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Les déterminants de l'adoption de l'internet à  domicile

( Télécharger le fichier original )
par Alfred Jacquy Moubep
Université de Douala Cameroun - D.E.A 2008
  

Disponible en mode multipage

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Republic of Cameroon
Peace - Work - Fatherland

République du Cameroun
Paix - Travail - Patrie

Faculté des Sciences Economiques
et de Gestion Appliquée
(FSEGA)

Faculty of Economics and
Applied Management

Mémoire rédigé en vue de l'obtention du
Diplôme d'Études Approfondies
(D.E.A)
Option : Economie Industrielle

LES DETERMINANTS DE L'ADOPTION DE

L'INTERNET A DOMICILE

Rédigé et Soutenu par :

MOUBEP Alfred
Maîtrise en économétrie

Sous la Direction de :

Dr. Bertrand TAMOKWE
Chargé de cours

Sous la supervision de :

Pr. Blaise MUKOKO
Maître de Conférences

Année Académique 2008 - 2009

A MA FAMILLE

REMERCIEMENTS

L'ampleur de la tâche qui m'incombe impose des efforts que seul, je n'aurais pu tenir. C'est la raison pour laquelle, je ne cesserais de remercier ceux qui de près ou de loin, moralement ou financièrement m'ont soutenu. Ainsi donc, je tiens particulièrement à témoigner toute ma gratitude à :

> Au Professeur Blaise MUKOKO et au Professeur Bruno BEKOLO EBE, pour les enseignements qu'ils nous ont transmis depuis le niveau un jusqu'à ce jour.

> Au Docteur d'Etat Georges Dieudonné MBONDO et au Docteur Bertrand TAMOKWE, pour la formation qu'ils nous ont donnée mais surtout pour l'encadrement de ce dernier sans lequel ce travail ne pouvait aboutir promptement.

> Monsieur JAZET et Monsieur TCHIEUZING, pour le travail qu'ils ont fourni

pour nous, les multiples conseils et les encouragements qu'ils nous ont donnés.
> La Famille NWAL et La Famille MOUGNOL, pour leur soutien moral et

financier.

> Mon ami Nogo, pour tout ce qu'il fait pour moi.

> Mes Camarades de promotion pour l'ambiance qui régnait parmi nous.

RESUME

Quels sont les facteurs qui favorisent ou au contraire qui freinent l'adoption de l'Internet à domicile ? Afin de répondre à cette question, des recherches se sont multipliées ces dernières années tant en Europe qu'en Afrique. La présente étude propose une modélisation économétrique des choix d'adoption de l'Internet dans les ménages camerounais, à partir des données provenant de l'enquête sur les usages des TIC par les citoyens et les ménages camerounais, enquête menée par l'Université de Douala durant le mois de juin 2008. Les résultats obtenus mettent en évidence l'importance du facteur niveau d'étude, mais aussi le rôle des équipements TIC des ménages. En effet, la probabilité d'adopter Internet est plus grande lorsque le ménage est technophile.

Mots clés : Adoption de l'Internet à domicile, probabilité d'adopter Internet dans les ménages, modèle de choix discrets.

ABSTRACT

What are the factors that stimulate or that inhibit the adoption of the Internet at home? To answer this question, research has increased in recent years both in Europe and Africa. This study proposes an econometric model of choice for the adoption of the Internet in households in Cameroon, using data from the survey on ICT use by citizens and households in Cameroon, survey conducted by the University of Douala during the month of June 2008. The results highlight the importance of the factor level of study, but also the role of ICT equipment household. Indeed, the probability of adopting Internet is greater when the household is techie.

Keywords: Adoption of the Internet at home, likely to adopt Internet in households, discrete choice model.

ABREVIATIONS ET SIGLES

ADSL : Asymmetrical Digital Subcriber Line ; technologie d'accès à Internet à haut débit

(large bande)

CAMTEL: Cameroon Telecommunications

CAMNET: Cameroon Network

CSP : Catégorie socioprofessionnelle

DVD : Digital Video Disk

FAI : Fournisseur d'Accès Internet

IUT: International Union of Telecommunications

IP : Internet Protocol

MINPOSTEL : Ministère des Postes et Télécommunications

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques PC : Personnal Computer (ordinateur fixe)

PED : Pays en Développement

RTPC : Réseau de Télécommunication Public Commuté

TIC : Technologies de l'Information et de la Communication

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Adoption de l'Internet à domicile suivant le sexe du chef de ménage 46

Tableau 2 : Adoption de l'Internet à domicile suivant l'âge du chef de ménage 47

Tableau 3 : Adoption de l'Internet à domicile suivant le niveau d'étude du chef de ménage....48

Tableau 4 : Adoption de l'Internet à domicile suivant la CSP du chef de ménage 49

Tableau 5 : L'effet des enfants sur l'adoption de l'Internet à domicile ..51

Tableau 6 : Adoption de l'Internet à domicile suivant le revenu mensuel du ménage .....51

Tableau 7 : la possession d'un abonnement pour chaînes par câble et l'adoption

de l'Internet à domicile ..... . 52
Tableau 8 :
la possession d'un lecteur CD/DVD et l'adoption de l'Internet à

domicile 53

Tableau 9 : la possession d'un lecteur mp3 et l'adoption de l'Internet à domicile 53

Tableau 10 : la possession d'un téléphone fixe et l'adoption de l'Internet à domicile ...54

Tableau 11 : la possession d'un appareil photo numérique et l'adoption de

l'Internet à domicile 54

Tableau 12 : la possession d'un caméscope/caméra vidéo et l'adoption de

l'Internet à domicile .....55

Tableau 13: Résultats de la régression du modèle Probit binomial . 59

Tableau 14 : Effets marginaux de la régression du modèle Probit binomial ..60

Tableau 15 : Prédiction du modèle 64

Tableau 16 : Test d'adéquation de Hosmer-Lemeshow .65

Tableau 17 : Résultats de l'estimation .75

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique 1 : Fracture numérique et courbe en S dans l'approche classique 24

Graphique 2 : Proportion d'adoptants d'Internet selon l'âge 47

Graphique 3 : Proportion d'adoptants d'Internet selon le niveau

d'étude de l'individu 49

Graphique 4 : Proportion d'adoptants d'Internet selon la CSP 50

9

SOMMAIRE

Pages

INTRODUCTION GENERALE 11

PREMIERE PARTIE : ANALYSE DES CONCEPTS 16

CHAPITRE I : LA FRACTURE NUMERIQUE 18

Section I : Généra lités.................................................................................... 18

Section II : La fracture numérique a la lumière des théories de

diffusion et d,appropriation des innovations 2 3

CHAPITRE II : ADOPTION DE L'INTERNET A DOMICILE 28

Section I: Revue de la littérature sur les déterminants de l,adoption

del,Internet au foyer......................................................................................... 29

Section II: Adoption de l,Internet au Cameroun.............. ............................... 32

DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE ET FACTEURS

EXPLICATIFS DE L'ADOPTION DE L'INTERNET 38

CHAPITRE III : METHODOLOGIE ET ANALYSE DESCRIPTIVE

DES DONNEES 40

Section I : Approche méthodo logique 40

Section II: Analyse exp loratoire des données 44
CHAPITRE IV : FACTEURS EXPLICATIFS DE L'ADOPTION DE

L'INTERNET DANS LES MENAGES 56

Section I : Estimation du modè le 56

Section II: Impacts des variables exp licatives sur l,adoption de

10

l,~nternet a domicile 58

CONCLUSION GENERALE 67

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 69

TABLE DES MATIERES 71

ANNEXE 75

INTRODUCTION GENERALE

Lancées à partir du milieu des années soixante dix, les Technologies de l'Information et de la Télécommunication (TIC) ont connu un essor mondial particulièrement rapide. Fondamentalement, ce sont des outils de maniement de l'information, c'est-à-dire un ensemble varié de produits, d'applications et de services qui sont utilisés pour produire, stocker, traiter, distribuer et échanger l'information.

Les TIC ont connu un essor dans les domaines les plus divers de la société, ce qui a notamment amené certains à prédire l'avènement d'une «nouvelle économie», une économie non pas soumise comme jusqu'ici à des fluctuations conjoncturelles, mais marquée par une croissance continue (OFS, 2006).

Toutefois, cette évolution sans précédent des TIC dans l'histoire des technologies, fait craindre que les différences en adoption et en usage numérique risquent de marginaliser une classe de personnes d'un point de vue économique et social : c'est le fossé numérique.

Apparue dans les années 90, la notion de fracture numérique est difficile à appréhender dans la mesure où elle est souvent trop peu définie sur le plan conceptuel puisqu'elle a peu de contenu tant elle en a trop. Son contenu n'est en effet jamais clairement défini d'où la question légitime : derrière le terme générique de fracture numérique, de quelles inégalités parle-t-on vraiment ?

Alors que l'OCDE (2001) définit la fracture numérique comme « l'écart qui existe entre les personnes, les ménages, les entreprises et les régions géographiques à divers niveaux socioéconomiques pour ce qui est de leur possibilité d'avoir accès aux TIC et de leur utilisation d'Internet». Pour ELIE MICHEL (2001), la fracture numérique ou fossé numérique « peut être définit comme une inégalité face aux possibilités d'accéder et de contribuer à l'information, à la connaissance et aux réseaux, ainsi que de bénéficier des capacités majeures de développement offertes par les TIC ». BROTCOME et VALENDUC (2008) la définissent comme le fossé séparant ceux qui bénéficient de l'accès à l'information (« les info riches ») et ceux qui demeurent privés des contenus et des services

que ces technologies peuvent rendre (« les info pauvres »). Bref le concept de fracture numérique renvoie à des inégalités tant dans l'accès aux TIC (fracture de niveau un) que dans leurs usages (fracture de niveau deux).

La fracture numérique apparaît ainsi comme un problème à multiples dimensions. Pour Kling (1998), elle a deux aspects : un aspect technique qui fait référence aux disponibilités de l'infrastructure, du matériel et du logiciel ; un aspect social faisant référence aux compétences à exiger pour manipuler toutes ces ressources techniques. Pour Noris (2001), dans une perspective plus comparative, la fracture numérique décrit un fossé global qui révèle des capacités différentes entre les nations industrialisées et celles en développement, un fossé social qui fait référence aux inégalités dans une population donnée et un fossé démocratique. Dans le même ordre d'idées, Keniston (2003) distingue quatre catégories sociales : ceux qui sont riches et puissants et ceux qui ne le sont pas ; ceux qui parlent l'anglais et ceux qui ne le parlent pas ; ceux qui vivent dans des régions où la technologie est bien établie et ceux qui vivent dans les autres régions ; et enfin ceux qui sont techniquement biens informés et ceux qui ne le sont pas.

Avant de rencontrer le problème d'inégalités liées aux usages des TIC, il se pose d'abord le problème de possibilités d'accès à ces TIC (fracture numérique au premier degré).

En effet, un clivage séparerait les connectés (have) des non connectés (have not). Les individus qui disposent des TIC peuvent alors bénéficier d'une meilleure information et surtout des externalités positives associées. En revanche, les non équipés admettent une information moins riche et ne bénéficient pas des externalités liées aux TIC. Les connectés se trouveront ainsi inclus dans les réseaux relationnels, de savoir, de connaissances, d'éducation...alors que ceux qui ne le sont pas risquent d'être exclus.

Cette fracture se présente sous deux formes complémentaires :

Au « sens large », la fracture numérique au premier degré est définie par l'accroissement de l'écart des équipements en TIC entre deux zones géographiques, entre deux catégories d'individus donnés. Au « sens strict » la fracture désigne les inégalités d'accès à Internet.

Maintes études ont été réalisées ces dernières années dans les pays développés comme dans les pays en développements sur les déterminants de l'adoption des TIC compte tenu de leur potentiel dans l'accélération du développement économique. Les facteurs explicatifs de l'adoption de l'Internet ont été les plus cités parce que plusieurs travaux ont montré qu'Internet est la technologie la plus porteuse d'espoir en matière de développement économique (Renaud et Torrès, 1996 ; Le Guel, Pénard, et Suire, 2002).

En France par exemple, nous pouvons citer l'étude menée en 2002 par : Le Guel, Pénard et Suire, « Adoption et Usage Marchand de l'Internet : une Etude Econométrique sur Données Françaises». Pour ces auteurs, il était question de déterminer les facteurs qui sont responsables de l'adoption et de l'usage de l'Internet par les ménages français. Pour y arriver, ils ont estimé trois modèles logistiques. Les résultats de ces estimations montrent que : dans le premier modèle, la tranche d'âge moins de 20 ans qui est principalement composée d'étudiants, possède la plus forte propension à s'abonner à Internet. De la même manière, le fait d'appartenir à la catégorie professionnelle des cadres et professions intermédiaires supérieures influence positivement la probabilité d'adopter Internet à domicile. Par ailleurs, plus le niveau d'étude du répondant est élevé et plus le ménage auquel appartient le répondant a de chance d'avoir un accès à Internet. Au final, les estimations mettent bien en évidence les variables freins à l'adoption d'Internet (Ménage de plus de 65 ans, niveau d'étude inférieur au bac), tout en montrant qu'il n'existe pas un profil socio-économique unique pour les ménages internautes.

