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Anthropologie de la violence chez Hegel

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par Mory THIAM
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2008
  

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CONCLUSION

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Traiter de la dimension anthropologique de la violence s'avère une entreprise délicate dans le contexte géopolitique actuel. En effet, il s'agit d'une démarche originale qui pose une question presque inédite par rapport à l'orientation qui est parfois donnée à la question de la violence. L'originalité d'une telle perspective réside d'abord dans le fait qu'elle ne part pas d'une hypothèse négativiste de la violence. Mais, en réalité, ce qui la rend délicate c'est qu'une telle perspective nous conduit à reconnaître que la violence est fondatrice de notre humanité, et qu'elle joue un rôle important, non seulement dans le processus d'affirmation du sujet individuel, mais aussi dans l'évolution de l'histoire universelle.

C'est justement une telle importance de la violence que Hegel tente de mettre à nue dans son système philosophique, en élaborant une démarche qui est fondée sur la nécessité du conflit dans les rapports interindividuels, et aussi interétatiques. Ces rapports conflictuels se manifestent d'abord dans le processus phénoménologique qui met en scène le sujet individuel dans son déploiement, du stade de la conscience immédiate à celui de l'Esprit Absolu.

La première forme de violence met aux prises le sujet et la nature qu'il est tenu de nier pour se départir de son immédiateté, qui n'est que la manifestation de son inadéquation avec son propre concept. Le moi passe ainsi à un second stade où il entre en rapport de conflit avec d'autres sujets qui sont comme lui en quête de reconnaissance. Cette lutte est le passage obligé pour atteindre la réalisation du moi comme Esprit Absolu ; réalisation qui ne sera effective que par une synthèse avec l'absolu qui devra du coup renoncer à son infinité première, qui n'est qu'une infinité immédiate, se rendre fini pour ainsi se réconcilier avec le fini qui est une de ses modalités. On le voit donc, avec Hegel, la violence n'épargne aucun sujet, même le sujet divin, qui est souvent présenté comme le symbole même du calme et de la stabilité, doit s'y soumettre, en acceptant de subir la grande contradiction de l'histoire, car c'est là que réside la condition de son effectivité.

C'est cette même nécessité de l'exercice de la violence qui va accompagner toute la marche de l'histoire universelle. En fait, avec Hegel, le passage de témoin entre le sujet individuel et le sujet étatique se produit du moment où l'Etat est, en réalité, en tant que totalité qui engloutit tous les individus particuliers, le véritable acteur de l'histoire universelle. Du coup, nous retrouvons le même type de rapports entre les sujets, à savoir le conflit, dans la politique internationale. Avec Hegel, la guerre acquiert un statut philosophique sans précédent dans l'histoire de la pensée politique, puisque, pour lui c'est l'une des voies les plus efficaces qu'un Etat qui aspire à la reconnaissance de sa souveraineté puisse emprunter.

Nous voyons donc que, loin d'être un fait contingent, l'exercice de la violence relève, pour Hegel, d'une nécessité dans l'affirmation de la réalité humaine dans toute sa valeur et son authenticité. C'est cela qui forge sa supériorité sur les autres êtres, puisque c'est par la violence qu'il se départit de son immédiateté et donc de son animalité. L'homme peut, à la limite, être défini, si nous suivons Hegel jusqu'au bout de sa logique, comme un animal violent. La conséquence majeure qui découle d'une telle position, c'est que toute tentative d'éradiquer la violence serait non seulement en contradiction avec la volonté du progrès de l'homme, mais également vouée à l'échec. Ceci se justifie par le fait que, chez Hegel, l'histoire de l'humanité qui est une longue quête de la liberté, et cette quête se fait à travers la violence. Par conséquent, la violence est appelée à cesser si l'Esprit universelle atteint son objectif qui est la réalisation du principe de liberté universelle.

Il est vrai que la perspective anthropologique adoptée dans ce travail ne se fonde pas sur des considérations éthiques, mais il faut dire qu'elle ne ferme pas la porte a une prise en charge au plan éthique puisqu'elle en est le préalable. Ce sont les conclusions de la perspective anthropologique qui doivent servir de prémisses à l'orientation éthique. Si une prise en charge au plan éthique de la violence s'est toujours orientée vers un effort de l'éradiquer, les conclusions d'une prise en charge dans la perspective anthropologique nous montrent qu'en réalité, la seule orientation pertinente qui devrait sous-tendre la perspective éthique, c'est celle qui tenterait de répondre à la question suivante : « comment faire un bon usage de la violence ? ».

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Mais il faut reconnaître qu'une telle question laisse apparaître l'idée que la violence n'est pas toujours au service d'une cause juste, c'est-à-dire qu'elle peut faire l'objet d'une mauvaise utilisation, et n'avoir pour autre fin que la destruction. Hegel lui même en est bien conscient puisqu'il ne cautionne pas toutes les formes d'expression de la violence. La violence n'est synonyme de progrès que lorsqu'elle est au service de la marche de l'histoire universelle. Le fait que l'humanité ne puisse pas toujours faire un bon usage de la violence peut certainement trouver son explication dans le fait qu'il soit un être fini et donc imparfait.

Ces deux dimensions contradictoires de la violence manifestent donc la nature finie et corrompue de la réalité humaine. Il ressort de là que la violence constructive et celle destructive sont appelées à cohabiter éternellement. La conclusion à laquelle nous a conduit notre recherche sera certainement qualifiée de pessimiste, mais il faut dire qu'elle est plutôt réaliste puisqu'elle est le résultat d'une anthropologie qui s'est voulu, « une anthropologie sans complaisance ».

I OUVRAGES DE HEGEL

HEGEL G. W. F. Leçons sur la philosophie de l'histoire. Trad. Jean Gibelin. Paris. Vrin. 1970. 349 pages.

HEGEL, G. W. F. << La constitution d'Allemagne ». Trad. Michel Jacob. In : Ecrits politiques. Paris. Champs libres. 1977. pp.10-181.

HEGEL, G. W. F. Correspondances. T 1 Trad. Jean Carrère. Paris. Gallimard. 1962. 439 pages.

HEGEL, G. W. F. La philosophie de l'esprit de la realphilosophie. Trad. Guy PlantyBonjour. Paris. PUF. 1982. 138 pages.

HEGEL, G. W. F. Leçons sur la philosophie de la religion. Première partie : << Notion de la religion ». Trad. Jean Gibelin. Paris. Vrin. 1971. 262 pages.

HEGEL, G. W. F. Phénoménologie de l'esprit T1. Trad. Jean Hyppolite. Paris. Aubier Montaigne. 1937. 358 Pages.

HEGEL, G. W. F. Phénoménologie de l'esprit T2. Trad. Jean Hyppolite. Paris. Aubier Montaigne. 1941. 357 Pages.

86

HEGEL, G. W. F. Précis de l'encyclopédie des sciences philosophiques. Trad. Jean Gibelin. Paris. Vrin. 1970. 320 pages.

HEGEL, G. W. F. Principes de la philosophie du droit. Traduit de l'Allemand par André Kaan et préfacé par Jean Hyppolite. Paris. Gallimard. 1940. 347 pages.

HEGEL, G. W. F. La raison dans l'histoire. Trad. et notes Kostas Papaioannou. Paris bibliothèque 10/18. 2006. 312 pages.

HEGEL, G.W.F. Leçons sur la philosophie de la religion, Troisième partie : « la religion accomplie ». Trad. Pierre Garniron. Paris. PUF. 2004. 298pages.

II COMMENTAIRES SUR HEGEL

BRUAIRE, C. Logique et religion chrétienne dans la philosophie de Hegel. Thèse complémentaire pour le doctorat ès Lettres présenté à la Faculté des Lettres et sciences Humaines de l'université de Paris. Paris. Seuil. 1964. 185 pages.

D'HONT, J. Hegel. Paris. PUF. 1975. 120 Pages.

D'HONT, J. Hegel, philosophe de l'histoire universelle. Paris. PUF 1966. 486 pages.

GARAUDY, R. Dieu est mort. Etude sur Hegel. Paris. PUF. 1970. 434 pages.

HYPPOLITE, J. Genèse et structure de la phénoménologie de l'esprit. Paris. Aubier Montaigne. 1974. 592 pages.

HYPPOLITE, J. Introduction à la philosophie de l'histoire de Hegel. Paris. Seuil. 1983. 124 pages.

HYPPOLITE, J. Etudes sur Marx et Hegel. Paris. Marcel Rivière. 1955. 204 pages

KOJEVE, A. Introduction à la lecture de Hegel. Paris. Gallimard. 1947. 597 pages.

PAPAIOANNOU, K. << La rose et la croix du présent. Notes sur les fondements de la politique hégélienne ». In : Hegel. Ecrits politiques. Paris. Champs libres. 1977. pp 397-422.

FUKUYAMA, F. << Le début de l'histoire » in : Le Magazine Littéraire N° 293 Novembre 1991, << HEGEL : La phénoménologie de l'esprit », pp 36-38.

III OUVRAGES GENERAUX

ARON, R. Paix et guerre entre les nations. Paris. Calmann-Lévy. 2004. 794 pages.

BEAUVOIR, S. (de). Pour une morale de l'ambiguïté sui vi de Pyrrhus et Cinéas. Paris. Gallimard. 2008. 316 pages.

DASTUR, F. La mort. Essais sur la finitude. Paris. Hatier. 1982. 80 pages.

DESCARTES, R. Discours de la méthode. Etablis par François Guery. Paris. Hachette. 1997. 127 pages.

ENGELS, F. Le rôle de la violence dans l'histoire. Paris. Editions Sociales. 1971. 121 pages.

88

FAYE, J. P. « Paix et Guerre >> in : Christian Delacampagne et Robert Maggiori (eds.) Philosopher 2. Paris. Fayard. 2000. pp. 371-390

HACKER, F. Agression/Violence dans le monde contemporain. Paris. Calmann- Levy. 1972. 352 pages.

HOBBES, Th. Eléments de la loi naturelle et politique. Trad. Dominique weber. Paris. Livre de poche. 2003. 387 pages.

HOBBES, Th. Léviathan. Traité de la matière de la forme et du pouvoir de la république ecclésiastique et civile. Trad. François Tricaud. Paris. Sirey. 1971. 780 pages.

KANT, E. Logique trad. Guillermit. Paris. Vrin. 1970. 206 pages.

KANT, E. Anthropologie au point de vue pragmatique. Trad. Alain Renaut. Paris. Flammarion. 1993. 341 pages.

KANT, E. « Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique >>. In : La philosophie de l'histoire (opuscules) Trad. Stéphane Piobetta. Paris. Montaigne. 1947. pp 26- 45.

KANT, E. Vers la paix perpétuelle. Trad. Eric Blondel ; jean Greische, olé Hansen-love, Theo lydenbach avec une analyse de Michael foessel. Paris. Hatier. 2001. 176 pages.

LEVINAS, E. Humanité de l'autre homme. Paris. Fata Morgana. 1972. 122 pages.

MACHIAVEL, N. Le prince. Trad. Yves Levy. Paris Flammarion. 1980.219 pages.

MALVERNE, L. Signification de l'homme. Paris. PUF. 1960. 94 Pages.

MARX, K. et ENGELS, F. Idéologie allemande. Ière partie. Trad. René Cartelle et Gilbert Badia. Paris éd. Sociales. 1972. 150 pages.

MULLER, J. M. Stratégie de l'action non-violente. Paris. Fayard. 1972. 267 pages.

NIETZSCHE, F. Ainsi parlait Zarathoustra. Trad. Maurice de Gandillac. Paris. Gallimard. 1971. 507 pages.

NIETZSCHE, F. Par delà le bien et le Mal. Prélude d'une philosophie de l'avenir. Trad. Henry Albert. Paris. Mercure de France. 1963. 266 pages.

ROUSSEAU, J. J. Le contrat social. Extraits. Paris. Larousse. 1995. 160 pages.

ROUSSEAU, J. J. Discours sur l'origine et le fondement de l'inégalité parmi les hommes suivi d'Essais sur l'origine des langues. Paris. Larousse. 1972. 160 pages.

SCHELLING, Th. C. Stratégie du conflit. Trad. Raymond Manicacci. Paris. PUF. 1986. 312 pages.

SOREL, G. Réflexions sur la violence. Paris. Marcel Rivière. 1950.458 pages. VASTO, L. (del). Technique de la non-violence. Paris. Denoël. 1971. 283 pages.

IV AUTRES SOURCES :

La Bible.

90

MATIERES

 

Pages

Dédicaces

2

Remerciements

3

Introduction

..5

PREMIERE PARTIE : Le sujet Humain comme sujet de violence

.11

CHAPITRE I : La révolte du sujet contre la nature

14

CHAPITRE II : La lutte pour la reconnaissance

24

CHAPITRE III : La dialectique de l'humain et du divin

37

DEUXIEME PARTIE : L'histoire universelle ou le règne de la terreur

47

CHAPITRE I : La guerre comme forme de lutte pour la reconnaissance

49

CHAPITRE II : Le drame de l'histoire universelle et le rôle des Grands hommes

60

CHAPITRE III : De l'utopie d'une histoire universelle sans violence

71

Conclusion

81

Bibliographie

.. 85

Table des Matières

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"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King