur nouveau précepteur, l'abbé Traquet, qu'ils surnomment BVII. Mécontent, Jean parvient à brouiller ce méchant précepteur avec Paule Rezeau.

Mais, devenu le principal souffre douleur de leur mère, qui multiplie les humiliations et lui les représailles, Jean finit par fuir le toit familial après avoir attenté à deux reprises à la vie de leur mère.

Réfugié à Paris chez ses grands-parents maternels, Jean Rezeau est finalement ramené à domicile par son père, Jacques Rezeau. L'ambiance est plutôt à l'indifférence. Surtout que, devenu adolescent, sa corpulence, ses initiatives, son assurance et ses provocations impressionnent sa mère. Jean prend alors l'habitude de se réfugier sur la plus haute branche d'un arbre de la propriété pour bien analyser la nouvelle situation.

Jean et Paule Rezeau se ménagent quelque peu. Toutefois, les travaux recommencent à La Belle Angerie : il faut désherber les allées du parc, cirer les parquets du salon... Pourtant un anniversaire va modifier le quotidien, celui du jubilé d'argent de René Rezeau comme membre de l'Académie française. Le jour de la fête, il faut écouter un discours assommant de trois heures. Dès lors, la haine que Jean éprouvait pour ses proches s'étend maintenant à toute sa famille et à toute la bourgeoisie.

En fin de compte, les trois enfants Rezeau sont envoyés comme internes chez les Jésuites au Mans. Reste une haine définitive entre Folcoche1(*) et Jean. Ce dernier quitte La Belle Angerie « une vipère au poing ».

Dans La Mort du petit cheval, comme nous le voyons ici plus loin, dans le résumé de l'ouvrage, Jean est aux études secondaires toujours persécuté par sa mère. A la fin de celles-ci, ses parents lui imposent des études universitaires de Droit. Mais la rupture de sa relation avec une de ses conquêtes, Michelle Ladourd, rupture provoquée par sa mère, le poussera à la fugue. A Paris, où il s'est inscrit à la Sorbonne en Journalisme, comme il l'a toujours souhaité, Jean fait la connaissance de Monique Arbin, une secrétaire dans une étude parisienne. Celle-ci sera sa future épouse avec qui il aura un fils, appelé Jean. A vingt ans, Jean parvient à fonder un foyer heureux à la grande déception de sa mère et au grand étonnement de ses frères.

Dans Cri de la chouette, Jean Rezeau a maintenant quarante-cinq ans. Veuf, il s'est remarié avec Bertille dont il élève la fille, Salomé, parmi ses propres enfants. Et voilà que Madame Mère2(*), jamais revue, fait irruption chez lui. Trahie, dépouillée par Marcel, son fils préféré, elle vient offrir la paix. Elle propose même à Jean de racheter la maison familiale, La Belle Angerie. Jean, qui avait exorcisé les fantômes de sa jeunesse, hésite. Puis, il accepte d'oublier le passé sur l'insistance de sa femme et de ses enfants qui croient pouvoir convertir leur redoutable aïeule.

Folcoche pourtant reste toujours Folcoche. Elle sème aussitôt méfiance et discorde. En même temps, une étonnante métamorphose la fait accéder soudain à la passion. Elle se met à adorer, à pourrir Salomé. Habituée, hélas ! aux moyens de la haine, elle ne sait ni aimer ni se faire aimer. Salomé accepte ses dons et ne songe qu'à son amant, Gonzague ; elle s'enfuira avec lui. Paule Rezeau abandonne alors La Belle Angerie, en jette les clefs à son fils pour poursuivre la jeune fille...Mais elle tombe, foudroyée par une thrombose, et meurt, seule en face de Jean, présent du moins à son dernier soupir comme elle l'avait été, elle, à son premier.

« Quand on m'enterrera, il y aura peut-être des joues humides, s'il pleut ! » Sans doute se trompait-elle, la vieille chouette, en poussant ce cri désespéré.

0.4. METHODE DE TRAVAIL

Afin de mieux cerner notre sujet et de mener à bon port nos recherches, nous recourrons à la méthode de la lecture interne. A travers tout l'ouvrage, nous analysons la problématique de la maltraitance des enfants.

0.5. DIVISION DU TRAVAIL

Outre l'introduction et la conclusion générales, notre travail comprend trois chapitres.

Le premier traite des généralités sur l'auteur, sur son oeuvre et donne le résumé de l'ouvrage.

Le deuxième aborde les causes de la maltraitance et ce en quoi celle-ci consiste.

Le troisième, quant à lui, nous présente les conséquences de cette maltraitance des enfants.

CHAPITRE I GENERALITES

I.1. INTRODUCTION

Il n'est pas d'oeuvre sans auteur, ni d'auteur sans vie. La Mort du petit cheval ne déroge pas à cette règle.

Voilà pourquoi dans ce chapitre, nous parlons des généralités sur l'auteur et sur son oeuvre. Qui est Hervé Bazin ? Qu'en est-il de sa production littéraire ? De quoi s'agit-il dans le roman, La Mort du petit cheval ? C'est à ces questions que les lignent qui suivent tentent de répondre.

I.2. VIE DE L'AUTEUR

Jean-Pierre Hervé-Bazin, dit Hervé BAZIN est un écrivain français, né à Angers en 1911. Issu d'une famille dévote et bourgeoise, il passe son enfance dans le Maine et Loire, à Marans. Très tôt, il s'oppose à sa mère autoritaire (qui lui inspire le personnage de Folcoche) et fugue plusieurs fois durant son adolescence. Il refuse l'enseignement catholique en droit qu'on lui impose. Et, l'année de ses vingt ans, il rompt avec sa famille et part en Faculté des Lettres à la Sorbonne.

Malgré les souvenirs douloureux que lui évoquent les murs du Paty, manoir de ses parents, il reste toute sa vie très attaché à sa région natale, où il situe bon nombre de ses romans.

Hervé Bazin devient membre de l'Académie Goncourt en 1958. Il en devient le président en 1973.

Politiquement, Hervé Bazin appartient au Mouvement de la Paix, en relation avec le parti communiste dont il est proche. Il meurt d'un cancer du sein le 17 février 1996, âgé de 85 ans, laissant derrière lui 7 enfants issus de plusieurs mariages.

I.3. OEUVRES DE L'AUTEUR

L'aventure littéraire d'Hervé Bazin commence en 1933. Pendant une quinzaine d'années, il écrit de la poésie, mais sans éclat. En 1946, il crée une revue poétique, La Coquille. Il obtient en 1948 le prix Apollinaire pour Jour, son premier recueil de poèmes, suivi d'A la poursuite d'Iris. Cependant, sur le conseil de Paul Valéry, il se détourne de la poésie pour se consacrer à la prose.

L'oeuvre qui le propulse sur le devant de la scène littéraire et fait sa renommée est bien Vipère au poing. A sa mort, il laisse une cinquantaine d'ouvrages, pour la plupart des romans, publiés chez Grasset et au Seuil. Son dernier livre, Le Neuvième jour, est un cri d'alarme sur les dangers de la science.

Principaux romans

Ø Vipère au poing (1948)

Ø La Tête contre les murs (1949)

Ø La Mort du petit cheval (1950)

Ø Lève-toi et marche (1951)

Ø Contre vents et marées (1953)

Ø L'Huile sur le feu (1954)

Ø Qui j'ose aimer (1955)

Ø Au nom du fils (1959)

Ø Le Matrimoine (1966)

Ø Les Bienheureux de la Désolation (1970)

Ø Cri de la chouette (1971)

Ø Madame Ex (1974)

Ø Un feu dévore un autre feu (1978)

Ø L'église verte (1981)

Ø Le Démon de minuit (1988)

Ø L'École des pères (1991)

I.4. RESUME DE L'OUVRAGE

La Mort du petit cheval est la suite logique de Vipère au poing, où Hervé Bazin peint son enfance.

Publié en 1950 par Hervé BAZIN, La Mort du petit cheval se situe en grande partie en France et nous présente les trois enfants Rezeau, Ferdinand (Fred/Chiffe), Jean (Brasse-bouillon) et Marcel (Cropette), en pleine adolescence.

En réaction à la crise économique qui sévit, Jacques Rezeau, ancien professeur de Droit à la Faculté catholique d'Angers, a décidé d'embrasser malgré lui la carrière de magistrat. Il est nommé au poste de substitut de troisième classe. La ville d'Angers étant très sollicitée, M. Rezeau est envoyé en Guadeloupe, où la paie est considérable.

Partant pour la Guadeloupe, Jacques Rezeau et son épouse Paule, surnommée Folcoche3(*) voire Madame Mère par Fred et Jean, laissent leurs trois enfants aux études en France, au Collège Sainte Croix chez les Jésuites. Mais pour des raisons inconnues, les jeunes Rezeau sont vite retirés de ce collège et dispersés dans trois endroits différents. Fred est envoyé à Nantes, sous la surveillance de sa tante paternelle, Bartolomi. Jean est resté à Angers où il est placé sous la garde de Félicien Ladourd, propriétaire de la Santima, boutique qui vend des objets de piété. Quant à Marcel, qui était d'abord envoyé à Combrée, il a rejoint ses parents pendant les vacances, « en récompenses à ses bons prix ». En Guadeloupe, Marcel est inscrit au Lycée Basse-Terre.

Après des années d'études secondaires, durant lesquelles il passait toutes ses vacances à l'internat, Jean Rezeau obtient son baccalauréat. Il ne peut plus rester, comme à l'accoutumée, à l'internat durant les vacances. Mais Félicien Ladourd, son tuteur, n'a reçu du couple Rezeau aucune consigne à ce propos. Celui-ci décide alors, en guise de récompense à la réussite scolaire de Jean, de lui offrir trois mois de vacances dans le domaine familial des Ladourd au bord de la mer, dans le Morbihan. Là, Jean fait la connaissance de toute la famille Ladourd et, plus particulièrement, de Michelle Ladourd, fille à Félicien Ladourd. Il lui faut cependant beaucoup de temps, trois semaines, pour s'acclimater à cette famille affectueuse et chaleureuse, où chacun est simple, vrai et attentionné à l'égard des autres. En tout, une famille heureuse. La patience et la compréhension de Félicien Ladourd et de son épouse viennent à bout de ce tempérament révolté, frustré et solitaire invétéré. Le séjour dans la famille Ladourd fait découvrir à Jean ce qu'est l'amour, la tendresse, le bonheur.

Hélas ! Les bonnes choses ne durent pas. Juste au moment où il commence à s'éprendre de Michelle Ladourd (Micou), une lettre de ses parents lui enjoint de retourner à Angers afin de prendre part à une retraite préparatoire pour étudiants. Brasse-bouillon apprend par la même lettre qu'il va ensuite poursuivre ses études en Droit, à la faculté catholique d'Angers. A la lecture de ce message, celui-ci ne s'empêche pas de crier sa colère et sa révolte à l'égard de « Folcoche », dont il reconnaît la main agissante. Ce qui scandalise sa famille d'accueil, étrangère au fonctionnement de la famille Rezeau et dont la grille de lecture des décisions parentales est différente de celle des Rezeau.