Le second modèle lié au style de vie rend compte de l'existence de complémentarités assez fortes entre l'adoption d'Internet et la possession de nombreux équipements de haute technologie comme un appareil photo numérique, un lecteur DVD, un téléphone portable ou un ordinateur de poche.

En ce qui concerne l'impact de la localisation (modèle M3), ces auteurs constatent que le fait d'habiter dans une zone urbaine influe positivement sur la probabilité de s'abonner à Internet.

Nous pouvons citer plusieurs autres travaux qui se sont penchés sur l'adoption de l'Internet
avec pour méthodologie les modèles économétriques à l'instar de : l'article « Adoption,

Usage d'Internet et Apprentissage : une Comparaison Bretagne/Luxembourg » (Lethiais et Poussing, 2004) et de l'article « les Déterminants de l'adoption de l'Internet en Afrique : cas de 17 Pays » (Diagne, Birba et Maazou, 2008).

Au Cameroun, il existe certains travaux sur les TIC comme l'article « Fracture Numérique du Genre : Quelle Ampleur ? » (ANAÏS, 2005) et l'enquête nationale sur le niveau de pénétration et d'utilisation des TIC au Cameroun (Minpostel, 2006). Cependant, peu de ces travaux intègrent l'aspect économétrique : ce ne sont pour la majorité que des travaux portant sur les caractéristiques descriptives. D'où la nécessité d'utiliser la modélisation économétrique pour faire des analyses sur la situation au Cameroun en vue de ressortir des conséquences en termes des implications, de mesures à prendre pour vulgariser l'adoption et l'usage des TIC dans notre pays : c'est la raison pour laquelle nous nous sommes intéressés au problème de l'adoption de l'Internet à domicile.

Précisément, notre étude vise à répondre à cette question : quelles sont les caractéristiques propres aux individus et aux ménages qui favorisent ou au contraire qui freinent l'adoption de l'Internet chez les ménages camerounais? En s'intéressant particulièrement aux ménages, elle a pour finalité de contribuer à éclairer les décideurs sur une politique nationale de développement des TIC au Cameroun.

A la lueur de cet objectif, il nous est plausible de formuler l'hypothèse principale selon laquelle l'adoption de l'Internet à domicile est conditionnée par plusieurs facteurs.

De cette hypothèse principale découlent les hypothèses secondaires suivantes :

H1- le niveau d'étude de l'individu influence positivement l'adoption de l'internet à domicile ;

H2- les ménages technophiles adoptent plus l'internet.

Afin de répondre à la question posée plus haut, nous disposons d'une base de données issue de l'enquête diligentée en 2008 par l'Université de Douala sur un échantillon de 2650 personnes dans les villes de Douala, Buéa et Limbé. Nous utilisons l'estimation économétrique qui consiste ici à mettre en avant l'adoption de l'Internet à domicile et

certaines variables explicatives que nous allons tester afin de déceler les plus pertinentes en utilisant l'économétrie des variables qualitatives.

Notre étude s'articule autour de deux parties : La première partie fait l'analyse des différents facteurs rencontrés dans les travaux lus susceptibles d'influencer l'adoption de l'Internet à domicile. La deuxième partie de ce travail s'intéresse à une application économétrique au Cameroun sur l'estimation visant à ressortir dans le cadre de cette étude l'influence des différents facteurs explicatifs dans l'adoption de l'Internet à domicile. L'intérêt étant d'aboutir à des recommandations sur les mesures à prendre visant à favoriser l'adoption de l'Internet à domicile.

Première Partie

ANALYSE DES CONCEPTS

INTRODUCTION

Depuis l'avènement des TIC dans les années 80, on distingue plusieurs techniques d'information : la radio, la télévision, le téléphone fixe, le téléphone mobile, l'ordinateur et l'Internet. On peut classer ces techniques en deux catégories : les anciennes technologies numériques et les technologies numériques dites nouvelles telle l'Internet.

Il existe des écarts dans l'accès et l'usage de ces TIC entre les ménages, parmi les individus, les pays voire des régions : on parle de fracture numérique.

Il faut noter ici que l'accès aux technologies de l'information et de la communication suppose l'existence d'un certain nombre d'infrastructures rendant possible cet accès. Il s'agit des réseaux électriques fonctionnels et de bonne qualité et des infrastructures en TIC. Toutefois, l'existence d'un secteur des télécommunications concurrentiel et performant est requise pour une meilleure pénétration des TIC dans l'ensemble du pays. En effet, le nombre d'opérateurs présents par pays en Afrique est faible par rapport aux autres pays ; ce qui n'a pas beaucoup favorisé la concurrence du marché des télécommunications et du coup la libéralisation du secteur. Cependant, il existe certains pays africains au Sud du Sahara qui ont fait des progrès remarquables dans la diffusion du téléphone mobile. Il s'agit par exemple de l'île Maurice, de l'Afrique du Sud, du Botswana et du Kenya (United Nations, 2008). Par contre, la diffusion des autres technologies numériques dites nouvelles telle l'Internet accuse du retard par rapport aux pays développés. Ainsi, en 2008, selon le rapport final de l'enquête nationale sur le niveau de pénétration et d'utilisation des TIC au Cameroun, enquête diligentée par le MINPOSTEL, seulement 2% des Africains utilisent l'Internet et 0,3% sont connectés à Internet à bande large contre 24%, 27% et 22% dans les pays dits développés respectivement Europe, Asie et Amérique du nord.

L'objectif de cette partie est de passer en revue les déterminants de l'adoption de l'internet tel que observé dans la littérature. Mais pour y arriver, il convient au préalable de commencer par analyser le concept de la fracture numérique dans le chapitre un, avant d'exposer l'adoption de l'Internet à domicile dans le chapitre deux.

CHAPITRE

I

LA FRACTURE NUMERIQUE

L'expression fracture numérique ou fossé numérique désigne l'écart qui existe entre les personnes, les ménages, les entreprises et les régions géographiques à divers niveaux socioéconomiques pour ce qui est de leur possibilité d'avoir accès aux TIC et de leur utilisation d'Internet. Dans la « nouvelle » économie, les technologies qui permettent de diffuser rapidement et largement l'information sont généralement considérées comme d'importants outils de développement social et économique; ces technologies peuvent aider des pays à se doter de nouvelles possibilités économiques et améliorer l'éducation, les compétences et la qualité de vie de leurs citoyens.

Depuis plusieurs années déjà la question de fossé numérique fait l'objet d'une grande attention. Divers organismes mondiaux comme l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) et les nations unies ont examiné la question et de nombreux pays ont déjà commencé à mesurer l'étendu du fossé numérique et ses incidences socioéconomiques et à chercher des moyens de lutte. Dans le présent chapitre, nous analysons le concept de fossé numérique. Ainsi, la première section examine la fracture numérique dans sa généralité, dans la seconde section nous présentons la vision du fossé numérique par les théories de diffusion et d'appropriation des innovations.

SECTION I : Généralités

Depuis son apparition dans les années 90, la notion de fracture numérique ou fossé numérique a évolué et s'est révélée beaucoup plus complexe qu'elle n'y parait. Elle met en perspective des enjeux de société comme discrimination et démocratie ou encore l'influence des TIC et particulièrement d'Internet dans la vie sociale.

Dans l'esprit du grand public, les TIC sont associées à Internet, ce qui peut créer une confusion. En effet, Internet est le symbole de la société de l'information car d'après Brotcome et Valenduc (2008) « Il y a quelques années encore, l'information était le pivot des TIC ; Internet en était une des applications (...) De nos jours, Internet est devenu le pivot des TIC. L'informatique, le multimédia, le téléphone mobile, l'imagerie numérique gravitent autour d'Internet. »

On le voit, Internet est à présent le point de passage obligé concernant les TIC, même s'il en existe de nombreuses autres applications. C'est pourquoi dans le cadre de cette section, toute notre réflexion se fera autour d'Internet.

Dans l'accès à Internet et dans ses usages, il existe aujourd'hui des écarts importants entre sous-groupes de la population. Ces écarts peuvent être mesurés en fonction de variables démographiques ou socioprofessionnelles (âge, genre, composition familiale, niveau d'éducation, revenu, catégorie professionnelle) ou de variables géographiques ou géopolitiques (écarts entre zones urbaines et rurales, entre régions ou entre pays, entre le Nord et le Sud). Ces écarts ne correspondent pas à une fracture bien nette, mais plutôt à une série de clivages qui se superposent.

C'est en 1998 que pour la première fois une distinction est faite entre d'une part, les inégalités dans l'accès aux TIC et d'autre part les inégalités dans les connaissances et les compétences parmi les individus connectés. Dans la suite de cet exposé nous allons nous attarder sur la présentation de la fracture numérique du premier et du second degré.

§1- La fracture numérique du premier ordre

La fracture numérique au premier degré (first order digital divide) concerne la dimension matérielle de celle-ci. On parle ici de déficits en termes de moyens, d'équipements et d'accès. Dans ce cas, la distinction est claire entre deux groupes : ceux qui ont accès aux TIC et ceux qui en sont dépourvus. La littérature révèle que plusieurs facteurs sont responsables de ce clivage notamment : le niveau de revenu, le niveau de diplôme, l'âge, la zone de résidence et la catégorie socioprofessionnelle (CSP). Au départ, la fracture

numérique a été pensée comme une fracture géographique. Les coûts d'infrastructures conduisent à ce que les zones denses ont été connectées en premier. Aujourd'hui encore, l'accès au haut débit est plus facile dans les zones denses ; les facteurs sociaux attribués à un individu donné l'emportent sur les facteurs géographiques. Le niveau de revenu, l'âge, la CSP et le niveau de diplôme sont les indicateurs qui sont associés au plus fort clivage dans l'accès à Internet.

Toutefois, disposer d'un accès à Internet ne garantit pas une pratique pleine et entière, c'està-dire autonome et efficace, pouvant ainsi déboucher sur des bénéfices pour son utilisateur. Il devient vain de penser que la seule démocratisation de l'accès aux TIC, et à Internet en particulier, soit synonyme, de plus d'égalité : c'est la raison pour laquelle le concept de fracture numérique du second degré est apparu.

§2- La fracture numérique du second ordre

L'expression « fracture numérique au second degré » (second order digital divide) désigne une sorte de fracture dans la fracture : les nouveaux clivages ne se situent plus au niveau de l'accès à Internet, mais parmi les utilisateurs en fonction des types d'usages qu'ils font, non seulement des technologies, mais aussi des services et des informations accessibles en ligne.

§2.1. L'enjeu des compétences.

L'offre d'informations et de services en ligne devient non seulement de plus en plus étoffée en quantité, mais aussi de plus en plus diversifiée en qualité. Les inégalités socioculturelles se retrouvent, à des degrés divers, par rapport à tous les types de contenus. En matière d'information et de loisirs, elles ne sont sans doute pas très différentes de celles que l'on observe pour la télévision ou la presse. C'est par rapport à l'accès aux connaissances que les décalages sont les plus importants. En effet, l'accès aux connaissances est sélectif non seulement en termes de contenu, mais aussi à travers la procédure de recherche. Plusieurs facteurs rendent l'information et les services en ligne peu attractifs pour les groupes moins favorisés. D'abord, il y a sur Internet trop peu d'informations locales, immédiatement pertinentes pour la communauté dans laquelle les gens vivent : offres d'emploi local,

marché locatif et immobilier, activités et associations locales, portails intégrés de services locaux, etc. Dans des environnements multiethniques, l'information manque souvent de diversité culturelle. Il est heureux de constater que de nombreuses initiatives locales en faveur de l'inclusion numérique essaient de résoudre en priorité ce problème de contenu.

Ensuite, l'information est souvent présentée sous une forme qui requiert de bonnes compétences de lecture, ce qui crée un seuil en faveur des gens lettrés. Enfin, la prédominance de l'anglais reste, pour beaucoup, un facteur d'exclusion. La facilité de consultation et d'accès à l'information en ligne laisse entière la question des moyens cognitifs dont disposent les individus pour replacer l'information dans son contexte et s'en servir. La recherche d'informations numérisées nécessite de savoir naviguer dans un univers conceptuel complexe, qui n'est pas structuré et stable comme un livre mais infini et changeant, et de pouvoir trier et synthétiser les informations obtenues. La maîtrise de l'information numérisée nécessite des compétences particulières que l'on peut regrouper en trois catégories :

- Les compétences instrumentales. Elles ont trait à la manipulation du matériel et des logiciels. La complexité de l'outil informatique demande du temps et des capacités techniques, pour faire face aux bogues répétés, aux virus et autres aléas quotidiens.

- Les compétences structurelles. Elles concernent la nouvelle façon d'entrer dans les contenus : comprendre, évaluer, puis choisir. Elles sont nécessaires pour utiliser des hypertextes, des moteurs de recherche ou des sites de discussion.

- Les compétences stratégiques. Elles permettent de rechercher l'information de manière proactive, de l'utiliser dans son propre cadre de vie, de prendre des décisions et d'agir sur son environnement personnel et professionnel. Actuellement, l'enseignement et la formation professionnelle se focalisent beaucoup sur les compétences instrumentales, au risque de négliger les autres, qui jouent pourtant un rôle clé dans la stratification sociale des usages.

Certains auteurs estiment que l'accès aux compétences et leur répartition dans la société sont les causes principales de la fracture numérique. Les inégalités sociales ne sont pas en premier lieu une question de posséder un PC ou d'avoir accès à internet. Aujourd'hui, et plus encore dans l'avenir, les usages des TIC et le niveau de compétences numériques

déterminent qui est en avance, qui suit et qui reste en arrière dans la société de l'information. Plus précisément, c'est l'influence des usages des TIC et des compétences numériques sur divers domaines de la vie sociale qui est au coeur du problème. L'importance croissante des TIC dans ces domaines contribue à accroître les inégalités et la marginalisation des exclus.

L'environnement professionnel, c'est-à-dire à la fois les collègues, les outils de travail et leur contexte d'utilisation, joue un rôle clé dans l'acquisition des trois catégories de compétences décrites ci-dessus. Le fait de se trouver en marge des circuits professionnels ou éducatifs est un facteur d'exclusion considérable.

§2.2. Un décalage lié aux rythmes différents de la technologie et d'apprentissage

Le rythme d'acquisition des compétences n'est pas aussi rapide que le rythme du changement technologique. Plus l'expérience d'Internet est longue, plus l'adaptation aux nouveautés est facile. Lorsque la diffusion d'Internet s'étend à un public plus large et plus diversifié quant à sa composition sociale, les nouveaux venus rentrent dans un univers déjà structuré par les pionniers et les innovateurs. Les écarts entre ceux qui jonglent avec les TIC et ceux qui y font leurs premiers pas s'accroissent. De même, des sites ou des services conçus pour le grand public sont parfois jugés «désuets» par ceux qui se considèrent à la pointe de la technologie. Le risque existe de voir se développer un Internet à deux vitesses, créant de nouveau clivages sociaux, liés à la capacité de suivre le rythme des innovations et de mettre à jour ses compétences.

Il était question dans cette section qui s'achève, de présenter le concept de fracture numérique dans une perception générale. Dans la prochaine section, nous allons exposer l'analyse que font les théories de diffusion et d'appropriation des innovations de la fracture numérique.

SECTION II : La fracture numérique à la lumière des théories de diffusion et
d'appropriation des innovations

Des concepts tels que la fracture numérique, l'exclusion et l'inclusion numériques, peuvent être interprétés dans un cadre plus large, qui est celui du processus de diffusion et d'appropriation des innovations dans la société. Trois courants d'interprétation théorique sont brièvement présentés et commentés.

- La fracture numérique est une phase transitoire dans la diffusion marchande des innovations liées à Internet, elle peut s'expliquer par la théorie classique de diffusion des innovations.

- L'exclusion et l'inclusion sont les manifestations d'un déficit de connaissances, selon une réactualisation de l'hypothèse du knowledge gap.

- L'exclusion et l'inclusion résultent d'un processus de création, d'altération ou de renforcement de règles sociales à travers les technologies de communication, selon diverses variantes de la théorie d'Anthony Giddens sur la structuration de la société.

§1- La fracture numérique en tant que phénomène transitoire

Selon la théorie classique de diffusion des innovations, une innovation est d'abord adoptée par des pionniers, suivis par les utilisateurs avancés. La généralisation à l'ensemble de l'économie ou de la société résulte de rendements d'échelle croissants (et donc de coûts décroissants) dans la production et d'une transformation de la norme de consommation, sous la pression des marchés. Une courbe sigmoïde bien connue décrit le processus de diffusion sous la forme d'un taux d'adoption en fonction du temps (graphique1). Les analystes distinguent habituellement quatre périodes successives : l'adoption initiale par des pionniers et des utilisateurs avancés, assez privilégiés ; le décollage, impliquant progressivement de plus en plus d'utilisateurs, jusqu'à un taux d'adoption voisin de 50%, et créant ainsi une culture des nouveaux produits et services ; la démocratisation, qui permet d'étendre le marché à une grande majorité d'utilisateurs potentiels ; la saturation, quand la diffusion

atteint un plafond. La différenciation entre les groupes d'utilisateurs commence dès le début. Elle s'amplifie pendant la phase de décollage, si bien que des écarts de diffusion s'observent entre différents groupes dans la société, mais elle se réduit au cours de la phase de démocratisation. Au stade de la saturation, seule une faible proportion d'utilisateurs potentiels reste exclue ou marginalisée.

Selon cette interprétation, la fracture numérique est un phénomène transitoire, qui va disparaître progressivement au fur et à mesure que la diffusion d'Internet s'approche de la saturation. L'enjeu n'est pas celui de la phase transitoire, mais celui des individus et des groupes minoritaires laissés de côté à l'approche de la saturation. Comme ce problème ne peut pas être résolu par les mécanismes du marché, il doit faire l'objet d'une intervention des pouvoirs publics.

Graphique 1
Fracture numérique et courbe en S dans l'approche classique

Source de graphique: Valenduc et Vendramin, 2004.

Plusieurs critiques sont adressées à cette interprétation classique. Elles soulignent surtout que l'accès à Internet et ses usages ne sont pas comparables à la diffusion des biens de consommation matériels, car ce n'est pas seulement une question de taux d'adoption,

mais aussi une question d'appropriation et d'apprentissage. Or, l'appropriation et l'apprentissage se déroulent à des rythmes plus lents - et plus différenciés selon les groupes sociaux - que l'expansion des marchés liés à internet. Pendant la phase de «démocratisation», certains écarts se réduisent, d'autres s'accentuent.

D'autres auteurs expliquent que la «démocratisation» - disons plutôt diffusion étendue, pour éviter un terme ambigu - ne fait pas disparaître la fracture numérique, elle la transforme. Au stade initial, la fracture est liée à l'accès. Lors du décollage, des clivages s'installent entre utilisateurs et non utilisateurs. Avec la diffusion étendue, la fracture au second degré apparaît et se superpose à la première, elle est due aux différences dans les compétences, la culture et les intérêts des utilisateurs. Elle est typique de la phase de diffusion étendue et peut conduire à de nombreuses formes d'inégalités. La fracture numérique n'est donc pas transitoire, il s'agit d'un phénomène social persistant et continuellement changeant.

§2-L'hypothèse du «knowledge gap»

L'hypothèse de la polarisation des connaissances (knowledge gap) a été développée dans les années 1970 à propos de la télévision et des médias en général. Elle présume que, quand un progrès se produit dans l'information et la communication, ce sont les groupes sociaux dont le niveau éducatif et culturel est le plus élevé qui en tirent le maximum de profit pour améliorer leur capital de connaissances. Même si le niveau général des connaissances augmente pour tous, l'écart s'accroît entre les groupes sociaux qui ont les niveaux d'éducation les plus élevés et les moins élevés, ce qui provoque une polarisation des connaissances. Un certain nombre d'études sur Internet confirment que le niveau d'éducation est un facteur discriminant non seulement pour l'accès à Internet, mais aussi et surtout pour les usages qui en sont faits. La question des usages devient d'autant plus importante que l'accès se généralise. Elle est liée aux compétences que possèdent les utilisateurs et à leur capacité de les développer à travers leurs activités en ligne. Telle est l'origine de la fracture numérique au second degré.

§3- Exclusion et inclusion numériques selon la théorie de la structuration

Selon cette approche théorique, les TIC sont utilisées par les groupes sociaux qui les maîtrisent le mieux pour renforcer leur influence sur l'organisation de la société. Elles sont instrumentalisées pour servir les objectifs de ceux qui ont acquis un avantage comparatif dès les premiers stades de leur diffusion. La théorie de la structuration s'appuie sur les premiers travaux d'Anthony Giddens, dans les années 1980, sur l'interactionnisme symbolique, c'està-dire sur la façon dont les communicateurs créent des systèmes sociaux qui répondent à leurs objectifs et deviennent liés par leurs créations. Elle a été reprise plus tard par d'autres auteurs, sous le nom de «théorie de la structuration adaptative».

Les groupes qui réussissent le mieux à s'approprier les ressources nouvelles d'une innovation dans la communication - en l'occurrence, Internet - sont capables d'influencer de manière décisive la société et ses règles. Ils sont capables de façonner la technologie pour l'adapter à leurs objectifs, ce qui n'est pas le cas des groupes qui adoptent plus tard l'innovation. Une fois maîtrisée par ses premiers adoptants, la technologie se développe selon les règles et les ressources qui correspondent le mieux aux intérêts de ceux-ci en termes de communication et d'interaction dans la société. La fracture numérique n'est pas une question d'inégalité d'accès ou de différenciation des usages, mais un fossé entre ceux qui ont la capacité d'utiliser les TIC pour influencer le développement de la société et les autres.

«L'évolution rapide des TIC rencontre la demande croissante de processus de traitement de l'information toujours plus compliqués et plus efficients, qui ont de la valeur pour ceux qui négocient ce qui a de la valeur dans la société. Elle garantit à ceux qui possèdent déjà des ressources et des compétences pointues l'assurance de continuer à façonner la technologie. Le résultat est que la technologie rencontre d'abord les besoins de ceux qui l'ont adoptée les premiers ; la conséquence non intentionnelle est que ceux qui sont en voie d'exclusion font encore un pas en arrière.

A la fin de ce chapitre dont l'objet était de présenter le concept de fracture numérique, il faut relever que la fracture s'observe globalement à deux niveaux : la fracture numérique du premier degré et la fracture du second degré ; la fracture du 1er ordre étant antérieure à l'autre. Les politiques de diffusion doivent donc s'attaquer à ces deux fractures. Dans notre contexte où on se situe au début du cycle (à la phase d'initiation), il est important d'analyser les facteurs de l'adoption de l'Internet à domicile en vue de combattre la fracture numérique au 1er degré.

CHAPITRE

II

ADOPTION DE L'INTERNET
A DOMICILE

Il est important tout d'abord d'expliquer le terme adopter. Adopter et utiliser...deux termes qui sont très souvent utilisés comme synonyme, mais qui renvoient pourtant à des logiques différentes. Cet abus de langage repose très largement sur l'idée d'un déterminisme entre l'adoption et les usages. Or, l'adoption d'une technologie ne s'accompagne pas mécaniquement d'un usage de cette technologie ou du moins peut conduire à une sous-utilisation de cette dernière (des usages peu fréquents ou limités à une partie des fonctionnalités offertes). Par ailleurs, les usages d'une technologie peuvent être très différents de ceux initialement attendus par les concepteurs de cette technologie. Entre l'adoption et l'usage, il existe un processus d'appropriation de la technologie qui n'est pas toujours bien pris en compte dans les études sur la diffusion des innovations.

Dans le cas de l'Internet, l'adoption renvoie tout d'abord à l'acquisition du matériel informatique nécessaire pour accéder à Internet, puis au choix d'un abonnement auprès d'un FAI. Ensuite, se pose la question des usages de l'Internet.

Internet est un réseau qui interconnecte à l'échelle mondiale des systèmes informatiques selon un jeu de protocoles (langage de communication entre ordinateurs) de communications communes. L'origine du réseau et la décentralisation qu'il permet est militaire et avait pour objectif de pouvoir fonctionner en cas de destruction partielle. Devenu un réseau public, Internet a connu un développement fulgurant en standardisant et en simplifiant les échanges d'informations électroniques ainsi que l'accès à celles-ci.

Dans ce chapitre notre objectif est de faire un bref survol de la littérature sur les déterminants de l'adoption de l'Internet au foyer objet de la première section. Dans la seconde section, nous présentons l'adoption de l'Internet au Cameroun.

SECTION I : Revue de la littérature sur les Déterminants de l'adoption de
l'Internet au foyer

Le taux de connexion à Internet dépend fortement de la localité géographique habitent les ménages. Ainsi, des études portant sur les facteurs d'adoption de l'Internet à

domicile ont montré que la probabilité pour un ménage d'avoir une connexion Internet à la maison dépend fortement du taux d'équipement informatique des ménages résidents dans la même ville. En outre, la localisation géographique (milieu urbain/ zone rurale) est un facteur de la connexion à Internet. Ainsi, la densité en équipement informatique et en connexion Internet est plus élevée en milieu urbain qu'en zone rurale.

Il est nécessaire de passer en revue les facteurs qui expliquent ou non la demande de l'Internet chez les ménages.

§1. Le niveau de revenu des ménages

Le revenu se définit comme la part de la production qui revient au sujet économique (individu ou collectivité), comme rémunération de son travail et/ou fruit de son capital. Les grandes catégories de revenu sont : le salaire, l'intérêt, le profit et la rente.

Le revenu semble être un facteur essentiel dans l'accès et l'utilisation de l'internet. En effet, les ménages à bas revenus ont moins accès à Internet que ceux aux revenus plus élevés. De nombreuses études américaines ont mis en évidence un effet revenu (par exemple NTIA, 1998). Plus le revenu du ménage est élevé, plus le taux de connexion des foyers à Internet est important. Par ailleurs, d'autres caractéristiques des ménages tels que le niveau de vie apparaissent étroitement corrélées à l'adoption de l'Internet. En effet, si le revenu constitue habituellement le déterminant essentiel, il semble que beaucoup d'autres facteurs exercent une influence notamment le niveau d'éducation ou de scolarité, l'âge, le sexe, le lieu de résidence ou localisation, la composition du ménage, le voisinage social ou entourage etc.

§2. Le niveau d'éducation

L'éducation est l'activité sociale de transmission de connaissances structurées. Ses finalités sont sociales (faciliter l'intégration de l'individu), économique (faciliter la décision et augmenter l'efficacité du travail humain) et culturelle.

Nous pouvons supposer que le niveau d'étude a une influence positive sur l'adoption de l'Internet à la maison. En effet, il est probable que les plus diplômés, qui ont exploité l'outil informatique durant leur scolarité, apprécient mieux les possibilités offertes par cette technologie.

§3. La composition ou la taille du ménage

L'adoption de l'Internet à la maison peut être une décision de l'ensemble des membres du ménage car chacun y trouve un intérêt : les plus jeunes peuvent vouloir télécharger de la musique ou faire des jeux en réseau, les plus âgés rechercher des informations sur des biens et service... Nous supposons donc que la taille du ménage a un effet positif sur la probabilité d'avoir une connexion Internet à domicile.

§4.La localisation ou le lieu de résidence

Plusieurs rapports ont relevé l'effet de la localisation des ménages sur l'adoption de l'Internet (par exemple : Montagnier, Muller et Alii, 2002 ; CEE, 2002). Mais peu d'études économétriques ont utilisé le lieu de résidence comme déterminant. Pourtant, le fait d'habiter dans une zone urbaine ou dans une zone rurale n'est pas neutre. On pourrait par exemple penser que la propension à adopter Internet à domicile devrait être plus grande lorsque le ménage réside en zone rurale, loin d'une grande ville, Internet pouvant ainsi permettre de remédier à l'éloignement et aux difficultés d'offre culturelle et d'information. A l'inverse, les offres d'accès à internet étant plus nombreuses et de meilleure qualité en zone urbaine (câble, ADSL), on peut s'attendre à ce que la diffusion de l'Internet soit plus large dans les zones urbaines (l'offre stimulant la demande). Au final, l'impact de la localisation sur l'adoption de l'Internet est ambigu.

§5.Le sexe de l'individu

En 2001, le taux d'accès des ménages américains était de 54% que le chef de ménage soit un homme ou une femme (Montagnier, Muller, Vickery, 2002p.33).Cependant, dans la plupart des autres pays, on observe des disparités entre hommes et femmes. Ainsi une enquête de la commission européenne (CEE, 2002) a montré par exemple qu'en moyenne le taux de connexion à Internet était de 46% lorsque le répondant était un homme, contre 36% lorsque le répondant était une femme. Ainsi donc, nous pouvons affirmer que l'influence du sexe dans l'accès à Internet est ambiguë.

§6. L'âge de l'individu

L'âge de l'individu entendu comme période écoulée depuis la naissance doit vraisemblablement influencer négativement la probabilité d'avoir une connexion Internet à la maison, car les individus d'un certain âge ne sont peut être pas conscients de l'intérêt d'un tel outil dont ils ont toujours su se passer pendant de nombreuses années.

§7.Le style de vie

L'adoption de l'Internet pourrait être positivement corrélée à la possession d'équipement électronique et informatique (lecteur DVD, console de jeu vidéo, appareil photo numérique, ordinateur de poche ou agenda électronique etc.). Un individu est d'autant plus technophile qu'il possède des équipements de ce type. Penard et Poussing (2006) démontrent que l'Internet entre en concurrence avec d'autres loisirs comme la télévision et les jeux vidéo.

§8.Le voisinage social ou l'entourage.

Le choix d'acquérir un ordinateur ou de s'abonner à Internet ne dépend pas seulement de l'utilité intrinsèque des services auxquels donne accès ces équipements informatiques, mais dépend aussi des choix effectués dans l'entourage de l'individu. Comme tous les services présentant des externalités de réseau, la satisfaction retirée est une fonction croissante du

nombre d'utilisateurs du service. Ainsi, un téléphone portable, un fax ou un abonnement Internet apporteront d'autant plus de satisfaction individuelle que le nombre d'utilisateurs ou d'abonnés est important dans la population totale, mais surtout dans son voisinage social. Par voisinage social, nous entendons un voisinage d'interactions individuelles, c'est-à-dire un ensemble d'individus dont les comportements comptent pour le décideur. Un individu dont une grande partie de son entourage est connecté à Internet sera incité à son tour à s'abonner pour communiquer par courrier électronique ou échanger des fichiers, etc. Il pourra bénéficier aussi des conseils et expertises du voisinage pour apprendre plus rapidement. A l'inverse, un entourage social faiblement équipé d'un ordinateur et/ou d'une connexion à Internet peut constituer un frein à l'adoption des équipements informatiques.

Après cet exposé des déterminants de l'adoption de l'Internet au foyer, nous allons nous appesantir, dans la section qui suit à la présentation de l'adoption de l'Internet au Cameroun.

SECTION II : Adoption de l'Internet au Cameroun

Toutes les statistiques présentées dans cette section proviennent du rapport final de l'enquête nationale sur le niveau de pénétration et d'utilisation des TIC au Cameroun, enquête diligentée par le Minpostel (2006).

L'Afrique accuse un grand retard dans la transition vers la société de l'information. Avec plus de 800 millions d'habitants, soit 13% de la population mondiale, seulement un Africain sur 160 a accès à l'Internet (Gyewu, 2003). Par ailleurs, maints pays africains ne disposent pas d'indicateurs de TIC pertinents, nécessaires à la prise de décision stratégique et à l'élaboration des politiques de développement en la matière. C'est la raison pour laquelle le Cameroun, comme la plupart des pays d'Afrique s'est lancé dans plusieurs projets (comme l'Initiative pour la Société de l'Information en Afrique en 1996) dont l'objectif principal est

de réduire le fossé numérique et aider le pays à utiliser les opportunités qu'offrent les TIC dans la promotion du développement économique et social.

En ce qui concerne l'accès à l'Internet, le Cameroun connaît une croissance assez soutenue du marché depuis la libéralisation du secteur des télécommunications en 1998. Les services Internet les plus courants sur le marché sont : le web, l'hébergement des sites, la messagerie, le forum et la téléphonie IP (bien qu'elle ne soit pas encore réglementée). Les connexions des utilisateurs s'effectuent par VSAT, réseau téléphonique public commuté (RTPC) ou par liaison spécialisée radioélectrique ou filaire.

CAMTEL assure par ailleurs la gestion du point «cm» et exploite huit noeuds Internet à Yaoundé, Douala, Bafoussam, Garoua, Ebolowa, Buéa, Sangmélima, Kribi. Ces noeuds offrent des accès de 2 Mbits/s.

Il y a une hausse régulière du nombre d'abonnés professionnels alors que le nombre d'abonnés par individu a une tendance à la baisse. Cette baisse se traduit par l'entrée de nouveaux opérateurs sur le segment Internet et l'utilisation très prisée de la téléphonie IP offerte à prix abordable par les nouveaux entrants. Des investissements visant à moderniser le réseau de l'opérateur historique peuvent justifier l'accroissement des abonnés professionnels.

Les droits d'accès à l'Internet via CAMNET sont très élevés par rapport au niveau de revenus des citoyens pour une offre à un débit acceptable ; ce qui constitue un frein à l'accès à l'Internet par les ménages et les institutions et donc à la pénétration du service.

Au niveau national, il y a un peu plus de structures disposant d'un site WEB. Près d'un tiers (31%) des sites Web enregistrés sont majoritairement jeunes de moins d'un an. Les secteurs santé et éducation ont le record des sites les plus jeunes.

§1-Niveau de connaissance, utilisation et formation à l'usage de l'Internet

Nous allons parler dans cette sous-section (dans l'ordre) du niveau de connaissance et d'utilisation, des formations personnelles et des formations organisées.

§1.1. Niveau de connaissance et d'utiisation de l'internet

Sur l'ensemble, 44% des personnes interrogées ont une adresse électronique. L'analyse selon le lieu de résidence indique que l'adresse reste encore plus courante chez les personnes habitant les chefs-lieux de région (54,4%) que toutes les autres (31,1% pour les chefs-lieux de département).

La proportion de personnes ayant un e-mail croît avec le niveau d'instruction. En effet, 63,8% d'enquêtés de niveau universitaire ont un e-mail. Cette proportion est de 21,7% pour le niveau secondaire et de 5,3% seulement pour le primaire.

La proportion de personnes possédant une adresse mail décroît régulièrement avec l'âge. Près de trois personnes de moins de 25 ans sur cinq (soit 56,8%) ont une adresse mail, ce qui représente plus du double de la proportion des personnes de plus de 55 ans ayant un email.

Yahoo est utilisé par la très grande majorité des utilisateurs de messagerie. 92,7% y ont un e-mail. Ensuite le site Hotmail est utilisé par 16% des détenteurs d'e-mail.

Les internautes au Cameroun sollicitent le plus les sites de messagerie (70%). Les sites académiques et scientifiques sont sollicités respectivement par 46,1% et 34,8% des internautes.

Pour ce qui concerne la répartition par sexe, un peu plus du tiers des femmes consultent les sites de messagerie ; leur proportion dépasse celle des hommes. La proportion des hommes qui s'intéressent aux sites scientifiques est pratiquement le double de celle des femmes et inversement la proportion de femmes qui s'intéressent aux sites de divertissement fait le double de celle des hommes.

Au Cameroun, l'utilisation de l'Internet se fait majoritairement dans les cybercafés (à ce jour, il faut débourser environ 200fcfa pour une heure de connexion). En effet, 86,1% des utilisateurs de ce service affirment se connecter dans un cybercafé contre 28,2% en milieu professionnel.

La bureautique de base est le niveau le plus prépondérant quelque soit le secteur alors que l'utilisation de l'Extranet et du commerce électronique est encore marginale.

§1.2.Formations personnelles à l'usage d'Internet.

Concernant les formations reçues sur l'utilisation d'Internet, on constate qu'il n'y a pas de disparités selon le sexe et la proportion d'hommes ayant reçu une formation sur l'Internet est de 31,6%.

Par contre, la proportion des personnes ayant reçu une formation sur l'utilisation d'Internet croît avec le niveau d'instruction. Il ressort aussi que près de la moitié de ces formations ont été reçues sur le tas contre 46% reçues dans les structures de formation.

§1.3. Formations organisées par les institutions utilisatrices

Seulement 23,3% d'institutions ont organisé des formations sur les TIC dans leur enceinte (2006). De plus, l'administration est le secteur qui organise le plus les formations sur les TIC (36,6% des institutions). Le milieu éducatif a la plus faible proportion (19,5%).

Selon le statut, les institutions du parapublic sont les plus nombreuses à organiser les formations pour leur personnel : 53,8% des institutions du secteur parapublic contre 19,7% et 23,1% pour le public et le privé respectivement.

§2.Contraintes d'accès à Internet au Cameroun.

Même si la majorité des camerounais reconnaissent les avantages que l'Internet procure, son usage reste encore timide et limité ceci pour plusieurs raisons : accès et accessibilité limitée, coût élevé, manque d'intérêt et, pour la femme en particulier, manque de temps et faible contrôle de son agenda. Seulement 20% des femmes naviguent sur Internet contre 22% d'hommes.

Le milieu de résidence est un facteur déterminant dans son accessibilité et son usage. C'est ainsi qu'en milieu rural et dans une certaine mesure en milieu périurbain où les infrastructures d'accès sont peu disponibles, les individus ne sont pas en mesure de bénéficier des bienfaits qu'offrent internet. Cet état des lieux pénalise davantage la femme

que l'homme, car la majorité de la population féminine camerounaise se trouve en milieu rural.

Au terme de ce chapitre, nous avons exposé dans la première section quelques facteurs les plus souvent cités comme déterminants de l'adoption de l'Internet dans les ménages notamment : le niveau de revenu mensuel du ménage, le niveau d'étude, la composition du ménage, le lieu de résidence, le genre, l'âge de l'individu, le style de vie et l'entourage. Ensuite, dans la seconde section, nous nous sommes intéressés à l'adoption de l'Internet au Cameroun. Il ressort de cette section que : les cybercafés sont les lieux où les camerounais utilisent plus Internet ; et parmi les utilisations faites c'est l'adresse électronique qui ravit la vedette. Le nombre d'E-mail croit avec le niveau d'instruction. Les limites à l'accès à l'Internet les plus citées sont : l'accessibilité, le coût élevé, l'inutilité.

CONCLUSION

Au terme de cette partie dont l'objectif était de présenter les facteurs explicatifs de l'adoption de l'Internet à domicile, dans le chapitre premier nous avons présenté le concept de fracture numérique. Il ressort de ce chapitre que : le concept de fracture numérique est complexe. Il existe plusieurs fractures numériques mais globalement on distingue : la fracture du premier ordre liée à la dimension matérielle, et la fracture numérique du second ordre liée à la dimension intellectuelle et sociale. Dans le second chapitre, il était question dans un premier temps d'exposer les facteurs qui influencent ou non l'adoption de l'Internet dans les ménages puis, dans un second temps de situer notre pays en ce qui concerne l'adoption et l'usage de l'Internet. Il ressort qu'il existe plusieurs facteurs susceptibles d'influencer l'adoption de l'Internet à domicile. Nous pouvons retenir des travaux antérieurs sur notre pays que : malgré les efforts observés, le Cameroun a encore du chemin à faire pour entrer dans la société de l'information.

Deuxième Partie

METHODOLOGIE ET
FACTEURS EXPLICATIFS DE L'ADOPTION DE L'INTERNET

INTRODUCTION

La partie qui précède nous a permis de présenter les facteurs souvent cités dans la littérature comme déterminants de l'adoption de l'Internet à domicile. Dans cette deuxième partie, notre objectif est de déterminer les facteurs responsables ou non de l'adoption de l'Internet au Cameroun. Avant d'y arriver, nous allons présenter la méthodologie et analyser les données dans le troisième chapitre, puis dans le quatrième chapitre évalué exactement l'impact des variables que nous allons retenir à l'issue de l'analyse descriptive sur l'adoption de l'Internet à domicile.

CHAPITRE

III

METHODOLOGIE ET ANALYSE DESCRIPTIVE DES DONNEES

L'objectif de ce chapitre est de mesurer parmi les variables explicatives celles qui influencent l'adoption de l'Internet à domicile. En fait il s'agit d'un test de causalité entre la variable dépendante et une variable explicative, d'où la nécessité de choisir parmi les méthodologies une permettant de mesurer le lien de causalité entre un phénomène A et un phénomène B, l'un causant l'autre. Ainsi donc, la première section de ce chapitre présente l'approche méthodologique et la seconde section fait une analyse exploratoire des données.

SECTION I: Approche méthodologique

Avant de développer cette section, notons que notre étude s'inscrit dans une technique causale. Un phénomène A est dit cause d'un phénomène B lorsque l'existence et (ou) les variations de B sont déterminées par l'existence et (ou) les variations préalables de A.

L'approche causale met en exergue plusieurs informations :

> Elle étudie la relation entre des variables explicatives et d'autres variables expliquées.

> Elle donne les informations sur au moins deux variables.

> La prévision ne dépend pas seulement du comportement passé de la variable d'intérêt, mais aussi du comportement des autres variables

> Elle permet de faire des analyses sur les effets de certaines variables sur la variable d'intérêt.

> Elle utilise des modèles économétriques.

L'approche causale, dans le cadre de l'analyse économétrique utilise deux types de modèles à savoir : les modèles de probabilité linéaire, les modèles dichotomiques (Logit ou Probit). Le premier type de modèle présente des inconvénients parce que la probabilité peut souvent dépasser l'unité. L'avantage qu'ont les modèles discrets ne réside dans le fait que leur probabilité se situe toujours dans l'intervalle [0,1], ce qui n'est pas le cas pour les modèles linéaires.

§1.Le modèle Logit

Plusieurs travaux ont utilisé le modèle Logit sur l'étude de l'adoption et de l'usage d'Internet à l'instar des auteurs comme : Lethiais et Poussing « Adoption, Usages d'Internet et Apprentissage : une Comparaison Bretagne /Luxembourg » ; ils ont estimé leurs variables grâce à deux modèles Logits. La variable binaire Yi valait 1 dans le premier modèle, si l'individu possédait une connexion Internet à domicile et, dans le deuxième modèle, si l'individu utilisait Internet à domicile, elle vaut 0 sinon. Ils ont associé une valeur Yi à iY*

qui est son utilité lorsque l'individu choisit de se connecter ou d'utiliser Internet : cette variable yi x i â u i

* = + dépend des caractéristiques de l'individu (notées xi) et du terme de

l'erreur (ui). Cette utilité est aléatoire grâce à la présence du terme ui. Si l'utilité que l'individu retire de la connexion (ou de l'utilisation) est supérieure à une certaine valeur, il choisira d'avoir une connexion (ou d'utiliser) Internet sinon, il choisira de ne pas avoir une connexion (ou de ne pas utiliser) Internet.

Ce qui donne :

yi = 1 si yi c

* >-

yi = 0 si yi c

* =

La règle de décision devient : Pr( 1) Pr(

y = = x u c

â + >- ) 1 Pr(

= - u c x

-< - )

i i i i i â

Pr( 0) Pr(

y = = x u c ) Pr( u c x )

i i â + = = -

=

i i i â

Comme la valeur seuil c peut être normalisée à 0, et étant donnée la distribution logistique, les probabilités de se connecter ou de ne pas se connecter à domicile sont :

exp( )

x et exp( )

- â 1

i â x i

Pr( 1)

y = = Pr( 0)

y = = =

i i

1 exp( )

+ x i â + -

1 exp( ) 1 exp( )

x + x

i â i â

Le modèle Logit est souvent utilisé dans la plupart des études d'adoption car il est plus aisé à manipuler, mais surtout parce que la fonction logistique présente certains avantages par rapport à la fonction normale. La loi logistique tend à attribuer aux évènements « extrêmes » une probabilité plus forte que la distribution normale (Hurin, 2003) cité par les auteurs Diagne, Birba et Maazou en 2008. Toutefois les modèles Logit et Probit donnant des résultats similaires dans cette étude, nous avons retenu le modèle Probit comme outil d'analyse pour spécifier les relations entre la probabilité d'adopter Internet à domicile et les facteurs explicatifs de cette adoption car il permet d'utiliser la loi normale centrée et réduite pour les résidus.

§2. Le modèle Probit binomial.

Dans cette sous-section nous allons présenter le modèle Probit binaire choisi pour l'estimation de notre modèle.

Nous supposons, en effet, que l'adoption de l'Internet à domicile suit une loi normale centrée et réduite.

Soit F (Xâ) la fonction de répartition de la loi normale N (0,1) avec X le vecteur des paramètres.

On pose Yi = F (Xiâ) + åi ? åi = Yi - F (Xiâ).

Avec Yi, la variable binaire exprimant l'adoption de l'Internet à domicile. On rappelle que la variable Yi prend la valeur 1 si le ménage dispose d'un ordinateur connecté à domicile et, elle vaut 0 sinon.

On suppose que les erreurs åi suivent la même loi que Y donc elles sont normales centrées et réduites. Ce qui implique que leur espérance mathématique est nulle (E (å) = 0).

Soit P, la probabilité que le ménage possède un ordinateur connecté à domicile. (Prob(Y=1) = P) et 1-P la probabilité qu'il ne le possède (Prob(Y=0) = 1-P). Comme Y ne peut prendre que deux valeurs (0 ou 1) alors åi aussi ne peut prendre que deux valeurs :

åi = 1- F(Xiâ) si Y=1 avec la probabilité P et åi = - F(Xiâ) si Y=0 avec la probabilité 1-P. Soit E(å) l'espérance mathématique de å.

E(å) = (1- F(Xiâ) P - (1-P) F(Xiâ))= 0 ? P= F(Xiâ). Donc la probabilité que le ménage possède un ordinateur connecté est donnée par Pro (Y=1)=F (Xiâ) et la probabilité qu'il ne le possède est : Prob (Y=0)= 1- F (Xiâ).

On peut avoir le même résultat à partir d'un développement utilisant la variable latente.

Notons Y* la variable latente qui est inobservable dont la valeur dépend d'une série de variables explicatives Xi, nous avons l'équation suivante :

Yi*= â Xi * + åi (1)

â étant le vecteur des paramètres, Xi la matrice des variables explicatives et åi est le terme de l'erreur.

La variable dichotomique Y, observé, est liée à la variable latente Y* par la relation suivante :

Y= |1 si Y*>0 (2)

|0 sinon

Si Y*>0, le ménage a suffisamment d'incitation à acquérir une connexion Internet et la variable dichotomique prend la valeur 1. Le terme d'erreur est dû aux effets non considérés tels que : la possible difficulté à acquérir une connexion à Internet.

Prob (Yi=1) = Prob (Y* i >0) = Prob (X* iâ> -å) = F (Xiâ). Prob (Yi =0) = Prob (Y*i =0) = Prob (X* iâ= -å) =1- F (Xiâ).

Dans cette section qui s'achève, il était question de présenter la méthodologie utilisée dans les études ayant une variable dépendante discrète. C'est ainsi que, nous avons exposé le modèle Logit et le modèle Probit retenu pour l'estimation des coefficients de notre modèle. La section qui va suivre nous permettra de faire les statistiques descriptives des variables explicatives que nous utiliserons pour estimer notre modèle.

SECTION II : Analyse exploratoire des données.

Il s'agit dans cette section de présenter les statistiques descriptives, d'analyser l'existence éventuelle de la fracture numérique par variable socioéconomique. Avant d'y arriver, présentons tout d'abord dans la sous-section qui suit la nature et la source de nos données.

§1.Nature et source des données

En général, les études sur les déterminants de l'adoption de l'Internet à domicile reposent sur une principale source de données : les enquêtes par questionnaires.

Pour déterminer les facteurs explicatifs de l'adoption de l'Internet au foyer, nous disposons d'une base de données en coupe transversale provenant de l'enquête réalisée par le Groupe de Recherche en Economie Théorique et Application de l'Université de Douala en partenariat avec l'Université de Rennes 1 en France, l'Université Omar Bongo de Libreville au Gabon et le CEPS/INSTEAD du Luxembourg sur les TIC. Cette enquête (« enquête sur les usages des TIC par les ménages et citoyens au Cameroun et au Gabon »), faite dans le cadre d'un projet de recherche sous régional, a été réalisée auprès de 2650 ménages et citoyens camerounais et précisément dans les villes de Douala, Buéa et Limbé. Dans cette base, nous nous intéressons essentiellement aux données concernant: les caractéristiques de l'individu, c'est-à-dire : le niveau d'étude, l'âge, le sexe, la CSP et les caractéristiques du ménage, c'est-à-dire : la composition du ménage, le revenu mensuel du ménage et l'équipement en TIC du ménage.

Sur la base de ces données, nous exposons dans la sous section suivante les statistiques descriptives, analyser l'existence éventuelle de la fracture numérique de premier ordre.

§2. Analyse exploratoire des données

Au Cameroun d'après notre échantillon, 1,32% de ménage adopte internet. Il existe donc une très large fracture numérique au 1er degré de 98,68% .Celle-ci peut avoir plusieurs interprétations par exemple on peut penser que les individus ont accès a Internet ailleurs, soit

encore que l'Internet n'est pas utile pour eux, soit enfin qu'ils sont butés par le niveau de revenu de leur ménage. Toutefois, le comportement en matière d'adoption de l'Internet à domicile dépend très largement des spécificités individuelles.

§2.1. Adoption de l'Internet à domicile et le sexe du chef de ménage

D'après le tableau 1 ci-après, la gente féminine adopte légèrement plus Internet que les hommes puisque 1,48% des femmes adoptent l'Internet contre 1,30% d'hommes soit une différence de 0,18%. Le sexe apparaît ici comme une variable non significative (il n'y a presque pas de différence entre les deux sexes).

Tableau 1 : Adoption de l'Internet à domicile suivant le sexe du chef de ménage

Variable

Modalités

Non

Oui

Total

Effectifs

Proportion

Sexe de
l'individu

Homme

98,70%

1,30%

100%

1410

54,34%

Femme

98,52%

1,48%

100%

1185

45,66%

Source de données : la base de données de l'enquête sur les Usages des TIC par les citoyens et les ménages : camerounais et gabonais réalisée par le GRETA1 en Juin 2008.

§2.2. Adoption de l'Internet à domicile et l'âge du chef de ménage

L'adoption de l'Internet à domicile décroît avec l'âge du chef de ménage. En effet d'après le tableau 2 ci-dessous, 1,74% des personnes âgées de moins de 30ans adoptent l'Internet. Cette proportion est respectivement de 1,21%, 0,82% et 0,65% pour les personnes dont l'âge est compris respectivement entre 30 et 44 ans, 45 et 59 ans et 60 ans et plus. Cela peut être expliqué par le fait que les jeunes s'adaptent mieux à cette technologie que les personnes âgées : on parle d'un effet de génération.

1 Le GRETA c'est le Groupe de Recherche en Economie Théorique et Application à l'Université de Douala.

Tableau 2 : Adoption de l'Internet à domicile suivant l'âge du chef de ménage

Variable

Modalités

Non

Oui

Total

Effectifs

Proportion

Age de
l'individu

(age)

<de 30ans

98,26%

1,74%

100%

1149

43,92%

[30, 45ans [

98,79%

1,21%

100%

827

31,61%

[45, 60ans [

99,18%

0,82%

100%

486

18,58%

[60ans, et + [

99,35%

0,65%

100%

154

5,89%

Source de données : la base de données de l'enquête sur les Usages des TIC par les citoyens et les ménages : camerounais et gabonais réalisée par le GRETA en Juin 2008.

Cependant, une observation plus minutieuse de la relation entre l'adoption de l'Internet et l'âge du chef de ménage (graphique 2) montre que : les ménages dont les chefs de ménage sont âgés entre 22 et 29 ans adoptent plus l'Internet (48,57%) peut être parce que dans cette tranche d'âge il y a des élèves et des étudiants, suivi de la tranche 30 à 44 ans. Les ménages dont l'âge du chef de ménage est entre 60 et 64 ans n'adoptent pas l'Internet.

Graphique2: Proportion d'adoptants
d'Internet selon l'âge (%)

60
50
40

 
 
 

30

 

Série1

20 10 0

 
 

15-21 22-29 30-44 45-59 60-64 65et+

 
 

Source de données : la base de données de l'enquête sur les Usages des TIC par les citoyens et les ménages : camerounais et gabonais réalisée par le GRETA en Juin 2008.

§2.3. Adoption de l'Internet à domicile et le niveau d'étude du chef de ménage

Une autre tendance qui se dégage est l'augmentation de la proportion d'adoptants avec le niveau d'éducation du chef de ménage. En effet, il ressort du tableau 3 ci-dessous que 0,44% des personnes ayant au plus le niveau primaire adoptent l'Internet, 1,53% pour celles ayant atteint le niveau secondaire et 3.45% pour le niveau supérieur (ce qui est supérieur aux niveaux primaire et secondaire réunis). Ceci pour dire que les personnes les plus instruites adoptent plus l'Internet. En d'autres termes, un bagage théorique général favorise l'accès à Internet.

Tableau 3 : Adoption de l'Internet à domicile suivant le niveau d'étude

Variable

Modalités

Non

Oui

Total

Effec Total

Proportion

Niveau
d'études

de l'individu

Aucun

100%

0,00%

100%

53

2,02%

Primaire

99,56%

0,44%

100%

465

17,76%

Secondaire

98,47%

1,53%

100%

1539

58,87%

Supérieur

96,55%

3,45%

100%

559

21,35%

Source de données : la base de données de l'enquête sur les Usages des TIC par les citoyens et les ménages : camerounais et gabonais réalisée par le GRETA en Juin 2008.

Cependant, d'après le graphique 3 ci-dessus, on constate que ce sont les ménages dont les chefs de ménage ont le niveau du second cycle qui adoptent plus l'Internet à domicile (34,3%) suivi de ceux qui ont le niveau bac+2 (25,71%), les ménages dont les chefs de ménage n'ont aucun niveau d'étude n'adoptent pas Internet ; ceux dont les chefs de ménage ont le niveau bac+5et+ adoptent peu l'Internet (2,86%) ce qui peut être paradoxale. Peut être, ils ont accès à Internet ailleurs (comme dans leur lieu de service), puisque dans cette tranche on retrouve les enseignants du secondaire et du supérieure, les cadres supérieures. En somme, d'après le graphique 3 ci-dessous, l'adoption de l'Internet à domicile ne croit pas avec le niveau d'étude du chef de ménage.

40

25

20

35

30

15

10

5

0

Graphique3: Proportion d'adoptants d'Internet selon le niveau d'études (%)

Série1

Source de données : la base de données de l'enquête sur les Usages des TIC par les citoyens et les ménages : camerounais et gabonais diligentée par le GRETA en Juin 2008.

§2.4. Adoption de l'Internet à domicile et la CSP du chef de ménage

La CSP peut avoir une influence sur l'adoption de l'Internet à domicile car d'après le tableau 4 ci-contre, le fait d'appartenir aux catégories de profession intermédiaire et des cadres et profession intellectuelle influence positivement la probabilité d'adopter Internet au domicile. Pour ces deux catégories socioprofessionnelles, les proportions sont respectivement de 2,94% et 2,90%.

Tableau 4 : Adoption de l'Internet à domicile suivant la CSP du chef de ménage

Variable

Modalités

Non

Oui

Total

Effectifs

Proportion

CSP

de
l'individu

Sans emploi

99,32%

0,68%

100%

600

23,13%

Elèves et étudiants

97,65%

2,35%

100%

482

18,58%

Agriculteurs et
Artisans

100%

0,00%

100%

55

2,12%

Gds commerçants
et Chefs
d'entreprise

99,18%

0,82%

100%

249

9,60%

Cadres et Profession intellectuelle supérieure

97,10%

2,90%

100%

244

9,41%

 

Professions
intermédiaires

 
 

100%

137

5,28%

 
 

97,06%

2,94%

 
 
 
 

Employés

100%

0,00%

100%

41

1,58%

 

Ouvriers et Petits
commerçants

 
 

100%

786

30,30%

 
 

99,09%

0,91%

 
 
 

Source de données : la base de données de l'enquête sur les Usages des TIC par les citoyens et les ménages : camerounais et gabonais diligentée par le GRETA en Juin 2008.

Le graphique 4 suivant permet de mieux observer les écarts dans les CSP. Ce sont les
ménages ayant des élèves et des étudiants qui adoptent plus l'Internet.

Graphique4: Proportion d'adoptants
d'Internet selon la CSP (%)

35

30

25

20

15

10

5

0

Série1

Source de données : la base de données de l'enquête sur les Usages des TIC par les citoyens et les ménages : camerounais et gabonais diligentée par le GRETA en Juin 2008.

Outre les spécificités individuelles, on note des différences fondamentales selon les caractéristiques des ménages dans lesquels vivent les individus enquêtés.

§2.5. L'effet des enfants sur l'adoption de l'Internet à domicile

Le fait d'avoir les enfants n'a peut-être pas d'influence sur la probabilité d'adoption d'Internet à domicile. Puisque d'après le tableau 5 ci-après, les ménages sans enfants adoptent plus Internet (1,34%) par rapport aux ménages avec enfants (1,29%).

Tableau 5 : l'effet des enfants sur l'adoption de l'Internet à domicile

Variable

Modalités

Non

Oui

Total

Effectif

Proportion

Ménage avec
enfant

Non

98,66%

1,34%

100%

1562

58,94%

Oui

98,71%

1,29%

100%

1088

41,06%

Source de données : la base de données de l'enquête sur les Usages des TIC par les citoyens et les ménages : camerounais et gabonais diligentée par le GRETA en Juin 2008.

§2.6. L'impact du revenu mensuel du ménage sur Adoption de l'Internet à domicile

D'après le tableau 6 ci-dessous, les ménages qui ont un revenu élevé au-delà de 300.000fcfa adoptent plus l'Internet. Pour les autres classes de revenu : moins de 101000fcfa, compris entre [101, 201[, [201, 301[ et [301 et +[ les proportions d'adoptants sont respectivement de 0,83% , 0,79% et 1,67%. Toutefois nous ne pouvons affirmer qu'il y a une évolution croissante du nombre d'adoptants avec l'accroissement du revenu.

Tableau 6: Adoption de l'Internet à domicile suivant le revenu mensuel du ménage

Variable

Modalités

Non

Oui

Total

Effectif

Proportion

Niveau de

revenu

mensuel du

ménage (en

milliers de

francs CFA)

Moins de
101

99,17%

0,83%

100%

734

51,84%

[101, 201[

99,21%

0,79%

100%

509

35,95%

[201, 301[

98,33%

1,67%

100%

121

8,55%

[301 et + [

90,38%

9,62%

100%

52

3,67%

Source de données : la base de données de l'enquête sur les Usages des TIC par les citoyens et les ménages : camerounais et gabonais diligentée par le GRETA en Juin 2008.

L'adoption de l'Internet à domicile peut-elle être expliquée par le style de vie des ménages ?

§2.7. La possession d'un abonnement pour chaînes par câble et l'adoption de l'Internet
à domicile

D'après le tableau 7 ci-après, la probabilité d'adopter internet à domicile croit avec la possession d'un câble TV. En effet, parmi les ménages qui ont une connexion Internet, la proportion de ceux qui possèdent un câble TV (1,71%) est supérieur à celle de ceux qui ne le possèdent pas (0.88%).

Tableau 7 : la possession d'un abonnement pour chaînes par câble et l'adoption de
l'Internet à domicile

Variables

Modalités

Non

Oui

Total

Effectif

Proportion

Chaîne TV par
câble

Non

99,12%

0,88%

100%

1134

43,75%

Oui

98,29%

1,71%

100%

1458

56,25%

Source de données : la base de données de l'enquête sur les Usages des TIC par les citoyens et les ménages : camerounais et gabonais diligentée par le GRETA en Juin 2008.

§2.8. La possession d'un lecteur CD/DVD et l'adoption de l'Internet à domicile

Le fait de posséder un lecteur CD/DVD a un effet négatif sur l'adoption de l'Internet à domicile. Effectivement, la proportion des ménages ayant une connexion Internet et un lecteur CD/DVD (1,09%) est inférieure à celle des ménages ne possédant pas un lecteur CD/DVD mais ayant une connexion Internet (1,81%).

Tableau 8 : la possession d'un lecteur CD/DVD et l'adoption de l'Internet à domicile

Variables

Modalités

Non

Oui

Total

Effectif

Proportion

Lecteur
CD/DVD

Non

98,19%

1,81%

100%

940

36,24%

Oui

98,91%

1,09%

100%

1654

63,76%

Source de données : la base de données de l'enquête sur les Usages des TIC par les citoyens et les ménages : camerounais et gabonais diligentée par le GRETA en Juin 2008.

§2.9. La possession d'un lecteur mp3 et l'adoption de l'Internet à domicile

D'après le tableau 9 ci-après, parmi les ménages ayant une connexion Internet, ceux possédant un lecteur mp3 ont une proportion (1,91%) supérieure à celle de ceux qui ne le possèdent pas (1,19%). Par conséquent, avoir un lecteur mp3 peut avoir un impact positif sur l'adoption de l'Internet à domicile.

Tableau 9 : la possession d'un lecteur mp3 et l'adoption de l'Internet à domicile

Variables

Modalités

Non

Oui

Total

Effectif

Proportion

Lecteur mp3

Non

98,81%

1,19%

100%

2025

77,89%

Oui

98,09%

1,91%

100%

575

22.11%

Source de données : la base de données de l'enquête sur les Usages des TIC par les citoyens et les ménages : camerounais et gabonais diligentée par le GRETA en Juin 2008.

§2.10. La possession d'un téléphone fixe et l'adoption de l'Internet à domicile

D'après observation du tableau 10 ci-dessous, le fait d'avoir un téléphone fixe à un effet important dans la possession d'une connexion Internet à domicile. En effet, parmi les ménages ayant une connexion Internet ceux possédant un téléphone fixe (6,02%) ont une proportion 5,52 supérieure à celle de ceux n'ayant un téléphone fixe (1,09%).

Variables

Modalités

Non

Oui

Total

Effectif

Proportion

Téléphone
Fixe

Non

98,91%

1,09%

100%

2467

94,89%

Oui

93,98 %

6,02%

100%

133

5,11%

Source de données : la base de données de l'enquête sur les Usages des TIC par les citoyens et les ménages : camerounais et gabonais diligentée par le GRETA en Juin 2008.

§2.11. La possession d'un appareil photo numérique et l'adoption de l'Internet à
domicile

D' après le tableau 11 ci-dessous, un appareil photo numérique dans un ménage augmente la probabilité d'adoption de l'Internet dans le ménage. Précisément, parmi les ménages ayant une connexion Internet, ceux possédant un appareil photo numérique ont une proportion (3,33%) supérieure à celle de ceux qui ne le possèdent pas (1,18%).

Tableau 11 : la possession d'un appareil photo numérique et l'adoption de l'Internet à
domicile

Variables

Modalités

Non

Oui

Total

Effectif

Proportion

Appareil
photo

numérique

Non

98,82%

1,18 %

100%

2374

91,87%

Oui

96,67%

3,33 %

100%

210

8,13%

Source de données : la base de données de l'enquête sur les Usages des TIC par les citoyens et les
ménages : camerounais et gabonais diligentée par le GRETA en Juin 2008.

§2.12. La possession d'un caméscope et l'adoption de l'Internet à domicile

La possession d'un caméscope ou d'une caméra vidéo semble être importante pour l'adoption de l'Internet dans le ménage. En effet, d'après le tableau 12 ci-après, parmi les ménages ayant une connexion Internet, ceux possédant un caméscope et (ou) une caméra vidéo (9,09%) ont une proportion 7,63 supérieure à celle des ménages n'ayant pas un caméscope ou une caméra vidéo (1,19%).

Variables

Modalités

Non

Oui

Total

Effectif

Proportion

Caméscope/caméra
vidéo

Non

98,81%

1,19%

100%

2529

97,87%

Oui

90,91%

9,09%

100%

55

2,13%

Source de données : la base de données de l'enquête sur les Usages des TIC par les citoyens et les ménages : camerounais et gabonais diligentée par le GRETA en Juin 2008.

Il ressort de cette analyse selon le style de vie que : les ménages technophiles adoptent plus l'Internet.

Au terme de l'analyse descriptive, plusieurs variables sont susceptibles d'influencer l'adoption de l'Internet à domicile.

Ce chapitre qui s'achève avait pour objectif de faire une analyse exploratoire de la base des données qui est en notre possession. Cependant avant d'atteindre cet objectif, nous avons exposé dans la première section la méthodologie utilisée dans le cas des études axées sur les déterminants de l'adoption de l'Internet. Pour ce qui concerne l'approche méthodologique, notre étude utilise l'approche causale. Puis, nous avons présenté deux modèles utilisés dans l'économétrie des variables qualitatives: le modèle Logit binaire et le modèle Probit binomial. Dans la seconde section, nous avons fait une analyse descriptive des données. Au terme de cette analyse, les variables telles que : l'âge de l'individu, le niveau de revenu mensuel du ménage, le niveau d'étude de l'individu et la CSP de l'individu et celles reflétant le style de vie des ménages sont susceptibles d'influencer l'adoption d'Internet à domicile.

Dans le prochain chapitre, ces variables seront retenues pour la modélisation.

CHAPITRE
IV

LES FACTEURS EXPLICATIFS DE L'ADOPTION DE L'INTERNET DANS LES

MENAGES

L'objectif de ce chapitre est d'évaluer les effets des variables explicatives de notre modèle sur l'adoption de l'Internet à domicile. Pour y arriver, nous allons dans une première section estimer le modèle, puis dans une seconde section déterminer les effets des variables explicatives de notre modèle sur l'adoption de l'Internet à domicile.

SECTION I: Estimation du modèle

Nous nous intéressons à la probabilité pour qu'un individu adopte Internet à domicile.

La première partie de cette section vise à modéliser l'adoption de l'Internet au foyer en utilisant les variables retenues (sous-section 1). Ensuite, dans la seconde partie, nous estimons les paramètres du modèle (sous-section 2).

§1. Spécification du modèle.

L'impact des caractéristiques des individus et des ménages sur l'adoption de l'Internet à domicile est obtenu à partir de la variable latente suivante :

acii * = â0 + â1genrei + â2agei + â3etudi + â4CSPi + â5avoirenfi + â6ctvcabi + â7lecddvdi + â8lecmp3i + â9telfixi + â10apni + â11camesi + åi .

acii* : avoir un ordinateur connecté à domicile ; f30 est une constante ; genrei : sexe de l'individu (qui vaut 1 si l'individu est un homme et 0 s'il est une femme); agei : âge de l'individu ; etudi : niveau d'étude de l'individu ; CSPi : catégorie socioprofessionnel de l'individu ; avoirenfi: variable dichotomique valant 1 si le ménage a des enfants et 0 sinon ; ctvcabi : chaine TV par cable ; leccddvdi : lecteur CD/DVD ; lecmp3i : lecteur mp3 ; telfixi : téléphone fixe ; apni :appareil photo numérique ; camesi : caméscope/camera vidéo et Ei : le terme de l'erreur.

§2. Estimation des paramètres du modèle

La méthode maximum de vraisemblance est utilisée pour l'estimation des paramètres du modèle. Elle consiste à estimer les paramètres inconnus d'un modèle de sorte à maximiser la probabilité d'observer la variable expliquée sachant les variables explicatives. C'est un estimateur convergent et asymptotiquement nul.

La fonction de maximum de vraisemblance de la loi normale est donnée par la formule:

N

L ( â) = ?

[ F ( X i â ) ] Yi [1 - F ( Xiâ )]1

- Y i

i

=

1

N1 N2

L(â)=?F( Xiâ)

Si Y=1 et [

L ( â ) 1 ( )

= ? - F X â ]

i

Si Y=0

i=1 i=1

N N

1 2

LnL â Y LnF X â

( ) = ( ) (1 ) 1

+ - Y Ln F

-

i i i

i = 1 i=1

( Xiâ)

? LnL

( â ) v f ( X iâ ) X v - f ( X iâ)

= +X = 0

i i

? â i ( )

F X â 1 ( )

- F X â

Y = 1 i Y 0

i = i

Avec f (Xiâ) la fonction densité de la loi normale, N1 et N2 sont respectivement le nombre des ménages de l'échantillon qui ont une connexion Internet et ceux qui ne le possèdent pas.

La dernière équation, représente les K+1 conditions de premier ordre, qui doivent être vérifiées.

On obtient les valeurs des paramètres estimés par itérations.

SECTION II: Impacts des variables explicatives sur l'adoption de l'Internet à
domicile

L'objet de cette section est de déterminer l'impact des variables explicatives sur la probabilité d'adopter l'internet dans les foyers. Nous évaluons dans un premier temps l'effet de chaque variable retenue sur la probabilité d'adoption de l'Internet dans les ménages puis dans un second temps, nous faisons une appréciation de la qualité du modèle.

§1. Analyse et interprétation des résultats

Les résultats de l'estimation sont présentés dans le tableau 13 ci-dessous. En ce qui concerne la qualité du modèle : seulement 13,82% de l'adoption de l'Internet à domicile est expliqué par les variables indépendantes de notre modèle.

Seules les variables niveau d'étude supérieure, la possession des chaînes de télévision par câble, le lecteur CD/DVD, le téléphone fixe et le caméscope/caméra vidéo sont significativement différents de zéro et ont un effet positif sur la probabilité d'adoption de l'Internet à domicile en dehors de la variable lecteur CD/DVD.

Tableau 13 : Résultats de la régression du modèle Probit binomial

Variables explicatives et variables de
références

Descriptif

Adoption

Sexe du répondant

 

.0131639

Réf. Etre une Femme

Homme

(0.08)

Tranche d'âge du chef de ménage

30-44ans

-.0969301

 
 

(-0.48)

Réf. Avoir moins de 30ans

45-59ans

-.3143928

 
 

(-1.18)

 

60 ans et +

-.2036912

 
 

(-0.48)

Niveau d'éducation du chef de ménage

Secondaire

.1764984

 
 

(0.64)

Réf. Avoir un Niveau primaire

Supérieure

.6262375

 
 

(2.24)**

Catégorie socioprofessionnelle

Elèves et étudiants

.2623143

 
 

(1.00)

Réf. Etre un chômeur

Agriculteurs et Artisans

...

 

Grands commerçants et Chefs
d'entreprise

.0084227

 
 

(0.02)

 

Cadres et Profession intellectuelle
supérieure

.3401958

 
 

(1.18)

 

Professions intermédiaires

.3989499

 
 

(1.15)

 

Employés

...

 

Ouvriers et Petits commerçants

.129471

 
 

(0.51)

Ménage avec enfants

Ménage ayant des enfants

-.0895523

Réf. Ménage sans enfant

 

(-0.64)

TV par câble

Ménage ayant un abonnement télévision
par câble

.4270002

 
 

(2.28)**

Lecteur CD/DVD

Ménage ayant un lecteur CD/DVD

-.6339767

 
 

(-3.23)***

Lecteur mp3

Ménage ayant un lecteur mp3

.0568272

 
 

(0.31)

Téléphone fixe

Ménage ayant un téléphone fixe

.537636

 
 

(2.63)***

Appareil photo numérique

Ménage ayant un appareil photo
numérique

-.0200261

 
 

(-0.09)

Caméoscope/caméra

Ménage ayant un Caméoscope/caméra

.6560187

 
 

(2.45)***

Pourcentage de prévisions correctes

98.47%

Log de vraisemblance

-155.95316

(.) : la statistique de Wald *** : significatif à moins de 1%

Pseudo R2=0.1382 ** : significatif à moins de 5%

... : la variable n'est pas utilisée dans ce modèle * : significatif à moins de 10%

Réf.= variable de référence

Les impacts marginaux de la régression sont présentés dans le tableau 14 ci-après.
Tableau 14 : Effets marginaux de la régression du modèle Probit binomial

Variables explicatives et variables de
références

Descriptif

Adoption

Sexe du répondant

 

.0002987

Réf. Etre une Femme

Homme

(0.08)

Tranche d'âge de l'individu

30-44ans

-.0021117

Réf. Avoir moins de 30ans

 

(-0.48)

 

45-59ans

-.0056955
(-1.18)

60 ans et +

-.0037388
(-0.48)

Niveau d'éducation

Secondaire

.0038646

Réf. Avoir un Niveau inférieure au
bac

 

(0.64)

 

Supérieure

.0226727

 
 

(2.24)**

Catégorie socioprofessionnelle

Elèves et étudiants

.0072866

Réf. Etre un chômeurs

 

(1.00)

 

Agriculteurs et Artisans

...

 

Grands commerçants et Chefs
d'entreprise

.0001929

 
 

(0.02)

 

Cadres et Profession intellectuelle
supérieure

.0108169

 
 

(1.18)

 

Professions intermédiaires

.013966

 
 

(1.15)

 

Employés

...

 

Ouvriers et Petits commerçants

.0031292

 
 

(0.51)

Ménage avec enfants

Ménage ayant des enfants

-.0020012

Réf. Ménage sans enfant

 

(-0.64)

TV par câble

Ménage ayant une télévision ayant
un câble

.0094193

 
 

(2.28)**

Lecteur CD/DVD

Ménage ayant un lecteur CD/DVD

-.0189199

 
 

(-3.23)***

Lecteur mp3

Ménage ayant un lecteur mp3

.0013409

 
 

(0.31)

Téléphone fixe

Ménage ayant un téléphone fixe

.0221368

 
 

(2.63)***

Appareil photo numérique

Ménage ayant appareil photo
numérique

-.0004459

 
 

(-0.09)

Caméoscope/caméra

Ménage ayant un

.0319356

 

Caméoscope/caméra

 
 
 

(2.45)***

Pourcentage de prévisions correctes

98.47%

Log de vraisemblance

-155.95316

(.) : la statistique de Wald *** : significatif à moins de 1%

Pseudo R2=0.1382 ** : significatif à moins de 5%

... : la variable n'est pas utilisée dans ce modèle * : significatif à moins de 10%

Réf.= variable de référence

Les calculs de l'auteur.

D'après le tableau 14 ci-dessus, il apparaît que le modèle n'est pas globalement significatif car le pseudo R2 =0,1382(très inférieure à l'unité). La variabilité des variables explicatives du modèle expliquerait seulement 13,82% de la variabilité de la variable dépendante. Il ressort du même tableau que le niveau d'étude supérieure augmente la probabilité d'adopter Internet à domicile. Ce qui confirme notre première hypothèse selon laquelle : le niveau d'étude du chef de ménage influence positivement l'adoption de l'Internet à domicile. En effet, les ménages dont les chefs ont le niveau d'étude supérieure ont un effectif (19) supérieur à la moyenne des adoptants (11,67). Ceci peut être dû au fait que ces chefs ont des compétences numériques qu'ils ont acquit à l'école.

L'adoption de l'Internet à domicile n'est pas liée au sexe comme nous l'avons prédit. Ainsi donc, point de différence de genre pour adopter Internet dans les ménages camerounais : ce qui confirme les résultats d'ANAÏS. De même l'âge de l'individu n'influence pas l'adoption en raison de la non significativité des différentes tranches d'âge. Ainsi, au Cameroun l'adoption de l'Internet à domicile ne dépend pas de l'âge de l'individu. Ce résultat est différent des résultats de la littérature. Les variables la CSP et les ménages avec enfants n'ont pas d'effet sur la probabilité d'adopter Internet à domicile. Ainsi donc, adopter Internet à domicile dans notre environnement, ne dépend ni de la CSP, ni du fait d'avoir les enfants dans le foyer. La grande partie des variables d'équipement en TIC étant significative

et ayant un effet positif, ces résultats montrent que les ménages camerounais technophiles adoptent plus Internet. Ce résultat vérifie notre seconde hypothèse selon laquelle : les ménages technophiles adoptent plus l'Internet et il confirme les résultats obtenus dans la partie descriptive et les résultats obtenus dans les articles cités dans ce mémoire.

Le niveau d'étude du chef de ménage et l'équipement en TIC sont pertinents dans cette étude. Ces résultats ont des implications économiques. En effet, la mise sur pied des politiques visant à accroître l'adoption de l'Internet dans les foyers (la réduction du coût d'accès à Internet, le renforcement des formations sur les TIC) cela aura des effets positifs dans l'économie (augmentation du chiffre d'affaire des agents économiques commercialisant des PC et par effet d'entraînement à l'accroissement du PIB).

§2. Appréciation de la qualité du modèle

Il est question dans cette sous section de faire une évaluation du comportement du modèle sur l'échantillon qui a servi à l'estimation et en dehors de celui-ci. Pour ce faire, nous allons réaliser dans un premier temps un test pour évaluer la qualité du modèle à prédire les valeurs 0 et 1 de la variable dépendante (qualité de la prédiction), puis dans un second temps vérifier la conformité des probabilités calculées aux probabilités théoriques de l'évènement Yi =1 (test d'adéquation d'Hosmer- Lemeshow).

§2.1. La Qualité de la prédiction

Au seuil 50%, le tableau 15 ci-après, montre que : pour les ménages qui ont adopté l'Internet, les 35 cas ont été mal prédits et pour les foyers n'ayant pas adopté l'Internet, tous les 2464 cas ont été bien prédits.

Tableau 15 : Prédiction du modèle

Probit model for aci
True

Classified | D ~D | Total

+ +

+ | 0 0 | 0

- | 35 2249 | 2284

+ +

Total | 35 2249 | 2284

Classified + if predicted Pr(D) >= .5 True D defined as aci != 0

Sensitivity Pr( +| D) 0.00%

Specificity Pr( -|~D) 100.00%

Positive predictive value Pr( D| +) .%

Negative predictive value Pr(~D| -) 98.47%

False + rate for true ~D Pr( +|~D) 0.00%

False - rate for true D Pr( -| D) 100.00%

False + rate for classified + Pr(~D| +) .%

False - rate for classified - Pr( D| -) 1.53%

Correctly classified 98.47%

Source de données : la base de données de l'enquête sur les Usages des TIC par les citoyens et les ménages : camerounais et gabonais diligentée par le GRETA en Juin 2008.

§2.2. Test de Hosmer-Lemeshow

D'après le tableau 16 ci-dessous qui résume le test d'adéquation de HosmerLemeshow, il ressort que l'hypothèse d'adéquation des probabilités calculées aux probabilités théoriques de l'évènement Yi =1 est vérifiée car la valeur de la statistique HL (14.38) est supérieure au seuil de risque (0.0723).

Tableau 16: Test d'adéquation de Hosmer-Lemeshow

Probit model for aci, goodness-of-fit test

(Table collapsed on quantiles of estimated probabilities)

number of observations =

2284

number of groups =

10

Hosmer-Lemeshow chi2(8) =

14.38

Prob > chi2 =

0.0723

Source de données : la base de données de l'enquête sur les Usages des TIC par les citoyens et les ménages : camerounais et gabonais diligentée par le GRETA en Juin 2008.

Au terme de ce chapitre qui avait pour objectif la détermination des facteurs explicatifs de l'adoption de l'Internet à domicile, nous pouvons retenir que le niveau d'étude et l'équipement TIC des ménages sont les seules facteurs déterminants de notre échantillon. Dans l'ensemble, le modèle n'est pas significatif. Ceci peut avoir plusieurs causes par exemple la proportion des adoptants de l'Internet à domicile parmi les enquêtés (1,32%), mais aussi la non pertinence des différentes réponses données par les enquêtés pour certaines questions délicates.

CONCLUSION

Cette deuxième partie qui s'achève avait pour objectif la détermination des facteurs qui influencent l'adoption de l'internet à domicile. Nous avons présenté primo l'approche méthodologique et analyser exploratoire des données dans le chapitre 3. En ce qui concerne l' approche méthodologique, nous avons exposé deux modèles de l'économétrie des variables qualitatives à savoir le modèle Logit binomial et le modèle Probit binaire que nous avons utilisé pour l'estimation des paramètres de notre modèle. De l'analyse de la base de données il apparaît que : plusieurs variables sont susceptibles d'influencer l'adoption de l'Internet au foyer à l'instar de : la CSP, le niveau du revenu mensuel du ménage et le niveau d'étude de l'individu. Secundo de déterminer dans le chapitre 4 les effets des variables explicatives retenues lors de l'analyse exploratoire des données sur la probabilité d'avoir un ordinateur connecté à domicile. C'est ainsi que, nous retenons que seules les variables : niveau d'étude de l'individu, la télévision par câble, le lecteur CD/DVD, le téléphone fixe et le caméscope/camera vidéo ont un effet (positif) sur la probabilité d'adopter Internet dans les ménages camerounais. Les autres variables n'étant pas significatives.

CONCLUSION GENERALE

Quels sont les facteurs qui favorisent ou au contraire qui freinent l'accès à l'Internet à domicile ? C'est à cette question que notre étude tenait à répondre.

La première partie de ce mémoire a présenté la fracture numérique et les déterminants de l'adoption de l'Internet.

Cette partie nous a permis de constater d'une part que le concept de fossé numérique est complexe et évolutif car on parle aujourd'hui de fracture numérique de premier ordre, de fracture numérique de second ordre, voire de fracture de type de sociabilité. D'autre part que les facteurs susceptibles d'expliquer l'adoption de l'Internet sont multiples ; nous avons par exemple : le niveau de revenu, la taille du ménage, le niveau d'étude.

Dans la deuxième partie, il était question de déterminer les effets des facteurs explicatifs sur l'adoption de l'Internet à domicile. Dans un premier temps nous avons exposé l'approche méthodologique : l'approche causale dans laquelle nous avons présenté le modèle Probit binomial que nous avons utilisé pour l'estimation de notre modèle puis nous avons analysé des données afin d'identifier les variables susceptibles d'influencer l'adoption de l'Internet à domicile. C'est ainsi que les variables telles que : le niveau mensuel de revenu du ménage, l'âge de l'individu, la CSP de l'individu peuvent influencer l'adoption de l'internet à domicile. Dans un second temps, nous avons déterminé, à l'aide du modèle Probit binaire, les facteurs explicatifs de l'adoption de l'Internet dans les ménages camerounais. Cela nous a permis de confirmer la pertinence du niveau d'étude de l'individu et de l'équipement des TIC des ménages. Les autres facteurs n'ayant aucun effet puisque leurs coefficients ne sont pas significatifs.

L'hypothèse H1 selon laquelle le niveau d'étude de l'individu influence positivement l'adoption de l'Internet à domicile est vérifiée dans cette étude.

Pour ce qui est de la deuxième hypothèse, selon laquelle les ménages technophiles adoptent plus l'Internet, elle est également vérifiée dans ce mémoire. Ce sont les ménages camerounais qui sont technophiles qui adoptent plus l'Internet.

Au terme de ce travail, il est important de retenir que le niveau d'étude et l'équipement en TIC des ménages sont importants dans le processus d'accès à Internet à domicile au Cameroun.

Cette étude nous a permis de constater qu'il existe une très large fracture numérique du premier degré liée à l'adoption de l'Internet à domicile dans notre pays entre les différents niveaux d'étude.

Nous ne pouvons achever cette étude sans toutefois émettre quelques suggestions qui vont à l'endroit des autorités gouvernementales ceci dans le but de renforcer la lutte contre la fracture numérique:

> Permettre une introduction des nouvelles entreprises fournisseurs d'accès Internet : l'offre stimulant la demande, et la concurrence amènera à réduire les coûts d'accès.

> Renforcer la formation scolaire des jeunes dans tout le territoire national afin que ces jeunes amènent leurs parents à adopter Internet à domicile.

> Encourager les importations des équipements TIC dans notre pays.

> Sensibiliser les citoyens sur les avantages qu'offre une connexion Internet à domicile.

Cette étude présente certaines limites comme l'absence des données du côté des campagnes. Ces données devaient nous permettre de comparer l'accès à l'Internet des ménages dans les zones rurale, périurbaine et urbaine. Toutefois, ces limites ne remettent pas en cause la validité de notre démarche méthodologique.

Alors qu'Internet offre indubitablement aux ménages camerounais une opportunité de lutter contre les obstacles traditionnels au développement économique notamment la distance au marché et le manque d'information sur les prix, de nombreux champs restent à être explorés. Quels sont les usages faits de l'Internet par les ménages camerounais ? L'utilisation de l'Internet profite-t-elle aux ménages camerounais ?

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TABLE DES MATIERES

Pages

Avertissement . 1

Dédicace ... 2

Remerciements . 3

Résumé 4

Abstract . 5

Abréviations et Sigles 6

Liste Des Tableaux . 7

Liste Des Graphiques 8

Sommaire 9

Introduction Générale 11

Première partie : analyse des concepts 16

Introduction 17

Chapitre 1 : La fracture numérique . 18

Section 1 : Généralités.. 18

§1.La fracture numérique du premier degré 19

§2. La fracture numérique du second degré 20

§2.1. L'enjeu des compétences 20

§2.2.Un décalage lié aux rythmes différents de technologie et d'apprentissage 22
Section 2 : La fracture numérique à la lumière des théories de diffusion et

d'apprentissage des innovations . 23

§1.La fracture numérique en tant que phénomène transitoire 23

§.2. L'hypothèse du knowledge gap . 25

§.3. L'exclusion et l'inclusion numérique 26

Chapitre 2 : Adoption de l'Internet à domicile . 28

Section 1: Revue de la littérature sur les déterminants de l'adoption de l'Internet au foyer 29

§1. Le niveau de revenu des ménages . 29

§2. Le niveau d'éducation . 30

§3. La composition ou la taille du ménage 30

§4. La localisation ou le lieu de résidence 30

§5. Le sexe de l'individu 31

§6. L'âge de l'individu . 31

§7. Le style de vie 31

§8. Le voisinage social ou l'entourage 31

Section 2 : Adoption de l'Internet au Cameroun 32

§1. Niveau de connexion, utilisation et formation à l'usage de l'Internet . 33

§1.1. Niveau de connexion et d'utilisation des TIC 34

§1.2. Formations personnelles à l'usage de l'Internet 35

§1.3. Formations organisées par les institutions utilisatrices 35

§2. Contraintes d'accès à Internet au Cameroun 35

Conclusion .. 37

Deuxième partie: Méthodologie et facteurs explicatifs de l'adoption de l'Internet . 38

Introduction 39

Chapitre 3 : Méthodologie et Analyse descriptive des données 40

Section 1 : Approche méthodologique 40

§1. Le modèle Logit 41

§2. Le modèle Probit binomial 43

Section 2 : Analyse exploratoire des données 45

§1. Nature et source des données 41

§2. Analyse exploratoire des données 45

§2.1. Adoption de l'Internet à domicile et le sexe de l'individu . 46

§2.2. Adoption de l'Internet à domicile et l'age de l'individu . 47

§2.3. Adoption de l'Internet à domicile et le niveau d'étude de l'individu 48

§2.4. Adoption de l'Internet à domicile et la CSP de l'individu 49

§2.5. L'effet des enfants sur l'adoption de l'Internet à domicile 50

§2.6.L'impact du revenu mensuel du ménage sur l'adoption de l'Internet à domicile 51

§2.7.La possession d'un abonnement pour chaînes par câble et l'adoption de l'Internet à domicile... 52

§2.8. La possession d'un lecteur CD/DVD et l'adoption de l'Internet à domicile 52

§2.9. La possession d'un lecteur mp3 et l'adoption de l'Internet à domicile 53

§2.10. La possession d'un téléphone fixe et l'adoption de l'Internet à domicile 53

§2.11.La possession d'un appareil photo numérique et l'adoption de l'Internet à domicile 54

§2.12. La possession d'un caméscope et l'adoption de l'Internet à domicile . 54

Chapitre 4 : Les facteurs explicatifs de l'adoption de l'Internet dans les ménages 56
Section 1 : Estimation du modèle 56

§1. Spécification du modèle 56

§2. Estimation des paramètres du modèle 57
Section 2 : Impacts des variables explicatives sur l'adoption de l'Internet à domicile 58

§1. Analyse et interprétation des résultats 58

§2. Appréciation de la qualité du modèle 63

§2.1. La qualité de la prédiction 63

§2.2. Test d'adéquation de Hosmer-Lemeshow 65

Conclusion 66

Conclusion générale 67

Références bibliographiques 69

Table des matières 71

Annexe 75

ANNEXE
Tableau 17 : résultats des estimations

Probit regression

Log pseudolikelihood = -155.953

16

Number of obs Wald chi2(18) Prob > chi2 Pseudo R2

= = = =

2284 67.78 0.0000 0.1382

| Robust

aci |

+

Coef.

Std. Err.

z

P>|z|

[95% Conf. Interval]

_Igenre_1 |

.0131639

.1599

0.08

0.934

-.3003716

.3266993

_Iage_2 |

-.0969301

.203497

-0.48

0.634

-.4957768

.3019166

_Iage_3 |

-.3143928

. 2656796

-1.18

0.237

-.8351153

.2063298

_Iage_4 |

-.2036912

.4245102

-0.48

0.631

-1.035716

.6283335

_Ietud_2 |

.1764984

.2777543

0.64

0.525

-.3678901

.7208868

_Ietud_3 |

.6262375

.2797905

2.24

0.025

.0778581

1.174617

_Icsp_1 |

.2623143

.2635062

1.00

0.320

-.2541484

.7787769

_Icsp_3 |

.0084227

.3432143

0.02

0.980

-.6642651

.6811104

_Icsp_4 |

.3401958

.2878149

1.18

0.237

-.223911

.9043025

_Icsp_5 |

.3989499

.3465283

1.15

0.250

-.280233

1.078133

_Icsp_7 |

.129471

.2551906

0.51

0.612

-.3706933

.6296354

_Iavoirenf_1 |

-.0895523

.1398808

-0.64

0.522

-.3637135

.184609

_Ictvcab_2 |

.4270002

.1870459

2.28

0.022

.0603969

.7936035

Ileccddvd_2 |

-.6339767

.1961386

-3.23

0.001

-1.018401

-.2495521

_Ilecmp3_2 |

.0568272

.18532

0.31

0.759

-.3063933

.4200478

_Itelfix_2 |

.537636

.2047074

2.63

0.009

.1364169

.9388551

_Iapn_2 |

-.0200261

.2155053

-0.09

0.926

-.4424087

.4023565

Icames_2 |

.6560187

.2672987

2.45

0.014

.132123

1.179914

_cons |

-2.547435

.3277968

-7.77

0.000

-3.189905

-1.904965






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