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Les forces armées camerounaises face aux nouvelles formes de menaces à  la sécurité : d'une armée de garde vers une armée d'avant garde 1960-2010

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par Ernest Claude MESSINGA
Université de Yaoundé II-SOA - Doctorat/Ph.D en science politique 2011
  

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CONCLUSION

Les Forces Armées camerounaises ont toujours su faire face à toutes les situations. Elles se sont montrées aptes, depuis dix ans, comme par le passé, à remplir les missions qui leur étaient confiées :

- La lutte contre la rébellion armée des années d'indépendance ;

- La maîtrise des putschistes en avril 1984 ;

- Le maintien de l'ordre pendant la période de transition vers le multipartisme public en 1991-1992;

- Le maintien de la souveraineté camerounaise sur la presqu'île de

Bakassi et de l'intégrité du territoire national depuis 1994;

- Le maintien de l'autorité de l'Etat pendant les révoltes sociales de

février 2008 ;

- Aujourd'hui, elles font face aux menaces transnationales « sans visage », grâce non seulement à la mutation de leurs cadres d'actions, mais aussi et surtout grace à l'accompagnement opérationnel et tactique.

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DEUXIEME PARTIE
L'OPÉRATIONNALISATION TECHNIQUE,
INSTRUMENTALE ET TACTIQUE DES
RÉPONSES AUX NOUVELLES MENACES PAR
LES FORCES ARMÉES CAMEROUNAISES

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La mission de sécurité et de défense de la souveraineté nationale face aux coupeurs de routes, pirates de mer, « architectes » et « entrepreneurs » de l'insécurité au Cameroun ne pouvait être assurée qu'avec l'élaboration d'une nouvelle doctrine d'emploi des Forces Armées. Matérialisée par une redynamisation des systèmes d'hommes et d'armes, la sécurité sera assurée par un déploiement opérationnel (Chapitre IV) qui, évalué une décennie plutard (Chapitre V), nécessiterait une reconfiguration pour plus de sécurité (Chapitre VI).

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CHAPITRE IV :
LE DÉPLOIEMENT OPÉRATIONNEL DES FORCES ARMÉES CAMEROUNAISES FACE AUX NOUVELLES FORMES DE MENACES

 

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Comme le montrent l'histoire et l'anthropologie militaires, la création et la permanence des Armées traduisent la conscience que les peuples et les Etats ont des menaces qui pèsent sur eux, ainsi que la volonté et la détermination de les éradiquer. La création de l'Armée camerounaise le 11 Novembre 1959 signale outre la rupture de la supplétivité coloniale et l'annonce de la souveraineté à venir, toute la détermination de l'Etat et de son gouvernement à rétablir l'ordre et la paix nécessaire au développement. Au cours de la décennie 1960, la doctrine militaire camerounaise privilégie l'efficacité et la victoire militaire sur les théâtres des opérations, en vue de la réalisation des objectifs politiques que sont la paix, la sécurité, l'unité nationale et le développement. La recherche de la supériorité opérationnelle, face à un adversaire pratiquant la guerre révolutionnaire et fort de ses appuis intérieurs et extérieurs, tend à expliquer la concentration des ressources dans la structuration, la densification et la spécialisation progressive des Forces nationales. Le concept de « Forces Armées », que porte à l'époque le département ministériel en charge de la défense, ne saurait être l'expression d'un militarisme triomphant. Il rend compte en revanche, d'une part, de l'affirmation par le Cameroun de sa souveraineté nationale et d'autre part, de sa détermination à peser sur le rapport de force international par sa capacité propre, que multiplie son dispositif diplomatico-stratégique. La doctrine d'emploi de forces de cette période peut donc se résumer ici à l'efficacité opérationnelle au profit de l'ordre républicain. La réalisation de l'unification le 20 Mai 1972, après la réunification du 1er Octobre 1961, est la conclusion politique de la guerre contre la rébellion. Les décennies 1970-1980 ont été quant à elles, celles du renforcement des capacités opérationnelles. Ce recadrage visant l'optimisation des capacités opérationnelles de l'Armée, s'enclenche le 12 Juin 1967. Cette orientation prend progressivement corps notamment avec la création le 06 Juillet 1976, d'un Centre de Coordination Interarmées (CCI) et de nouvelles unités opérationnelles, remplacées plus tard, le 22

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Août 1983 par l'Etat-Major des Armées (EMA). Ces dispositions visent un meilleur maillage opérationnel du territoire national ainsi qu'une grande cohésion stratégique. Tirant leçon de la guerre révolutionnaire imposée par la rébellion, la pensée stratégique camerounaise s'enrichie du concept de « défense populaire », en réponse aux menaces internes et externes de l'époque. Des dizaines de camerounais, élèves du secondaire, étudiant du supérieur et fonctionnaires, reçurent ainsi la formation militaire, inférieure pour les uns et supérieure pour les autres, comme réservistes des Forces Armées. Cette belle et enrichissante expérience, interrompue du fait de la crise économique aigue qui a frappé le Cameroun depuis la fin des années 80, se remet progressivement en place, avec la relance de la préparation militaire supérieure au profit des élèves de l'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature (ENAM) et des fonctionnaires de l'administration des eaux et forêts, etc. A cette fonction politique de défense et d'intégration nationale s'est ajoutée une fonction économique et sociale. La participation au développement devient un impératif dans le contexte post guerre des années 1970, marqué par les exigences du redressement de l'appareil de production et de la construction des infrastructures nécessaires au développement économique et social. La doctrine, au cours de cette période, correspond bien à la formule célèbre de Jefferson : « En chaque citoyen un soldat, en chaque soldat un citoyen », préconisant une identification nécessaire de l'Armée et du peuple. Ces différentes orientations seront autant de prédispositions déterminantes pour l'adaptation de l'Armée au contexte post guerre froide, avec ses exigences de modernité et de sécurité globale (Mvomo Ela 2008 : 16-17).

Depuis le début des années 1990, le contexte international est marqué par l'effondrement du communisme, la fin de la guerre froide et la poussée de la démocratie libérale. Ce bouleversement de la géostratégie mondiale s'accompagne d'une mutation du paradigme sécuritaire, notamment par l'atténuation des risques de guerre totale et la montée des

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menaces asymétriques et non conventionnelles. Dans le même temps, le bilan géopolitique du Cameroun s'illustre à l'interne par les soubresauts inhérents à l'apprentissage démocratique, à l'externe par l'occupation de la presqu'île de Bakassi. Dans cet environnement mouvant et incertain, la doctrine militaire camerounaise resta ancrée à ses fondements premiers : la paix et le développement, comme en témoigne le concept de défense que porte le Ministère aujourd'hui. Paix à l'intérieur par une adaptation intelligente à la démocratie, paix avec les voisins, notamment avec le Nigeria, dans la résolution de conflit avec lequel, le Cameroun, fidèle au droit international mit en oeuvre une stratégie permettant à la fois de circonscrire l'occupation et de maintenir la dynamique opérationnelle à un niveau lui permettant de peser sur le rapport de force bilatéral et multilatéral. La décision du 10 Octobre 2002 de la Cour Internationale de Justice (CIJ), en faveur du Cameroun et l'accord de rétrocession de Greentree du 12 Juin 2006, montrent toute la pertinence de cette approche choisie par le Chef de l'Etat, chef des Forces Armées. Paix enfin dans le monde, en Afrique et en Afrique Centrale avec la participation de plus en plus marquée de l'Armée aux missions de paix de l'ONU, de l'Union Africaine, de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) et de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC).

Le dernier chantier des Forces Armées camerounaises est celui de la modernité lancé par le Chef de l'Etat à travers les reformes du 21 Juillet 2001, un ensemble de mesures recherchant à la fois la cohérence et la souplesse organisationnelle, l'efficacité opérationnelle, la professionnalisation et le rajeunissement des effectifs. A cela s'ajoute le souci de modernisation des équipements le tout imposé par la montée en puissance de l'insécurité au niveau national et international. Doctrine dynamique dont les concepts varient selon l'évolution du contexte interne et externe se traduisant par une mise à niveau opérationnel. Le niveau

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opérationnel d'une Armée prend en compte ce qui est effectivement mise en oeuvre de la politique militaire, des plans stratégiques, de l'entraînement et de l'acquisition des moyens tant au niveau national (I) qu'international (II).

I- LE DISPOSITIF NATIONAL DE LUTTE CONTRE LES MENACES ASYMÉTRIQUES

Le Cameroun comme le reste du monde connaît sa cohorte de menaces. Après une décennie de conflit armé contre le Nigeria, il fait aujourd'hui face à un ennemi d'une identité particulière : ce sont des « assaillants disparates » dans les régions du Sud Ouest, Nord Ouest et Littorale responsables de la piraterie maritime avec pour corollaire la prise d'otages; les « coupeurs de route » dans les régions du Nord, Extrême Nord, de l'Adamaoua et de l'Est responsable de la criminalité transfrontalière et les enlèvements d'enfants contre rançons. Conformément à la nouvelle doctrine d'emploi, les Forces Armées camerounaises vont se mobiliser pour y faire face.

1) L'ARMÉE DE TERRE FACE AUX COUPEURS DE ROUTES ET AUX PIRATES DE MER.

Après un développement considérable (Ela Ela 1994) la portant à près de 16000 hommes, l'Armée de Terre représente près de la moitié du total des effectifs voire le « Fer de lance » des Forces Armées camerounaises. Implantées sur l'ensemble du territoire, les unités professionnelles de l'Armée de Terre constituent, avec celle de la Gendarmerie, l'outil incontournable de la sauvegarde et du maintien de la sûreté nationale.

L'Armée de Terre s'articule autour :

· D'un Etat-Major implanté à Yaoundé ;

· Des formations de combat en trois composantes :

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- La force de manoeuvre comprenant 5 Brigades d'infanterie motorisées et 06 Bataillons d'Intervention Rapide (BIR) répartis au sein de trois Régiments Militaires Interarmées (RMIA) et de dix Secteurs militaires terrestres ;

- La Force d'Intervention constituée d'une Brigade d'Intervention Rapide. Les unités de cette brigade sont toutes localisées dans la 2ème RMIA et sont, pour emploi placées directement aux ordres du Chef d'Etat-Major des Armées. Cette brigade comprend 3 bataillons d'intervention : le Bataillon Spécial Amphibie, le Bataillon des Troupes Aéroportées et le Bataillon Blindé de Reconnaissance ;

- Des régiments de soutien et d'appui des Forces de manoeuvre ou d'intervention : Ces régiments constituent les Forces d'appui à la manoeuvre : le Régiment du Génie, le Régiment d'Artillerie Sol-sol et le Régiment d'Artillerie Sol-air. Ils sont rattachés à la 2ème Région Militaire Interarmées (RMIA 2) ;

· Des organismes adaptés à l'Armée de Terre, rattachés à chaque direction de l'administration centrale ;

· D'une Brigade dite Brigade du Quartier Général (BQG), implantée à Yaoundé, et en charge de la protection de la capitale et du soutien des organismes institutionnels.

a) LE BIR FACE AUX COUPEURS DE ROUTES.

La composante essentielle de l'Armée de Terre constituant la réponse aux nouvelles menaces est le Bataillon d'Intervention Rapide (BIR). Les années 90 sont marquées au Cameroun par l'émergence des activités crapuleuses transfrontalières dans le Grand Nord, notamment le phénomène de coupeurs de route. Face à cette menace asymétrique, le Bataillon Léger d'Intervention (BLI) sera crée le 1er février 1999.

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Le 25 Juillet 2001, le BLI devient le Bataillon d'Intervention Rapide (BIR). Il est crée un BIR par Région Militaire Interarmées (RMIA) ; le 3ème BIR ayant son poste de commandement à Maroua Salack dans l'Extrême Nord, couvre le 3ème RMIA. Plus tard, le 1er BIR sera activé à Letta (Région administrative de l'Est) dans la 1ère RMIA.

Le haut commandement, suite aux récents événements de Février 2008, à la montée de la piraterie le long du territorial camerounais et la recrudescence du grand banditisme a procédé à la réorganisation des Bataillons d'Intervention Rapide sur l'ensemble du territoire national en fonction des spécificités des régions et du type de menaces. C'est ainsi que neuf formations ont récemment été crées (cinq BIR, le BIR Delta, le Centre d'Instruction des BIR, le Centre Antiterroriste et la Base logistique des BIR).

Le mode de recrutement dans les BIR est sélectif. Sur la base d'une batterie de tests physiques et psychotechniques effectués dans le 10 régions administratives, les meilleurs sont retenus et immatriculés à l'issue d'une longue marche de 400 Km après une formation initiale qui dure trois mois.

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Figure N°11 : Marche des nouveaux recrus du BIR de Koutaba à Man A War Bay.

Source : Magazine des Forces de Défense, Honneur et Fidélité, Numéro spécial du 20 mai 2009, Page 38.

Ensuite commence la formation de para commando, suivi de la phase de spécialisation et de l'instruction nautique. Cette dernière étape vise à préparer le commando au combat, à la vie dans les mangroves en mer et dans d'autres régions inhospitalières. C'est un corps d'élite formé à la lutte contre ces menaces ; c'est un bataillon dont la rapidité d'exécution, l'adaptabilité aux zones complexes et diverses, la mobilité... viennent succéder aux traditionnelles troupes qui lourdement armées, s'avèrent inadaptées aux nouvelles formes de guerre (Mouelle Kombi 2010 : 12).

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Figure N°12 : Parade du Bataillon d'Intervention Rapide

Source : Magazine L'ANNÉE DU PRESIDENT 2010, Nouvelle Espérance, Page 29.

Les BIR sont destinés à effectuer des missions spécifiques de type commando dans un environnement terrestre, aéroporté et amphibie :

· Missions classiques dévolues à l'Armée de Terre ;

· Destructions d'objectifs en profondeur ;

· Libération d'otages ;

· Lutte contre le grand banditisme (coupeurs de routes, pirates...) ;

· La protection des personnalités ;

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· Escorte de convois sur terre et d'embarcations sur mer ;

· Missions de tireurs d'élites (encadrés au sein d'un groupe ou en isolé) ;

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon