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La participation citoyenne dans l'élaboration de la politique nationale de population

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par Miguel DUMAY
Université d'État d'Haiti Centre en Population et Développement - Diplôme Post-Gradué 2007
  

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III-4 Mode de délibération.-

Une fois les travaux en atelier terminés, des séances plénières se sont tenues en fin de journée. Chaque rapporteur y a présenté à l'ensemble des participants la liste des problèmes identifiés par son groupe ainsi que les solutions proposées pour chaque sous-thème. Des discussions intéressantes en sont suivies (SEP, 2000).

Cette démarche dialogique et interactive a permis aux participants (secteurs privé et public) des neufs départements d'arriver à un consensus autour d'une panoplie de problèmes en rapport avec la problématique de Population et du Développement qu'ils ont identifié et que la SEP a consigné dans le Rapport des Consultations Départementales (SEP, 2000). Ainsi, la présentation des rapports en séance plénière suivie de débats publics et de consensus participe d'un processus de délibération démocratique.

III-5 Rapport entre le contenu des Consultations Départementales et celui de la Politique Nationale de Population

L'analyse des deux documents, à savoir le « Rapport des Consultations Départementales » et la « Politique Nationale de Population », ne nous a pas permis de déceler une relation étroite entre eux malgré le fait que le premier soit vieux de deux ans (SEP, 2000) par rapport au second (SEP, 2002). S'il y a un certain rapport logique entre eux, il n'est qu'implicite. C'est en ce sens que nous avons compris la réponse du directeur de la Population de la SEP à notre question concernant l'influence qu'aurait les consultations sur l'élaboration de la politique nationale de population : «Les experts, en rédigeant la politique nationale de population, se sont simplement inspirés de l'esprit des consultations départementales ». Notre interviewé a poursuivi pour dire, sans le prouver «toutefois, s'il n'y avait pas les consultations, on aurait un autre document de politique de population, pas celui-ci ».

Pour le directeur de la communication de la SEP que nous avons également interviewé, «le contenu des consultations pourrait davantage servir à définir les stratégies d'actions à entreprendre alors que la Politique Nationale de Population ne fait que s'inscrire dans le cadre du Programme d'Action de la CIPD 94 (Conférence Internationale sur la Population et le Développement)» Notons que cette conférence a été tenue au Caire en 1994 et Haïti, en tant qu'un des 179 pays participants, a du honorer ses engagements en formulant sa politique de population de 2002. Celle-ci devrait, en effet, être conforme aux buts et objectifs du Programme d'action de la CIPD 94 qui sont « la croissance économique soutenue dans le cadre du développement durable, l'éducation, en particulier celle des filles, l'équité et l'égalité entre les sexes, la réduction de la mortalité infantile, juvénile et maternelle, et l'accès universel aux services de santé de la reproduction, y compris la planification familiale et la santé en matière de sexualité » (UNFPA, 1994). A signaler que cette velléité des Nations-Unies d'orienter la politique de population des pays remonte au Sommet mondial sur la Population tenu à Bucarest en 1974.

III-6 Les limites de cette participation citoyenne

A ce stade de notre recherche, nous admettons qu'il y a eu une certaine participation citoyenne cristallisée lors des consultations départementales réalisées au cours de la période allant du 14 septembre au 5 novembre 1999 (SEP, 2000). Mais dans le cadre d'une démocratie de proximité, ne devrait-on pas plutôt envisager de les tenir à un pallier de collectivités territoriales inférieur à celui du département ? Vu la situation précaire du pays, il se révèle plus difficile de réaliser de telles consultations au niveau des 565 sections communales en termes du grand volume de temps, de ressources humaines, matérielles et financières qu'il faudrait mobiliser. Le mieux aurait été de les organiser au niveau des 133 communes qui sont, de l'avis de certains spécialistes, le niveau de collectivités territoriales par excellence. De toute façon, nous avons abondé dans le même sens que le directeur de communication de la SEP qui estime que l'échantillon obtenu pour l'ensemble des départements est suffisamment représentatif. D'autant qu'il y a eu des représentants de mairies et de sections communales à prendre part aux consultations départementales. Mais nous n'avons pas eu l'opportunité de consulter la liste des participants - disponible à la SEP - pour voir si cette catégorie de représentants pouvait avoir un poids significatif dans la balance.

Le directeur de la population de la SEP nous a, cependant, affirmé qu'il y a eu une réelle participation citoyenne lors des consultations sans influence aucune des experts ou autres cadres présents. A la question de savoir si un simple exposé et une projection documentaire pouvaient être suffisants pour armer les participants aux discussions, notre interviewé a admis que «ces citoyens devraient avoir des informations beaucoup plus larges et générales ayant trait à des domaines divers pour mieux intervenir sur la question de population». Le directeur de communication de la SEP a, pour sa part, été plus technique dans sa réponse. Il a estimé en se référant à la communication sociale que « les participants, fraîchement exposés à des messages audio-visuels, sont en mesure de réagir convenablement dans les ateliers et de faire oeuvre qui vaille». Cette explication s'inspire du modèle de la communication persuasive de Wayne C. Minnick selon lequel « l'usage de la persuasion du type scientifique permet d'assurer la gestion adéquate des affaires publiques » (Willet, 1992).

Nous ne saurions toutefois écarter l'idée d'une certaine asymétrie dans la participation compte tenu que les gens sont issus de milieux socio-économiques divers et de niveaux intellectuels différents. Ce qui laisse supposer que certains participants ayant eu du mal à exprimer et faire valoir ses points de vue ont dû adopter une attitude de suiviste. Nous n'avons pu avoir le profil détaillé des participants et savoir le mode d'animation utilisé dans les ateliers de travail pour approfondir cet aspect de la question.

Somme toute, ces consultations départementales ont permis d'avoir un mode de participation que nous pourrions qualifier de «participation intellectuelle» (Limbos, 1986). Quitte à se demander si le citoyen ordinaire haïtien, le plus souvent analphabète, ait pu bien jouer sa participation au concert des nantis du savoir et de l'avoir. D'autres études devraient se porter sur cet angle.

A partir des réserves que nous venons de formuler, il importe d'adopter une attitude beaucoup plus critique face à la déclaration du ministre de la santé publique et de la population selon laquelle «l'élaboration du document de politique nationale de population a fait l'objet d'une large participation, ce qui devrait contribuer à établir autour d'elle un consensus et à garantir sa pérennité» (SEP, 2002).

C'est vrai que la SEP a emprunté la démarche participative - via les consultations départementales - aux fins de permettre à un groupe de citoyens de se prononcer sur la problématique de la population mais les informations que nous avons recueillies, tout au cours de notre recherche, nous habilitent finalement à nuancer notre hypothèse par le fait que ces consultations n'ont sinon aucune du moins très peu d'influence sur l'élaboration de la politique nationale de population. Peut-être une influence d'ordre cognitif.

Ainsi, notre hypothèse de recherche n'a pas été confirmée du moins très partiellement. Puisque le paramètre relatif aux « décisions prises dans les grandes assises internationales sur la population» (UNPIN, 1994) semble avoir été beaucoup plus déterminant dans la rédaction du document de politique de population, assurée par des professionnels de plusieurs horizons (économiste, médecins, démographes et communicateur).

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard