« DEFENSE DE L'AVANT »
Contre les Armées classiques, la défense pouvait
encore hier s'ériger aux frontières et attendre, pour s'exprimer,
la matérialisation de la menace. Maîtrisée par les Etats,
la violence était contenue dans leurs limites ; elle
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
ressemble désormais davantage à un cancer qui se
répand s'il n'est pas traité à temps, les cellules saines
se trouvant d'entrée menacée quel que soit leur
éloignement initial des cellules malignes. Les nouvelles formes de
violence, conjuguées aux effets de la mondialisation et de la
porosité des frontières, rendent ainsi l'attentisme dangereux et
demandent au contraire, à l'extérieur des territoires nationaux,
la construction active d'un environnement stable. Les reformes de 2001 sont
claires sur ce point lorsqu'elles statuent que « le Cameroun
entretiendra en permanence la capacité d'action extérieure
nécessaire à la défense de ses intérêts de
sécurité et à ses responsabilités.».
a) CONSTRUCTION DE LA PROFONDEUR STRATÉGIQUE
NATIONALE
Le stratège nous dit l'ardente nécessité,
pour l'emporter, est de bâtir sa propre profondeur stratégique ;
à défaut, vous êtes vite submergé. Il faut donc
défendre et stabiliser « à l'avant », sur les cercles
extérieurs, conduire si nécessaire l'attrition rétrograde
sur les cercles intermédiaires, pour enfin défendre ferme, si
hélas cela s'avérait nécessaire sur les derniers cercles
intérieurs. La sécurité, par la défense, doit se
construire d'abord à l'« avant », la première ligne
pro-action s'établissant souvent loin des frontières nationales,
à proximité immédiate des « trous noirs »
à contenir puis résorber. La prévention, sous ses
différentes formes, prend ici une place essentielle. C'est par
l'intervention en amont, hors des frontières qu'il faut aller au plus
tôt tarir les sources de violence, réduire les tensions et
instabilités génératrices de crises, maîtriser les
logiques de prolifération nucléaires ou conventionnelles : aucune
Maginot moderne, juridique ou sécuritaire, ne saurait en effet
protéger longtemps de la violence extérieure et de ses avatars
moderne, terrorisme, criminalité organisée, etc. Le
réalisme, autant que l'idéalisme, impose l'action : il n'y aura
pas de sécurité définitive au Cameroun au coeur d'une
Afrique centrale instable, privée de
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
sécurité. Dès à présent, la
continuité entre sécurité et défense condamne les
attitudes attentistes. Devant la violence collective qui se répand,
céder à la tentation de retranchement serait un dangereux
aveuglement. « Si nous n'allons pas à son contact, cette violence
viendra à nous » (Desportes 2008 : 6). Les Forces Armées
n'ont pas d'autre choix que de s'engager de manière résolue au
contact du monde en ébullition et de prendre acte leur engagement
permanent dans les opérations longues et douloureuses.
N'en doutons pas, le Cameroun a besoin d'une Armée «
d'avantgarde » pour une « défense de l'avant ».
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