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Les forces armées camerounaises face aux nouvelles formes de menaces à  la sécurité : d'une armée de garde vers une armée d'avant garde 1960-2010

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par Ernest Claude MESSINGA
Université de Yaoundé II-SOA - Doctorat/Ph.D en science politique 2011
  

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2) LA RÉALISATION D'UNE APPROCHE

STRATÉGIQUE NATIONALE

La capacité des sociétés africaines et de ses dirigeants à faire face aux défis relatifs à la sécurité dépend grandement de la qualité de leur planification stratégique. Plus les problèmes de sécurité d'une nation sont difficiles et complexes, plus grande est la nécessité d'une approche stratégique. La stratégie est l'utilisation organisée et délibérée des ressources du pouvoir pour atteindre, protéger, ou promouvoir des objectifs, avec un minimum de gaspillage et un maximum de chances de réussite. Dans le domaine de la sécurité, toutes les nations définissent des objectifs et utilisent les instruments du pouvoir national pour les atteindre. Mais toutes les nations ne le font pas à l'aide d'une stratégie cohérente. Si un État choisit une approche stratégique, les actions appropriées du pouvoir national laissent la place aux actions méthodiques. Il en résulte une plus grande efficacité. Avant que les États africains puissent commencer à développer des stratégies nationales cohérentes, ils doivent renforcer le fondement de la sécurité, entendue dans le sens le plus large du terme. La prospérité, la bonne gouvernance (notamment, le fait de répondre à la volonté populaire), le consensus national et le développement du capital humain peuvent constituer le fondement de la sécurité. Celui-ci permettra aux dirigeants africains de bâtir la sécurité de manière stratégique. Ce processus comporte plusieurs étapes.


· Premièrement, toutes les stratégies requièrent la définition d'une vision nationale. C'est tout simplement une notion large de la situation recherchée par les dirigeants. En développant une vision et en obtenant le consentement de la société vis-à-vis des objectifs, les dirigeants peuvent entamer le processus de développement des plans et des programmes stratégiques. Dans le cas de l'Afrique, une vision stratégique impliquerait :

Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010

- Des méthodes efficaces pour favoriser l'essor économique et l'introduction dans le système politique de tous les groupes nationaux, évitant ainsi les conflits et les violences internes ;

- Un fort sentiment d'identité nationale et un consensus sur les objectifs nationaux et les procédures de mise en oeuvre ;

- La dissuasion vis-à-vis des ennemis extérieurs par une association de moyens politiques et militaires ;

- Si la dissuasion échoue ou si un conflit interne se produit, des effectifs de sécurité capables de défendre la nation de manière humaine et morale, soit seuls ou avec l'aide d'alliés ;

- La mise à disposition de ressources appropriées (mais non excessives) à la sécurité nationale ;

- Des organes de sécurité professionnels et efficaces Armée, police et services de renseignements qui jouent un rôle dans l'élaboration de la stratégie nationale, mais sous contrôle civil ;

- Une norme de coopération régionale et sous-régionale pour les problèmes communs ; et

- Des procédures régulières et officielles pour le développement de la stratégie nationale, son amélioration, et sa coordination avec les autres États de la région.

· Une fois la vision nationale développée, la prochaine étape consiste à identifier les intérêts et les objectifs nationaux. Il est important que l'évaluation des intérêts soit menée avec méthode, parce qu'elle permet de faire correspondre de manière logique les ressources avec les intérêts.

· Après avoir défini les intérêts, les planificateurs de la stratégie doivent entreprendre une évaluation honnête et complète de la menace. Elle permet d'identifier les groupes, les États, les organisations, ou les pratiques qui pourraient entraver la réalisation

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de la vision et menacer les intérêts nationaux. Dans l'environnement de la sécurité actuel, les menaces incluent les menaces traditionnelles, comme une invasion étrangère et une insurrection nationale, ainsi que les menaces non traditionnelles, comme les réfugiés, les maladies, la dégradation de l'environnement et le crime international. Cette évaluation de la menace ne doit pas seulement être une liste des menaces vis-à-vis de la sécurité auxquelles doit faire face une nation, mais elle doit également leur donner un ordre de priorité selon le degré de risque et de probabilité. Chaque société doit décider de la manière d'équilibrer ses efforts entre les menaces à haut risque et celles à haute probabilité.


· Une fois établies la vision nationale et l'évaluation de la menace, la planification stratégique entraîne la mobilisation et la coordination des ressources stratégiques, et une décision quant à la façon de les appliquer pour dissuader, améliorer ou résoudre les menaces. Il est important de garder à l'esprit, à ce stade, que la stratégie possède une dimension horizontale et une dimension verticale. La dimension horizontale coordonne les instruments du pouvoir national instruments économiques, politiques, militaires et psychologiques. Cela implique une coopération étroite entre les différentes branches et organisations au sein du gouvernement. La dimension verticale implique la planification sur le long terme, ainsi que sur le court terme. Les stratèges doivent décider comment mobiliser et coordonner au mieux le pouvoir national sur des décennies, ainsi que pour l'année à venir. Le « produit » final de ce processus est constitué des politiques et des programmes qui appliquent les ressources du pouvoir, afin de poursuivre les intérêts et les objectifs avec des moyens approuvés par la société dans sa majorité.

La planification stratégique requiert un processus officiel et rationnel

pour développer la vision nationale, identifier les intérêts nationaux, évaluer

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la menace et exercer le pouvoir dans les dimensions horizontales et verticales. Un plan stratégique efficace doit subir des examens et des révisions régulières. Plus la communication avec le public et sa consultation sont importantes afin de représenter des éléments intégrés dans ce processus, plus grandes seront les chances de voir la stratégie émergente soutenue par un consensus national (le processus de développement de la stratégie et le processus de consultation doivent inclure tous les secteurs de la société). L'Armée et l'exécutif doivent travailler main dans la main avec les parlementaires, le secteur privé, les institutions financières, les organisations sociales et religieuses, les chefs locaux, les partis politiques, les médias, et les autres secteurs importants de la société. La volonté des citoyens doit être identifiée et prise en considération.

Il est évident qu'il existe des éléments de la stratégie nationale qui doivent être gardés secrets. Il est cependant utile qu'un gouvernement diffuse un document public qui explique les intérêts de la nation, les menaces et, en termes généraux, les programmes et les politiques avec lesquels le pouvoir national protège et promeut ces intérêts. Les États-Unis ont trouvé utile de publier un document annuel public sur la stratégie de sécurité nationale. Ce document permet un dialogue sur la sécurité nationale, ce qui constitue pour le gouvernement un moyen de comprendre la façon dont le public la perçoit. Le gouvernement peut ainsi ajuster la stratégie en conséquence. Même si un tel document est publié, les dirigeants nationaux doivent continuellement expliquer la stratégie au public et écouter ses préoccupations et ses points de vue. Les médias peuvent jouer un rôle essentiel dans l'éducation du public au niveau de la sécurité. Ils peuvent également contribuer à l'information des dirigeants nationaux. Plus les médias comprennent la stratégie, plus le processus fonctionne de manière fluide.

Bien que cela soit souvent négligé, une approche stratégique de la sécurité implique aussi de concevoir des programmes pour l'identification,

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la formation et la rémunération des stratèges. La stratégie est un art complexe. Tout le monde n'est pas capable d'élaborer une stratégie. Pour produire des stratèges, une nation doit avoir, dans ses universités et ses organisations non gouvernementales, des programmes sur les questions de défense et de sécurité, un programme complet d'enseignement militaire professionnel, et une méthode d'identification et d'enseignement des civils qui ont un don pour la stratégie. Cette composante finale ne peut pas être surestimée : le contrôle efficace du secteur de la sécurité par les civils requiert que les fonctionnaires élus (les politiques) et les fonctionnaires de carrière (les bureaucrates) comprennent les questions relatives à la défense, à la sécurité et à l'Armée. Ainsi, ils sauront quand il convient de travailler de concert avec l'Armée, et quand il importe de déléguer des responsabilités aux militaires. Pour assurer cette finalité, les États africains doivent envisager d'envoyer des fonctionnaires qualifiés suivre des programmes d'études supérieures en Afrique et à l'étranger, ce qui aidera au développement de ces programmes dans leurs propres universités, et permettra de tirer le meilleur profit de programmes comme celui du Centre d'études stratégiques de l'Afrique (CESA)83 et celui du Centre de recherches et d'Etudes politiques et Stratégiques (CREPS)84.

83 Le Centre d'Etudes Stratégiques de l'Afrique appuie la politique africaine des Etats Unis en travaillant avec les pays africains en vue d'accroître la sécurité et de promouvoir la démocratie en Afrique. Le CESA poursuit sa mission en encourageant davantage de professionnalisme ainsi que des principes démocratiques dans le secteur de la sécurité en Afrique au travers de programmes axés sur l'harmonisation des points de vue sur les difficultés communes en matière de sécurité, sur la sensibilisation au rôle de la sécurité dans les sociétés civiles et sur le rejet du soutien idéologique au terrorisme et à l'extrémisme. Les programmes du CESA favorisent également une interaction dynamique entre hauts responsables militaires et civils et la mise en place de réseaux professionnels viables.

84 Centre de Recherches d'Etudes politiques et stratégiques de l'Université de Yaoundé II Soa dirigé par le Pr NTUDA EBODE J. V. est spécialisé dans l'analyse stratégique et géopolitique. Il occupe une place importante dans la recherche d'une définition géopolitique des politiques de sécurité en général et de sécurité maritime en particulier. Les nombreux partenariats développés avec d'autres centres de la sous-région tels que le CERGEP de l'Université d'OMAR BONGO au Gabon, le partenariat avec le Cours Supérieur Interarmées de Défense (CSID) dans le cadre d'un échange de compétences et

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