A la retraite, Jean retrouve son frère aîné Fred et de nombreux cousins. Faite sous la contrainte parentale, celle-ci est dénuée de toute dévotion. La veille de la fin de la retraite, Chiffe et Brasse-bouillon reçoivent une note de leur mère. Dans sa note, Mme Rezeau leur signifie son incapacité à venir les prendre en voiture pour les ramener à la maison. Elle leur demande de prendre le bus jusqu'à l'arrêt le plus proche du toit familial. Puis, d'effectuer à pied le kilomètre restant. C'est sous la pluie que ces deux compagnons dans la maltraitance arrivent à La Belle Angerie, leur domicile familial. Un accueil glacial leur est réservé par leurs parents, pourtant après des longues années de séparation. Seul Marcel, revenu beaucoup plus tôt avec M. et Mme Rezeau et qui n'a pas pris part à la retraite, captive toute l'attention maternelle : cadeaux, sourire, regard tendre... Et cela, sous prétexte de la mention très bien qu'il a reçu au baccalauréat. Deux jours plus tard cependant, Folcoche se débarrasse d'eux : Ferdinand est envoyé à Nantes, Jean à Angers et Marcel à Paris.

A Angers, Jean est inscrit en Droit, à la Faculté catholique, contrairement au Journalisme qu'il souhaitait. Il est logé en ville, chez Mme Polin. Il profite de son séjour là-bas pour renouer avec Michelle Ladourd et réaliser des petits travaux pendant ses temps libres. Progressivement, leur jeune amour commence à trouver des expressions de plus en plus claires et à poser ses fondations.

Un jour, hélas, Jean reçoit la visite imprévue de ses parents, alertés par leurs services de renseignement. Jacques et Paule Rezeau arrivent chez Mme Polin en l'absence de leur fils. Ils s'introduisent dans sa chambre, fouillent sa valise et y trouvent de beaux habits. Jean les surprend. Folcoche lui reprochent « la belle vie » qu'il mène. Indigné, Jean proteste et cherche à faire respecter sa vie intime. Ce pour quoi, Madame Mère entraîne son mari jusqu'à la demeure des Ladourd où elle crée un scandale : elle insulte Micou, menace toute la famille Ladourd et calomnie son fils, Jean, auprès de Félicien Ladourd. Elle dit à ce dernier que Brasse-bouillon raconte à qui veut l'entendre que Micou est sa maîtresse. Quand Brasse-bouillon se rend dans la famille Ladourd pour panser les plaies, il est trop tard. Il n'y est plus le bienvenu.

De retour chez Mme Polin, Brasse-bouillon décide de rompre avec sa famille. Il quitte Angers, abandonne ses études de Droit et part à la réalisation de sa destinée. Avec ses économies, il paye son billet pour Paris où il s'inscrit à la Sorbonne en Journalisme.

Une autre vie, difficile et responsable, débute pour lui : le matin il se rend au cours et le soir il rend quelques services. De même que, pour vaincre Satan, Dieu se fit homme, Brasse-bouillon, pour réduire à l'impuissance sa mère, se fait dans un premier temps valet de chambre en attendant sa résurrection (victoire). Dommage ! Il perd cet emploi suite à une liaison passagère qu'il entretient avec une collègue de travail, Emma. Il va alors s'installer dans un hôtel modeste.

De valet de chambre, il s'occupe tour à tour des aspirateurs, des machines à laver, des batteurs de tapis. Il effectue de stages payés comme vendeur pour diverses maisons et va ainsi de porte en porte proposant des articles. Pendant près de deux ans, il mène une vie, comme tant d'autres, à la recherche de cent francs pour survivre. Il apprend à se passer du feu, du vin, des longs menus, des couvertures épaisses, des chaussures neuves, des linges propres et connaît le vrai prix, en terme d'heures de travail, d'une paire de souliers.

Dans le nouvel hôtel où il loge, Jean fait la connaissance de Paule Leconidec, une employée dans une clinique privée de Paris. Celle-ci l'aide beaucoup à grandir et à s'en sortir. Elle refait son éducation sentimentale. Ils entretiennent même une liaison pendant des mois. Le jour où Jean fait la connaissance de Monique Arbin, une secrétaire dans une étude logeant chez des religieuses, Paule Leconidec décide de s'effacer de sa vie. Mais auparavant, elle l'aide à lancer un petit commerce afin de réunir les moyens d'épouser Monique. Malgré l'opposition de ses parents, Jean épouse Monique. Le mariage civil et religieux est célébré.

Jacques Rezeau, affaibli par la maladie qu'il traîne depuis quelques années, est acheminé dans un hôpital modeste, où l'a conduit sa chère épouse, par souci d'économies. Personne ne songe à en informer Jean. Seul Fred pense à lui. Mais la lettre de celui-ci lui parvient avec un mois de retard. Dans sa lettre, Fred communique à son frère l'état de santé critique de leur père, dont il soupçonne la mort probable. Bien plus, Chiffe annonce à Brasse-bouillon que la « famille Rezeau» a décidé de l'ignorer complètement, depuis son mariage contesté avec Monique. A la lecture de cette lettre, Jean se presse de téléphoner au notaire de Soledot, l'autre nom de la commune de Marans, dans le département de Maine-et-Loire, en France, pour s'enquérir de l'état de santé de son père. Malheur ! Le notaire lui confirme la nouvelle de la mort de son père et son enterrement, intervenu deux jours avant son coup de fil. Le notaire en profite également pour lui communiquer le jour du partage des biens.

Jean et Monique Rezeau se rendent alors à Soledot, pour participer au partage des biens. La lecture du testament débute : La Belle Angerie vendue, sous l'agonie de Jacques Rezeau et à l'insu de Fred et de Jean, la grosse part de l'argent est légué à « Mme Mère » et une autre à Fred, à Jean et à Marcel. Curieux, Jean cherche à savoir le nom de l'acheteur et ce que sont devenus les meubles, or et argent, que comprenait La Belle Angerie. Ainsi attire-t-il l'attention de toute la famille sur sa présence, jusque-là ignorée. Stupéfaction ! L'acheteur n'est autre que M. Guyare de Kervadec, le futur beau-père de Marcel.

Mécontents de la répartition des biens, Fred et Jean refusent de signer l'acte testamentaire et entendent se faire justice. Déçue, la Douairière, surnom donné à Paule Rezeau par Fred et Jean après la mort de leur père, crache son mépris de leur personne à Fred et à Jean. Elle profite également de l'occasion pour dénigrer au passage sa belle-fille, Monique, « la midinette ».

Pour se venger de l'injustice dont ils ont été victimes, Jean et Fred s'introduisent clandestinement à La Belle Angerie, où ils ne trouvent rien de très important, si ce n'est le cahier de comptes de leur mère, sa boîte à lettres, un serpent de platine et une somme de 10.000 francs. L'examen minutieux de ce butin leur livre des révélations aussi gênantes qu'accablantes sur leur mère et sur la vente de leur domaine familial : Marcel, leur jeune frère, n'est pas le fils de Jacques Rezeau, mais un enfant bâtard que leur mère a eu avec M. Marcel, un attaché au consulat de France en Chine. C'est pour conserver le souvenir de son amant que Mme Rezeau a tenu à nommer son fils Marcel, prénom étranger à la famille Rezeau. Fruit d'un homme perdu, Cropette a toujours été préféré aux fruits de cet homme imposé qu'est Jacques Rezeau.

Par ailleurs, Brasse-bouillon et Chiffe découvrent les tergiversations sur l'avenir de La Belle Angerie. Dans leurs tergiversations, Paule Rezeau et M. de Kervadec s'accorde sur un seul point : ce domaine doit être offert comme dot à Marcel lors de son mariage avec Solange de Kervadec.

Quand la Douairière s'aperçoit de la disparition de ses documents, elle propose un marché à Fred et à Jean : un échange desdits documents contre une somme de 100.000 francs. Le rendez-vous est fixé chez Jean. Le jour prévu, Paule Rezeau se présente accompagnée de Marcel et munie de ladite somme qu'elle échange contre son cahier de comptes, sa boîte à lettres et l'acte testamentaire signé par Fred et Jean.

Aussitôt le troc réalisé, Fred et Marcel s'en vont. Madame Mère reste. Elle se retrouve en face de son fils Jean et de Monique, « la nouvelle madame Rezeau ». Elle réclame qu'on lui apporte son petit-fils et tente de décocher les dernières flèches à Jean, mais en vain.

Finalement, elle réalise que Jean et Monique forment un couple heureux malgré le peu d'argent qu'ils gagnent. Ainsi, la Folcoche conclut-elle à « la mort du petit cheval » avant de s'en aller trahie par elle-même.

I.5. JUSTIFICATION DE L'INTITULE DU ROMAN.

A ce niveau de notre étude, il nous semble impérieux d'expliquer maintenant le titre du roman, La Mort du petit cheval, titre qui semble ne pas cadrer avec l'histoire narrée dans le résumé. Dans les lignes qui suivent nous élucidons la symbolique du « petit cheval ».

Aucun homme, quel qu'il soit, ne tient en ses mains la vie d'un autre. Mort, le « petit » cheval n'existe plus. Il a recouvré sa liberté.

Dans l'imagerie populaire, le cheval est cet animal domestique qui a toujours servi au transport des individus ou à leur détente. Grâce aux brides et à un petit fouet, il est conduit par le cavalier ou le cocher dans la direction voulue.

C'est pour renvoyer à cette image de captivité qu'Hervé Bazin parle de Jean en termes de « petit » cheval, en référence au « grand » ou au « vrai » cheval. Ainsi donc, Paule Rezeau, à l'aide de nombreux stratagèmes, s'exerce à miner la vie de Jean et de Fred, ses chevaux, qu'elle destine à un échec social.

Heureusement, Jean échappe à ce projet diabolique grâce à sa résistance et à sa détermination de se forger sa propre destinée. En fin de compte, il réussit sa vie : il achève des études universitaires qu'il a toujours voulu faire, lance une affaire personnelle, épouse une femme qu'il aime et qui l'aime, et obtient d'elle un fils. En cela, meurt le « petit » cheval que Folcoche tenait en captivité. Il est maintenant un homme, un être libéré de ses brides.

Malheureuse, la « propriétaire » du « petit cheval » s'en va clamant sa défaite.

I.6. CONCLUSION

Dans ce chapitre, nous avons présenté l'auteur et son oeuvre. Aussi avons-nous offert le condensé de La Mort du petit cheval.

Petit neveu de l'académicien René Bazin, Hervé Bazin est l'auteur de romans dont la violence satirique s'exerce contre les tares d'une certaine bourgeoisie, les méfaits de la civilisation industrielle et tout particulièrement les contraintes de la famille et de l'éducation. C'est à juste titre qu'il est considéré comme un « romancier de la famille ». Celle-ci constitue en effet le thème central de tous ses romans.

Sous des titres excellemment choisis, ses récits peignent des conflits psychosociologiques assez traditionnels et font de leur auteur un écrivain à succès, lauréat du prix Lénine en 1980. Hervé Bazin fait le bilan de son univers dans Abécédaire, publié en 1984.

La Mort du petit cheval, ouvrage de base du présent travail, nous livre l'histoire d'un garçon, Jean Rezeau, dont la jeunesse fut malheureuse et qui a rompu avec sa famille tyrannique pour trouver, après deux aventures amoureuses, l'apaisement auprès d'une femme qu'il aime et de ses enfants. Toutefois, Jean a quelques remords pour avoir renoncé à la révolte et pour avoir trahi le jeune révolté qu'il était auparavant.

Il convient cependant de signaler que dans la suite de notre travail, nous nous servirons de l'abréviation « M.P.C. », plutôt que Hervé Bazin, La Mort du petit cheval, [Paris], Grasset, [1950], p..., pour citer notre ouvrage de base en notes de bas de page.

CHAPITRE II LA MALTRAITANCE DES ENFANTS

II.1. INTRODUCTION

Dans cette partie, nous abordons le thème de la maltraitance proprement dite des enfants. Nous examinons tour à tour où est-ce que les enfants sont maltraités, par qui, pourquoi et comment.

Auparavant, il apparaît opportun de préciser, pour les besoins de cette étude, ce que nous entendons par enfant. Par enfant, nous entendons, à la suite de la Convention internationale des droits de l'enfant, toute personne mineure, c'est-à-dire âgée de moins de 18 ans ou plus, dans les pays où la majorité est atteinte un peu plus tard. Ce terme englobe donc ici, la prime enfance et l'adolescence. Il s'oppose à adulte.

Quant à la maltraitance, elle désigne les mauvais traitements tant physiologiques que psychologiques dont sont victimes les enfants. Il ne s'agit pas des mauvais traitements infligés à un enfant dans le cadre éducatif, pour une faute commise. La maltraitance dont question ici est celle que l'on a d'emblée du mal à expliquer. C'est une maltraitance de prime abord gratuite, fortuite.

II.2. LIEUX DE LA MALTRAITANCE DES ENFANTS

Une fois compris les concepts de base que sont l'enfant et la maltraitance, nous sommes désormais en position de nous poser la question subséquente suivante : « Dans quels milieux, l'enfant est-il maltraité ? »

Le constat qui se dégage de l'oeuvre sous examen est que l'enfant est objet des maltraitances dans ses milieux habituels de vie : la famille, l'école, la société. Dans La Mort du petit cheval, il est plus question de la famille et de l'école. Jean est maltraité dans sa famille et à l'école.

L'on est alors en droit de se demander : Qui maltraitent l'enfant ? De qui subit-il des mauvais traitements ? Dans les lignes qui suivent nous tentons de donner une réponse à ces interrogations.

II.3. AUTEURS DES MALTRAITANCES

Comme nous l'avons montré dans les lignes précédentes, en famille, l'enfant est maltraité par ses parents et par ses frères et soeurs. Le héros du roman, Jean Rezeau, subit la maltraitance de ses parents et de ses deux frères.

Et, à l'école, l'enfant subit la maltraitance de la part de ses éducateurs et de ses condisciples. Ainsi, pour avoir entretenu une amitié avec Cyrille, fils d'un colon russe de Madagascar, Jean Rezeau est sanctionné par les autorités chargées de la discipline dans leur internat. Cela lui vaut aussi la méfiance et le mépris de la part des autres internes esseulés, parce que chaque interne avait sa chambre.

A ce niveau de notre étude, l'on pourrait à juste titre s'interroger pour savoir ce qui est à la base du mauvais traitement des enfants par leurs parents ou éducateurs. Poser cette question, revient à s'interroger sur les causes de la maltraitance des enfants. C'est cela que nous exposons dans les lignes qui suivent.

II.4. CAUSES DE LA MALTRAITANCE DES ENFANTS

Nombreuses sont les causes de la maltraitance des enfants. Et les scientifiques ne s'accordent pas sur la part de l'environnement et de l'hérédité dans ce phénomène. Lequel de l'inné ou de l'acquis influence le plus nos comportements, nos réactions, nos tempéraments et nos caractères ?

En famille, la mère a toujours été, sans conteste, la pièce maîtresse et centrale. Le rôle capital que joue l'épouse et mère dans un foyer n'est pas à démontrer. Cela ne signifie nullement que le père ne soit d'aucune importance. Bien au contraire, le père joue aussi un grand rôle dans le ménage, comme le souligne si bien Jung dans son livre Psychologie et Education.

La question de la maltraitance des enfants se pose en filigrane à travers tout le roman, La Mort du petit cheval. Qu'est-ce qui expliquent les mauvais traitements que Folcoche impose à ses enfants ? C'est la même question que Jean adresse à sa mère, lorsqu'il s'interroge au sujet du bonheur dont elle s'acharne à lui priver : «Te fut-il donc refusé ou l'as-tu perdu ?» 4(*)

Pendant des années, les interventions chirurgicales subies par Paule Rezeau (ovariotomie et ablation de la vésicule biliaire), les dix-huit ans de sa jeunesse passés dans un pensionnat et la célébration de son mariage prématuré avec Jacques Rezeau constituaient autant d'explications à son comportement. Les mauvais traitements dont sont victimes ses enfants seraient ainsi l'une des conséquences funestes de ce passé peu enviable. Madame Rezeau serait ainsi une personne qui, elle-même, n'a jamais connu le bonheur. Partant, elle ne sait l'offrir à d'autres. Nous serions ainsi en plein mécanisme « opprimé-oppresseur ». Opprimé d'hier, oppresseur d'aujourd'hui.

Bien plus, nous sommes en face d'une femme mariée trop vite par ses parents et qui n'a jamais eu la possibilité de faire sa volonté : sous la tutelle parentale, elle étouffait ; au pensionnat, elle était astreinte à l'obéissance du règlement d'ordre intérieur, très strict d'ailleurs ; et le comble de tout, craignant on ne sait quoi pour leur réputation, peut-être, les parents Pluvignec5(*) jettent leur fille dans les bras du premier venu.

« Madame Mère » ne serait pas ainsi responsable de ses agissements. Elle serait plutôt victime des forces qui lui sont supérieures et contre lesquelles elle ne peut rien. « C'est une malade qu'il faut plutôt plaindre »6(*), conclut Félicien Ladourd.

Cependant, la suite des événements apporte un rayon de lumière qui, soudain, éclaire toutes les zones d'ombre de cette âme hermétiquement fermée et déroule, comme dans un film, tous les agissements passés de Madame Rezeau, avec une telle cohérence que l'on ne saurait douter que c'est bien là la cause profonde des maltraitances qu'elle inflige à ses deux fils, Jean et Fred. Il s'agit de l'infidélité, de l'adultère. Durant son séjour chinois avec Jacques Rezeau, son mari, Paule avait eu une liaison avec M. Marcel, un attaché au consulat général de France à Changaï. De cette liaison était né un fils qu'elle avait tenu à nommer Marcel, en souvenir de son amant.

Pour la première fois de sa vie, loin des regards des ses tuteurs et de leur influence, Paule Rezeau choisit l'objet de son amour en toute autonomie, signe de maturité affective chez une personne. Ce choix, elle en est fière. Dès lors, elle ne se sépare plus du bon souvenir de son amant, souvenir qui désormais constitue sa raison de vivre.

Seulement, ce bonheur nostalgique la conduit à s'en prendre à tous ceux qui, à ses yeux, n'en font pas partie : son mari et les enfants qu'elle a eu avec lui. D'où, elle réduit Jacques, son mari, à un rôle secondaire dans la famille. Quant à Fred et à Jean, leurs enfants communs, ils payent les frais de ce bonheur perdu, au profit de Marcel.

Plutôt qu'un monstre, « Madame Mère » est une femme ordinaire, insuffisante et faible comme toute autre. Mais seulement, elle n'a pas l'humilité d'avouer sa faute par la suite. Elle transforme très vite celle-ci en une gifle, c.-à-d. elle la légitime: non seulement elle réserve un traitement de faveur à son fils adultérin, dont le bonheur dépend entièrement d'elle, mais aussi elle persécute ses deux autres fils légitimes. Et ce, contrairement au proverbe qui veut que graine de paille ne valle jamais graine de bois de lit. Fruit d'un amour désiré mais perdu, Marcel a toujours été préféré à tous ses frères, fruits d'un amour imposé. Durant toute leur jeunesse, Fred et Jean ont le sentiment d'être élevé non par une mère, mais par une marâtre, « Folcoche ».

Quant à Jacques Rezeau, son tempérament contribue pour beaucoup dans ces maltraitances. Il est un homme mou qui aime la dictée, c.-à-d. un homme qui aime recevoir des injonctions de sa conjointe. Son épouse le mène par le bout du nez. Il n'exerce son rôle de chef de famille que dans des lettres et jamais en réalité. Toutes les grandes décisions sont prises par sa femme. Et quand il tente de modérer les propos méprisants de cette dernière au sujet de Fred et de Jean, un seul regard de celle-ci suffit parfois à lui imposer le silence. « Je ne vous reproche pas d'avoir été un chef dérisoire, un mâle de mante religieuse, je vous reproche d'avoir été père comme on est parrain, d'être seulement mon plus proche ascendant. (...) Je vous regrette comme un pays vaincu regrette une province infertile, un morceau de désert annexé par l'ennemi »7(*), dit Jean en guise d'hommage funèbre à son père.

Telles sont, de manière ramassée, les causes de la maltraitance des enfants dans le cercle familial.

Quant au milieu scolaire, les maltraitances infligées à Jean ont pour causes les conceptions des religieux jésuites qui gèrent leur internat, conceptions qui soupçonnent toute amitié entre garçons d'être louche.

Après ce tour d'horizon où successivement nous avons traité des lieux, des auteurs et des causes des mauvais traitements que subissent les enfants, examinons maintenant ce en quoi consistent ces maltraitances dont les enfants sont victimes.

II.5. LA MALTRAITANCE DES ENFANTS.

La Convention internationale des droits de l'enfant signée à Genève par 191 pays de l'Organisation des Nations Unies (ONU) reconnaît toute une panoplie des droits fondamentaux et inaliénables à tout enfant. La violation d'un de ces droits constitue un mauvais traitement à l'égard des enfants. Et cette violation est punissable par la loi. Mais, dans la quasi-totalité des pays du monde, les droits des enfants sont méconnus, bafoués, foulés aux pieds par les adultes, qui pourtant sont censés les protéger.

Il existe plusieurs types de maltraitances des enfants : de la négligence à la violence verbale, de la maltraitance psychologique à la maltraitance physiologique ou physique, en passant par la maltraitance morale. Dans ce roman, il est plus question de la maltraitance psychologico-verbale et de la maltraitance morale.

La maltraitance psychologique est celle qui plonge l'enfant dans un conflit intérieur et le stresse. C'est le cas du système policier qui annihile tout sentiment de liberté chez l'enfant. C'est également le cas des ordres contradictoires qui mettent l'enfant dans l'embarras, embarras qui est fatal dans la formation de la personnalité de l'enfant. Car il l'empêche de distinguer le bien à faire, du mal à éviter.

La maltraitance verbale concerne toutes les paroles blessantes qu'un parent ou un éducateur adresse régulièrement à un enfant. Le risque ici est de plonger l'enfant dans une obsession, une certaine dépréciation de soi et une sous-estimation de ses capacités. C'est le cas des insultes, des propos pessimistes, de la calomnie...

La maltraitance morale est celle qui touche à des attitudes et des agissements visant à nuire au bonheur d'un enfant. C'est le cas des inégalités dans le traitement des enfants : à certains on prive de l'argent pendant qu'on en donne à d'autres, certains sont obligés à prendre part à des activités spirituelles (retraite...) pendant que d'autres en sont dispensés. Et cela, non pas parce que l'on se soucie du salut de leurs âmes. C'est également le cas de l'oubli volontaire dans planification des vacances, pour certains enfants...

II.5.1. LA MALTRAITANCE PSYCHOLOGICO-VERBALE.

Jean n'a jamais eu de mère, plutôt une marâtre, qu'il surnomme « Folcoche », c.-à-d. « folle et cochonne ». Jean Rezeau a grandi dans une atmosphère de révolte continuelle, qu'il nomme « haine ». Il n'a jamais connu cet amour maternel qu'expérimentent d'autres enfants. Quand bien même, avant d'aller dormir, Fred et Jean recevaient à l'accoutumée un signe de croix sur leur front, tracé du bout du doigt par leur père, c'est du bout de « l'ongle » qu'ils le recevaient de leur mère. L'enfance pour Jean a toujours été cette faiblesse livrée aux muscles des parents. Durant les sept ans passés en famille, les siens n'ont été que des commensaux, divisés en deux factions rivales.

Dès le début du roman, nous voyons les enfants Rezeau soumis à un régime de surveillance, à l'exception de Marcel. Fred, à Nantes, est surveillé par la tante Bartolomi et Jean, à Angers, est à la charge de Félicien Ladourd.

Dès sa tendre enfance, Jean grandit dans un climat familial où règnent la rivalité et la conflictualité. Cette tendre enfance dont les psychologues, sociologues et pédagogues conviennent qu'elle est très déterminante dans le devenir d'un individu.

Bien plus, Jean souffre d'une crise de modèles. Son oncle et son père, dont il cite plus d'une fois les propos en référence dans le premier chapitre de ce roman, l'ont déçu. Il n'aurait jamais cru qu'ils réagiraient ainsi à la crise économique de l'heure, crise qui n'épargne personne, même pas la famille Rezeau, et dont les conséquences sont alarmantes.

Elevé dans une famille bourgeoise, Jean Rezeau n'en revient pas. Son oncle, le baron de Selle d'Auzelle, pour qui l'honneur valait plus que la vie, pratique maintenant le népotisme à grande échelle : il fait de sa nièce, Edith Torure, la secrétaire de la Santima et de son neveu, Léon Rezeau, un commerçant. Pourtant, quelques années auparavant le baron de Selle d'Auzelle déclarait à Jacques Rezeau, à La Belle Angerie, que la situation de leur soeur était alarmante et qu'il aimerait mieux la voir mourir de faim que de lui décrocher un quelconque poste d'institutrice. « Mieux vaut ne pas aider les siens que les aider à s'encanailler », disait-il.

Pire encore, Jacques Rezeau, professeur honoraire de Droit à la Faculté catholique d'Angers, qui affirmait, il y a quelques temps, à Félicien Ladourd que personne ne pouvait encore accepter le métier de magistrat, a décidé de coiffer la toque comme substitut de troisième classe. Il n'a pas su rester à Angers. Il a été envoyé dans les colonies, en Guadeloupe, où la paie était consistante.

Pour des « raisons inconnues », les enfants Rezeau (Fred, Jean et Marcel) sont retirés du collège Sainte Croix où ils étudiaient et sont dispersés dans trois écoles différentes. Fred est envoyé à Nantes sous la surveillance de sa tante, Bartolomi. Jean est envoyé à Angers sous la garde de Félicien Ladourd, un étranger à la famille, sous-prétexte qu'il n'y aurait personne d'autre pour tenir ce rôle. Mais, en réalité, ce choix vise plus à vexer Jean. Quant à Marcel, il est envoyé à Combrée. Puis, en guise de « récompense » pour les prix obtenus, il rejoint ses parents en Guadeloupe, où il est inscrit au lycée Basse-Terre.

C'est avec une désinvolture qui frise la moquerie que Madame Rezeau parle des prochaines études universitaires de Jean. Quand M. Rezeau demande à son fils s'il s'est décidé finalement à faire le Droit, celui-ci proteste par le silence. Prenant ce silence pour un oui, « Folcoche » s'étonne: « Généralement, il ne sait pas ce qu'il veut ». Et elle ajoute : « Je ne parle pas de Fred. Celui-là sait peut-être ce qu'il veut. Mais ce qu'il veut, c'est de ne rien faire. » Lorsque M. Rezeau tente de nuancer les propos de son épouse, un seul regard de celle-ci suffit à lui imposer le silence. Puis, Paul Rezeau ignore ses autres interlocuteurs et se met à parler de tout et de rien avec Marcel : timbres antillais...

Cette maltraitance verbale à l'égard de Jean et de Fred s'étend de la première à la dernière page. C'est en termes de plaintes que Paule Rezeau parle de Brasse-bouillon et de Chiffe et d'éloges quand elle parle de Cropette. « Vous nous causez bien de soucis, leur dit-elle. Heureusement que nous avons Marcel. » Dans tout le roman nous voyons Madame Rezeau absente de toute effusion de tendresse à l'égard de Jean et de Fred. Elle ne leur prodigue aucune marque d'affection ni ne leur adresse aucune félicitation, aucun éloge, aucun encouragement. Par contre, elle apparaît dans toutes les décisions injustes à leur égard. Elle excelle dans l'art de miner leur carrière, de briser leur vie en décourageant toutes les personnes (la famille Ladourd, Fine, Paule Leconidec, Monique Arbin) qui leur offrent de l'affection.

Pire encore, Paule Rezeau donne des ordres contradictoires à Jean. Oubliant sa recommandation précédente, où elle demandait à Jean de se prendre désormais en charge financièrement pour l'habillement, Paule Rezeau lui reproche de s'être acheté de beaux habits. Sans qu'il ne le sache, elle met son fils sous surveillance.

Quand elle remarque que son fils est en train de devenir un homme responsable et qu'il acquiert progressivement une certaine autonomie financière, plutôt que de s'en réjouir, « Folcoche » va prendre une série de mesures pour briser cette autonomie. Ce faisant, « Madame Mère » voulait obtenir l'insoumission de Jean pour briser à jamais sa carrière en mettant fin à ses études. Elle met fin au travail de Jean à la Santima, « afin qu'il se consacre uniquement à ses études de Droit ». Elle décide de le retirer de chez Mme Polin pour l'envoyer aux internats de la Faculté, où l'on ne sort pas quand on veut. Pis encore, elle met fin au flirt de Jean avec Michelle Ladourd. Elle le calomnie auprès de Félicien Ladourd et de son épouse : « Mon fils raconte partout que votre fille est sa maîtresse. » Quand Jean se rend dans la famille Ladourd, il est bien tard pour réparer le tort causé. Il y est persona non grata.

Jean se révolte, il décide d'abandonner ses études et de rompre avec sa famille. Il quitte Angers et s'en va à Paris. Là, il s'inscrit en Journalisme à la Sorbonne et rend quelques services le soir, pour se payer les études. Mais « Folcoche » ne désarme pas. Elle continue tout de même à le faire surveiller.

Elle raconte, avec fierté, à qui veut l'entendre que Jean a échappé de justesse à une affaire de moeurs, qu'il vit maintenant aux crochets d'une putain et qu'il serait malade.

Avant le mariage de Jean avec Monique, « Mme Mère » mandate son mari, « le chef de la famille », de l'en dissuader, mais de manière diplomatique. Cela dans le but de jeter un discrédit sur Jean et sur son épouse en cas de refus. Ainsi l'épouse de Jean ne serait pas comptée comme membre de la famille Rezeau. Toutefois, en cas de soumission, Paule dirait : « Voilà, comme je le disais, ce garçon ne sait jamais ce qu'il veut. »

Paule Rezeau recommande à Jean que les autres formes de mariage manquent, sauf le mariage religieux, convaincue que Jean ferait diamétralement l'opposé. Ainsi, elle pourrait déconsidérer l'épouse de Jean, la qualifiant de maîtresse légale.

Voilà bien autant de maltraitances psychologico-verbales que devaient endurer ces infortunés, Fred et Jean. Ce n'est pas tout, ils connaîtront aussi des maltraitances morales. C'est de ces dernières dont question maintenant.

II.5.2. LA MALTRAITANCE MORALE

Dès son enfance, la volonté de Jean n'a jamais été prise en compte ni respectée. Ses jeux, il ne les a jamais choisis. Il a toujours obéi à l'impératif : « Allez vous amuser » et s'est toujours efforcé de jouer avec plus ou moins d'entrain. « Demande-t-on aux soldats qui ont connu la guerre de jouer à la petite guerre ? ». Il en va de même pour ses études, voire pour ses choix amoureux. Toutes les filles qui le charment ne plaisent jamais à sa mère. Ainsi Jean épousera-t-il Monique contre l'avis de sa mère.

Avec une dextérité déconcertante, Paule Rezeau s'arrange toujours pour priver à ses deux fils, Fred et Jean, de la jouissance du bonheur. Pendant les vacances, ceux-ci ne rentrent jamais en famille, chez papa et maman. Ils restent chacun là où il est. Ainsi Jean partage-t-il avec cinq ou six camarades le sort peu enviable de l'internat des vacances, soumis à la même rigueur de l'horaire et à un sentiment d'être abandonnés par leurs parents. C'est dans ce contexte qu'il tisse sa première relation amicale avec Cyrille. Dommage ! Quand cette relation est découverte, ce dernier est longuement interrogé pour savoir quelle marque d'affection exactement Jean lui voue. Tous les deux sont sévèrement sanctionnés par le préfet de discipline. Désormais, Jean doit dormir près de l'alcôve du surveillant. Car, dans les institutions religieuses, toute amitié entre garçons est soupçonnée d'être louche. Tout cela vaut à Jean une mauvaise réputation au milieu de petits branleurs qui vont communier chaque dimanche et, surtout, la méfiance d'autres internes esseulés.

Jean ne connaît pas le bonheur d'être aimé et de compter aux yeux de quelqu'un d'autre, bonheur que l'on rencontre dans l'amitié. Au collège, il croise bien quelques bienveillances, mais jamais aucune amitié, excepté celle-là.

Durant toutes ses années de collège, le père de Jean lui envoie chaque mois une lettre de dix lignes, toujours les mêmes. Celles-ci se terminent à chaque fois par « Nous t'embrassons ». Seulement le « nous » n'est jamais certifié par Madame Rezeau dont le fils a déjà oublié la grâce cunéiforme de la signature.

L'unique fois où Jean revoit la signature de sa mère fut sur la note de M. Rezeau qu'il reçoit trois mois avant la fin de ses études secondaires et, dans laquelle, son père lui signifie qu'une fois son baccalauréat obtenu, il ira faire le Droit à la Faculté catholique d'Angers, études qu'il n'a jamais désirées. Paule Rezeau impose les études de Droit à Jean. Cela pour compromettre son avenir. Car elle sait bien qu'on ne réussit guère dans une carrière que l'on n'a pas choisie. Cependant, avec Marcel elle agit différemment.

Félicien Ladourd voudrait bien emmener de temps en temps Jean en promenade, mais il a reçu des ordres du couple Rezeau. Par ailleurs, Madame Rezeau ne peut pas pendant longtemps laisser ses enfants à d'incertains contrôles. D'où son empressement à retourner en France, à La Belle Angerie.

Horreur ! quand Jean obtient son baccalauréat et qu'il ne peut plus rester à l'internat pour les vacances, il ne reçoit aucune lettre de félicitation, aucune récompense ni de la part du couple Rezeau ni de celui de son grand-père maternel, son homonyme, qui pourtant a donné de l'argent à Fred malgré que celui-ci ait échoué. Il en sera de même quand Jean se retrouvera avec ses parents à La Belle Angerie : aucune félicitation ne lui sera adressée pour l'obtention de son baccalauréat, bien qu'avec la mention bien.

En outre, aucune disposition n'a été prise pour ses vacances. Il est oublié, abandonné à lui-même en attendant le début des cours à l'université. Heureusement, Félicien Ladourd, l'étranger, prend sur lui de l'envoyer en vacances au bord de la mer dans le domaine familial des Ladourd pour trois mois. Jean s'y plaît beaucoup. Mais à peine deux mois et demi après, il reçoit une note de sa mère. Celle-ci lui demande de prendre part le lendemain à une retraite préparatoire pour étudiants à Saint Lô, ville française, située dans la préfecture de la Manche, en Normandie.

A Saint Lô, Jean retrouve Fred. Saturé de spiritualité au collège (lectures spirituelles, prières avant et après les repas et les cours, chapelet, retraites...), Jean et Fred ne sont pas disposés à réentendre ces « rabâchages ». Durant le temps de la retraite, Fred continuera même à se livrer à son jeu des mots croisés. A cette retraite, Fred et Jean prennent part parce qu'obligés par leurs parents. Ils y sont parce que cela se fait... mais pas par dévotion.

La veille de la fin de la retraite, Fred et Jean reçoivent une note dans laquelle leur mère leur demande de prendre le transport en commun jusqu'à Solêdot et de parcourir à pied le kilomètre restant. Ils arrivent à La Belle Angerie le soir, sous la pluie, et y trouvent M. et Mme Rezeau, ainsi que Marcel.

Un accueil glacial pourtant les y attend après de longues années de séparation, dix ans environ. Paule Rezeau leur demande de ne pas se secouer comme des chiens. Elle les salue avec une allégresse réticente. Ils ne sont ni baisés sur le front ni ne reçoivent le traditionnel signe de croix, tracé jadis du bout de doigt par M. Rezeau et du bout de l'ongle par son épouse. Mais quelle surprise lorsque, dans les poignées de main, ils découvrent sur les trois mains les chevalières d'or aux insignes de la famille. Fred, héritier présomptif, s'étonne de voir sur la main de Marcel la chevalière d'or qui devrait lui revenir. Très rapidement, Folcoche lève l'équivoque. C'est pour sa mention très bien.

Quand Fine, la bonne, fait comprendre à Jean et à Fred, dans la langue des sourds-muets (« le finnois »), qu'elle pensait souvent à eux, Paule Rezeau hausse les épaules et songe à la remplacer par une autre bonne. Car, dit-elle, elle n'est plus bonne à rien. Fine ne ferait pas toujours ce qu'on lui demande. L'argument de la vieillesse est même invoqué par « Madame Mère » pour justifier le licenciement de la bonne.

Durant le repas, ce soir-là des retrouvailles, le regard de Madame Rezeau part comme une gifle à quand il se pose sur Chiffe et sur Brasse-bouillon. Mais il s'attendrit tout à coup chaque fois qu'il se pose sur Marcel. A la fin du repas, Mme Rezeau s'adresse à Fred et Jean, tels à des invités : « Allons nous coucher. Vous connaissez vos chambres ». Puis, elle se lève, suivie par son mari et par Marcel qui emporte la lampe. Et, elle les laisse froidement dans l'obscurité.

Deux jours, à peine, après ce triste accueil, Mme Rezeau se débarrasse de ses fils. Mais elle ne les accompagne pas. Fred, qui est envoyé faire l'hydro à Nantes, et Jean, le Droit à Angers sont proches de la surveillance parentale. Aucun argent de poche ne leur est donné. Et cela, même durant leurs études. Ce qui indispose Fred le dimanche quand il sort avec ses amis. Quant à Marcel, il est envoyé à Paris, loin de la surveillance parentale, aux bons soins des ses grands-parents Pluvignec, où il n'aura aucun problème d'argent.

Les trois enfants Rezeau sont maintenant à l'université, à l'exception de Fred qui n'a pas réussi au baccalauréat. Une fois de plus, hélas, les parents Rezeau demandent à Jean et à Fred de ne pas revenir à La Belle Angerie aux vacances de Noël et de Pâques. Car ils ne seront pas là. Ils vont eux-mêmes tous deux célébrer ces festivités à Paris avec les parents Pluvignec et Marcel. Fred reste ainsi à Nantes chez la tante Bartolomi et Jean à Angers chez Mme Polin. Cela pousse Jean à occuper utilement ses vacances. Il rend des petits services qui lui rapportent un peu d'argent. Content de lui, Félicien Ladourd lui offre quelques services payants à la Santima. Mais avant, pour éviter des problèmes, il en informe les parents de Jean. Avec l'accord de celui-ci.

Quand Paule Rezeau apprend que Jean réalise quelques boulots rémunérateurs, elle lui demande désormais de prendre en charge lui-même son habillement. Pourtant, Jean est encore mineur (19 ans)8(*). Et donc, entièrement à la charge des parents. En outre, Folcoche demande également à Jean qu'il lui envoie régulièrement une partie de son argent afin qu'elle lui constitue une épargne.

Après la rupture avec sa famille, pendant son séjour parisien, Jean perd à la dernière minute et pour des raisons inconnues un emploi que sa bienfaitrice, Paule Leconidec, lui avait pourtant bien trouvé auprès d'un de ses anciens patients.

De son côté, Fred n'entend plus tolérer longtemps les persécutions de Folcoche. Il décide de s'y soustraire. Profitant de sa majorité (20 ans), il s'engage dans la marine sans la permission parentale. Quand il rentre en vacances de 8 jours à La Belle Angerie, il est froidement accueilli par « Madame Mère » qui se débarrasse de lui deux jours après son arrivée. Et cela, sans qu'elle ne lui donne aucun franc. Elle l'envoie ainsi dans la rue. Heureusement, il est recueilli par Jean, qui s'en sort plutôt bien. N'étant pas parvenu à le ruiner aussi, Madame Mère cesse de le faire surveiller, surtout depuis qu'il a atteint l'âge majeur (20 ans) et s'est marié.

Folcoche lui réserve cependant d'autres surprises. Entre autres, celle-ci. Jacques Rezeau agonise. Aucun message n'est envoyé à Jean. Seul son frère Fred songe à l'en informer. Mais la lettre de Fred parvient à Jean avec un mois de retard. Dans sa lettre, Fred informe Jean que l'on a décidé désormais de l'ignorer, que leur père est agonisant et probablement mort et que la veuve a décidé de les spolier de leur héritage à son propre bénéfice et à celui de Marcel. Quand il finit de lire la lettre, Jean s'imagine tout de même qu'il recevra un faire part de Folcoche, même trois jours après la mort et l'enterrement de leur père. Surprise ! il ne recevra jamais aucun faire part de personne, même pas de Fred. Pourtant, Jacques Rezeau s'est éteint et a été enterré deux jours avant qu'il ne reçoive ladite lettre de Fred.

Malgré cette mort, le notaire attendra deux mois après l'enterrement de Jacques Rezeau, le temps que Marcel atteigne sa majorité, pour procéder à la lecture du testament. Et cela, « pour éviter, dit-il, des complications inutiles ». Jean est convié par le notaire à prendre part à cette lecture du testament. Seulement, la grosse part de l'héritage revient à la veuve et le reste à tous les enfants. Outre cela, La Belle Angerie, a été vendue, pendant que Jacques était agonisant, à M. Guyare de Kervadec, futur beau-père de Marcel. Et ce, dans le but que La Belle Angerie revienne en dot à Cropette lors de son mariage avec Solange de Kervadec. Scandalisés Jean et Fred à la spoliation. Ce contre quoi la « Douairière », surnom de Paule Rezeau, leur profère des insultes. Aussi profite-t-elle de l'occasion pour dénigrer sa bru, Monique, simplement parce qu'elle a osé appeler tendrement Jean, « chéri ».

En réparation de l'injustice dont ils sont victimes dans la répartition de l'héritage paternel, Fred et Jean décident de diligenter une enquête, enquête qui les mène à une découverte macabre : Marcel, le modèle à suivre, l'icône proposée à leur adoration, est un enfant bâtard et leur mère, une femme infidèle.

Pour finir, la « Douairière » tente de décocher ses dernières flèches à Jean. Elle s'époumone à lui prouver qu'il n'est pas heureux, qu'il vit pauvrement et qu'il méritait mieux s'il n'avait pas choisi la révolte. Ce à quoi le couple Monique et Jean répond que le peu d'argent qu'ils gagnent suffit énormément à leur bonheur. Et qu'ils sont heureux. Ainsi « Folcoche » s'en retourne-t-elle à La Belle Angerie ruminant sa défaite.

II.6. CONCLUSION

Il est humain qu'un parent ait des préférences parmi ses enfants. Mais la sagesse veut qu'il n'en laisse rien transparaître. Cela dans le but d'offrir à tous les mêmes chances d'épanouissement et, surtout, d'éviter de créer entre eux des jalousies qui pourront plus tard se révéler fatales. C'est ce que témoigne l'histoire dramatique de cette famille bourgeoise où l'infidélité a causé de grands ravages.

D'un bout à l'autre du roman, il nous est présenté « Folcoche » aux prises avec ses enfants, Fred et Jean, en recourant à des méthodes perverses. Le héros du roman, Jean, est en quête du bonheur. Mais comment y parvenir dans cette famille où la mère s'est muée en marâtre !

L'environnement semble avoir joué un rôle très déterminant dans la maltraitance infligée à Fred et à Jean par leur mère. Paule Rezeau ne serait pas ainsi une simple victime, impuissante, des évènements. Aussi a-t-elle sa part de responsabilité. Et cette part, qui est également la vraie raison de ces maltraitances, c'est son infidélité.

Loin d'être dû aux multiples opérations qu'a connues Folcoche dans son enfance ou aux dix-huit années de sa jeunesse passées dans un pensionnat, le comportement de Paule Rezeau a été influencé par son adultère. Une faute qu'elle n'a pas voulu reconnaître ni avouer. La nostalgie de son amour perdu l'a rendue cruelle, vengeresse à l'égard de ceux qui n'en faisaient pas partie.

Cette femme de marbre, apparemment insensible, en cachait une autre plus sensible à la joie et au bonheur. Une femme qui une fois de sa vie a connu « le vrai bonheur » et n'a plus voulu le lâcher. C'est ce qui explique son attachement à Marcel, son bâtard de fils, qui représentait bien ce bonheur nostalgique. Elle s'est cru le devoir de le protéger, lui qui ne tenait que d'elle et dont le bonheur lui était intimement lié, en tout et pour tout. Durant plus de vingt ans de vie conjugale, elle a caché cela soigneusement à son mari et à ses autres enfants.

Seulement, l'environnement n'explique pas tout. Car l'opiniâtreté avec laquelle Paule Rezeau a cherché à miner et à casser l'avenir de ses enfants, Jean et Fred, ne saurait s'expliquer uniquement par l'adultère. En pareil cas, d'autres mères se comporteraient différemment. La cause de ces maltraitances serait aussi à rechercher dans l'hérédité. Déjà en lui-même, Jean Rezeau a découvert la preuve de la fausseté de cette philosophie, qu'il qualifie d'hérétique, selon laquelle « l'homme est naturellement bon ». Jean connaît ses perversions, certaines qui sont innées en lui et d'autres acquises.

Bien plus, l'évolution scientifique actuelle a su prouver qu'un enfant pouvait hériter du tempérament de ses parents. C'est ce que nous mentionnons dans le chapitre suivant quand nous montrons l'influence de l'hérédité sur le caractère de Fred, Marcel et Jean. Un enfant est susceptible d'hériter de la brutalité, de la nervosité voire de la criminalité de ses ascendants. Sur cela les découvertes au sujet de l'atavisme en disent long.

Toutes ces maltraitances ont des conséquences désastreuses sur l'avenir de la famille Rezeau, en général, et plus particulièrement sur celui des enfants Rezeau. C'est cela qui constitue l'objet du troisième chapitre.

CHAP. III CONSEQUENCES DE LA MALTRAITANCE DES ENFANTS

III.1. INTRODUCTION

On reconnaît une maladie par ses symptômes. Et la maltraitance des enfants est reconnue à travers ses conséquences. Dans cette partie, nous voulons dégager les conséquences de la maltraitance des enfants sur la croissance et le développement de ceux-ci.

Mais avant, il sied de rappeler que « le mariage est l'un des actes les plus importants de la vie, sinon le plus important. L'union de deux êtres a pour but essentiel de perpétuer la vie de l'humanité. D'un choix judicieux dépend la réussite de cette mission. Son échec rend l'union inféconde ou donne naissance à des enfants tarés : la mésentente provoque névroses, psychoses ou délinquance de la progéniture. »9(*)

III.2. CONSEQUENCES DE LA MALTRAITANCE DES ENFANTS

III.2.1. Individualisme et division de la famille

Jean Rezeau grandit dans une famille divisée en deux factions rivales. D'une part, Folcoche, Marcel et Jacques Rezeau, de l'autre, Fred et Jean. Les siens n'ont toujours été pour lui que des commensaux. Lors des retrouvailles, l'on voit clairement la famille divisée en deux camps : l'un (Jacques, Paule et Marcel Rezeau) portant des chevalières d'or aux insignes de la maison à ses doigts et l'autre (Jean été Fred) ne portant rien aux doigts.

Pour qu'aucune solidarité ne naisse entre ses trois enfants et pour qu'aucun esprit familial ne ressorte de leurs interactions, les jeunes Rezeau sont enlevés, « pour des raisons inconnues »10(*), du collège Sainte Croix où ils étudiaient tous. Ils sont dispersés dans différents collèges : Fred à Nantes, Jean à Angers et Marcel à Combrée avant de rejoindre, « en récompense à ses bons prix », le couple Rezeau en Guadeloupe, au Lycée Basse-Terre.

Très tôt, Paule Rezeau aura compris le principe, beaucoup plus machiavélique que « machiavélien », qui veut que l'on divise pour mieux régner. Elle appliquera si bien ce principe à l'éducation de ses enfants que ceux-ci seront dispersés, divisés et diminués.

Au bout du compte, ils deviennent des parfaits étrangers les uns à l'égard des autres. A part, le nom et cette vague ressemblance, aucune solidarité ne les unit. C'est ce qui apparaît lors de la grande séparation, à l'heure où chacun s'en va poursuivre ses études universitaires en des lieux différents : les trois frères n'ont rien à se dire. Ils s'ignorent. Ils n'ont qu'une fraternité de façade.

La division de la famille Rezeau en deux factions rivales conduit Jean à décomposer toutes choses en un système binaire et à trouver en toute paire non l'association mais le duel : je contre moi, soi contre soi, droite contre droite, gauche contre gauche... En toutes choses, il est devenu manichéen. Ne pouvant se rendre intéressant aux yeux de ses ennemis, c'est de cette manière qu'il se rendait intéressant à ses propres yeux, c.-à-d. en trouvant en tout ce qui existe un duel, une opposition.

Ce climat entraîne deux conceptions de la bourgeoisie chez les enfants Rezeau : celle de Jean, pour qui la bourgeoisie était une caste à détruire et celle de Marcel, pour qui, la bourgeoisie était un moyen d'arriver. Ce qui conduit ce dernier à prendre des airs distants et supérieurs à l'égard de ses frères.

Par ailleurs, cette atmosphère familiale sera le terreau où émergeront d'autres comportements fruits de toutes les maltraitances subies.

III.2.2. Un rendement scolaire médiocre

Elevés sans une quelconque affection parentale et dans un climat très angoissant, Chiffe et Brasse-bouillon ne réussissent pas bien à l'école. Fred échoue même à Nantes où il faisait la Navale. Quant à Jean, il obtient la mention bien à son baccalauréat, pendant que Marcel obtient la mention très bien. Même à l'Université, contrairement à Marcel, Jean aura des rendements académiques faibles. C'est de justesse qu'il passera souvent de promotion et obtiendra son diplôme de maîtrise. Car, le soir il devait travailler pour survivre et se prendre en charge financièrement. Et le matin il allait aux cours.

L'affection parentale, les éloges, la conscience d'être précieux aux yeux de ses parents permettent à Marcel de réussir brillamment en classe tandis que c'est l'inverse pour Jean et Fred.

III.2.3. Difficultés à vivre en société et à tisser des relations amicales durables.

« A-t-on idée de ne pas se faire aimer, de mettre ainsi en cause les tendresses gratuites de tous ceux qui ont eu le mérite d'y réussir ? »11(*)

Les longues années de haine ont fait de Jean un solitaire impénitent, facilement incommodé par une autre odeur que la sienne, à ses côtés. Jusqu'à dix-huit ans, il est celui qui n'a jamais connu d'intimité qu'avec lui-même. Et cela, parce que depuis son enfance il a opté pour la révolte.

Jean n'a jamais eu d'amis, à part un seul, Cyrille, à cause duquel il fut sévèrement puni. Il a toujours été distant des autres. Le vouvoiement des enfants Ladourd, qui ont presque son âge voire moins, marque cette habitude qu'a Jean de ne pas créer de familiarités avec les autres. L'éducation familiale de Jean l'a prédestiné à vivre en marge de la société, où il a du mal à s'intégrer. L'accueil solennel des Ladourd l'embarrasse. Toutes ces mains tendues vers lui, à son arrivée, lui paraissent comme des palmes sur le passage du Seigneur. Il lui faut un mois pour se mettre, au prix d'énormes efforts, au diapason des autres enfants.

Par moments, toutefois, la sollicitude des Ladourd à son égard l'étouffe. Ainsi réalise-t-il deux escapades pour être seul, loin de ses hôtes. Malgré la compréhension de Félicien Ladourd et de son épouse, après deux mois, Jean ne peut à nouveau s'isoler. Car, cela suppose qu'il en demande la permission à monsieur ou à madame Ladourd. Pourtant il n'y est pas prêt. Il lui pèse de dépendre d'un autre. Il demeure encore individualiste.

III.2.4. Inversion des valeurs et inaptitude à comprendre la vie normale.

L'univers familial de Jean l'a rendu incapable de comprendre le fonctionnement d'une famille normale. La famille Ladourd lui paraît étrange et anormale : une famille peuplée de cris, où l'on s'embrasse constamment, une famille où l'humeur tient lieu de colère et qui ignore ce qu'est la rage, mot clé de la jeunesse de Jean. Celui-ci est un mal-aimé, inapte à l'amour, à l'amitié, au bonheur et à la camaraderie. Il a du mal à s'adapter au climat chaleureux de sa famille hôte. L'ouverture des Ladourd lui paraît de la naïveté. En face de ces carnivores de la gaieté, que sont les Ladourd, Jean se sent végétarien. Son passé familial explique son actuelle sauvagerie-timidité qui l'enrage devant le sourire bienveillant de Mme Ladourd.

III.2.5. La tiédeur spirituelle et l'athéisme.

Un excès d'activités spirituelles lasse vite l'enfant des choses spirituelles. Après d'intenses activités spirituelles, qui lui ont toujours été imposées au collège, Jean nourrit un dégoût pour la prière. C'est ainsi qu'à la retraite des étudiants il n'éprouve pas le besoin de subir un nouvel assaut de ces rabâchages.

Plus tard, Jean gardera cette tiédeur à l'égard de la spiritualité. Son mariage qu'il célébrera à l'Eglise ne cessera que par pure formalité, par un fort souci de légitimer son union avec Monique Arbin. Pour le besoin de cette cause, comme il le dit lui-même, il était prêt à se présenter même devant un devin, pour obtenir la plus grande légitimation qui soit à son mariage.

Un certain nombre d'athées que l'époque contemporaine a connu tels Nietzsche... ont eu à évoluer dans des familles fortement chrétiennes où les activités spirituelles se pratiquaient par routine, par tradition.

III.2.6. La paranoïa

Même éloigné, le spectre de Folcoche continue de hanter Jean, ses méchancetés continuent de le poursuivre. Il tombe dans la paranoïa. Partout, il voit la main agissante et maltraitante de sa mère. Quand Michelle Ladourd, après un échange de baiser avec Jean, demande à celui-ci si elle peut prévenir sa maman, Jean pense directement à Mme Rezeau.

Bien plus toute femme, voire sa propre femme, et toute mère lui rappellent Folcoche. Jusque dans son mariage, Jean continue à être obsédé par sa mère, s'astreignant coûte que coûte à une thérapie contre cette obsession. Ce contre quoi son épouse Monique réagira, quand elle dit : « Je ne peux tout de même pas m'empêcher de faire tout ce que l'on faisait chez toi. On y mangeait je l'espère. Tant pis, car moi j'ai faim. »

III.2.7. La fugue

Pour les Rezeau, il ne fait pas beau de vivre en famille. Les enfants ne se sentent ni aimés ni compris. Cela précipitent Fred et Jean dans la rue et fait d'eux, le cas échéant, des « enfants vivant dans la rue », communément appelés les « enfants de la rue ». Dix-huit ans, « c'est l'âge où toutes les forces libératrices de l'autonomie individuelle, accumulée depuis la puberté, et où le besoin vital d'évasion du milieu familial atteignent leur paroxysme, provoquant parfois des perturbations très spectaculaires, si elles n'ont pas été canalisées par un entourage familial compréhensif, uni et aimant. Ces troubles se manifestent sous la forme bénigne par des accès de mauvaises humeurs, des bouderies, des comportements plus ou moins bizarres et, dans les cas les plus graves, par des fugues, des névroses ou même des psychoses. »12(*)

Fred profitant de ses vingt ans, majorité légale. Il s'engage, sans la permission parentale, dans la marine.

Quant à Jean, blessé affectivement par ses parents, il fugue à dix-neuf ans. Il arrête ses études et s'en va sans argent pour Paris, à la réalisation de son destin. Là, il mène une vie vagabonde durant deux ans, rendant des services par-ci par-là. Dans son flirt avec la rue, Jean connaît la maladie et la souffrance, mangeant occasionnellement.

III.2.8. La haine de la famille

Jean connaît une enfance à retardement. C'est à 18 ans qu'il apprend le jeu et l'enfance, choses qui lui étaient jusque là étrangères. Pour lui, l'enfance a toujours représenté une faiblesse ou une infirmité livrée aux muscles des adultes. Quant au jeu, il ne l'a jamais connu non plus. Il a toujours obéi à l'impératif : « Allez vous amuser. Aujourd'hui, vous gratterez l'allée. » Et il s'efforçait de le faire avec plus ou moins d'entrain. Il n'a jamais connu cette grâce qui réside dans les jeux d'enfants. Tout cela l'avait conduit, entre 15 et 20 ans, à douter de l'institution famille par une généralisation hâtive, avant qu'il n'en fonde une de réussie.

Dès lors, ce n'est pas avec fierté qu'il porte le nom Rezeau. S'il pouvait changer de famille et de nom, il l'aurait fait volontiers. C'est avec une hargne que Jean s'attèle à abaisser et à offenser la dignité Rezeau. À cette fin, il réalise des « travaux bas et humbles » mais rémunérateurs, comme pelleter du sable dans la rue, servir de valet de chambre... En tout, il cherche en tout à humilier sa famille ou à l'épater, c'est-à-dire à lui prouver qu'il peut se passer d'elle et qu'il est capable de voler de ses propres ailes, sans son aide. Brasse-bouillon ne vit pas pour lui, mais il vit contre sa famille.

III.2.9. L'influence sur le caractère

La misère héréditaire des sentiments a fait de Fred un apathique, de Jean un révolté et de Marcel un homme lent et secret.

De Jacques Rezeau, Fred a hérité la fausse intelligence qui papillonne à la surface des choses. De Paule Pluvignec, Fred tient cet égoïsme, ce goût du soupçon, cette hargne, ce mépris envers un monde qui ne le hisse pas sur le socle auquel ont droit ses quarante-quatre, il s'agit de sa pointure de pied.

III.2.10. Une obsession contre l'injustice.

De son opposition et de sa haine contre sa mère, Jean garde un dégoût viscéral de l'injustice. Ce dégoût le conduira à s'engager résolument pour la justice. Grâce à cette révolte contre Folcoche, Jean échappe au sort auquel le prédestinait celle-ci. Car, il a été formé à l'école de la vie, gagnant son pain au prix d'un dur labeur. Depuis sa vie en famille, Folcoche ne l'a pas habitué aux facilités. Elle l'a toujours entraîné au combat, à affronter les difficultés. Il parvient ainsi à la réussite sociale et conjugale. Dans le cas contraire, s'il choisissait de se soumettre à sa mère et de cautionner l'injustice dont il était victime, il aurait connu le même échec social que Fred.

III.2.11. L'échec social

Hélas ! Chiffe (Fred), qui n'a pas choisi la révolte, mais plutôt la soumission, a une vie brisée, broyée. Sa situation sociale est précaire. Il quitte la marine sans la moindre ficelle, sans la moindre situation sociale. Non seulement il échoue à l'école, mais il échoue également dans sa vie professionnelle. Bref, dans la vie tout court. Il est devenu un oisif, parasite et plaintif, qui n'hésite pas à voler pour se procurer de l'argent. Clochard distingué, fort désireux mais tout à fait incapable de retourner en bourgeoisie, Fred est un laissé pour compte de la société.

III.3. CONCLUSION

C'est bien là autant des conséquences majoritairement néfastes auxquelles aboutissent les maltraitances infligées aux enfants. Il s'agit notamment de : la division de la famille, l'individualisme, l'échec scolaire et professionnel, la fugue, la paranoïa, la tiédeur spirituelle voire l'athéisme, l'inversion des valeurs et même l'inaptitude à comprendre la vie normale, la haine de la famille, la difficulté de s'intégrer à la société et à tisser des relations amicales, simples et naturelles, et quelque fois, l'influence héréditaire sur le caractère de la progéniture. Plusieurs personnes aigries, frustrées et révoltées résultent des maltraitances familiales.

Par ailleurs, toutes ces conséquences ne vont pas sans rejaillir sur la société toute entière et sur le développement socio-économique de celle-ci. Suite aux maltraitances subies, Fred ne parvient pas à accéder à l'indépendance économique et financière. Il vit dans la forte dépendance à l'égard de sa famille. Non seulement il constitue un poids pour celle-ci, mais aussi pour toute la société, dont il refreine l'élan pour le développement. Car il mène une vie vagabonde, désoeuvrée et parasite.

Eu égard à ce qui précède, ne pourrait-on pas considérer les maltraitances infantiles comme l'une des nombreuses causes du sous-développement des peuples ? Le développement des nations du tiers-monde, entre autres, ne passerait-il pas nécessairement par une lutte acharnée des gouvernants politiques contre ces maltraitances ? Cette lutte que mènent déjà l'UNESCO et l'UNICEF ?

Cependant, il sied de souligner que le cas de Jean constitue bien une exception aux conséquences des maltraitances. Devenu un révolté suite aux maltraitances subies. Toutefois, il en garde quelques traces. Les mauvais traitements lui infligés par Folcoche ont ravivé en lui la soif de l'indépendance financière. Mal à l'aise sous le tout parental, Jean ne rêve que d'une chose : s'évader pour vivre le bonheur sous son propre toit et réaliser toutes ses volontés.

Mieux encore, ces maltraitances ont aiguisé en Jean une allergie contre l'injustice. Dans sa vie conjugale, Jean est un père totalement acquis à la cause de la justice, puisque lui-même a vécu dans sa chair les affres de l'injustice.

Peut-être toutes les victimes des maltraitances devraient-elles s'inspirer de l'exemple de Jean. Plutôt que de perpétrer le cercle vicieux de ces mauvais traitements (cf. le mécanisme opprimé-oppresseur), Jean décide de briser un maillon de cette chaîne. Il cherche à offrir à sa descendance un monde différent de celui qu'il a connu, un monde meilleur. Etre parent, signifierait peut-être cela.

Seulement, il n'est pas facile d'échapper au spiral des maltraitances. Même Jean y parvient au prix d'énormes efforts. Comme pistes de solution aux conséquences de la maltraitance des enfants, Hervé Bazin nous propose la révolte, l'amitié, l'amour vrai et le mariage, sans oublier l'expérience d'une famille chaleureuse. Pour lui, la famille est non seulement le lieu de la frustration, mais aussi de l'épanouissement, à condition que l'on soit déterminé à mettre fin au cycle de violences et que l'on se résolve à prendre en main sa vie, à travers ses études, son travail et ses relations humaines.

CONCLUSION GENERALE

La maltraitance des enfants est un problème dont l'actualité n'est plus à démontrer. Le phénomène grandissant d' « enfants de la rue », des filles-mères, ainsi que celui d'enfants battus dans les villes africaines le prouve à suffisance, sans parler du taux élevés des suicidés, des drogués et des violés chez les jeunes occidentaux et orientaux. De par le monde entier l'on note une nette croissance du nombre d'enfants négligés ou abandonnés par leurs géniteurs.

« Si l'on regarde attentivement autour de soi, on s'aperçoit qu'il y a peu de couples heureux. La statistique des divorces ne suffit pas à exprimer le nombre des mariages infortunés. Plus nombreux sont ceux qui, en maintenant leur légalité et même leur apparence d'entente, cachent une morne résignation, une soumission aux dogmes, aux conventions sociales, un accord, plus ou moins tacite, de liberté réciproque. »13(*)

Dans La Mort du petit cheval, Hervé Bazin nous présente trois couples : le couple Jacques et Paule Rezeau, le couple Ladourd et le couple Jean et Monique Rezeau. Le premier, qui occupe aussi la place centrale dans l'intrigue du roman, est un échec. Et ses ravages incalculables sur l'entourage se font sentir à court, moyen et long termes. Quant aux deux autres, ce sont des couples réussis.

Nombreux sont ces couples dont l'échec, aujourd'hui encore, rebondit sur toute la vie familiale, spécialement sur la vie de leurs enfants. Ceux-ci sont alors objet des maltraitances de la part de leurs parents.

La problématique qui a présidée à nos pérégrinations littéraires a été celle de savoir comment se libérer des maltraitances subies en famille. Est-il possible de connaître l'amour, le bonheur et la réussite sociale quand toute sa vie n'a été que haine, malheur et injustices ? Comment s'y prendre ?

Pour mieux cerner notre sujet, la lecture interne nous a paru être la méthode la plus indiquée. Aussi ne nous sommes-nous pas écartés du roman. Toutefois, nous nous sommes efforcés de traiter notre sujet d'une manière si générale que n'importe quel enfant maltraité, n'importe quelle famille, s'y retrouve.

Ce travail, La Maltraitance des enfants et ses conséquences dans La Mort du petit cheval d'Hervé Bazin, a été rendu en trois chapitres.

Le premier nous a présenté des généralités sur l'auteur et sur son oeuvre. Afin de mieux introduire notre lecteur à la compréhension de ce sujet, il nous a paru impérieux de lui présenter un résumé de La Mort du petit cheval.

Jean Rezeau échappe par sa résistance au plan machiavélique de sa mère. Objet d'une longue tyrannie de la part de cette dernière, Jean n'est pas préparé à l'amour. De longues années de haine ont miné et gangréné son avenir. Même éloigné, les attaques de la terrible « Folcoche » continuent à l'atteindre. Toutefois, la rupture de sa relation avec Micou sera la goutte qui fera déborder le vase et le poussera à l'action. Dès lors un front sera ouvert entre lui et sa mère, front qui le jettera, après quelques péripéties, dans les bras d'une autre Paule, qui cependant, est diamétralement l'opposée de sa mère. C'est chez celle-ci que Jean réalise l'apprentissage de l'amour et se prépare à la rencontre de sa vie : Monique Arbin, auprès de qui il retrouve enfin la félicité tant cherchée.

Le deuxième chapitre, nous a révélé en quoi consistait cette maltraitance des enfants. Après un examen minutieux des lieux, des auteurs et des causes de cette maltraitance, nous avons distingué les différents types de maltraitances. Ainsi les avons-nous regroupées en deux : la maltraitance psychologico-verbale et la maltraitance morale.

Fred et Jean Rezeau grandissent dans une famille avec la conscience d'être de trop. Méprisés, proscrits, c'est dans la peine et le stress qu'ils étudient. Au bout du compte, Jean s'en sort, réussit dans sa vie aussi bien conjugale que professionnelle. Fred, par contre, a la vie broyée. Il échoue dans sa vie professionnelle. Parasite attitré, il est un laissé pour compte de la société.

Le troisième chapitre, enfin, nous a parlé des conséquences de ces maltraitances. Il s'agit de l'éclatement de la cellule familiale, la fugue, l'inaptitude à intégrer un groupe ou une société, l'échec professionnel, la faiblesse du rendement scolaire, la paranoïa, la tiédeur spirituelle, l'inversion des valeurs, la haine de la famille, etc.

Les mêmes causes ne produisent pas toujours les mêmes effets chez l'homme. Tout dépend d'un individu à un autre. Elevés dans les mêmes conditions, Jean et Fred ne connaissent pas le même avenir. Déjà aux études, pendant que Jean réussit, Fred échoue. Il en va de même pour tout le reste.

En cela, la maltraitance pourrait aussi être formative. Nul n'a donc le droit de baisser les bras devant la maltraitance et de croire en la fatalité. Le plus important pour un homme n'est pas ce que l'on fait de lui, mais ce qu'il fait de ce qu'on a voulu faire de lui.

L'échec scolaire des enfants est un sérieux problème qui préoccupe les éducateurs, il tire ses racines dans l'univers familial. Il n'a pas toujours pour cause la maltraitance dont les enfants sont victimes dans leurs familles respectives. Quelques fois, il est dû à la négligence des enfants eux-mêmes ou à l'incompétence de leurs enseignants. Maltraités dans leurs familles, certains enfants trouvent dans les études l'unique voie de sortie et s'y appliquent avec tout le sérieux possible. Tandis que trop gâtés en famille, d'autres enfants ne trouvent pas la nécessité de se consacrer sérieusement aux études.

Comme pistes de solution à la maltraitance subie en famille, Hervé Bazin propose la révolte, l'amour et le mariage. Mais il s'agit d'une révolte raisonnée. « La révolte en soi n'est rien, ne mène à rien, elle permet seulement de reconsidérer les valeurs à l'abri du respect, fléau de la pensée ; elle doit toutefois se mettre aussi à l'abri de sa première fureur, de la frénésie de l'inversion ; en définitive ce ne sont pas les révoltes chaudes, mais les révoltes refroidies qui sont les plus lucides, les plus efficaces. »14(*) Par ailleurs, « l'amour, dit-il,  voilà ce qui rend un être unique, ce qui le sauve de la médiocrité.» 15(*)

Hervé Bazin a le mérite ici de peindre certains tourments vécus au sein de ce qu'il convient d'appeler les « grandes familles ». Tourments dont l'acuité est accrue par le respect humain généralement accordé aux ressortissants de ces familles. « On a beau avoir quelques lumières sur l'état d'esprit qui règne dans une famille, rien de tel que des exemples concrets pour vous mettre dans le coup »16(*). Liés par des rapports conventionnels à la société, certains membres de ces familles étouffent dans leur peau pour soigner les apparences. Ce contre quoi se révolte Jean, cherchant à être lui, à être vrai. Et voulant en tout abaisser sa famille ou l'épater, c'est-à-dire lui prouver qu'il est capable de se passer d'elle.

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ROYER, Jacqueline, La personnalité de l'enfant à travers le dessin du Bonhomme, Bruxelles, Editest, 1977.

TSHIMANGA, Mukadi Jean-Claude, Développement du jugement moral à travers les conduites d'appréciation morale chez l'enfant congolais « Etude menée à Lubumbashi et ses environs, (oeuvre inédite), UNILU, Faculté de psychologie et sciences de l'éducation, Département de psychologie,

VANDEVELDE, Louis, Théorie psychopédagogique et fonctionnement de l'institution scolaire, 6è édition, Bruxelles, U.L.B., 1998-1999.

VOIRIN, Pierre, De la solitude à la présence. La rééducation des jeunes en difficulté, Toulouse, Privat, 1972.

Articles.

CHIVA, Matty, « L'enfance inadaptée » in Encyclopedia Universalis, corpus 8, Paris, Encyclopedia Universalis, 1996, pp. 349-355.

MALRIEU, Philippe, « La socialisation » in Encyclopedia Universalis, corpus 8, Paris, Encyclopedia Universalis, 1996, pp. 345-348.

MISRAHI, Colette, « L'enfant et la psychanalyse » in Encyclopedia Universalis, corpus 8, Paris, Encyclopedia Universalis, 1996, pp.335-339

STORK, Hélène, « La vie psychique de l'enfant » in Encyclopedia Universalis, corpus 8, Paris, Encyclopedia Universalis, 1996, pp. 329-334.

TABLE DES MATIERES

DEDICACE

EPIGRAPHE........................................................................................................................................I

REMERCIEMENTS..........................................................................................................................II

INTRODUCTION GENERALE 2

0.1. CHOIX ET INTERET DU SUJET 2

0.2. PROBLEMATIQUE 3

0.3. ETAT DE LA QUESTION 3

0.4. METHODE DE TRAVAIL 5

0.5. DIVISION DU TRAVAIL 6

CHAPITRE I GENERALITES 7

I.1. INTRODUCTION 7

I.2. VIE DE L'AUTEUR 7

I.3. OEUVRES DE L'AUTEUR 8

Principaux romans 8

I.4. RESUME DE L'OUVRAGE 9

I.5. JUSTIFICATION DE L'INTITULE DU ROMAN. 13

I.6. CONCLUSION 14

CHAPITRE II LA MALTRAITANCE DES ENFANTS 15

II.1. INTRODUCTION 15

II.2. LIEUX DE LA MALTRAITANCE DES ENFANTS 15

II.3. AUTEURS DES MALTRAITANCES 16

II.4. CAUSES DE LA MALTRAITANCE DES ENFANTS 16

II.5. LA MALTRAITANCE DES ENFANTS. 19

II.5.1. LA MALTRAITANCE PSYCHOLOGICO-VERBALE. 20

II.5.2. LA MALTRAITANCE MORALE 23

II.6. CONCLUSION 27

CHAP. III CONSEQUENCES DE LA MALTRAITANCE DES ENFANTS 29

III.1. INTRODUCTION 29

III.2. CONSEQUENCES DE LA MALTRAITANCE DES ENFANTS 29

III.2.1. Individualisme et division de la famille 29

III.2.2. Un rendement scolaire médiocre 30

III.2.3. Difficultés à vivre en société et à tisser des relations amicales durables. 31

III.2.4. Inversion des valeurs et inaptitude à comprendre la vie normale. 31

III.2.5. La tiédeur spirituelle et l'athéisme. 32

III.2.6. La paranoïa 32

III.2.7. La fugue 33

III.2.8. La haine de la famille 33

III.2.9. L'influence sur le caractère 34

III.2.10. Une obsession contre l'injustice. 34

III.2.11. L'échec social 35

III.3. CONCLUSION 35

CONCLUSION GENERALE 37

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE 40

Ouvrages généraux 40

Ouvrages 40

Articles. 43

TABLE DES MATIERES 44

* 1 Surnom donné à Paule Rezeau, par Ferdinand et Jean, et qui signifie « Folle et Cochonne ».

* 2 Surnom donné à Paule Rezeau par ses fils, Ferdinand et Jean.

* 3 Ce surnom est issu de la contraction de « folle » et « cochonne ».

* 4 M.P.C., p. 111.

* 5 Il s'agit des parents de Paule Rezeau, née Paule Pluvignec.

* 6 Id., p.16.

* 7 Id., p.231.

* 8 Dans la société créée par l'auteur dans le roman, la majorité est atteinte à 20 ans.

* 9 R. Denis et S. Torkomian, Caractériologie appliquée, [Paris], SABRI, [1960], p. 155.

* 10 Op. cit., p. 16.

* 11 Id., p. 132.

* 12 R. Denis et S. Torkomian, Caractériologie appliquée, [Paris], SABRI, [1960], p. 191.

* 13R. Denis et S. Torkomian, Caractériologie appliquée, [Paris], SABRI, [1960], p. 155

* 14 Op. cit., p. 289.

* 15 Id., p. 175.

* 16 Id., p. 228.






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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault