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Etude de la filière de commercialisation de la viande de brousse à  Kinshasa

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par Heritier Mpamu Bakutu
Université de kinshasa - Licence 2010
  

Disponible en mode multipage

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    PROBLEMATIQUE

    En Afrique, la chasse est une activité importante en milieu rural pour assurer la nourriture de la population. Dans les régions forestières, il existe peu d'alternatives en matière d'élevage, pour la fourniture de protéines animales. Associée à la croissance démographique, l'urbanisation, qui s'est fortement accrue à partir du milieu du XXe siècle, avec un taux annuel de l'ordre de 4 à 5 % a provoqué une augmentation considérable et une concentration géographique de la demande en produits animaux qui ne peut être entièrement satisfaite par l'élevage, la pêche et les importations de viande. Le gibier reste, une source essentielle de protéines dans de nombreux pays d'Afrique centrale (Dethier, 1995; Delvingt, 1997; Jeanmart, 1997; Caspary et Momo, 1998; Auzel et Wilkie, 2000; Eves et Ruggiero, 2000; Fa, 2000; Fimbel et al., 2000; Hart, 2000; Noss, 2000; Auzel, 2001; Delvingt et al., 2001).

    Depuis quelques années, les inquiétudes des milieux scientifiques et du lobby international de la conservation pour la préservation de la biodiversité des forêts tropicales humides, relayées par les grands médias occidentaux, ont fait émerger la notion de « bushmeat crisis ». La chasse commerciale est accusée de mettre en péril la vie animale dans les forêts d'Afrique centrale et, à terme, de menacer l'ensemble de cet écosystème (Fargeot, 2004).

    La chasse de subsistance et la chasse commerciale, pratiques très répandues, représentent une menace importante pour la conservation de la faune dans les forêts du bassin du Congo. Dans les zones forestières, qui pour des raisons naturelles ou culturelles, sont impropres, à l'élevage, la chasse a toujours fourni aux populations rurales les protéines nécessaires. La pratique de prélèvement de la viande en forêt (viande de brousse) est très répandue. Cette chasse de subsistance contribue depuis toujours à l'équilibre alimentaires des populations vivant dans la forêt. La faible densité de la population, l'inaccessibilité de la forêt garantissaient un statut de protection à des vastes étendues. Les mécanismes de gestion traditionnelle de la ressource garantissaient la durabilité de cette pratique. Mais aujourd'hui cet équilibre se trouve perturbé de plusieurs façons (COMIFAC, 2005 ; Wetsi et al., 1988; Steel, 1994; Malonga, 1996; Bahuchet et Ioveva-Baillon, 1998; Bahuchet et Ioveva, 1999; Ellenberg et al., 2000) :

    · L'ouverture des nouvelles routes à l'intérieur de forêts : souvent construite par des sociétés forestières, ces routes facilitent l'accès pour les chasseurs de subsistance et commerciaux aux régions antérieurement inaccessibles, qui faisaient fonction de centre repeuplement pour des zones déjà chassées.

    · L'augmentation de la population dans les zones forestières : les compagnies d'exploitation forestière ont besoin de main d'oeuvre. Celle-ci s'établit généralement dans les campements en pleine forêt et pratique la chasse afin de s'alimenter. On observe aussi la création des nouveaux peuplements de fortune dans le milieu forestier grâce à l'ouverture des nouvelles routes.

    · Le développement du marché de la viande de brousse 

    Pour certaines espèces le taux de prélèvement exercé ne semble pas soutenable. Effectués en grande partie par des chasseurs allochtones, ces prélèvements pénalisent les communautés locales pour lesquelles la viande de brousse est une importante garantie d'autosuffisance alimentaire (SILVA/ARIAT, 2007).

    Cependant, la mauvaise gestion de l'exploitation largement incontrôlée d'animaux sauvages menace d'éradiquer cette ressource précieuse. Cette extinction privera des millions de personnes, en particulier les populations rurales pauvres, d'une source vitale de protéine animale. Elle finira également par priver de leurs moyens de subsistance les personnes engagées dans le commerce de la viande brousse. Par ailleurs, à plus long terme, l'extinction des espèces entraînera l'effondrement des habitats, en particulier les écosystèmes forestiers (Conférence Ouest Africaine sur la viande de brousse ; 2005).

    Dans le cadre de ce travail, nous étudions la filière de commercialisation de la viande de brousse à Kinshasa.

    OBJECTIFS

    Objectif général : Etudier la filière de commercialisation de la viande de brousse à Kinshasa.

    Objectif spécifique :

    - Mener des enquêtes auprès des vendeuses de la viande de brousse et des ménages (Questionnaire, interview).

    - Identifier les espèces animales sauvages exposées à la vente

    - Proposer des pistes de solution pour une gestion efficace et durable de la viande de brousse.

    INTERET DU SUJET

    La filière de commercialisation de la viande de brousse devrait faire partie du Produit Intérieur Brut (PIB), si elle est organisée et contrôlée. Ainsi comprendre son organisation permettrait non seulement de mieux gérer les recettes provenant de la commercialisation de la viande de brousse mais également d'en assurer une utilisation durable ainsi que la conservation de la faune sauvage.

    DELIMITATION DU SUJET

    Ce travail c'est déroulé du 15 Aout au 5 Septembre 2011 soit trois semaines qui nous ont permis de réaliser nos enquêtes pour le travail à Kinshasa, précisément dans le port de l'OCC, le marché central, marché de la liberté, marché de matete ainsi que le marché Gambela.

    CHAPITRE I : LA CHASSE COMMERCIALE

    1.1 Etat de la ressource faunique dans le bassin du Congo

    Faute d'inventaires systématiques et réguliers, le potentiel faunique du bassin du Congo reste peu connu. Toutefois, les résultats d'enquêtes et observations scientifiques menées en forêt, en savane et, plus particulièrement, dans les aires protégées permettent de se faire une idée de la richesse biologique de la région. Parmi les espèces les plus remarquables on peut citer les grands mammifères dont l'éléphant, l'okapi, le rhinocéros blanc, le rhinocéros noir, le gorille de plaine, le gorille de montagne, le chimpanzé, le lion, le lamantin, la tortue-luth, le cob de Buffon, le cob defassa, le buffle de forêt, le buffle de savane, la panthère, l'hippopotame, le crocodile du Nil, l'élan de Derby, l'élan du Cap, le bongo, la girafe, le zèbre de Burchell et une grande variété de primates dont les colobes. En ce qui concerne l'avifaune, on y retrouve pélicans, perroquets, hérons, cigogne, ibis olivâtre, paon du Congo, l'aigle pêcheur, le jacko, le touraco du Ruwenzori, la picatharte du Cameroun, le faucon pèlerin africain, le bec en sabot, etc. S'agissant des différentes formes d'utilisation de la viande de brousse, il faut noter que les traditions ou cultures d'élevage du gibier sont peu développées (SILVA/ARIAT, 2007).

    Les usages faits du gibier, qui provient pour l'essentiel de la chasse illicite ou du braconnage, vont de la consommation à la commercialisation de la viande et des produits issus de la transformation en passant par les pratiques médico-magiques (les fétiches, notamment les talismans de chasse et de protection contre les envoûtements, la guérison des brûlures et des plaies...). Ainsi, certaines dépouilles et parties animales comme la queue de buffle ou d'éléphant ou des peaux de panthère sont utilisées lors des cérémonies rituelles symbolisant la force et la puissance. Les autres utilisations, traditionnelles et modernes, sont la taxidermie (technique de conservation des trophées par la mise en peaux bourrées, plâtrées ou simplement empaillées), les recherches scientifiques et techniques divers (vaccins, parasitologie, étiologie, ethnobiologie etc.), les collections d'espèces pour les musées et la formation des ressources humaines dans les sciences biologiques.

    1.2 Pression sur les ressources

    Deux facteurs essentiels compromettent la pérennité des ressources de la diversité biologique en général et de la faune en particulier : d'une part, le braconnage et le commerce de la viande de brousse et, d'autre part, la dégradation des habitats, liée à l'agriculture sur brûlis, l'exploitation forestière non durable ou illégale. Selon Wilkie et Carpenter (1999), dans le Bassin du Congo, environ 80% de la viande est d'origine sauvage, ce qui représente près d'un million de tonnes de gibier, essentiellement composés d'ongulés (environ 70%), de primates (environ 15 %) et de rongeurs (environ 10 %), qui est mis en vente et consommé chaque année. En RDC, la quantité de viande annuellement vendue à Bukavu serait d'environ 400 tonnes (Kofimoya et al, 1988). Au Cameroun, une étude menée par Fondo et al (1999) estime la quantité de gibier qui arrive journellement à Yaoundé de l'ordre de 2,3 à 3t soit entre 70 à 90t de viande par mois. En ce qui concerne le braconnage et le commerce de la viande de brousse, Kornelia estime à plus de 800 000 kg la viande transportée par train au Cameroun. Entre 1990 et 1998, environ 1 700 kg d'ivoire ont été saisis à l'aéroport de Douala.

    Au Gabon, Sted (1994) a estimé à 500 tonnes la quantité moyenne du gibier que les marchés de Mt Bouet, Aloumi et Nkembo (Libreville) reçoivent par an. Une étude similaire sur six marchés (Libreville, Oyem, Port Gentil et Makokou) a estimé à 1 105 t/an la quantité de viande reçue, représentant une valeur de plus de un milliard de FCFA. Par ailleurs de 1991 à 1993, 31 130 tonnes de spécimens de 1 568 espèces de mammifères et d'oiseaux ont été saisies.

    En RCA, les études réalisées par Doki (1987) et Kalivesse (1990) montrent que la consommation moyenne de gibier par an sur l'ensemble du pays est de l'ordre de 4 800 tonnes, soit une valeur de 16,5 milliards de FCFA.

    Au Congo, dans la région du Kouilou, Ancrenaz et Lucasa (1990) estimaient que le commerce associé au braconnage correspondait à un chiffre d'affaire de près de 3 milliards de FCFA. En 1997, 200 éléphants ont été abattus dans la région de la Sangha.

    Cependant, le manque de précision de toutes ces estimations rend difficile toute évaluation sur les conséquences réelles de ces pratiques.

    1.3 Les articulations entre les différentes législations dans les pays

    du bassin du Congo

    1.3.1 Articulation de la législation en matière de chasse et d'aires protégées

    et de la législation forestière

    L'un des éléments de caractérisation des législations nationales en matière de chasse et d'aires protégées est leur articulation avec la législation forestière.

    Au Cameroun, l'intégration est complète au niveau de la loi principale n° 94/01 «portant régime des forêts, de la faune et de la pêche». Elle couvre la protection de la nature et de la biodiversité dans son titre II, et la protection et la chasse de la faune dans son titre IV.

    Au Gabon, l'intégration existait aussi. La loi n° 016-01 du 31 décembre 2001, «portant Code forestier», «a pour objectif la gestion durable des eaux et forêts par l'exploitation rationnelle de la forêt, de la faune sauvage et des ressources halieutiques». Cependant, suite à la décision prise en 2002 de créer dix parcs nationaux, un projet de loi a été adopté en Conseil des ministres en janvier 2006 renforçant les cadres juridique et institutionnel spécifiques de ce type d'aires protégées.

    Dans ces deux pays, cette intégration présente un inconvénient du fait que «les différentes politiques forestières ont toujours marginalisé l'aspect faune et les autres ressources naturelles» (Ly et Bello, 2002) ce qui se traduit par un engagement et une répartition inégaux des moyens. Par contre, au Congo, en République Centrafricaine et en République Démocratique du Congo, les législations relatives à la chasse et aux aires protégées sont séparées de celles relatives aux forêts.

    Au Congo, les dispositions relatives à la chasse et aux aires protégées sont traitées dans le même texte de base. Il s'agit de la loi n° 48/83 «définissant les conditions de la conservation et de l'exploitation de la faune sauvage». Elle devrait être actualisée par la loi portant régime de la faune et des aires protégées actuellement en projet. En RCA, la question de la faune est traitée dans l'Ordonnance n° 84-045 portant protection de la faune sauvage et réglementant l'exercice de la chasse en République Centrafricaine. En RDC, la gestion de la forêt et celle de la faune sont traitées respectivement dans des textes légaux suivants : l'ordonnance-loi N°69-041 du 22 août 1969 sur la conservation de la nature et la loi N° 11/2002 du 29 août 2002 portant code forestier, la loi N° 82-002 du 28 mai 1982 portant réglementation de la chasse.

    Quelque soit l'articulation de la législation sur la chasse, les aires protégées et la gestion forestière, et du fait de la faible importance économique du secteur de la faune et de l'écotourisme (notamment par rapport au secteur forestier proprement dit), subsiste l'opinion que l'application des lois et règlements dans les deux premiers domaines est plus complaisant que dans le troisième. D'autant que les règles de gestion de la faune dans les réserves forestières et les forêts de production ne sont pas toujours clairement définies.

    1.3.2 Articulation de la législation en matière de chasse et d'aires protégées

    et de la législation sur l'environnement

    Un autre élément de caractérisation des législations concerne leur articulation avec celles des secteurs connexes autres que le forestier et principalement l'environnement.

    Le Congo dispose d'une loi sur la protection de l'environnement loi n° 03/9 1 du 23 avril 1991, base d'un Code de l'environnement dans lequel est reprise, entre autres, la loi sur la conservation et l'exploitation de la faune sauvage. Le Gabon a aussi la loi n° 16/93 du 26 août 1993 relative à la protection et à l'amélioration de l'environnement qui traite des aires protégées et renvoie sur ce sujet à la loi en vigueur d'orientation en matière des eaux et forêts loi n° 1-82 du 22 juillet 1982. Le Cameroun, la RDC et la RCA disposent également d'une loi relative à la gestion de l'environnement ; il s'agit respectivement des lois suivantes : loi n° 96/12 du 05 Août 1996 portant loi-cadre relative à la Gestion de l'Environnement, loi n° 11/009 du 09 juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de l'environnement et loi n° 07/018 du 23 décembre 2007 portant code de l'environnement de la République Centrafricaine.

    1.3.3 Articulation de la législation en matière de chasse et d'aires protégées

    et de l'aménagement du territoire

    Un troisième domaine connexe important est celui du foncier et de l'aménagement du territoire.

    La maîtrise de la cohabitation et de la compétition entre les activités agricoles de rente ou de subsistance, d'une part, et les activités forestières et fauniques d'autre part, et entre ces deux dernières, suppose une véritable politique d'aménagement du territoire, surtout dans les zones où la densité humaine est relativement élevée et où les terroirs sont à usages multiples. En RDC des efforts ont été réalisés dans ce sens avec la promulgation des lois n° loi 73-021 du 20 juillet 1973, portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime des sûretés et la loi n°011/2002 du 29 août 2002,portant code forestier.

    Au Congo, où les lois de mars 2004, notamment celle «portant code du domaine de l'Etat» et celle «fixant les principes généraux applicables aux régimes domanial et foncier visent à rectifier le tir pour une meilleure intégration de la gestion de la faune dans les plans d'affectation des terres et donc de l'aménagement du territoire ».

    Globalement, on peut dire que malgré ces quelques avancées, beaucoup reste à faire pour mieux intégrer la chasse sportive, commerciale et traditionnelle et la protection de la faune dans les différents secteurs participant au développement des pays concernés. Les conséquences peuvent être une mauvaise cohérence des différents textes, des difficultés d'interprétation, un éparpillement des responsabilités et un manque d'efficacité dans la mise en oeuvre des décisions.

    1.4 Les différents types socio-économiques de chasse

    Actuellement, dans le bassin du Congo, les politiques officielles de gestion de la faune sont axées prioritairement sur la protection des espèces et des milieux et sur l'organisation du tourisme cynégétique. On distingue quatre grands types socio-économiques de chasse (Roulet, 2005) :

    · La chasse de subsistance, regroupe les prélèvements sur la faune sauvage réalisés avec les méthodes traditionnelles, par les populations villageoises, dans le cadre d'une stricte autoconsommation familiale.

    · La chasse commerciale est pratiquée à l'intérieur des communautés villageoises, dans un but de production de revenus monétaires. Les techniques utilisées, les espèces prélevées et les périodes de chasse ne tiennent aucun compte de la législation officielle

    · La chasse sportive, cette activité est motivée par la recherche d'un trophée et le goût du sport, mais non par la récolte de la viande ou le contrôle des populations animales.

    · Le braconnage, c'est une activité illégale des prélèvements des animaux à court terme sans aucun souci de son renouvellement.

    Si la chasse commerciale est généralement pratiquée dans le cadre socio-spatial du village, la chasse des grands animaux notamment l'éléphant (Loxodonta sp), pour la collecte de l'ivoire ou le rhinocéros (Ceratotherium sp) pour la vente de sa corne, peut être qualifiée de chasse irrégulière et prend la forme d'expéditions de longue durée, bien structurées et fortement armées (Steel, 1994).

    En aval, toute une filière clandestine, voire mafieuse, permet d'écouler les produits collectés, présentant une forte valeur sous un volume limité, en direction des marchés extérieurs, souvent asiatiques. Ces pratiques illégales relèvent, quant à elles, du grand braconnage, dans une optique de cueillette à court terme d'une ressource naturelle, sans aucun souci de son renouvellement.

    La chasse sportive est aussi dénommée chasse touristique ou chasse safari ou simplement safari (Chardonnet, 1995). Elle est généralement le fait de touristes étrangers, disposant d'un pouvoir d'achat élevé ; elle génère des flux de devises importantes pour la balance des comptes des états africains et s'organise dans le cadre d'une filière formalisée et assez bien contrôlée par l'État. Les taxes (abattage, permis de chasse, amodiation) collectées par l'Etat sur les safaris peuvent intervenir de façon significative dans les budgets nationaux.

    1.5 Les principales techniques de chasse

    Deux grands types de techniques sont utilisés pour les prélèvements : la chasse au fusil et le piégeage. Les principales techniques utilisées, dans le cadre de la chasse au fusil, sont :

    · la chasse de nuit, à la lampe, qui est une pratique totalement interdite, mais qui permet le prélèvement essentiellement des différentes espèces de Céphalophes, en forêt,

    · la chasse à l'approche, en particulier des petits primates, repérés en forêt par leurs vocalisations et

    · la chasse à l'appel, en imitant le cri de détresse des Céphalophes.

    En matière de piégeage, on peut distinguer le piégeage en grande forêt, pratiqué par les chasseurs professionnels dans une optique commerciale, et le « garden hunting », pratiqué par les paysans pour protéger les cultures contre les ravageurs (singes, rongeurs, suidés) tout en approvisionnant la famille en protéines. En forêt, le piégeage est réalisé principalement à l'aide de lacets et de collets en fil métallique ou en fibres synthétiques. En bordure des champs, la gamme des pièges utilisés est plus large ; les pièges à appât traditionnels et les assommoirs répartis le long des clôtures des champs restent couramment employés (Fargeot et al, 2009).

    Les anciennes techniques collectives, en particulier, la chasse au filet, sont de moins en moins pratiquées, à cause de leur rentabilité limitée et des contraintes qu'elles imposent (nombre de participants, partage de la viande). Dans les régions de savane, la chasse au feu est largement utilisée en saison sèche, même si, en quelques dizaines d'années, la taille moyenne des captures s'est effondrée, passant souvent des antilopes grandes et moyennes aux gros rongeurs (Diéval, 2000).

    1.5 Le poids économique et social de la chasse commerciale

    La chasse commerciale est, dans l'état actuel de la législation, une activité légale et la filière de commercialisation se situe en majeur partie dans le secteur informel.

    1.5.1 Les caractéristiques biologiques et économiques de la

    ressource faunique

    La gestion des populations animales, à partir des hypothèses du modèle logistique et sur la base d'un recensement des individus, se heurte en forêt tropicale à de nombreuses difficultés techniques, liées en premier lieu à la faible visibilité dans le milieu forestier. Pour illustrer ce propos, Delvingt et al. (2001) montrent qu'en forêt dense, les estimations de la biomasse en céphalophes varient entre 86 kg/km2, en République centrafricaine (Noss, 2000) et 1 497 kg/km2 (Wilkie et Finn, 1990) , en RDC, dans des milieux très comparables. Sur un même site, Dethier (1995) compare deux méthodes de comptage des céphalophes, comptage visuel direct ou après appel ; selon la méthode, il obtient une biomasse calculée variant de 183.7 kg/km2 à 1 325.7 kg/km2.

    D'autre part, les connaissances sur la biologie des espèces de taille petite ou moyenne (petits primates, céphalophes forestiers) sont encore de nos jours très fragmentaires. Il semble donc illusoire de prévoir la mise en place de plans de chasse basés sur des estimations de croissance des population et il faut envisager, à l'image des pratiques actuelles de gestion du grand gibier, en région tempérée, d'utiliser une gestion de type indiciel, à partir, par exemple, des résultats des tableaux de chasse ou du rendement de l'effort de chasse et des objectifs de niveau des populations (stabilité, croissance ou diminution)( Fargeot,2005).

    Les caractéristiques biologiques de la faune forestière ont des conséquences importantes en matière économique :

    · Comme toutes les viandes, la venaison est une denrée périssable. La méthode de conservation la plus efficace en forêt et la plus employée est le boucanage. Bien menée à partir d'une bête fraîchement abattue et correctement éviscérée, elle permet de conserver la viande de brousse pendant plusieurs semaines. D'autre part, en séchant, la viande perd une part importante de son poids, ce qui facilite les transports en forêt. Une part essentielle de la viande de chasse 90 % à Bangui (Fargeot et Diéval, 2000), 88 % à Kisangani (Mankoto ma Mbaelele et al., 1987), 60 % à Yaoundé (Bahuchet et Ioveva, 1999) est commercialisée après boucanage dans les grands centres urbains d'Afrique centrale. Le Gabon fait exception puisque l'essentiel de la venaison arrive fraîche sur les marchés, après congélation dans les zones électrifiées, à proximité des grands axes de circulation (Wilkie et al,2000).

    · Par opposition aux régions de savane, où sa répartition est soumise, en saison sèche, à la présence de l'eau et des pâturages, et où les mammifères sont souvent fortement grégaires, la faune, en région forestière, est répartie sur l'ensemble du territoire de façon relativement homogène et le grégarisme est nettement moins poussé. D'autre part, les espèces prélevées sont généralement de petite ou moyenne taille (5 à 50 kg).

    · Une grande partie de la venaison est prélevée en grande forêt, dans des zones très peu accessibles et l'évacuation des produits nécessite, en règle générale, un portage à dos d'homme important. Le caractère illicite du commerce de viande de chasse pousse également les commerçants à assurer un convoyage rapproché des produits pour éviter les vols et, surtout, les contrôles des autorités forestières ou policières, voire pour négocier, si nécessaire, le passage de la marchandise (Fargeot, 2004).

    · La rentabilité du négoce de venaison est très dépendante de la densité de faune ; cette activité n'est en effet économiquement envisageable que si les chasseurs, au niveau de chaque village, peuvent approvisionner, en quantité suffisante et à un coût compétitif, la filière vers les marchés urbains. Sauf pour les espèces de grande taille (éléphant, hippopotame, buffle, grands ongulés,...) dont le poids justifie la chasse, même avec de très faibles densités, le seuil de rentabilité économique de la chasse commerciale et du commerce de la venaison est normalement nettement supérieur au seuil d'extinction biologique (Fargeot, 2005).

    CHAPITRE II : FILIERE DE LA COMMERCIALISATION DE LA VIANDE DE BROUSSE

    2.1 La consommation de la viande de brousse

    Durant la dernière décennie, des études de plus en plus nombreuses se sont intéressées à l'exploitation du gibier dans le bassin du Congo. Ces études sont soit des rapports largement insignifiants destinés à attirer l'attention sur ce problème soit des estimations plus quantitatives de la consommation de viande de brousse aux niveaux national et familial.

    Ces travaux ont étudié la diversité spécifique et la quantité de viande de brousse vendue sur les marchés urbains ou consommée par les familles, mais ne précisent généralement pas le site où les animaux sont prélevés. On peut donc déduire de ces études l'importance de la consommation de viande de brousse, mais il est impossible d'étudier le problème de la durabilité car on ne sait pas si la viande vendue par exemple sur les marchés vient de 1000 ha ou 1000 km2 de forêt. Cependant, ces études ont constitué un premier pas essentiel pour développer la compréhension de la place du gibier dans le régime alimentaire et l'économie des populations du bassin du Congo (Steel, 1994; Eves, 1995; Chardonnet, 1995; Njiforti, 1996).

    La consommation de viande de brousse par les populations forestières du bassin du Congo a été mesurée dans plusieurs études. Cependant, la comparaison entre les études est difficile car on ne sait généralement pas si les estimations de consommations sont basées sur des carcasses entières, vidées ou désossées. Certains auteurs ont estimé la consommation de viande par les chasseurs-cueilleurs de la forêt d'Ituri au nord-est de la République Démocratique du Congo (RDC, anciennement Zaïre) à 0,16 kg par personne et par jour (Wilkie et Carpenter, 1999).

    Les populations urbaines au Gabon, en RDC et en RCA consomment en moyenne seulement 0,013 kg/personne/jour, moins de 10% de la quantité consommée par les chasseurs-cueilleurs en forêt.

    Cependant, la consommation totale de viande était plus importante dans les zones urbaines que dans les zones rurales, du fait de la plus forte densité de population (Fargeot, 2008).

    Tableau 1 : Consommation urbaine et rurale de viande de brousse

    dans le bassin du Congo.

     

    Surface de forêt

    Population

    Viande de brousse

    consommée

    Pays

    Km2

    Forestière

    Urbaine

    kg/an

    kg/km2/an

    Cameroun

    155 330

    1 424 000

    2 214 620

    78 077 172

    503

    RCA

    52 236

    219 500

    539 775

    12 976 507

    248

    RDC

    1 190 737

    22 127 000

    3 782 369

    1 067 873 491

    897

    Guinée Equatoriale

    17 004

    183 000

    227 500

    9 762 838

    574

    Gabon

    227 500

    181 700

    581 440

    11 380 598

    50

    Congo

    213 400

    219 500

    1 245 528

    16 325 305

    77

    Total

    1 856 207

    24 354 700

    8 591 232

    1 196 395 911

    645

    Source : (Wilkie et Carpenter, 1999)

    2.2 La filière d'approvisionnement des villes, ses acteurs et son organisation

    La filière viande de brousse est beaucoup plus « encastrée», au sein des sociétés locales traditionnelles. Pour la structurer, deux logiques socioéconomiques se superposent plutôt qu'elles ne s'opposent. Elles s'appuient, d'une part, sur la réciprocité au sein du village et, d'autre part, sur l'échange commercial classique en milieu urbain. La situation juridique et fiscale des acteurs est en règle générale aussi confuse que la législation qui devrait s'appliquer. En outre la filière « viande de brousse » relève des activités informelles. On peut extrapoler cette analyse à l'ensemble de la région, même si, selon les pays, certains circuits prennent plus d'importance. Un collecteur villageois concentre la viande du village et la vend à un revendeur urbain qui approvisionne le consommateur (Robinson et Redford, 1994). Le collecteur est plus généralement un urbain (ou, plutôt, une urbaine) qui se déplace régulièrement vers le village et vend sur le marché en gros de la marchandise, à la sortie des villes, ou approvisionne un réseau de revendeuses (Koppert et al.1996).

    Si la chasse est une activité purement masculine, la commercialisation de la venaison est très fortement féminisée, qu'il s'agisse de la collecte en brousse ou de la vente au détail, sur les marchés urbains. Les entretiens réalisés auprès des acteurs de la filière ne font pas apparaître de barrières sociales ou ethniques à l'entrée dans ces activités de négoce, tandis que le capital de départ est très limité. La vente au détail de venaison est souvent réalisée par des jeunes femmes, en phase d'insertion sociale, qui, au fur et à mesure de leurs possibilités financières, s'intéressent à la collecte du gibier, auprès des chasseurs villageois. Ces commerçantes remontent ainsi la filière, en recherchant le meilleur taux de rentabilité, puis, lorsqu'elles ont acquis une certaine surface financière et l'âge aidant, elles abandonnent la filière venaison pour s'intéresser à d'autres activités commerciales, plus rentables (Hart, 2000).

    La chasse commerciale joue ainsi un rôle important comme support du développement. L'activité de chasse en elle-même représente, au niveau d'un pays, l'équivalent de plusieurs dizaines de milliers d'emplois à temps plein, à comparer à la dizaine de milliers de fonctionnaires. La commercialisation est également source d'emplois permettant l'intégration des femmes dans les circuits économiques et facilitant leur ascension sociale. La filière permet une circulation monétaire importante, dans le sens villes vers campagne, qui équilibre les besoins en numéraire des ruraux, pour financer la santé, l'éducation, les impôts ou l'achat des équipements de base (matériel agricole, matériel de construction) (Feer, 1996).

    2.2.1 Les consommateurs

    Les mères de famille constituent l'essentiel de la clientèle et achètent le gibier pour la consommation familiale, dans le cadre de la « dépense quotidienne », pour la confection des sauces accompagnant le plat principal. Le boucanage, qui permet, la conservation avant de débiter la viande en petites portions.

    La viande de brousse est aussi fréquemment au menu des restaurants de rue (Malewa), qui permettent aux salariés faisant la journée continue de se nourrir à midi à peu de frais. En règle générale, le gibier est un produit de consommation intéressant pour ses protéines et sa qualité, mais le coût de son acquisition ne permet pas certaines catégories des personnes de s'en offrir.

    Les quantités achetées diminuent avec le statut social, mais, par contre, chez les catégories défavorisées, cette quantité réduite représente la moitié de la ration protéique totale. La viande de chasse est alors un « bien de luxe » (Fargeot, 2005).

    2.2.2 Les commerçants

    Le négoce du gibier est, dans la pratique, contrôlé par les femmes. Dans le cas d'une filière longue, les revendeuses sur les marchés sont fréquemment de jeunes femmes qui sont unies par des liens de famille ou d'amitié avec les courtières (intermédiaires) et qui se chargent d'un écoulement aussi rapide que possible des cargaisons (Kofimaya et al., 1988).

    Cette activité ne nécessite pas de capitaux importants et leur permet d'assurer leur survie et celle de leur famille. Elle peut permettre à ces jeunes femmes, souvent en situation de précarité, d'amorcer une ascension sociale. Dès qu'elles peuvent disposer d'un crédit, elles sont d'abord vendeuses au détail et pour de faibles volumes sur les marchés urbains, puis, lorsqu'elles ont pu rassembler un petit capital, elles assurent la collecte du produit. En cas de réussite financière, elles abandonnent ensuite cette activité pénible et contraignante pour se spécialiser dans le négoce d'autres articles assurant de meilleures marges et des volumes d'affaires supérieurs (Bahuchet et Ioveva, 1999).

    2.2.3 Les acteurs cachés

    D'autres acteurs, difficiles à identifier, interviennent également dans le fonctionnement de la filière. Comme dans beaucoup d'activités informelles, en limite permanente de l'illégalité, des prélèvements cachés sont effectuées par divers agents économiques disposant d'une parcelle de l'autorité publique. Les différentes formes de ces prélèvements, qui vont de la simple corruption au rançonnage ou à l'organisation effective de la filière, et leur niveau financier sont très difficiles à apprécier (Bahuchet et Iovéva, 1999; Diéval, 2000).

    Des acteurs « non identifiés » opèrent également dans l'approvisionnement urbain. On estime en effet que 30 à 50 % du ravitaillement urbain en gibier ne transite pas par les places de marché. Une hypothèse souvent avancée s'appuie sur les liens étroits entre les élites installées en ville et les parents du village. Des flux importants de viande seraient organisés en fonction de commandes des élites qui en assureraient directement le transport, puis la vente en ville, selon des circuits hors marché (Steel, 1994).

    Les consommateurs « rurbains »

    Le terme « rurbain » désigne, certains acteurs domiciliés en zone rurale, mais qui travaillent dans un environnement économique fortement monétarisé de type urbain et présentent des modes de consommation proches des citadins. Il s'agit essentiellement des salariés des entreprises forestières ou des travailleurs dans les mines officielles (industrie du pétrole, par exemple) ou non (orpaillage) (Delvingt, 2001).

    La consommation de la viande de brousse par les employés des exploitations forestières est actuellement un sujet de polémique. Il semble qu'il faille considérer le phénomène sur la longue durée. À l'installation d'un chantier forestier, les ouvriers travaillant en brousse profitent d'une densité de faune souvent importante pour exercer des prélèvements élevés, en piégeant à proximité des lieux de travail. Ce phénomène est concentré dans l'espace, sur les places d'exploitation, et dans le temps. Il est en fait de courte durée sur un même site pour des raisons biologiques (d'une part, la faune se raréfie et, d'autre part, elle change ses comportements et devient plus difficile à capturer) et sociales (Projet Minkebe, 2000).

    3. Le commerce de la viande de brousse et ses Caractéristiques

    Caractère générale

    · Contribution considérable, quoique souvent invisible, à l'économie des pays d'Afrique centrale.

    · Secteur particulièrement complexe, présentant des variations considérables selon la zone géographique.

    · Secteur ayant déjà atteint un seuil de non durabilité, à différents niveaux locaux, et dont la situation s'aggrave (Fargeot et Diéval, 2000).

    Le commerce de la viande de brousse présente des caractéristiques spécifiques en ce qui concerne la subsistance et le commerce :

    · La viande de brousse joue un rôle non négligeable dans la subsistance des populations rurales les plus démunies, pour qui elle représente une source abordable de protéines animales et des débouchés de revenus pour les hommes (chasse) et pour les femmes (commerce).

    · La chasse tend à être une activité opportuniste.

    · Très prisée par les consommateurs, la viande de brousse fait partie d'une chaîne complexe de produits de base, qui relie les chasseurs des zones rurales aux consommateurs des zones urbaines et rurales.

    · Souvent, le fumage de la viande est la seule méthode de conservation des protéines pour les communautés rurales.

    · Importante partie prenante du secteur, l'industrie forestière facilite souvent le commerce (Puit, 2003).

    D'un point de vue écologique, la complexité de la question est liée à plusieurs facteurs :

    · Sources d'une grande partie de la viande de brousse, les forêts tropicales présentent des taux de production d'espèces animales sauvages intrinsèquement faibles par rapport à d'autres écosystèmes.

    · Certaines espèces animales prospèrent dans les forêts secondaires et sont susceptibles de garantir des niveaux de chasse relativement élevés, alors que d'autres peuvent être des espèces parasites. Certaines espèces sont véritablement menacées par une chasse excessive.

    · Telle que pratiquée actuellement, la chasse a des répercussions négatives sur les populations d'espèces vulnérables et entraîne l'extinction de certaines espèces à l'échelle locale, ce qui risque d'entraîner par la suite leur extinction à l'échelle mondiale.

    · Même si les grands animaux, comme l'éléphant et le gorille, ne représentent qu'un petit pourcentage de l'ensemble du commerce, leur niveau d'exploitation demeure problématique (Steel, 1994).

    3.1 Les modes de commercialisation

    La venaison est un produit de faible conservation, même si certaines espèces (reptiles, sauriens, tortues...) supportent des périodes longues de jeûne et de stress et peuvent alors être capturées et commercialisées vivantes. La viande fraîche se conserve seulement un à deux jours dans les conditions climatiques tropicales (sauf utilisation d'artifices dangereux pour la santé comme des injections de formol). Il importe donc d'améliorer la conservation soit par boucanage (séchage à feu doux dans un flux d'air chaud enfumé), soit par congélation. Le boucanage est la solution très généralement adoptée en Afrique centrale, plutôt par nécessité que par goût du consommateur (Fargeot, 2004).

    3.2 L'organisation du négoce

    En fonction de l'abondance du gibier, de l'état du réseau de communications et des moyens techniques de conservation et de transport, on voit ainsi se dessiner, autour de chaque grande agglomération, un bassin d'approvisionnement dont il serait utile de pouvoir suivre l'évolution dans le temps et dans l'espace. Ces observations pourraient fournir des éléments objectifs pour suivre l'impact de la consommation urbaine sur les populations animales.

    Le gibier est également un produit relativement pondéreux par rapport à sa valeur. Après sa capture en forêt, une phase de portage à dos d'homme (ou de femme) est inévitable pour qu'il soit disponible « sur camion» et qu'il entre alors dans les circuits économiques modernes. Le boucanage qui permet une diminution de poids des deux tiers (63 %) renforce son intérêt dès que la distance de portage s'allonge (Diéval, 2000).

    À la sortie de la forêt, la venaison est alors transportée par tous les moyens modernes disponibles (pirogues à moteur, camions et cars de brousse ou train). En règle générale, le produit est convoyé par le collecteur, à cause des risques de vol et, surtout, pour régler les différents « arrangements » nécessaires pour le transit de ce produit au statut légal obscur.

    Les modalités de l'échange sont très variables, lors de la première transaction sur la venaison sortie de forêt : il peut s'agir d'une vente classique, par exemple, du céphalophe ou du singe, suspendu sur un étal en bordure de route et marchandé avec l'acheteur de passage qui s'arrête dans ce but. Les procédés peuvent être plus sophistiqués lorsque les quantités mobilisées sont plus importantes et lorsque l'échange s'installe dans la durée : la commerçante est alors appelée à faire des avances sur le gibier ou à l'équipe de chasse (fourniture du fusil et des cartouches). Elle peut également pratiquer le troc de produits de première nécessité qu'elle amène de la ville contre la viande de brousse ou essayer d'enclencher à son avantage un mécanisme d'endettement des chasseurs, auto-alimenté par des termes de l'échange défavorables pour ces derniers.

    Ces méthodes supposent cependant l'établissement d'une relation personnelle forte entre les partenaires. Le collecteur est ainsi appelé à constituer un territoire d'intervention sur lequel, si possible, il cherchera à s'assurer un monopsone1(*) (Noss, 1995).

    3.3 Les stratégies commerciales

    Le négociant est face à un dilemme, soit il reste spécialisé dans la viande de chasse et son chiffre d'affaires reste limité, soit il commercialise également d'autres productions villageoises, si elles existent, et la viande de brousse peut devenir rapidement, pour lui, une activité accessoire. C'est en fait la seule solution s'il souhaite développer ses activités (Fargeot, 2004).

    En effet, passé un stade d'exploitation pionnière de la faune, caractérisé par le désenclavement de nouveaux territoires et de fortes prises mobilisées en un temps réduit, la quantité de venaison disponible par unité de temps et par unité de surface reste limitée et relativement constante. Le collecteur supporte des charges fixes, indépendantes du tonnage transporté, pour un chiffre d'affaires qui se réduit. Par exemple, la location d'un pick-up ou d'un taxi pour le transport du fret ne dépend pas du tonnage transporté (Diéval, 2000).

    Trois autres critères jouent sur cette diversification des commerçant(e)s :

    · La comparaison du rendement financier de l'achat de venaison et du commerce de produits dont la rotation est plus rapide et la marge bénéficiaire souvent supérieure (transport et vente de bière, de textiles...).

    · Le cycle d'activité du collecteur. Dans le contexte des villages africains où la circulation monétaire est limitée, le commerçant doit chercher à écouler la marchandise qu'il amène de la ville dans un temps réduit et l'achat de venaison doit équilibrer sensiblement la vente des produits importés.

    · La faiblesse des marges commerciales. Alors que le chiffre d'affaires est limité, les prix de la venaison sont en effet doublement contraints. À l'achat, ils le sont par la nécessité d'assurer un niveau de rémunération correct pour les chasseurs, sauf à risquer un abandon de l'activité. À la revente, en milieu urbain, ils subissent la pression sur les prix des autres sources de protéines animales, en particulier des viandes et poissons importés et subventionnés à la production. Il apparaît ainsi un « effet de ciseau » laminant les marges bénéficiaires, et fréquemment observé sur les produits agricoles (Fargeot et al, 2009).

    CHAP III : MATERIEL ET METHODES

    3.1 Milieu d'études

    Le milieu de notre étude est constitué des quelques marchés ciblé de la ville province de Kinshasa où ce commerce est fortement pratiqué et le port de l'OCC où cette marchandise arrive-t-elle, ces marchés sont le suivant ; le grand marché de Kinshasa, le marché de Gambela, le marché de la Liberté de Kinshasa, le marché de Matete, ainsi que le port de l'OCC.

    3.2 Matériel et Méthodes

    3.2.1 Matériel

    Comme matériel nous avons, une fiche d'enquête composé des quelques questions qui nous ont permis de recueillir des informations auprès de vendeurs de la viande de brousse et des ménages, une balance pour le prélèvement de poids des différentes quantités des morceaux des viandes étalés enfin de faire une moyenne pour ramener le prix au kilo.

    3.2.2 Méthodes

    3.2.2.1 Méthode documentaire

    Cette méthode nous a permis de recueillir certaines ouvrages important pour nous faire des idées sur ce qui a était déjà fait à ce sujet, pour y arriver nous avons consulté de bibliothèque et l'internet.

    3.2.2.2 Méthode d'interview

    Elle consistait à faire quelques échanges des points de vue et des connaissances avec certain commerçant, certaine ménages à travers un jeu de question réponse à partir d'une fiche d'enquête.

    3.2.2.3 Méthode de la pesée

    Celle-ci consistait à pesé les morceaux des viandes vendues sur les étalages par les commerçants, pour nous permettre après les enquêtes de nous faire une idée générale sur le prix de la viande de brousse par rapport à la viande d'élevage à Kinshasa.

    3.2.2.4 Méthode de comptage des pièces entières et morceaux

    La méthode consistait à compte le nombre des morceaux et les pièces entières des différentes espèces d'animaux vendue par le commerçant pour connaître le spectre biologique qui arrive sur le marché de Kinshasa ainsi que leur lieu de provenance à travers le pays.

    CHAP IV : RESULTATS

    Après différents étude et des enquêtes menées dans les différents marchés dans la ville province de Kinshasa les résultats se présente de la manière suivant :

    IV.1 Tableau 2 : Organisation de la filière

    Forêt Route Ville Ville

    1 Chasseur Collecteur Revendeur Consommateur

    Chasseur

    2 Chasseur Collecteur Vendeur en dépôt Consommateur

    3 Chasseur Collecteur Revendeur r Consommateur

    Revendeur

    4 Chasseur Consommateur

    1. Dans ce type de filière, le collecteur ou le grossiste est la personne qui part vers la forêt pour rencontré des chasseurs, et en suite achemine la marchandise vers la ville, le revendeur quand à lui est celui qui, au niveau de la ville revend aux consommateurs. Mais certains villageois, en plus de faire la chasse eux-mêmes, ils circulent auprès de leurs voisins pour acheter de la marchandise de plus.

    2. Vu la crise ainsi que la dépréciation de la monnaie qui entraîne le manque d'épargne, s'est développé le système de dépôt de vente ; le collecteur arrivé au marché, il confie sa marchandise à une personne de confiance, en fixant le prix soit de l'ensemble du colis, soit en détaillant les prix par pièces d'animaux , puis le revendeur fera une manoeuvre pour s'octroyer une marge bénéficiaire.

    3. Dans certains cas ou les villages de provenance sont trop éloigné ; le collecteur citadin s'approvisionnera auprès d'un autre collecteur venant de la province d'où provient la marchandise.

    4. Cette chaîne est la plus simple dans le sens que, le chasseur lui-même vient proposer sa marchandise aux consommateurs citadins, il fournit soit directement aux consommateurs, soit à un revendeur détaillant.

    Dans tous ces types des chaînes, ils se tissent des relations personnelles et durables entre les différents acteurs qui prennent part dans cette chaîne, le collecteur s'adresse aux chasseurs, les revendeurs à leurs collecteurs ou grossiste privilégiés, les consommateurs réguliers sont fournis par les mêmes revendeurs. Ces relations ont simplement pour but de garantir la régularité au niveau des approvisionnements de la marchandise et au niveau de la vente. Cette fidélisation entre acteurs se marque par une facilitation au niveau de l'accomplissement de passation de commandes. Ainsi le collecteur peut fournir des cartouches ou des biens au chasseur, ou même payer une partie de la campagne de chasse en cartouche.

    4.2 Enquêtes sur les commerçants

    4.2.1 Profil des répondants

    4.2.1.1 Genre

    Tableau 3 : Répartitions des commerçants selon le sexe

    Genres des répondants

    Fréquence

    %

    Homme

    Femme

    Total

    15

    43

    58

    25.8

    74.1

    100

    Tableau 4 : Répartition selon le type de commerce

    Type de commerce

    Genre

    Fréquence

    %

    Détaillant(e)

    Hommes 

    Femmes 

    11

    39

    18

    67

    Grossistes

    Hommes 

    Femmes 

    4

    3

    6

    5

    Détaillant/grossiste

    Femmes 

    1

    1

    Total

    58

    58

    100

    Tableau 5 : Les classes d'âge des commerçants

    Ages des répondants

    Fréquence

    %

    18-29 ans

    30-41 ans

    42-53 ans

    54 ans - plus

    Total

    4

    15

    22

    17

    58

    6

    25

    37

    29
    100

    4.2.1.2 Spectre Biologique

    Tableau 6 : Les espèces d'animaux qui arrivent sur le marché selon les commerçants

    Espèces

    Nom

    commun

    Nom

    scientifique

    Nom

    vernaculaire

    fréquence

    %

    Ecureuil

     

    Esende

    6

    2.9

    Chacal

     
     

    1

    0.4

    Aulacode

    Thryonomis swinderianus

    Simbiliki

    5

    2.4

    Buffle

    Syncerus cafer

    Mpakasa

    22

    10.8

    Potamochère

    Potamocherus porcus

    Nsombo

    32

    15.7

    Crocodile

    Osteolaemus tetraspis

    Lokese

    14

    6.8

    Singe

    Cercopithecus sp, cercocebus sp

    Makaku

    42

    20.6

    Antilope

     

    Mboloko

    28

    13.7

    Varant

    Varanus niloticus

    Mbambi

    3

    1.4

    Chauve-souris

     

    Ngembo

    6

    2.9

    Python

    Python sebae

    Ngouma

    7

    3.4

    Guib harnaché

    Tragelaphus scriptus

    Nkay

    6

    2.9

    Porc-épic

     
     

    1

    0.4

    Pangolin

    M. gigantea

     

    3

    1.4

    Grand céphalophes

    Sitatunga sp

    Mbuli

    5

    2.4

    Tortue

     

    Koba

    14

    6.8

    Eléphant

    Loxodonta sp

    Nzoko

    2

    0.9

    Gazelle

     

    Kulupa

    2

    0.9

    Vipère

    Bitis spBitis gabonica

    Kiwuta

    3

    1.4

    Pigeon vert

     
     

    1

    0.4

    Total

    203

    100

    Tableau 7 : Lieu de provenance de la marchandise

    Lieu

    Fréquence

    %

    Province de l'Equateur

    32

    55.1

    Province du Bandundu

    14

    24.1

    Province Oriental

    8

    13.7

    Province du Bas-Congo

    1

    1.7

    Province du Kasaï Occ

    1

    1.7

    Province de Kinshasa

    2

    3.4

    Total

    58

    100

    Tableau 8 : Mode de capture

    Genres des répondants

    Fréquence

    %

    Fusil

    17

    29.3

    Piège

    14

    24.1

    Fusil/piège

    26

    44.8

    Ramassage

    1

    1.7

    Total

    58

    100

    .

    Tableau 9 : Estimation du nombre des carcasses et des morceaux d'animaux

    trouvés réellement sur les différents marchés (représentativités)

    Ces estimations se sont basées sur le nombre des morceaux enregistrées et le nombre des carcasses trouvées dans les dépôts ou sur les étalages des commerçants enquêtés.

    Espèces

    Nombre des

    Carcasses entières mortes fumées/fraîches

    %

    Nombre des morceaux fumés

    %

    Nombre de spécimens vivants exposées à la vente

    %

    Singe

    983

    96.6

     
     

    6

    4.4

    Pangolin

    3

    0.29

     
     

    1

    0.7

    Tortues

     
     
     
     

    88

    64.7

    Potamochères

     
     

    536

    48.7

     
     

    Antilope

     
     

    210

    19.1

     
     

    Python

    1

    0.098

    18

    1.6

     
     

    Guib harnaché

     
     

    30

    2.7

     
     

    Varan

     
     
     
     

    6

    4.4

    Grand céphalophes

     
     

    203

    18.4

     
     

    Pigeon vert

     
     
     
     

    25

    18.3

    Aigle

     
     
     
     

    2

    1.4

    Pintade sauvage

     
     
     
     

    8

    5.8

    Buffle

     
     

    102

    9.2

     
     

    Rat de Gambie

    30

    2.94

     
     
     
     

    Total

    1017

    100

    1099

    100

    136

    100

    4.3 Les ménage

    De 21 ménages enquêtés 61.9 % trouvent que la viande de brousse a une bonne qualité par rapport à la viande domestique, et pour ceux qui n'en consomment pas les raisons avancée sont que, soit les coutumes interdisent, soit les moyens ou le revenu ne leur permettent pas d'entrer en possession de cette viande ou bien pour d'autres cette viande est parmi les sources des maladies tel que l'Ebola.

    Tableau 10 : Comparaison de la qualité entre la viande de brousse et la

    La viande domestique

    Bonne qualité

    Fréquence

    %

    Oui

    Non

    Ignorant

    Total

    13

    5

    3

    21

    61.9

    23.8

    14.2

    100

    Tableau 11 : Consommation/mois

    Consommation mensuelle de gibiers

    Fréquence

    %

    0 fois

    1-2 fois

    3-5 fois

    6-8 fois

    10-Pus

    Total

    9

    6

    4

    2

    0

    21

    42.8

    28.5

    19
    9.5

    0

    100

    Tableau 12 : Comparaison des prix

    Espèces

    Poids en gramme

    Prix

    Potamochère

    1000

    12.500 Fc

    Singe

    1000

    7.500 Fc

    Buffle

    1000

    9.700 Fc

    Total

     
     

    CHAPITRE V : INTERPRETATION ET DISCUSSION, CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

    5.1 Interprétation et discussion

    Le résultat trouvé lors de notre travail nous indique que l'organisation de la filière de la viande de brousse à Kinshasa est la même que celle trouvée par (Fargeot et Dieval, 2000 ; Fargeot, 2004). Cette filière dans son ensemble est animée à Kinshasa ainsi que dans d'autres pays du bassin du Congo par des femmes qui pratiquent le commerce au détail (74.1%), les hommes quand à eux sont plus concentrés sur la chasse et la pratique de la vente en gros du gibier (25.8%). La viande de brousse contribue à la sécurité alimentaire. En effet, la viande de brousse est largement consommée dans les pays du bassin du Congo, les quantités consommées vont de 30g/personne/jour en RDC à 180 gr /personne/jour (Fa et al, 2003).

    Au niveau du spectre biologique ressorti réellement sur base de comptage fait durant les enquêtes, nous avons constaté que les espèces qui dominent le marché de Kinshasa sont le singe (43.9%), le potamochère (23.8%), l'antilope (9.3%) et les grands céphalophes (9.1%). En ce qui concerne les carcasses entières, les singes représentent 96.6% suivis par le rat de Gambie 2.94%, le pangolin 0.29% et le python 0.09%. La viande des animaux de grande taille notamment le buffle est vendu en petits morceaux. Les vendeurs ont même signalé qu'elle devient rare. Cela indique que la pression de la chasse sur ces animaux devient très élevée. Cette surexploitation peut devenir à terme une cause d'extinction de ces espèces animales. Cela est en concordance avec les résultats des travaux effectués par Hicks et al. (2010) qui ont constaté d'importantes menaces pour la survie de Pan troglodytes scweinfurthii dues à la chasse au sud de la rivière Uélé dans les forêts situés autour de Buta, Aketi et Bambesa. Les animaux de petites tailles (petits rongeurs, oiseaux, tortues, pintades...) sont en général vendus vivants. Ce spectre avoisine celui qui a été mis au point dans le marché de PK12 en centre Afrique par Fargeot (2009) en réalisant que les mammifères de taille moyenne, comprise entre 3 et 100 kilos notamment (céphalophes, Guib harnaché, suidés, cercopithèques, cercocèbes) , représentent près de 60% de l'équivalent de la biomasse animale vendue sur ce marché. Wilkie et Carpenter (2009) trouvent aussi dans leur travail que la composition de la viande de brousse dans le bassin du Congo est dominée par les ongulés 60-95%, les primates 5-40% et les rongeurs 1% et les autres espèces représentent 1% précisément en Ituri. Les études sur la consommation de viande de brousse indiquent que les espèces sont exploitées et permettent d'estimer l'impact probable de la chasse sur la faune.

    Le commerce de gibier n'est pas contrôlé en RDC est fait parti du secteur informel, en conséquence on trouve la viande provenant des espèces animales sauvages totalement protégées sur le marché. Dans le cadre de ce travail les observations ont révélé la présence de la viande des espèces animales totalement protégées tel que : Pangolin (M. gigantea), Crocodile (Osteolaemus tetraspis), Buffle (Syncerus caffer caffer), Sitatunga (Tragelaphus spekei), Guib harnaché (Tragelaphus scriptus), Potamochère (Potamochoerus porcus), Aigle (Pandion haliaetus), Varan (Varanus niloticus), Python (Python sebae) ; figurant à l'annexe de l'ordonnance loi n° 82-002 du 28 Mai 1982 portant réglementation de la chasse en RDC.

    CONCLUSION

    Le présent travail est relatif à l'étude de la filière de commercialisation de la viande de brousse à Kinshasa. Il avait pour objectif de comprendre l'organisation de cette filière à Kinshasa. Des enquêtes ont été menées auprès des commerçants et des ménages, en vue d'identifier les espèces animales sauvages exposées à la vente et déterminer le lieu de provenance de cette marchandise.

    Après une enquête de 3 semaines sur cinq marchés et un port de Kinshasa en l'occurrence le Marché central, le Marché Gambela, le Marché de Matete, le Marché de la liberté et le port de l'OCC, 1153 carcasses d'animaux sauvages ont été inventoriées représentant 14 espèces animales dont 9 soit 64,3% figurent au tableau relatif aux espèces totalement protégées par la loi n° 82- 002 du 28 mai 1982 portant réglementation de la chasse. Ce commerce est animé essentiellement par les femmes (74,1%). L'âge de la majeure partie de commerçants se situe entre 42-53 ans (37%). Cette tranche d'âge comprend des chefs de famille et des personnes ayant d'importantes responsabilités familiales.

    Les provinces de l'Equateur (55,1%), du Bandundu (24,1%), Oriental (13,7%), du Bas-Congo (1,7%), du Kasaï Occidental (1,7%) et de Kinshasa (3,4%) sont les sources principales de ravitaillement de la ville province de Kinshasa. Les enquêtes que nous avons menées indiquent que l'usage du fusil demeure l'une de principales méthodes de chasse (29,3%) suivi du piégeage (24,1%). Pourtant le piégeage est par excellence une méthode non sélective, interdite par la loi; en effet, les jeunes animaux, les femelles gestantes, les femelles suitées et même les animaux totalement protégés peuvent en être des victimes. Bien que cette spéculation soit en pleine croissance, des signes de raréfaction faunique sont perceptibles et laissent penser à une surexploitation des ressources. La chasse n'est pas contrôlée: les corps de métier comme les garde-chasses, les officiers de chasse et les garde-forestiers ont été supprimés depuis 1982. Il devient ainsi impossible d'assurer la surveillance des activités de chasse. Dans ce contexte, la chasse en République Démocratique du Congo s'apparente à un massacre systématique et aveugle des populations animales sauvages. Il est donc indispensable de mettre en oeuvre des mécanismes de gestion intégrés de la faune sauvage respectueuse de la législation congolaise et des conventions internationales.

    RECOMMANDATIONS

    - Organiser un véritable contrôle et une bonne application de la loi pour éviter l'extinction des certaines espèces animales ;

    - Encourager l'élevage des espèces animales sauvages non conventionnelles et accroître la disponibilité en viande domestique;

    - Assurer un meilleur contrôle des aires protégées pour éviter le braconnage;

    - Mener des campagnes de sensibilisation sur la protection de la faune sauvage.

    LISTE DES TABLEAUX

    1. Tableau 1 : Consommation urbaine et rurale de viande de brousse dans le bassin du Congo.

    2. Tableau 2 : Organisation de la filière

    3. Tableau 3 : Répartitions des commerçants selon le sexe

    4. Tableau 4 : Répartition selon le type de commerce

    5. Tableau 5 : Les classes d'âge des commerçants

    6. Tableau 6 : Les espèces d'animaux qui arrivent sur le marché selon les commerçants

    7. Tableau 7 : Lieu de provenance de la marchandise

    8. Tableau 8 : Mode de capture

    9. Tableau 9 : Estimation du nombre des carcasses et des morceaux d'animaux trouvé réellement sur les différents marchés (représentativités)

    10. Tableau 10 : Comparaison de la qualité entre la viande de brousse et la viande domestique

    11. Tableau 11 : consommation/mois

    12. Tableau 12 : Comparaison des prix

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    Table des matières

    PROBLEMATIQUE 1

    OBJECTIFS 2

    Objectif général 2

    Objectif spécifique 2

    INTERET DU SUJET 2

    DELIMITATION DU SUJET................................................................................. .2

    CHAPITRE I : LA CHASSE COMMERCIALE 3

    1.1 Etat de la ressource faunique dans le bassin du Congo 3

    1.2 Pression sur les ressources 3

    1.3 Les articulations entre les différentes législations dans les pays 4

    du bassin du Congo 4

    1.3.1 Articulation de la législation en matière de chasse et d'aires protégées 4

    et de la législation forestière 4

    1.3.2 Articulation de la législation en matière de chasse et d'aires protégées 5

    et de la législation sur l'environnement 5

    1.3.3 Articulation de la législation en matière de chasse et d'aires protégées 5

    et de l'aménagement du territoire 5

    1.4 Les différents types socio-économiques de chasse 6

    1.5 Les principales techniques de chasse 6

    1.5 Le poids économique et social de la chasse commerciale 7

    1.5.1 Les caractéristiques biologiques et économiques de la 7

    ressource faunique 7

    CHAPITRE II : FILIERE DE LA COMMERCIALISATION DE LA VIANDE DE BROUSSE 9

    2.1 La consommation de la viande de brousse 9

    2.2 La filière d'approvisionnement des villes, ses acteurs et son organisation 10

    2.2.1 Les consommateurs 11

    2.2.2 Les commerçants 11

    2.2.3 Les acteurs cachés 11

    3. Le commerce de la viande de brousse et ses caractéristiques 12

    3.1 Les modes de commercialisation 13

    3.2 L'organisation du négoce 13

    3.3 Les stratégies commerciales 14

    CHAP III : MILIEU, MATERIEL ET METHODES 15

    2.1 Milieu 15

    2.2 Matériel et Méthodes 15

    2.2.1 Matériel 15

    2.2.2 Méthodes 15

    2.2.2.1 Méthode documentaire 15

    2.2.2.2 Méthode d'interview 15

    2.2.2.3 Méthode de la pesée 15

    2.2.2.4 Méthode de comptage des pièces entière et morceaux 15

    CHAP IV : RESULTATS 16

    CHAPITRE V : INTERPRETATION ET DISCUSSION, CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 21

    5.1 Interprétation et discussion 21

    CONCLUSION 21

    RECOMMANDATIONS 22

    LISTE DES TABLEAUX 23

    BIBLIOGRAPHIE 24

    TABLE DES MATIERES ........................................................................................ 28

    ANNEXES ......................................................................................................... 30

    ANNEXES

    * 1 Monopsone : marché caractérisé par la présence d'un acheteur unique et d'une multitude de vendeurs






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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams