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Obstacles socioculturels et dynamique de l'assainissement écologique en milieu rural : cas de Petit Badien S/P de Dabou

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par Sylvanus Innocent N'GORAN
Université de Cocody-Abidjan - DEA Option développement économique et social 2007
  

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UNIVERSITE DE COCODY

INSTITUT D'ETHNOSOCIOLOGIE

ANNÉE UNIVERSITAIRE 2007-2008

MEMOIRE DE D.E.A

(Option : Développement Economique et Social)

SUJET

OBSTACLES SOCIOCULTURELS ET

DYNAMIQUE DE L'ASSAINISSEMENT

ECOLOGIQUE EN MILIEU RURAL : CAS DE

PETIT BADIEN S/P DE DABOU

Présenté par :

M. N'GORAN

Sylvanus Innocent

Maître ès sciences sociales

 

Sous la direction de :

Prof. BAHA BI

Youzan Daniel

Maître de Conférences

 

SOMMAIRE

AVANT-PROPOS III

REMERCIEMENTS IV

SIGLES ET ABBREVIATIONS VI

LISTE DES TABLEAUX VIII

LISTE DES PHOTOGRAPHIES IX

INTRODUCTION 10

PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE

I.1- LA JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET 13

I.2- LA DELIMITATION DU CHAMP 14

I.3- LA REVUE DE LA LITTERATURE 17

I.4- LA PROBLEMATIQUE 23

I.5- LES HYPOTHESES 28

I.6- LES OBJECTIFS 28

I.7- LA DEFINITION DES CONCEPTS 29

I. 8- LA METHODE ET LES TECHNIQUES D'ENQUETE 34

I.9- LES DIFFICULTES RENCONTREES 44

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DE PETIT BADIEN, DU CREPA ET DU PROJET ECOSAN

II.1- LA PRESENTATION DE PETIT BADIEN 47

II.2- LA PRESENTATION DU CREPA 55

II.3- LA PRESENTATION DU PROJET ECOSAN 62

TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES DONNEES RECUEILLIES

III.1- LES OBSTACLES SOCIOCULTURELS QUI FREINENT LA DYNAMIQUE D'ECOSAN 69

III.2- LES FACTEURS LIMITANT DU PROJET ECOSAN 77

III.3- LA DYNAMIQUE DE L'APPROCHE ECOSAN 79

IV.4- LES RETOMBEES SOCIOECONOMIQUES ET L'APPROPRIATION REELLE DE L'APPROCHE ECOSAN 87

CONCLUSION 91

BIBLIOGRAPHIE 94

TABLE DES MATIERES 99

ANNEXES

AVANT-PROPOS

L'étude sur les obstacles socioculturels et la dynamique de l'assainissement écologique en milieu rural, est le résultat de deux années de travail. Elle est le fruit d'efforts conjugués de deux institutions de recherche. L'Institut d'Ethnosociologie de l'Université de Cocody et le Centre Régional pour l'Eau Potable et l'Assainissement à faible coût de Côte d'Ivoire (CREPA-CI). Cette étude a été une expérience scientifique fort enrichissante. D'une part, elle a permis d'amorcer la réflexion sur les obstacles socioculturels de l'assainissement écologique en milieu rural ivoirien et d'autre part, de montrer la pertinence de la dynamique de cette approche. Cette approche qui reçoit la reconnaissance de la communauté internationale à Bellagio en 2000, mérite des études complémentaires et diversifiées parce que les enjeux sont importants pour les populations du tiers-monde en général et du milieu rural en particulier.

Ce sujet de recherche qui s'attaque aux problèmes cruciaux et concrets, exige encore plus d'efforts scientifiques de la part des spécialistes exerçant dans le secteur.

Vivement que des esprits alertes et scientifiques s'y mettent afin de consolider les acquis de cette recherche.

REMERCIEMENTS

La recherche que nous entreprenons dans le domaine de l'environnement et plus particulièrement dans le secteur de l'assainissement, est une contribution à la fois scientifique et pragmatique. De même qu'il fallait par des procédures scientifiques éprouver la question de l'assainissement écologique, de même il était nécessaire de montrer la dynamique et l'adéquation de cette alternative.

Cette étude menée en zone rurale dans la sous-préfecture de Dabou et plus précisément dans le village de Petit Badien, n'aurait pu connaître un aboutissement, si nous ne bénéficions de l'appui et de l'assistance d'un certain nombre de personnes.

D'abord, qu'il nous soit permis d'adresser nos remerciements les plus vifs au Prof. BAHA Bi Youzan. En dépit de ses nombreuses charges, il a accepté de nous encadrer. Il nous a façonné et guidé dans la conduite de la présente recherche. Longévité et succès l'accompagnent pour que d'autres étudiants puissent bénéficier de son expertise.

Ensuite, nous tenons à remercier le Prof. GNAGNE Théophile, Directeur Résident du CREPA-CI (Centre Régional pour l'Eau Potable et l'Assainissement à faible coût de Côte d'Ivoire), qui ne cesse d'oeuvrer pour la formation et l'insertion des étudiants dans la vie active.

Nous remercions également, tout le personnel du CREPA qui nous a soutenu et apporté franche collaboration. En premier chef, citons le sociologue N'DA Constant, aujourd'hui au FNUAP. Dans un second temps, les coordonnateurs COMOE, OHINICO, N'GOUANDI, les techniciens, TOURE, LAIGRET, YAO, les comptables, KONE, AGNESS, la secrétaire KACOU et notre collègue ZOUHON Lou Michèle avec qui, nous avons eu une franche collaboration.

Merci également à tout le village de Petit Badien qui nous a fait confiance et permis de mener nos recherches.

Enfin, nous tenons à remercier nos parents et amis qui de près ou de loin nous ont apporté soutien spirituel, financier et matériel. Parmi ceux-ci citons, notre père N'GORAN Kouadio et notre mère, Mme N'GORAN née KOFFI Aya. Nos frères, Nathanaël, l'Abbé Gilles, Ghislain, Lebel, Hermann et Patrice. Nos soeurs Mansuette, Lucie et Véronique. Nos amis, TOTO, GOUELI, ASSOHOU, ADIKO... Et notre fiancée BEHOU Roseline, qui a toujours su nous apporter le soutien adéquat quand nous étions intéllectuellement et physiquement émoussé.

Clin d'oeil spécial à notre grande soeur chérie Mansuette. Elle nous a offert son ordinateur portable afin de nous rendre plus opérationnel. Aussi, ne saurionsnous passer sous silence sa sollicitude à notre égard. Puisse Dieu l'aider dans sa mission d'assistance aux jeunes filles en détresse par le canal des foyers Clair Logis.

SIGLES ET ABBREVIATIONS

AEPA: Approvisionnement en Eau Potable et Assainissement

ASDI: Agence Suédoise de Développement International

ACF: Action Contre la Faim

BNETD: Bureau National d'Etude Technique et de Développement

CREPA-CI: Centre Régional pour l'Eau Potable et l'Assainissement à faible coût

de Côte d'Ivoire

CICR : Comité International de la Croix Rouge

FNUAP : Fonds des Nations Unis pour la Population

DAD: Direction de l'Assainissement et du Drainage

DANIDA : Coopération Danoise

DIEPA : Décennie Internationale pour l'Eau Potable et l'Assainissement EIER : Ecole Inter-Etat d'Ingénieur en Equipement Rural

ESTHER : Ecole Supérieur des Techniciens de l'Hydraulique et de l'Equipement

Rural

EcoSan : Assainissement Ecologique

FOREXI : Forage d'Exploitation de Côte d'Ivoire. FEM : Fonds d'Environnement Mondial

GRAAP : Groupe de Recherche pour l'Appui à l'Autopromotion Paysanne

IES : Institut d'Ethnosociologie

INS : Institut National de Statistique

INFAS : Institut National de Formation des Agents de Santé IRC : International Rescue Committee

INP-HB : Institut National Polytechnique Houphouët Boigny MICS : Multiple Indicators Cluster Survey

MEFE : Mécanisme de Financement Endogène. ONG : Organisation Non Gouvernementale

PMAE : Plan Municipal d'Action Environnemental

PNUE : Programme des Nations Unis pour l'Environnement PPO : Planification Participative par Objectif

RECI : Réseau ivoirien des ONG de Côte d'Ivoire RIF: Réseau International de Formation

SARAR: Self-esteem and Associative Strength Resourcefulness Action planning Responsibility.

SOLIBRA : SOciété de LImonaderie et de BRasserie d'Afrique

SODECI : Société de Distribution d'Eau de Côte d'Ivoire

S/P : Sous Préfecture UE : Union Européenne

UNICEF: Fonds des Nations Unies pour l'Enfance

V.A : Valeur Absolue
V.R : Valeur Relative

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Répartition des enquêtés par âge 39

Tableau 2 : Répartition des enquêtés par sexe .39

Tableau 3 : Répartition des enquêtés selon la taille des ménages 39

Tableau 4 : Répartition des enquêtés selon le niveau d'instruction .39

Tableau 5 : Répartition des enquêtés par revenu ..40

Tableau 6 : Récapitulatif des variables .40

Tableau 7 : Répartition des enquêtés selon les difficultés rencontrées

lors de l'utilisation des latrines EcoSan ....68
Tableau 8 : Répartition des enquêtés selon les difficultés rencontrées

au cours de la gestion .70
Tableau 9 : Répartition des enquêtés selon le lieu de

défécation de leurs enfants .71

Tableau 10 : Répartition des enquêtés selon qu'ils connaissent

l'existence d'un comité de gestion de l'assainissement 74

Tableau 11 : Répartition des enquêtés selon l'état du bord lagunaire

avant 2003 et aujourd'hui 84

Tableau 12 : Répartition des enquêtés selon ce qu'ils pensent

des alentours des maisons avant 2003 et aujourd'hui 85

Tableau 13 : Répartition des enquêtés selon ce qu'ils pensent

des abords des routes avant 2003 et aujourd'hui 86

Tableau 14 : Répartition des enquêtés selon l'intérêt qu'ils ont

pour les retombées d'EcoSan 88

Tableau 15 : Répartition des enquêtés selon leur

disposition à fertiliser leurs champs à l'urine 90

LISTE DES PHOTOGRAPHIES

Photo 1 : Carte du site de l'étude .

14

Photo 2 : Séance d'administration du questionnaire

.....42

Photo 3 : Séance de focus group avec les Nigbessi..

44

Photo 4 : Une vue de Petit Badien depuis l'entrée du village

47

Photo 5 : Bidur utilisé par un enfant

..62

Photo 6 : Bidurs dans une douche traditionnelle

62

Photo 7 : Vue de face d'une latrine EcoSan

.63

Photo 8 : Vue arrière d'une latrine EcoSan

63

INTRODUCTION

Les eaux usées et excréta posent de graves problèmes de santé publique lorsque des moyens adéquats ne sont pas mis en oeuvre pour leur évacuation. En effet, si l'insalubrité d'une manière générale est néfaste à l'être humain, les eaux usées et excréta sont particulièrement dangereux pour la santé de l'homme. Très souvent, les populations ne font pas le rapport direct entre la non évacuation ou la mauvaise évacuation des excréta et des eaux usées et les nombreuses maladies telles que le choléra, la fièvre typhoïde, la dysenterie, la diarrhée infantile, les ascaridioses et autres. La plupart de ces maladies peuvent conduire à des handicaps et/ou à la mort. Il devient extrêmement important de trouver une barrière radicale à leur propagation, d'où l'importance de l'assainissement.

Celui-ci est une activité essentiellement humaine qui contribue à la qualité de l'environnement. Il est un élément indispensable au maintien, voire à la reconquête de la qualité des milieux naturels.

Le type d'assainissement qui est le plus connu et qui a la caution des scientifiques et des gouvernements, est l'assainissement classique. Il a pour principe majeur, le rejet le plus loin possible des déchets. Cependant, les coûts élevés d'investissements empêchent les gouvernements des pays du tiers-monde à assainir l'environnement de leur population de façon adéquate et durable. Face à l'échec constaté des politiques d'assainissement et d'environnement de ces pays, la communauté internationale a lancé le renouvellement paradigmatique à travers l'assainissement écologique. Il a pour principe majeur, la gestion des déchets à l'origine et à leur revalorisation comme intrant sur les espaces culturaux. Ce type d'assainissement a été lancé en Côte d'Ivoire en 2003 sur le site pilote de petit Badien. A ce jour, le constat est clair.

Les populations n'utilisent pas dans leur entièreté, les ouvrages mis à leur disposition ; les anciennes pratiques de défécations et rejets sauvages d'ordures dans la nature persistent et l'usage des excréta comme fertilisant n'est pas encore

une réalité malgré sept années de présence. Les attitudes et les comportements de cette population posent un problème d'ordre socioculturel qu'il convient alors de comprendre.

Aussi, est-il nécessaire de pousser la réflexion au niveau du fondement de l'approche de l'assainissement écologique. Entre une activité d'assainissement axée sur l'hygiène et une activité d'assainissement axée sur le gain matériel, laquelle stimulera le plus la participation effective ?

Compte tenu de l'intérêt environnemental et sanitaire de ce thème et également de sa prépondérance dans le processus de développement, nous avons décidé d'y consacrer notre projet de thèse de 3è cycle à travers le sujet intitulé : « Obstacles socioculturels et dynamique de l'assainissement écologique en milieu rural : cas de Petit Badien S/P de Dabou ».

Par souci de rigueur méthodologique, cette étude est composée de trois parties :

- Le cadre théorique et méthodologique dans lequel est présentée l'activité théorique, les méthodes et techniques utilisées pour la collecte et l'analyse des données.

- La présentation du cadre d'étude de Petit Badien, l'ONG CREPA-CI et le projet EcoSan.

- Et enfin, l'analyse des données recueillies.

PREMIERE PARTIE :

CADRE THEORIQUE ET

METHODOLOGIQUE

I.1- LA JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET

Le choix du sujet relève avant tout d'une raison académique. Il s'agit de mettre en application à travers un sujet de recherche, les théories, les méthodes et les techniques apprises afin de consolider notre formation de sociologue. Au titre de cette année universitaire, nous nous sommes intéressé aux problèmes de l'environnement et plus particulièrement à celui de l'assainissement écologique.

L'assainissement écologique est une approche qui marque une rupture par rapport à la vision de l'assainissement classique. Elle cesse de considérer les excréta comme des déchets à rejeter et cherche plutôt à leur conférer une valeur économique. Cette approche permet d'assainir à moindre coût le cadre de vie tout en améliorant la production agricole. Cette amélioration est rendue possible grâce à la valorisation des excréta « hygiénisés ». Le bouleversement que produit cette approche nouvelle exige une réflexion scientifique approfondie, d'où la nécessité de maîtriser les contours, les obstacles, les avantages et les éventuels inconvénients que pourrait entraîner cette nouvelle approche de l'assainissement au sein des populations rurales.

Le phénomène d'assainissement permet ainsi par son étude, de disposer de données quantitatives et qualitatives pouvant contribuer à l'enrichissement théorique et empirique du champ de la sociologie de l'environnement et celui de la sociologie rurale.

Enfin, mener pareille activité nous intéresse à plus d'un titre. Elle permet d'approfondir nos connaissances en assainissement écologique et de développer nos capacités à investir de façon efficiente le milieu rural.

Où a lieu ladite recherche ? Il convient à présent de la délimiter.

I.2- LA DELIMITATION DU CHAMP

Dans le but de présenter un travail précis et concis, il est nécessaire de délimiter le champ de l'étude à un niveau géographique et sociologique.

I.2.1- LE CHAMP GEOGRAPHIQUE

Comme l'indique le sujet de la présente recherche, nous nous limitons au village de Petit Badien. Ce village est situé dans la sous-préfecture de Dabou, à

Carte de la situation du site d'étude

Carte : CREPA (Service Ingénierie Sociale, déc. 2008)

· Petit Badien : Le site de l'étude

· Dabou : Chef lieu de Région

80 km de la capitale économique de la Côte d'Ivoire, Abidjan. Petit Badien est dans une cuvette et est bordé au Sud par la lagune Ebrié. Cette position frontalière avec la lagune permet à la communauté de pratiquer en plus des activités agricoles, la pêche. Celle-ci est d'ailleurs une activité prépondérante.

La société de Petit Badien, à l'instar des sociétés rurales ivoiriennes, obéit à la hiérarchie et aux valeurs traditionnelles. A sa tête, on retrouve la chefferie. En dehors de quelques habitations traditionnelles, les constructions sont pratiquement toutes de type semi moderne et moderne. Le village ne dispose pas de centre de santé. Le premier recours médical des populations est la pharmacopée traditionnelle. La population s'approvisionne en eau dans des puits. Ces puits jouxtent des dépotoirs d'ordures ménagères servant aussi de lieu de défécation.

En somme, la situation sanitaire précaire, la proximité du site et la baisse continuelle de la production en cultures vivrières sont autant de raisons qui justifient le choix de cette localité.

En plus du champ géographique qui permet de cerner l'espace physique dans lequel la présente recherche s'inscrit, il importe maintenant de nous intéresser au champ sociologique.

I.2.2- LE CHAMP SOCIOLOGIQUE

Le champ sociologique se définit par l'ensemble des caractéristiques de la population à enquêter. Pour cette étude, le champ est constitué des populations de Petit Badien, de la Direction de l'Assainissement et du Drainage (D.A.D), des responsables du CREPA et du projet EcoSan.

Au sein de la population de Petit Badien, différents types d'acteurs nous ont intéressé.

- Les ménages bénéficiaires des latrines EcoSan et bidurs. Ils sont des microcosmes sociaux et le reflet de la communauté de Petit Badien.

- Les autorités coutumières. Elles représentent la communauté et sont les garants de la tradition. A ce titre, ils sont les mieux indiqués à donner les informations sur l'organisation et le fonctionnement du village.

- Les différentes classes d'âge. Elles assurent un rôle de sécours mutuel entre les membres. Pour la société globale, elles assurent l'exécution des travaux publics, le maintien de l'ordre et la défense du territoire.

Ce groupe d'acteurs permet de saisir le niveau d'utilisation des ouvrages d'assainissement écologique, d'appréhender les formes de représentations et de pensées qui prévalent sur cette nouvelle approche d'assainissement et de comprendre la communauté de Petit Badien dans la pratique quotidienne de ces activités.

A la D.A.D, il s'est agit de rencontrer les représentants institutionnels. Il s'agit du sous-directeur et d'un ingénieur chargé du programme de latrinisation.

Ces deux acteurs ont un rôle important dans l'élaboration de la politique nationale d'assainissement. En les rencontrant, nous avons cherché à connaître davantage la politique nationale en matière d'assainissement et à actualiser les données à notre disposition.

Au CREPA-CI, le champ est constitué du Directeur Résident, du coordonnateur EcoSan, et des anciens responsables ayant piloté ledit projet.

- Le Directeur Résident assure la gestion quotidienne de l'organisation. Il est le garant de l'institution. Il nous a permis de comprendre le fonctionnement du CREPA-CI et le contexte du financement du projet.

- Le coordonnateur du projet veille à la mise en oeuvre des activités d'assainissement écologique. Il nous a permis de comprendre l'approche EcoSan et ses enjeux. Il nous a également permis d'effectuer les enquêtes sur le site de l'étude.

- Quant aux anciens responsables ayant piloté le projet, ils nous ont enrichis de leurs expériences passées.

La délimitation de notre champ étant réalisée, faisons la revue critique des oeuvres qui s'inscrivent dans la spécialité de la sociologie de l'environnement.

I.3- LA REVUE DE LA LITTERATURE

Cette revue de la littérature présente deux parties. La première partie s'intéresse aux modèles théoriques de la sociologie de l'environnement. Quant à la seconde, elle fait l'analyse des ouvrages qui ont concrètement traité de l'environnement et plus particulièrement des problèmes d'assainissement.

I.3.1- LES PARADIGMES ENVIRONNEMENTALISTES

Les paradigmes en sociologie de l'environnement peuvent se classer en quatre grands groupes : les paradigmes classique, technoscientifique, idéologique et hybride.

Le paradigme classique se présente comme une réaction idéal-typique qui part d'un conflit qui oppose différents acteurs pour parvenir à un compromis négocié. Lorsqu'il y a un conflit autour d'une mise en question de la société par la nature, les recherches portent sur le phénomène de transformation de cet état d'interaction. BEURET1 en est un illustre représentant. Dans son étude sur la gestion rurale, il cherche à identifier la nature des conflits, à les comprendre et à expliquer leur fondement.

Cette approche classique est intéressante en ce sens qu'elle permet de poser les questions essentielles pour entamer le processus de concertation en vue de trouver des solutions adéquates. Cependant, elle ne permet pas de s'interroger sur les logiques et les moyens mis en oeuvre pour aboutir à un meilleur rapport entre les êtres humains et la nature.

La seconde catégorie de paradigme concerne les réactions liées au risque et à l'expertise, c'est le paradigme technoscientifique. La démarche part du constat que la globalisation du risque a conduit à un doute généralisé envers les institutions.

1 BEURET J. 2003, « La gestion concertée de l'espace rural : médiation locale et politique d'appui », in BILLE R. et MERMET L. Concertation, Décision et Environnement : Regards croisés, vol.1.

C'est ce qui fait dire à CHARLE et KALAORA1 qu'il faut accorder plus d'importance à l'individu. Celui-ci devient le seul levier d'action possible. Pour eux en effet, dans bon nombre de sociétés, on assiste à un dessaisissement politique et psychologique partiel des individus. Ces deux formes de dessaisissement font que les individus se sentent déchargés d'avoir à assumer personnellement la confrontation du risque. Cette approche explique en partie l'immobilisme et l'apathie des populations sur les questions d'ordre environnemental. Aussi, montre-t-elle que les actions à mener seraient davantage porteuses si elles prenaient pour fondement les individus. Les deux auteurs montrent une prise en charge très importante des individus par l'Etat.

Pour ce qui est de l'expertise, MORMONT2 montre que les experts sont des révélateurs de connaissance, mais se contredisent surtout entre eux-mêmes. Les solutions trouvées sont vite remises en cause et cela participe du doute qui se crée chez les populations bénéficiaires de ces découvertes.

Enfin, à travers le modèle technoscientifique, GENDRON3 révèle que le « fondement scientifique » des décisions politiques est fort discutable. Il montre que les décisions prises par les autorités politiques, visent souvent des intérêts personnels ou d'un groupe particulier au détriment des intérêts généraux qu'elles sont sensées régler.

Dans le cadre de notre étude, cette démarche nous aide à comprendre l'attitude et le comportement des ruraux face à l'environnement. Elle nous aide également à percevoir les fondements des décisions des autorités à promouvoir l'assainissement écologique. Malgré toute la richesse de cette démarche, la question de l'idéologie demeure.

1CHARLES L., et KALAORA B., 2003, « sociologie et environnement en France : l'environnement introuvable »? Ecologie et politique, n°27 pp.31-57.

2 MORMONT M., 1993, avec la collaboration de Mougenot C., « Sciences sociales et environnement. Approche et conceptualisations », rapport au service de la recherche du Ministère de l'Environnement, Fondation Universitaire Luxembourgeoise, Belgique.

3 GENDRON C. 1999, « La gestion sociale de l'environnement », in Dumas B. et al. (dir.), les sciences sociales de l'environnement, PUM, Montréal, pp 121-131.

Le paradigme idéologique poursuit la critique de l'expertise en la radicalisant. En effet, les modèles scientifiques que construisent les scientifiques se réfèrent généralement, au moins dans leurs premières formulations, à des représentations du social qui servent à penser la nature. Au fur et à mesure que ces modèles se précisent, se confrontent aux données et se construisent comme outils, ils délimitent progressivement leur aire de validité, leur domaine de pertinence, en même temps qu'ils peuvent toujours être ressaisis (dans le champ social) comme arguments dans la lutte sociale, voire comme des idéologies. C'est ce qui fait dire à KALAORA1 in Le musée vert que, les analyses émanant de ce modèle s'attachent plus à déjouer les idéologies pour montrer au grand jour les phénomènes cachés plutôt que de démontrer les logiques d'expertise et de rationalisation. L'auteur montre que l'accès idéalisé d'une nature ouverte à tous, cache une domination de la nature par et pour les classes supérieures. Après cette démarche, évoquons comment les analyses qui s'intéressent à l'interdisciplinarité évoluent.

Enfin, le paradigme hybride. Il s'agit ici de réexaminer les liens entre nature, science et politique. En effet, les analyses de LATOUR2 proposent « un nouveau bicaméralisme» lié à un changement de statut des non humains. « Si jusque là nous considérons la nature comme extérieure à notre collectif », dit-il, « il faut à présent agrandir ce collectif et par là, mettre en cause les limites épistémologiques des sciences ». Pour lui, il faut créer des lieux d'échange sur les diagnostics scientifiques, limiter la séparation entre sphères (science, politique, nature et/ou humains et non humains) et instituer des sortes de parlement du diagnostic environnemental. En fait, il est question de faciliter les échanges de connaissances et de favoriser une dynamique entre les champs d'intervention et les parties prenantes.

1 KALAORA B., 1993, Le musée vert, radiographie du loisir en forêt, l'harmattan, Paris.

2 LATOUR B., 2004, Politique de la nature. Comment faire entrer les sciences en démocratie, la Découverte, Paris, 383p.

Les approches théoriques que nous venons d'exposer nous permettent d'aborder et d'analyser aisément les problèmes d'assainissement.

I.3.2- LA PROBLEMATIQUE DE L'ASSAINISSEMENT

Promotion de l'hygiène du milieu. Une stratégie participative1 d'OUSSEYNOU, fait l'état des lieux de l'hygiène environnemental en Afrique subsaharienne. Pour cet auteur, les projets d'assainissement n'ont pas de succès parce que les populations concernées ne sont pas réellement associées à la conception, à la planification et à la mise en oeuvre. A travers l'approche participative et l'analyse comparative, il montre combien il est important d'associer les communautés dans la gestion des projets. Par ailleurs, l'ouvrage permet de démontrer scientifiquement comment la durabilité des programmes est tributaire des facteurs techniques, économiques, sociaux et institutionnels.

Cet ouvrage a le mérite d'étudier les divers cas de gestion d'ordure, de mener des comparaisons, de soulever les problèmes de chacun des cas et de faire des recommandations objectives.

Quant à Assainissement en Côte d'Ivoire, des problèmes liés à la gestion de l'environnement2, il porte sur l'assainissement qui peut constituer s'il est pris au sérieux un facteur de développement. L'auteur traite dans son ouvrage de la politique d'assainissement en Côte d'Ivoire. Pour lui, les textes de loi sont caducs et le secteur est non prioritaire. Il poursuit pour stigmatiser la faible participation des populations à la pratique de l'assainissement et l'insuffisance des moyens déployée par l'Etat qui justifient la dégradation constante du cadre de vie. Cet auteur ne va pas en profondeur du problème. En fait, il aurait été intéressant de comprendre pourquoi l'Etat ivoirien ne s'intéresse pas véritablement à l'assainissement quand bien même il connaît les avantages d'un cadre de vie sain.

1 OUSSEYNOU G., CHEIKH S., MAYSTRE L., 1999, Promotion de l'hygiène du milieu. Une stratégie participative, presse polytechnique et universitaires romandes, 192p.

2 DOMOKAN B., 1992, Assainissement en C.I : des problèmes liés à la gestion de l'assainissement, mémoire de DEA, IES.

Est-ce que l'obstacle ultime est uniquement l'investissement économique que ce secteur exige ? Les habitudes et les comportements adoptés par les populations n'effraient-ils pas l'Etat qui craint un investissement à perte? Voilà autant de questions que l'auteur passe sous silence et qui méritent de trouver des réponses.

Une issue favorable ne pourrait-elle pas être trouvée avec l'assainissement écologique ? C'est ce que nous verrons dans les lignes suivantes.

STEVEN dans Assainissement Ecologique1, traite des avantages des technologies d'assainissement écologique. Pour ces auteurs, les deux technologies d'assainissement les plus utilisés à savoir les toilettes à fosse et les toilettes à chasse d'eau ont montré leurs limites dans les pays en voie de développement. Les raisons évoquées sont : les coûts élevés des systèmes d'épuration, les risques graves de contamination des eaux souterraines, la pollution des cours d'eau existants et la dégradation de l'environnement immédiat par les vidanges en pleine nature. Le document de Steven situe l'enjeu de l'assainissement écologique dans un contexte où les pays en voie de développement sont sujets à plusieurs maux dont : l'urbanisation galopante, la rareté des ressources financières, l'illettrisme, la forte densification des zones urbaines...

Cet ouvrage montre les avancées notables de l'assainissement écologiques et les possibilités qu'il offre. Où en est-on en Côte d' Ivoire ?

L'article « introduction de l'assainissement écologique en Côte d'Ivoire »2, de GNAGNE révèle les limites de l'approche classique de l'assainissement. Dagerskog cité par ces auteurs dévoile la faiblesse du système de traitement des eaux usées au niveau planétaire. Pour faire le point sur l'assainissement en Côte d'Ivoire, ces auteurs se fondent sur le MICS (Multiple Indicators Clustey Survey)

1 STEVEN E., COUGH J., DAVE R. et SAWIER R., 2001, Assainissement écologique, ASDI, Stockholm, Suède, 83p

2 GNAGNE T. et Al, 2005, « Introduction de l'assainissement écologique en Côte d'Ivoire », Document interne du CREPA.

qui révèle qu'un grand nombre de population ne dispose pas de toilettes
appropriées. Selon toujours le MICS, le milieu rural est largement moins équipéque le milieu urbain avec respectivement 27% contre 78%. Cette description des

différentes situations est soutenue par une réflexion socio-anthropologique qui explique le processus d'amélioration des populations en matière d'assainissement. Ce document a le mérite de mettre en pratique l'approche pluridisciplinaire (agronomie, génie sanitaire et socio anthropologie); ce qui permet de cerner les problèmes liés à l'introduction du projet EcoSan de façon globale.

Enfin, l'article de N'DA1, propose une stratégie de mobilisation qu'il convient de développer pour favoriser la participation communautaire autour d'un programme d'assainissement écologique. Ceci, à l'effet de garantir une utilisation durable des ouvrages techniques (latrine, bidurs et urinoir).

Aussi, l'article de portée anthropo-sociologique, permet-il d'analyser les fondements des représentations endogènes de l'assainissement que se font les communautés, notamment à travers la technique culturale du dépotoir ou « lélougoun ». L'auteur démontre l'importance du « lélougoun » dans l'adoption et l'acceptation d'EcoSan, particulièrement en matière de valorisation des déchets organiques.

L'ensemble des documents dont nous venons de relever la substance, nous a permis d'élaborer la problématique de recherche.

1 N'DA C. et Al, 2007 « De la pratique culturale endogène sur les dépotoirs familiaux « Lélougoun » à l'acceptation de l'assainissement écologique (EcoSan) en mileu communautaire Odzukru : Le cas de Petit Badien », in KASA BYA KASA, n°11, EDUCI, pp20-38.

I.4- LA PROBLEMATIQUE

Hier comme aujourd'hui, l'Afrique connaît des difficultés économiques et environnementales majeures qui affectent gravement le quotidien des populations. Elle s'enlise dans des crises militaires, politiques et socio-économiques sans précédent. Cette pléiade de crises a pour corollaire, la paupérisation, l'illettrisme, la dégradation des moeurs, l'urbanisation galopante, l'accroissement de la pollution et la détérioration constante des ressources naturelles. Ces situations exacerbent les conditions d'existence des populations qui éprouvent de plus en plus de mal à s'alimenter convenablement, à se procurer de l'eau potable et à se loger dans un cadre sain et agréable.

En Afrique, seuls 55% de la population bénéficient d'un système d'assainissement et 64% ont accès à un système d'approvisionnement en eau potable1. Plus de quinze millions d'enfants meurent chaque année des suites d'absorption d'eau contaminée, de manque d'hygiène ou de malnutrition. L'OMS estime qu'environ 80% de tous les cas de maladie sont en relation directe avec une alimentation en eau et un assainissement inadéquat2.

Les multiples défis environnementaux auxquels font face le monde et l'Afrique en particulier, ont amené la communauté internationale à initier des politiques et stratégies d'interventions comme la DIEPA (Décennie Internationale pour l'Eau Potable et l'Assainissement), l'Agenda 21 avec le sommet de Rio en 1992 et l'Agenda Habitat avec le sommet des villes d'Istanbul en 1996. Ces différentes politiques ayant amélioré sensiblement l'existence des populations, n'ont pas atteint les objectifs fixés et n'ont pu fournir de réponses adéquates aux questions de développement durable.

1 OMS, 1996, Rapport sur le développement dans l'aménagement en eau et l'assainissement en Afrique, 14p.

2 Direction de la Coopération au Développement et de l'Aide humanitaire, 1994, Politique sectorielle de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement, 45p.

Les populations les plus touchées par les questions d'accès à l'eau potable et à l'assainissement sont les populations des quartiers précaires et les populations des zones rurales (par commodité d'expression, nous désignons cette seconde catégorie de population sous le vocable de « ruraux »). Les dernières populations citées en l'occurrence les ruraux, continuent de souffrir de pénurie d'eau même si ils bénéficient d'un environnement relativement meilleur à celui des villes. Elles sont obligées de mettre les terres en valeur avec des moyens archaïques éprouvants. En plus de cela, elles sont dépourvues d'infrastructures de base.

En Côte d'Ivoire, le tableau n'est pas meilleur. L'analyse de la situation de l'assainissement révèle que, seulement 49% de la population disposent de toilettes adéquates. Cette proportion est très variable selon le milieu de résidence : 78% en milieu urbain contre seulement 27% en milieu rural. Elle l'est aussi par région avec une variation allant de 26% au Nord-Est à 59% au Centre-Est MICS1. Selon toujours cette même source, le nombre de personnes qui défèquent dans la nature en zone rurale atteint un fort taux de 56%.

Les difficultés que la Côte d'Ivoire rencontre, à l'instar des pays du monde et particulièrement ceux en voie de développement dans la gestion des déchets organiques et domestiques, ont été l'objet d'une conférence internationale à Bellagio en Italie en 2000. Cette rencontre qui a traité de planification stratégique de l'environnement sanitaire, préconise de palier aux limites de l'approche classique qui consiste à rejeter le plus loin possible les déchets. La perspective nouvelle soutenue par la communauté scientifique à travers un nouveau paradigme en assainissement, consiste à adopter de nouveaux principes dits « principes de Bellagio ». Ceux-ci s'attèlent à régler les questions d'assainissement à la source, à utiliser très peu d'eau pour le transport des déchets ; à développer des technologies d'aseptisation et à exploiter les opportunités économiques de récupération et de réutilisation des déchets.

1- UNICEF, 2006, Multiple Indicators Cluster Survey (MICS), p74.

Ce nouveau concept théorique qui a été élaboré dans le cadre du développement durable est valorisé par la plupart des organismes internationaux. Pour eux en effet, la protection de l'environnement doit faire partie intégrante du processus de développement et ne peut être considérée isolement pour parvenir à un développement durable.

Parvenir à mettre en oeuvre ces nouveaux acquis théoriques, nécessite de repenser intégralement l'assainissement. Ainsi, est-il question de séparation des urines et des fèces depuis la production dans les toilettes. Ce type de latrine qui permet la déviation des urines est appelé : « latrine EcoSan » de l'anglais Ecological Sanitation.

Cette approche est une possibilité d'assainissement qui permet de réintégrer les déchets organiques dans le cycle naturel au profit des communautés humaines. L'assainissement écologique se propose donc d'assainir les excréta et de les recycler afin de promouvoir un environnement sain. Il aide aussi les populations à mettre en valeur des terres cultivables par la valorisation d'excréta comme fertilisant.

Cette approche nouvelle qui est mise en oeuvre par le réseau CREPA depuis 2003, marque une rupture d'avec l'approche classique des théoriciens du développement qui consistaient à apporter simplement de l'eau potable aux populations et à favoriser un environnement sain. Cette approche classique en son temps qui guidait la communauté scientifique et qui avait cours, recevait en 1981, les vives critiques du sociologue ivoirien Kadja M., spécialiste en développement. Pour lui en effet, « tout se passe pour ces « développeurs » comme si apporter de l'eau et un cadre de vie sain signifiait mieux-être des populations1 ».

1 KADJA M., 1981, « Problématique de l'eau en milieu rural ivoirien. Aspects méthodologiques et pédagogiques », in annales de l'Université d'Abidjan. Série F, Tome IX.

Les critiques du sociologue mettent à nu les actions de développement qui n'intègrent pas à la fois les questions d'accès à l'eau potable, à l'assainissement et aux activités de production agricoles qui sont le ciment de nos sociétés rurales. Il n'est plus question de s'arrêter au simple approvisionnement en eau potable et à l'assainissement. Il faut à présent aider les populations à améliorer leurs possibilités et leurs potentialités dans le procès du travail. La maîtrise des techniques de production agricole n'est-elle pas l'une des conditions sine qua non du développement intégrale de l'homme ?

Il est question d'assainir les zones rurales et d'améliorer leur production agricole par des techniques simples, efficientes et à moindre coût. Pour mener à bien l'étude, le site pilote de Petit Badien a été choisi.

Petit Badien fait partie des nombreux villages de la sous-préfecture de Dabou. Il jouxte une lagune polluée par les excréta humains et les déchets solides. Les alentours des ménages, de l'école primaire publique et des routes n'étaient pas épargnés par les mictions et les défécations sauvages. Pour ces raisons, ce village a été sélectionné comme site pilote des activités d'assainissement écologique. A ce jour, le CREPA-CI dispose de plus de cent vingt bidurs (bidon surmonté d'un entonnoir qui permet de recueillir et stocker les urines) disposés dans les ménages et dans les lieux publics où les personnes sont susceptibles d'uriner, de deux urinoirs publics, de vingt six latrines EcoSan et de deux sites de valorisation agronomique1.

De 2003 à 2006, le CREPA-CI a mené des campagnes d'information et de sensibilisation à travers des visites à domicile et des focus groups.

Cependant, la majorité des chefs de ménage n'autorisent toujours pas les enfants à déféquer dans les latrines familiales ; plus de 50% de cette population continuent de déféquer sur les dépotoirs familiaux et sur les terrains vagues et enfin

1 GNAGNE T., 2005, CREPA-CI, Op.Cit.

plus de 90% n'éprouvent pas la nécessité de fertiliser leurs espaces agricoles. En somme, les vieilles habitudes de miction et de défécation sauvages tendent à disparaître mais lentement. Hormis cela, les produits issus des champs fertilisés aux excréta sont consommés1.

En dépit de ces réactions et comportement, 90% de la population marquent un intérêt pour les retombées socioéconomiques de l'approche EcoSan2.

Les résultats mitigés soulèvent à la fois, le problème des obstacles socioculturels et celui des fondements de l'approche EcoSan. De là, découle la question centrale suivante :

L'approche EcoSan a-t-elle un ancrage endogène suffisant pour stimuler les ruraux à l'utilisation des ouvrages EcoSan et des excréta comme fertilisant ?

A la suite de cette question fondamentale, une série d'interrogations mérite d'être posée afin de mieux appréhender le problème.

Quels sont les déterminants socioculturels qui freinent l'adoption d'EcoSan ?

L'assainissement écologique peut-il durablement contribuer au décollage socio-économique du milieu rural ?

Ce type d'assainissement est il une solution viable pour les ruraux qui n'arrivent pas à assurer et à maintenir un cadre de vie sain?

Ne permet-il pas de régler l'épineuse question du conflit foncier par la sédentarisation des populations sur les terres cultivables ?

L'assainissement écologique peut-il favoriser la pratique des cultures intensives qui règle du coup l'accès de la femme à la terre en pays Odzukru ?

1 N'DA C. Op.Cit

2 Enquête du 14 au 19 avril 2008.

Voilà autant de questions autour desquelles s'articule la présente recherche. Les réponses qui émanent de ces différentes questions, permettent de soutenir le projet de thèse suivant : L'assainissement écologique peut durablement favoriser l'amélioration du cadre de vie et la situation socio-économique des ruraux, si l'on tient compte de leurs représentations socioculturelles et de leurs attentes économiques.

La problématique ci-dessus énoncée permet de situer le noeud du problème et d'aborder plus aisément la séquence des hypothèses de travail.

I.5- LES HYPOTHESES

1- L'appropriation réelle de l'assainissement écologique est fonction des représentations, des comportements et des techniques culturales des ménages de Petit Badien.

2- Seules les retombées socioéconomiques d'EcoSan peuvent véritablement et durablement permettre aux ruraux de s'intéresser aux activités d'assainissement.

Ainsi exposé, ces hypothèses aident à fixer les objectifs de la recherche, car comme nous dit le philosophe Sénèque : « Il n'y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait où aller ».

I.6- LES OBJECTIFS

I.6.1- L'OBJECTIF GENERAL

La présente recherche vise à comprendre la nature des obstacles socioculturels qui freinent la dynamique des activités d'assainissement écologique en milieu rural.

I.6.2- LES OBJECTIFS SPECIFIQUES

De manière spécifique, cette recherche permet de :

- Evaluer le système EcoSan dans ces différentes composantes (la production, la collecte et l'utilisation des excréta hygiénisés).

- Identifier et saisir les facteurs limitants du projet EcoSan.

- Et enfin, montrer comment le caractère dynamique de l'assainissement écologique peut participer à son intégration en milieu rural.

I.7- LA DEFINITION DES CONCEPTS

Dans un souci d'objectivité et de facilitation de la compréhension du présent texte, il importe de clarifier les termes et concepts essentiels qui composent le sujet de recherche. Cette action permet, comme l'affirme Durkheim, de nous « éclairer de toutes les prénotions et du sens commun »1. Il s'agit de : Assainissement écologique, obstacles socioculturels et dynamique.

Assainissement écologique :

La définition de ce concept exige de nous un découpage préalable des termes qui le composent. Attelons-nous dans un premier temps à définir l'assainissement. Ce mot vient du latin « sanus » qui signifie absence de maladie et donc être en bonne santé. L'assainissement désigne l'action d'assainir, c'est-àdire rendre sain, désinfecter. Aussi, peut-on retenir que assainir, c'est promouvoir des comportements adaptés comme le lavage des mains et l'entretien des ouvrages, préserver l'environnement et l'habitat, et ainsi favoriser le développement.

Cette définition généraliste permet certes de savoir de quoi il est question, mais elle reste sommaire.

Pour les économistes, assainir renvoie aux activités qui ont cours dans un marché. Ainsi, assainir un marché, c'est le débarrasser des excédents de production qui avilissent les prix. En économie, il est donc question de stabiliser et d'équilibrer un marché ou une monnaie.

Selon AUJOULAT, l'assainissement est « toute action visant à l'amélioration de toutes les conditions qui, dans le milieu physique de la vie

1 DURKHEIM E., 1986, Les règles de la méthode sociologique, PUF, Paris, p31.

humaine, sont susceptibles d'influencer défavorablement le bien-être physique, mental et social »1

Dans une approche sociale, l'assainissement vise à réduire l'exposition des populations aux risques sanitaires en favorisant un environnement domestique propre et des mesures permettant de rompre le cycle de transmission des maladies.

Ces objectifs incluent d'éliminer ou d'assurer de manière hygiénique, les excréta humains et animaux, les ordures et les eaux usées, le contrôle des vecteurs de maladie et la fourniture d'installations pour la toilette personnelle et domestique. L'assainissement résulte des comportements et des installations qui ensemble contribuent à un environnement hygiénique.

En définitive, l'assainissement est une action, une pratique couvrant une variété d'activités qui sont étroitement liées aux systèmes d'alimentation en eaux et qui comprennent :

- L'élimination des matières fécales, des eaux résiduaires, des déchets solides et toxiques, des eaux de pluie et le drainage des eaux stagnantes.

- La planification, l'exécution et l'évaluation des programmes éducatifs et de promotion qui visent à changer les comportements en matière d'hygiène collective et personnelle.

Quant au terme écologie, il vient du mot grec oikos (« maison », « habitat ») et logos («science», «connaissance ») : c'est la science de la maison et de l'habitat. Il fut inventé en 1866 par le biologiste allemand Ernst Haeckel.

Selon Le Petit Robert, ce terme fait son apparition dans la seconde moitié du XIXe siècle. Terme de biologie, l'écologie est à l'origine une discipline scientifique. C'est la science qui étudie le rapport triangulaire entre les individus d'une espèce, l'activité organisée de cette espèce, et son environnement qui est à la

1 AUJOULAT L.P., 1969, Santé et développement en Afrique, Armand Colin, Paris, p122.

fois condition et produit de cette activité, donc condition de vie de cette espèce. Ramenée à l'homme particulièrement, l'écologie est l'analyse de l'interaction complexe entre l'environnement (milieu de vie de l'humanité) et le fonctionnement économique, social et politique des communautés humaines.

De façon opératoire, l'assainissement écologique est une alternative d'assainissement qui intègre les excréta humains dans le cycle naturel au profit des humains et de l'environnement en général. L'assainissement écologique repose sur deux principes majeurs : Assainir et recycler.

Assainir c'est-à-dire rendre sain, pur et agréable.

Recycler c'est-à-dire restaurer le cycle naturel des matières.

La pratique de l'assainissement écologique suppose un certain nombre d'action comme :

L'installation d'ouvrages particuliers permettant la récupération des matières fécales et urines appelées « excréta ».

L'hygiénisation des excréta collectés par une technique appropriée ; Et l'application de ceux-ci sur les espaces agricoles.

L'articulation de ces trois actions interdépendantes consiste à pratiquer l'EcoSan ou l'assainissement écologique.

Dans le cadre de cette étude, la pratique de l'assainissement écologique consiste dans un premier temps à utiliser effectivement les ouvrages EcoSan pour uriner et déféquer ; et dans un deuxième temps à s'organiser pour rentabiliser les sous-produits EcoSan en agriculture et rendre durable les ouvrage disponibles.

Obstacles socioculturels :

Selon Hachette, l'obstacle est toute difficulté qui s'oppose à l'évolution ou à la progression de quelque chose. L'obstacle empêche et est un frein. Lorsqu'il est surmonté, l'activité ou la chose concernée avance normalement.

L'obstacle peut être, matériel, économique, politique, culturel et social. Aussi, peut-il être une combinaison d'éléments socioéconomique, sociopolitique, militaro-politique, socioculturel.

Dans le cadre de la présente recherche, nous ne définissons que l'expression obstacles socioculturels. C'est un ensemble de difficultés qui relèvent du domaine social et culturel. Et comme la frontière entre le social et le culturel est assez imprécise, il est fort judicieux de les combiner afin d'avoir une compréhension plus juste et complète. Par le domaine socioculturel il faut comprendre les activités liées aux pratiques, aux représentations, aux institutions, à l'organisation et au fonctionnement de la société.

En définitive, les obstacles socioculturels à Petit Badien se définissent en terme de préjugés envers les initiatives nouvelles, d'anciennes habitudes acquises et développées qui freinent les activités EcoSan, d'apathie causé par le système sociopolitique, de penchant prononcé pour le matériel et les acquis immédiats, de difficultés relatives à la gestion des ouvrages et du faible niveau général d'instruction de la population.

Dynamique :

Le terme emprunté à la physique, désigne dans son sens large, tout ce qui se réfère au mouvement, à la transformation ou au devenir, ce qui implique la notion de progrès.

En ce sens, le terme s'oppose à statique et à mécanique1. Par extension, le concept de dynamique s'applique à plusieurs réalités. Ainsi peut-on parler de dynamique de groupe, et de dynamique sociale.

La dynamique de groupe se réfère à l'ensemble des procédés de la psychologie sociale appliquée qui ont pour but de mieux faire connaître le

1 THINES G. et L'EMPEREUR A., 1975, Dictionnaire général des sciences humaines, éd. Universitaire, Paris.

fonctionnement du groupe en action et, si cela est nécessaire, de modifier son comportement en lui laissant prendre conscience des motifs de ses interactions.

La dynamique de l'assainissement écologique à Petit Badien suppose ici les transformations, la participation et l'intérêt que cette approche suscite auprès des ruraux sur les questions d'assainissement.

I. 8- LA METHODE ET LES TECHNIQUES D'ENQUETE I.8.1- LA METHODE D'ANALYSE

La méthode dialectique est une démarche qui part, selon N'DA1, de l'idée de contradiction dans la réalité elle-même. Elle recherche les incohérences des choses, les oppositions, les ambivalences qui constituent souvent l'essence de la réalité.

Elle se veut empirique par une certaine façon de recueillir les données concrètes, en même temps qu'elle est une tentative d'explication des faits sociaux qui se manifestent aussi bien au niveau des faits que des attitudes et comportements des acteurs sociaux.

Dans cette étude, l'analyse dialectique permet de comprendre les déterminants socioculturels qui freinent l'adoption de l'assainissement écologique. Le champ social étant constitué d'acteurs, de couches et de statuts sociaux divers, entraîne de fait des intérêts et des stratégies d'approches différentes. Il est donc nécessaire de comprendre les acteurs pris individuellement et en groupe à l'intérieur de leur couche sociale. En effet, il est démontré qu'un acteur poursuit en plus des valeurs socialement admises, des valeurs qui lui sont propres.

Aussi, la dialectique permet-il de saisir la dynamique qu'engendrent les activités d'assainissement écologiques. En effet, seule l'approche dialectique peut réellement permettre de comprendre le mécanisme de production de participation communautaire.

En plus de tout ce qui précède, l'approche dialectique permet d'appréhender les différentes institutions en présence. Il s'agit des institutions coutumières de Petit Badien, du CREPA-CI et de la D.A.D. La dialectique permet de saisir les contradictions existantes entre ces institutions et à l'intérieur de chacune d'elle.

1 N'DA P., 2002, Méthodologie de la recherche, de la problématique à la discussion des résultats, Abidjan, Educi, 144p.

La définition de la méthode est capitale pour l'étude mais elle ne se suffit pas à elle seule. En effet, pour une meilleure conduite de la présente recherche, il faut lui adjoindre des techniques de collecte de données qui sont le levier indispensable de la méthode.

I.8.2- LES TECHNIQUES DE COLLECTE DE DONNEES

Dans le cadre de la collecte des données relatives à ce travail, nous avons retenu six techniques essentielles. Il s'agit de la recherche documentaire, de la pré enquête, de l'observation directe, des entretiens, de l'échantillonnage et du dépouillement.

I.8.2.1- LA RECHERCHE DOCUMENTAIRE

La recherche documentaire s'est effectuée au sein de différentes institutions. L'Institut d'Ethnosociologie, l'Institut de Recherche Démographique (IRD), le CREPA-CI et la Direction de l'Assainissement et du Drainage. Aussi, faut-il souligner l'apport considérable d'Internet qui nous a permis de disposer d'ouvrages de théories.

De prime abord, la recherche documentaire nous a permis de voir si le sujet n'avait pas été l'objet d'étude. Elle a servi à circonscrire le sujet de recherche, à connaître les concepts essentiels et à aller sur le terrain avec un ensemble de connaissances. Dans cette perspective, les mémoires, les thèses et articles récoltés à l'IES et au CREPA-CI nous ont été d'un apport considérable.

Ensuite, la lecture d'ouvrages scientifiques nous a permis d'élaborer la problématique et de construire les objectifs et hypothèses. Par documents scientifiques, entendons les oeuvres d'auteurs scientifiques qui ont abordé des sujets relatives aux problèmes environnementaux, d'assainissement et de développement communautaire. En plus de ce qui précède, les oeuvres de portée scientifique ont permis d'enrichir nos connaissances théoriques. Ces recherches ont eu lieu à l'IES, à l'IRD, au centre de documentation du CREPA-CI et sur Internet.

Enfin, nous avons parcouru des documents administratifs afin de disposer de données statistiques. Ces documents nous ont permis d'avoir des informations précises sur les investissements effectués au niveau national, sur la situation actuelle de l'assainissement en milieu urbain et rural et sur les types d'ouvrages réalisés.

Cette étape a eu lieu tout le temps qu'a duré l'étude. Intéressons nous à présent au champ de l'enquête.

I.8.2.2- L'OBSERVATION DIRECTE

L'observation directe est un processus dynamique qui, à la différence du regard oisif ou passif, permet d'apprécier qualitativement les faits. Elle a permis d'observer sur le terrain, les modes de gestion des déchets humains, des ordures ménagers, des eaux usées, des abords de la lagune et de l'école primaire et d'apprécier l'attitude et les comportements des jeunes, des femmes et de la génération dirigeante de Petit Badien.

Elle a eu lieu du 11 au 13 Mars et du 14 au 19 Avril 2008 respectivement pendant la pré enquête et l'enquête proprement dite.

I.8.2.3- LA PRE ENQUETE

La pré enquête a permis d'entrer en contact avec toutes les personnes qui, de près ou de loin s'intéressent ou sont intéressées par la question d'assainissement classique et d'assainissement écologique. Partant de là, nous avons rencontré de façon informelle, le coordonnateur du projet EcoSan et un responsable de la DAD pour de plus amples informations.

Ensuite, nous avons séjourné pendant trois jours (du 11 au 13 Mars) dans le village de Petit Badien afin d'apprécier in situ, la pratique de l'assainissement écologique. Ce séjour a permis d'actualiser notre problématique, nos objectifs et hypothèses. Egalement, cette pré enquête a permis de tester la pertinence de nos outils d'enquête et de préparer l'enquête de terrain par la construction de l'échantillon d'étude.

I.8.2.4- L'ECHANTILLONNAGE

Pour cette étude, nous avons utilisé un échantillonnage stratifié aléatoire. Il a l'avantage de toucher toutes les couches de la population que nous enquêtons. Il s'est agit de diviser la population en trois strates ou couches. La première strate est constituée des ménages bénéficiaires des latrines EcoSan et bidurs. La seconde strate est composée des ménages n'ayant bénéficiés ni de latrine ni de bidurs. Et la troisième strate est constituée des ménages n'ayant bénéficié que de bidurs. Dans la troisième strate, un échantillon de 10% a été appliqué. Le taux de 10% a été choisi car conventionnellement admis pour les études en sciences sociales1.

Comme les chiffres à notre disposition sont relativement anciens car provenant du recensement de la population et de l'habitat de 1998 de l'INS (Institut National de la Statistique), nous avons jugé utile de les actualiser par la méthode statistique d'extrapolation de la population. Celle-ci s'appuie sur la formule suivante :

Pn = P0 (1+â)n

Avec :

Pn = Population finale ou population actuelle P0 = Population initiale

â = Taux d'accroissement (nous utilisons le taux d'accroissement national qui est de 3,5%)

n = échéance (nombre d'année)

Selon le recensement de l'INS de 1998, la population totale de Petit Badien était de mille soixante huit habitants avec un total de cent soixante deux ménages dont cinq cent quarante deux hommes et cinq cent vingt six femmes et 4% d'étrangers. On obtient :

1 N'DA P. 2002, Op.Cit.

Pn= 1068(1+3,5/100)10

Par cette méthode, la population actuelle est estimée à mille cent six habitants.

Dans la première strate, vingt six ménages qui possèdent latrines et bidurs ont été enquêtés.

Dans la seconde strate, sept ménages qui ne possèdent ni latrine ni bidur ont été aussi enquêtés.

Enfin dans la troisième strate, on note treize ménages issus des cent trente et un ménages restant qui ne possèdent que bidurs et qui ont été enquêté.

Le nombre total de ménages enquêté est par conséquent de quarante six soit 27,16%.

La taille moyenne des ménages étant estimée à sept1, cela nous amène à estimer la population enquêtée à quarante six fois sept c'est-à-dire trois cent vingt deux soit 29,11% de la population totale.

En plus de l'échantillon qui confère une certaine représentativité de la population à étudier, relevons aussi les caractéristiques de la population enquêtée. Nous avons choisi cinq variables dont : l'âge, le sexe, la taille des ménages, le niveau d'instruction et le revenu.

Tableau n°1 : Répartition des enquêtés par âge

Effectif

Age

V.A

V.R (%)

[18-35[

14

30

[35-55[

07

15

[55 ; ?[

25

55

TOTAL

46

100

1 N'DA C. et Al, 2007, Op. Cit.

Tableau n°2 : Répartition des enquêtés par sexe

Effectif

Sexe

V.A

V.R

M

25

54,35

F

21

45,65

TOTAL

46

100

Tableau n°3 : Répartition des enquêtés selon la taille des ménages

Effectif

Taille des ménages

V.A

V.R

]? ;5]

20

45

]5-10]

14

30

]10;?[

12

25

TOTAL

46

100

Tableau n°4 : Répartition des enquêtés selon le niveau d'instruction

Effectif

Niveau d'instruction

V.A

V.R

Illettré

14

30

Primaire

18

40

Secondaire

12

25

Supérieur

02

05

TOTAL

46

100

Tableau n°5 : Répartition des enquêtés par revenu

Effectif Revenu (F CFA)

V.A

V.R

]? ;50 000]

14

30

]50 000 - 100 000]

5

10

]100 000 ; ?[

27

60

TOTAL

46

100

Tableau n°6 : Récapitulatif des variables

VARIABLES

V.A

V.R

Age

[18-35[

14

30

[35-55[

7

15

[55 ; ? [

25

55

TOTAL

46

100

Sexe

M

25

54,35

F

21

45,65

TOTAL

46

100

Taille des ménages

] ? ; 5]

20

45

] 5-10]

14

30

] 10; ? [

12

25

TOTAL

46

46

Niveau d'instruction

Illettré

14

30

Primaire

18

40

Secondaire

12

25

Supérieur

2

5

TOTAL

46

100

Revenu

] ? ; 50 000]

27

60

] 50 000-100 000]

5

10

] 100 000 ; ? [

14

30

TOTAL

46

100

Sources : Enquête menée à Petit Badien du 14 au 19 Avril 2008. Muni de ces données, investissons à présent le terrain d'enquête. I.8.2.5- LES ENTRETIENS

I.8.2.5.1- L'entretien par questionnaire

L'administration du questionnaire s'est déroulée du lundi 14 au samedi 19 Avril 2008. Elle a été menée avec l'appui de l'animatrice rurale et du technicien agricole stagiaire du CREPA. Il a été adressé aux différents ménages du village.

Il comprend cinq thèmes principaux :

- Les caractéristiques socioéconomiques ;

- L'assainissement et l'approvisionnement en eau potable à Petit Badien ;

- Les représentations, les attitudes et les comportements des ménages face a EcoSan ;

- L'impact d'EcoSan dans le village de Petit Badien ;

- L'opinion des populations rurale sur l'assainissement écologique.

Le questionnaire composé de questions fermées pour la plupart, a directement été administré afin d'entrer en contact avec les enquêtés.

Au cours de cette enquête, le questionnaire a été administré à l'homme ou à la femme selon la disponibilité de l'un ou l'autre en tenant compte des contraintes de genre (au moins un homme sur deux ou vis versa). Le questionnaire a été administré les matins et les après midi selon la disponibilité des ménages.

Pour enquêter les ménages qui ne disposaient que de bidurs, nous nous sommes appuyé sur les trois quartiers du village c'est-à-dire Arang, Esr et Afr. A l'entrée de chaque quartier, nous jetions un stylo en l'air. Lorsque le stylo pointait sur une maison, nous nous y rendions. A la fin de l'enquête nous faisions un saut de deux pas pour le prochain ménage à enquêter. C'est-à-dire qu'on sautait à chaque fois deux ménages qui ne disposaient que de bidurs.

Dans un ménage, une seule personne a été concernée par l'enquête. Il s'agit du chef de ménage ou de l'épouse, en l'absence de celui-ci.

Les deux personnes susmentionnées sont intéressantes pour l'étude en ce sens que, le chef de ménages est la personne autorisée à prendre les décisions qui concerne la famille entière. Il a le pouvoir d'initiative et est le garant de la bonne marche de ce microcosme social.

La femme au sein de la famille, est la personne à qui les tâches ménagères reviennent d'office. Elle est garante de la propreté de la maison ainsi que tout ce qui relève de la disponibilité de l'eau, de la cuisson des aliments... Ne pas tenir compte de son expérience et de ses avis constituerait un handicap pour cette recherche.

Photo 1: Administration du questionnaire

I.8.2.5.2- Les entretiens semi-directifs I.8.2.5.2.1- L'entretien individuel

Quatre guides d'entretien ont été élaborés à l'attention des autorités en charge de l'assainissement écologique, du CREPA, de l'assainissement classique et des autorités coutumières de Petit Badien.

Dans un premier temps, il s'est agit de mener des entretiens avec le responsable du projet EcoSan et du Directeur Résident du CREPA. Cela a permis de mieux connaître le concept EcoSan ainsi que ses enjeux. Ces entretiens se sont déroulés de façon informelle dans les locaux du CREPA.

Dans un second temps, nous nous sommes entretenu avec un ingénieur en assainissement de la DAD (Direction de l'Assainissement et du Drainage). Cet entretien a eu lieu le 16 juillet et a duré 45 minutes. Cependant, il faut noter que l'obtention d'un rendez-vous n'a pas été aisée.

Enfin, nous nous sommes entretenu avec les autorités coutumières de Petit Badien. Il s'est agi de leur expliquer le bien fondé de la présente étude et d'obtenir leur soutien et caution morale. Cet entretien a aussi été le lieu de s'imprégner des réalités du village, notamment, les us, valeurs, histoire et la vision qu'ils ont sur EcoSan. Cet entretien a eu lieu le mardi 15 Avril à 7h15 au domicile de M. Nomel J-B, membre de la classe d'âge des « Nigbessi » et « Adjrofi », c'est-à-dire cadet des « Ebeb » (personnes qui détiennent le pouvoir en Pays Odzukru).

L'avantage des entretiens semi-directifs vient du fait qu'il permet à l'enquêteur de ne pas s'écarter de ses objectifs et de toujours recentrer le débat. En plus, il permet d'être efficace à partir du moment où l'entretien suit une logique maîtrisée et a une durée acceptable.

I.8.2.5.2.2- Le focus group ou (l'entretien de groupe)

Le focus group permet à tous les participants d'un entretien d'intervenir librement pour soit compléter les réponses à telle ou telle question, soit les contredire ou les préciser.

Le focus group des patriarches s'est déroulé le mercredi 15 Avril de 14 heures à 15 heures 20 minutes avec la participation de sept personnes. Il s'est déroulé dans la cours d'un patriarche. Quant au focus group des jeunes, il s'est déroulé le vendredi 18 Avril de 21 heures à 22 heures 30 minutes. A cette heure, les jeunes sont plus disposés. Ils sont dégagés de leurs occupations quotidiennes. L'entretien a enregistré la participation de douze personnes. Il a eu lieu sous l'appâtâmes de notre tutrice.

Pour cette recherche, ces entretiens ont eu pour objectif de mieux connaître les réalités du village, son organisation et son fonctionnement. Aussi, ont-ils permis d'apprécier le niveau de connaissance des jeunes sur l'assainissement écologique et ce qu'ils en pensent.

Dans un deuxième temps elle a permis de saisir les obstacles qui freinent la progression des activités EcoSan.

Le premier focus group a concerné la classe d'âge des « Nigbessi ». Le choix de ces sept a tenu compte de leur disponibilité et de leur rôle au niveau de la génération. Les lieux et les moments ont été proposés par les participants.

Le second focus group a concerné les jeunes de la classe d'âge des « Ndjrouman ». Il a tenu compte de leur âge, de leur responsabilité, de leurs activités économiques et de l'état de leur connaissance sur l'approche EcoSan.

Photo 2: Séance de focus group avec les NigbessiA la suite de l'échantillonnage et de l'enquête de terrain, il faut procéder au dépouillement des données recueillies.

I.8.2.6- LE DEPOUILLEMENT

Nous avons opté pour le dépouillement informatique parce que nous avons voulu dans un premier temps, réduire les risques d'erreur et dans un second temps nous familiariser avec les logiciels de bases de données. Egalement, le dépouillement informatique nous a évité la fastidieuse manipulation manuelle.

I.9- LES DIFFICULTES RENCONTREES

Comme toute recherche scientifique, des difficultés se sont présentées à nous. Il s'agit entre autres de la rareté des documents locaux qui traitent de la question d'assainissement écologique, de la rétention d'informations qui était faite au niveau de l'administration publique.

Sur le site d'enquête, nous avons été confronté à deux problèmes majeurs. Il s'agit des difficultés liées au fait que nous ne comprenions pas la langue Odzukru et celles liées aux aléas climatiques (la période de l'enquête a coïncidé avec la saison des pluies). Nous avons eu beaucoup de mal par conséquent à administrer notre questionnaire et à réaliser les deux focus groups.

Ces difficultés ne nous ont pas empêché pour autant à mener à bon port notre recherche. Au contraire, elles nous ont aguerri. Pour les questions de documentation, nous nous sommes appuyé sur l'Internet et la documentation

personnelle de certains professeurs. Quant aux obstacles de terrain, nous avons usé de patience et de persévérance. Pour surmonter l'obstacle langagier, nous avons eu recours aux services de l'animatrice rurale.

DEUXIEME PARTIE :

PRESENTATION DE PETIT

BADIEN, DU CREPA ET DU

PROJET ECOSAN

II.1- LA PRESENTATION DE PETIT BADIEN

II.1.1- LA PRESENTATION GEOGRAPHIQUE ET DEMOGRAPHIQUE

Petit Badien est un village de la sous-préfecture de Dabou situé à 80 Km d'Abidjan, la capitale économique. Il fait frontière avec les villages de Tiagba, Cossrou, Nigui saff et Nigui-nanou. Il est composé de trois quartiers dont Afr, Arang et Esr.

Le milieu naturel de Petit Badien se distingue par une forêt secondaire de type semi-décidu sur un relief accidenté, avec des versants orientés vers la lagune. Le climat est de type « équatorial de transition » comportant deux saisons de pluie : une grande, de février à juin et une petite, de septembre à novembre. Ces saisons sont intercalées de deux saisons sèches. Les précipitations moyennes annuelles sont de l'ordre de 1600 mm et reparties sur toute l'année avec des variations.

Photo 3: Une vue de Petit Badien depuis l'entrée

La population était estimée à mille soixante huit habitants selon le dernier recensement de la population et de l'habitat réalisé en 1998 par l'INS. Elle est composée d'une population de cinq cent quarante deux hommes soit 50,74% contre cinq cent vingt six femmes soit 50,26%.

II.1.2- L'HISTORIQUE ET LE PEUPLEMENT DE PETIT BADIEN

(Cette section est inspirée de : Le système politique de Lodjoukrou de Memel-Fotê H.)1.

Dans le processus du peuple en pays Gouro, Meillassoux C., distingue deux modalités : le regroupement et l'éclatement des cellules résidentielles. Le peuplement Odjoukrou présente les mêmes modalités avec des formes intermédiaires ou combinées.

Le cas de regroupement est l'intégration dans laquelle la communauté d'accueil assimile la communauté accueillie qui fusionne avec elle. Le regroupement peut aussi être transitoire, suivi éventuellement soit d'une séparation avec alliance, soit d'un éclatement avec indépendance. Dans l'alliance, loin d'intégrer la communauté d'accueil, les immigrants constituent sur le territoire offert, une communauté séparée, autonome, mais politiquement alliée et subordonnée. L'éclatement d'un village, accompagné ou non d'une alliance, n'est qu'une forme de ramification. Un individu ou un groupe peut se dissocier pour former une nouvelle «communauté » villageoise. Telle est la complexité qu'offre le processus du peuplement Odzukru. Le peuplement de l'espace actuel de Petit Badien en est une illustration.

Les populations actuelles de Petit Badien et de Vieux Badien vivaient en parfaite harmonie jusqu'à ce qu'un jour éclate un conflit. En effet, tout le village de Badien, actuel Vieux Badien était unanime à défricher un terrain dans la forêt d'Ag-akp où coule la rivière « Nêdêk ». Au moment de se déplacer, survient l'angbandji de Kok Meles, un « Mbôrma ». Les uns parmi les hommes riches estimaient qu'il y avait lieu de transporter la fête au nouveau village, les autres voulaient le consommer avant le déplacement. Le débat dégénéra vite en querelle. Le premier groupe prétendait « qu'il était le nez du visage et que, le nez arraché,

1 MEMEL-FOTE H., 1980, Le système politique de Lodjoukrou, Présence Africaine, pp68-80.

les dents sortiraient dehors ». Ce groupe créa le nouveau Badien ou Petit Badien. Le second groupe ulcéré par cette situation, resta sur l'ancien site.

A la suite d'une guerre menée par les deux Badien contre Toupah, Petit Badien, de la forêt d'Ag-akp, se déporte au bord de la lagune et, sous le patronage du chef de Canton Kêtêkrê, fonde Petit Badien ou Dabuli (pour marquer l'appartenance à Dabou).

II.1.3- L'ORGANISATION SOCIOPOLITIQUE II.1.3.1- LA HIERARCHIE DU VILLAGE

L'autorité suprême du village de Petit Badien est la chefferie traditionnelle. Elle est constituée de notables avec à leur tête, M. Lath A., actuel chef du village. A côté de la chefferie, on a la classe d'âge des « Ndjrouman » qui dispose du pouvoir exécutif. Elle veille à l'application et à la surveillance du village.

II.1.3.2- DE LA DESIGNATION DE LA CHEFFERIE TRADITIONNELLE II.1.3.2.1- Le chef du village

Le chef du village est désigné par consensus lorsque celui-ci fait l'unanimité au sein du village. Lorsque les postulants sont nombreux, les « Ebeb » c'est-à-dire ceux qui prennent les décisions, organisent des élections au suffrage universel.

Celui-ci doit remplir certains critères à savoir : effectuer sa fête d'« angbandji », posséder une maison et être reconnu comme quelqu'un d'honnête et de courageux.

II.1.3.2.2- Les notables

Les notables sont choisis parmi les classes d'âge de la génération du chef au pouvoir. Le choix du chef de village tient compte de certains critères. Les notables sont choisis en fonction des connaissances acquises. Un tel se chargera par exemple des questions relatives aux fonciers quand un autre s'occupera des questions religieuses etc.

II.1.3.3- LE STATUT ET LES FONCTIONS DE LA CHEFFERIE TRADITIONNELLE

II.1.3.3.1- Le chef du village

Garant de l'unité du village, il représente le village devant les autorités administratives et politiques. Il ne dispose pas de pouvoir réel au sein de la communauté. Les décisions concernant le village sont prises par la classe d'âge en exercice avec l'accord des « Ebeb » qui demeurent la clé de voûte.

II.1.3.3.2- Les notables

Ils sont les conseillers du chef et l'aident dans ses différentes tâches. II.1.3.4- LE SYSTEME DE CLASSE D'AGE

(Cette section est aussi inspirée des travaux anthropologiques de MemelFotê H. dans Le système politique de Lodjoukrou).1

II.1.3.4.1- Le concept de classe d'âge

Dans le Dictionnaire de l'Ethnologie, Panoff M., et Perrin M. définissent la classe d'âge en ces termes : « Ensemble d'individus ayant approximativement le même âge, de l'un ou l'autre sexe, et qui sont organisés de manière cohérente en un groupe socialement reconnu soumis aux mêmes rites de passage, ayant le même statut au sein de la société globale et exerçant les mêmes activités. » 2

Deux caractéristiques distinguent par conséquent la classe d'âge : son statut de groupe social officiel et d'égalité, fondée sur l'identité de formation, de statut et de fonction, qui règle les rapports entre les membres. Notons cependant que cette égalité peut se combiner et se combine en fait, de façon contradictoire mais indivisible, avec une certaine inégalité (hiérarchies fonctionnelles anciennes ou nouvelles) qui la relativise.

1 MEMEL-FOTÊ, 1980, Op.Cit. PP398-403.

2 PANOFF M. et PERRIN M., Dictionnaire de l'ethnologie, in Memel-Fotê, 1980, Op.Cit. P398-403.

II.1.3.4.2- Le mode de recrutement

Le recrutement des membres d'une classe d'âge repose sur deux principes : l'appartenance clanique et l'âge. Est d'abord admis à faire partie d'une classe d'âge, quiconque appartient à un clan officiel ou assimilé. Généralement, il s'agit du patriclan. Ce premier principe élimine les étrangers au sens du droit politique et retient les seuls citoyens.

Quoi qu'il en soit, ce sont les rites de passage qui, en définitive, consacrent officiellement les groupes de jeunes recrues et en font les classes d'âge reconnues. Ces rites constituent l'initiation qui est à la fois épreuve physique, stage de formation à la vie adulte, mode d'accès aux vérités sécrètes, permis d'entrer dans la vie sexuelle et intégration à la communauté des vivants et des morts.

II.1.3.4.3- Le mode de fonctionnement

Pour comprendre en quoi consiste le principe d'égalité régissant la classe d'âge, il y a lieu de préciser la notion de système de classe d'âge. Deux espèces de relations la constituent : premièrement, le nombre limité des groupes constituant (les classes), et dans ces groupes, le nombre également limité des sous-groupes (les sous-classes) qui confère à l'ensemble un caractère clos ; deuxièmement, le caractère cyclique ou répétitif dans le temps de cet ensemble clos.

Le cycle consiste en un recommencement périodique dans le même sens unilinéaire de cet ensemble selon le schéma suivant :

(ABCD) 1 (ABCD) 2 (ABCD) 3 (ABCD) 4

Or, on peut distinguer une égalité interne et une égalité externe à la classe d'âge. Au sein de la classe d'âge, les membres jouissent d'une égalité qui repose sur une triple identité de condition socioculturelle : identité des conditions de recrutement, identité de statut social et identité de fonction. De cette identité de fait, découle une égalité de droits qui garantit les mêmes libertés politiques (réunion, parole, sanction) aux individus appartenant à la même classe et aux

classes d'âge formées sur les mêmes bases.

Si pourtant l'égalité prévaut en principe dans les relations entre membres d'une même classe d'âge, la pratique manifeste des hiérarchies, tant à l'intérieur des classes qu'entre classes.

II.1.3.4.4- Les fonctions des classes d'âge

Dans l'organisation et le devenir des sociétés, les classes d'âge accomplissent des fonctions importantes, tant au bénéfice de leurs membres qu'au bénéfice des sociétés globales. Ces fonctions concernent principalement tous les aspects de la vie sociale.

Pour leurs membres, les classes d'âge assurent un rôle de groupes de secours mutuel. Ils y trouvent entraide, assistance, bref, solidarité matérielle et morale tout au long de leur existence. Pour la société globale, les classes d'âge remplissent une première fonction qui est d'ordre économique. Elle constitue une main d'oeuvre, utilisée dans la production, soit « des biens de fête » collective, soit des biens religieux (nettoyage des sanctuaires, confection de vêtements rituels).

Leurs rôles politiques ne sont ni moins évidents, ni moins importants dans les sociétés. Facteur de démocratisation qui évitent les rebellions des jeunes, cadres de formation et d'expression d'une opinion publique, les classes d'âge assument l'exécution des travaux publics, le maintien de l'ordre, la défense du territoire.

Toujours est-il qu'elles favorisent directement le progrès et l'expression de valeurs collectives dans tous les domaines, économique, politique, esthétique ou religieux.

II.1.3.3- LES ACTIVITES ECONOMIQUES

Autrefois, l'économie du village reposait essentiellement sur les cultures vivrières telle l'igname, la banane plantain et le manioc, la pêche et la culture d'exportation du palmier à huile.

Aujourd'hui, presque toutes les surfaces cultivables sont utilisées pour l'hévéaculture. De ce fait, les surfaces cultivables se font de plus en plus rares.

La pêche est une activité pratiquée par les jeunes et les adultes. A côté de cette activité, l'on a la préparation de l'attiéké qui est d'ailleurs l'alimentation de base. Elle est le fait des femmes.

En somme, il faut retenir que l'économie est basée sur l'agriculture et particulièrement sur l'hévéaculture.

II.1.3.4- LES ACTIVITES SOCIOCULTURELLES

A Petit Badien comme dans bon nombre de village Odzukru, se déroulent plusieurs activités socioculturelles. Parmi celles-ci, citons : l'« angbandji » ou cérémonie d'accomplissement et de richesse, la cérémonie des patriarches, les sorties de génération, l'intronisation du chef de village, les actions d'intérêt général, les funérailles...

Revenons sur « l'angbandji », les sorties de génération et la cérémonie des patriarches.

L'« angbandji » est une cérémonie qui permet de célébrer la force, le courage, l'accomplissement et la richesse d'un individu. Elle marque une étape importante dans sa vie. En effet, elle lui confère certains privilèges au sein de la communauté. L'individu a le droit de parler en public le chapeau sur la tête et le pagne sur l'épaule. Il jouit du respect et de la confiance de la communauté.

Quant aux sorties des générations, elles ont lieu chaque huit ans et comprennent trois classes d'âge. Les « Odjongba » les aînés, les « Bago » les puînés et les « Kata » les benjamins. Ces sorties donnent droit à de grandes cérémonies de réjouissance.

Enfin, la cérémonie des patriarches. Elle se déroule en groupe. Elle confère à ceux qui la célèbrent, le privilège de prendre la retraite et de faire partie des « Ebeb ». Toute personne qui la célèbre a droit à des funérailles dignes. Cependant,

ceux qui ne le font pas en sont privés.

II.1.3.5- LES INFRASTRUCTURES SOCIOECONOMIQUES

Le village dispose de deux pompes hydrauliques villageoises et d'un système hydraulique villageois amélioré non fonctionnel. Ainsi, la population s'approvisionne en eaux dans des puits situés dans un talweg de part et d'autre du village. La profondeur moyenne de ces puits est de 1,6 m en saison sèche. Ces puits jouxtent un dépotoir d'ordures ménagères servant aussi de lieu de défécation ; ce qui expose la population à une contamination provoquée par les eaux de ruissellement en saison pluvieuse. Seulement 58% des ménages disposent de latrines.

Le village ne dispose pas de centre de santé. Néanmoins, il dispose d'une école primaire de six classes, de trois boutiques et d'un petit marché qui permet d'écouler les produits agricoles.

II.2- LA PRESENTATION DU CREPA II.2.1- LA PRESENTATION DU RESEAU CREPA

Le CREPA est le Centre Régional pour l'Eau Potable et l'Assainissement. C'est un organisme régional mis en place dans le cadre du (RIF) Réseau International de Formation à la gestion de l'eau et des déchets à l'issue de la DIEPA (Décennie International pour l'Eau Potable et l'Assainissement). Le CREPA est un réseau qui couvre quatorze pays francophones d'Afrique de l'Ouest et du Centre dans lesquels sont installés des représentations nationales. Son siège est à Ouagadougou (Burkina Faso).

L'orientation première du CREPA est d'assurer la promotion et la vulgarisation des technologies alternatives par l'approche participative, à travers le SARAR (Self-esteem Associative strengh Ressourcefulness Action planning Responsability). Par ailleurs, le CREPA oeuvre à favoriser le développement local et la mise en place de Mécanismes de Financement Endogène (MEFE).

II.2.2- LA PRESENTATION DU CREPA COTE D'IVOIRE II.2.2.1- QU'EST CE QUE LE CREPA-CI

Le CREPA-CI est la représentation nationale Côte d'Ivoire du CREPA. Son siège se situe à Abidjan dans la commune de Marcory, rue du Canal aux Bois, près de la SOLIBRA. Le centre existe en Côte d'Ivoire depuis 1990. C'est une organisation qui mène des actions communautaires envers les populations défavorisées sur l'ensemble du territoire. Au niveau national, l'organisation bénéficie d'un statut d'ONG. A ce titre, le CREPA-CI est membre du RECI qui est le Réseau des ONG de l'Environnement de Côte d'Ivoire.

II.2.2.2- L'OBJECTIF DU CREPA-CI

L'objectif principal du CREPA-CI est de contribuer au développement local par la promotion de technologies appropriées d'approvisionnement en eau potable et d'assainissement pour les communautés à travers une approche méthodologique participative. Ce but vise également, la préservation de l'environnement dans son ensemble par l'élimination des nuisances causées par l'homme.

II.2.2.3- LA MISSION DU CREPA-CI

Les activités menées par le CREPA-CI sont : la formation, l'éducation, la sensibilisation et la réalisation d'ouvrages et équipements d'Accès à l'Eau Potable et à l'Assainissement (AEPA). L'organisation réalise également des projets pilotes de recherche permettant d'éprouver des technologies ou des approches novatrices.

II.2.2.4- LES STRATEGIES D'INTERVENTION

Les stratégies du CREPA concernent la promotion de l'auto gestion des micros réalisations des associations de base et de groupements d'intérêt économique.

- Créer et renforcer les capacités nationales et régionales dans la gestion de l'eau, des déchets et de l'environnement urbain par la formation de personnes ressources et la gestion décentralisée des projets.

- Vulgariser et intégrer les nouvelles approches, les concepts environnementaux et les technologies dans les réalisations des programmes nationaux et ceux des structures relais (ONG, associations de base, opérateur privés).

- Appuyer la création d'emplois notamment pour les femmes et les jeunes dans la gestion de l'eau, des déchets et de l'environnement.

Ces stratégies s'appuient sur un certains nombres d'actions.

II.2.2.4.1- La formation

Le CREPA-CI appui à la formation initiale de certains étudiants inscrits dans les écoles de formation professionnelle tels l'INP-HB, l'INFAS et l'Université Abobo-Adjamé.

En plus de la formation initiale, le CREPA-CI Forme des artisans locaux aux technologies adaptées et à faible coût lors de l'exécution de projets.

Aussi, Forme-t-il des chefs de services techniques des mairies sur les technologies appropriées dans le domaine de l'AEPA.

Enfin, le CREPA-CI forme et sensibilise les maires sur les problèmes de l'environnement urbain.

II.2.2.4.2- L'information et la documentation

L'information et la documentation sont deux axes clé du CREPA-CI. C'est ce qui explique en partie la création de son centre de documentation. Celui-ci à pour objectif de collecter, de traiter et de diffuser les informations capitalisées.

La diffusion des informations et la vulgarisation des technologies à faible coût se font à travers la production de films ainsi que l'organisation de conférences et de séminaires relatives à l'AEPA.

II.2.2.4.3- La recherche, l'accompagnement et l'étude

Le CREPA initie et soutient la réalisation d'études de cas ainsi que la documentation d'expériences innovantes. Au titre d'expériences innovantes, l'on peut citer :

- L'impluvium ;

- Les toilettes à chasse économique ;

- L'épuration des fosses sceptiques ;

- L'impact des urines et fèces sur les sols de culture ;

- Les conditions d'obtention de biogaz à base d'effluent de manioc enrichi à l'urine ;

L'étude sur la capacité de la population à s'impliquer dans la gestion de l'environnement et de l'AEPA.

II.2.2.4.4- L'Expertise, le Conseil et l'Appui

Le CREPA-CI réalise pour le compte de certaines mairies, leur Plan Municipal d'Action Environnementale (PMAE). Il élabore pour leur compte, des documents de projet et construit des latrines expérimentales et impluvium.

Outre l'expertise, le CREPA-CI conseille les autorités en matière de directives relatives à la promotion d'AEPA, d'appui à la conception, à la promotion et à l'administration des projets d'assainissement à faible coût.

Enfin, cet organisme apporte assistance et appui aux actions menées par des partenaires.

II.2.2.5- L'ORGANISATION DU CREPA-CI

Le CREPA-CI est une organisation reconnue par le gouvernement du fait de ses arrêtés de création N°10/MTPCU du 3 janvier 1990 et de restructuration N° 414/MLCVE du 28 avril 1998, ainsi que du récépissé de déclaration n°1480 du 21 septembre 1999, de constitution d'association auprès du Ministère de l'Intérieur et de la Décentralisation.

Dans sa structuration, le CREPA-CI a à sa tête, un Conseil d'Administration regroupant le secteur public (Ministère de la Santé Publique, Ministère des Infrastructures Economiques, Ministère de Construction, de l'Urbanisme et de l'Habitat, le secteur privé (SODECI et FOREXI) et la société civile. Ce Conseil d'Administration définit les grandes orientations et les objectifs à atteindre.

La mise en oeuvre échoit à la Direction Exécutive qui assure la gestion quotidienne de l'organisation. Le fonctionnement de la Direction Exécutive

s'appuie sur une équipe de sept membres, tous rémunérés par la structure. II.2.2.6- LE PERSONNEL

Le personnel est composé de sept agents permanents dont : - Un directeur résident ;

- Un ingénieur en équipement rural ;

- Un technicien supérieur en hydraulique et équipement rural ; - Un technicien supérieur en génie sanitaire ;

- Un Comptable ;

- Une secrétaire ;

- Un chauffeur.

L'ensemble de ce personnel permanent est appuyé par des collaborateurs extérieurs.

II.2.2.7- L'EXPERIENCE DU CREPA-CI

Comme indiqué plus haut, les populations cibles du CREPA-CI sont les populations des zones urbaines, périurbaines et rurales et particulièrement des femmes, principales acteurs des projets d'approvisionnement en eau et d'assainissement.

Le CREPA-CI bénéficie de dix années d'expérience sur le territoire national en matière d'appui aux communautés dans le cadre du développement local, de l'approvisionnement en eau et d'assainissement.

La caractéristique essentielle du CREPA-CI est l'utilisation des méthodes et approches participatives dont le SARAR, la MARP (Méthode active de Recherche et de Planification Participative) et la PPO (Planification de Projet par Objectif).

Cette caractéristique vise à :

- Impliquer les communautés bénéficiaires à toutes les étapes de mise en

oeuvre des actions ;

- Favoriser l'appropriation des projets et des technologies par les communautés bénéficiaires à travers le transfert des compétences ;

- Susciter la prise de conscience des bénéficiaires en leurs capacités afin de garantir l'autopromotion locale.

Ainsi, la méthodologie du CREPA-CI lui a permis de prendre part à de nombreux projets ou programmes exécutés ou en cours d'exécution en Côte d'Ivoire. Au nombre de ceux-ci figurent :

- Projet « Approvisionnement en eau potable et assainissement » dans la commune de Sikensi avec l'Ambassade de Suisse (1994) ;

- Projet « Eau potable, Assainissement et Déchets solides » dans la commune de Guibéroua avec la Coopération Française (1996) ;

- Projet « Renforcement des capacités de la cellule d'animation de la SDHV à la méthode participative SARAR » avec la Coopération Belge (1999) ;

- Programme « Intervention en milieu urbain pauvre » avec l'UNICEF (1999) ;

- Projet « Lutte contre la pauvreté urbaine » avec le PNUD (1999) ;

- Projet « gestion des boues de vidange et des mécanismes de micro finance appliqués au secteur de l'AEPA » depuis 1999.

II.2.2.8- LES PARTENAIRES II.2.2.8.1- Les institutions partenaires

Au titre des institutions partenaires, citons le Ministère des Infrastructures Economiques, le Ministère de la Santé et de l'hygiène Publique, la SODECI, la FOREXI, Action Contre la Faim (ACF), l'UNICEF et le Comité International de la Croix Rouge (CICR).

II.2.2.8.2- Le financement

Le CREPA-CI bénéficie des financements du CREPA siège, de l'ambassade de France, de la Coopération Allemande, de la Coopération Suisse, de l'Ambassade des USA, de l'UNICEF, de UE, de l'ASDI, du DANIDA et du FEM/ONG lorsque des projets sont initiés.

II.2.2.9- LES PROJETS EN COURS

- Programme d'urgence et de réhabilitation pour la sécurisation de l'accès à l'eau potable dans le département de Katiola ;

- Amélioration de l'accès à l'eau potable, à l'assainissement et à l'hygiène en faveur des populations de quatre Départements (Béoumi, Dabakala, Mankono et Zuénoula) anciennement endémiques du ver de Guinée et affectés par la crise politico-militaire en Côte d'Ivoire ;

- Amélioration de l'accès à l'eau et à l'assainissement des populations vulnérables des quartiers Bardo 16, Zimbabwé (San Pedro) Abobo-sagbé, Yaoseï et Beboutouo (Abidjan)

- Projet de gestion des boues de vidange de la ville d'Abengourou

- Mise en place d'un réseau d'égout à faible diamètre à Sagbé (Abobo)

- Appui à l'abonnement au réseau d'eau potable de deux mille ménages à faibles revenus de Koweït (Yopougon)

- Formation à la promotion de l'hygiène et l'assainissement par la méthode PHAST.

- Et le projet d'assainissement écologique en Côte d'Ivoire.

II.3- LA PRESENTATION DU PROJET ECOSAN

II.3.1- QU'EST CE QUE LE PROJET ECOSAN ?

Le projet EcoSan est un ensemble d'actions élaboré et mis en oeuvre en vue de résoudre durablement les questions d'hygiène du milieu et de sécurité alimentaire. Il est une alternative aux systèmes conventionnels de traitement des eaux usées. En effet, il intègre les aspects de l'évacuation des déchets et l'approvisionnement en énergie et dépasse en cela les systèmes jusqu'ici connus (la toilette à compost, les latrines améliorées etc.).

EcoSan est ainsi, une approche de planification systématique qui combine les modules techniques disponibles et les adapte aux données techniques, spatiales, socioculturelles et économiques.

II.3.1.1- LA PRESENTATION DES EQUIPEMENTS ECOSAN II.3.1.1.1- Le bidur

Dans le langage EcoSan, un bidur est un bidon de dix ou vingt litres surmonté d'un entonnoir qui permet de recueillir et conserver l'urine jusqu'à son remplissage et son transvasement dans un fût de plus grande capacité.

Photo 4 : Bidur utilisé par un enfant Photo 5: Bidurs dans une douche traditionnelle

II.3.1.1.2- La latrine EcoSan

La latrine EcoSan est une latrine à fosse sèche avec déviation d'urine. Les urines par déviation sont collectées dans un bidon, tandis que les fèces sont

stockées dans les deux fosses surélevées de façon alternées. Pendant qu'une fosse est en exploitation, le contenu de l'autre déjà remplie subit l'hygiénisation. La latrine EcoSan est composée de :

- Deux fosses fonctionnant de façon alternée : la fosse est dimensionnée selon la taille du ménage bénéficiaire ou des utilisateurs potentiels et du temps d'utilisation. Pour la plupart, on distingue une taille standard de dix personnes par ménage. Le temps de remplissage de la fosse standard est de six mois.

- Une cuvette de défécation : les cuvettes de défécation sont faites en polyester de manière artisanal ;

- Des marches : au nombre de deux en général, elles sont faites pour l'accès à la cabine qui est en hauteur.

- Un tuyau de ventilation en PVC de cent millimètres de diamètre pour chaque fosse ;

- La superstructure susceptible d'être faite aussi bien en briques qu'en banco selon la bourse du demandeur ;

- Et le système de déviation d'urine.

Photo 6: Vue de face d'une Photo 7: Vue arrière d'une latrine

latrine EcoSan EcoSan

II.3.1.2- L'OBJECTIF DU PROJET ECOSAN

L'objectif du projet est de faciliter l'accès des communautés défavorisées aux systèmes EcoSan en vue d'assurer l'amélioration du cadre de vie, la protection de l'environnement et la sécurité alimentaire en Côte d'Ivoire.

II.3.1.3- LE PRINCIPE DU PROJET ECOSAN

Souvent, l'introduction d'un système conventionnel d'évacuation des eaux usées dans des pays en voie de développement est irréalisable, du fait d'investissements élevés, et ne peut garantir, dans plusieurs cas, une entreprise irréprochable. Ainsi, les situations hygiéniques déficitaires sont seulement en partie ou pas résolues.

Les principes essentiels d'EcoSan sont :

- La réduction de la consommation d'eau ; - La diminution des problèmes d'hygiène ;

- La fermeture des cycles de la matière et de l'eau ;

- La récupération et l'utilisation des substances nutritives en agriculture ;

- La réduction de la consommation d'énergie et voire même, la production d'énergie. EcoSan est ainsi une approche de planification systématique.

La base essentielle de ces principes est la considération de la répartition diverse des volumes et des substances nutritives des différents courants partiels d'eaux usées. A l'inverse du système conventionnel d'évacuation des eaux usées, dans lequel tous les courants partiels sont détournés en commun et dilués avec la rinçure, une considération différenciée a lieu dans le cas d'EcoSan.

En effet, les courants partiels d'urine et de matières fécales éliminées par la personne représentent seulement un très petit volume mais contiennent cependant les plus grandes teneurs de substances nutritives. Le courant partiel de l'urine est une fraction hygiéniquement peu douteuse et renferme presque 90 % de l'azote,

présente aussi du phosphore et du potassium. Ces éléments nutritifs, facilement assimilables par les plantes, peuvent être utilisés comme des intrants. Quant aux matières fécales, elles peuvent permettre dans le cadre d'une utilisation agricole, à une amélioration de la structure du sol.

Les principes d'EcoSan montrent les avantages décisifs suivants :

- Préservation des réserves hydrologiques du fait de la réduction de la consommation d'eau ;

- Réduction de l'introduction d'agents pathogènes humains dans le cycle de l'eau par suite de la différenciation en des courants partiels :

- Diminution de l'eutrophisation des eaux de surface - Augmentation des revenus agricoles.

Au total, relevons qu'EcoSan contribue de manière significative à la résolution économique des problèmes sérieux de l'environnement et de politique de développement du 21ème siècle. En appliquant les principes d'EcoSan, l'eau et l'énergie peuvent être utilisées plus rationnellement, les conditions d'hygiène améliorées et les substances nutritives récupérées. De nouvelles possibilités pour la sécurité alimentaire mondiale sont ainsi offertes en même temps.

II.3.1.4- LA STRATEGIE D'ACTION

La méthodologie utilisée est basée sur des approches intégrées, communautaire et multidisciplinaire. En effet, il s'agit de prendre en compte et de résoudre de façon globale et intégrée, les problèmes des populations désavantagées relatifs à l'eau potable, l'assainissement, l'alimentation et même la gestion des ordures ménagères et de famine. Cela passe par un diagnostic participatif avec les communautés bénéficiaires des différentes zones (scolaires, rurales et urbaines).

II.3.1.5- LA GESTION DU PROJET

La gestion du projet est assurée par un coordonnateur qui supervise toutes

les activités. Cependant, il planifie avec toute l'équipe composée de sociologue, de technicien en équipement, d'un technicien en hygiène et d'un technicien agroéconomiste. Cette équipe est appuyée par l'équipe locale de Petit Badien.

II.3.1.6- L'EQUIPE LOCAL D'ECOSAN II.3.1.6.1- Le personnel

Le personnel de l'équipe locale d'EcoSan est composé de quatre personnes dont un aide de champ, deux collecteurs d'excréta et une animatrice rurale.

II.3.1.6.2- Les rôles et le fonctionnement

Chaque agent local assure un rôle spécifique. Ainsi, l'aide de champ est le responsable des champs expérimentaux. Il s'occupe du nettoyage, du buttage, du tuteurage, de la surveillance et de toutes les activités qui permettent la bonne évolution des champs.

Les deux collecteurs ont en charge, la collecte des urines et des fèces. Pour les urines, la collecte se fait tous les deux ou trois jours, tandis que pour les fèces, elle se fait quand les ménages en expriment le besoin. En plus de cette activité, ils assistent l'aide de champ.

Quant à l'animatrice rurale, elle est chargée de sensibiliser les ménages pour une bonne utilisation des latrines.

II.3.1.6.3- La rémunération

Le personnel local de l'équipe EcoSan est rémunéré grâce au financement dont bénéficie le projet.

II.3.1.7- LES ACTIVITES

II.3.1.7.1- Les réunions de l'équipe EcoSan

Les rencontres de travail ont lieu tous les lundis et permettent de faire le point des activités, de déceler les points de blocage et d'envisager de nouvelles perspectives. C'est aussi l'occasion de passer les informations et d'harmoniser les

points de vue.

II.3.1.7.2- L'acquisition de matériels et les équipements divers

Les matériels et équipements acquis, concernent les matériels de construction des ouvrages, le matériel de bureau et de mission que sont entre autre,

véhicule de type 4X4, d'appareil photo, de magnétophones etc. L'achat de ceux-ciest ordonné par le coordonnateur après avis du Directeur Résident. II.3.1.8- LES DIFFICULTES

Les difficultés se situent à deux niveaux :

- Le programme de développement

Ce programme prend en compte l'ensemble des activités de construction et de formation des communautés rurales. La stratégie d'introduction de l'approche EcoSan au sein des communautés rurales est l'école dans un premier temps. Dans l'exécution, certaines contraintes freinent la mise en oeuvre. Il s'agit notamment des grèves des enseignants et des affectations. Ainsi, la participation de l'école composée d'apport de sable, de gravier et d'eau se trouve contrariée. Les travaux prennent donc un retard dans l'exécution.

- Le financement

On note à ce niveau un retard dans l'exécution des travaux. Cela est lié à l'indisponibilité chronique des fonds.

TROISIEME PARTIE :

ANALYSE DES DONNEES

RECUEILLIES

III.1- LES OBSTACLES SOCIOCULTURELS QUI FREINENT LA DYNAMIQUE D'ECOSAN

III.1.1- LES DIFFICULTES RELATIVES A L'UTILISATION DES LATRINES ECOSAN

L'utilisation effective des ouvrages EcoSan est l'une des conditions essentielles qui permettent de constater que les ruraux adhèrent ou pas à l'approche EcoSan. Il est donc important de déceler les difficultés relatives à leur utilisation.

TABLEAU N°7 : Répartition des enquêtés selon les difficultés rencontrées lors de l'utilisation des latrines EcoSan

A la question, quelles sont les difficultés rencontrées lors de l'utilisation, l'enquête a révélé les tendances suivantes :

Effectif des enquêtés Difficultés rencontrées

Homme

Femme

Total

V.A

V.R

V.A

V.R

V.A

V.R

Position accroupie difficile à adopter

6

24

11

52,38

17

36,95

Crainte de déféquer sur le bord de la cuvette

3

12

2

9,52

5

10,86

RAS

11

44

7

33,33

18

39,15

NSP

5

20

1

4,77

6

13,04

TOTAL

25

100

21

100

46

100

Il ressort à la lecture de ce tableau, que les femmes éprouvent beaucoup de difficultés à utiliser les latrines EcoSan. Elles revèlent qu'il est difficile d'adopter la position accroupie. Le taux de femme qui a relevé ce problème atteint plus de 50%. Ceci peut s'expliquer par le fait que les femmes enquêtées sont relativement âgées avec une moyenne de plus de 55 ans. A cet âge en effet, les problèmes d'articulation font leur apparition et les cuvettes turques ne les y aident pas. Hormis ce problème, plus de 30% de cette même population ne trouvent rien à redire quant à l'utilisation des latrines EcoSan.

Quant aux hommes, ils trouvent adéquat les latrines EcoSan et cela à un taux de plus de 40%. Cependant, il existe comme chez les femmes, un taux important de plus de 20% qui trouvent la position accroupie difficile à adopter. Cela s'explique également par leur moyenne d'âge qui est assez élevée (plus de la moitié des hommes enquêtés a plus de 55 ans).

Lorsque l'on cumule le score des hommes et des femmes, on se rend compte que dans l'ensemble, plus de 35% récusent les cuvettes turques qui imposent la position accroupie. Malgré ce taux relativement élevé, il faut aussi constater que 39% de cette même population pensent que les latrines EcoSan ne posent pas de problèmes majeurs. Cependant, comme l'objectif du projet est de relever le niveau de l'efficacité de l'assainissement, il faudrait systématiquement prendre en compte les difficultés qu'impose la cuvette turque.

Les difficultés ne se posent pas seulement au niveau de l'utilisation, il y a aussi les difficultés au niveau de la gestion des ouvrages.

III.1.2- LES DIFFICULTES DE GESTION DES OUVRAGES ECOSAN

La bonne gestion des ouvrages EcoSan participe d'une utilisation durable. En fait, la propreté de ceux-ci encourage leur utilisation, encore qu'ils sont des technologies nouvelles. Identifier les difficultés qui se posent est essentiel.

TABLEAU N°8 : Répartition des enquêtés selon les difficultés rencontrées au cours de la gestion.

Effectif des enquêtés Difficultés rencontrées

Homme

Femme

Total

V.A

V.R

V.A

V.R

V.A

V.R

Mauvais usage

13

52

08

38,09

21

45,65

Indisponibilité suite au remplissage

04

16

03

14,28

7

15,23

RAS

07

28

10

47,63

17

36,95

NSP

01

04

00

00

01

2,17

TOTAL

25

100

21

100

46

100

Au regard de ce tableau, il est aisé de constater que des difficultés de gestion des ouvrages EcoSan et particulièrement des latrines se posent. Ces problèmes se résument au mauvais usage et à l'indisponibilité suite au remplissage. A la lecture du tableau, il ressort que 52% des hommes enquêtés notent une mauvaise utilisation des latrines par les enfants et les jeunes. Il en est de même pour les femmes qui soulèvent également ce fait à un taux de 38%. Cumulé, cela atteint un taux de 45%. En effet, il apparaît dans les propos des parents que les enfants ne défèquent pas dans le trou destiné à recevoir les excréta, mais défèquent plutôt à même la dalle. Quant aux jeunes, il leur est reproché de ne pas balayer et nettoyer l'enceinte de la cabine. Comme conséquence, les portes des latrines EcoSan sont verrouillées.

Hormis le mauvais usage décrié par une frange de la population enquêtée, il faut aussi signaler l'indisponibilité de certains ouvrages comme les bidurs lorsque ceux-ci sont remplis. Cette situation n'est pas récurrente puisse qu'elle n'a été signalée que par 15% des enquêtés. A part ces deux cas cités qui relèvent pour le premier du social et du second de la technique, il faut tout de même remarquer que plus de 35% des enquêtés pensent que la gestion est relativement aisée. Qu'en estil de la persistance des « mauvaises » habitudes ?

III.1.3- LA PERSISTANCE DES « MAUVAISES » HABITUDES

Les vieilles habitudes sont des pratiques qui font partie intégrante de la vie des communautés. Elles sont de ce fait difficiles à corriger. Au niveau de la communauté rurale de Petit Badien, on remarque une tendance à laisser les enfants se soulager comme ils peuvent.

TABLEAU N°9 : Répartition des enquêtés selon le lieu de défécation de leurs enfants

Pour appréhender cette réalité, nous avons questionné les enquêtés afin d'évaluer le taux de défécation sauvage infantile.

Effectif Lieu de défécation

V.A

V.R

Latrine

8

17,39

Dépotoir

27

58,69

Bord lagunaire

4

8,72

Dans la rue

2

4,34

Nature

5

10,86

TOTAL

46

100

L'un des objectifs majeurs du projet EcoSan est de parvenir efficacement à l'assainissement du milieu. Et, cela passe par la réduction du taux de défécation de miction et de dépôts d'ordures sauvages. Cependant, il est constaté à travers le tableau que les enfants continuent de déféquer sur les dépotoirs avec un taux de plus de 55% contre seulement 17% qui sont autorisés à utiliser les latrines EcoSan. Le bord lagunaire, la nature et la rue continuent de recevoir des excréta humains même si les taux ne dépassent guère 11%. En effet, il est constaté une persistance des défécations des enfants sur les dépotoirs familiaux parce que, les parents continuent de penser que cela ne cause pas de problème. Pour eux, les dépotoirs peuvent aussi bien recevoir les ordures ménagères que les excréta humains. La conception d'un environnement durable n'est pas encore bien comprise des paysans et cela peut s'expliquer par le fait qu'ils sont plus préoccupés par les questions de production agricole. Cette question pourra donc trouver une solution durable quand ils auront saisi que les excréta ne sont pas des déchets mais des ressources valorisables et pouvant accroître leur production.

III.1.4- LE TRANSPORT DES EXCRETA

L'utilisation des excréta exige leur transport du lieu de production, au fût de stockage pour hygiénisation. Cette distance peut se révéler grande pour certains ménages du fait de sa situation et constituer un blocage pour d'autres.

Cet obstacle a été révélé par sept ménages lors de l'enquête ménage soit 15% de l'ensemble des ménages enquêtés. Le même problème a été soulevé lors des deux focus groups organisés.

Lors de l'entretien de groupe avec les jeunes, le problème a été posé. Pour M. Ackmel, il est difficile de transporter de l'urine sur un vélo pour aller dans un champ éloigné quand on considère l'état des routes. La majorité des participants était favorable à son intervention. Le transport pour eux constitue un obstacle sérieux à partir du moment où ils ne disposent pas de tracteur avec remorque.

Il en a été de même avec l'entretien de groupe organisé avec les personnes âgées. La question du transport s'est révélée un noeud. Cependant, des pistes de solution ont été abordées. Selon M. Nomel J-B., la question du transport ne peut faire reculer le projet EcoSan. Pour lui en effet, quand tu admets les avantages d'une action, tu ne peux te laisser distraire par quelques contraintes que ce soit. Ses propos ont été soutenus par les contraintes qu'induit l'exploitation de l'hévéa. « Au début de l'exploitation de l'hévéa culture, personne ici n'en voulait à cause de sa forte odeur de pourriture, aujourd'hui, tout le monde veut avoir une plantation d'hévéa et bénéficier de sa rente mensuelle estimée à 400.000F CFA, l'hectare en moyenne».

Au demeurant, la question du transport reste à résoudre et demande de la créativité, de l'initiative et du courage. Cette question même est exacerbée par la relative facilité qu'induisent les travaux relatifs à l'exploitation de l'hévéa culture.

III.1.5- L'INFLUENCE DE L'HEVEA CULTURE ET DE LA VILLE

L'introduction et l'exploitation de l'hévéa ont contribué pour beaucoup à la perturbation des valeurs relatives au travail agricole, à la désorganisation du modèle de consommation et des systèmes de valeur en général. L'hévéa en tant que culture d'exportation se présente comme un obstacle socioculturel. En fait, sa production ne tient qu'à la seule valeur économique qui en résulte. Suffise que les cours mondiaux dégringolent pour que les villageois l'abandonnent comme c'est le cas actuellement pour le café. A la différence des autres cultures d'exportation, les travaux qu'exige l'hévéa culture sont relativement plus faciles et plus rentables financièrement. Les populations qui bénéficient de cette « manne » perdent leur fougue d'antan qu'exigeaient les cultures vivrières et pas toujours rentables financièrement.

Cette considération à l'excès pour l'hévéa de la part de la communauté pose un réel problème à partir du moment où les rentabilités éventuelles que pourrait procurer une autre culture entre en comparaison directe avec celui de l'hévéa. Quand bien même que cette culture d'exportation améliore considérablement le revenu des ménages, il faut aussi souligner un risque de dérapage de la communauté qui a tendance à accorder une trop grande importance à l'argent au détriment d'actions d'intérêt général. Cette remarque a été perçue lors du focus group des jeunes. A la question de savoir s'ils pouvaient s'adonner à la culture du maraîcher, en coeur ils répondaient par l'affirmative, à condition que ces cultures leur permettent de gagner beaucoup d'argent. L'on peut déduire à partir de là, leur penchant prononcé pour l'argent.

La possession d'un revenu moyen par ménage qui dépasse les 150.000F CFA alors que vivant dans un milieu où les charges fixes sont moindres montre que la population dispose de ressources relativement satisfaisantes. C'est sans doute ce qui leur permet d'acheter les légumes et le vivrier (manioc, igname, riz...) alors qu'elle pouvait en produire.

« En fait, pourquoi souffrir pour faire du vivrier quand on sait qu'avec l'hévéa on a l'argent nécessaire pour se procurer du vivrier » ? Question pertinente posée par M. Mel R. lors d'une enquête informelle.

La communauté dans son ensemble est beaucoup influencée par ce qui se fait et se dit de la ville à tel enseigne que des échanges d'idées entre équipe EcoSan et ruraux s'imposent.

III.1.6- L'EXISTENCE DE COMITE DE GESTION DE L'HYGIENE

Mener à bien l'assainissement d'une localité exige un minimum d'organisation institutionnelle. C'est à ce titre que la présence des comités de gestion prend tout son sens. Savoir si le comité de gestion existe ou pas permettra de mieux appréhender l'état d'assainissement.

TABLEAU N°10 Répartition des enquêtés selon qu'ils connaissent l'existence d'un comité de gestion de l'assainissement.

Aux enquêtés, il leur a été demandé s'ils avaient connaissance de ce qu'il existât un comité de gestion de l'assainissement. Les réponses suivantes ont été notées :

Effectif

Réponses

V.A

V.R

Oui

12

26,08

Non

19

41,32

NSP

15

32,60

TOTAL

46

100

A la lecture du présent tableau, plus de 40% des enquêtés répondent par la négative. Pour cette frange de la population, il n'existe pas de comité de gestion pour l'assainissement. On note également un taux de plus de 30% des enquêtés qui ne savent pas s'il existe ou non un comité pareil. En réaction à ces allégations, on note un taux de plus de 25% de réponses affirmatives.

Ces différentes réponses permettent de comprendre deux choses. Premièrement, il n'existe pas de comité de gestion pour l'assainissement. Deuxièmement, il existe mais ne fonctionne pas correctement ou qu'il exerce de façon bénévole, ou encore qu'il ne fait pas partie des institutions du village et donc pas reconnu par tous.

Cela pose donc le problème de la légitimité des animateurs de cette structure.

Cependant, si l'on pousse la réflexion et si l'on fait corps avec la société Odzukru, l'on se rendra compte que la question d'assainissement se règle de façon ponctuelle par la chefferie et la génération qui a en charge l'exécution des tâches du village. Il n'existe donc pas de structure autonome qui gère cette question.

III.1.7- LA TAILLE DES MENAGES

Le nombre de personnes au sein d'un ménage peut constituer un avantage ou un frein dans la gestion de biens. Tout dépend donc de la manière de mettre à contribution ces différents individus.

Au cours de l'enquête, nous nous sommes rendu compte du fait que les tailles des ménages étaient relativement grandes. En effet, plus de 25% des ménages possèdent plus de dix membres. Ces nombres relativement élevés exercent une forte pression sur les ouvrages d'assainissement et particulièrement les latrines.

Les ménages dont le nombre de membres varie entre cinq et dix avoisinent les 30% tandis que les ménages de moins de cinq membres tournent autour de 45%.

A Petit Badien, la grande taille des ménages constitue un souci pour le chef de ménage. En fait, il ne trouve pas intéressant d'occuper son temps à apprendre aux enfants à utiliser la latrine et également d'ouvrir un débat avec les jeunes (garçon et fille) en vue de comprendre leurs attitudes et comportements. Sa

préoccupation majeure reste sa plantation (pour les hommes) et la production de l'attiéké (pour la femme).

III.2- LES FACTEURS LIMITANT DU PROJET ECOSAN III.2.1- LE FONCTIONNEMENT DU SYSTEME ECOSAN

Le système EcoSan fonctionne grâce à ces différentes composantes qui le constituent. Il s'agit de l'utilisation effective des latrines EcoSan par tous les membres du ménage, la collecte des excréta réalisée par l'équipe EcoSan locale commis à cet effet, et la réutilisation des excréta hygiénisés comme fertilisant. L'évaluation dudit système montre que les latrines EcoSan sont utilisées pour la plupart par les chefs de ménage et quelques membres du ménage qui partageraient des valeurs similaires de propreté. Sur les vingt six ménages possédant des latrines EcoSan, seulement huit ménages laissent les enfants de six à dix ans les utiliser. Ils évoquent deux faits. Le premier répond à un souci de protection de l'état de propreté des installations. En effet, pour ces chefs de ménage, les enfants utilisent mal ces latrines en déféquant n'importe comment. C'est ce que traduisent les propos de M. Assehou lorsqu'il affirme que « les enfants là « chient » partout sur le W.C et c'est moi encore qui doit nettoyer ».

Le second fait répond à un souci de sanction. En effet, les chefs de ménage gardent la clé de la latrine dans un endroit secret pour punir les plus jeunes qui ne font rien pour rendre la latrine propre. Ceux-ci sont donc obligés de se soulager dans la nature.

Un fait est intéressant à souligner, il s'agit de l'état de propreté des latrines. Sur vingt six latrines visitées, quinze sont dans un très bon état, huit dans un état acceptable et trois qui sont très sales.

Egalement, l'évaluation a permis de se rendre compte de la qualité de la collecte des excréta. Lorsque nous menions l'enquête, il se posait un problème d'indisponibilité du matériel de ramassage. En effet, une brouette était en panne, ce qui faisait que les bidurs de plusieurs ménages étaient remplis et attendaient d'être

ramassés. Cette situation est déplorable et peut avoir pour conséquence une reprise des vieilles habitudes de mictions sauvages.

Quant à la réutilisation des excréta dans les champs de paysans, on a pu, à travers l'enquête ménage et informelle, recenser quatre personnes. Sans formation, préalable ceux-ci ont expérimentés la fertilisation à l'urine et ont eu les résultats suivants. Parmi ceux-ci nous ne retiendrons que deux témoignages :

M. Assehou : « L'urine hygiénisée a chassé les termites de mon champ, ma récolte de champ d'igname était excellente et j'attends à ce que vous nous montriez ouvertement comment les applications doivent se faire ».

M. Atchori Y., il s'est confessé en ces termes, lorsqu'il a su que prendre de l'urine sans en avertir l'équipe EcoSan n'était pas assorti de sanctions « L'urine là est bon dèh ! Moi j'ai pris ça comme ça et j'ai mis dans mon champ. Où j'ai mis là, vraiment l'igname a bien donné ».

Avec ces résultats, l'on est fondé à dire que le projet EcoSan fonctionne assez bien même si elle connaît des difficultés certaines.

III.2.2- LES CONTRAINTES DE TEMPS DUES AU CHRONOGRAMME

DU PROJET

Comme tout projet, le facteur temps est très important. Il faudrait atteindre un certain nombre d'objectifs dans un laps de temps bien défini. Bien qu'intéressant, la contrainte de temps se heurte à un certain nombre de principes socio-anthropologiques qui exigent temps de familiarisation avec la communauté en question, compréhension de la nécessité du projet par ladite communauté et enfin, participation effective. Réunir ces trois principes en un temps relativement court n'est pas chose aisée et peut mettre en mal un projet de développement.

Lors de notre enquête, nous nous sommes rendu compte d'un certain nombre de difficultés. La première était relative aux choix des types de cuvette de défécation. En effet les ruraux se plaignent pour la plupart des cuvettes turques

(position accroupie), ils auraient préféré les cuvettes anglaises (assises). Les cuvettes turques sont difficiles pour eux parce que lorsqu'ils vont déféquer dans la lagune, ils adoptent une position mi-debout, mi-assis ce qui évite que la chute des fèces ne fasse rebondir l'eau sur leurs fesses. Ne pouvant adopter cette position pour les cuvettes turques, ils se résignent à poursuivre leurs anciennes habitudes. Pourquoi donc la méthode d'évaluation contingente n'a-t-elle pas été utilisée pour permettre aux populations de faire leur choix ?

La seconde difficulté est relative à la contrainte de temps qui n'a pas permis en son temps de rencontrer l'ensemble de la population de Petit Badien. Les jeunes notamment n'ont pas été suffisamment impliqués comme les personnes âgées. Cela s'est vérifié lors des entretiens de groupe que nous avons réalisé avec les jeunes. Sur douze jeunes hommes rencontrés, huit ne savent pas que les excréta hygiénisés peuvent permettre la sédentarisation sur un même espace agricole pendant plusieurs années, dix d'entre eux ne savent pas que le projet EcoSan peut accroître substantiellement les revenus et participer à la sécurité alimentaire du village. Tous ne connaissent que la possibilité de faire de l'engrais avec les excréta.

Voilà comment les contraintes de temps enrayent quelque peu le fonctionnement du projet EcoSan.

III.3- LA DYNAMIQUE DE L'APPROCHE ECOSAN

Il y a dynamique d'une approche quand il y a capacité à changer, à bouleverser des pratiques ou des pensées existantes.

Dans le cadre de cette étude, il s'agit des changements et des bouleversements que l'approche EcoSan suscite et génère au niveau du village de Petit Badien. En effet, l'approche EcoSan a entraîné des bouleversements au niveau de la cellule familiale, des changements de logique de pensée de certains jeunes dans le procès du travail et enfin, l'éveil de conscience des classes d'âges sur les questions relatives à l'hygiène, à l'assainissement et à la forte pression sur les terres arables.

III.3.1- LE BOULEVERSEMENT AU SEIN DE LA CELLULE FAMILIALE

Au cours de l'enquête de terrain, il a été observé un bouleversement de pratique au sein de certaines cellules familiales où des ouvrages EcoSan (latrine et bidur) ont été réalisés. En effet, les travaux d'entretien de ceux-ci ne reviennent plus exclusivement aux femmes et aux enfants. Les chefs de ménages (les hommes) aussi veillent à leur propreté. Ils vont même jusqu'à en contrôler l'accès et l'usage. D'ailleurs, il n'est pas rare de voir des hommes se munir d'un balaie et rendre propre l'enceinte de leurs latrines. Lorsqu'ils ne sont pas satisfaits de l'utilisation de leur latrine par une tierce (visiteur, enfants ou même femme), ils leur interdisent l'accès. Aux seules personnes jugées dignes, sont révélées le lieu où la clef est gardée.

Quant à la collecte des urines des vases utilisées à l'intérieur des maisons pendant la nuit, elle se fait indifféremment par la femme, l'homme ou les enfants. L'homme effectue souvent la collecte lorsqu'il a besoin d'urine pour la fertilisation de son champ. En effet, il le fait pour s'assurer que le transvasement du vase de nuit au bidur sera bien réalisé (c'est-à-dire que tout le contenu rentre bien dans le bidur), chose qui était impensable par le passé avant l'introduction de l'approche EcoSan.

Certaines femmes qui ont adopté l'approche, n'hésitent pas à réaliser des travaux d'étanchéité qui étaient du ressort de l'homme. C'est le cas de Mme Atchori membre de la génération Ndrouman qui à l'aide de matériaux de récupération, a renforcé l'étanchéité des fosses de sa latrine suite à une dégradation des plaques chauffantes causées par les termites et les intempéries. Sachant bien que le confort de sa latrine est fonction de l'imperméabilité de sa fosse et que la saison des pluies marquait son grand retour, elle s'est personnellement investie à le faire.

III.3.2- LE CHANGEMENT DE LOGIQUE DE PENSEE DANS LE PROCES DU TRAVAIL

En pays Odzukru, la qualité d'un homme se mesure principalement par sa capacité à se réaliser matériellement et financièrement ; d'où l'importance accordée au rite « d'Agbandzi » et l'admission d'une personne âgée en qualité « d'Ebeb ». Or en milieu rural, le moyen le plus sûr d'acquérir des biens matériels et financiers, c'est le travail de la terre. Les cultures les plus prisées sont donc celles qui permettent d'engranger rapidement beaucoup d'argent. Du palmier à huile qui attirait toutes les convoitises, on est passé à l'hévéaculture dont la tonne de caoutchouc se négocie actuellement autour de 400F CFA/Kg, avec des récoltes mensuelles. Dans pareille circonstance, posséder un champ d'hévéaculture force le respect et devient un signe hégémonique. Plus, un individu possède des superficies, plus il est respecté. Cette logique ancrée dans la pensée et la croyance communautaire, amène les jeunes ruraux à n'avoir d'yeux que pour l'hévéaculture. Cependant, disposer de terres arables pour créer de nouveaux champs devient impossible, tant la pression foncière est forte. Conséquence, les jeunes livrés à euxmêmes, demeurent longtemps sous tutelle parentale et se livrent bien souvent à des actes délictueux. Cette situation entraîne l'explosion des vols qui à leur tour, suscite des conflits de plus en plus importants entre les classes d'âge et tend même à freiner les initiatives de production.

Avec l'adoption de l'approche EcoSan par certains jeunes, il faut noter un changement de logique de pensée dans le procès du travail. D'abord, dans le choix des cultures d'exploitation et ensuite par la technique culturale.

Dès que le CREPA Côte d'Ivoire a entrepris de former les paysans à l'utilisation des excréta hygiénisés dans leur propre champ, des jeunes paysans au nombre de trois (3) ont décidé de faire du maraîchage et huit (8) autres, de fertiliser leur champ de vivrier constitué d'igname, de manioc et de banane plantain.

L'approche intégrée a stimulé les jeunes ruraux à s'orienter vers une nouvelle logique de pensée et de pratique culturale.

Les jeunes paysans formés dans le cadre du programme EcoSan adhèrent aux techniques de fertilisation ; pratique qui n'était justement pas ancrée dans leurs habitudes et pratiques culturales. Avec l'approche EcoSan, certains représentants des classes d'âge se rendent comptent de la nécessité de pratiquer une agriculture intensive axée sur le vivrier.

III.3.3- L'EVEIL DE CONSCIENCE DES CLASSES D'AGE

L'approche EcoSan développée dans le village de Petit Badien a concerné toutes les classes d'âge et a permis aux Nigbessi, Ndrouman, M'borman et Sêtê de prendre conscience des problèmes générés par leur modèle cultural, leur logique de production, leur mode de vie et leur cadre de vie.

Les enquêtes auprès de la population ont révélé une prise de conscience de la raréfaction des terres arables, de la rentabilité du vivrier en général et des légumes en particuliers. Cependant, cette prise de conscience ne stimule pas les classes d'âges à mener des actions concrètes. Cette léthargie peut s'expliquer dans un premier temps par le fait qu'une série d'activités génératrices de revenu comme la pêche et les travaux dans les champs d'hévéaculture s'offre aux villageois. Ces activités occupent quelque peu les jeunes et leur permet de disposer de quelques ressources financières. Dans un deuxième temps, la possibilité qui leur est offerte de rester jusqu'à un âge assez mâture (35ans) auprès de leur géniteur, couve leur esprit d'initiative et noie leur combativité. Ces deux situations permettent d'expliquer la taxation de « paresseux » qui est affublé aux jeunes hommes odzukru de Petit Badien.

Ce n'est pas peu dire que d'affirmer qu'il y a une prise de conscience, mais celle-ci demeure sous le boisseau.

III.4- L'IMPACT DU PROJET ECOSAN

III.4.1- LA COMPARAISON DES ENQUETES SUR L'ETAT SANITAIRE AVANT 2003 ET AUJOURD'HUI (2007-2008).

Nous avons entrepris de cerner l'impact du projet EcoSan en saisissant le regard d'hier et d'aujourd'hui des enquêtés. Leurs regards ont été exigés à trois niveaux. Sur le bord lagunaire, sur les alentours des maisons et sur les abords des routes à des différentes périodes.

Tableau n°11: Répartition des enquêtés selon l'état du bord lagunaire avant 2003 et aujourd'hui.

Année

Effectif

Etat du bord lagunaire

V.A

V.R

Avant 2003

Présence de fèces

17

36,95

Présence d'ordure ménagère

13

28,26

Odeur d'urine

05

10,86

Trop d'herbes

09

19,56

Propre

02

04,34

TOTAL

46

100

Auj ourd'hui

Présence de fèces

7

15,21

Présence d'ordure ménagère

10

21,73

Odeur d'urine

00

00

Trop d'herbes

11

23,93

Propre

18

39,13

TOTAL

46

100

A la lecture du tableau, il ressort qu'avant 2003, le bord lagunaire était largement pollué par les fèces avec un taux de plus de 36%, remarquent des enquêtés. Quant à la présence d'ordures ménagères, le taux avoisine les 30%. Seulement 4% des enquêtés trouvaient le bord lagunaire propre.

Aujourd'hui, la tendance semble s'inverser puisque l'on remarque que près de 40% de la population interrogée trouve le bord lagunaire propre. La présence des fèces a fortement diminué puisque l'on est passé de 36% avant 2003 à 15% aujourd'hui. Quant à la présence d'ordures ménagères, la tendance semble se maintenir puisque de 28% on passe à 21%. Cela s'explique par le fait que les

femmes qui habitent près de la lagune ne disposent pas d'espace pour déverser leurs ordures ménagères.

Le tableau indique que le projet EcoSan a sensiblement amélioré le bord lagunaire.

Tableau n°12: Répartition des enquêtés selon ce qu'ils pensent des alentours des maisons avant 2003 et aujourd'hui.

Année

Effectif Alentours des maisons

V.A

V.R

Avant 2003

Présence de fèces

09

19,56

Présence d'ordure ménagère

07

15,21

Odeur d'urine

19

41,33

Trop d'herbes

04

8,69

Propre

07

15,21

TOTAL

46

100

Aujourd'hui

Présence de fèces

06

13,04

Présence d'ordure ménagère

06

13,04

Odeur d'urine

00

00

Trop d'herbes

11

23,92

Propre

23

50

TOTAL

46

100

A la lecture du tableau, il ressort qu'avant 2003, les alentours des maisons puaient les odeurs d'urine. Ce constat est fait par plus de 40% des enquêtés. Quant à la présence de fèces et d'ordures ménagères cumulées, ce taux dépasse les 30%. Ces taux portent à croire que les alentours des maisons n'étaient pas épargnés par les mictions, les défécations et les dépôts d'ordures sauvages.

Aujourd'hui cependant, la situation s'est améliorée. En effet, 50% des enquêtés pensent que les alentours des maisons sont plus propres. Tous sont d'accord pour affirmer qu'il n'y a plus d'odeur d'urine aux alentours des maisons comme par le passé. Cela pourrait s'expliquer par les bidurs qui sont disposés aux alentours des maisons et par leur facilité d'utilisation.

Au regard des taux portés dans le tableau, il est juste de dire qu'aujourd'hui, l'assainissement des alentours des maisons s'améliore nettement.

Tableau n°13: Répartition des enquêtés selon ce qu'ils pensent des abords des routes avant 2003 et aujourd'hui.

Année

Effectif Abords des routes

V.A

V.R

Avant 2003

Présence de fèces

12

26,08

Présence d'ordure ménagère

15

32,60

Odeur d'urine

09

19,56

Trop d'herbes

09

19,56

Propre

01

02,17

TOTAL

46

100

Aujourd'hui

Présence de fèces

06

13,04

Présence d'ordure ménagère

04

08,69

Odeur d'urine

03

06,52

Trop d'herbes

11

23,93

Propre

22

47,82

TOTAL

46

100

Le tableau montre que les abords des routes étaient jonchés d'ordures et de fèces avec des taux respectifs de 32% et de 26%. Quant aux odeurs d'urine et à la présence d'herbes, ils atteignent chacun 19%. La quasi-totalité des enquêtés est d'accord pour affirmer que les abords des routes étaient impropres avant le lancement du projet EcoSan.

A la lecture des taux, l'on se rend compte qu'aujourd'hui, les abords des routes sont relativement plus propres comme l'indique les 47% des enquêtés. Seulement, l'on peut déplorer la présence d'herbe que relève 23% des enquêtés.

Par ailleurs, lorsque l'on appréhende de façon globale le bord lagunaire, les alentours des maisons et les abords des routes, l'on se rend compte que l'insalubrité a reculé. Les différents enquêtés l'ont affirmé à travers les taux représentés dans les trois tableaux ci-dessus.

III.4.2- L'AMELIORATION DU CADRE DE L'ECOLE ET DES CONNAISSANCES DES ENSEIGNANTS ET DES ELEVES SUR LES QUESTIONS D'ASSAINISSEMENT

Comme conséquence du projet, on peut citer l'amélioration des connaissances des enseignants et des élèves sur les questions d'assainissement. En effet, le projet a bâti sa stratégie de pérennisation en impliquant l'école primaire du village. L'objectif visé étant d'inculquer aux enfants de bonnes habitudes et de bons comportements. Ceux-ci étant malléables, il serait plus aisé de faire d'eux des acteurs exemplaires de la société. Plusieurs actions ont été menées à leur endroit. Il s'agit de la construction de deux blocs de trois cabines et d'une assistance technique et matérielle pour la réalisation d'un jardin scolaire. A côté de ces actions, il faut noter les formations théoriques et pratiques qui sont organisées en extra à l'attention des élèves des cours élémentaires et des cours moyens. Les enseignants ne demeurent pas en reste puisqu'ils bénéficient eux aussi de formations théoriques et pratiques. Toutes ces actions ont contribué à soutenir l'école dans ses activités de développement. A titre d'exemple, on peut citer l'amélioration de la production du jardin scolaire qui a permis de soutenir un tant soit peu la caisse de fonctionnement de la cantine scolaire pendant l'année 2007. Aussi, peut-on révéler l'amélioration du cadre de vie de l'école par la réduction du taux de défécation sauvage. Au cours d'une séance de formation théorique des élèves du cours moyen deuxième année dans le mois de juin derrière les salles de classe, on a pu enregistrer la réaction d'un des élèves : « avant, on ne pouvait même pas respirer l'air pendant les cours de l'après-midi, tellement les odeurs de pipi1 et de caca2 gênaient, aujourd'hui on est à l'aise ». Les propos de cet élève sont approuvés par l'instituteur de la classe du cours élémentaire première année, en l'occurrence M. Silué. « J'ai le plus souffert dans cette situation, c'est juste

1 Pipi : terme familier désignant l'urine

2 Caca : terme familier désignant la matière fécale.

derrière ma classe que les enfants et même les gens du village venaient se soulager, grâce aux latrines et bidurs, les choses vont beaucoup mieux ».

IV.4- LES RETOMBEES SOCIOECONOMIQUES ET L'APPROPRIATION REELLE DE L'APPROCHE ECOSAN IV.4.1- L'INTERET DES RURAUX ET LES RETOMBEES D'ECOSAN

Dans cette séquence, il a été demandé aux populations d'opérer des choix suivants les intérêts qu'ils portent pour les retombées ou les avantages du projet par ordre de priorité.

Tableau n°14 : Répartition des enquêtés selon l'intérêt qu'ils ont pour les retombées d'EcoSan

Effectif Retombées EcoSan

Possède latrine et
bidur

Possède bidur
uniquement

Possède ni
latrine ni bidur

TOTAL

V.A

V.R

V.A

V.R

V.A

V.R

V.A

V.R

1

Fertilisant

12

46,15

06

46,15

02

28,57

20

43,47

 

Sédentarisation sur les espaces (3 à 4 ans)

05

19,23

03

23,07

04

57,14

12

26,08

3

Disponibilité de denrée alimentaire

03

11,53

01

7,70

01

14,29

05

10,86

4

Coût moindre de construction des latrines

01

3,84

02

15,38

00

00

03

06,52

5

Amélioration de l'accès à la terre

03

11,53

00

00

00

00

03

06,52

6

Amélioration du cadre de vie

02

7,69

00

00

00

00

02

04,34

7

Meilleur état de santé

00

00

01

7,69

00

00

01

02,17

TOTAL

26

100

13

100

07

100

46

100

Au regard du tableau, l'on constate que les populations qui possèdent latrine et bidur et celles qui ne possèdent que des bidurs marquent un intérêt particulier pour les possibilités de fertilisation qu'offre le projet EcoSan à un taux de plus de 45%. Pour eux en effet, pouvoir utiliser les sous-produits EcoSan comme de l'engrais est la priorité parmi les sept retombées offertes. Vient ensuite la possibilité de sédentarisation sur les espaces culturales avec plus de 19% des deux

populations considérées. Cependant, l'on remarque que les variables : amélioration du cadre de vie et meilleur état de santé que peut procurer le projet EcoSan qui n'attire pas véritablement la population. Ils occupent respectivement la 6è et 7è place. Moins de 5% des populations les considèrent comme important.

Quant à la population qui ne possède ni latrine ni bidurs, elle classe les variables : sédentarisation sur les sols en priorité avec un taux de plus de 55%, tandis que les possibilités de fertilisation sont en deuxième position avec moins de 30%. Cette différenciation entre ces deux populations peut venir du fait qu'elles n'ont pas bénéficié des mêmes informations.

De l'ensemble du tableau, il ressort que les populations prises dans leur globalité ont un intérêt marqué pour les retombées socioéconomiques. Cela peut se justifier avec plus de 40% qui classent la fertilisation en première position, la sédentarisation sur les sols en deuxième position etc.et les retombées d'ordre socio sanitaire en sixième et septième position avec respectivement moins de 3% et 4% pour les variables : meilleur état de santé et amélioration du cadre de vie.

IV.4.2- LES RURAUX ET LEUR DISPOSITION A FERTILISER LEUR

CHAMP A L'URINE

Les techniques culturales adoptées et pratiquées par des populations peuvent constituer un point de blocage pour l'introduction de nouvelles techniques. C'est cette appréhension qui nous a amené à établir cette répartition.

Tableau n°15 : Répartition des enquêtés selon leur disposition à fertiliser leurs champs à l'urine.

Effectif

Réponses

Possède latrine
et bidur

Possède bidur
uniquement

Possède ni
latrine ni bidur

TOTAL

V.A

V.R

V.A

V.R

V.A

V.R

V.A

V.R

Oui

24

92,30

10

76,92

02

28,57

38

82,60

Non

02

07,70

03

23,08

05

71,43

08

17,40

TOTAL

26

100

13

100

07

100

46

100

Au regard du tableau, il ressort que la population qui possède latrine et bidur et celle qui ne possède que bidur sont fortement disposées à fertiliser leur champ à l'urine. On note un taux de plus de 90% pour la première population considérée et un taux de plus de 75% pour la seconde. Cependant, la troisième population, en l'occurrence celle qui ne possède ni latrine ni bidur semble ne pas être disposée à fertiliser leur champ à l'urine avec un taux de plus de 70%.

Cette forte propension à ne pas être disposée à fertiliser leur champ à l'urine peut provenir d'un sentiment de frustration. En effet, certains ménages se sentent oubliés et négligés par le projet EcoSan. Ils ne comprennent pas pourquoi est ce qu'ils n'ont pas été doté en bidur. A côté de cette explication, on peut aussi évoquer le fait qu'ils ne sont pas suffisamment informés des avantages et des enjeux.

IV.4.3- L'APPROCHE ECOSAN ET LA VISION DES RURAUX SUR LES

EXCRETA EN TANT QUE FERTILISANT

L'approche EcoSan intègre-t-elle la philosophie ou l'idéologie des ruraux ? En tant qu'approche, si elle est bien développée, elle doit nécessairement l'être. Lors des séances de focus group des patriarches, nous avons eu confirmation de la conceptualisation de l'assainissement écologique en langage Odzukru. En effet, il est rapporté au « lelougoun » c'est-à-dire dépotoirs familiaux. Ces dépotoirs sont situés à proximité de la brousse et jouxtent les habitations. Ils servent de lieux de

dépôt des ordures ménagères et des urines. Ils sont généralement utilisés par les ménages issus d'une ou de plusieurs familles qui en assurent l'entretien pour faciliter son accès lors des dépôts des ordures par les adolescents et aussi lors des défécations. La gestion des « lelougoun » relève de la responsabilité des femmes. Une des caractéristiques du « lelougoun » est qu'il est un lieu pratique de cultures agricoles, notamment la banane plantain, le taro, le piment, la tomate, l'aubergine...

A travers le « lelougoun », les ruraux comprennent et expliquent mieux l'approche EcoSan1. C'est d'ailleurs cette analogie qui favorise l'adoption de l'approche.

1 N'DA C., 2007. Op.Cit, p28.

CONCLUSION

L'étude que nous avons menée sur le sujet : « Obstacles socioculturels et dynamique de l'assainissement écologique en milieu rural : cas de Petit Badien S/P de Dabou », s'est déroulée dans de bonnes conditions. Elle nous a permis de confronter nos hypothèses de recherche à la réalité du terrain et de tirer des leçons.

En effet, Nous avons pu noter au cours de nos enquêtes que les vieilles habitudes et les comportements sont difficiles à modifier. Les changements enregistrés sont lents. C'est par exemple le cas de défécations sauvages persistantes d'enfants et d'adultes sur le bord lagunaire et dans la lagune. L'enquête a révélé que 80% des chefs de ménage n'autorisent pas les enfants à déféquer dans les latrines familiales, d'où un taux de 55% de cette population qui continue de déféquer sur les dépotoirs familiaux.

La majorité des enquêtés soutient que l'utilisation des ouvrages ne pose pas problème et cela à un taux de plus de 40%. Les seules difficultés sont d'ordre technique et sont relatives au type de cuvette concédée.

Manger les produits issus de la fertilisation à l'urine ou utiliser les excréta comme fertilisant ne constituent pas un souci lorsque l'on fait référence aux dépotoirs familiaux sur lesquels poussent des bananiers, tomates et autres qui sont habituellement consommés1. A l'unanimité, tous reconnaissent avoir déjà consommé des produits fertilisés en fèces et à l'urines2.

Les techniques culturales des ruraux de Petit Badien ne facilitent pas l'intégration de l'assainissement lorsque l'on oriente la communication sur les seuls aspects des valeurs fertilisantes des excréta (plus de 90% affirme ne pas fertiliser leur champ). Il faut surtout associer à ce résultat, la sédentarisation sur les

1 N'DA C., 2007, Op.Cit, p31

2 Enquête du 14 au 19 Avril 2008.

espaces agricoles et la sécurité alimentaire qui règlent un problème reconnu par plus de 90% de la population, à savoir la rareté des espaces agricoles et à la rareté des produits vivriers dus aux nombreux espaces qu'occupe l'hévéaculture.

De tout ce qui précède, il faut noter que notre première hypothèse a été vérifiée. L'appropriation réelle de l'assainissement écologique est bel et bien fonction des représentations, des comportements et des techniques culturales des ruraux.

Quant à la seconde hypothèse qui stipule que : seules les retombées socioéconomiques d'EcoSan peuvent véritablement et durablement permettre aux ruraux de s'intéresser aux activités d'assainissement, elle a été aussi vérifié. En effet, plus de 90% de la population de Petit Badien a un intérêt marqué par les retombées socioéconomiques produites par les retombées de l'approche EcoSan au détriment des aspects socio sanitaires. La priorité pour eux concerne l'obtention d'un engrais bon marché dont les prix ont aujourd'hui quasiment doublé (le sac de 25 kg est passé de 15000 F à 32000 F CFA) et la possibilité de sédentarisation sur les sols qui permet de régler en partie les questions d'accès à la terre. En plus de ce qui précède, la quasi-totalité des enquêtés s'est dite prête à utiliser les excréta comme fertilisant si les résultats escomptés étaient rentables économiquement. A partir des discours des uns et des autres et des observations, il est juste d'affirmer que la valeur économique tient une place importante dans les sociétés rurales. Les plantations de palmier à huile n'ont-elles pas été délaissées au profit des plantations d'hévéaculture quand bien même que celles-ci constituaient la base de leur alimentation (populations Odzukru) ? Détenir une plantation d'hévéaculture aujourd'hui est signe de puissance car celui-ci permet de gagner beaucoup d'argent (400 000 FCFA/tonne). La plante d'hévéa étant devenue le « arikç » c'est-à-dire l'arbre de la guerre en pays Odzukru.

Au regard des résultats, nous pouvons affirmer que les objectifs de l'étude ont été atteints et que l'assainissement écologique en milieu rural est une approche

viable qui peut impulser une dynamique d'amélioration du cadre de vie, de la santé et de la production agricole. Mieux il peut durablement favoriser un développement global et intégré.

Cependant, il faut tenir compte de variables telles que les représentations, les comportements, les habitudes culturales et les retombées économiques.

Au terme de notre étude, nous apprenons que l'assainissement associé aux réalités des populations, à leur vie quotidienne et aux valeurs qu'ils défendent et recherchent peut durablement être intégré. Cette approche met en cause l'approche classique qui utilise comme seul vecteur de communication, le cadre sanitaire qui n'est pas directement perçu par les populations défavorisées quand ceux-ci ne sont pas dans une situation critique de santé (cas d'épidémie par exemple).

Les nouvelles perspectives qu'ouvre l'assainissement écologique, sont une voie à explorer et à approfondir afin de pouvoir agir de façon efficiente dans le milieu rural.

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DICTIONNAIRE HACHETTE ENCYCLOPEDIQUE, 2006. 1481p.

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE II

AVANT-PROPOS III

REMERCIEMENTS IV

SIGLES ET ABBREVIATIONS VI

LISTE DES TABLEAUX VIII

LISTE DES PHOTOGRAPHIES IX

INTRODUCTION 10

I.1- LA JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET 13

I.2- LA DELIMITATION DU CHAMP 14

I.2.1- LE CHAMP GEOGRAPHIQUE 14

I.2.2- LE CHAMP SOCIOLOGIQUE 15

I.3- LA REVUE DE LA LITTERATURE 17

I.3.1- Les paradigmes environnementalistes 17

I.3.2- LA PROBLEMATIQUE DE L'ASSAINISSEMENT 20

I.4- LA PROBLEMATIQUE 23

I.5- LES HYPOTHESES 28

I.6- LES OBJECTIFS 28

I.6.1- L'OBJECTIF GENERAL 28

I.6.2- LES OBJECTIFS SPECIFIQUES 28

I.7- LA DEFINITION DES CONCEPTS 29

I. 8- LA METHODE ET LES TECHNIQUES D'ENQUETE 34

I.8.1- LA METHODE D'ANALYSE 34

I.8.2- LES TECHNIQUES DE COLLECTE DE DONNEES 35

I.8.2.1- LA RECHERCHE DOCUMENTAIRE 35

I.8.2.2- L'OBSERVATION DIRECTE 36

I.8.2.3- LA PRE ENQUETE 36

I.8.2.4- L'ECHANTILLONNAGE 37

I.8.2.5- LES ENTRETIENS 40

I.8.2.5.1- L'entretien par questionnaire 40

I.8.2.5.2- Les entretiens semi-directifs 42

I.8.2.5.2.1- L'entretien individuel 42

I.8.2.5.2.2- Le focus group ou (l'entretien de groupe) 43

I.8.2.6- LE DEPOUILLEMENT 44

I.9- LES DIFFICULTES RENCONTREES 44

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DE PETIT BADIEN, DU CREPA ET DU PROJET ECOSAN 46

II.1- LA PRESENTATION DE PETIT BADIEN 47

II.1.1- LA PRESENTATION GEOGRAPHIQUE ET DEMOGRAPHIQUE 47

II.1.2- L'HISTORIQUE ET LE PEUPLEMENT DE PETIT BADIEN 48

II.1.3- L'ORGANISATION SOCIOPOLITIQUE 49

II.1.3.1- LA HIERARCHIE DU VILLAGE 49

II.1.3.2- DE LA DESIGNATION DE LA CHEFFERIE TRADITIONNELLE 49

II.1.3.2.1- Le chef du village 49

II.1.3.2.2- Les notables 49

II.1.3.3- LE STATUT ET LES FONCTIONS DE LA CHEFFERIE TRADITIONNELLE 50

II.1.3.3.1- Le chef du village 50

II.1.3.3.2- Les notables 50

II.1.3.4- LE SYSTEME DE CLASSE D'AGE 50

II.1.3.4.1- Le concept de classe d'âge 50

II.1.3.4.2- Le mode de recrutement 51

II.1.3.4.3- Le mode de fonctionnement 51

II.1.3.4.4- Les fonctions des classes d'âge 52

II.1.3.3- LES ACTIVITES ECONOMIQUES 52

II.1.3.4- LES ACTIVITES SOCIOCULTURELLES 53

II.1.3.5- LES INFRASTRUCTURES SOCIOECONOMIQUES 54

II.2- LA PRESENTATION DU CREPA 55

II.2.1- LA PRESENTATION DU RESEAU CREPA 55

II.2.2- LA PRESENTATION DU CREPA COTE D'IVOIRE 55

II.2.2.1- QU'EST CE QUE LE CREPA-CI 55

II.2.2.2- L'OBJECTIF DU CREPA-CI 56

II.2.2.3- LA MISSION DU CREPA-CI 56

II.2.2.4- LES STRATEGIES D'INTERVENTION 56

II.2.2.4.1- La formation 57

II.2.2.4.2- L'information et la documentation 57

II.2.2.4.3- La recherche, l'accompagnement et l'étude 57

II.2.2.4.4- L'Expertise, le Conseil et l'Appui 58

II.2.2.5- L'ORGANISATION DU CREPA-CI 58

II.2.2.6- LE PERSONNEL 59

II.2.2.7- L'EXPERIENCE DU CREPA-CI 59

II.2.2.8- LES PARTENAIRES 60

II.2.2.8.1- Les institutions partenaires 60

II.2.2.8.2- Le financement 61

II.2.2.9- LES PROJETS EN COURS 61

II.3- LA PRESENTATION DU PROJET ECOSAN 62

II.3.1- QU'EST CE QUE LE PROJET ECOSAN ? 62

II.3.1.1- LA PRESENTATION DES EQUIPEMENTS ECOSAN 62

II.3.1.1.1- Le bidur 62

II.3.1.1.2- La latrine EcoSan 62

II.3.1.2- L'OBJECTIF DU PROJET ECOSAN 64

II.3.1.3- Le PRINCIPE DU PROJET ECOSAN 64

II.3.1.4- LA STRATEGIE D'ACTION 65

II.3.1.5- LA GESTION DU PROJET 65

II.3.1.6- L'EQUIPE LOCAL D'ECOSAN 66

II.3.1.6.1- Le personnel 66

II.3.1.6.2- Les rôles et le fonctionnement 66

II.3.1.6.3- La rémunération 66

II.3.1.7- LES ACTIVITES 66

II.3.1.7.1- Les réunions de l'équipe EcoSan 66

II.3.1.7.2- L'acquisition de matériels et les équipements divers 67

II.3.1.8- LES DIFFICULTES 67

TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES DONNEES RECUEILLIES 68

III.1- LES OBSTACLES SOCIOCULTURELS QUI FREINENT LA DYNAMIQUE D'ECOSAN 69

III.1.1- LES DIFFICULTES RELATIVES A L'UTILISATION DES LATRINES ECOSAN 69

III.1.2- LES DIFFICULTES DE GESTION DES OUVRAGES ECOSAN 70

III.1.3- LA PERSISTANCE DES « MAUVAISES » HABITUDES 71

III.1.4- LE TRANSPORT DES EXCRETA 73

III.1.5- L'INFLUENCE DE L'HEVEA CULTURE ET DE LA VILLE 74

III.1.6- L'EXISTENCE DE COMITE DE GESTION DE L'HYGIENE 75

III.1.7- LA TAILLE DES MENAGES 76

III.2- LES FACTEURS LIMITANT DU PROJET ECOSAN 77

III.2.1- LE FONCTIONNEMENT DU SYSTEME ECOSAN 77

III.2.2- LES CONTRAINTES DE TEMPS DUES AU CHRONOGRAMME DU PROJET 78

III.3- LA DYNAMIQUE DE L'APPROCHE ECOSAN 79

III.3.1- LE Bouleversement au sein de la cellule familiale 80

III.3.2- LE CHANGEMENT DE LOGIQUE DE PENSEE DANS LE PROCES DU TRAVAIL 81

III.3.3- L'EVEIL DE CONSCIENCE DES CLASSES D'AGE 82

III.4- L'IMPACT DU PROJET ECOSAN 83

III.4.1- LA COMPARAISON DES ENQUETES SUR L'ETAT SANITAIRE AVANT 2003 ET AUJOURD'HUI

(2007-2008). 83
III.4.2- l'AMELIORATION DU CADRE DE L'ECOLE ET DES CONNAISSANCES DES ENSEIGNANTS ET

DES ELEVES SUR LES QUESTIONS D'ASSAINISSEMENT 86

IV.4- LES RETOMBEES SOCIOECONOMIQUES ET L'APPROPRIATION REELLE DE L'APPROCHE ECOSAN 87

IV.4.1- L'INTERET DES RURAUX ET LES RETOMBEES D'ECOSAN 87

IV.4.2- LES RURAUX ET LEUR DISPOSITION A FERTILISER LEUR CHAMP A L'URINE 88

IV.4.3- L'APPROCHE ECOSAN ET LA VISION DES RURAUX SUR LES EXCRETA EN TANT QUE FERTILISANT 89

CONCLUSION 91

BIBLIOGRAPHIE 94

II- OUVRAGES DE METHODOLOGIE 94

TABLE DES MATIERES 99

ANNEXES

ANNEXES






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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard