WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La construction de territoires imaginaires par et pour les diasporas à  travers trois radios locales grenobloises

( Télécharger le fichier original )
par Elsa Mathews
Université Stendhal - CoMundus: Media, Communication and Cultural Studies 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3.2.1 Intégration

En 1974 un décret met fin à l'immigration de travail, cependant le nombre des immigrés va continuer à augmenter. C'est le regroupement familial introduit par le gouvernement français en 1975 qui provoque ce phénomène. Ce processus est décrit comme la féminisation ou la « familialisation » de l'immigration par les sociologues58. Le recensement de 1990 donne le nombre de 6212 Marocains en Isère dont 1280 à Grenoble. De 1974 à 1990, le nombre de Marocains en France a doublé, grâce au regroupement familial. 65% des arrivées le sont après 1975. Les deux tiers des enfants vivant dans un ménage marocain sont nés sur le sol français. (Chaouite, 2001). C'est plus au moins le même cas avec les enfants algériens. La population enfantine algérienne était estimée à 551 560 personnes au recensement de 1999 en France. Elle représente aujourd'hui la majorité de la population d'origine algérienne. (Zeheraoui, 2003) Observant l'intégration culturelle de le deuxième génération de maghrébins en France Allen Bettegay écrit « ces jeunes affichaient les mêmes goûts et les mêmes frustrations que les autres jeunes des milieux populaires de banlieue, parlaient français avec l'accent de leur région (on savait s'ils venaient de Marseille, du pays ch'timi ou de la banlieue parisienne), regardaient les mêmes séries télévisées que les jeunes Français de leur âge, et se choisissaient des surnoms français ou américains. ». Des sociologues ont ainsi souligné que nombre de ces enfants de l'immigration n'avaient pas la maîtrise de la langue maternelle, ni des éléments essentiels de leur «culture dite d'origine», ce dont se plaignaient d'ailleurs parfois leurs parents (Bettegay, 2001).

Selon le recensement d'INSEE 2006 il y a 13 418 Algériens, 3 963 Marocains,
et 3433 Tunisiens en Isère. Actuellement la diaspora maghrébine à Grenoble est

58 Zehraoui ibid 2003.

active à travers les diverses associations comme l'Association de Solidarité des Algériens en Isère (ASALI), l'Association Culturelle et de Coopération FrancoMaghrébine (Amal), Association des Retraités Marocains en France, l'Association des Tunisiens de l'Isère - Citoyens des deux rives (ATI-CDR), etc.

3.3 Diaspora d'Afrique sub-saharienne

Des africains noirs d'origine sub-saharienne furent présents à Grenoble pendant les deux guerres mondiales. Spécialisée dans la formation des troupes de montagne, la place militaire de Grenoble n'a guère retenu les tirailleurs sénégalais, soudanais, ou malgaches dont la vocation était plutôt les combats en plaine et dans des zones de climat moins rigoureux. Néanmoins, le stationnement de ces troupes est attesté dans la région au cours du premier conflit mondial et, pendant la période d'occupation, des militaires des troupes coloniales, démobilisés à la suite de la signature de l'armistice de 1940 ont participé aux mouvements de résistance (Barou, 2001). Malgré ces interactions il n'y eut pas d'installation significative de personnes et de ménages africains à Grenoble et dans la région. Parmi les unités de troupes coloniales les Sénégalais étaient traditionnellement les plus nombreux, aussi Grenoble fut la région la plus connue dans leur pays.

En même temps il émergea une génération charnière59 des africains qui se sont organisé en Europe et en France pour lutter contre le colonialisme. Née pendant les années vingt et trente et éduquée dans les écoles et lycées établis en Afrique Occidentale Française, (AOF) elle a poursuivi une éducation supérieure dans les universités françaises. Pendant leurs études en France, ces étudiants

59 Amadou Booker Sadji ; Le rôle de la génération charnière Ouest-Africain À Indépendance et Développement ; L'Harmattan 2006.

africains ont mené de multiples efforts pour libérer leurs pays du colonialisme. Une preuve de ce mouvement à Grenoble est manifestée dans une résolution de l'Association des étudiants Camerounais60 de Grenoble pendant une assemblée générale de 23 Mai 195761.

L'immigration de travail a commencé au cours des années 1960 avec l'installation de l'entreprise Merlin-Gérin. Ce sont encore les Sénégalais qui furent les « pionniers » de l'immigration. Ils sont venus de la Basse Casamance et appartiennent aux ethnies Diola et Manjak. D'abord arrivés en célibataires ils se font rejoindre, quelques années après, par leurs épouses et s'installent en famille au début des années 1970 en suivant les processus de regroupement familial. Même s'ils ont maintenu des liens avec leur pays d'origine et conservé un certain nombre de pratiques communautaires à travers une vie associative inspirée de leur culture, ils ont cependant conscience que leur enfants se sont définitivement éloignés de l'Afrique. « En venant ici nous avons perdu deux fois notre pays, avec la migration d'abord et puis à cause des enfants ensuite » dit une mere de famille qui a passé toute sa vie d'adulte à Grenoble (Barou 2001 : 58). Les autres ethnies sénégalaises qu'on trouve ici sont des Soninkés ou des Toucouleurs faisant partie du premier flux migratoire vers la France. Très organisés et solidaires, ils ont toujours privilégié la migration des hommes seuls avec des pratiques d'alternance entre membres des mêmes clans, les uns séjournant en France tandis que les autres restaient au pays gérant les affaires familiales pour le compte des autres.

60 Le Cameroun fut une colonie allemande, mais après le première guerre mondial ils les ont perdu ;e 1919 à 1945, la plus grande partie du Cameroun fut placée par mandat international de la Société des Nations sous l'autorité de la France. A partir de 1946, le Cameroun sous tutelle française avait été représenté dans les assemblées politiques française à l'égal des territoires d'outre mer de la Republique française. Le pays est devenu indépendant en 1960. Source : Encyclopédia Universalis Corpus 4.

61 Ibid p. 219.

Installés dans un « foyer » de travailleurs intégré au quartier de la Villeneuve, ils perpétuent jusqu'à aujourd'hui un mode de vie collectif très hiérarchisé et tourné vers le pays d'origine. Ils participent peu à la vie sociale de la ville, se concentrant plus sur la réussite des enfants dans la société d'accueil. La deuxième vague de l'immigration était due à l'émergence de Grenoble comme ville universitaire. La renommée de Grenoble comme ville de l'innovation va représenter un attrait aussi important que la qualité de l'enseignement dispensé dans les universités locales.

Les mouvements associatifs à Grenoble pendant des années 1960 et 1970, leur implication dans la politique locale, dans la lutte contre le racisme et dans les actions de solidarité en direction des pays en développement ont en effet contribué à créer un climat qui pouvait offrir à de nombreux étudiants africains des occasions d'expression, de rencontre et d'initiative commune qui ont un caractère aussi efficace que les études elles-mêmes. Si les Africains d'origine francophone constituent la majorité des immigrés installés aujourd'hui avec, outre les Sénégalais déjà mentionnés, de nombreux Burkinabés, des Ivoiriens, des Camerounais, des Congolais, on trouve aussi des représentants de l'Afrique anglophone et de l'Afrique lusophone, venus souvent comme demandeurs d'asile (Barou, 2001).

Actuellement la diaspora de l'Afrique sub-saharienne, se fédère autour de l'association Kassumay de Grenoble qui entreprend plusieurs projets de développement au Sénégal, l'Association des Gabonais de Grenoble (France), l'Association Camerounaise de l'Isère (ASI), la Fédération des Congolais de la Diaspora (FCD), qui joue un rôle important dans son pays pour établir un état respectueux des droits et des biens humains.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite