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Les forces armées camerounaises face aux nouvelles formes de menaces à  la sécurité : d'une armée de garde vers une armée d'avant garde 1960-2010

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par Ernest Claude MESSINGA
Université de Yaoundé II-SOA - Doctorat/Ph.D en science politique 2011
  

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5) L'IMPLICATION DES CIVILS DANS LA LUTTE CONTRE LES NOUVELLES FORMES DE MENACES

Il s'agit des autorités civiles et des populations locales vivant les exactions des ennemis inconnus, mais à la présence remarquable.

a) LA DIPLOMATIE DES AUTORITÉS LOCALES

La dynamique transfrontalière est également insufflée par les nombreux contacts noués par les autorités civiles, politiques ou traditionnelles avec leurs homologues des pays voisins. Cette diplomatie formelle contribue à sa manière et parfois avec des résultats probants, à rapprocher les autorités centrales, surtout en temps de crise.

Onana Mfegue reconnaissait ainsi l'importance de cette diplomatie informelle en relevant que du fait de la multiplication des incidents entre populations riveraines de certains segments frontaliers, d'une part, et de

Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010

l'éloignement de ces zones par rapport aux centres de décisions, d'autre part, les gouvernements ont délégué le pouvoir de règlement des conflits mineurs aux autorités administratives et traditionnelles locales. Ceci a l'avantage d'accélérer les procédures en gagnant en coût et en efficacité, dans la mesure où ces responsables locaux se côtoient au quotidien. Quatre dimensions vont nous permettre ici de l'illustrer (Ntuda Ebode 2010 : 72- 73).

Dans l'espace frontalier méridional d'abord, l'intensification des flux frontaliers dans la région aux trois frontières (Cameroun, Gabon et Guinée Equatoriale) multiplie des occasions d'affrontement et de conflit entre acteurs nationaux et étrangers. On se souvient par exemple que les frontières entre le Cameroun et le Gabon d'une part, et le Guinée Equatoriale, d'autre part, ont fait l'objet de plusieurs fermetures unilatérales en guise de protestations.

Si dans certains cas, ces fermetures résultaient des accrochages à l'intérieur du pays, dans d'autre, elles en étaient la conséquence des différends qui se sont produits dans la zone frontalière. La résistance du facteur irrédentiste peut ainsi animer les autorités traditionnelles de part et d'autre de la frontière, à rechercher des voies et moyens pour maintenir le calme dans les espaces frontaliers. Leur rôle est essentiel, car dans certains cas, les populations en conflit sont issues du même groupe clanique, les Fang, en l'occurrence.

En dehors des occasions de friction qui aboutissent à la tenue des assises de réconciliation, on peut mentionner des initiatives locales visant à rapprocher les peuples de part et d'autre des frontières. Il serait intéressant de voir comment se déploie cette nouvelle forme de coopération, de dialogue et d'échange qui a abouti, en mai 2006, à la signature de la convention entre les différentes parties qui ont en partage la zone frontalière de la vallée du Ntem (Ntuda Ebode 2010 : 73).

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En effet, les maires en charge des collectivités locales de la zone transfrontalière du Cameroun, du Gabon et de la Guinée Equatoriale, motivés par SNV, organisme néerlandais, sont convenus de la signature d'un protocole d'accord, en vue d'une meilleure fluidité dans leurs échanges commerciaux et du renforcement de l'intégration régionale. Ils ont aussi marqué leur détermination à mettre un terme sur les dérives douanières et policières, mais surtout sur les tracasseries qui constituent des blocages à l'épanouissement de leurs populations. Du fait de la proximité que ces collectivités locales ont en commun, eu égard au patrimoine et à l'héritage qu'ils sont condamnés à partager, le protocole d'accord semble être une heureuse opportunité pour ouvrir les frontières afin d'éviter un isolement, voire un suicide collectif.

A côté des initiatives locales visant à promouvoir une coopération transfrontalière, on peut donc aussi mentionner le rôle essentiel joué par des partenaires d'appui au développement comme la SNV, qui travaille en partenariat avec les autorités locales (communes et services décentralisés de l'Etat). Sa principale activité est de renforcer les capacités des organisations intermédiaires pour qu'elles deviennent des agents de développement. C'est ainsi qu'elle développe une stratégie participative intégrée par la consultation, la formation, la mobilisation et la diffusion de l'information et des connaissances aux organisations intermédiaires et collectivités. Les aspects « genre », « minorités », « environnement » et « durabilité » sont systématiquement intégrés dans cette dynamique d'appui-conseil (Ntuda Ebode 2010 : 73-74).

La première expérience de l'approche intercommunale avec la SNV avait déjà obtenus des résultats probants dans le cadre d'aménagement pour la bande côtière Kribi-Campo. Avec les quatre municipalités camerounaises (Olamze, Ambam, Campo et Ma'an, le conseil départemental de Bitam, et les trois municipalités de la Guinée équatoriale ; les objectifs généraux du plan d'aménagement transfrontalier, vont s'établir autour de la planification

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transfrontalière, la mobilisation des ressources propres de la commune pour la mise en oeuvre du plan frontalier et la recherche conjointe et individuelle des fonds extérieurs pour la mise oeuvre du plan frontalier.

Dans l'espace frontalier oriental ensuite, l'espace transfrontalier Cameroun République Centrafricaine est plus polémogène que celui de la partie méridionale du Cameroun. En effet, il est écumé par des gangs de bandits et des mouvements politico-militaires qui tentent de transformer en une zone échappant à tout contrôle des Etats. L'insécurité prend plusieurs visages et se décline de plus en plus sous la forme des actes des coupeurs de route, du trafic et de la circulation illicite des Armes Légères et de Petits Calibre (ALPC), du vol de bétail, voire de la prise d'otages avec demande de rançon. Cette insécurité qui résulte des soubresauts et des hoquets de la réforme du secteur de la sécurité au Tchad et en Centrafrique, est en fait entretenue par d'ex-combattants, de militaires démobilisés et de bandits de grand chemin (Ntuda Ebode 2010 : 74-75).

Pour juguler cette insécurité, des contacts ont été noués par des autorités locales du Cameroun et de la République Centrafricaine dans le but de mutualiser leurs moyens et leurs méthodes. C'est ainsi que le vendredi 08 juillet 2005, les éléments de l'Armée centrafricaine se sont joints à ceux de l'Armée camerounaise pour un défilé militaire dans les rues de Toktoyo, une ville située à la frontière des deux pays.

D'autre part, les difficultés auxquelles étaient confrontés les ressortissants centrafricains dans le village de Kombo ont été résolues grâce à la coopération entre le Préfet de Bouar et le Sous-préfet de GarouaBoulai.

Dans l'espace frontalier occidental, pendant le conflit de Bakassi, de rencontres, parfois discrètes, ont été organisées par les autorités locales. Ces rencontres officieuses ont eu lieu entre des officiels camerounais et nigérians. En effet, une délégation conduite par le Président de l'Assemblée Nationale l'Honorable Cavaye Yeguié Djibril (originaire de l'Extrême Nord

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du Cameroun) était venue présenter ses condoléances au nouveau Président nigérian Aboubakar. Par le choix de cette haute personnalité de la République, au-delà de son statut de n°2 de l'Etat, les autorités de Yaoundé entendaient donner un accent moins protocolaire, mais plus familial à la rencontre (Ntuda Ebode 2010 : 75).

Au niveau local, un petit groupe de chefs traditionnels peuls du Nord-Cameroun avait dans la foulée rendu une visite discrète à l'émir de Kano, à l'occasion du 40ème jour du décès de Sani Abacha. Toutes ces actions visaient à mettre en place des mesures de confiance et de jeter les bases d'une véritable coopération décentralisée. L'appartenance à une sphère culturelle explique sans doute le maintien de cette forme de diplomatie au moment où le Cameroun et le Nigeria avaient presque déjà rompu les fils tenus du dialogue.

Dans la région frontière septentrionale enfin, la zone frontalière du Lac Tchad apparaît de loin comme un espace conflictogène. La forte concentration des populations dans cet espace lacustre est source de conflits entre les différentes communautés. La Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) a ainsi été créée pour tenter de résorber cette menace, puisque ses principales missions étaient entre autres, de réguler et de contrôler l'utilisation de l'eau et des autres ressources naturelles du bassin, d'examiner les plaintes et de promouvoir la prévention et la régulation des conflits à travers la dynamisation de la coopération régionale (Ntuda Ebode 2010 : 76).

La plupart des conflits qui ont aux prises les différentes communautés ont trouvé leur résolution en dehors du cadre de la diplomatie classique que promeut la CBLT. En effet, comme le notait fort opportunément Elie Mvié Meka, la CBLT, à sa création, accorde une mince disposition à la prévention et à la résolution des conflits. Son action reste très discrète dans le processus de prévention ou de gestion des conflits survenus dans le bassin du Lac Tchad. C'est ainsi que le Lac Iro (Lac

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Tchad), pour éviter l'escalade des 600 cavaliers-éleveurs armés, venus venger leurs frères tués par les agriculteurs, le 2 décembre 2004, le Conseil des sages a privilégié une indemnisation de 100 boeufs. Ce cas illustre bien les arrangements à l'amiable qui ont cours dans cet espace frontalier et qui visent à maintenir la paix entre les différentes communautés.

En somme, le Cameroun s'est engagé dans une dynamique bilatérale d'intégration sous-régionale dans le cadre formel des commissions mixtes bilatérales ou à travers les rencontres officieuses entre autorités locales. Toutes choses qui semblent rappeler la palabre africaine. En tout cas, ces différents moyens ont contribué, à leur niveau à bâtir des ponts de coopération et de concertation entre le Cameroun et ses différents voisins.

Toutefois, si comme nous venons de le voir, la frontière barrière de la période bipolaire, a cédé sa place dans la zone francophone à la frontière, lieux d'échanges, matérialisés par la promotion de marchés frontaliers et d'une diplomatie périphérique (Ntuda Ebode 2010 : 76-77).

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway